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Never Ending Story [Terminé]
Jeu 13 Juin 2019 - 21:21
C'est guillerette ce matin que je m'éveillais, me douchais et prenais mon petit-déjeuner après un rapide baiser sur la joue de Susan, routine matinale qui m'enchantais. Depuis que je m'étais installée ici en février, je n'étais même plus tombée malade, comme quoi l'endroit me faisais du bien, et pour cause. Ici, j'étais tout à fait dans mon élément, et la simplicité de la vie me convenait parfaitement. J'avais bien sûr énormément de travail, entre l'université, ma thèse et mon stage au ministère, mais j'étais fort aisée d'avoir l'aide précieuse d'Aedan et de Gabriel. Sans eux, je n'aurais sûrement pas pu réussir à aussi bien gérer l'entretient de la ferme et de la serre. Par ailleurs, le métamorphomage était sans doute déjà réveillé lui aussi. Sa discrétion et son respect des lieux faisaient qu'il pénétrait rarement dans l'habitation.
Faisant signe à la grand-mère que j'allais le chercher, je sortais, vêtue de mon mini short en jean et d'un haut découvrant la majorité de ma peau, un simple top noir que j'utilisais pour travailler ici. Je ne craignais pas de l'abimer puisqu'il était déjà vieux et troué. Il m'avait fallu du temps, mais ici j'exposais mes cicatrices avec bien moins de gêne qu'ailleurs. Je me savais en sécurité, pas jugée, et cela permettait aussi à Aedan de surveiller plus aisément ma cicatrisation. Le fait, sûrement, de passer du temps avec celle qui m'avait infligé ça inconsciemment, que malgré tout je pouvais la séduire, y était pour quelque chose.
Trottinant comme une petite fille dans la cour, je la traversais rapidement pour rejoindre l'écurie. Là, je jetais un œil à l'étage mais devinais que mon ami s'était déjà levé. J'en déduisais alors qu'il se trouvait dans la serre à faire je ne sais quoi. Un petit sourire doux se dessina sur mes lèvres. Je lui avais déjà dit qu'il en faisait trop et que je ne voulais pas qu'il force, mais c'était plus fort que lui.
D'un petit soupir sec, je me retournais pour vérifier l'état de Jane qui allait mettre bas d'une semaine à l'autre. Je me devais d'être prudente et de la garder à l'œil constamment. La gardant en sécurité dans son box la nuit car je craignais qu'elle ne se fasse mal dehors, j'attrapais le licol et la longe pour l'emmener dans son parc. Une fois la barrière refermée, je la regardais s'épanouir dehors tout en vérifiant les deux mâles non loin.
Le temps ce matin était idéal, frais, le ciel annonçant une grande chaleur plus tard, mais aussi une magnifique journée en perspective. J'appréciais à écouter les chants des oiseaux aux alentours, et j'en eus du baume au cœur. Un jour j'emmènerais Lubia ici et nous pourrons partager cette sérénité toute les deux. Je pourrais lui faire partager mon univers.
Délaissant la barrière et les chevaux, je m'en retournais avec entrain vers la ferme pour y attraper un panier. Là, je prenais la route du poulailler pour récupérer les œufs pondu un peu plus tôt. Dans mon élan de joie et de sérénité, je me permettais même à fredonner une mélodie.
- I'm turning, turning, turning, turning, turning around
Les œufs ramassés et le panier rempli, je retournais dans la cour.
- And all that I can see is just another lemon tree
Puis mes yeux se posèrent sur une silhouette qui s'approchait. Tiens, un visiteur si tôt ? Gabriel ne m'avait pas prévenu que nous allions avoir un client aujourd'hui.
- Sing ! Da, da da dee da...
J'attendais qu'il s'approche encore jusqu'à ce que je le reconnaisse. Là, le temps fut interrompu. Mon cœur bondit dans ma poitrine à tel point que j'en eu un sursaut violent, faisant sauter le panier de mes mains, les œufs s'écrasèrent alors à mes pieds.
Comme si je fixais un mirage, je regardais Levius, la bouche à moitié ouverte, des larmes prenant possession de mes yeux.
Je n'osais prononcer aucune parole, de peur à ce qu'il disparaisse à nouveau. À présent qu'il était là, devant moi, je voulais m'attarder à le contempler, à vérifier si je me souvenais de chacun de ses traits.
Faisant signe à la grand-mère que j'allais le chercher, je sortais, vêtue de mon mini short en jean et d'un haut découvrant la majorité de ma peau, un simple top noir que j'utilisais pour travailler ici. Je ne craignais pas de l'abimer puisqu'il était déjà vieux et troué. Il m'avait fallu du temps, mais ici j'exposais mes cicatrices avec bien moins de gêne qu'ailleurs. Je me savais en sécurité, pas jugée, et cela permettait aussi à Aedan de surveiller plus aisément ma cicatrisation. Le fait, sûrement, de passer du temps avec celle qui m'avait infligé ça inconsciemment, que malgré tout je pouvais la séduire, y était pour quelque chose.
Trottinant comme une petite fille dans la cour, je la traversais rapidement pour rejoindre l'écurie. Là, je jetais un œil à l'étage mais devinais que mon ami s'était déjà levé. J'en déduisais alors qu'il se trouvait dans la serre à faire je ne sais quoi. Un petit sourire doux se dessina sur mes lèvres. Je lui avais déjà dit qu'il en faisait trop et que je ne voulais pas qu'il force, mais c'était plus fort que lui.
D'un petit soupir sec, je me retournais pour vérifier l'état de Jane qui allait mettre bas d'une semaine à l'autre. Je me devais d'être prudente et de la garder à l'œil constamment. La gardant en sécurité dans son box la nuit car je craignais qu'elle ne se fasse mal dehors, j'attrapais le licol et la longe pour l'emmener dans son parc. Une fois la barrière refermée, je la regardais s'épanouir dehors tout en vérifiant les deux mâles non loin.
Le temps ce matin était idéal, frais, le ciel annonçant une grande chaleur plus tard, mais aussi une magnifique journée en perspective. J'appréciais à écouter les chants des oiseaux aux alentours, et j'en eus du baume au cœur. Un jour j'emmènerais Lubia ici et nous pourrons partager cette sérénité toute les deux. Je pourrais lui faire partager mon univers.
Délaissant la barrière et les chevaux, je m'en retournais avec entrain vers la ferme pour y attraper un panier. Là, je prenais la route du poulailler pour récupérer les œufs pondu un peu plus tôt. Dans mon élan de joie et de sérénité, je me permettais même à fredonner une mélodie.
- I'm turning, turning, turning, turning, turning around
Les œufs ramassés et le panier rempli, je retournais dans la cour.
- And all that I can see is just another lemon tree
Puis mes yeux se posèrent sur une silhouette qui s'approchait. Tiens, un visiteur si tôt ? Gabriel ne m'avait pas prévenu que nous allions avoir un client aujourd'hui.
- Sing ! Da, da da dee da...
J'attendais qu'il s'approche encore jusqu'à ce que je le reconnaisse. Là, le temps fut interrompu. Mon cœur bondit dans ma poitrine à tel point que j'en eu un sursaut violent, faisant sauter le panier de mes mains, les œufs s'écrasèrent alors à mes pieds.
Comme si je fixais un mirage, je regardais Levius, la bouche à moitié ouverte, des larmes prenant possession de mes yeux.
Je n'osais prononcer aucune parole, de peur à ce qu'il disparaisse à nouveau. À présent qu'il était là, devant moi, je voulais m'attarder à le contempler, à vérifier si je me souvenais de chacun de ses traits.
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Re: Never Ending Story [Terminé]
Ven 14 Juin 2019 - 10:58
Levius avait choisi de transplaner au commencement du grand chemin de terre qui menait à la ferme. Il voulait s'accorder le plaisir d'une courte marche dans les pas de son enfance.
Quand, petit, on menait sa fratrie à la garde de Susan pour les vacances, il avait conscience de vivre un moment précieux. Des années plus tard, Levius percevait toujours le vieux corps de ferme comme un sanctuaire.
En effet, ce jeune homme là se caractérisait par une nature réfractaire au changement. Il aimait que les choses restent toujours semblables, que rien ne bouge et de pouvoir apprécier les mêmes choses qu'il y a vingt ans. Cet élan de l'âme là, cette peur ancrée tout au fond de lui, était permise à la ferme des Bird. Indulgente maison de pierre qui n'invective pas ses enfants à s'en aller courir des chemins dangereux pour eux.
Levius aimait qu'on n'attende pas de lui quelque comportement incompatible avec son essence profonde. Les malentendus faisaient déjà le lot de son quotidien dans le monde réel : les fleurs reprochent à la rose de piquer sans comprendre qu'elle est ainsi faite. On ne perçoit pas toujours le mal que l'on fait à vouloir corriger la trajectoire de quelqu'un. Les observations sont émises au nom de la bienveillance et même si l'on s'applique à comprendre, peu se gardent d'ajouter au réconfort quelque conseil allant dans le sens du vent.
Ainsi, les personnes ayant jamais dit à Levius « souffle donc en sens contraire, il n'y a rien de mal à ça » étaient rares. A dire vrai, le jeune homme pouvait les compter sur les doigts d'une main, si l'on omettait sa famille.
L'une de ces personnes, bien sûr, c'était Abigail. Ce que Levius avait trouvé auprès d'elle, il pensait ne jamais le retrouver ailleurs. Il s'estimait fort chanceux de l'avoir dans son entourage et regrettait chaque mot ou façon qu'il aurait pu avoir et qui l'aurait blessé. C'était notamment pour cela qu'il s'était appliqué à écourter sa tournée des réunions de botanique.
Il n'était pas évident pour Levius de faire le lien entre ses absences et l'érosion de leur relation. Cependant, la chose avait été expliqué assez clairement pour qu'il saisisse ce que cela voulait dire pour Abigail. Car si Levius tolérait d'être seul, comme un électron libre, ce n'était pas le cas de son amie de toujours.
La jeune femme avait toujours exprimé le besoin d'orbiter autour de son âme sœur. Contrairement à lui, elle aimait passer du temps avec l'autre et partager des moments intimes riches en intensité. Ainsi, quand Levius se devait de régulièrement prendre une respiration à l'air de la solitude, elle nageait en eaux profondes.
C'était sa façon d'être : une façon différente dont il n'avait pas assez mesuré le contour. Avec du recul, Levius regrettait de n'avoir pas été capable de comprendre cela. Abigail s'était toujours montré très patiente et compréhensive avec lui et il lui avait fort mal rendu.
Alors qu'il songeait à tout cela, Levius arriva à la grande barrière de bois qui faisait l'entrée du domaine. Il prit un court instant pour toucher le bois poli par les innombrables caresses précédentes et jeta un regard en direction des champs. Une excitation puissante lui saisit le ventre, sans que rien ne perce au dehors. Il eut un souffle court, avant de prendre une longue inspiration.
Ses yeux azur s'en allèrent alors vérifier si les valises enchantées le suivaient toujours : c'était le cas. Levius eut un sourire et se retourna, dos à la barrière. Il se laissa lentement glisser contre elle, jusqu'à terminer assit, les genoux repliés contre sa poitrine. Comme c'était jeudi, il portait du jaune : une chemise indienne de coton couleur curry, avec des rayures orangées. Assorti à un pantalon kaki, il se sentait comme un pissenlit (la fleur des champs que l'on arrache pour ne pas gâcher les belles pelouses).
Levius avait le regard allumé. Il prit un samare tombé d'un frêne et le tint entre ses mains comme on le ferait d'un oiseau. Puis, il rassembla ses mains près de sa bouche, souffla dans l'interstice laissé entre ses deux pouces et découvrit la graine. L'enchantement la fit s'envoler comme une hirondelle vers on ne sait où. Levius attendit un moment.
Quand le fruit du frêne revint, il était accompagné de Valmore. La chatte ne put attraper l'étrange jouet qu'une fois son maître aperçu. Comme il était désormais inanimé, elle s'en lassa et vint saluer l'homme. La tête féline se frottait à grand renfort de ronronnement au visage de Levius qui la caressait avec délicatesse. Levius lui chuchota des choses à l'oreille pendant un moment, puis il se leva. Retrouver l'un des animaux lui avait donné la force de rencontrer les Hommes.
Il souleva le loquet et passa la barrière.
Abigail ressemblait à toutes les Abigail des songes qu'il avait eu. Elle se tenait au bout du chemin, lui à l'autre.
Levius laissa son corps avancer, car s'il s'était pris à le commander, on l'aurait vu disparaître. Son esprit s'était vidé de toutes pensées et dans le même temps, elles remplissaient le moindre interstice de sa tête. Il ne savait pas quoi dire alors, quand ils furent face à face, il ne dit rien.
Son regard bleu était fuyant, comme à son habitude, mais il perçut quand même l'émotion de son amie à travers un bref et furtif survol. Levius considérait la barrière cernant le parc des chevaux et détaillait l'un des nœuds du bois avec beaucoup d'attention.
Dans lui, tout était en tempête.
C'est alors qu'autour d'eux, les pissenlit firent d'autres fleurs. Elles mûrirent et donnèrent des aigrettes qui partirent au vent. Bientôt, l'un et l'autre furent cernés par un millier de minuscules parapluies blancs en train d'orbiter : la terre avait un nouveau centre de gravité.
Levius eut un sourire. Il fit un pas et encercla la jeune femme entre ses bras, fermant les yeux et soupirant d'aise.
Voilà comment se devaient d'être les choses du monde.
Quand, petit, on menait sa fratrie à la garde de Susan pour les vacances, il avait conscience de vivre un moment précieux. Des années plus tard, Levius percevait toujours le vieux corps de ferme comme un sanctuaire.
En effet, ce jeune homme là se caractérisait par une nature réfractaire au changement. Il aimait que les choses restent toujours semblables, que rien ne bouge et de pouvoir apprécier les mêmes choses qu'il y a vingt ans. Cet élan de l'âme là, cette peur ancrée tout au fond de lui, était permise à la ferme des Bird. Indulgente maison de pierre qui n'invective pas ses enfants à s'en aller courir des chemins dangereux pour eux.
Levius aimait qu'on n'attende pas de lui quelque comportement incompatible avec son essence profonde. Les malentendus faisaient déjà le lot de son quotidien dans le monde réel : les fleurs reprochent à la rose de piquer sans comprendre qu'elle est ainsi faite. On ne perçoit pas toujours le mal que l'on fait à vouloir corriger la trajectoire de quelqu'un. Les observations sont émises au nom de la bienveillance et même si l'on s'applique à comprendre, peu se gardent d'ajouter au réconfort quelque conseil allant dans le sens du vent.
Ainsi, les personnes ayant jamais dit à Levius « souffle donc en sens contraire, il n'y a rien de mal à ça » étaient rares. A dire vrai, le jeune homme pouvait les compter sur les doigts d'une main, si l'on omettait sa famille.
L'une de ces personnes, bien sûr, c'était Abigail. Ce que Levius avait trouvé auprès d'elle, il pensait ne jamais le retrouver ailleurs. Il s'estimait fort chanceux de l'avoir dans son entourage et regrettait chaque mot ou façon qu'il aurait pu avoir et qui l'aurait blessé. C'était notamment pour cela qu'il s'était appliqué à écourter sa tournée des réunions de botanique.
Il n'était pas évident pour Levius de faire le lien entre ses absences et l'érosion de leur relation. Cependant, la chose avait été expliqué assez clairement pour qu'il saisisse ce que cela voulait dire pour Abigail. Car si Levius tolérait d'être seul, comme un électron libre, ce n'était pas le cas de son amie de toujours.
La jeune femme avait toujours exprimé le besoin d'orbiter autour de son âme sœur. Contrairement à lui, elle aimait passer du temps avec l'autre et partager des moments intimes riches en intensité. Ainsi, quand Levius se devait de régulièrement prendre une respiration à l'air de la solitude, elle nageait en eaux profondes.
C'était sa façon d'être : une façon différente dont il n'avait pas assez mesuré le contour. Avec du recul, Levius regrettait de n'avoir pas été capable de comprendre cela. Abigail s'était toujours montré très patiente et compréhensive avec lui et il lui avait fort mal rendu.
Alors qu'il songeait à tout cela, Levius arriva à la grande barrière de bois qui faisait l'entrée du domaine. Il prit un court instant pour toucher le bois poli par les innombrables caresses précédentes et jeta un regard en direction des champs. Une excitation puissante lui saisit le ventre, sans que rien ne perce au dehors. Il eut un souffle court, avant de prendre une longue inspiration.
Ses yeux azur s'en allèrent alors vérifier si les valises enchantées le suivaient toujours : c'était le cas. Levius eut un sourire et se retourna, dos à la barrière. Il se laissa lentement glisser contre elle, jusqu'à terminer assit, les genoux repliés contre sa poitrine. Comme c'était jeudi, il portait du jaune : une chemise indienne de coton couleur curry, avec des rayures orangées. Assorti à un pantalon kaki, il se sentait comme un pissenlit (la fleur des champs que l'on arrache pour ne pas gâcher les belles pelouses).
Levius avait le regard allumé. Il prit un samare tombé d'un frêne et le tint entre ses mains comme on le ferait d'un oiseau. Puis, il rassembla ses mains près de sa bouche, souffla dans l'interstice laissé entre ses deux pouces et découvrit la graine. L'enchantement la fit s'envoler comme une hirondelle vers on ne sait où. Levius attendit un moment.
Quand le fruit du frêne revint, il était accompagné de Valmore. La chatte ne put attraper l'étrange jouet qu'une fois son maître aperçu. Comme il était désormais inanimé, elle s'en lassa et vint saluer l'homme. La tête féline se frottait à grand renfort de ronronnement au visage de Levius qui la caressait avec délicatesse. Levius lui chuchota des choses à l'oreille pendant un moment, puis il se leva. Retrouver l'un des animaux lui avait donné la force de rencontrer les Hommes.
Il souleva le loquet et passa la barrière.
Abigail ressemblait à toutes les Abigail des songes qu'il avait eu. Elle se tenait au bout du chemin, lui à l'autre.
Levius laissa son corps avancer, car s'il s'était pris à le commander, on l'aurait vu disparaître. Son esprit s'était vidé de toutes pensées et dans le même temps, elles remplissaient le moindre interstice de sa tête. Il ne savait pas quoi dire alors, quand ils furent face à face, il ne dit rien.
Son regard bleu était fuyant, comme à son habitude, mais il perçut quand même l'émotion de son amie à travers un bref et furtif survol. Levius considérait la barrière cernant le parc des chevaux et détaillait l'un des nœuds du bois avec beaucoup d'attention.
Dans lui, tout était en tempête.
C'est alors qu'autour d'eux, les pissenlit firent d'autres fleurs. Elles mûrirent et donnèrent des aigrettes qui partirent au vent. Bientôt, l'un et l'autre furent cernés par un millier de minuscules parapluies blancs en train d'orbiter : la terre avait un nouveau centre de gravité.
Levius eut un sourire. Il fit un pas et encercla la jeune femme entre ses bras, fermant les yeux et soupirant d'aise.
Voilà comment se devaient d'être les choses du monde.
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Re: Never Ending Story [Terminé]
Ven 14 Juin 2019 - 16:43
Larmes coincées aux commissures des yeux, je fixais le jeune homme sans pouvoir m'en détourner un instant. Je savais qu'il allait revenir un jour, bien évidemment que je le savais. Mais si vite ? Si tôt ? Les rares fois où j'avais osé lui poser la question du temps où nous étions en couple, il confirmait ignorer cette information. Je savais qu'il ne mentait pas. Je savais que Levius était de ceux qui perdaient la notion du temps lorsqu'ils étaient plongés dans leur passion, et je ne pouvais pas lui en vouloir. C'était ce que j'avais aimé chez lui, c'était ce que j'aimais, et c'était ce que je vais toujours aimer. Mais voilà, la première fois avait duré sept ans… et je ne me voyais pas l'attendre autant de temps. J'avais été profondément convaincue que cela recommencerait et le voilà là. Tenu en face de moi à fixer la barrière des chevaux, alors que je savais pertinemment qu'aucun détail de mes réactions ne lui échappait. Quatre petit mois seulement. Quatre. Minuscules. Petits. Mois. Voilà le temps de notre séparation. Et alors que je touchais enfin à nouveau au bonheur du bout des doigts, il revenait. Pour un temps ? Un simple détour de voyage ? Un retour définitif ? Les conférences ne devaient-elles pas encore duré longtemps ? N'était-ce pas ce qu'il m'avait écrit ?
