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there's a heavy cloud inside my head (fb - bazphy)
Mer 30 Jan 2019 - 20:38
Vendredi 17 mai 2013
Le restaurant est empli d’un brouhaha assourdissant. Qu’est-ce que je fais là, d’abord ? Assise à une table, entourée de mes camarades de classe ? Je n’en connais pas la moitié… Mes amis ne sont pas dans le même cursus que moi. L’idée était de rassembler tous les élèves de septième année inscrits en médicomagie. Cette année a été rude, et les examens de juin se rapprochent inexorablement. La première année de DEFI marque le début des stages, qui nous permettront de nous orienter pour notre année d’internat. Donc en plus des cours, dont la charge de travail a énormément augmenté, il fallait jongler avec les journées de travail, les rapports à rendre et les soutenances. Qu’est-ce que je déteste les soutenances… Heureusement qu’elles se passaient devant un jury restreint, sinon je pense que je n’aurais pas réussi à parler. D’ailleurs, là, ce soir, au cochon à plume, qui a été plus ou moins privatisé pour l’occasion, je ne parle à personne. Personne ne me parle. Et c’est presque mieux ainsi. Certes, je me sens étrangement mise à l’écart, et je n’apprécie pas le fait de me sentir obligée de rester, alors que tout ce que j’aimerais, c’est rentrer dans mon dortoir et dormir. Ou pleurer. Au choix. Car ce soir, dans ce brouhaha, ce mélange de voix, de musique, d’éclats de rire et de discussions, je me sens plus seule que jamais. Plus seule que lorsque j’ai compris qu’il n’était pas là, le jour de la rentrée. Plus seule que n’importe quel vendredi soir, que j’aurais passé cloîtrée dans ma salle commune. Car normalement, je ne suis pas seule, malgré la plaie béante dans ma poitrine qui me crie le contraire. Je suis même plutôt entourée, entre mes petits frères et mes cousines. Si je ne me sens pas bien, je peux aller les voir, passer du temps avec eux. Je peux leur parler, ou rester en silence à côté d’eux. Je peux me faufiler dans le lit d’Isalynn pour dormir avec elle lorsque c’est trop difficile, seule. Je peux retrouver Finnick et l’écouter me parler de ses expériences. Je peux tenter de colmater autant que je peux la brèche qu’est mon coeur. Mais ce soir, je n’ai personne. Pas de pilier auquel m’accrocher. Et malgré les efforts de ma famille, je sais que ce soir, la personne dont j’ai le plus besoin, c’est lui. Il n’y a que lui qui sait m’apaiser, dans des moments pareils. Dans les endroits trop bondés, trop bruyants, trop dérangeants. Il est le seul à comprendre les signaux. Le seul à voir quand ça va et quand il faut que je sorte de là. Et même s’il n’a jamais vraiment passé une soirée entière en ma compagnie, je ne sais pas comment il faisait, mais il débarquait toujours au bon moment. Mon ange gardien, mon meilleur ami, mon âme soeur.
Sauf qu’elle n’est plus là, l’âme soeur. Ca fait bientôt un an, qu’elle n’est plus là. Un an que je fais de mon mieux pour vivre sans elle. J’ai arrêté de croire qu’il pourrait revenir. Je me suis fait une raison. Vraiment ? Alors pourquoi est-ce que je continue à le chercher du regard, quand je rentre dans une pièce ? Pourquoi est-ce que je continue à regarder la porte, mon coeur s’emballant à chaque fois qu’elle s’ouvre, croyant le voir arriver ? Pourquoi est-ce que je continue à lui en vouloir pour être parti ? Pourquoi est-ce que je continue de m’agripper au seul objet qu’il me reste de lui ? Le souvenir de notre dernière soirée ensemble me revient, clair comme si c’était hier. Automatisme, larmes qui apparaissent dans mes yeux, gorge qui se noue. Il faut que je sorte d’ici. Il faut que je prenne l’air. Il faut que je sois seule. Alors je m’éclipse, je doute que quelqu’un me remarque, mais je rase tout de même les murs. Poussant la porte, je me retrouve dans la rue, la nuit tombant progressivement sur la ville. Je tourne au coin du bâtiment pour m’enfoncer dans une rue moins passante, plus sombre. Et là, je ne peux plus rien retenir. Les larmes coulent, les sanglots m’échappent et je tombe sur le sol, assise contre le mur de brique froid. Genoux remontés contre ma poitrine, mèches rousses qui cachent mon visage. Enfin seule, la nuit pour seule témoin de ma détresse, je me laisse aller, et toutes les larmes que je retiens depuis trop longtemps, celles que je refuse de montrer à ceux que j’aime et qui m’aiment, tentant de les rassurer sur mon état, ces perles salées coulent enfin sur mes joues, raz-de-marée qui détruit tout sur son passage.
@sebastian donovan
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Re: there's a heavy cloud inside my head (fb - bazphy)
Jeu 31 Jan 2019 - 6:45
Le chef du Cochon à plumes tenait en haute horreur les groupes privés, ces plébéiens qui ne se soucie jamais qu’on puisse leur servir à tous la même assiette, qui parle si fort que la petite radio moldue des cuisines s’en trouve réduite au mutisme, puis qui n’ont de bons mots que pour les organisateurs de la soirée, jamais les larbins qui les sustentent. Pourtant Baz lui, appréciait bien le tumulte ordonné qui régnait dans les cuisines et à la plonge ces soirs-là, quand tout s’orchestrait sur un même rythme, quand les erreurs n’avaient plus besoin d’être judicieusement camouflées et quand l’orgueil créatif ne comptait plus. En d’autres termes, à des fins de préservation de santé mentale du premier puis à l’avantage du portefeuille du second, c’était l’aîné Donovan qui avait tenu le passe ce soir-là.
