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Old rumors, new perspectives
Ven 14 Sep 2018 - 10:02
Levius n'avait jamais été croyant, pourtant cela ne l'empêchait pas d'être habité par une sorte de spiritualité typique des personnes trop imaginatives. Ainsi, il se disait, parfois, que les bonnes personnes attiraient à elles les bonnes choses, tandis que les mauvaises étaient condamnées à sombrer dans le cercle vicieux des conséquences fâcheuses : l'idée du karma adaptée à sa vision occidentale du monde, sans doute.
Levius ne croyait pas fermement à cette idée, pourtant elle l'accompagnait dans ses raisonnements quotidiens et ce, sans qu'il s'en rende vraiment compte. C'est pourquoi, lorsque son patron s'en vint lui dire, un beau jour, qu'il aurait à superviser Ian Taylor le temps d'un après midi, Levius s'interrogea sérieusement sur ce qu'il avait bien pu faire pour mériter cela.
Levius et Ian ne se connaissaient pas à proprement parler. Ils étaient l'un à l'autre ce que des centaines d'anciens élèves à Poudlard étaient : des visages connus. Pendant les sept ans que dura leur scolarité respective, le Poufsouffle et le Serpentard s'étaient croisés, voire côtoyés dans certains cours. Ils avaient vécu en parallèle, sans s'adresser la parole ni prêter sincèrement attention à l'existence de l'autre, entouré d'amis différents et qui ne connaissaient pas.
Cependant, Levius avait finit par se faire une idée de la personne de Ian. Ce dernier n'était, en effet, pas du genre à se fondre dans la masse : il traînait volontiers en compagnie d'élèves de bonne famille dont le comportement s'apparentait davantage à la délinquance juvénile que l'aristocratie. A l'époque, il était même passé à deux doigts de l'exclusion, pour une histoire d'incendie dans le dortoir des Gryffondor. Levius (comme tous les autres) n'avait pas eu accès au fin mot de cette histoire. Deux jours (à peine) après l'événement, on parlait déjà d'un attentat organisé par tous les Serpentard en vue d'achever leurs éternels rivaux une bonne fois pour toute. Et bien que cette partie là soit une exagération grotesque, le fond de l'affaire demeurait : Ian était un vrai fauteur de trouble.
Ce matin là, Levius s'était donc retranché dans la réserve des Trois Corneilles, attendant l'heure de l'ouverture avec anxiété. Il s'était attelé au tri des sangsues (tâche particulièrement ingrate, mais indispensable pour qui souhaitait préparer un polynectar de qualité), séparant les exemplaires pourrit des autres avec, sur le visage, un genre de résignation typique des personnes attendant leur sort.
Levius ne cessait de se répéter qu'il n'y avait pas matière à paniquer : Ian ne l'avait probablement jamais remarqué, grand timide qu'il était à l'époque. Il n'avait aucune raison de craindre un genre de répétition du passé, ou quoique ce soit d'autre. Qui plus est, cela faisait bien longtemps qu'ils avaient tout deux quitté les bancs de l'école. Peut-être que Ian était devenu raisonnable et tranquille ? Peut-être que Levius n'aurait pas à souffrir d'avoir à superviser une graine de voyou ?
Il l'espérait ardemment, tandis que ses mains s'affairaient machinalement au dessus de la bassine de vers noirs grouillants (le stress l'avait rendu tout à fait indifférent aux choses répugnantes). En attendant, il savourait les quelques minutes de tranquillité qui lui restaient avant l'arrivée de sa sentence.
Levius ne croyait pas fermement à cette idée, pourtant elle l'accompagnait dans ses raisonnements quotidiens et ce, sans qu'il s'en rende vraiment compte. C'est pourquoi, lorsque son patron s'en vint lui dire, un beau jour, qu'il aurait à superviser Ian Taylor le temps d'un après midi, Levius s'interrogea sérieusement sur ce qu'il avait bien pu faire pour mériter cela.