Aussi perdue que pouvait l'être un chiot abandonné dans une ruelle sombre sans aucun réconfort, je fixais le jeune homme, cet ami d'enfance pour qui je m'étais si profondément éprise alors qu'il bravait les derniers pas qui nous séparaient.
Ses bras, si chauds et protecteurs que j'avais aimé ressentir autour de moi. Cette douceur toujours présente qui avait toujours su me réconforter. Mais voilà, il avait toujours manqué une chose essentielle, tout le moins, la plupart du temps. Sa présence véritable, mentale. Allant au gré du vent et des saisons, et l'élucubration de ses pensées, le Bird avait cette spécialité de toujours avoir un pied dans la réalité et l'autre dans un monde que seul lui connaissait.
Je ne ressentais pas cette distance présentement, alors que je sentais ses mains se raffermirent dans mon dos.
D'abord pétrifiée par la surprise et l'émotion, je restais stoïque, mais la valse de pissenlits explosa autour de nous. J'en compris le sens. Comme toujours. Et ce fut avec un profond soupir de soulagement que je me hissais sur la pointe des pieds pour passer mes mains par-dessus ses épaules et nouer mes doigts derrière sa nuque. Caressant distraitement la naissance de ses cheveux et de sa peau, je venais cacher mon visage dans son cou alors que s'échappaient enfin les perles salées de mon regard que je fermais au monde.
Autour de nous, les aigrettes se doublèrent. Pour ne pas jurer avec cette couleur nacré, ce furent des fleurs de muguet qui prirent vies, dansant avec leur sœur florale autour de nous. Témoins de nos retrouvailles, c'est avec émotion que j'osais caresser Levius du bout des doigts, ses cheveux et sa nuque sans jamais me décoller un instant de lui.
Y avait-il quelque chose de changé ? Quelque chose de différent ? Je voulais m'en assurer alors que le reste du monde était délaissé, que nous redevenions toute la gravité de la planète, comme ça avait toujours été le cas.
Oublié… mais pas totalement.
Tout comme lui avant elle, le souvenir de sa présence subsistait toujours. L'odeur entêtante et délicieuse de l'iode et de l'air marin réveillèrent mes sens, bien plus que tout le reste, alors que ce n'était que le fruit de mon imagination.
Reniflant pour m'en enivrer, je redressais enfin mon visage pour regarder le jeune homme de plus près, jamais dans les yeux, mes prunelles rougies par l'émotion, admirant son visage dans son ensemble. Mes mains, toujours aussi délicates et douces, vinrent se poser sur chacune de ses joues alors que je souriais enfin. Bienveillante et fluette.
Enfin, je parvenais à murmurer mes secrets à cet homme qui connaissait tout de moi.
- Tu… tu es revenu…
Aussi perdue que pouvait l'être un chiot abandonné dans une ruelle sombre sans aucun réconfort, je fixais le jeune homme, cet ami d'enfance pour qui je m'étais si profondément éprise alors qu'il bravait les derniers pas qui nous séparaient.
Ses bras, si chauds et protecteurs que j'avais aimé ressentir autour de moi. Cette douceur toujours présente qui avait toujours su me réconforter. Mais voilà, il avait toujours manqué une chose essentielle, tout le moins, la plupart du temps. Sa présence véritable, mentale. Allant au gré du vent et des saisons, et l'élucubration de ses pensées, le Bird avait cette spécialité de toujours avoir un pied dans la réalité et l'autre dans un monde que seul lui connaissait.
Je ne ressentais pas cette distance présentement, alors que je sentais ses mains se raffermirent dans mon dos.
D'abord pétrifiée par la surprise et l'émotion, je restais stoïque, mais la valse de pissenlits explosa autour de nous. J'en compris le sens. Comme toujours. Et ce fut avec un profond soupir de soulagement que je me hissais sur la pointe des pieds pour passer mes mains par-dessus ses épaules et nouer mes doigts derrière sa nuque. Caressant distraitement la naissance de ses cheveux et de sa peau, je venais cacher mon visage dans son cou alors que s'échappaient enfin les perles salées de mon regard que je fermais au monde.
Autour de nous, les aigrettes se doublèrent. Pour ne pas jurer avec cette couleur nacré, ce furent des fleurs de muguet qui prirent vies, dansant avec leur sœur florale autour de nous. Témoins de nos retrouvailles, c'est avec émotion que j'osais caresser Levius du bout des doigts, ses cheveux et sa nuque sans jamais me décoller un instant de lui.
Y avait-il quelque chose de changé ? Quelque chose de différent ? Je voulais m'en assurer alors que le reste du monde était délaissé, que nous redevenions toute la gravité de la planète, comme ça avait toujours été le cas.
Oublié… mais pas totalement.
Tout comme lui avant elle, le souvenir de sa présence subsistait toujours. L'odeur entêtante et délicieuse de l'iode et de l'air marin réveillèrent mes sens, bien plus que tout le reste, alors que ce n'était que le fruit de mon imagination.
Reniflant pour m'en enivrer, je redressais enfin mon visage pour regarder le jeune homme de plus près, jamais dans les yeux, mes prunelles rougies par l'émotion, admirant son visage dans son ensemble. Mes mains, toujours aussi délicates et douces, vinrent se poser sur chacune de ses joues alors que je souriais enfin. Bienveillante et fluette.
Enfin, je parvenais à murmurer mes secrets à cet homme qui connaissait tout de moi.
- Tu… tu es revenu…
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Re: Never Ending Story [Terminé]
Ven 14 Juin 2019 - 19:33
Dès que l'un eut touché l'autre, les deux jeunes gens ne se lâchèrent plus. Cela dura un moment.
Passage du temps délicieux au cours duquel Levius redécouvrit le contact de son amie. Il y avait tout : sa chaleur, son odeur, sa petite taille qui l'amenait à se pencher en avant, ses bras menus à l'emprise ferme, ses doigts glissés dans son cou, sa joue écrasé contre la peau où battait la jugulaire. Levius se sentait ivre et choqué tout à la fois d'une telle intrusion dans le monde de ses sens.
Il l'avait tant attendu qu'il aurait été capable de la fuir jusqu'au dernier moment. Tous ces mois passés à imaginer et renforcer autour de lui-même la coquille de son intimité se voyait bousculer par la submersion violente d'un être surnommé « amour ». Douleur de l'âme qui se brise pour éclater d'une lumière très pure.
Levius en avait le souffle court. Il prit sur lui de contenir le flot des émotions, car l'idée de pleurer lui faisait honte. Il ne voulait que sourire, même si ce n'était pas chose aisée. A ce titre, la vue des prunelles rougies d'Abigail lui firent chanceler le cœur. Elle se permettait ce que la pudeur lui interdisait et il éprouva en réaction un genre d'humilité confuse.
Cependant, les mains de la jeune femme vinrent bientôt se poser sur ses joues et il se calma. Alors, elle fit le constat de l'évidence et, vraisemblablement, de la seule chose qui comptait.
« Oui. Dit-il en amenant sa bouche contre la paume d'Abigail. Je ne pars plus cette fois-ci.
Levius avait le sentiment de dispenser là l'essentiel. Après cela, ils pourraient revenir aux choses importantes, comme marcher ensemble ou se regarder sans rien dire. Le récit de leurs vies viendrait après, quand le moment sera bon. Tout du moins, c'était ainsi qu'il sentait la chose (même si, en général, on s'y prenait en sens inverse).
Levius porta, à son tour, les mains aux joues de son amie. Il prit ensuite sur lui de la regarder, afin d'essuyer, des pouces, la bordure de ses paupières. Enfin, on le vit déposer un baiser sur son front avant de lui offrir une nouvelle accolade tendre.
« Allons au pré.
Fit-il alors en esquissant un sourire. Son regard se dirigea sur les bagages, dont il rectifia la trajectoire d'un coup de baguette magique afin qu'ils entrent dans la maison. Apparemment, Levius n'avait pas l'intention de faire le tour de la ferme pour voir qui s'y trouvait (tout du moins, pas dans l'immédiat). Au lieu de cela, il prit Abigail par la main et l'entraîna à sa suite.
Il y avait, en effet, un vaste pré d'herbe par delà les enclos. Levius aimait s'y rendre car, le terrain étant en pente, on pouvait voir la campagne en contrebas. Qui plus est, les herbes hautes donnaient à cette nature farouche un sentiment de sécurité. Rien n'était plus plaisant au jeune homme que l'impression de se trouver là où l'on ignore sa présence. Assit au milieu des graminées, ils étaient comme des naufragés perdus en mer.
« Je suis heureux. Confia-t-il, quand il y furent installés. Tout cela m'avait manqué.
Sa timidité reprit le dessus quand apparut dans sa tête une pensée qu'il formula à voix basse. Un voile rosé teinta ses joues l'instant d'après.
« Toi, surtout.
Passage du temps délicieux au cours duquel Levius redécouvrit le contact de son amie. Il y avait tout : sa chaleur, son odeur, sa petite taille qui l'amenait à se pencher en avant, ses bras menus à l'emprise ferme, ses doigts glissés dans son cou, sa joue écrasé contre la peau où battait la jugulaire. Levius se sentait ivre et choqué tout à la fois d'une telle intrusion dans le monde de ses sens.
Il l'avait tant attendu qu'il aurait été capable de la fuir jusqu'au dernier moment. Tous ces mois passés à imaginer et renforcer autour de lui-même la coquille de son intimité se voyait bousculer par la submersion violente d'un être surnommé « amour ». Douleur de l'âme qui se brise pour éclater d'une lumière très pure.
Levius en avait le souffle court. Il prit sur lui de contenir le flot des émotions, car l'idée de pleurer lui faisait honte. Il ne voulait que sourire, même si ce n'était pas chose aisée. A ce titre, la vue des prunelles rougies d'Abigail lui firent chanceler le cœur. Elle se permettait ce que la pudeur lui interdisait et il éprouva en réaction un genre d'humilité confuse.
Cependant, les mains de la jeune femme vinrent bientôt se poser sur ses joues et il se calma. Alors, elle fit le constat de l'évidence et, vraisemblablement, de la seule chose qui comptait.
« Oui. Dit-il en amenant sa bouche contre la paume d'Abigail. Je ne pars plus cette fois-ci.
Levius avait le sentiment de dispenser là l'essentiel. Après cela, ils pourraient revenir aux choses importantes, comme marcher ensemble ou se regarder sans rien dire. Le récit de leurs vies viendrait après, quand le moment sera bon. Tout du moins, c'était ainsi qu'il sentait la chose (même si, en général, on s'y prenait en sens inverse).
Levius porta, à son tour, les mains aux joues de son amie. Il prit ensuite sur lui de la regarder, afin d'essuyer, des pouces, la bordure de ses paupières. Enfin, on le vit déposer un baiser sur son front avant de lui offrir une nouvelle accolade tendre.
« Allons au pré.
Fit-il alors en esquissant un sourire. Son regard se dirigea sur les bagages, dont il rectifia la trajectoire d'un coup de baguette magique afin qu'ils entrent dans la maison. Apparemment, Levius n'avait pas l'intention de faire le tour de la ferme pour voir qui s'y trouvait (tout du moins, pas dans l'immédiat). Au lieu de cela, il prit Abigail par la main et l'entraîna à sa suite.
Il y avait, en effet, un vaste pré d'herbe par delà les enclos. Levius aimait s'y rendre car, le terrain étant en pente, on pouvait voir la campagne en contrebas. Qui plus est, les herbes hautes donnaient à cette nature farouche un sentiment de sécurité. Rien n'était plus plaisant au jeune homme que l'impression de se trouver là où l'on ignore sa présence. Assit au milieu des graminées, ils étaient comme des naufragés perdus en mer.
« Je suis heureux. Confia-t-il, quand il y furent installés. Tout cela m'avait manqué.
Sa timidité reprit le dessus quand apparut dans sa tête une pensée qu'il formula à voix basse. Un voile rosé teinta ses joues l'instant d'après.
« Toi, surtout.
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Sam 15 Juin 2019 - 8:36
Collée ainsi à lui, je me distrayais à écouter les battements de ce cœur qui vivait pour les mêmes passions que moi, les mêmes centres d'intérêt. Ce cœur jumeau au mien, si sensible, si lointain de ce que les autres appellent "monde".
Collée ainsi à lui, je pouvais entendre le souffle coupé et rapide qu'il avait du mal à maitriser. Flot d'émotion similaire au mien sûrement, sauf que, moins extraordinaire que lui, j'avais appris à accueillir certaines d'entre elles avec cette humilité qui m'était propre.
Touché sensible et gracile, je me surprenais à caresser distraitement la peau fine de ses joues carrées lorsqu'il vint déposer un baiser dans l'une de mes paumes. Cette simple action, et les mots qui suivirent, me firent chavirer le cœur d'un sentiment qui enferma tout mon être dans une cage doré. Propulsée au loin, cet émoi vint entourer mon cœur d'une couronne d'épines, et j'en vins à saigner.
Pourtant en dehors, il n'y avait qu'un battement de paupières perturbé. Il disait ne plus partir cette fois-ci. Or, c'était ce qu'il m'avait déjà conté lors de nos retrouvailles, l'année passée. Je l'avais cru, car je savais que Levius était un être fait de sincérité et de bonté, et que c'était toujours le cas. Mais il était vrai que la perspective de l'un de ses départs m'avait toujours hanté, et à juste titre. Il en avait besoin pour vivre. De se reculer, de s'enfermer, d'être là où personne ne pouvait l'atteindre, pas même moi.
Nous avions essayé. J'avais été indulgente et tolérante du plus profond de mon âme… mais je lui avais confié que je craignais un nouveau départ. Ça ne l'avait hélas par arrêté.
Dans ces conditions, devais-je m'en vouloir ? Devais-je ressentir de la culpabilité de m'être séparée de lui, mon premier véritable amour, celui que j'avais pu pleinement vivre ? Devais-je être mal à l'aise alors que l'ombre protectrice et envahissante de celle avec qui je partageais nouvellement ma vie me réchauffait le dos et l'échine ?
Un court instant, ce fut moi, le pétale de muguet perdu dans ce tourbillon.
Le laissant déposer ses lèvres sur mon front, scène mainte fois vue et répétée entre nous depuis des années, je me sentais, malgré mes liens, devenir plus légère, et plus solaire. Peut-être parce que enfin, j'avais le privilège d'être regardée vraiment, et non plus en coin.
Alors, je me laissais entraîner sans un mot. Ma main dans la sienne. Instant aux relents du passé, je nous revoyais, le temps d'une fraction de seconde, courir dans ce pré, si petits, que les herbes nous dépassaient avec une facilité déconcertante.
Je savais comment fonctionnais le sorcier, et je n'étais pas pressée de lui annoncer les changements de l'existence, même si cet instant fatidique devait forcément avoir lieu. Je ne voulais pas d'un retour brutal, et je ne voulais pas non plus le repousser. Je le savais à ce point sensible qu'il en devenait fragile, et dans le fond, j'étais en tout point pareil. Moi aussi, je voulais prendre du temps pour nous. Comme pour avoir l'illusion de rattraper tout ce que nous avions perdu lorsqu'il n'était plus à mes côtés, ici, à la ferme.
Fin sourire aux coins des lèvres, ravie, je prenais place à côté du jeune homme, séparant alors nos doigts au moment où je touchais terre et que je pliais les jambes, optant pour une position en tailleur.
Au loin le chant des oiseaux jouaient la sérénade de nos retrouvailles tandis que les hautes verdures s'agitaient très lentement, paresseuses, au gré du vent les soulevant. Ils étaient un peu ces vagues à l'âme que je ressentais en l'instant, même si mes prunelles foncées s'obstinaient à observer l'horizon lointain. Pour garder le cap. Pour ne pas me perdre, pour continuer à toujours voir le phare, là-bas, au loin. Celui que j'imaginais dans mon esprit, et dont j'avais tant besoin pour ne pas me perdre.
Ses mots, simples, allant à l'essentielle, me firent davantage sourire, jusqu'à ce que la conclusion, fit prendre la même teinte rosée que la sienne à mes joues.
Confuse, je baissais les yeux pour observer mes mains s'entremêler alors nerveusement tandis que j'osais à peine le voir lui, en biais. Allure d'enfant profondément prononcée, je sentais mon souffle se couper sensiblement.
- Tu m'as manqué aussi. Terriblement, tout comme la dernière fois, si ce n'était pas plus.
Car la première fois, il n'y avait pas eu cette relation privilégiée entre nous.
Je nous accordais un instant de silence, car j'en avais besoin après cette confidence, pour prendre le temps de rassembler mes esprits et de faire la lumière en moi. Attrapant au hasard une petite pierre, je la faisais remuer entre mes doigts comme si je cherchais à la sculpter.
Puis enfin, un élément essentiel me vint en tête. Une information cruciale à lui annoncer, mais non pas moins douce, comme cet instant, hors du temps, que nous vivions présentement.
- Nous avons deux nouveaux pensionnaires dans la serre. Fermant mes poings autour du caillou avec fermeté, je finissais par les écarter après quelques secondes. La pierre avait laissé sa place à un grand papillon aux couleurs chatoyantes. Apparemment bien peu pressé de s'envoler, il restait dans ma paume, agitant lentement ses ailes de bas en haut. Un nouveau Billywig et un Clabbert. Ils sont utiles. Pour notre biodiversité.
Inutile pour l'heure de lui expliquer d'où ils venaient et comment je les avais obtenu.
Chaque chose en son temps. Il ne fallait pas briser le fragile équilibre de la vie en suspension.
Collée ainsi à lui, je pouvais entendre le souffle coupé et rapide qu'il avait du mal à maitriser. Flot d'émotion similaire au mien sûrement, sauf que, moins extraordinaire que lui, j'avais appris à accueillir certaines d'entre elles avec cette humilité qui m'était propre.
Touché sensible et gracile, je me surprenais à caresser distraitement la peau fine de ses joues carrées lorsqu'il vint déposer un baiser dans l'une de mes paumes. Cette simple action, et les mots qui suivirent, me firent chavirer le cœur d'un sentiment qui enferma tout mon être dans une cage doré. Propulsée au loin, cet émoi vint entourer mon cœur d'une couronne d'épines, et j'en vins à saigner.
Pourtant en dehors, il n'y avait qu'un battement de paupières perturbé. Il disait ne plus partir cette fois-ci. Or, c'était ce qu'il m'avait déjà conté lors de nos retrouvailles, l'année passée. Je l'avais cru, car je savais que Levius était un être fait de sincérité et de bonté, et que c'était toujours le cas. Mais il était vrai que la perspective de l'un de ses départs m'avait toujours hanté, et à juste titre. Il en avait besoin pour vivre. De se reculer, de s'enfermer, d'être là où personne ne pouvait l'atteindre, pas même moi.
Nous avions essayé. J'avais été indulgente et tolérante du plus profond de mon âme… mais je lui avais confié que je craignais un nouveau départ. Ça ne l'avait hélas par arrêté.
Dans ces conditions, devais-je m'en vouloir ? Devais-je ressentir de la culpabilité de m'être séparée de lui, mon premier véritable amour, celui que j'avais pu pleinement vivre ? Devais-je être mal à l'aise alors que l'ombre protectrice et envahissante de celle avec qui je partageais nouvellement ma vie me réchauffait le dos et l'échine ?
Un court instant, ce fut moi, le pétale de muguet perdu dans ce tourbillon.
Le laissant déposer ses lèvres sur mon front, scène mainte fois vue et répétée entre nous depuis des années, je me sentais, malgré mes liens, devenir plus légère, et plus solaire. Peut-être parce que enfin, j'avais le privilège d'être regardée vraiment, et non plus en coin.
Alors, je me laissais entraîner sans un mot. Ma main dans la sienne. Instant aux relents du passé, je nous revoyais, le temps d'une fraction de seconde, courir dans ce pré, si petits, que les herbes nous dépassaient avec une facilité déconcertante.
Je savais comment fonctionnais le sorcier, et je n'étais pas pressée de lui annoncer les changements de l'existence, même si cet instant fatidique devait forcément avoir lieu. Je ne voulais pas d'un retour brutal, et je ne voulais pas non plus le repousser. Je le savais à ce point sensible qu'il en devenait fragile, et dans le fond, j'étais en tout point pareil. Moi aussi, je voulais prendre du temps pour nous. Comme pour avoir l'illusion de rattraper tout ce que nous avions perdu lorsqu'il n'était plus à mes côtés, ici, à la ferme.