Tout avait coulé bon train, dans un assemblage répétitif des mêmes gestes, des mêmes plats et des mêmes aboiements. Si bien qu’à peine le crépuscule tombé, il ne restait plus que les desserts à servir, ceux-ci se résumant à une parade volante de plateaux de mignardises variées et presque toutes préparées la veille, ce qui avait l’avantage de devancer la pause bien mérité que Baz s’accordait toujours en attendant que les serveurs soient prêts à déposer leur tabliers. Là encore, solidarité oblige, personne ne met le pied dehors tant que la dernière assiette n’a pas été mise à l’évier, mais il n’est pas interdit de profiter un peu des étoiles en attendant le coup de grâce.
Briquet moldu — sa pièce d’héritage favorite — en main, Sebastian s’était faufilé par la petite porte du corridor de service pour mieux aboutir dans la ruelle ou son collègue le plus court sur pattes triait quelques caissons vides.
— Good golly Polby, mais quand on dis que c’est une pause, c’est que tu dois en profiter pour ne rien faire et oui, ça inclus le tri des ordures.
— Mais maître Donovan, si Polby ne récure pas la vaisselle, c’est que Polby ne fait rien.
Après s’être pincé l’arrête du nez et avoir soupiré un bon coup, Baz préféra ne pas insister et s’éloigna un peu, en route vers nulle part en particulier, mais certainement à distance raisonnable de cette source de découragement bienfaisant qu’était l’elfe de maison des propriétaires de l’établissement.
— C’est ça. You do you Polby, you do you...
Il n’eut toutefois pas le temps de faire raisonner le cliquetis métallique de son zippo que le son étouffé d’un sanglot se fraya un chemin jusqu’à ses tympans. La cour arrière ayant été aménagée en cul-de-sac, il était assez évident que l’âme responsable de cette triste mélodie était tout au plus à quelques mètres de là, avant l’intersection de la sombre ruelle et l’avenue commerciale abritant la façade du Cochon à plumes. Quelques enjambés plus tard, Baz fut forcé de s’agenouiller pour parvenir au niveau d’une silhouette recroquevillé et doucement secouée par quelques gémissements inconstants. Il ne pouvait pas exactement distinguer son visage — quoique même en pleine lumière ses longues mèches en auraient certainement brouillé les traits — mais il n’avait nul besoin d’être McArthur lui-même pour comprendre que quelque chose n’allait pas. Heureusement, pas de signes évidents de lutte, pas de poubelles renversées ou de collants déchirés et puisqu’il se trouvait à son niveau, le jeune homme effleura simplement du revers de la main le genoux droit exposé de la demoiselle en pleurs.
— Ho Miss, est-ce que tu voudrais un mouchoir peut-être ? L’idée de demander d’abord si elle n’avait rien de casser lui aurait sans doute traversé l’esprit en d’autres circonstances, mais rien qu’à voir sa posture, on devinait que la jeune femme s’était laissé couler d’elle-même contre le mur de briques du restaurant. Du reste, puisqu’il est possible de briser un coeur, il préférait ne pas gratter par mégarde une blessure qui ne soit pas strictement physique. Il me reste bien une serviette de table qui soit propre, puis peut-être que tu pourras ensuite me dire où est-ce que tu souhaites qu’on te raccompagne ?
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Re: there's a heavy cloud inside my head (fb - bazphy)
Sam 2 Fév 2019 - 16:01
Les larmes coulent et ne semblent pas vouloir s’arrêter. Je les ai tellement repoussées, ces larmes, qui menacent de couler à n’importe quelle occasion. A chaque fois que la conversation s’approche de près ou de loin de lui. Parfois, ma cousine met les pieds dans le plat et prononce son prénom. J’ai arrêté d’aller au stade de Quidditch. C’est trop dur. Trop de souvenirs. Il y a bien sûr les souvenirs des matches des Wrights, où, agrippée aux barrières des gradins, je l’encourageais à chaque fois qu’il me passait devant, souaffle en main. La jalousie qui se distillait dans mon ventre lorsqu’il fanfaronnait devant les autres filles, et la fierté qui prenait le dessus quand il me regardait. He nerver loved you. Il y a surtout les souvenirs, moins bruyants, de nos après-midis passés dans les gradins. Notre QG. Nous avions notre endroit à nous, un bocal enflammé pour nous tenir chaud lors des journées d’automne et d’hiver, un plaid sur lequel s’installer, des coussins. De là haut, je regardais les oiseaux, je lisais un livre, je travaillais pour mes cours. Et lui parlait, me chatouillait, faisait semblant de réviser. Non, décidément, trop de souvenirs au stade de Quidditch. Le souvenir de ces moments fait redoubler mes larmes, d’ailleurs. He never loved you. A la bibliothèque, j’évite aussi au maximum le coin dans lequel nous avions l’habitude de nous retrouver pour travailler. Encore une fois, c’était plutôt moi qui bossait et lui qui s’amusait. Mais parfois, il se calmait et on pouvait bosser. He never loved you. Ce soir, c’est la première fois de l’année où je vais en “soirée étudiante”. J’ai refusé toutes les précédentes, même celles organisées par l’Université pour Halloween ou Noël. Encore une fois, trop de souvenirs, trop de regrets. Son rejet après m’avoir embrassée. He never loved you. Sanglot à moitié étouffé par mes bras, dans la ruelle déserte.
