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Meeting de rentrée des Capes Noires
Vingt-trois heures viennent de sonner à l’horloge de la ville. D’un simple geste de la main, la brune alluma un feu dans l’âtre de la grande cheminée de marbre. La pièce est immense, il s’agit de la salle commune du château d’Inverness, réquisitionné ce soir pour la réunion des Capes Noires.
Les nuits de Septembre sont sombres et fraiches, c’est pourquoi la sorcière alluma plusieurs bougies, certaines de couleur rouge, d’autres de couleur noire, ce qui laissant entrevoir une inquiétante lumière tamisée. D’un geste adroit, elle saisit la baguette magique qu’elle avait glissée dans la cape qu’elle portait ce soir et commençait à murmurer plusieurs formules magiques. Si l’on prêtait l’oreille un instant, quelques enchantements de protection connus mais complexes étaient audibles. Assurdiato, Protego Horribilis, Salveo Maleficia, Cave Inimicum, Fianto Duri, Repello Moldum, Repello Inimicum, sans oublier le fameux Charme du Cridurut afin d’être automatiquement avertis si jamais un intrus décidait de leur rendre visite ce soir.
L’on aurait pu croire que l’arithmancienne était seule pour l’instant, mais pas du tout. D’ailleurs, certaines jeunes recrues l’observaient déjà enchanter les lieux avec une certaine stupéfaction. Le bout de sa baguette sombre et raffinée semblait balayer les airs et l’on pouvait voir apparaître les enchantements protecteurs autour de la pièce. L’endroit était désormais parfaitement protégé, assaini de toutes mauvaises ondes.
N’accordant encore aucune attention aux personnes déjà présentes, Cléopatra Amonwë se dirigea vers un autel de pierre, toujours cachée sous son capuchon noir. Le vent soufflait fort ce soir bien que la puissance des enchantements récemment placés venait altérer toute sensation de froid. La pièce était presque accueillante pour qui aimait les ambiances austères. D’un revers de la main, elle fit apparaître plusieurs caisses comportant diverses fioles aux liquides sombres et étrangement luminescents, ainsi que de vieux grimoires et parchemins magiques. Tout était prêt.
Levant alors son capuchon noir, la sorcière fit apparaître son visage. Les Capes Noires ont cette habitude de découvrir leurs vêtements, rien à cacher à l’intérieur de ce cercle. Mais il en était autrement. Durant un instant, elle pensa à son collègue de l’Université, Deirdre McDougall, Président du groupe, ne sachant pas si celui-ci viendrait ce soir. Pour l’instant en tout cas, c’est elle qui se tenait sur l’autel. En tant que Vice-Présidente, son autorité n’était pas à remettre en considération. Un silence de mort régnait, subtilement dérangé par le bruit des chandelles et du feu crépitant.
- Je vous souhaite à toutes et tous le bonsoir, dit-elle d’un ton parfaitement distinct. Je constate que certains d’entre nous ont répondu présents ce soir, pour cette nouvelle réunion des Capes Noires.
Fallait-il se présenter de nouveau ? Il serait peut-être judicieux de le faire.
- Je suis le Professeure Amonwë, Vice-Présidente de notre confrérie. Je propose que chacune et chacun d’entre nous se présente, et nous explique ce qu’il compte réaliser parmi nous. Personne ne nous rejoint par hasard, n’est-ce pas ?
Alors ? Qui s'avancera en premier vers l'autel ? Elle avait hâte de mesurer leur courage et leur volonté. Cléopatra, bien que froide par apparence, était en réalité une leader protectrice et bienveillante, plus qu'on ne pouvait l'imaginer. Mais pour l'instant, un premier temps de présentation s’imposait. Ensuite, il faudrait probablement discuter d’un Sortilège de Fidélitas afin de garantir la discrétion du groupe et surtout des travaux qui sont menés ici.
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Re: Meeting de rentrée des Capes Noires
Alors que je m'apprêtais à ouvrir la porte de l'appartement que nous occupions, je regardais Holly suite à sa question. Et dans un sourire, je lui répondais :
« Oui. J'ai prévu de retrouver quelques amis. Alors vu que Faolàn est au lit... »
Ce n'était pas un mensonge, ce n'était pas non plus l'entière vérité. Mais la vérité se devait parfois d'être mise en aparté.