Fin sourire aux coins des lèvres, ravie, je prenais place à côté du jeune homme, séparant alors nos doigts au moment où je touchais terre et que je pliais les jambes, optant pour une position en tailleur.
Au loin le chant des oiseaux jouaient la sérénade de nos retrouvailles tandis que les hautes verdures s'agitaient très lentement, paresseuses, au gré du vent les soulevant. Ils étaient un peu ces vagues à l'âme que je ressentais en l'instant, même si mes prunelles foncées s'obstinaient à observer l'horizon lointain. Pour garder le cap. Pour ne pas me perdre, pour continuer à toujours voir le phare, là-bas, au loin. Celui que j'imaginais dans mon esprit, et dont j'avais tant besoin pour ne pas me perdre.
Ses mots, simples, allant à l'essentielle, me firent davantage sourire, jusqu'à ce que la conclusion, fit prendre la même teinte rosée que la sienne à mes joues.
Confuse, je baissais les yeux pour observer mes mains s'entremêler alors nerveusement tandis que j'osais à peine le voir lui, en biais. Allure d'enfant profondément prononcée, je sentais mon souffle se couper sensiblement.
- Tu m'as manqué aussi. Terriblement, tout comme la dernière fois, si ce n'était pas plus.
Car la première fois, il n'y avait pas eu cette relation privilégiée entre nous.
Je nous accordais un instant de silence, car j'en avais besoin après cette confidence, pour prendre le temps de rassembler mes esprits et de faire la lumière en moi. Attrapant au hasard une petite pierre, je la faisais remuer entre mes doigts comme si je cherchais à la sculpter.
Puis enfin, un élément essentiel me vint en tête. Une information cruciale à lui annoncer, mais non pas moins douce, comme cet instant, hors du temps, que nous vivions présentement.
- Nous avons deux nouveaux pensionnaires dans la serre. Fermant mes poings autour du caillou avec fermeté, je finissais par les écarter après quelques secondes. La pierre avait laissé sa place à un grand papillon aux couleurs chatoyantes. Apparemment bien peu pressé de s'envoler, il restait dans ma paume, agitant lentement ses ailes de bas en haut. Un nouveau Billywig et un Clabbert. Ils sont utiles. Pour notre biodiversité.
Inutile pour l'heure de lui expliquer d'où ils venaient et comment je les avais obtenu.
Chaque chose en son temps. Il ne fallait pas briser le fragile équilibre de la vie en suspension.
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Mar 18 Juin 2019 - 11:26
Levius se laissa doucement tomber sur le dos. Il replia les bras et recroquevilla ses deux mains sur son ventre de sorte à pouvoir jouer avec la bordure de sa chemise. Il regardait le ciel en éprouvant un profond sentiment de bien être. Le contact ferme et profond de la terre, le cercle de hautes herbes qui barrait la vue sur toute autre chose et le ciel au dessus de sa tête offraient au jeune homme l'impression de fusionner avec le cosmos. Il se sentait bien, à sa place : nulle part et partout à la fois.
Abigail devenait alors une ancre dont les mots le maintenait à la réalité. Une main terrestre tendue à sa main céleste. Il sourit en l'entendant acquiescer à sa confidence. Oui, ils s'étaient manqué. La chose ne pouvait en être autrement. Cela dit, Levius perçu comme un fond de reproche dans la dernière partie de sa phrase. Son sourire s'effaça et il lui jeta un regard en coin, cherchant à confirmer son hypothèse en avisant de son expression.
De s'être aimé avait créé une plaie. La distance entre eux était devenu un sel corrosif sur la blessure de leurs sentiments. Levius avait bien conscience de tout ceci, au fond, mais l'immaturité et l'ignorance des choses de l'amour le rendait gauche. Il peinait à mesurer l'ampleur de la peine chez son autre : celle qui comptait plus que n'importe qui, mais pour qui il n'était pas parvenu à grandir assez. Comme il s'en voulait.
Son regard s'en retourna faire écho avec le ciel. Il songeait pour lui même au gâchis de leurs sentiments. Dans le même temps, il se rappelait le soir où Abigail avait parlé des tulipes et des violettes (les liens inconscients de l'esprit).
Tableau coupable à l'échafaud de leur amour... Quelles méchantes fleurs que ces tulipes et ces violettes, pensa-t-il. Les fleurs sont parfois plus bavardes que les hommes. Fallait-il qu'elle soit maligne, sa précieuse, pour comprendre les mots cachés dans la toile ? Voilà qu'il en venait à interroger la racine de son amertume à l'égard des fleurs. Car au fond, les coupables n'étaient pas elles : c'était lui. Il était parti le regard vers l'avant.
Comme toujours, il était parti.
Indifférent du reste.
La voix d'Abigail s'éleva à nouveau pour sauver Levius de ces songes destructeurs. Le coin de sa bouche s'arqua à peine, mais une étincelle de curiosité s'alluma tout de même dans un coin de sa tête. Il se tourna sur le ventre et posa ses yeux dans la main de la jeune femme, où un papillon battait doucement des ailes.
« Ah, c'est bien...
Dit-il doucement. Il avait l'air heureux. L'expression de ses yeux renforçait le petit sourire qu'il avait. Cela dit, la chose ne dura pas et Levius finit par porter son regard sur le visage de son amie. Il avait l'air tout à la fois grave et timide. Son menton et une partie de sa bouche était cachée par ses deux mains jointes (car il tenait le haut de son corps sur les coudes).
« Abi, est-ce que tu m'en veux ?
Demanda-t-il, trahissant le fond de ses pensées. Il était prêt à faire déguerpir son regard d'elle, dès l'instant où elle tournerait la tête pour l'aviser.
Abigail devenait alors une ancre dont les mots le maintenait à la réalité. Une main terrestre tendue à sa main céleste. Il sourit en l'entendant acquiescer à sa confidence. Oui, ils s'étaient manqué. La chose ne pouvait en être autrement. Cela dit, Levius perçu comme un fond de reproche dans la dernière partie de sa phrase. Son sourire s'effaça et il lui jeta un regard en coin, cherchant à confirmer son hypothèse en avisant de son expression.
De s'être aimé avait créé une plaie. La distance entre eux était devenu un sel corrosif sur la blessure de leurs sentiments. Levius avait bien conscience de tout ceci, au fond, mais l'immaturité et l'ignorance des choses de l'amour le rendait gauche. Il peinait à mesurer l'ampleur de la peine chez son autre : celle qui comptait plus que n'importe qui, mais pour qui il n'était pas parvenu à grandir assez. Comme il s'en voulait.
Son regard s'en retourna faire écho avec le ciel. Il songeait pour lui même au gâchis de leurs sentiments. Dans le même temps, il se rappelait le soir où Abigail avait parlé des tulipes et des violettes (les liens inconscients de l'esprit).
Tableau coupable à l'échafaud de leur amour... Quelles méchantes fleurs que ces tulipes et ces violettes, pensa-t-il. Les fleurs sont parfois plus bavardes que les hommes. Fallait-il qu'elle soit maligne, sa précieuse, pour comprendre les mots cachés dans la toile ? Voilà qu'il en venait à interroger la racine de son amertume à l'égard des fleurs. Car au fond, les coupables n'étaient pas elles : c'était lui. Il était parti le regard vers l'avant.
Comme toujours, il était parti.
Indifférent du reste.
La voix d'Abigail s'éleva à nouveau pour sauver Levius de ces songes destructeurs. Le coin de sa bouche s'arqua à peine, mais une étincelle de curiosité s'alluma tout de même dans un coin de sa tête. Il se tourna sur le ventre et posa ses yeux dans la main de la jeune femme, où un papillon battait doucement des ailes.
« Ah, c'est bien...
Dit-il doucement. Il avait l'air heureux. L'expression de ses yeux renforçait le petit sourire qu'il avait. Cela dit, la chose ne dura pas et Levius finit par porter son regard sur le visage de son amie. Il avait l'air tout à la fois grave et timide. Son menton et une partie de sa bouche était cachée par ses deux mains jointes (car il tenait le haut de son corps sur les coudes).
« Abi, est-ce que tu m'en veux ?
Demanda-t-il, trahissant le fond de ses pensées. Il était prêt à faire déguerpir son regard d'elle, dès l'instant où elle tournerait la tête pour l'aviser.
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Mar 18 Juin 2019 - 20:21
Attentive aux moindre mouvements du jeune homme à mes côtés, je gardais pourtant obstinément mes yeux posés sur le grand papillon dans le creux de ma main. Ses lents battements d’ailes aidaient mon cœur à garder un rythme plus ou moins calme, mais surtout à n’a pas chavirer. Même si la situation était pour le moment détendue, je ressentais un profond gouffre dans mon âme, et je soupçonnais le silence de Levius traduire de la même peine chez lui.
Après tout, je savais bien le lire, même sans le regarder vraiment, tout comme lui. Nous étions les deux fleurs nées sur la même tige. Nous étions complémentaires.
Et comme je m’en voulais… Ho oui comme je m’en voulais de ne pas avoir été à la hauteur. Pas à hauteur de son caractère si particulier. Une petite amie pas assez attentive. Trop impatiente. Trop égoïste. Son départ, même s’il avait été motivé par son travail, était aussi lié à ma personne, j’avais réussi à m’en persuader durant ces quatre mois. Je faisais fuir tous mes proches, tout ceux en qui je tenais profondément… et sans doute que le départ de Lubia n’était qu’une question de temps. Même si mon professeur de musique et de chant me l’avait bien spécifié, que chaque relation était différente, je restais craintive de l’abandon de l’autre. Surtout lorsque j’aimais avec autant de pureté et sans aucune condition.
Je sentais le sol se dérober sous mon corps alors que mes pensées négatives me happaient. La voix, simple, au sourire léger, de Levius, me permit de rester sur terre. Accrochée et tant bien que mal restée à flot.
Mais comme je le redoutais, l’instant devint soudainement astreignant avec cette simple question pas si innocente. Nous avions tous les deux le cœur lourd, et nous nous étions promis de toujours nous dire la vérité. De ne pas nous faire souffrir. Y était -on seulement arrivé alors que nous avions rompu ?
Comme s’il ressentait le poids de l’instant, l’insecte de couleur pris son envol, mais resta autour de nous, traînant derrière lui un filet scintillant, rappel de ce fil de toile fin, pur et non pas moins solide qui me liait au sorcier. Extensible et modulable. Tout comme notre relation si extraordinaire. Ensemble pour toujours, malgré tout.
Gardant obstinément mes yeux fixés sur le volatile, je me permettais un petit sourire en coin. Aussi triste qu’heureux. Amertume de ce qui a été, regret de ce qui n’est plus.
- Non Levius. Je ne t’en veux pas, tu n’as rien fait de mal.
Et c’était la pure vérité. Je n’avais aucun reproche à faire à l’héritier Bird. En devenant sa petite amie je savais à quoi m’attendre, je connaissais les risques. Je les avais tous accepté sans détour et sans hésitation. Je les avais aussi assumé et porté. J’avais été heureuse.
Si heureuse qu’il m’avait trop cruellement manqué une fois loin de moi trop longtemps.
Le plus difficile au final… avait été de devoir faire un choix. Le choix d’attendre, de mettre ma vie entre parenthèse sans aucune garantie qu’il ne revienne rapidement (lui-même ne le savait pas). Le choix de penser à moi, un minimum, et de devoir me séparer de cet amour, car il était devenu trop lourd pour nous deux. Le choix de me laisser porter dans d’autres bras, aux emprises ferment et territoriaux. Même si l’amour ne se décide pas et ne s’explique pas. Comme je haïssais ce cœur qui battait dans ma poitrine et qui était à ce point compliqué, indécis, débutant...
D’un profond soupir, je baissais mes mains pour les poser dans l’herbe. Mes doigts non loin du sorcier semblaient le chercher. Comme une accroche. Comme une envie de garder une intimité avec lui. Comme une demande de pardon.
- C’est juste que… il ne faut pas m’en vouloir si des choses importantes ont changé.
Mes doigts se crispèrent en s’enfonçant sensiblement dans la terre. Je m’en voulais. Merlin, comme je m’en voulais… Ma voix se fit tremblante alors que je fixais obstinément le papillon s’éloigner sans que je ne puisse le rattraper. Présage ?
- J’aurais aimé… que tout soit préservé. Comme avant.
Après tout, je savais bien le lire, même sans le regarder vraiment, tout comme lui. Nous étions les deux fleurs nées sur la même tige. Nous étions complémentaires.
Et comme je m’en voulais… Ho oui comme je m’en voulais de ne pas avoir été à la hauteur. Pas à hauteur de son caractère si particulier. Une petite amie pas assez attentive. Trop impatiente. Trop égoïste. Son départ, même s’il avait été motivé par son travail, était aussi lié à ma personne, j’avais réussi à m’en persuader durant ces quatre mois. Je faisais fuir tous mes proches, tout ceux en qui je tenais profondément… et sans doute que le départ de Lubia n’était qu’une question de temps. Même si mon professeur de musique et de chant me l’avait bien spécifié, que chaque relation était différente, je restais craintive de l’abandon de l’autre. Surtout lorsque j’aimais avec autant de pureté et sans aucune condition.
Je sentais le sol se dérober sous mon corps alors que mes pensées négatives me happaient. La voix, simple, au sourire léger, de Levius, me permit de rester sur terre. Accrochée et tant bien que mal restée à flot.
Mais comme je le redoutais, l’instant devint soudainement astreignant avec cette simple question pas si innocente. Nous avions tous les deux le cœur lourd, et nous nous étions promis de toujours nous dire la vérité. De ne pas nous faire souffrir. Y était -on seulement arrivé alors que nous avions rompu ?
Comme s’il ressentait le poids de l’instant, l’insecte de couleur pris son envol, mais resta autour de nous, traînant derrière lui un filet scintillant, rappel de ce fil de toile fin, pur et non pas moins solide qui me liait au sorcier. Extensible et modulable. Tout comme notre relation si extraordinaire. Ensemble pour toujours, malgré tout.
Gardant obstinément mes yeux fixés sur le volatile, je me permettais un petit sourire en coin. Aussi triste qu’heureux. Amertume de ce qui a été, regret de ce qui n’est plus.
- Non Levius. Je ne t’en veux pas, tu n’as rien fait de mal.
Et c’était la pure vérité. Je n’avais aucun reproche à faire à l’héritier Bird. En devenant sa petite amie je savais à quoi m’attendre, je connaissais les risques. Je les avais tous accepté sans détour et sans hésitation. Je les avais aussi assumé et porté. J’avais été heureuse.
Si heureuse qu’il m’avait trop cruellement manqué une fois loin de moi trop longtemps.
Le plus difficile au final… avait été de devoir faire un choix. Le choix d’attendre, de mettre ma vie entre parenthèse sans aucune garantie qu’il ne revienne rapidement (lui-même ne le savait pas). Le choix de penser à moi, un minimum, et de devoir me séparer de cet amour, car il était devenu trop lourd pour nous deux. Le choix de me laisser porter dans d’autres bras, aux emprises ferment et territoriaux. Même si l’amour ne se décide pas et ne s’explique pas. Comme je haïssais ce cœur qui battait dans ma poitrine et qui était à ce point compliqué, indécis, débutant...
D’un profond soupir, je baissais mes mains pour les poser dans l’herbe. Mes doigts non loin du sorcier semblaient le chercher. Comme une accroche. Comme une envie de garder une intimité avec lui. Comme une demande de pardon.
- C’est juste que… il ne faut pas m’en vouloir si des choses importantes ont changé.
Mes doigts se crispèrent en s’enfonçant sensiblement dans la terre. Je m’en voulais. Merlin, comme je m’en voulais… Ma voix se fit tremblante alors que je fixais obstinément le papillon s’éloigner sans que je ne puisse le rattraper. Présage ?
- J’aurais aimé… que tout soit préservé. Comme avant.
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Mer 19 Juin 2019 - 11:02
Levius observait Abigail par dessus ses lunettes rondes. A dire vrai, il s'attendait à ce qu'elle réponde que non, il n'avait rien fait de mal (quand bien même c'eut été le cas). La jeune femme était ainsi faite qu'on ne la voyait jamais porter sur elle le manteau de l'innocence et remettre à l'autre celui du blâme. C'est pourquoi Levius avisait ses mimiques et ses expressions, avec l'idée d'attraper la vérité, quand elle surgirait dans un moment d'inadvertance.
Il ne réalisait pas que la tendance de son amie à porter la faute, il l'avait également. Tous les deux rongés de culpabilité, alors que seule la vie était en faute. Parfois, on blessait sans penser à mal. Deux entités bonnes dans leur essence créait de la douleur faute de compatibilité. Devait-on en vouloir au triangle de ne pas s'imbriquer dans le rond ? Naturellement non. Le même principe s'appliquait pour eux : ils s'aimaient, mais il y avait eu des circonstances qui firent de l'un un rond et de l'autre un triangle. C'était tout.
Cela dit, il apparaissait désormais bien évident qu'Abigail avait quelque chose à lui dire. Levius reçu ses dernières paroles comme une eau glacée qu'on l'aurait forcé à boire. Il comprit qu'elle avait une nouvelle importante à lui dire et que cela aurait un impact sur la tournure qu'aurait pu prendre leur relation au regard de son retour.
« Abi, je sais qu'entre nous, ça n'était pas parfait. Dit-il néanmoins. Notre relation n'aura duré que quelques mois, mais ça ne change rien... C'était beau. Peut-être que ce n'est pas ce que l'on imagine quand deux personnes décident de se mettre ensemble, mais je ne regrette pas. J'ai beaucoup appris avec toi... Je n'avais jamais rien vécu de tel.
Il regarda la main d'Abigail, dont les doigts prenaient racines à force de se crisper dans la terre. La sienne vint la recouvrir et il continua.
« Moi, ça m'a fait grandir. Alors non, ça ne s'est pas terminé comme on l'aurait voulu... Mais ce qui a existé, c'est là.
Le garçon jeta un regard en biais au papillon. Il revoyait défiler le fil de ces derniers mois. Les confidences et les étreintes. Tout était beau et même les pleurs étaient belles. Il ne voulait pas que la tristesse ou l'amertume ternisse cette réalité là, car elle avait existé, pour de vrai. Lui, dont la vie n'avait jamais été que songe et rêveries, avait goûté la douceur d'un amour véritable. C'était son nouveau joyau et cela resterait toujours, car on n’efface pas ce qui a eu lieu.
« Tu as quelqu'un d'autre.
Dit-il alors, reportant son regard à leurs mains. Il avait prononcé cette phrase à voix basse, persuadé que la sentence serait plus douce s'il l'annonçait lui-même. Levius connaissait assez Abigail pour comprendre le sens caché derrière ses paroles. Avant d'entrer dans le vif du sujet, elle rappelait ses bonnes intentions, tout en s'assurant du fait qu'il ne lui en voudrait pas. C'était sa manière d'éviter le conflit (car elle n'aimait pas ça). Il le comprenait et cela l'avait naturellement amené à tirer la seule conclusion valable dans le contexte.
Triste ironie.
Il ne réalisait pas que la tendance de son amie à porter la faute, il l'avait également. Tous les deux rongés de culpabilité, alors que seule la vie était en faute. Parfois, on blessait sans penser à mal. Deux entités bonnes dans leur essence créait de la douleur faute de compatibilité. Devait-on en vouloir au triangle de ne pas s'imbriquer dans le rond ? Naturellement non. Le même principe s'appliquait pour eux : ils s'aimaient, mais il y avait eu des circonstances qui firent de l'un un rond et de l'autre un triangle. C'était tout.
Cela dit, il apparaissait désormais bien évident qu'Abigail avait quelque chose à lui dire. Levius reçu ses dernières paroles comme une eau glacée qu'on l'aurait forcé à boire. Il comprit qu'elle avait une nouvelle importante à lui dire et que cela aurait un impact sur la tournure qu'aurait pu prendre leur relation au regard de son retour.
« Abi, je sais qu'entre nous, ça n'était pas parfait. Dit-il néanmoins. Notre relation n'aura duré que quelques mois, mais ça ne change rien... C'était beau. Peut-être que ce n'est pas ce que l'on imagine quand deux personnes décident de se mettre ensemble, mais je ne regrette pas. J'ai beaucoup appris avec toi... Je n'avais jamais rien vécu de tel.
Il regarda la main d'Abigail, dont les doigts prenaient racines à force de se crisper dans la terre. La sienne vint la recouvrir et il continua.