Soudain, une sensation sur mon genou. Surprise, je relève la tête dans la précipitation. Joues noyées de larmes, grands yeux rouges dans le crépuscule qui détaillent le visage devant moi. Coeur qui se serre alors que je me surprends à être déçue. Ce n’est pas lui. He never loved you. “Ho Miss, est-ce que tu voudrais un mouchoir peut-être ?” Muette, beaucoup trop surprise de l’intrusion, beaucoup trop embarrassée d’avoir été découverte et de déranger, je reste figée. Seuls mes grands yeux témoignent du mélange d’émotions qui tourbillonnent dans mon crâne. Tristesse, surprise, peur. Si le brun s’attendait à une réponse, il n’en aura pas. “Il me reste bien une serviette de table qui soit propre, puis peut-être que tu pourras ensuite me dire où est-ce que tu souhaites qu’on te raccompagne ?” Mon instinct premier me dit de l’envoyer balader. Qui est-il pour vouloir me raccompagner ? Mais la douceur dans sa voix et l’inquiétude dans ses yeux m’en empêchent. Moi qui me sentais seule, entourée de tous ces gens, je ressens pour la première fois de la journée un apaisement bancal. Quelqu’un qui me permettrait d’oublier ma tristesse ? Peut-être. Mais je secoue lentement la tête, désolée de déranger le brun qui se trouve encore beaucoup trop près. “Je peux rentrer seule.” Prenant appui sur le sol, je me relève péniblement. “Je suis désolée, si je n’ai pas le droit d’être ici.” Regard hagard autour de moi. Je n’avais pas remarqué que je me trouvais dans la cour intérieure du restaurant. Le garçon doit être un des employés. Main qui vient sécher les larmes mouillant mes joues. “Bonne soirée.” Formule de politesse bancale, hésitante. Cette soirée n’a rien de bonne, pour moi. Tournant les talons, je prends la direction de la rue, afin de m’éloigner d’ici. Pas sûre que je puisse rentrer directement au château, cependant. Je n’ai pas envie qu’Isalynn me retrouve dans cet état.
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Re: there's a heavy cloud inside my head (fb - bazphy)
Sam 16 Fév 2019 - 9:47
En soi, il n’était pas rare qu’une âme ou deux n’en viennent à s’égarer dans cette ruelle trop peu étroite — considérant qu’elle servait également de voie de service à quelques cargaisons du restaurant — pour mériter pleinement son dénominatif. En général, les sorciers naïvement égarés rebroussaient chemin à la vue de la petite clôture de chêne délimitant la cour — et annonçant ainsi des frontières fermées — et ce, sans avoir besoin de plus d’encouragements ou d’explications. Parfois, une intervention était nécessaire et lorsque cela se trouvait être le cas, vous pouviez être certain qu’un abus des bienfaits du whisky pur-feu était en cause ; qu’il s’agisse de jeunes sorciers rendu impétueux et en recherche d’un coin d’ombre pour lever le poing, de vieux cracmol fouillant les ordures et renversant les caissons à la recherche de quelques gouttes d’eau de vie, ou bien encore de ces demoiselles en pleurs qui souhaitaient préserver leur amour-propre du public pour une multitude de raison souvent superficielles, mais ô combien sensibles.
Pourtant, quand celle-ci releva enfin la tête pour lui offrir ce regard doucement hagard et malgré tout marqué d’expectative, Baz su aussitôt qu’il n’était pas question ici d’une autre trahison entre copines intoxiquées, après que l’une ou l’autre ait décidé de garder pour elle le serveur le plus mignon du club du coin. Celles-là, il fallait toujours veiller à les raccompagner puisque leurs facultés affaiblies et leur vision brouillée de larmes les empêchaient de transplaner adéquatement, puis il valait mieux prêter l’épaule à ce mauvais gossip que de décrotter les restants de dégueulis potentiellement laissé dans l’allée.
“Je peux rentrer seule.” Comme pour mieux le prouver, l’inconnue se redressa aussitôt — quoique plus ou moins péniblement — sans nullement laisser à Baz le temps d’avancer une main pour proposer un meilleur appui. L’opportunité lui était tout de même présenté de se remettre à niveau lui-même, offrant ainsi une perspective bien différente de la stature de la jeune femme. “Je suis désolée, si je n’ai pas le droit d’être ici.” Cette grande peine n’était donc pas commandité par quelques vapeurs d’alcool puisque les civilités de la rouquine trahissait son esprit clair et Baz en fut presque momentanément gêné, comme si l’intrusion ou le dérangement était désormais le sien, lui qui s’était laissé guider par l’habitude et par ce qu’une sympathie générique pouvait inspirer. Maintenant, pouvait-il bien faire autrement que de s’inquiéter des causes réelles de ce chagrin anonyme ? “Bonne soirée.” La demoiselle n’avait besoin d’aucune serviette pour essuyer ses larmes et lui tournait déjà le dos, prête à regagner les lumières de la ville, offrant ainsi quelques secondes à l’aîné Donovan pour réévaluer son code moral (serait-il insensible de la laisser filer en quête d’un nouvel oasis pour cuver sa mélancolie ?) aussi bien que son approche.
— Wait… souffla t-il d’abord presque pour lui même.
Serait-il bien digne de Godric Gryffondor, puis plus récemment de ses copains de la maison Wright, s’il rangeait maintenant sa grandeur d’âme au placard ?
— Hold on a minute… Le ton était cette fois plus généreux, autant au niveau des décibels que dans l’empathie qu’il tentait de communiquer. Il lui fallu quelques enjambés pour rejoindre puis encore dépasser la miss, devant laquelle il fit écran en élevant ses deux mains vides devant lui, comme pour bien montrer pattes blanches.
— Sorry about that. Écoute, si tu as besoin de rester ici un temps pour… Marquant une pause, Baz avisa de l’avenue commerciale éclairée derrière lui, puis de l’entrée de service du restaurant, au-devant. Reprendre tes esprits ? Tu le peux.
La suggestion se voulait prudente, peut-être même subtilement inquisitrice ? De cet angle, la lumière de quelques réverbères se reflétait dans les sillons humides des joues de l’inconnue, soulignant en quelque sorte ses grands yeux, puis illuminant au passage quelques mèches aux couleurs de l’aurore.
— I’m Sebastian, by the way.
Considérant que ses mains n’étaient possiblement pas les plus présentables qui soit — justes conséquences du service du soir — le sous-chef se contenta de porter une paume à plat sur sa poitrine en inclinant un peu la tête.