« Des amis, ou une fiancée ? »
Je la regarde, le regard loin d'être sévère. Une question qu'elle s'amusait de plus en plus à me poser. Et que je relevais de moins en moins. Je me contenta alors de lui répondre, le plus franchement possible :
« Non, je n'ai rien de prévu avec ma fiancée ce soir, qu'il t'en déplaise ou t'en plaise ou quoi que ce soit d'autres. »
Elle ria alors, me laissant aller d'un simple « Ne t'attires pas d'ennuis. ». Ce n'était de toute façon pas mon intention. Mais si elle avait été trop ennuyante, j'aurais du faire le mur, me barrer par la fenêtre ou quoi que ce soit d'autre. C'est ce qui était chouette avec Holly, elle me laissait une assez grande liberté de mouvement.
Ma destination était le château d'Inverness. Et je savais maintenant parfaitement comment m'y rendre, empruntant un dédale de ruelles et de toit pour être sur de ne pas être suivi. J'avais reçu l'invitation à me rendre à une des séances d'un groupe que j'avais rejoint l'année passée, le groupe parfait pour développer ses connaissances sur la magie. J'avais raté, par la force des choses quelques rassemblements en fin d'année passée, mais cette séance, c'était la première de l'année en cours. Elle serait importante sur bien des aspects, mais -et je m'y attendais- il y aurait forcément des nouveaux. Si bien qu'en marchant, je m'enveloppais dans une cape noire traditionnelle, et prenant ma baguette, celle-ci frôla mon visage, faisant apparaître sur son chemin un masque à l'allure vénitienne, recouvrant la moitié de mon visage, me rendant en partie méconnaissable.
Arrivant parmi les premiers, je reconnus et salua quelques personnes, puis m'isola dans un coin de la salle, m'asseyant sur le rebord d'une fenêtre fermée, attendant le début de la séance. Et pour patienter, j'avais ce qu'il fallait. Un crayon, et le livre de runes que je n'avais toujours pas fini de traduire, ainsi qu'un calepin plein de notes et de gribouillis dans tous les sens.
Finalement, Cléopatra prit la parole, ouvrant le bal après avoir protégé le lieu de tous nuisibles, me rappelant presque au monde réel. J'observais alors les personnes présentes, et j'étais maintenant sur qu'il y avait des nouveaux. Un sourire se dessina sur mes lèvres, alors que la vice-présidente terminait de se présenter, et je me replongeais dans mes notes.
« Moi c'est Eléanore. Je suis là pour atteindre les sommets de la Magie. La métamorphose n'a plus aucun secret pour moi. Ca fait deux ans que j'ai rejoint la confrérie. »
Eleanore. Pourquoi n'étais-je pas surpris qu'elle soit la première à parler ? C'était ni mon amie, ni même quelqu'un que j'avais envie d'apprécier, imbue d'elle-même et de bien d'autres choses tout ça parce que son père était au ministère.
« Cabe... Syrus... Hélènie... »
Les noms s'enchainaient, autant que les raisons, puis une voix timide pris la parole, s'avançant vers l'autel.
« M... Moi c'est Daniel. Je... Je viens de France et je suis en première année... Je... Je suis nouveau ici et... »
Tout dans son regard puait la peur, et peut-être pas que dans son regard. Je me demandais du coup pourquoi Daniel était là, et mon attention se porta alors sur lui.
« Je... Je suis là pour parfaire ma maitrise des... des runes. »
Mon regard se plissa. La réponse était en soi intrigante, mais n'allait pas avec le personnage. Alors soit ce mec était le plus stressé de cette terre, soit il n'allait pas tenir la pression, c'était évident. Ce que je ne m'attendais pas, c'est qu'il me pointe du doigt.
« Lui là... il note... Il note quoi ? C'est pas sensé être un groupe secret ? Alors pourquoi il note ? »
« De quoi t'as peur ? Tu penses qu'il écrit ton procès ? Ahahaah ce serait bien drôle ça... »
Quelques anciens rires de la blague de cette conne d'Eleanore. Moi je regardais toujours ce Daniel, avant de lui répondre :
« Je suis là pour étudier la magie. Toi, j'en ai rien à foutre... »
Je n'avais pas été à l'autel, et je ne comptais pas le faire. Mon regard reprit le chemin de mon calepin, et pour ce qui est du prénom, ceux qui l'ignoraient l'auraient plus tard, à moins que cette chère vice-présidente ne m'y contraigne.