« Moi, ça m'a fait grandir. Alors non, ça ne s'est pas terminé comme on l'aurait voulu... Mais ce qui a existé, c'est là.
Le garçon jeta un regard en biais au papillon. Il revoyait défiler le fil de ces derniers mois. Les confidences et les étreintes. Tout était beau et même les pleurs étaient belles. Il ne voulait pas que la tristesse ou l'amertume ternisse cette réalité là, car elle avait existé, pour de vrai. Lui, dont la vie n'avait jamais été que songe et rêveries, avait goûté la douceur d'un amour véritable. C'était son nouveau joyau et cela resterait toujours, car on n’efface pas ce qui a eu lieu.
« Tu as quelqu'un d'autre.
Dit-il alors, reportant son regard à leurs mains. Il avait prononcé cette phrase à voix basse, persuadé que la sentence serait plus douce s'il l'annonçait lui-même. Levius connaissait assez Abigail pour comprendre le sens caché derrière ses paroles. Avant d'entrer dans le vif du sujet, elle rappelait ses bonnes intentions, tout en s'assurant du fait qu'il ne lui en voudrait pas. C'était sa manière d'éviter le conflit (car elle n'aimait pas ça). Il le comprenait et cela l'avait naturellement amené à tirer la seule conclusion valable dans le contexte.
Triste ironie.
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Mer 19 Juin 2019 - 17:17
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I wanna take you somewhere so you know I care
I brought you daffodils in a pretty string
But they won't flower like they did last spring
And I'd sing a song, that'd be just ours
I wanna take you somewhere so you know I care
I brought you daffodils in a pretty string
But they won't flower like they did last spring
And I'd sing a song, that'd be just ours
Même si je lui étais reconnaissant d'avoir autant de compassion à mon égard, de prendre la situation avec une telle philosophie, les paroles de Levius furent comme un millier de lames qui vinrent saigner mon cœur. Évidemment je ne pouvais pas lui donner tort, il avait tout à fait raison. Ce que nous avons vécu avait été beau. Si beau. Sans doute trop beau. Le commun des mortels n'étaient peut-être pas sensé pouvoir à ce point vivre dans les voies stellaires. Car avec le jeune homme, j'avais pu toucher une dimension dont je ne soupçonnais pas l'existence.
Mais lorsque nous avons goûté une fois à cette saveur, peut-on ensuite vivre sans ? Feinter de l'avoir vécu ? Faire comme si de rien n'était ? Était-ce possible de vivre comme si tout était normal ?
Je devais me rendre à l'évidence. Je m'étais remplie la tête de projets, d'envies, d'espoirs, simplement portée par le bonheur de la situation. J'avais eu envie de faire des choses. Ho oui, tant de choses. Je ne m'étais pas projetée faire ma vie avec quelqu'un d'autre. Le retour à la réalité avait été dramatiquement brusque, et à présent que Levius était de retour, je me devais de faire la paix avec la situation bien plus rapidement que ce que j'aurais voulu. Jusque-là, j'avais toujours repoussé le moment fatidique, comme la lâche que j'étais.
Tout cela ne faisait que m'enfoncer dans la culpabilité dans laquelle je venais de me loger, et qui me gardait jalousement.
- C'est pareil pour moi. J'aurais aimé que ça ne s'arrête jamais tant tout était beau et idéal. Est-ce que c'est ça qui nous a perdu ? La question était rhétorique dans le fond. Avec difficulté je soupirais, sentant ma gorge se nouer douloureusement. Je laissais un instant s'écouler. C'est là. Ce le sera toujours. Et on pouvait dire ce qu'on voulait, il y aurait toujours cette chose si spéciale entre nous, qui existe depuis l'enfance et qui nous rassemble tellement. Il y aura toujours ce sentiment si particulier, si proche de l'amour et si loin de l'amitié. Un entre deux bien étrange. Et… qu'est-ce qu'on va faire maintenant ?
Pour la première fois depuis longtemps, je m'en remettais à lui. Du temps de notre relation amoureuse, je m'étais permise de tout endosser et tout supporter, pour le décharger au maximum et qu'il puisse se sentir bien le plus longtemps possible.
Cela ne retirait en rien ma propre sensibilité, ma propre détresse et mon propre besoin d'être rassurée. Alors aujourd'hui, dans ce pré, je m'autorisais, pour une fois, à le laisser décider. Trop perdue dans la tempête qui soufflait dans mon être, j'étais incapable de prendre une décision concrète et surtout pas lucide.
Ma main dans la sienne, sa confirmation, aux échos d'une question camouflée, me mis au supplice. Pourtant voilà l'évidence que j'avais évoquée à demi-mots Que j'aurais pu hurler au monde entier tant je débordais de passion pour cette femme qui m'avait poussé non loin de la tombe. J'aurais pu le chanter à tout le monde… sauf à lui. Par honte, par culpabilité, parce qu'il y avait toujours cette flamme qui ne s'éteindra sûrement jamais vraiment. Mon esprit était de plus en plus malade. Entre le défi d'aimer une enseignante, puis un être fait de complexité et de couleurs, et enfin ma ravisseuse accidentelle.
Pourquoi rien n'était normal ? Pourquoi rien n'était simple ?
- Ce n'était pas prévu. Pardonnes-moi Levius…
Murmurais-je alors, incapable d'en dire davantage, car la chose était bien trop insupportable. Sans ce magnétisme, sans cet accident au mois de juin, sans doute aurais-je inconsciemment attendu le retour de Levius. Nous serions à présent heureux de nous retrouver, et non pas accablés par la peine du changement que nous supportions si peu car trop sensibles.
Je pivotais l'ensemble de mon corps en direction du botaniste. Baissant la tête, coupable, je m'avançais jusqu'à toucher son épaule. Une fois entré en contact avec celle-ci, je le poussais tranquillement pour l'inciter à se tourner sur le dos. Contact peu commun, animal, ce qui n'était pas surprenant venant de moi, j'aurais pu faire penser à un chiot qui réclamait un refuge en suppliant avec le sommet de son crâne. Évitant soigneusement son regard, car il me serait trop difficile à affronter, j'attendais sans insistance jusqu'à ce qu'il me fasse le plaisir de s'allonger. Là, je prenais place tout contre lui, posant mon visage sur son épaule, une main venant se placer sur son torse.
Position intime et pourtant maintes et maintes fois vécues entre nous. Malgré tout, j'étais peu désireuse de l'envahir, comme toujours. J'avais simplement besoin d'un instant de calme. De réconfort. De m'assurer qu'il ne m'en voulait pas. De quiétude. Juste le temps d'écouter les battements de son cœur et de laisser le temps faire son office, de panser nos plaies pour nous, êtres de fragilités et de sensibilités que la vie brutalisait bien trop.
Paupières closes, je parvenais à me concentrer sur les pulsations régulières du muscle vital de mon ami. Celles-ci furent bientôt accompagnées par le chant des oiseaux aux alentours, puis l'odeur de l'herbe haute, des graminées et des fleurs. Lentement, mes sens s'éveillèrent à nouveau au monde, et je me sentais bientôt capable de l'affronter à nouveau avec force et courage. Enfin, je parvenais à inspirer profondément, étendant alors un peu mes courtes jambes, sans pour autant me décoller du corps du sorcier. J'osais enfin reprendre la parole, calme.
- Je comprendrais après tout ça si tu désires que je déménage et que nous nous revoyons moins. C'est juste que je n'en ai pas envie. Malgré tout, je tiens profondément à toi, n'en doute jamais s'il te plait.
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Jeu 20 Juin 2019 - 15:00
Levius se sentait noyé sous les eaux glacées de la réalité. Cette sensation froide qui s'était insinuée dans ses entrailles à la formation de son intuition imprégnait désormais toute la matière qui se trouvait sous sa peau. Il en avait presque le souffle court.
Cependant, le jeune homme ne dit rien (dans un premier temps). Les mots d'Abigail étaient entrés en lui et maintenant, ils demeuraient inertes tout au fond de son être. Lui, les considérait depuis les hauteurs de ses pensées, conscient qu'y toucher ajouterait à la morsure.
Alors, il se laissa faire quand Abigail s'en vint lui apporter un peu de chaleur. Docile, le garçon roula sur le dos, de sorte à ce qu'elle s'installe à son aise contre son épaule. Le bras qui passait sous la tête de la jeune femme vint se rabattre dans son dos et il posa la main sur son bras.
Levius ferma les yeux un court instant. Il était tellement avide de l'avoir près de lui qu'il devenait impossible de, ne serait-ce qu'envisager, rejeter un tel contact. Tout ceci était à la fois bouleversant et inattendu. Le jeune homme pensait à ce qu'il aurait dû faire pour éviter que tout cela n'arrive. Prendre son temps, croire que tout rentrerait dans l'ordre à son retour... Quelle naïveté, se disait-il.
« Allons, ne dis pas de bêtises.
Dit-il finalement, tandis que sa main libre venait serrer celle d'Abigail. Il ferma les yeux une seconde fois. Dans l'air du pré était le parfum de la jeune femme. Il entendait sa respiration, il sentait son petit corps. Tout ceci était beau et était là, mais plus pour lui.
« C'est ainsi, voilà tout.
Dit-il encore. Ses paupières s'ouvrirent sur le glacier de ses yeux, qu'il jetait dans l’abîme azur. Levius était calme. Les émotions ne surgissaient pas : trop brutal, trop soudain.
Il lui faudrait un peu de temps pour que son inconscient décide de relâcher ses défenses et qu'il sente vraiment la tristesse. Pour le moment, il gérait la situation grâce à son intelligence froide : les faits, leurs réalités, les sentiments, mais fort peu d'émotions.
« Je te l'ai dis au début de notre relation... Je n'ai jamais pensé pouvoir te suffire. S'aimer est un bon départ, mais ça ne suffit pas toujours. Même si nous avons vécu des beaux moments, j'ai rapidement senti mes propres limites... Et je pense que même si tu ne le dis pas, tu as senti quelque chose comme ça, toi aussi... Au moins à un moment.
Son intonation ne traduisait aucune tristesse. Il parlait de manière très sereine (presque à voix basse) et, dans le même temps, ses doigts lui caressaient doucement le bras.
« Quand je t'ai rencontré tu étais déjà amoureuse d'une autre femme. Je l'ai pris. Aujourd'hui tu aimes à nouveau... C'est bien, c'est une chance : la tienne. Moi, je ne m'arrête pas de t'aimer.
Le jeune homme tourna légèrement la tête dans sa direction et murmura.
« Je t'aime depuis si longtemps Abi... N'être pas en couple avec toi, ça n'a aucune importance. Je veux juste rester dans ta vie.
Cependant, le jeune homme ne dit rien (dans un premier temps). Les mots d'Abigail étaient entrés en lui et maintenant, ils demeuraient inertes tout au fond de son être. Lui, les considérait depuis les hauteurs de ses pensées, conscient qu'y toucher ajouterait à la morsure.
Alors, il se laissa faire quand Abigail s'en vint lui apporter un peu de chaleur. Docile, le garçon roula sur le dos, de sorte à ce qu'elle s'installe à son aise contre son épaule. Le bras qui passait sous la tête de la jeune femme vint se rabattre dans son dos et il posa la main sur son bras.
Levius ferma les yeux un court instant. Il était tellement avide de l'avoir près de lui qu'il devenait impossible de, ne serait-ce qu'envisager, rejeter un tel contact. Tout ceci était à la fois bouleversant et inattendu. Le jeune homme pensait à ce qu'il aurait dû faire pour éviter que tout cela n'arrive. Prendre son temps, croire que tout rentrerait dans l'ordre à son retour... Quelle naïveté, se disait-il.
« Allons, ne dis pas de bêtises.
Dit-il finalement, tandis que sa main libre venait serrer celle d'Abigail. Il ferma les yeux une seconde fois. Dans l'air du pré était le parfum de la jeune femme. Il entendait sa respiration, il sentait son petit corps. Tout ceci était beau et était là, mais plus pour lui.
« C'est ainsi, voilà tout.
Dit-il encore. Ses paupières s'ouvrirent sur le glacier de ses yeux, qu'il jetait dans l’abîme azur. Levius était calme. Les émotions ne surgissaient pas : trop brutal, trop soudain.
Il lui faudrait un peu de temps pour que son inconscient décide de relâcher ses défenses et qu'il sente vraiment la tristesse. Pour le moment, il gérait la situation grâce à son intelligence froide : les faits, leurs réalités, les sentiments, mais fort peu d'émotions.
« Je te l'ai dis au début de notre relation... Je n'ai jamais pensé pouvoir te suffire. S'aimer est un bon départ, mais ça ne suffit pas toujours. Même si nous avons vécu des beaux moments, j'ai rapidement senti mes propres limites... Et je pense que même si tu ne le dis pas, tu as senti quelque chose comme ça, toi aussi... Au moins à un moment.
Son intonation ne traduisait aucune tristesse. Il parlait de manière très sereine (presque à voix basse) et, dans le même temps, ses doigts lui caressaient doucement le bras.
« Quand je t'ai rencontré tu étais déjà amoureuse d'une autre femme. Je l'ai pris. Aujourd'hui tu aimes à nouveau... C'est bien, c'est une chance : la tienne. Moi, je ne m'arrête pas de t'aimer.
Le jeune homme tourna légèrement la tête dans sa direction et murmura.
« Je t'aime depuis si longtemps Abi... N'être pas en couple avec toi, ça n'a aucune importance. Je veux juste rester dans ta vie.
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Jeu 20 Juin 2019 - 18:16
Sur ce nuage d'herbe qu'était le nôtre, je me permettais de garder obstinément les paupières closes, refusant de revenir totalement au temps présent. Comme si je voulais encore et encore essayer de toucher du bout des doigts ce qui fut. Je n'arrivais pas à me décider à tout laisser derrière moi, pas maintenant, pas tout de suite. J'avais besoin de temps. D'une heure en plus. Une minute. Une seconde. Faire ses adieux n'était jamais chose aisée pour moi.
Quand bien même ce n'était pas son intention, chaque parole prononcée par Levius me mettait au supplice et me faisait monter une marche de plus sur l'échafaud. Tout comme l'accident avec ma louve avant cela, j'en endossais l'entière responsabilité, et je n'arrivais pas à ne serait-ce qu'entrevoir que le sorcier contre lequel je me tenais avait fauté.
J'avais été abjecte avec lui, dans tous les sens du terme.
Il avait été obligé de porter ma précédente relation jusqu'à ce que j'en tire totalement un trait. Avec la plus grande humilité il l'avait accepté. Je doutais sincèrement que ma petite-amie aujourd'hui puisse avoir la même tolérance, et au fond je le redoutais.
Outre ce fait, je n'avais pas été à la hauteur de ses besoins, de ses demandes. Pourtant j'avais essayé si fort de me rendre la plus légère possible à ses yeux, allant jusqu'à modifier mes tenues vestimentaires pour ne pas le saturer de couleurs ou de messages cachés qui auraient pu être mal interprétés.
Sensiblement, alors que sa main était dans la mienne, posées sur son torse, je me crispais à nouveau sensiblement de tout mon petit-être, le poids des responsabilités que je n'avais pas pu assumer m'écrasant une nouvelle fois. Le ton étrangement détaché qu'il employait me faisait comprendre à quel point il ne réalisait pas encore toute l'étendue de ce qui arrivait et de ce que ça allait signifier pour nous ensuite. Il lui fallait du temps à Levius, lui qui se préservait à ce point de tous les malheurs extérieurs. Je ne lui en tenais pas rancune, loin de là, et il me fallut m'éclaircir la voix avant de murmurer. À cette distance, inutile de parler d'une intonation forte. Nous étions dans une bulle d'intimité, et je voulais la garder. Encore et encore.
- Si tu n'as pas été à la hauteur… alors moi non plus. Peut-être que… nous avons tous les deux notre part de torts, et que nous devons à présent vivre avec… et continuer à nous construire ensemble en ayant appris du passé. En gardant toute la beauté de ce que nous avons vécu.
Lentement, j'ouvrais mes yeux pour fixer nos mains jointes. Là, je remuais un peu mes doigts pour les entremêler à ceux du garçon. Les serrant fort alors que j'accueillais sa nouvelle déclaration avec douleur mais non pas moins de courage, j'inspirais afin de parvenir à rester à flot. Car déjà je sentais à nouveau les picotements dérangeants dans mon esprit, ceux qui se traduisaient par des points noirs dans mes yeux, comme si j'étais étourdie.
Péniblement, j'avalais ma salive, offrant toujours la sincérité et la vérité au jeune homme.
- C'est aussi un peu mon fardeau… d'enchaîner à ce point les histoires. Je n'ai plus de répit et… sans doute que c'est dangereux. Alors, je n'irais pas jusqu'à dire que c'est une chance.
Car dans mes trois relations, j'avais souffert d'une manière ou d'une autre. Puisque tout avait été si beau et si intense, il fallait forcément l'équilibre moins enchanté en contrepartie. Le tribu à payer.
Redressant mon visage pour l'approcher du sien, sentant la chaleur de sa peau proche de ma joue, je l'observais dans son ensemble, ce jeune homme si beau qui faisait toujours battre mon cœur.
- Moi non plus, je ne m'arrêterais pas de t'aimer Levius. Même si j'ai pris plus de temps que toi pour comprendre mes sentiments, tu es le premier vrai, pour tout, et tu le resteras. Pour rien au monde je voudrais changer quoi que ce soit, je veux te garder proche de moi. Parce que je t'aime.
Sa tête pivotée dans ma direction, je me sentais devenir frêle, si proche de ses lèvres que j'avais tant aimé embrasser à l'époque. La dernière fois avait été il y a quatre mois. Quelle triste ironie que de s'aimer à ce point sans condition, d'être à ce point des êtres complémentaires, mais pourtant de ne pas réussir à s'aimer véritablement. Ou alors… si ? Mais pas de la manière dont on s'y attendrait ? Après tout, notre amitié, notre couple, notre relation n'avait rien de commun, ça n'avait jamais été le cas. M'autorisant une nouvelle fois à fermer mes paupières, je venais poser un baiser tendre sur la joue de Levius, m'y attardant un peu, y mettant tous les sentiments confus qui me traversaient. Comme un baiser d'adieu. Oui, Levius avait été le premier vrai tout dans ma vie. Premier véritable ami. Premier véritable confident. Premier véritable complice. Premier véritable amour. Première véritable peine. Rien ne pourra changer ça.
- Tu auras toujours une place particulière dans mon cœur.
Lui souriant avec tendresse, je pivotais mes yeux sombres sur de nouvelles fleurs, de petites roses, qui venaient de pousser autour de nous. Sans doute une manifestation simple et innocente de nos pouvoirs magiques respectifs et de cette intensité qui nous reliait toujours. Posant mon menton sur son torse, gardant mon sourire, je me blottissais un peu plus contre lui.
- Je suis heureuse. De t'avoir avec moi.
Quand bien même ce n'était pas son intention, chaque parole prononcée par Levius me mettait au supplice et me faisait monter une marche de plus sur l'échafaud. Tout comme l'accident avec ma louve avant cela, j'en endossais l'entière responsabilité, et je n'arrivais pas à ne serait-ce qu'entrevoir que le sorcier contre lequel je me tenais avait fauté.
J'avais été abjecte avec lui, dans tous les sens du terme.
Il avait été obligé de porter ma précédente relation jusqu'à ce que j'en tire totalement un trait. Avec la plus grande humilité il l'avait accepté. Je doutais sincèrement que ma petite-amie aujourd'hui puisse avoir la même tolérance, et au fond je le redoutais.
Outre ce fait, je n'avais pas été à la hauteur de ses besoins, de ses demandes. Pourtant j'avais essayé si fort de me rendre la plus légère possible à ses yeux, allant jusqu'à modifier mes tenues vestimentaires pour ne pas le saturer de couleurs ou de messages cachés qui auraient pu être mal interprétés.
Sensiblement, alors que sa main était dans la mienne, posées sur son torse, je me crispais à nouveau sensiblement de tout mon petit-être, le poids des responsabilités que je n'avais pas pu assumer m'écrasant une nouvelle fois. Le ton étrangement détaché qu'il employait me faisait comprendre à quel point il ne réalisait pas encore toute l'étendue de ce qui arrivait et de ce que ça allait signifier pour nous ensuite. Il lui fallait du temps à Levius, lui qui se préservait à ce point de tous les malheurs extérieurs. Je ne lui en tenais pas rancune, loin de là, et il me fallut m'éclaircir la voix avant de murmurer. À cette distance, inutile de parler d'une intonation forte. Nous étions dans une bulle d'intimité, et je voulais la garder. Encore et encore.