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Re: there's a heavy cloud inside my head (fb - bazphy)
Dim 24 Fév 2019 - 16:14
“Hold on a minute…” Souffle du sorcier alors que je marche lentement vers la sortie de la rue. Décidant d'ignorer le garçon pour ce soir - c'est rare que j'ignore les gens, tentant la plupart du temps de déranger le moins possible - je continue sur mon chemin. Je ne peux cependant pas aller bien loin, puisque le brun surgit devant moi, les mains en avant. Stoppant brusquement les pas, je relève de grands yeux effrayés vers l'inconnu. La peur de me faire agresser par cet homme dans une ruelle sombre est omniprésente, maintenant. “Sorry about that. Écoute, si tu as besoin de rester ici un temps pour… Reprendre tes esprits ? Tu le peux.” Rassurée à moitié par le ton employé, je secoue négativement la tête. “Non, ça va.” Gênée, je regarde autour de nous, n'osant pas poser les yeux sur le sorcier. “Je ne voulais pas déranger.” Main qui vient essuyer les quelques dernières larmes qui mouillent mes joues. “I’m Sebastian, by the way.” Reposant le regard sur le brun, je réfléchis. La possibilité qu'il soit dangereux est toujours présente dans ma tête. Mais il a l'air sincère, et je décide qu'il ne présente pas un danger immédiat. “Murphy.” Les yeux qui tombent sur sa main posée sur sa poitrine. La perspective de serrer une main m'effraie, et donc je suis plus ou moins rassurée de ne pas avoir à le faire. Au lieu de ça, je tortille mes doigts devant moi. Contemplant la rue animée derrière Sebastian, la gêne revient décuplée. Le sorcier me bloque le passage. Je ne peux pas rentrer au château. Je ne sais pas quoi faire. “Tu travailles ici ?” Faire la conversation. Espérer qu'il s'ennuiera vite de ma présence, comme tous les autres, et qu'il me laissera tranquille. “Le repas était bon.”
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Re: there's a heavy cloud inside my head (fb - bazphy)
Lun 18 Mar 2019 - 5:43
“Non, ça va. Je ne voulais pas déranger.”
Sebastian hésita un instant à se répéter, à savoir que la ruelle n’appartient à personne au final et que c’était chaque fois une inquiétude bien plus qu’un dérangement que d’y trouver quelqu’un en pleurs, mais il n’en fit rien. À voir comment la demoiselle tentait d’essuyer discrètement les quelques larmes intrépides qui roulaient encore sur ses joues, il devinait bien que ses mots ne suffiraient pas à offrir le réconfort nécessaire de toute façon. Toujours est-il qu’en dépit de son silence, son interlocutrice consentit à lui offrir un nom à son tour.
“Murphy.”
Le sourire du cuisiner retrouva aussitôt un peu d’éclat. Non pas que l’ex-Gryffondor puisse se faire une fierté d’être parvenu à obtenir un retour sur son offre tacite, mais il est vrai que la marque de confiance le rassurait d’une certaine façon. Le conte du nain tracassin suffirait sans doute à expliquer en quoi un simple sobriquet peut s’avérer crucial, alors si la jolie rousse regagnait bien vite les rues animés du village sorcier, l’aîné Donovan saurait au moins renseigner quiconque ce serais déjà lancé à sa recherche. Car forcément, quelqu’un s’inquiéterait bientôt de son absence, non ?
“Tu travailles ici ?”
Le rire de Baz fut aussi court que franc tandis qu’il baissait la tête, comme pour mieux observer la pointe de ses chaussures. Quand son regard fut de retour sur les prunelles de la dénommée Murphy, celui-ci brillait d’une inquiétude nouvelle, du type qui s’accompagnait du doux sourire ironique que ses proches lui connaissait bien.
— Be honest, c’est le tablier qui m’a grillé c’est ça ?
Au compliment qui s’en suivi sur sa cuisine, le sous-chef se contenta d’abord d’hocher la tête tandis qu’il observait les doigts de Murphy se tortiller plus ou moins subtilement. Et bien disons que je partage les mérites avec quelques elfes déjà, mais tu me vois heureux d’apprendre que nos raviolis ne sont pas responsables pour de telles larmes. souffla t-il en plaisantant un peu, même si déjà les yeux de la demoiselle s’évadaient au loin, au-delà de son épaule, là ou les lumières de la rue irradiaient d’une teinte jaunâtre. Cet appel signifiait à tout coup que le brun agissait désormais en obstacle à une autre liberté et il se dégagea ainsi du court passage pour mieux le céder à Murphy.
— Quoique, je serai au moins aussi triste d’avoir raté pareils desserts. Je crois avoir entendu la gérante de la Moufette Enchantée affirmer que nos mignardises surpassaient même les siennes.
Il n'ignorait pas que sa légèreté tranchait peut-être avec le drame réel que traversait la jeune femme, mais pour avoir eu droit lui-même à son petit lot de catastrophes existentielles, Sebastian savait qu'il faut déjà pouvoir reprendre son souffle pour affronter de nouvelles vagues, puis aussi à quel point ces instants où l'on garde la tête hors de l'eau sont précieux, peu importe sous quels cieux ils ont lieu.
— … il n’est peut-être pas trop tard pour voir s’il en reste ?