Levius et Ian ne se connaissaient pas à proprement parler. Ils étaient l'un à l'autre ce que des centaines d'anciens élèves à Poudlard étaient : des visages connus. Pendant les sept ans que dura leur scolarité respective, le Poufsouffle et le Serpentard s'étaient croisés, voire côtoyés dans certains cours. Ils avaient vécu en parallèle, sans s'adresser la parole ni prêter sincèrement attention à l'existence de l'autre, entouré d'amis différents et qui ne connaissaient pas.
Cependant, Levius avait finit par se faire une idée de la personne de Ian. Ce dernier n'était, en effet, pas du genre à se fondre dans la masse : il traînait volontiers en compagnie d'élèves de bonne famille dont le comportement s'apparentait davantage à la délinquance juvénile que l'aristocratie. A l'époque, il était même passé à deux doigts de l'exclusion, pour une histoire d'incendie dans le dortoir des Gryffondor. Levius (comme tous les autres) n'avait pas eu accès au fin mot de cette histoire. Deux jours (à peine) après l'événement, on parlait déjà d'un attentat organisé par tous les Serpentard en vue d'achever leurs éternels rivaux une bonne fois pour toute. Et bien que cette partie là soit une exagération grotesque, le fond de l'affaire demeurait : Ian était un vrai fauteur de trouble.
Ce matin là, Levius s'était donc retranché dans la réserve des Trois Corneilles, attendant l'heure de l'ouverture avec anxiété. Il s'était attelé au tri des sangsues (tâche particulièrement ingrate, mais indispensable pour qui souhaitait préparer un polynectar de qualité), séparant les exemplaires pourrit des autres avec, sur le visage, un genre de résignation typique des personnes attendant leur sort.
Levius ne cessait de se répéter qu'il n'y avait pas matière à paniquer : Ian ne l'avait probablement jamais remarqué, grand timide qu'il était à l'époque. Il n'avait aucune raison de craindre un genre de répétition du passé, ou quoique ce soit d'autre. Qui plus est, cela faisait bien longtemps qu'ils avaient tout deux quitté les bancs de l'école. Peut-être que Ian était devenu raisonnable et tranquille ? Peut-être que Levius n'aurait pas à souffrir d'avoir à superviser une graine de voyou ?
Il l'espérait ardemment, tandis que ses mains s'affairaient machinalement au dessus de la bassine de vers noirs grouillants (le stress l'avait rendu tout à fait indifférent aux choses répugnantes). En attendant, il savourait les quelques minutes de tranquillité qui lui restaient avant l'arrivée de sa sentence.
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Re: Old rumors, new perspectives
Mar 18 Sep 2018 - 19:32
OLD RUMORS,NEW PERSPECTIVES Avec @levius birdFaisons un marché, qu’il a dit… Tu parles, ce type manque juste de main d’œuvre avec l’afflux de la rentrée. Ian était planté devant la devanture de l’échoppe, les mains dans la poche centrale de son sweat et fixant d’un œil sceptique l’enseigne. Il était venu il y a deux jours de ça pour faire le plein de quelques matières premières dont il avait besoin à des fins personnelles. Mais tout fauché qu’il était avec ses récentes dépenses de la rentrée, il avait posé le pied dans la boutique avec l’intention de négocier ou de trouver un quelconque moyen d’obtenir ce qu’il souhaitait à un prix aussi bas que possible. Il était ressorti de l’échoppe avec la promesse d’avoir gratuitement les articles bon marché et à moitié prix les autres. Un accord intéressant, en échange d’un coup de main à la boutique. Un travail à peu près honnête – même si officieusement, il doutait que cela soit consigné dans les registres de l’établissement – mais tout de même un travail différent de ce dont il avait l’habitude. Et ça le gonflait rien que d’y penser. Je veux bien parier avec le premier venu que je vais me taper tous les trucs chiants que personne ne veut faire.