- Si tu n'as pas été à la hauteur… alors moi non plus. Peut-être que… nous avons tous les deux notre part de torts, et que nous devons à présent vivre avec… et continuer à nous construire ensemble en ayant appris du passé. En gardant toute la beauté de ce que nous avons vécu.
Lentement, j'ouvrais mes yeux pour fixer nos mains jointes. Là, je remuais un peu mes doigts pour les entremêler à ceux du garçon. Les serrant fort alors que j'accueillais sa nouvelle déclaration avec douleur mais non pas moins de courage, j'inspirais afin de parvenir à rester à flot. Car déjà je sentais à nouveau les picotements dérangeants dans mon esprit, ceux qui se traduisaient par des points noirs dans mes yeux, comme si j'étais étourdie.
Péniblement, j'avalais ma salive, offrant toujours la sincérité et la vérité au jeune homme.
- C'est aussi un peu mon fardeau… d'enchaîner à ce point les histoires. Je n'ai plus de répit et… sans doute que c'est dangereux. Alors, je n'irais pas jusqu'à dire que c'est une chance.
Car dans mes trois relations, j'avais souffert d'une manière ou d'une autre. Puisque tout avait été si beau et si intense, il fallait forcément l'équilibre moins enchanté en contrepartie. Le tribu à payer.
Redressant mon visage pour l'approcher du sien, sentant la chaleur de sa peau proche de ma joue, je l'observais dans son ensemble, ce jeune homme si beau qui faisait toujours battre mon cœur.
- Moi non plus, je ne m'arrêterais pas de t'aimer Levius. Même si j'ai pris plus de temps que toi pour comprendre mes sentiments, tu es le premier vrai, pour tout, et tu le resteras. Pour rien au monde je voudrais changer quoi que ce soit, je veux te garder proche de moi. Parce que je t'aime.
Sa tête pivotée dans ma direction, je me sentais devenir frêle, si proche de ses lèvres que j'avais tant aimé embrasser à l'époque. La dernière fois avait été il y a quatre mois. Quelle triste ironie que de s'aimer à ce point sans condition, d'être à ce point des êtres complémentaires, mais pourtant de ne pas réussir à s'aimer véritablement. Ou alors… si ? Mais pas de la manière dont on s'y attendrait ? Après tout, notre amitié, notre couple, notre relation n'avait rien de commun, ça n'avait jamais été le cas. M'autorisant une nouvelle fois à fermer mes paupières, je venais poser un baiser tendre sur la joue de Levius, m'y attardant un peu, y mettant tous les sentiments confus qui me traversaient. Comme un baiser d'adieu. Oui, Levius avait été le premier vrai tout dans ma vie. Premier véritable ami. Premier véritable confident. Premier véritable complice. Premier véritable amour. Première véritable peine. Rien ne pourra changer ça.
- Tu auras toujours une place particulière dans mon cœur.
Lui souriant avec tendresse, je pivotais mes yeux sombres sur de nouvelles fleurs, de petites roses, qui venaient de pousser autour de nous. Sans doute une manifestation simple et innocente de nos pouvoirs magiques respectifs et de cette intensité qui nous reliait toujours. Posant mon menton sur son torse, gardant mon sourire, je me blottissais un peu plus contre lui.
- Je suis heureuse. De t'avoir avec moi.
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Sam 22 Juin 2019 - 10:48
Levius se sentait très discrètement ébranlé. C'était comme si toute la plaine s'était mise au silence et que, de très loin, il regardait passer le cortège de leurs amour. Tout cela semblait tellement abstrait... Hier encore, il faisait ses bagages à l'autre bout du monde, heureux de pouvoir revenir vers celle qu'il chérissait. Vingt-quatre heures plus tard, les voilà, à se faire des confidences sur un rendez-vous manqué. Comment conceptualiser un tel bouleversement ?
Levius ne se sentait même pas déçu : il était choqué (mais de ces chocs qui vous laissent indemne en apparence). C'était un peu comme tomber de cheval : la chose surprend, tant et si bien qu'on se relève et que l'on court (presque en riant) et il faut attendre un moment avant que la douleur ne vienne. Levius était dans cet état d'insouciance, car son corps découvrait à peine le poison qu'on venait de lui injecter.
Il voulait être un support pour Abigail, car d'un point de vue purement rationnel, il comprenait très bien ce qui était en train de lui arriver. C'était bien une force de leur relation : se respecter profondément et parler avec une ouverture telle que l'on ne pouvait tenir rigueur de ses faiblesses à l'autre. Quand tout est dit avec humilité, l'acceptation devient la seule réponse qui fasse sens. Aucun d'eux n'était du genre à hystériser les situations. Leur langage n'était que douceur et s'écrivait en lettres rondes.
« Oui, je le pense...
Répondit Levius dans un autre murmure, quand Abigail évoqua l'idée de continuer à avancer ensemble, conscient de leurs responsabilités mutuelles. Et comme elle l'avait fort bien verbalisé, il n'ajouta rien, se contentant d'entrelacer ses doigts en même temps qu'elle dans les siens : geste illustrateur des mots juste prononcés.
« Tu n'as pas le choix : c'est comme ça que les choses viennent à toi. Dit-il doucement au sujet de ses relations qui se succédaient. Tu es une personne raisonnable. Tu sauras régler les problèmes qui se présenteront en temps et en heure...
Parfois, je crois qu'il faut éviter de regarder le grand tableau et vivre les étapes une par une. Continue d'être sincère comme tu l'as toujours été... Le reste appartiendra à ceux qui sont autour de toi. Tu ne pourras pas décider à leur place, mais tu auras au moins la tranquillité de savoir que tu as fait de ton mieux.
Abigail s'était rapprochée de lui, alors il tourna la tête juste ce qu'il faut pour lui embrasser silencieusement le front. Après quoi, il eut un soupir et ses yeux retournèrent à l’abîme.
« Moi, c'est comme ça que j'essayerais de faire les choses de mon côté...
Levius songeait au bleu du ciel. Il avait cette teinte légèrement foncée des temps humides qui lui faisait penser au quatre et se dégradait en U au niveau de l'horizon. L'émotion que tout ceci dégageait s'accordait assez avec la teinte de son âme en ce moment : cela contribuait à l'apaiser.
Cependant, Abigail venait de se redresser légèrement, de sorte qu'il devait la voir. Son regard osa se poser sur le sien, quand elle parla. Il accueilli sa tirade comme l'on reçoit une volée de flèche : cette sentence lui perçait aujourd'hui le corps, autant qu'elle l'aurait réjouit hier. Mais une fois de plus, il se rendait à l'évidence du réel : celui qui correspond aux limites de son propre pouvoir d'action.
Silencieux, il hocha donc subrepticement la tête et n'ajouta rien (car il n'y avait rien à dire de plus).
Il se laissa embrasser la joue et la serra un peu contre lui, profitant de ce moment où elle lui en donnait le droit. Levius n'avait jamais été un homme tactile : ceux que le contact gêne cachent souvent un hardent désir de tendresse. D'avoir franchi cette étape avec Abigail en faisait désormais un grand assoiffé. Il ne savait pas comment ce serait de ne plus pouvoir la tenir dans ses bras. Quoique : peut-être le pourrait il encore. Il n'y avait jamais eu de luxure entre eux et s’enlacer n'est pas forcément la propriété du couple. Conscient, il laissait néanmoins à Abigail le privilège d'écrire cette loi.
« Je veux m'appliquer pour que ça ne change pas.
Conclu-t-il. L'une de ses mains abandonna momentanément Abigail afin de cueillir une des roses que la magie avait fait pousser. Il la posa entre eux et replaça son bras autour d'elle. Ses doigts lui caressaient doucement les cheveux et il avait les yeux fermés.
Tranquille, Levius se laissait aller à savourer l'instant, car en dépit de tous ces lourds aveux, le moment méritait qu'on le goûte. Le garçon savait que l'orage viendrait, mais il comprenait aussi que l'on perd sa vie à l'attendre avec anxiété. Que dansent donc les beautés du monde jusqu'au ternissement : ce serait un autre enjeu... Mais il ne serait pas seul à ce moment là.
Levius ne se sentait même pas déçu : il était choqué (mais de ces chocs qui vous laissent indemne en apparence). C'était un peu comme tomber de cheval : la chose surprend, tant et si bien qu'on se relève et que l'on court (presque en riant) et il faut attendre un moment avant que la douleur ne vienne. Levius était dans cet état d'insouciance, car son corps découvrait à peine le poison qu'on venait de lui injecter.
Il voulait être un support pour Abigail, car d'un point de vue purement rationnel, il comprenait très bien ce qui était en train de lui arriver. C'était bien une force de leur relation : se respecter profondément et parler avec une ouverture telle que l'on ne pouvait tenir rigueur de ses faiblesses à l'autre. Quand tout est dit avec humilité, l'acceptation devient la seule réponse qui fasse sens. Aucun d'eux n'était du genre à hystériser les situations. Leur langage n'était que douceur et s'écrivait en lettres rondes.
« Oui, je le pense...
Répondit Levius dans un autre murmure, quand Abigail évoqua l'idée de continuer à avancer ensemble, conscient de leurs responsabilités mutuelles. Et comme elle l'avait fort bien verbalisé, il n'ajouta rien, se contentant d'entrelacer ses doigts en même temps qu'elle dans les siens : geste illustrateur des mots juste prononcés.
« Tu n'as pas le choix : c'est comme ça que les choses viennent à toi. Dit-il doucement au sujet de ses relations qui se succédaient. Tu es une personne raisonnable. Tu sauras régler les problèmes qui se présenteront en temps et en heure...
Parfois, je crois qu'il faut éviter de regarder le grand tableau et vivre les étapes une par une. Continue d'être sincère comme tu l'as toujours été... Le reste appartiendra à ceux qui sont autour de toi. Tu ne pourras pas décider à leur place, mais tu auras au moins la tranquillité de savoir que tu as fait de ton mieux.
Abigail s'était rapprochée de lui, alors il tourna la tête juste ce qu'il faut pour lui embrasser silencieusement le front. Après quoi, il eut un soupir et ses yeux retournèrent à l’abîme.
« Moi, c'est comme ça que j'essayerais de faire les choses de mon côté...
Levius songeait au bleu du ciel. Il avait cette teinte légèrement foncée des temps humides qui lui faisait penser au quatre et se dégradait en U au niveau de l'horizon. L'émotion que tout ceci dégageait s'accordait assez avec la teinte de son âme en ce moment : cela contribuait à l'apaiser.
Cependant, Abigail venait de se redresser légèrement, de sorte qu'il devait la voir. Son regard osa se poser sur le sien, quand elle parla. Il accueilli sa tirade comme l'on reçoit une volée de flèche : cette sentence lui perçait aujourd'hui le corps, autant qu'elle l'aurait réjouit hier. Mais une fois de plus, il se rendait à l'évidence du réel : celui qui correspond aux limites de son propre pouvoir d'action.
Silencieux, il hocha donc subrepticement la tête et n'ajouta rien (car il n'y avait rien à dire de plus).
Il se laissa embrasser la joue et la serra un peu contre lui, profitant de ce moment où elle lui en donnait le droit. Levius n'avait jamais été un homme tactile : ceux que le contact gêne cachent souvent un hardent désir de tendresse. D'avoir franchi cette étape avec Abigail en faisait désormais un grand assoiffé. Il ne savait pas comment ce serait de ne plus pouvoir la tenir dans ses bras. Quoique : peut-être le pourrait il encore. Il n'y avait jamais eu de luxure entre eux et s’enlacer n'est pas forcément la propriété du couple. Conscient, il laissait néanmoins à Abigail le privilège d'écrire cette loi.
« Je veux m'appliquer pour que ça ne change pas.
Conclu-t-il. L'une de ses mains abandonna momentanément Abigail afin de cueillir une des roses que la magie avait fait pousser. Il la posa entre eux et replaça son bras autour d'elle. Ses doigts lui caressaient doucement les cheveux et il avait les yeux fermés.
Tranquille, Levius se laissait aller à savourer l'instant, car en dépit de tous ces lourds aveux, le moment méritait qu'on le goûte. Le garçon savait que l'orage viendrait, mais il comprenait aussi que l'on perd sa vie à l'attendre avec anxiété. Que dansent donc les beautés du monde jusqu'au ternissement : ce serait un autre enjeu... Mais il ne serait pas seul à ce moment là.
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Dim 23 Juin 2019 - 10:22
Le plus raisonnable de la situation commençait à poindre devant nous, comme l'esquisse d'un tableau. Comme celui que Levius n'avait pas terminé, fait de violettes et de tulipes jaunes, que mes connaissances florales étaient parvenues à déchiffrer. Le commencement.
Et la fin se terminait là, vraiment. Dans les hautes herbes, entourée de petites roses rouges. Définition même de l'amour véritable, sans condition et éternel. Cette fleur qui m'avait toujours symbolisée et qui avait toujours eu une place spéciale dans mon cœur, juste à côté de la Diphylleia grayi. Aux pétales blancs, cette dernière devenait transparente une fois la pluie tombée sur elle. Je m'y identifiais énormément.
Mais à dire vrai, je parlais de fin. N'était-ce pas plutôt là un nouveau commencement ? Une nouvelle extension ? Une nouvelle floraison entre nous ? Je préférais me persuader dans ce sens, même si Levius semblait bien trop terre à terre en l'instant. Paroles bien fatalistes, elles me coupèrent le souffle en serrant cette corde qui s'était petit à petit enfilée autour de ma gorge. Dans un sens, je ne pouvais lui donner que raison, mais subir les aléas des relations n'était pas quelque chose à laquelle j'avais été préparée. Je les subissais de plein fouet, comme la foudre pouvait me tomber dessus. Certes, je devais faire face car je n'avais pas le choix, mais dans un sens, j'aurais préféré creuser le trou qui aurait pu me préserver. Je restais pourtant obstinément debout, face au vent.
Mais ses mots firent écho à ce que mon professeur de musique m'avait confié quelques temps plus tôt. Chaque relation était différente, et il n'appartenait qu'aux autres de décider ce qu'ils voulaient faire de ma sincérité. C'était un complément d'information important pour mon esprit, mais toutefois je ne pouvais m'empêcher de redresser lentement le menton pour considérer cet ami si cher à mon cœur.
Le choix de partir et de s'enfuir dans son univers, les raisons aussi professionnelles soient-elle, avait donc été un choix pour lui ? Un choix face à me sincérité, à la pureté de mes sentiments ? Il avait été le soleil et l'eau dont j'avais eu besoin, ainsi, il avait été la raison de ma floraison… tout comme de ma défloraison. Étais-je devenue trop éclatante ? Trop vive de couleurs et de lumière ? Lui qui était si sensible à tout cela ne l'aurait peut-être guère supporté. Alors, voilà que je me posais la question suivante : devais-je culpabiliser d'avoir été heureuse ?
J'essayais de mettre de l'ordre dans mon esprit et dans les événements passés, sans parvenir à la moindre conclusion convaincante. Alors peut-être que finalement, il n'y avait rien à expliquer et tout à vivre, ou en l'occurrence, à subir.
Levius avait été ma plus belle et plus intense histoire d'amour jusque-là. Pas la plus difficile, pas la plus parfaite, mais la plus profonde, ça, s'était indiscutable. Il m'avait ouvert les portes d'un univers que je ne soupçonnais même pas, et je savais, inconsciemment, que cet endroit existait encore… et qu'au fond, il n'appartenait qu'à nous d'y retourner. Ensemble.
Apaisée par sa volonté que rien ne change et que tout demeure, les yeux posés sur la rose qu'il venait de cueillir, je me laissais obstinément aller au monde du silence. Parce qu'il n'y avait rien à ajouter. Parce que l'instant était si fragile qu'il ne fallait pas parler. Parce qu'il fallait préserver ce qui fut, ce qui est, et ce qui sera.
Ses caresses à mes cheveux, l'ambiance redevenue sereine, le chant des oiseaux et l'odeur de la fleur. Tout ceci vint me bercer et je ne me rendais même pas compte que je m'endormais, emportée par le rythme régulier des battements du cœur du jeune homme.
Il pouvait bien se targuer d'être le seul à avoir un tel pouvoir d'apaisement sur ma personne. Il était le seul contre qui je pouvais m'endormir sereinement, et surtout, il était le seul que sa présence suffisait pour ne générer aucun cauchemar. Hélas, il faudra beaucoup plus de temps à Lubia pour parvenir à ce résultat.
Pour cela, rien n'avait changé, et personne n'allait pouvoir lui enlever. C'est d'un sommeil réparateur, car j'en avais grand besoin depuis un an, que je m'assoupissais sur le torse du garçon, le souffle profond et régulier. Je rêvais de sa venue, celle tant espérée et jamais accomplie. Je rêvais des instants heureux que nous aurons à vivre ensemble, car notre histoire était sans fin. Commencement enfantin, j'avais la profonde intention de continuer jusqu'à nos vieux âges. Qui sait de quoi demain sera fait ?
Comme si le temps s'était arrêté, lorsque je m'éveillais à nouveau, rien n'avait changé. Remuant lentement pour reprendre conscience de mon corps, je clignais des yeux et vint me frotter les paupières comme pouvait le faire une enfant. Lentement, je pivotais la tête pour observer l'homme que j'aimais avant de murmurer.
- Voudrais-tu revisiter la ferme et la serre ?
Et la fin se terminait là, vraiment. Dans les hautes herbes, entourée de petites roses rouges. Définition même de l'amour véritable, sans condition et éternel. Cette fleur qui m'avait toujours symbolisée et qui avait toujours eu une place spéciale dans mon cœur, juste à côté de la Diphylleia grayi. Aux pétales blancs, cette dernière devenait transparente une fois la pluie tombée sur elle. Je m'y identifiais énormément.
Mais à dire vrai, je parlais de fin. N'était-ce pas plutôt là un nouveau commencement ? Une nouvelle extension ? Une nouvelle floraison entre nous ? Je préférais me persuader dans ce sens, même si Levius semblait bien trop terre à terre en l'instant. Paroles bien fatalistes, elles me coupèrent le souffle en serrant cette corde qui s'était petit à petit enfilée autour de ma gorge. Dans un sens, je ne pouvais lui donner que raison, mais subir les aléas des relations n'était pas quelque chose à laquelle j'avais été préparée. Je les subissais de plein fouet, comme la foudre pouvait me tomber dessus. Certes, je devais faire face car je n'avais pas le choix, mais dans un sens, j'aurais préféré creuser le trou qui aurait pu me préserver. Je restais pourtant obstinément debout, face au vent.
Mais ses mots firent écho à ce que mon professeur de musique m'avait confié quelques temps plus tôt. Chaque relation était différente, et il n'appartenait qu'aux autres de décider ce qu'ils voulaient faire de ma sincérité. C'était un complément d'information important pour mon esprit, mais toutefois je ne pouvais m'empêcher de redresser lentement le menton pour considérer cet ami si cher à mon cœur.
Le choix de partir et de s'enfuir dans son univers, les raisons aussi professionnelles soient-elle, avait donc été un choix pour lui ? Un choix face à me sincérité, à la pureté de mes sentiments ? Il avait été le soleil et l'eau dont j'avais eu besoin, ainsi, il avait été la raison de ma floraison… tout comme de ma défloraison. Étais-je devenue trop éclatante ? Trop vive de couleurs et de lumière ? Lui qui était si sensible à tout cela ne l'aurait peut-être guère supporté. Alors, voilà que je me posais la question suivante : devais-je culpabiliser d'avoir été heureuse ?
J'essayais de mettre de l'ordre dans mon esprit et dans les événements passés, sans parvenir à la moindre conclusion convaincante. Alors peut-être que finalement, il n'y avait rien à expliquer et tout à vivre, ou en l'occurrence, à subir.
Levius avait été ma plus belle et plus intense histoire d'amour jusque-là. Pas la plus difficile, pas la plus parfaite, mais la plus profonde, ça, s'était indiscutable. Il m'avait ouvert les portes d'un univers que je ne soupçonnais même pas, et je savais, inconsciemment, que cet endroit existait encore… et qu'au fond, il n'appartenait qu'à nous d'y retourner. Ensemble.
Apaisée par sa volonté que rien ne change et que tout demeure, les yeux posés sur la rose qu'il venait de cueillir, je me laissais obstinément aller au monde du silence. Parce qu'il n'y avait rien à ajouter. Parce que l'instant était si fragile qu'il ne fallait pas parler. Parce qu'il fallait préserver ce qui fut, ce qui est, et ce qui sera.