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Re: there's a heavy cloud inside my head (fb - bazphy)
Sam 30 Mar 2019 - 23:28
Ces quelques mots échangés dans une ruelle faiblement éclairée par le crépuscule constitue la conversation la plus longue que j’ai pu avoir avec quelqu’un qui ne fait ni partie de ma famille, ni de mes enseignants depuis septembre. Banalités prononcées, excuses pour le dérangement, présentations. Animal farouche, je ne peux que me sentir attrapée, enfermée, en danger tandis que l’inconnu - Sebastian - me bloque la sortie vers la rue commerçante et animée. Maigre espoir que le garçon s’ennuie de moi rapidement, comme la plupart des autres. Je ne suis pas intéressante, de toute façon. Je voulais juste pleurer tranquille… Le bref rire du brun le fait comprendre que ce sera plus difficile que prévu de l’ennuyer. “Be honest, c’est le tablier qui m’a grillé c’est ça ?” Les grands yeux toujours apeurés, je hoche lentement la tête. “Oui. Le repas était bon.” Maigre sourire, à peine un petit plissement des commissures de mes lèvres. Mal à l’aise, je continue de tortiller mes doigts, tricotant une cape invisible sous laquelle j’aurais bien aimé me cacher. La réponse du sorcier me fait comprendre qu’il fait partie de ces gens qui peuvent parler même si la personne en face accumule les monosyllabes. “Et bien disons que je partage les mérites avec quelques elfes déjà, mais tu me vois heureux d’apprendre que nos raviolis ne sont pas responsables pour de telles larmes.” La plaisanterie est bancale, mais elle a le mérite de ne pas dramatiser la situation. C’est typiquement le genre de choses qu’Oz aurait dit en voyant mon visage triste. Amertume qui emplit mon coeur. He never loved you. Soudainement encore plus mal à l’aise, je repose le regard sur la rue passante derrière le cuisinier qui me rappelle beaucoup trop celui que j’appelais meilleur ami alors qu’on ne s’est échangés que quelques mots en une minute à peine. D’ailleurs, il se décale du passage. Les yeux vagabondant sur les pavés ouverts à moi, je songe à la possibilité de prendre congé de cette conversation rapidement et de m’échapper d’ici quand le brun reprend la parole. “Quoique, je serai au moins aussi triste d’avoir raté pareils desserts. Je crois avoir entendu la gérante de la Moufette Enchantée affirmer que nos mignardises surpassaient même les siennes.” Comme attirée par la tentative de désamorçage de ma tristesse, je détourne les yeux des pavés pour les reposer sur le dénommé Sebastian. Un signal d’alarme retentit dans ma tête, me prévenant du danger, me rappelant que les paroles de ce genre étaient l’habitude d’Oz, qu’il ne faut pas lui faire confiance. “… il n’est peut-être pas trop tard pour voir s’il en reste ?” Détaillant les traits du sorcier, floutés par l’obscurité, j’ai l’impression qu’il est sincère, il a l’air inquiet pour moi. Lentement, je hoche la tête. “D’accord.” Essayant de fouiller dans les souvenirs de ce soir - difficile, ayant passé l’entièreté du repas enfermée dans mon crâne et mes pensées - je me demande si j’ai mangé du dessert. Je n’ai pas vraiment mangé, en fait. Le compliment de tout à l’heure était faux, même si je ne doute pas que le repas n’était pas mauvais. Un peu de sucre ne pourra pas me faire de mal. “Ils ont peut-être tout mangé...” Gênée, je passe une main dans mes cheveux, mais elle revient rapidement tricoter devant moi. Angoissée à l’idée de retourner dans le restaurant, mais ne voulant pas déranger le cuisinier, ni refuser sa proposition, je me retrouve contrainte à exprimer mes peurs à voix haute. “Je ne veux pas y retourner.” A vrai dire, la confession sort dans un souffle, un murmure presque inaudible au dessus de l’animation à quelques mètres de nous.
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Re: there's a heavy cloud inside my head (fb - bazphy)
Mer 17 Juil 2019 - 1:48
Les compliments du cuisiner étaient aussi honnêtes que désintéressés, lui-même ayant consommé sa large part de mignardises fraîches en dépit d’une préférence marquée pour les plats salés. Néanmoins, quand Murphy leva enfin vers lui un regard dans lequel brillait une lueur chétive, il craignit un instant d’avoir glorifié les bouchées sucrées de Polby au-delà des mérites qu’un palet gourmand puisse leur reconnaître. Qu’à cela ne tienne, la tristesse était un sentiment bien humain qui avait le pouvoir tout naturel d’embellir le goût de n’importe quelle pâte à choux, pour autant qu’elle était servie dans un court laps de temps entre/après les sanglots.
“Ils ont peut-être tout mangé...”
Cette inquiétude teinté d’embarras acheva de rassurer Sebastian, celui-ci empoignant alors le linge de table coincé à sa taille pour toute réponse. Quoique, une sorte de sourire renouvelé se joignit à la rhétorique, comme pour chasser silencieusement l’idée qu’une pénurie sucré soit possible. Pour le reste, la politesse de Murphy ne lui semblait pas obligée, sa gêne ne tenant sans doute qu’à un manque de confiance — plutôt justifié — à son égard. Du moins, c’est ce que l’Irlandais pouvait deviner, jusqu’à ce qu’un tourment insoupçonné ne vienne peindre une nouvelle couche d’ombre sur la ruelle où les deux jeunes gens discutaient.
“Je ne veux pas y retourner.”
Les sourcils de l’Irlandais s’étaient affaissé en achevant d’aplanir les rides aux coins de ses joues. Après un bref regard vers l’avenue sorcière, l’ex-Gryffondor comprit que quelque soit la forme (et la capacité de mouvance?) des ennuis que Murphy tentait de fuir, ceux-ci s’abritaient à l’enseigne du Cochon à plumes. Un vague orage traversa l’humeur de Baz à l’idée que son petit sanctuaire gastronomique n’inspire pas un sentiment de sécurité à tous un chacun, mais puisqu’il ne se sentait pas la légitimité d’exiger des réponses de la part de la demoiselle esseulé, il chassa bien vite le fil de pensé qui chatouillait sa fibre protectrice.
— Et bien, rien de nous y oblige. répondit-il en marquant une pause. Qui plus est, ce n’est pas bien difficile de faire compétition aux trophées de chasse du chef Sherman en matière de décor…
D’un coup de baguette et d’un tour de poignet, le chef-en-second rameuta quelques caisses de provisions vides pour les empiler jusqu’à donner l’apparence d’une table, sur laquelle se posèrent consécutivement une sorte de grand carton rigide puis un plaid usé aux motifs et couleurs de la maison. Beggars can’t be choosers. Baz comptait sur la présence d’un ciel étoilé au moins autant que sur celle du fidèle serviteur de son patron pour réchapper son mobilier bancal.
— Polby, tu veux bien me trouver une paire d’ustensiles à desserts propres et faire préparer une bouilloire ? quémanda t-il sans trop de façon et en s’avançant lui-même vers l’entrée de service. Il va me falloir quelques minutes pour investiguer la question des stocks gourmands disponibles, mademoiselle aura bien l’obligeance de patienter ?
Puis, tout juste comme il passait la tête dans le cadre de la porte de chêne, il compléta avec une question de la plus haute importance vis-à-vis la suite.
— Plutôt vanillé ou chocolaté ?