Mais l’heure était venue de cesser de ressasser ces mornes pensées quant à la journée qui s’annonçait. Conformément à ce que lui avait indiqué le propriétaire des lieux, il contourna l’échoppe pour accéder à la porte de derrière quelques minutes avant l’heure de l’ouverture. Un temps court mais certainement suffisant pour faire connaissance avec l’employé qui devait superviser ses tâches, et il serait partie pour une journée de folie, youhou… Il pénétra donc dans l’arrière-boutique. « B’jour. Y’a quelqu’un ? » Son ton transpirait l’absence d’enthousiasme, néanmoins on pouvait tout de même y percevoir un léger regain d’énergie. Après tout, il n’oubliait pas la récompense à la clef, ce pourquoi il était là bien qu’il anticipait déjà l’ennui dont serait faite cette journée. Son regard s’attarda sur une série d’étagères pleines à craquer de pots aux couleurs diverses. Certains contenaient de la poudre dont la nature était difficilement identifiable à première vue, d’autres renfermaient des bouts de l’anatomie de différentes créatures. Et l’un renfermait plusieurs globes oculaires qui semblaient fixer Ian.
Une fois son regard d’inspection effectué – triste habitude à force de toujours estimer ce qui valait la peine d’être dérobé lorsqu’il mettait les pieds dans un lieu pour la première fois – celui-ci s’attarda sur l’individu qu’il devina être son superviseur de la journée. Un jeune homme, avec probablement plus ou moins le même âge que lui. Son visage et ses lunettes rondes de premier de la classe lui inspirèrent vaguement quelque chose, avant que le sentiment de familiarité ne disparaisse aussi soudainement qu’il était venu. Peut-être bien qu’il l’avait connu quelque part oui, mais dans ce cas il ne lui avait pas laissé de souvenirs marquants. « Je suis Ian Taylor. J’viens travailler pour la journée. Et tu es ? » Les mains dans la large poche de son sweat, il observait son collègue provisoire d’un air peu intéressé par la réponse. Juste histoire de pouvoir l'interpeller plus tard autrement que par un « Eh, mec ! » bien redondant.
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Re: Old rumors, new perspectives
Jeu 27 Sep 2018 - 22:07
Après un moment (qui lui sembla tout à la fois durer une éternité et une seconde), Levius entendit les gonds de la porte de l'arrière boutique grincer, annonçant l'arrivée de son collègue du jour. Il eut un moment d'arrêt au cours duquel l'ensemble de ses pensées se mêlèrent en anarchie. Son stress s'était concentré en un nœud lourd au creux de son ventre et (en un instant à peine) le jeune homme repassa le fil de sa dernière conversation avec le gérant de la boutique. Levius n'était employé qu'à temps partiel aux Trois Corneilles : pourquoi fallait-il que la prise en charge d'un extra à la journée lui revienne ? Après tout, il n'était pas responsable des arrangements de son supérieur. Qui plus est, ce dernier connaissait la nature farouche et casanière de son employé. Il savait donc pertinemment que d'imposer l'un à l'autre ne satisferait personne... Tout du moins, c'est ce que Levius pensa sur le moment (et un peu naïvement, sans doute).
Quoi qu'il en soit, la voix de son comparse ne tarda pas à résonner dans l'arrière boutique, contraignant Levius à sortir de ces considérations stériles. Il devait désormais prendre sur lui et assumer le rôle qu'on lui avait confié jusqu'au bout (il n'était plus temps de protester et quand bien même, ce n'était pas dans la nature du jeune homme). Ian apparut finalement depuis les rayonnages de la réserve. Il avait l'allure désinvolte de ces jeunes gens que rien n'impressionne jamais (au moins en apparence). C'était tout comme s'il s'ennuyait déjà de sa journée (sans doute pensait-il à sa rétribution, car après tout, c'était pour cela qu'il était là). A dire vrai, Levius n'eut aucun mal à reconnaître dans cette attitude le garçon qu'il avait côtoyé à Poudlard et de le constater ne le rassura guère.
Il se leva néanmoins en veillant à afficher une attitude aussi détendue que possible (ce qui ne se fit pas sans mal) et se força à lui adresser un regard à peu près direct (en vérité, il ne parvint pas à le fixer plus haut que les épaules).
« Levius Bird.