Ses caresses à mes cheveux, l'ambiance redevenue sereine, le chant des oiseaux et l'odeur de la fleur. Tout ceci vint me bercer et je ne me rendais même pas compte que je m'endormais, emportée par le rythme régulier des battements du cœur du jeune homme.
Il pouvait bien se targuer d'être le seul à avoir un tel pouvoir d'apaisement sur ma personne. Il était le seul contre qui je pouvais m'endormir sereinement, et surtout, il était le seul que sa présence suffisait pour ne générer aucun cauchemar. Hélas, il faudra beaucoup plus de temps à Lubia pour parvenir à ce résultat.
Pour cela, rien n'avait changé, et personne n'allait pouvoir lui enlever. C'est d'un sommeil réparateur, car j'en avais grand besoin depuis un an, que je m'assoupissais sur le torse du garçon, le souffle profond et régulier. Je rêvais de sa venue, celle tant espérée et jamais accomplie. Je rêvais des instants heureux que nous aurons à vivre ensemble, car notre histoire était sans fin. Commencement enfantin, j'avais la profonde intention de continuer jusqu'à nos vieux âges. Qui sait de quoi demain sera fait ?
Comme si le temps s'était arrêté, lorsque je m'éveillais à nouveau, rien n'avait changé. Remuant lentement pour reprendre conscience de mon corps, je clignais des yeux et vint me frotter les paupières comme pouvait le faire une enfant. Lentement, je pivotais la tête pour observer l'homme que j'aimais avant de murmurer.
- Voudrais-tu revisiter la ferme et la serre ?
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Mar 25 Juin 2019 - 18:04
Levius entrouvrit la bouche et pris une longue et silencieuse inspiration. Il ferma ensuite les yeux lentement et se laissa fondre dans le grand tout de l'instant. Des choses importantes venaient d'être dites : il fallait que l'eau du courant passe. S’imprégner des mots et apprivoiser les impressions nouvelles.
Levius devait prendre acte de la réalité de la séparation. La distance les avait tué comme si la grande rupture de sept ans précédente résonnait encore par écho avec la capacité de blesser. La présence d'une tierce personne à l'équation créait un obstacle inamovible de son point de vue. Cependant, il ne pouvait s'empêcher de garder une petite étincelle d'espoir dans un coin de sa tête. Tout ne dépendait pas de lui, certes, mais il pouvait espérer.
Essayer, peut-être ? Reconquérir Abigail discrètement : Levius n'était pas certain de la loyauté de la chose. Il avait toujours considéré sa présence dans la vie des autres comme une intrusion. Quelle légitimité avait-il ? De plus, Abigail risquait sans doute (bien à juste titre) de lui en vouloir pour cela. Le jeune homme devait respecter sa décision.
En définitive, Levius se rendait bien compte que tout ceci serait plus difficile que ce qu'il se bornait à croire. Il est frustrant de rester en arrière plan quand des sentiments existent... Et même si l'autre vous prie (et vous aime) d'accepter l'état des choses, l'on se sent généralement plus à l'aise quand on contrôle la situation. Rester spectateur passif de la romance de son amie d'enfance allait être dur : Levius devait en prendre la mesure.
Mais peut-être était-il vraiment sincère, quand il prétendait s'accoutumer des sentiments d'Abigail ? Dans le fond, Levius n'avait jamais fait montre de beaucoup de possessivité. Il était libre et insouciant, les normes des autres lui passaient bien souvent au dessus de la tête. Quelle valeur un tel jeune homme peut bien accorder à l'exclusivité ? Car si dans son monde intérieur, une terre de sentiments purs et bons existait, alors pourquoi se la réserver à deux ? Levius ne se destinait peut-être pas à consumer en silence un amour non partagé. Peut-être qu'à l'inverse, il ferait éclore cet amour en une forme hybride d'amitié qu'Abigail accepterait de cueillir.
Difficile de trancher entre ces deux état d'esprit. Levius n'avait jamais rien traversé de comparable (que ce soit de près ou de loin). Ce serait sans doute à la tournure des événements que l'embranchement se ferait. Il fallait simplement attendre et faire de son mieux, comme il l'avait suggéré.
L'atmosphère s'épaississait de toute façon et Levius voyait ses pensées dériver dans la brume. Il ne tenta pas de les retenir. Le contact tiède d'Abigail et sa respiration ensommeillée l'entraînait vers la chute. Cela lui plaisait de tomber quand elle était là : le néant est sans angoisse dès lors qu'on est deux. Ce dernier l'attrapa sans même qu'il ne s'en rende compte. De conscient à l'esprit plein de pensée, il passa simple garçon dormant aux bras d'un être par trop précieux. Le reste n'est que couleurs diffuses et bribes de sons.
Petit écho vague... Et puis Abigail parla à nouveau. Levius entrouvrit les yeux, ébloui. Il eut un gémissement à peine audible et étira le bas de son dos en s'appliquant à déranger son amie le moins possible.
« Oui.
Souffla-t-il. Puis il se redressa, ne laissant qu'une main à l'épaule de la jeune femme. Il lui donna un sourire.
« Ma grand-mère va m'en vouloir de n'être pas venu la voir tout de suite.
Cette fois-ci, il s'étira tout à fait. Cela fit craquer une vertèbre ou deux.
« Elle me connaît, mais c'est dans l'ordre des choses. Il semblait s'en amuser. Viens. Montre moi ce qu'il y a de nouveau.
Dit-il en se relevant. Il lui tendit la main.
Levius devait prendre acte de la réalité de la séparation. La distance les avait tué comme si la grande rupture de sept ans précédente résonnait encore par écho avec la capacité de blesser. La présence d'une tierce personne à l'équation créait un obstacle inamovible de son point de vue. Cependant, il ne pouvait s'empêcher de garder une petite étincelle d'espoir dans un coin de sa tête. Tout ne dépendait pas de lui, certes, mais il pouvait espérer.
Essayer, peut-être ? Reconquérir Abigail discrètement : Levius n'était pas certain de la loyauté de la chose. Il avait toujours considéré sa présence dans la vie des autres comme une intrusion. Quelle légitimité avait-il ? De plus, Abigail risquait sans doute (bien à juste titre) de lui en vouloir pour cela. Le jeune homme devait respecter sa décision.
En définitive, Levius se rendait bien compte que tout ceci serait plus difficile que ce qu'il se bornait à croire. Il est frustrant de rester en arrière plan quand des sentiments existent... Et même si l'autre vous prie (et vous aime) d'accepter l'état des choses, l'on se sent généralement plus à l'aise quand on contrôle la situation. Rester spectateur passif de la romance de son amie d'enfance allait être dur : Levius devait en prendre la mesure.
Mais peut-être était-il vraiment sincère, quand il prétendait s'accoutumer des sentiments d'Abigail ? Dans le fond, Levius n'avait jamais fait montre de beaucoup de possessivité. Il était libre et insouciant, les normes des autres lui passaient bien souvent au dessus de la tête. Quelle valeur un tel jeune homme peut bien accorder à l'exclusivité ? Car si dans son monde intérieur, une terre de sentiments purs et bons existait, alors pourquoi se la réserver à deux ? Levius ne se destinait peut-être pas à consumer en silence un amour non partagé. Peut-être qu'à l'inverse, il ferait éclore cet amour en une forme hybride d'amitié qu'Abigail accepterait de cueillir.
Difficile de trancher entre ces deux état d'esprit. Levius n'avait jamais rien traversé de comparable (que ce soit de près ou de loin). Ce serait sans doute à la tournure des événements que l'embranchement se ferait. Il fallait simplement attendre et faire de son mieux, comme il l'avait suggéré.
L'atmosphère s'épaississait de toute façon et Levius voyait ses pensées dériver dans la brume. Il ne tenta pas de les retenir. Le contact tiède d'Abigail et sa respiration ensommeillée l'entraînait vers la chute. Cela lui plaisait de tomber quand elle était là : le néant est sans angoisse dès lors qu'on est deux. Ce dernier l'attrapa sans même qu'il ne s'en rende compte. De conscient à l'esprit plein de pensée, il passa simple garçon dormant aux bras d'un être par trop précieux. Le reste n'est que couleurs diffuses et bribes de sons.
Petit écho vague... Et puis Abigail parla à nouveau. Levius entrouvrit les yeux, ébloui. Il eut un gémissement à peine audible et étira le bas de son dos en s'appliquant à déranger son amie le moins possible.
« Oui.
Souffla-t-il. Puis il se redressa, ne laissant qu'une main à l'épaule de la jeune femme. Il lui donna un sourire.
« Ma grand-mère va m'en vouloir de n'être pas venu la voir tout de suite.
Cette fois-ci, il s'étira tout à fait. Cela fit craquer une vertèbre ou deux.
« Elle me connaît, mais c'est dans l'ordre des choses. Il semblait s'en amuser. Viens. Montre moi ce qu'il y a de nouveau.
Dit-il en se relevant. Il lui tendit la main.
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Jeu 27 Juin 2019 - 15:27
Réveillée avec un sentiment de béatitude, à nouveau sereine, je m'osais, en douceur, à tirer mon ami de ses propres songes. C'est avec un petit bonheur non dissimulé que je réalisais que lui aussi c'était laissé emporter par la simplicité de notre nouvelle situation. Car après tout, c'était ce que c'était : simple. Nous étions deux amants, deux personnes qui s'admiraient depuis l'enfance et qui ne cesseront sûrement jamais de le faire. Malgré notre passé commun et la confusion que les sentiments pouvaient engendrer, c'était simple.
Il suffisait de se laisser porter et d'accepter. Le dire comme ça semblait facile, et je savais qu'il n'en était rien. Lutter contre ce que crie le cœur n'est pas toujours chose aisée, et j'en étais la première victime. Néanmoins, dans ma relation actuelle, j'étais très heureuse, bien que terrorisée. Engagée et fidèle, je respectais mes limites, mais je tenais aussi à garder une certaine étroitesse avec le garçon qui s'étirait juste là, à côté de moi. Sans que cela ne devienne ambiguë, je voulais garder contact avec lui, ne jamais le perdre. Pas uniquement dans mon entourage, mais physiquement également. Sans aller à toujours lui sauter dans les bras, car nous avions tout de même une certaine forme de pudeur tous les deux, je sentais que j'avais encore besoin de sa proximité. Comme ça avait été le cas à l'époque.
Sans vouloir être une charge pour lui, je me redressais légèrement, quittant alors son torse et son épaule, reprenant une distance tout à fait honorable entre nous, mes deux mains joignant l'herbe et le sol.
D'un petit sourire entendu, je vins me mettre alors à genoux à côté de lui.
- Pour ça oui elle risque de t'en vouloir un peu, mais elle sera avant tout soulagée de te voir, j'en suis certaine.
Attrapant sa main avec complicité, je me remettais sur mes pieds à mon tour, reprenant le chemin inverse alors, jusqu'à revenir dans la cour, devant l'habitation. Là, j'y retrouvais mes œufs victimes de ma surprise, et d'un petit coup de baguette, je les rassemblais en les réparant, avant qu'ils ne bondissent tous dans le panier.
Comme si de rien n'était. La magie était fantastique.
Hélas… il n'y avait pas ce genre de sortilège pour notre situation, à Levius et à moi. Seul le temps fera son office et nous permettra d'y voir plus clair dans notre relation. Jetant d'abord un œil à la grange, je rougissais un peu, gênée par ce que j'allais dire.
Durant son absence, j'avais pris des libertés, et j'espérais qu'il ne m'en tiendrait pas rancune. Surtout que, je n'avais pas eu le choix, en finalité.
- Ho heu… te souviens-tu de Gabriel ? Nous étions amis à Poudlard, vous vous êtes croisés de temps en temps… Et bien, il vit ici maintenant, enfin, dans la grange. Serrant un peu le panier d'œuf contre moi, comme une petite enfant prise sur le fait, je m'expliquais plus en détail. Il était à la rue… et moi j'avais besoin d'aide pour entretenir la ferme sans toi, en plus de tous mes autres projets alors… je lui ai proposé une aide mutuelle.
Le fait que Gaby ait préférer vivre dans la grange que dans la maisonnée était une autre histoire dans le fond. Que je lui raconterais le moment venu s'il en avait envie ou qu'il verrait directement avec l'intéressé le jour où ils se retrouveront.
En cela néanmoins, je ne tenais aucune rancune à Levius. Il était certes parti en laissant la ferme ainsi, mais j'avais réussi à me débrouiller sans trop de mal. J'avais essayé de faire de mon mieux pour pouvoir tout gérer jusqu'à ce que je me sente bien trop dépassée. Son retour rajoutait un soulagement certains quant à ma quantité de charge de travail. J'allais enfin pouvoir souffler, me détendre et surtout penser à ma dernière année d'étude et surtout à ma thèse. Avec la ferme en plus, je craignais énormément la suite. J'avais donc dû chercher, et surtout trouver, de l'aide là où j'en avais la possibilité.
- J'espère que ça ne te dérange pas…
Osais-je enfin dire, continuant de serrer le petit panier d'œufs contre moi alors que je prenais la direction de l'habitation de la ferme. Autant qu'il retrouve la propriétaire des lieux rapidement avant que nous fassions le reste de notre petit tour.
Il suffisait de se laisser porter et d'accepter. Le dire comme ça semblait facile, et je savais qu'il n'en était rien. Lutter contre ce que crie le cœur n'est pas toujours chose aisée, et j'en étais la première victime. Néanmoins, dans ma relation actuelle, j'étais très heureuse, bien que terrorisée. Engagée et fidèle, je respectais mes limites, mais je tenais aussi à garder une certaine étroitesse avec le garçon qui s'étirait juste là, à côté de moi. Sans que cela ne devienne ambiguë, je voulais garder contact avec lui, ne jamais le perdre. Pas uniquement dans mon entourage, mais physiquement également. Sans aller à toujours lui sauter dans les bras, car nous avions tout de même une certaine forme de pudeur tous les deux, je sentais que j'avais encore besoin de sa proximité. Comme ça avait été le cas à l'époque.
Sans vouloir être une charge pour lui, je me redressais légèrement, quittant alors son torse et son épaule, reprenant une distance tout à fait honorable entre nous, mes deux mains joignant l'herbe et le sol.
D'un petit sourire entendu, je vins me mettre alors à genoux à côté de lui.
- Pour ça oui elle risque de t'en vouloir un peu, mais elle sera avant tout soulagée de te voir, j'en suis certaine.
Attrapant sa main avec complicité, je me remettais sur mes pieds à mon tour, reprenant le chemin inverse alors, jusqu'à revenir dans la cour, devant l'habitation. Là, j'y retrouvais mes œufs victimes de ma surprise, et d'un petit coup de baguette, je les rassemblais en les réparant, avant qu'ils ne bondissent tous dans le panier.
Comme si de rien n'était. La magie était fantastique.
Hélas… il n'y avait pas ce genre de sortilège pour notre situation, à Levius et à moi. Seul le temps fera son office et nous permettra d'y voir plus clair dans notre relation. Jetant d'abord un œil à la grange, je rougissais un peu, gênée par ce que j'allais dire.
Durant son absence, j'avais pris des libertés, et j'espérais qu'il ne m'en tiendrait pas rancune. Surtout que, je n'avais pas eu le choix, en finalité.
- Ho heu… te souviens-tu de Gabriel ? Nous étions amis à Poudlard, vous vous êtes croisés de temps en temps… Et bien, il vit ici maintenant, enfin, dans la grange. Serrant un peu le panier d'œuf contre moi, comme une petite enfant prise sur le fait, je m'expliquais plus en détail. Il était à la rue… et moi j'avais besoin d'aide pour entretenir la ferme sans toi, en plus de tous mes autres projets alors… je lui ai proposé une aide mutuelle.
Le fait que Gaby ait préférer vivre dans la grange que dans la maisonnée était une autre histoire dans le fond. Que je lui raconterais le moment venu s'il en avait envie ou qu'il verrait directement avec l'intéressé le jour où ils se retrouveront.
En cela néanmoins, je ne tenais aucune rancune à Levius. Il était certes parti en laissant la ferme ainsi, mais j'avais réussi à me débrouiller sans trop de mal. J'avais essayé de faire de mon mieux pour pouvoir tout gérer jusqu'à ce que je me sente bien trop dépassée. Son retour rajoutait un soulagement certains quant à ma quantité de charge de travail. J'allais enfin pouvoir souffler, me détendre et surtout penser à ma dernière année d'étude et surtout à ma thèse. Avec la ferme en plus, je craignais énormément la suite. J'avais donc dû chercher, et surtout trouver, de l'aide là où j'en avais la possibilité.
- J'espère que ça ne te dérange pas…
Osais-je enfin dire, continuant de serrer le petit panier d'œufs contre moi alors que je prenais la direction de l'habitation de la ferme. Autant qu'il retrouve la propriétaire des lieux rapidement avant que nous fassions le reste de notre petit tour.
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Ven 28 Juin 2019 - 16:02
Levius regarda en direction de la ferme tandis qu'il aidait Abigail à se lever. Il songeait à sa grand-mère. Vue l'heure, elle devait préparer le repas : on pouvait d'ailleurs voir de la fumée s'échapper de la cheminée, signe qu'elle avait allumé le feu dans l'âtre et s'affairait au dessus de sa marmite.
Il commençait à faire beau, mais Susan cuisinait des plats élaborés trois cents soixante cinq jours par ans sans se préoccuper des effets de la chaleur sur l'appétit des uns et des autres (il fallait dire qu'avec tout le travail à abattre, personne ne se plaignait de la générosité des portions).
Quoiqu'il en soit, Levius savait qu'elle l'attendait. Il n'allait sans doute pas se dispenser de la saluer plus longtemps. Les deux jeunes gens marchèrent alors tranquillement jusqu'à la cour, où Levius découvrit le désastre des œufs abandonnés à leur sort. Un coup de baguette et voilà qu'ils reprenaient forme comme s'ils venaient d'être pondus (sauf un que le chat avait mangé : la magie ne pouvait plus rien faire pour lui).
« Gabriel Wilson ? Demanda Levius, surpris. Dans ma grange ?
Le jeune homme regarda les mains de son amie serrées sur le panier, tandis qu'elle expliquait les grandes lignes de la situation. Comme il ne s'attendait pas à ça, son esprit imprimait un mot sur deux et il se perdait déjà en conjonctures annexes : Gabriel Wilson, le jeune garçon de Poufsouffle... Alors comme ça, il était encore dans la région ? Cela faisait des années qu'ils ne se parlaient plus.
« Que ça me dérange... répéta-t-il mécaniquement. Oui, non... Je ne sais pas.
Levius releva les yeux en direction du visage de son ami. Il avait l'air décontenancé et semblait réfléchir.
« Je suppose que tu t'es arrangée avec ma grand-mère... Cette évidence là l'invitait à ne pas en faire grand cas. Mais pourquoi... Pourquoi dort-il dans la grange ?
Demanda le jeune homme en approchant d'un pas, un peu comme si poser la question relevait du secret. Levius était tellement focalisé sur cette histoire de Gabriel et de grange qu'il n'avait pas entendu Susan approcher.
Cette dernière l'accueilli en lui tapant l'arrière du crâne avec un exemplaire roulé de la gazette du sorcier. Surpris, Levius sursauta et pivota de cent quatre vingt degrés. La suite se résuma à un échange animé en langue des signes entre une doyenne énervée et un jeune homme complètement désarçonné. Cela dura un moment. Puis, Susan fit demi tour en direction de la maison.
« Je ne pensais pas qu'il y avait tant de travail en attente...
Fit Levius d'un air penaud, en revenant auprès de son amie. Il se massait nerveusement l'arrière de la tête et regardait dans tous les coins. Apparemment, Susan l'avait réprimandé pour tout le temps passé à l'étranger et l'accumulation incontrôlée des commandes.
« Pour l'entretien de la serre, je suppose que les Verts ont su gérer... Mais toute la partie commande...
Levius n'avait pas spécialement délégué la chose (puisque cela lui revenait en tant que propriétaire de la marque Bird). A partir de là, difficile de discuter sur les choix de gestion des uns et des autres (même s'il n'avait rien à y redire, dans le fond). Le garçon entrevoyait déjà les longues soirées d'expédition et de facturation à venir.
Enfin, il s'occuperait de tout cela demain...