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Re: Meeting de rentrée des Capes Noires
La jeune femme s’était éclipsée de sa chambre sans un seul regard en arrière, ne devant heureusement rien à personne. Sa coloc' ayant disparue on-ne-sait-où, elle se plaisait de ne laisser derrière elle qu’une masse impacte d’ouvrages en tout genre. Il est plus aisé de disparaître lorsqu’il n’y a pas de témoin, n’est-ce pas ? Telle une ombre, la lufkin se faufila hors des dortoirs et quitta la faculté sans un bruit.
La sorcière longea les murs, avança avec une vigilance constante et, à mi-parcours, se métamorphosa en une magnifique louve noire. Puissance et souplesse se mêlèrent pour lui permettre de se fondre dans l’obscurité. Ses pas l’amenèrent rapidement vers le château d’Inverness et, son odorat ne lui indiquant aucun élément perturbateur aux environs, elle reprit sa forme humaine. Elle glissa la fameuse cape noire sur ses épaules et disparue dans les entrailles de la bâtisse, ses prunelles découvrant avec intérêt le décor construit pour l’occasion. Tout semblait être fait pour marquer les esprits, quitte à faire fuir les plus faibles d’entre-deux. Un sourire mutin apparu sur son visage alors qu’elle se mêlait à la foule, silencieuse. Elle écouta avec une attention toute particulière le discours d’accueil de sa vice-présidente et laissa les plus aventureux passer devant elle, préférant observer avant d’agir stupidement. C’est d’ailleurs ce que Daniel aurait dû faire avant de chercher des noises à qui que ce soit. Réfléchir avant d’agir… Ce n’est pas pour rien que cette expression existe. Épuisée par la scène qui se jouait devant elle et ne supportant pas d’en voir plus, elle se dirigea jusqu’à l’autel et se plaça sciemment entre l’imbécile et l’inconnu. Etait-ce vraiment le cas d’ailleurs ? Sa voix ne lui était pas étrangère, bien loin de là. Tout en laissant son esprit carburer afin de coller un visage à cette dernière, elle abaissa son capuchon d’une main et dégagea sa masse de cheveux bruns. D’un regard, elle intima au cadet de reprendre sa place et, surtout, de se taire. Puis, elle tourna se dernier vers la vice-présidente et parla d’une voix posée :
« Je suis Elia Muller, étudiante de 6ème année en médicomagie. Diverses raisons personnelles m’ont poussée à rejoindre ce groupe mais la plus évidente et la seule dont je souhaite vous faire part pour l’instant est mon perfectionnisme. Stagner n’est pas dans mon vocabulaire et je suis certaine qu’en me joignant à vous, je saurais m’améliorer sur bien des points. Ne dit-on pas savoir, c'est pouvoir? >>
Elle jeta un rapide regard en biais à la sorcière à la diarrhée verbale. Elia était loin d’être comme elle, à se pavaner comme un paon au regard de deux ou trois pseudo-facultés. Si elle devait prouver ses compétences, elle le ferait. Crier haut et fort comme elle avait pu le faire n’était d’aucune utilité, si ce n’est lui vriller les oreilles. La jeune femme reprit alors sa place avant de tourner légèrement sa tête vers le mystérieux inconnu. Elle lui dédia un sourire moqueur, lui signifiant ainsi qu’elle savait qui il était, qu’importe le stratagème employé.
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Re: Meeting de rentrée des Capes Noires
Il prend la parole l’encapuchonné avec son carnet. Sa façon de parler te fait crisper la mâchoire. Tu es loin d’être un ange mais tu exècres cette façon de cracher des mots insultants. Tu saisis ta baguette, ayant bien envie de lui faire goûter au sort de crache limace. Mais tu te retiens. Puis c’est elle, la lufkin qui prend place au centre, sa voix est posée et son ton t’est agréable. Sans parler du contenu de son discours. Tu t’y retrouves. Tout faire pour se surpasser, ne pas se satisfaire d’être bon, vouloir être le meilleur. Tu n’es peut-être que surveillant ici, à l’université, mais ton savoir ferait pâlir certains professeurs. Tu plisses les yeux lorsqu’elle prononce sa dernière question. Serait-ce l’élue ? Son nom de famille lui fera peut-être défaut.