Répondit-il, tandis que ses prunelles azurs prenaient note de tous les détails relatifs à l'apparence du garçon en face de lui. Les mains dans les poches, le maintien du dos, les appuis... Levius remarquait tout (bien malgré lui) et cela ne faisait qu'accentuer son sentiment initial.
Il finit néanmoins par se mettre en mouvement (après un court instant de flottement) et se dirigea vers une malle dont il tira un tablier brodé des initiales du magasin et une paire de gant en peau de dragon. Puis, il tendit le tout à Ian.
« L'uniforme réglementaire et ça... Pour manipuler les produits.
Il expliquait davantage pour la forme que le fond. Après tout, Ian se doutait certainement de l'utilité d'une paire de gant en peau de dragon et d'un tablier, dans une boutique d'ingrédient magique. Enfin, Levius estimait toujours cela préférable au silence, dans le cas présent.
« Il reste encore un peu de tri à faire avant l'ouverture. Informa Levius d'un ton neutre, tout en désignant la bassine de sangsues d'un signe de tête. C'est ça ou l'inventaire... Au choix.
Il désigna un épais registre sur le proche bureau et qui répertoriait tous les ingrédients de la boutique et leur quantité. Ces deux activités étaient certainement aussi ingrates l'une que l'autre. La première impliquait de manipuler des vers suceurs de sang, la seconde s'avérait (seulement) d'un ennui résolument mortel (sauf pour Levius qui ressentait toujours beaucoup de satisfaction au fait de trier chaque chose par ordre alphabétique).
Quoi qu'il en soit, la voix de son comparse ne tarda pas à résonner dans l'arrière boutique, contraignant Levius à sortir de ces considérations stériles. Il devait désormais prendre sur lui et assumer le rôle qu'on lui avait confié jusqu'au bout (il n'était plus temps de protester et quand bien même, ce n'était pas dans la nature du jeune homme). Ian apparut finalement depuis les rayonnages de la réserve. Il avait l'allure désinvolte de ces jeunes gens que rien n'impressionne jamais (au moins en apparence). C'était tout comme s'il s'ennuyait déjà de sa journée (sans doute pensait-il à sa rétribution, car après tout, c'était pour cela qu'il était là). A dire vrai, Levius n'eut aucun mal à reconnaître dans cette attitude le garçon qu'il avait côtoyé à Poudlard et de le constater ne le rassura guère.
Il se leva néanmoins en veillant à afficher une attitude aussi détendue que possible (ce qui ne se fit pas sans mal) et se força à lui adresser un regard à peu près direct (en vérité, il ne parvint pas à le fixer plus haut que les épaules).
« Levius Bird.
Répondit-il, tandis que ses prunelles azurs prenaient note de tous les détails relatifs à l'apparence du garçon en face de lui. Les mains dans les poches, le maintien du dos, les appuis... Levius remarquait tout (bien malgré lui) et cela ne faisait qu'accentuer son sentiment initial.
Il finit néanmoins par se mettre en mouvement (après un court instant de flottement) et se dirigea vers une malle dont il tira un tablier brodé des initiales du magasin et une paire de gant en peau de dragon. Puis, il tendit le tout à Ian.
« L'uniforme réglementaire et ça... Pour manipuler les produits.
Il expliquait davantage pour la forme que le fond. Après tout, Ian se doutait certainement de l'utilité d'une paire de gant en peau de dragon et d'un tablier, dans une boutique d'ingrédient magique. Enfin, Levius estimait toujours cela préférable au silence, dans le cas présent.
« Il reste encore un peu de tri à faire avant l'ouverture. Informa Levius d'un ton neutre, tout en désignant la bassine de sangsues d'un signe de tête. C'est ça ou l'inventaire... Au choix.
Il désigna un épais registre sur le proche bureau et qui répertoriait tous les ingrédients de la boutique et leur quantité. Ces deux activités étaient certainement aussi ingrates l'une que l'autre. La première impliquait de manipuler des vers suceurs de sang, la seconde s'avérait (seulement) d'un ennui résolument mortel (sauf pour Levius qui ressentait toujours beaucoup de satisfaction au fait de trier chaque chose par ordre alphabétique).
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