Il commençait à faire beau, mais Susan cuisinait des plats élaborés trois cents soixante cinq jours par ans sans se préoccuper des effets de la chaleur sur l'appétit des uns et des autres (il fallait dire qu'avec tout le travail à abattre, personne ne se plaignait de la générosité des portions).
Quoiqu'il en soit, Levius savait qu'elle l'attendait. Il n'allait sans doute pas se dispenser de la saluer plus longtemps. Les deux jeunes gens marchèrent alors tranquillement jusqu'à la cour, où Levius découvrit le désastre des œufs abandonnés à leur sort. Un coup de baguette et voilà qu'ils reprenaient forme comme s'ils venaient d'être pondus (sauf un que le chat avait mangé : la magie ne pouvait plus rien faire pour lui).
« Gabriel Wilson ? Demanda Levius, surpris. Dans ma grange ?
Le jeune homme regarda les mains de son amie serrées sur le panier, tandis qu'elle expliquait les grandes lignes de la situation. Comme il ne s'attendait pas à ça, son esprit imprimait un mot sur deux et il se perdait déjà en conjonctures annexes : Gabriel Wilson, le jeune garçon de Poufsouffle... Alors comme ça, il était encore dans la région ? Cela faisait des années qu'ils ne se parlaient plus.
« Que ça me dérange... répéta-t-il mécaniquement. Oui, non... Je ne sais pas.
Levius releva les yeux en direction du visage de son ami. Il avait l'air décontenancé et semblait réfléchir.
« Je suppose que tu t'es arrangée avec ma grand-mère... Cette évidence là l'invitait à ne pas en faire grand cas. Mais pourquoi... Pourquoi dort-il dans la grange ?
Demanda le jeune homme en approchant d'un pas, un peu comme si poser la question relevait du secret. Levius était tellement focalisé sur cette histoire de Gabriel et de grange qu'il n'avait pas entendu Susan approcher.
Cette dernière l'accueilli en lui tapant l'arrière du crâne avec un exemplaire roulé de la gazette du sorcier. Surpris, Levius sursauta et pivota de cent quatre vingt degrés. La suite se résuma à un échange animé en langue des signes entre une doyenne énervée et un jeune homme complètement désarçonné. Cela dura un moment. Puis, Susan fit demi tour en direction de la maison.
« Je ne pensais pas qu'il y avait tant de travail en attente...
Fit Levius d'un air penaud, en revenant auprès de son amie. Il se massait nerveusement l'arrière de la tête et regardait dans tous les coins. Apparemment, Susan l'avait réprimandé pour tout le temps passé à l'étranger et l'accumulation incontrôlée des commandes.
« Pour l'entretien de la serre, je suppose que les Verts ont su gérer... Mais toute la partie commande...
Levius n'avait pas spécialement délégué la chose (puisque cela lui revenait en tant que propriétaire de la marque Bird). A partir de là, difficile de discuter sur les choix de gestion des uns et des autres (même s'il n'avait rien à y redire, dans le fond). Le garçon entrevoyait déjà les longues soirées d'expédition et de facturation à venir.
Enfin, il s'occuperait de tout cela demain...
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Mer 3 Juil 2019 - 15:19
L’un des plus gros changement à la ferme des Bird durant les mois d’absence de Levius avait été la venue de Gabriel. Je ne pouvais décemment pas laisser un garçon que je considérais comme mon jumeau rester à la rue, à dormir sous les ponts. De plus, concernant les Verts, il n’y avait plus qu’Aedan qui répondait présent. Ayden étant trop occupé à être sans cesse en retenue, et Aaron, je l’ignorais tout bonnement. C’était sans compter mes propres projets qui me demandaient énormément de temps et de disponibilités, surtout depuis que je devais faire de réguliers voyages en Amazonie. La nécessité d’avoir des bras en plus à la ferme s’était donc rapidement fait sentir pour moi, au risque d’y laisser ma santé déjà initialement fragile.
Gabriel était donc arrivé à point nommé, et j’étais certaine que Levius le comprendrais. Évidemment, je n’avais pas gérer la situation comme une cheffe d’entreprise, mais il fallait dire que je n’en étais pas une. De plus, j’avais récupéré les affaires de la ferme, en son absence, comme je l’avais pu, avec mes maigres moyens et mes maigres connaissances.
Tout le reste, je m’étais efforcée de le garder en l’état. Comme d’habitude extrêmement attentionnée envers le beau jeune homme, j’avais mis beaucoup d’application et de vigueur dans le fait de ne rien déranger aux habitudes de Levius. Car même si j’ignorais quand est-ce qu’il reviendrait, je savais qu’il serait à nouveau présent à la ferme un jour. En toute connaissance de la sensibilité du garçon, il m’était impensable de modifier quoique ce soit dans ses habitudes, même durant son absence. De plus, encore une fois, l’affaire ne m’appartenait pas. Ce n’était donc pas à moi de déranger toute une organisation qui semblait fonctionner en l’état.
- Bien sûr que je me suis arrangée avec ta grand-mère. Je n’avais pas d’autres choix que de demander de l’aide, tu sais, à cause des études et de mes projets à côté. Gabriel est parfaitement dans son élément à la ferme, il travaille bien. Je marquais une petite pause en remuant légèrement les épaules. Et pour la grange et bien… j’ai beau eu insisté pour le faire dormir dans l’une des chambres, il a toujours obstinément refusé… j’ignore pourquoi dans le fond.
Par avance je savais que je n’étais pas une personne qui savait beaucoup argumenter et convaincre, la faute à ma grande timidité, ma profonde gentillesse et mon empathie très marquée. Alors, au lieu d’insister et de passer pour une chiante, j’avais fini par céder la grange à Gabriel. Je m’étais faite la réflexion, peut-être naïvement, qu’il changerait d’avis avec le temps.
- Je lui ai quand même fait promettre que lorsque le temps deviendra trop froid pour les nuits à la grange, de venir s’installer dans la maison.
Entente passée entre nous, il était encore une fois hors de question que je laisse le jeune homme dormir dans un endroit non chauffé en plein hiver. Certes, il y avait le temps de voir venir, mais j’avais pris cette négociation comme une petite victoire.
Puis, je sursautais à l’arrivée fracassante de Susan. Cette femme avait beau être vieille, sourde et muette, elle n’en était pas moins discrète et effrayante lorsqu’elle le voulait. Reculant alors d’un pas discret, je laissais la grand-mère et son petit-fils discuter en langage des signes, regardant ailleurs pour essayer de traduire le moins possible la conversation. Un peu comme si je faisais la sourde oreille pour un échange vocal qui ne me concernerait pas. Sans mal pourtant, lorsque mes yeux trainaient par profonde curiosité, je voyais la vieille femme réprimander le garçon d’être parti de la sorte. Des fois, j’enviais son caractère. Moi aussi j’aurais aimé l’engueuler de la sorte, l’accrocher et le garder avec moi. Mais voilà, j’étais l’être que j’étais. Faible. Discrète. Écrasée par les événements de la vie que j’accueillais comme des épreuves, les bravant telle une spartiate.
La remise en question faite entre les deux membres de la famille, je tendais le panier d’œufs à Susan qui s’en saisit avant qu’elle ne disparaisse dans la maison. Les mains enfin libres, je venais les joindre devant moi, la tête légèrement enfoncée dans mes épaules, attitude timide et réservée bien connue chez moi, comme si c’était ma propre personne qui venait de se faire houspiller, et non pas Levius.
Voyant le jeune homme se masser l’arrière du crâne, je ne pus m’empêcher de faire naître un sourire compatissant sur mes lèvres avant de venir lui saisir sa main libre, la lui serrant tendrement.
- J’ai fait ce que j’ai pu, je te prie de m’excuser s’il y a du retard… vraiment… j’ai donné tout ce que j’avais mais… voilà, j’ai mes études, ma thèse, mon stage au ministère, la ferme en plus c’était… difficile, de joindre les deux bouts je veux dire. Quant à la serre, je n’ai pas eu de nouvelle d’Ayden et d’Aaron depuis un moment. Seul Aedan vient encore régulièrement. C’est pour ça que l’aide de Gabriel était la bienvenue, j’en avais véritablement besoin. Tu sais l’issue que je risquais sinon… Car Levius connaissait le mal qui me rongeait depuis ma naissance. Confuse et coupable, je baissais les yeux, faisant face au garçon sans lui lâcher la main. Excuses-moi…
Ton de confession, cela ressemblait à une véritable remise en question. Car si Levius était parti peu de temps après mon installation à la ferme, je m’y étais toujours tenue pour responsable. Ma présence ayant sans doute été trop envahissante. Si j’avais fait davantage attention à nous… peut-être que nous n’en serions pas là aujourd’hui. Peut-être que nous vivrions cette idylle dont nous rêvions tous les deux.
Me rendant compte que je m’accrochais à Levius comme à une bouée de sauvetage en pleine tempête, je fis les efforts nécessaires pour le lâcher et lui rendre sa liberté. Cette liberté dont il avait tant besoin et dont je lui avais privé malgré moi. Reculant d’un pas, je sursautais alors légèrement, tressaillement visible par mes épaules, et je relevais des prunelles timides dans sa direction, mon teint rougissant sensiblement.
- D’ailleurs… il faudra me donner un instant… pour que je retire mes affaires de ta chambre.
Dernière bride de notre relation, celle que je n’avais pas eu la force de quitter à son départ, j’étais obstinément restée vivre dans sa chambre. Bien évidemment, je n’avais rien touché et rien dérangé. Mais dormir dans l’illusion de ses bras durant notre séparation m’avait beaucoup rassérénée, et permis de dormir des nuits plus paisibles que si j’avais été ailleurs. Peut-être aurais-je dû y songer plus tôt, lorsque mon couple avec Lubia fut officialisé entre nous… mais, de manière idiote, je n’y avais pas réfléchi un seul instant.
Gabriel était donc arrivé à point nommé, et j’étais certaine que Levius le comprendrais. Évidemment, je n’avais pas gérer la situation comme une cheffe d’entreprise, mais il fallait dire que je n’en étais pas une. De plus, j’avais récupéré les affaires de la ferme, en son absence, comme je l’avais pu, avec mes maigres moyens et mes maigres connaissances.
Tout le reste, je m’étais efforcée de le garder en l’état. Comme d’habitude extrêmement attentionnée envers le beau jeune homme, j’avais mis beaucoup d’application et de vigueur dans le fait de ne rien déranger aux habitudes de Levius. Car même si j’ignorais quand est-ce qu’il reviendrait, je savais qu’il serait à nouveau présent à la ferme un jour. En toute connaissance de la sensibilité du garçon, il m’était impensable de modifier quoique ce soit dans ses habitudes, même durant son absence. De plus, encore une fois, l’affaire ne m’appartenait pas. Ce n’était donc pas à moi de déranger toute une organisation qui semblait fonctionner en l’état.
- Bien sûr que je me suis arrangée avec ta grand-mère. Je n’avais pas d’autres choix que de demander de l’aide, tu sais, à cause des études et de mes projets à côté. Gabriel est parfaitement dans son élément à la ferme, il travaille bien. Je marquais une petite pause en remuant légèrement les épaules. Et pour la grange et bien… j’ai beau eu insisté pour le faire dormir dans l’une des chambres, il a toujours obstinément refusé… j’ignore pourquoi dans le fond.
Par avance je savais que je n’étais pas une personne qui savait beaucoup argumenter et convaincre, la faute à ma grande timidité, ma profonde gentillesse et mon empathie très marquée. Alors, au lieu d’insister et de passer pour une chiante, j’avais fini par céder la grange à Gabriel. Je m’étais faite la réflexion, peut-être naïvement, qu’il changerait d’avis avec le temps.
- Je lui ai quand même fait promettre que lorsque le temps deviendra trop froid pour les nuits à la grange, de venir s’installer dans la maison.
Entente passée entre nous, il était encore une fois hors de question que je laisse le jeune homme dormir dans un endroit non chauffé en plein hiver. Certes, il y avait le temps de voir venir, mais j’avais pris cette négociation comme une petite victoire.
Puis, je sursautais à l’arrivée fracassante de Susan. Cette femme avait beau être vieille, sourde et muette, elle n’en était pas moins discrète et effrayante lorsqu’elle le voulait. Reculant alors d’un pas discret, je laissais la grand-mère et son petit-fils discuter en langage des signes, regardant ailleurs pour essayer de traduire le moins possible la conversation. Un peu comme si je faisais la sourde oreille pour un échange vocal qui ne me concernerait pas. Sans mal pourtant, lorsque mes yeux trainaient par profonde curiosité, je voyais la vieille femme réprimander le garçon d’être parti de la sorte. Des fois, j’enviais son caractère. Moi aussi j’aurais aimé l’engueuler de la sorte, l’accrocher et le garder avec moi. Mais voilà, j’étais l’être que j’étais. Faible. Discrète. Écrasée par les événements de la vie que j’accueillais comme des épreuves, les bravant telle une spartiate.
La remise en question faite entre les deux membres de la famille, je tendais le panier d’œufs à Susan qui s’en saisit avant qu’elle ne disparaisse dans la maison. Les mains enfin libres, je venais les joindre devant moi, la tête légèrement enfoncée dans mes épaules, attitude timide et réservée bien connue chez moi, comme si c’était ma propre personne qui venait de se faire houspiller, et non pas Levius.
Voyant le jeune homme se masser l’arrière du crâne, je ne pus m’empêcher de faire naître un sourire compatissant sur mes lèvres avant de venir lui saisir sa main libre, la lui serrant tendrement.
- J’ai fait ce que j’ai pu, je te prie de m’excuser s’il y a du retard… vraiment… j’ai donné tout ce que j’avais mais… voilà, j’ai mes études, ma thèse, mon stage au ministère, la ferme en plus c’était… difficile, de joindre les deux bouts je veux dire. Quant à la serre, je n’ai pas eu de nouvelle d’Ayden et d’Aaron depuis un moment. Seul Aedan vient encore régulièrement. C’est pour ça que l’aide de Gabriel était la bienvenue, j’en avais véritablement besoin. Tu sais l’issue que je risquais sinon… Car Levius connaissait le mal qui me rongeait depuis ma naissance. Confuse et coupable, je baissais les yeux, faisant face au garçon sans lui lâcher la main. Excuses-moi…
Ton de confession, cela ressemblait à une véritable remise en question. Car si Levius était parti peu de temps après mon installation à la ferme, je m’y étais toujours tenue pour responsable. Ma présence ayant sans doute été trop envahissante. Si j’avais fait davantage attention à nous… peut-être que nous n’en serions pas là aujourd’hui. Peut-être que nous vivrions cette idylle dont nous rêvions tous les deux.
Me rendant compte que je m’accrochais à Levius comme à une bouée de sauvetage en pleine tempête, je fis les efforts nécessaires pour le lâcher et lui rendre sa liberté. Cette liberté dont il avait tant besoin et dont je lui avais privé malgré moi. Reculant d’un pas, je sursautais alors légèrement, tressaillement visible par mes épaules, et je relevais des prunelles timides dans sa direction, mon teint rougissant sensiblement.
- D’ailleurs… il faudra me donner un instant… pour que je retire mes affaires de ta chambre.
Dernière bride de notre relation, celle que je n’avais pas eu la force de quitter à son départ, j’étais obstinément restée vivre dans sa chambre. Bien évidemment, je n’avais rien touché et rien dérangé. Mais dormir dans l’illusion de ses bras durant notre séparation m’avait beaucoup rassérénée, et permis de dormir des nuits plus paisibles que si j’avais été ailleurs. Peut-être aurais-je dû y songer plus tôt, lorsque mon couple avec Lubia fut officialisé entre nous… mais, de manière idiote, je n’y avais pas réfléchi un seul instant.
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Ven 5 Juil 2019 - 15:12
Levius faisait machinalement le tour de la maison, de sorte à les mener au verger. Il y avait de l'instinct dans ces pas là. Le jeune homme se guidait lui-même à la serre sans pleine conscience, trop occupé qu'il était à imprimer la foule d'information et de nouveautés apportées par son amie. Il sentait que tout ceci commençait à lui peser, d'une certaine façon. L'insouciance rompue au retour : même s'il se doutait bien que cela se passerait de la sorte, il avait un peu sous estimé l'ampleur de la chose.
Levius peinait à dispenser sa résistance à tous les postes. La nouvelle de la remise en couple d'Abigail était déjà quelque chose... Que le reste ne soit pas source d'insouciante achevait d’éroder son moral et il sentait que les émotions ne tarderaient pas à venir.
« Je vois... Bon.
Fit-il, la main glissant sur le mur de brique du côté de la maison. Levius ne semblait pas disposer d'assez d'espace mental pour traiter la chose.
En un sens, c'était une invasion de son espace privé. Le jeune homme n'aimait pas l'idée qu'on entre sur son territoire sans qu'il en soit informé. Il se sentait désemparé, mis à nu : exposé plus que sa trop grande sensibilité n'était à même de supporter.
Mais d'un autre côté, il avait bien conscience de la nécessité de tout ceci. L'annonce impliquait un changement brutal et on ne l'avait pas concerté, certes, mais n'aurait-il pas cherché à employer quelqu'un de toute façon ? Cela faisait parti de ses projets à court terme. La fortune l'épargnait d'avoir à attendre de la main d’œuvre : voilà bien une chance.
Gabriel était là et il travaillait déjà. Le beau revers : pourquoi ne le regardait-il pas, au lieu de se focaliser sur une tendance naturelle au hérissement des défenses ?
« Il faudra que je parle avec lui.
Conclu Levius d'un ton définitif. Il détourna néanmoins assez la tête pour offrir à la jeune femme une amorce de sourire, signe implicite qu'elle ne devait pas s'inquiéter. Le jeune homme avait ses besoins et ses humeurs, mais il demeurait avant tout un être raisonnable et surtout foncièrement inoffensif.
Du coin de la maison, les deux jeunes gens quittèrent donc la cour en passant par la haie végétale dans laquelle était taillée une arche. Cela donnait directement sur le verger. En cette saison, les arbres formaient des fruits et l'on pouvait profiter des cerises que les merles n'avaient pas encore manger.
Levius était aux prises avec un vent intérieur qui ne cessait de forcir. Il y avait un goût de tristesse amère dans les choses qu'il voyait. Le plaisir de la redécouverte était gris... Mais ce qui acheva de le bouleverser furent les paroles qui suivirent.
Adossé à un arbre, il se bornait à fixer l'horizon, écoutant sans mot dire les excuses de son amie. Une fois de plus, elle portait sur les épaules le poids de sa propre insouciance. Assurément, Levius se sentait honteux. Fallait-il qu'elle plaide coupable à sa place ? Pourquoi devait-elle tout gérer et ne lui en faire aucun reproche ensuite ? Voilà qu'il se retrouvait dans les bottes d'un enfant, sous l'effet d'une trop grande bonté.
Cela lui faisait de la peine : Levius se dit qu'il aurait préféré qu'on le réprimande franchement, comme l'avait fait sa grand-père. Pourquoi Abigail ne lui en voulait-elle pas d'avoir tant failli ? Bien sûr, elle aimait... Cela devait tout atténuer. Alors, quand elle évoqua le fait de n'avoir (peut-être) pas fait assez attention à eux, il détourna les yeux du ciel pour s'en venir la considérer vivement. L'expression ahurie, la bouche semblant prête à parler, il fronça les sourcils jusqu'au dénouement.
« Abi...
Dit-il. Déglutition pénible. Toutes les choses mises en équilibre venaient de choir. Il baissa les yeux au sol et son expression se froissa, sonnant le temps des larmes. Non, Levius n'avait pas résisté. Il aurait pourtant voulu lui servir le parfait visage, lui faciliter la vie autant que possible... Mais là aussi, on le retrouvait à échouer. Ce garçon là n'était pas de l'espèce de ceux qui vivent déconnectés de leurs émotions.
Les yeux fermés, comme pour retenir le flot, Levius laissait donc s'écouler des larmes. En cet instant, toutes les instances de sa psyché s'affairaient à garder contenance : ne pas craquer franchement, laisser échapper juste ce qu'il faut pour reprendre comme si de rien n'était.
Mais, c'était difficile. Oh, qu'il avait du mal à ne pas pleurer davantage.
« Pardon.
Articula-t-il tout de même, après une longue et pénible minute. Son souffle se laissait aller en courtes saccades, car il se contenait toujours. Ce « pardon » contenait tout, tout ce qu'était leur relation à cette heure. Il faisait mal, mais il était beau.