- Pardon ?:
- Désolé @Murphy Fraser pour ce délais de réponse bien indécent, je tente de faire plus vite la prochaine fois !
- InvitéInvité
Re: there's a heavy cloud inside my head (fb - bazphy)
Mer 31 Juil 2019 - 18:42
Les larmes sont peut-être séchées, mais il me faudra encore beaucoup de temps pour chasser la tristesse de mes yeux. J'ai l'impression que depuis septembre, je n'ai pas eu un moment de joie. Des sourires, parfois. Lorsque Finn réussissait une expérience et qu'il me racontait en détails comment il y est parvenu. Quand Isalynn avait une histoire fascinante à raconter. Pour mes proches, je suis toujours la présence rassurante et silencieuse. Pour autant, je suis persuadée que la plupart de leurs éclats de joie étaient des tentatives pour me remonter le moral. Prendre la place d'Oswald pour m'aider à l'oublier, comme il m'a oubliée moi. He never loved you. Mais dans le restaurant, il n'y a personne pour moi. Des étudiants en médicomagie qui s'en foutent de mon état d'esprit, tant qu'ils ne se retrouvent pas en binôme avec moi. "Je ne veux pas y retourner." La promesse d'une sucrerie pour édulcorer ma tristesse est alléchante, je dois l'avouer, mais la perspective de retourner à l'intérieur, au milieu du bruit, m'effraie plus qu'autre chose.
Cependant, le cuisinier ne se laisse pas démonter. "Et bien, rien de nous y oblige." Les yeux ronds, je le regarde mettre en place magiquement une sorte de table, devant nous. L'édifice en cagettes et carton semble plus que bancal, mais suffisant pour manger une pâtisserie. Un peu perdue dans mes pensées, je laisse Sebastian s'affairer, donnant des ordres à un elfe de maison. Dans ma tête, une alarme continue de sonner. Je ne devrais pas faire ça. Je ne sais pas ce qu'il a en tête. Je devrais prévenir Isalynn, mais depuis septembre j'ai beaucoup de difficultés à lancer un patronus. "Mademoiselle aura bien l’obligeance de patienter ?" Comme prise par surprise en train de faire une bêtise, je sursaute sur place et place des yeux apeurés sur le sorcier. Fronçant un peu les sourcils, j'essaie de me redonner un semblant de contenance. Hochement de la tête, en regardant mes chaussures. Tête qui se relève bien vite, puisqu'une question d'apparence cruciale se pose. "Plutôt vanillé ou chocolaté ?" Ma réponse la plus automatique serait : fraise. Mais la fraise n'est pas au menu. Alors à choisir entre vanille ou chocolat... "Chocolat." Les mots sortent un peu éraillés, ma voix plus forte pour couvrir la distance, je dois m'éclaircir la gorge discrètement. Le cuisinier disparu, je me retrouve seule dans l'allée, plantée devant la table de fortune, à me demander quoi faire. Partir ? Ce ne serait pas poli, j'ai accepté son offre. M'asseoir ? Il ne me l'a pas proposé. Je crois que ma seule option est de rester plantée là.
- Spoiler:
Ce n'est pas grave chaton
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Re: there's a heavy cloud inside my head (fb - bazphy)
Mer 11 Sep 2019 - 5:30
Dans les cuisines, un désordre planifié régnait encore tandis que les couverts vides s’accumulaient à la plonge sous le regard de quelques employés guettant l’heure de leur congédiement quotidien. Bien que cela relève de son rôle d’intérim, Baz n’avait pas trop l’envie de s’égosiller plus que nécessaire à ce stade et préféra ignorer le manque d’ardeur de sa brigade qui avait malgré tout admirablement besogné ce soir-là.
— Nathan et Ralph, assurez-vous que les derniers digestifs quittent le passe avant mon retour, on va arrimer le last-call à la prochaine plonge. Il me faudra un décompte des verres de porto aussi, vous pouvez vérifier avec Polby pour ça. commanda t-il finalement d’un ton plus ferme qu’il ne l’aurais souhaité. Be back in fifteen.
Encore incertain de ce qu’il cherchait précisément, le sous-chef ne coupait pourtant pas le pas, passant d’un îlot à un autre jusqu’à ce que le plateau d’argent plaqué qu’il avait ramassé à l’entrée affiche complet ; bouchées de brownies aux graines de citrouille, morceaux de quatre quart poires et noisettes et finalement, éclairs miniatures aux deux chocolats. Satisfait de sa récolte sucrée, il ajouta deux tasses de céramique chinoise à son assiette et tout juste comme il s’apprêtait à regagner la ruelle, il fit un tour sur lui-même pour emporter le vieux poste radio moldu qui continuait de cracher les mêmes vieux succès de Cat Stevens.
Dehors, la rouquine attendait toujours de prendre place, se tenant bien droite en dépit d’un regard qui, en comparaison, manquait d’aplomb. Si elle ne semblait plus aussi pressé de regagner le fracas de la rue piétonnière, la demoiselle ne semblait pas plus convaincue par la pertinence d’un dessert à l’heure des loups, en compagnie d’un illustre inconnu, aussi bien intentionné puisse t-il paraître. Alors ça déjà, ou peut-être lui manquait-il simplement une chaise où s’asseoir, n’est-ce pas Baz ? L’Accio qui s’en suivit fut évidemment imprononcé question de réchapper les meubles, littéralement d’ailleurs, dans ce cas-ci. Un banc cousiné traversa aussitôt l’espace de l’arrière cour pour venir se poser délicatement derrière les chevilles de Murphy, sans toutefois s’y appuyer. Profitant de ce délais, le cuisiner posa finalement devant elle le plateau tout entier des mignardises qu’il était parvenu à rassembler.
— Mademoiselle est servie. dit-il d’un ton bas, sans plus de cérémonie et sans exagérer les politesses.
L’irlandais avait pris soin de ne commander qu’un siège, soucieux d’offrir à son invitée l’espace qu’il lui fallait pour trouver — ou retrouver ? — son souffle, préférant pour lui-même le mur de briques rouge du commerce voisin. Juste avant de s’y adosser, il s’empara toutefois de l’une des deux tasses bleutées pour se servir un Earl Grey bien fumant.