Un pas en avant et tu sors de l’ombre. Cette ombre qui t’est si confortable, rassurante. Tu portes toujours ta capuche et comme certains étudiants avoisinent ta taille, il est normal qu’ils pensent tous que tu en sois un également. Tu avances dans le silence, ton pas est assuré et comme personne ne t’avait remarqué, ils sont sous le coup de la surprise. Une fois au centre de l’assemblée tu découvres ton visage grave, impassible. Aucun sentiment ne transparaît. Tu les dévisages un à un, même l’étudiant masqué sur qui tu poses un regard insistant avant de poursuivre vers les autres membres. « Je suis Mr McDougall, votre président. » Le ton posé et sombre à la fois, ta voix résonne dans la salle et les bougies vacillent. Tu es le meneur de cette troupe et tu comptes bien le leur faire comprendre. « Les curieux et les couards, il est encore temps de partir. Nous ne vous en tiendrons pas rigueur. Quant à ceux qui restent, je vous conseille d’être à la hauteur. » Ton regard charbon transperce le regard de chacun d’entre eux. La peur en fera fuir certains.
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Re: Meeting de rentrée des Capes Noires
Haussant un sourcil à l’écoute de certaines présentations, la brune se dit que leurs nouvelles recrues seraient à tester, magiquement parlant. Brute, elle pouvait l’être, et cela se démontrait souvent dans le cadre du groupe des Capes Noires. C’est une femme qui n’a pas peur d’aller au-delà des conventions, au-delà des limites instituées par la société sorcière. Tant que ses actes lui apportent du pouvoir, c’est tout ce qui compte. Ces pensées-là faisaient très justement écho aux paroles prononcées par une certaine Elia Muller qui venait de rejoindre leur assemblée. Discours intéressant, restait seulement à voir quelles étaient ses propres capacités.
De l’ombre sortit leur Président, celui-ci se présenta et ses répliques firent sourire le Professeure Amonwë. Elle trouvait cet homme absolument fascinant, ce qui se dégageait de lui l’avait toujours attiré pour être honnête. Maintenant, elle n’avait qu’une seule hâte : que les choses débutent sérieusement, que les nouveaux soient mis à l’épreuve.
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Re: Meeting de rentrée des Capes Noires
Mon regard ne la quittait pas, tout au long de sa présentation, et alors qu'elle regagnait le groupe, il croisa le sien dans un doute qui naissait profondément dans mon esprit. Savait-elle que c'était moi sous ce masque ? J'hésitais fortement sur la question. Probable que oui, parce que je ne m'étais alors pas montré assez prudent. Et ce sourire, que j'adorais, allait dans ce sens. Mais était-ce une certitude ? Parviendrais-je à la faire douter si c'était le cas ? En aurais-je même envie ? L'année passée, j'avais souffert de mes secrets envers mes proches. Ne serait-ce dès lors pas là un bon compromis ? Si elle entrait définitivement dans ce groupe, j'y aurais une "amie".
« Je suis Mr McDougall, votre président. »
Mon regard dévia d'Elia à Deirdre, presque aussi étonné. Il était venu. Et comme d'habitude, je ne l'avais pas grillé. Et alors qu'il parlait, tout le monde écoutait. Faut dire que quand le président parle, tout le monde a intérêt d'être attentif. Sinon être ici n'a aucun intérêt.
« Les curieux et les couards, il est encore temps de partir. Nous ne vous en tiendrons pas rigueur. Quant à ceux qui restent, je vous conseille d’être à la hauteur. »
Voila la seule chose qui m'ennuyait : Eléanore resterait. Elle était curieuse que légèrement, et absolument pas couarde. Puis, elle savait à quoi s'attendre. Quant à Elia, l'envie de m'approcher d'elle était certes présente, mais avant qu'elle ne choisisse, je ne voulais en rien influencer son choix par mes actes. Respirant donc un instant, je revenais à mes notes, ces fichus runes que je ne comprenais toujours pas, attendant avec un intérêt certain la suite.
« Des amis, ou une fiancée ? »
Cette phrase qu'Holly avait dite avant que je sorte ce soir revenait dans mon esprit, et un sourire amusé s'empara de mon visage. J'avais menti, affirmant n'avoir rien de prévu avec Elia ce soir. Mais pour une fois, j'avais menti par ignorance. La vie était pleine de surprise. Tout comme Daniel, qui restait là.