— J’ai toujours trouvé que le thé noir complimentais les pâtisseries, mais je peux en faire préparer un autre si ça ne va pas.
La théière rapportée par Polby continuait de léviter à ses côtés tandis qu’il détaillait un peu mieux l’expression de la jeune femme au visage un peu plus sec. Des mèches retombaient toujours de chaque côté de son regard et leurs timides vagues ne manquaient pas d'adoucir le portrait complet. C'était alors quelque chose d'étrange que de le voir traverser de rides plus graves.
— Si je peux me permettre, cette petite soirée, c’est pour une occasion particulière ? acheva t-il en élevant légèrement sa tasse dans la direction du restaurant, comme pour préciser qu’il était question de ses occupants du moment.
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Re: there's a heavy cloud inside my head (fb - bazphy)
Lun 7 Oct 2019 - 18:24
Les secondes passent pendant lesquelles je peux entendre la voix ferme du sorcier s'adresser aux employés et elfes de maison. Une révélation pour le moins effrayante traverse mon esprit : est-ce que Sebastian est le chef de cet établissement ? Je m'en voudrais énormément si je l'avais dérangé en plein service. Après tout, il doit rester encore quelques personnes dans le restaurant, lui donnant assez de travail pendant encore une heure, j'imagine. Une nouvelle fois, l'envie de m'échapper de cette ruelle retourne mes entrailles, mais je suis bien trop polie pour le laisser comme ça, en plan. Mon dilemme est de courte durée, puisque je sens quelque chose derrière mes jambes. Après un énième sursaut, je remarque qu'il s'agit simplement d'un banc. Lorsque je m'y assieds, le chef dépose un plateau de pâtisseries devant moi. "Mademoiselle est servie." La réponse sort dans un souffle. "Merci." Pour les gâteaux, pour la présence, pour le manque de questions auxquelles je ne saurais pas répondre. Parce que mine de rien, je lui suis reconnaissante de ne pas m'avoir laissée seule à mon malheur. Le brun se sert une tasse de thé, dissertant sur le mélange des sucreries et du breuvage bouillant. "Je peux en faire préparer un autre si ça ne va pas." Secouant gentiment la tête, je refuse sa proposition. "Non, c'est très bien." Et cette fois-ci, ce n'est pas que par politesse que je décline l'offre. Le thé, j'adore. Afin de joindre le geste à la parole, je laisse la théière flottante me servir une tasse fumante, que je porte prestement à mes lèvres. Le thé a beau me bruler la langue et l'intérieur de la bouche, j'accueille la chaleur avec plaisir, cette sensation qui fait fondre mes malheurs, au moins un petit peu, afin qu'ils soient moins lourds à porter.
Mes pensées sont reportées vers l'intérieur du restaurant par la question de Sebastian. "Si je peux me permettre, cette petite soirée, c’est pour une occasion particulière ?" Fronçant les sourcils, je préfère étudier méticuleusement les mets, choisissant finalement un éclair au chocolat. Technique de diversion, moyen de gagner du temps pour réfléchir à ma réponse, choisir mes mots. Finalement, je parle doucement. "Rassemblement des étudiants en septième année de médicomagie." Mes doigts de part et d'autre de la pâtisserie, la tenant délicatement, la portent à ma bouche. L'air étant empli de la douce musique moldue (je crois, je ne reconnais pas l'air), je n'ai pas besoin de parler, et j'espère que Sebastian n'en ressent pas le besoin non plus. La bouchée terminée, j'ajoute. "Les profs ont voulu nous féliciter d'avoir survécu, I guess." Haussement d'épaules non convaincu. Si j'étais objective, je dirais qu'en effet, j'ai survécu. J'ai obtenu des notes honorables à mes différents rapports de stage, je me suis fait violence pour prendre soin de mes patients, il ne me reste que quelques examens pour valider mon passage en huitième année. Et tout ça sans la présence d'Oz. Mais est-ce que je suis objective ? Non. Tout ce qui importe c'est que je suis brisée, à cause de cette absence. Le reste a peu d'importance. Nouvelle gorgée de thé, pour cacher mon malaise revenant à grands pas.
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Re: there's a heavy cloud inside my head (fb - bazphy)
Sam 16 Nov 2019 - 23:56
Sebastian avait observé la rouquine prendre une première gorgée de son thé avec un enthousiasme discret, satisfait comme pour lui-même que la demoiselle semble en apprécier les arômes. L’irlandais ajoutait toujours une touche de bergamote et quelques écorces d’agrumes à son Earl Grey, quelque chose que bien peu de papilles parvenaient à relever dans le détail, preuve subtile d’une harmonie parfaite, quoique Murphy s’avérait peut-être simplement dans le besoin qu’une rasade brûlante vienne tempérer quelques sentiments tristement glacés, sans égards pour un goût particulier ? Il y avait bien quelques nouvelles traces rosés sur les joues finement tachetés de la jeune femme, l’effet du breuvage ou d’un nouveau confort ?
Le choix d’une première bouchée avait finalement capté l’entière attention du sous-chef, si bien qu’il ne nota aucunement le délais qui s’était écoulé depuis sa dernière question. Ultimement, celle-ci avait été formulé autant par curiosité polie que par intérêt général pour le tumulte des cuisines, l’aîné Donovan appréciant de pouvoir catégoriser et associer les ambiances, les plats et les clientèles qui traversaient chaque jour le restaurant. Il y avait une certaine finesse à l’art de satisfaire par l’estomac, quelque chose qui demandait à la fois du flair et du coeur, quelque chose d’intuitivement Gryffondoresque, ironiquement.
"Rassemblement des étudiants en septième année de médicomagie. »
L’information avait été servie avec si peu d’enthousiasme que Baz préféra n’émettre aucun commentaire. Il éleva simplement les sourcils en hochant quelque peu la tête, rien que pour confirmer qu’il était à l’écoute, reportant bien vite son attention sur la première mignardise choisie.
— L’éclair aux deux chocolats, great choice. commenta simplement Baz avant de porter de nouveau sa propre tasse à ses lèvres.
L’étudiante ne lui avait donc pas menti en précisant avoir un faible pour les produits à base de cacao, ce qu’il nota symboliquement dans un coin de sa cervelle, dans cet espace réservé aux préférences alimentaires des âmes qui gravitaient autour de lui. Il n’était pas dit qu’il aurait un jour l’occasion de faire à nouveau usage de cette information, mais pour l’heure, il appréciait le simple fait qu’un fragment de mystère soit levé.
"Les profs ont voulu nous féliciter d'avoir survécu, I guess."
Le cuisto étouffa un faible rire avant d’offrir à la demoiselle un regard qui se voulait critique d’un aussi grand manque d’assurance.
— Well, they should. C’est sans doute le parcours le plus exigeant que le monde sorcier ait à offrir. nota t-il sans toutefois faire mention d’une connaissance bien précise à cet effet, sa propre soeur traversant au même moment quelques déserts arides d’études et de pratiques en aspirant au même titre. Congratulations then. souffla Baz d’un ton parfaitement sincère, tout juste avant d’élever un peu sa tasse ainsi que la soucoupe qui la supportait.
Le reste de la conversation fut tout à l’image de cet échange, succinct, léger dans sa teneur, sucré et juste assez fumant au bout des lèvres. L’humeur de la demoiselle semblait apaisée, suffisamment pour chasser cette première impression que Baz en avait eu, celle d’une autre de ces âmes que le mauvais alcool et les mauvais sentiments menait à l’égarement. Peut-être était-ce qu’entre les volutes du thé, l’air agréable d’un morceau folk rock moldu, puis la légèreté tranquille de l’entretien somme toute superficiel, il ne restait plus rien qui puisse installer — ou entretenir ? — de lourdeur autour d’eux. Du moins, jusqu’à ce qu’un certain elfe de maison ne vienne faire irruption pour réclamer la présence du chef intérim.
— Polby à terminé de ranger tous les verres comme le maître l’a demandé, les cuisiniers demandent maintenant que Polby vienne vous chercher pour terminer l’inventaire de la chambre froide.
Sur un demi sourire, Baz quitta donc son appui en chapardant au passage le dernier morceau de quatre quart à la poire, ce fruit obtenant toujours sa préférence lorsqu’il était question de dessert.
— Well, il semble que ma pause soit terminée. Will you be alright from here ? demanda t-il simplement d’un ton qu’il tentait de ne pas rendre trop inquiet ou surprotecteur, du genre qu’il utilisait bien trop souvent avec Mercy et ce, sans toujours le réaliser.
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Re: there's a heavy cloud inside my head (fb - bazphy)
Sam 23 Nov 2019 - 21:15
La remarque sur mon choix de pâtisserie me passe au dessus, tandis que je ressasse les événements de l'année qui vient de s'écouler. Les nuits passées sans pouvoir dormir, les stages s'ajoutant aux cours et aux examens, la tristesse ayant construit une carapace protectrice autour de moi, très difficile à percer pour qui ne me connait pas vraiment. Il est d'ailleurs assez étrange que Sebastian, cuisinier au cochon à plumes, ait réussi à la fissurer assez pour me faire parler et ravaler mes larmes. Peut-être est-ce le fait qu'il ne me connaisse pas, qu'il n'ait donc aucun a priori, ou qu'il ait généreusement proposé de me ramener du dessert. Le tout sans jamais poser de question indiscrète. Haussant les épaules, j'élabore sur les raisons de ma présence dans cet établissement. "Les profs ont voulu nous féliciter d'avoir survécu, I guess." Le rire du cuisinier me tire un froncement de sourcils, intrigué. Je n'ai pas pour habitude de faire rire les gens. "Well, they should. C’est sans doute le parcours le plus exigeant que le monde sorcier ait à offrir. Congratulations then." D'un petit signe de tête, je remercie le brun pour ces dernières paroles.
Quant au fait que ce soit le parcours universitaire le plus exigeant, je suis moins convaincue que lui. Penchant la tête sur le côté, posant la tasse de thé sur la table improvisée, je fixe le motif du plaid servant de nappe. "Je ne suis pas sûre qu'il y ait de parcours plus exigeant qu'un autre, chacun a ses forces et ses faiblesses." Je ne pourrais pas exceller dans le cursus de ma cousine Isalynn, par exemple. Les animaux et créatures magiques, je préfère les voir de loin. De même, j'ai suivi les études d'Oswald car il avait besoin de quelqu'un pour le motiver à travailler, et je suis intimement convaincue que j'aurais lamentablement échoué si j'avais été à sa place, alors que l'Anglais était naturellement doué dans ce cursus. L'incompréhension revient en force. Pourquoi a-t-il lâché ces études prometteuses, alors qu'il s'était fait remarqué par le ministère de la magie pour rejoindre les rangs des meilleurs brigades d'élites ? Tout ça pour un baiser non assumé ? Cela ne lui ressemble pas.
Les questions sont cependant étouffées par la conversation qui reprend. L'échange est discret, entrecoupé de pauses que ma timidité maladive apprécie grandement. Les mignardises sont bien vite avalées, mon estomac s'étant rendu compte en route qu'il était bien vide et apprécierait un peu de nourriture. L'irruption d'un elfe de maison, réclamant la présence du cuisinier, sonne la fin de cette pause sucrée et réconfortante au milieu de cette soirée de déprime. "Well, il semble que ma pause soit terminée. Will you be alright from here ?" Me levant en même temps que Sebastian, je frotte mes mains sur mon pantalon pour y chasser les dernières miettes s'y accrochant. Léger hochement de tête. "Oui, merci." Politesse, mais aussi reconnaissance au fond de la voix. Les coins des lèvres qui s'étirent en un faible sourire pour le rassurer. "Bonne soirée." Rejoignant tranquillement la rue animée, je transplane vers Hungcalf pour retrouver ma salle commune, ma chambre et ma cousine, qui va me cuisiner sur cette soirée, et ma rentrée tardive, je le sais d'avance.RP terminé
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