Levius peinait à dispenser sa résistance à tous les postes. La nouvelle de la remise en couple d'Abigail était déjà quelque chose... Que le reste ne soit pas source d'insouciante achevait d’éroder son moral et il sentait que les émotions ne tarderaient pas à venir.
« Je vois... Bon.
Fit-il, la main glissant sur le mur de brique du côté de la maison. Levius ne semblait pas disposer d'assez d'espace mental pour traiter la chose.
En un sens, c'était une invasion de son espace privé. Le jeune homme n'aimait pas l'idée qu'on entre sur son territoire sans qu'il en soit informé. Il se sentait désemparé, mis à nu : exposé plus que sa trop grande sensibilité n'était à même de supporter.
Mais d'un autre côté, il avait bien conscience de la nécessité de tout ceci. L'annonce impliquait un changement brutal et on ne l'avait pas concerté, certes, mais n'aurait-il pas cherché à employer quelqu'un de toute façon ? Cela faisait parti de ses projets à court terme. La fortune l'épargnait d'avoir à attendre de la main d’œuvre : voilà bien une chance.
Gabriel était là et il travaillait déjà. Le beau revers : pourquoi ne le regardait-il pas, au lieu de se focaliser sur une tendance naturelle au hérissement des défenses ?
« Il faudra que je parle avec lui.
Conclu Levius d'un ton définitif. Il détourna néanmoins assez la tête pour offrir à la jeune femme une amorce de sourire, signe implicite qu'elle ne devait pas s'inquiéter. Le jeune homme avait ses besoins et ses humeurs, mais il demeurait avant tout un être raisonnable et surtout foncièrement inoffensif.
Du coin de la maison, les deux jeunes gens quittèrent donc la cour en passant par la haie végétale dans laquelle était taillée une arche. Cela donnait directement sur le verger. En cette saison, les arbres formaient des fruits et l'on pouvait profiter des cerises que les merles n'avaient pas encore manger.
Levius était aux prises avec un vent intérieur qui ne cessait de forcir. Il y avait un goût de tristesse amère dans les choses qu'il voyait. Le plaisir de la redécouverte était gris... Mais ce qui acheva de le bouleverser furent les paroles qui suivirent.
Adossé à un arbre, il se bornait à fixer l'horizon, écoutant sans mot dire les excuses de son amie. Une fois de plus, elle portait sur les épaules le poids de sa propre insouciance. Assurément, Levius se sentait honteux. Fallait-il qu'elle plaide coupable à sa place ? Pourquoi devait-elle tout gérer et ne lui en faire aucun reproche ensuite ? Voilà qu'il se retrouvait dans les bottes d'un enfant, sous l'effet d'une trop grande bonté.
Cela lui faisait de la peine : Levius se dit qu'il aurait préféré qu'on le réprimande franchement, comme l'avait fait sa grand-père. Pourquoi Abigail ne lui en voulait-elle pas d'avoir tant failli ? Bien sûr, elle aimait... Cela devait tout atténuer. Alors, quand elle évoqua le fait de n'avoir (peut-être) pas fait assez attention à eux, il détourna les yeux du ciel pour s'en venir la considérer vivement. L'expression ahurie, la bouche semblant prête à parler, il fronça les sourcils jusqu'au dénouement.
« Abi...
Dit-il. Déglutition pénible. Toutes les choses mises en équilibre venaient de choir. Il baissa les yeux au sol et son expression se froissa, sonnant le temps des larmes. Non, Levius n'avait pas résisté. Il aurait pourtant voulu lui servir le parfait visage, lui faciliter la vie autant que possible... Mais là aussi, on le retrouvait à échouer. Ce garçon là n'était pas de l'espèce de ceux qui vivent déconnectés de leurs émotions.
Les yeux fermés, comme pour retenir le flot, Levius laissait donc s'écouler des larmes. En cet instant, toutes les instances de sa psyché s'affairaient à garder contenance : ne pas craquer franchement, laisser échapper juste ce qu'il faut pour reprendre comme si de rien n'était.
Mais, c'était difficile. Oh, qu'il avait du mal à ne pas pleurer davantage.
« Pardon.
Articula-t-il tout de même, après une longue et pénible minute. Son souffle se laissait aller en courtes saccades, car il se contenait toujours. Ce « pardon » contenait tout, tout ce qu'était leur relation à cette heure. Il faisait mal, mais il était beau.
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Sam 6 Juil 2019 - 7:26
Il était des moments dans la vie plus difficiles à vivre que d’autres. Levius et moi étions obligés de constater, là, à l’abri du soleil dans le verger, que notre conversation dans le champ n’avait été qu’un petit pansement sur une plaie plus béante que ce que nous aurions cru. Soudainement, en parlant et en observant son comportement, je me sentais comme un bourreau qui tranchait la tête de ses victimes. Pourtant voilà la simple vérité, ma vérité, mon ressenti. N’avait-il pas dit, ce même jeune homme qui fixait le ciel, que je me devais d’être moi-même à chaque instant ? Que la décision de rester à mes côtés ou non n’appartenait qu’aux autres ?
Alors, qu’allait-il faire ce garçon si sensible dont j’étais forcée de mettre devant le fait accompli ?
Le sentiment de tout faire de travers me monta à la gorge, et alors que je devinais les larmes de celui qui avait partagé ma vie durant un temps, les miennes vinrent rougir mes yeux.
Trop empathique et blessée par la situation, je ne pouvais rester de marbre alors que j’avais à ce point accumuler tant de choses en moi, que j’avais fait de véritables efforts… et que ça n’avait mené à rien. Tout le moins, à notre rupture. S’en était d’autant plus triste.
C’est pourquoi, aux excuses du sorcier, je vins me coller à lui, comme je l’avais fait de nombreuses fois avant. Petite fille, je me hissais sur la pointe de mes pieds pour passer mes mains par-dessus ses épaules. Là, je l’entrainais contre moi, des doigts fins glissant dans sa chevelure claire. Il n’avait pas à ce retenir, ce garçon sensible. Car tous les deux, n’étions pas de ceux qui résistent bien longtemps aux événements de la vie. Nous étions ces pétales qui voletaient au gré du vent et de ses caprices. Abîmés, mais jamais vraiment vaincus, nous gardions, ensemble, un éclat obstiné.
Là, dans mes bras, serré contre moi, je lui signifiais que ses larmes n’avaient pas à être contenues. Tout comme les miennes que je laissais glisser silencieusement sur mes joues.
La voilà, la vérité éclatante que nous avons tant refusé de voir et d’admettre. Pourtant, c’était l’évidence même.
Ces perles salées étaient brûlantes et douloureuses, mais elles étaient aussi salvatrices, belles et libératrices, comme nécessaires à notre survie. Nous en avions besoin pour avancer. Pour accepter ce qui fut, ce qui est, et ce qui sera.
- Pardon.
Car j’avais moi aussi mes torts, même s’ils n’étaient peut-être pas aussi importants que ce que mes épaules portaient.
Caresses perdues dans sa chevelure, je le gardais contre moi en cet instant à nouveau suspendu. Plus rien n’existait et plus rien n’avait d’importance, car c’était ce qui arrivait lorsque nous soignons des plaies trop profondes. Celles dont il faut s’occuper pour pouvoir continuer à survivre et à vivre. Je m’accrochais à lui, naufragée, je n’étais plus la capitaine de mon âme. Pourtant la berge n’était pas bien loin et le mauvais temps finissait toujours par s’estomper, pour laisser place au soleil.
J’avais profondément foi en le cycle solaire et stellaire, surtout chez Levius et moi. Dans notre relation, dans ce que nous étions l’un pour l’autre. Ce n’était qu’un temps d’orage, dans le fond.
Après un moment que je jugeais opportun, celui où les sanglots se calmèrent d’eux-mêmes, où la restructuration prenait forme naturellement, je redressais lentement le visage vers le sien. L’embrasser me traversa l’esprit. Un ultime baiser d’adieu, celui qui scellerait définitivement la situation et qui symboliserait le renouveau.
Pourtant, je m’y refusais. Non pas que je m’accrochais au passé, c’était davantage une raison éthique. C’était aussi une prise de risque que de croire que tout pourrait être arrangé avec un geste aussi simple. Peut-être que finalement, ça ne ferait que remuer le couteau dans la plaie. Encore. N’en n’avions-nous pas assez eu ? Aussi… je voulais embrasser les lèvres que d’une seule personne aujourd’hui. Et ce n’était plus Levius.
Je choisissais plutôt de déposer de délicats baisers sur ses paupières. Soigner ses yeux larmoyants pour signifier qu’à présent, tout irait pour le mieux. Qu’à présent, le temps des maux et des douleurs étaient derrière nous, et que nous pourrons avancer, main dans la main. Même si ce n’était plus de la même manière.
D’un fin et rapide sourire, de ceux qui se voulaient rassurant, je ne cessais ce toucher tendre et calme à la pointe de ses cheveux. Bien que ma voix fût brisée par la perte, j’osais murmurer, me voulant rassurante. Pour lui, mais aussi pour moi.
- Ça va aller… tout ira bien maintenant.
Alors, qu’allait-il faire ce garçon si sensible dont j’étais forcée de mettre devant le fait accompli ?
Le sentiment de tout faire de travers me monta à la gorge, et alors que je devinais les larmes de celui qui avait partagé ma vie durant un temps, les miennes vinrent rougir mes yeux.
Trop empathique et blessée par la situation, je ne pouvais rester de marbre alors que j’avais à ce point accumuler tant de choses en moi, que j’avais fait de véritables efforts… et que ça n’avait mené à rien. Tout le moins, à notre rupture. S’en était d’autant plus triste.
C’est pourquoi, aux excuses du sorcier, je vins me coller à lui, comme je l’avais fait de nombreuses fois avant. Petite fille, je me hissais sur la pointe de mes pieds pour passer mes mains par-dessus ses épaules. Là, je l’entrainais contre moi, des doigts fins glissant dans sa chevelure claire. Il n’avait pas à ce retenir, ce garçon sensible. Car tous les deux, n’étions pas de ceux qui résistent bien longtemps aux événements de la vie. Nous étions ces pétales qui voletaient au gré du vent et de ses caprices. Abîmés, mais jamais vraiment vaincus, nous gardions, ensemble, un éclat obstiné.
Là, dans mes bras, serré contre moi, je lui signifiais que ses larmes n’avaient pas à être contenues. Tout comme les miennes que je laissais glisser silencieusement sur mes joues.
La voilà, la vérité éclatante que nous avons tant refusé de voir et d’admettre. Pourtant, c’était l’évidence même.
Ces perles salées étaient brûlantes et douloureuses, mais elles étaient aussi salvatrices, belles et libératrices, comme nécessaires à notre survie. Nous en avions besoin pour avancer. Pour accepter ce qui fut, ce qui est, et ce qui sera.
- Pardon.
Car j’avais moi aussi mes torts, même s’ils n’étaient peut-être pas aussi importants que ce que mes épaules portaient.
Caresses perdues dans sa chevelure, je le gardais contre moi en cet instant à nouveau suspendu. Plus rien n’existait et plus rien n’avait d’importance, car c’était ce qui arrivait lorsque nous soignons des plaies trop profondes. Celles dont il faut s’occuper pour pouvoir continuer à survivre et à vivre. Je m’accrochais à lui, naufragée, je n’étais plus la capitaine de mon âme. Pourtant la berge n’était pas bien loin et le mauvais temps finissait toujours par s’estomper, pour laisser place au soleil.
J’avais profondément foi en le cycle solaire et stellaire, surtout chez Levius et moi. Dans notre relation, dans ce que nous étions l’un pour l’autre. Ce n’était qu’un temps d’orage, dans le fond.
Après un moment que je jugeais opportun, celui où les sanglots se calmèrent d’eux-mêmes, où la restructuration prenait forme naturellement, je redressais lentement le visage vers le sien. L’embrasser me traversa l’esprit. Un ultime baiser d’adieu, celui qui scellerait définitivement la situation et qui symboliserait le renouveau.
Pourtant, je m’y refusais. Non pas que je m’accrochais au passé, c’était davantage une raison éthique. C’était aussi une prise de risque que de croire que tout pourrait être arrangé avec un geste aussi simple. Peut-être que finalement, ça ne ferait que remuer le couteau dans la plaie. Encore. N’en n’avions-nous pas assez eu ? Aussi… je voulais embrasser les lèvres que d’une seule personne aujourd’hui. Et ce n’était plus Levius.
Je choisissais plutôt de déposer de délicats baisers sur ses paupières. Soigner ses yeux larmoyants pour signifier qu’à présent, tout irait pour le mieux. Qu’à présent, le temps des maux et des douleurs étaient derrière nous, et que nous pourrons avancer, main dans la main. Même si ce n’était plus de la même manière.
D’un fin et rapide sourire, de ceux qui se voulaient rassurant, je ne cessais ce toucher tendre et calme à la pointe de ses cheveux. Bien que ma voix fût brisée par la perte, j’osais murmurer, me voulant rassurante. Pour lui, mais aussi pour moi.
- Ça va aller… tout ira bien maintenant.
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Lun 8 Juil 2019 - 21:09
Levius se laissa emmener contre Abigail, courbant l'échine de sorte à pouvoir enlacer les bras autour du corps frêle de son amie. Il sentait qu'elle pleurait à la manière dont sa respiration soulevait sa cage thoracique, trop embarrassé pour oser la regarder au moment où elle succomba à son tour à l'urgence des larmes. C'était comme une autorisation qu'elle venait de lui faire : le garçon n'eut guère besoin de plus. Il resserra son étreinte et pleura tout simplement.
Des larmes chaudes de peine réelle. Des sanglots agités de quelques soubresauts : expression pure d'une agonie intérieure destinée à ne pas durer, certes, mais contre laquelle il ne fallait surtout pas lutter. Levius devait pleurer maintenant pour que la douleur l'épargne plus tard. Il avait besoin de la chaleur tendre d'Abigail pour le rasséréner. Comme une force à garder pour plus tard : un support, un bouclier contre les errances à venir.
Levius ignorait où tout ceci le mènerait, au fond. Il avait beau imaginer le meilleur, son angoisse constitutive de la vie en faisait un éternel craintif. Alors, il s'autorisait à redevenir enfant. Contre le sein d'Abigail, son sanglot s'apaisait peu à peu. La douce caresse des petites mains dans sa chevelure lui procurait un sentiment maternel très tranquille : nourriture de la résilience. Il avait besoin de cela, quand bien même approchait-il les trente ans. Levius était de l'espèce de ces enfants éternel aussi vulnérable à cinq que cinquante ans. La grâce d'Abigail tenait dans l'acceptation et la dévotion parfaite dont elle avait su faire preuve tout au long de leur idylle.
Succombant au besoin d'être guidé, il lui laissa le loisir de rompre l'étreinte. Leurs visages si proches : ils se regardaient, la clarté de leur amour hybride se reflétant dans les yeux de l'un et de l'autre. Un sentiment à la croisé de l'amitié, de la passion (sans luxure) et de la dévotion. Quelque chose d'onirique, vraisemblablement trop éthéré pour pouvoir exister dans le réel.
Levius percevait l'hésitation de son amie à l'embrasser. Lui aussi fut traversé par la chose, car il y avait dans cette posture un goût familier. Céder à un contact aussi simple semblait la plus naturelle des choses, mais le garçon connaissait trop bien son amie pour savoir qu'il ne le fallait pas. Elle n'était pas de ceux qui compartimentent les sphères de leur existence.
Lui-même n'était pas certain d'en avoir besoin... Envie oui, bien entendu, mais besoin : non. Il devait se faire à la rupture et cela passait par le traçage d'une ligne claire entre eux. Aucun d'eux ne gagnerait quoique ce soit à brouiller les pistes (à terme)... Car sur le moment, il était clair que cela aurait achevé de le réconforter. Peut-être même se serait-il senti fort : assez pour braver l'engagement adverse (qui sait). Mais non. Levius savait bien distinguer les élans de la raison et la décision de son amie lui apparut comme le plus sage des compromis.
« Oui... Oui, ça va aller.
Dit-il, essuyant le coin de ses yeux du revers de la manche, après avoir soulevé ses lunettes rondes. Levius eut un long soupir : il se remettait de ses émotions.
« Pardon. Je... Enfin... Je ne voulais pas en faire trop. Enfin... Tu me connais, je sais que... Enfin... Peu importe.
Il eut un petit rire embarrassé, car il devenait gauche et ne savait pas quoi dire (quoique, c'était précisément l'inverse : il voulait tout dire en même temps).
« Je ne veux pas te chasser. Dit-il. Tu peux rester dans ma chambre si tu veux. Je...
Le jeune homme se mit à fureter à droite et à gauche, comme si les mots qu'il cherchait se cachaient dans les feuillages alentour.
« Je veux que tu te sentes à l'aise. S'il te plaît, je... Reste... à la ferme... Je veux dire : tu es chez toi ici. Je ne sais pas ce que tu avais en tête, mais... Reste.
Des larmes chaudes de peine réelle. Des sanglots agités de quelques soubresauts : expression pure d'une agonie intérieure destinée à ne pas durer, certes, mais contre laquelle il ne fallait surtout pas lutter. Levius devait pleurer maintenant pour que la douleur l'épargne plus tard. Il avait besoin de la chaleur tendre d'Abigail pour le rasséréner. Comme une force à garder pour plus tard : un support, un bouclier contre les errances à venir.
Levius ignorait où tout ceci le mènerait, au fond. Il avait beau imaginer le meilleur, son angoisse constitutive de la vie en faisait un éternel craintif. Alors, il s'autorisait à redevenir enfant. Contre le sein d'Abigail, son sanglot s'apaisait peu à peu. La douce caresse des petites mains dans sa chevelure lui procurait un sentiment maternel très tranquille : nourriture de la résilience. Il avait besoin de cela, quand bien même approchait-il les trente ans. Levius était de l'espèce de ces enfants éternel aussi vulnérable à cinq que cinquante ans. La grâce d'Abigail tenait dans l'acceptation et la dévotion parfaite dont elle avait su faire preuve tout au long de leur idylle.
Succombant au besoin d'être guidé, il lui laissa le loisir de rompre l'étreinte. Leurs visages si proches : ils se regardaient, la clarté de leur amour hybride se reflétant dans les yeux de l'un et de l'autre. Un sentiment à la croisé de l'amitié, de la passion (sans luxure) et de la dévotion. Quelque chose d'onirique, vraisemblablement trop éthéré pour pouvoir exister dans le réel.
Levius percevait l'hésitation de son amie à l'embrasser. Lui aussi fut traversé par la chose, car il y avait dans cette posture un goût familier. Céder à un contact aussi simple semblait la plus naturelle des choses, mais le garçon connaissait trop bien son amie pour savoir qu'il ne le fallait pas. Elle n'était pas de ceux qui compartimentent les sphères de leur existence.
Lui-même n'était pas certain d'en avoir besoin... Envie oui, bien entendu, mais besoin : non. Il devait se faire à la rupture et cela passait par le traçage d'une ligne claire entre eux. Aucun d'eux ne gagnerait quoique ce soit à brouiller les pistes (à terme)... Car sur le moment, il était clair que cela aurait achevé de le réconforter. Peut-être même se serait-il senti fort : assez pour braver l'engagement adverse (qui sait). Mais non. Levius savait bien distinguer les élans de la raison et la décision de son amie lui apparut comme le plus sage des compromis.
« Oui... Oui, ça va aller.
Dit-il, essuyant le coin de ses yeux du revers de la manche, après avoir soulevé ses lunettes rondes. Levius eut un long soupir : il se remettait de ses émotions.
« Pardon. Je... Enfin... Je ne voulais pas en faire trop. Enfin... Tu me connais, je sais que... Enfin... Peu importe.
Il eut un petit rire embarrassé, car il devenait gauche et ne savait pas quoi dire (quoique, c'était précisément l'inverse : il voulait tout dire en même temps).
« Je ne veux pas te chasser. Dit-il. Tu peux rester dans ma chambre si tu veux. Je...
Le jeune homme se mit à fureter à droite et à gauche, comme si les mots qu'il cherchait se cachaient dans les feuillages alentour.
« Je veux que tu te sentes à l'aise. S'il te plaît, je... Reste... à la ferme... Je veux dire : tu es chez toi ici. Je ne sais pas ce que tu avais en tête, mais... Reste.
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Re: Never Ending Story [Terminé]
Ven 12 Juil 2019 - 9:59
Nous connaissons toujours la valeur de ce que nous avons lorsque nous le perdons. C’était une vérité nue et froide qui vint me glacer l’échine alors que mon regard fusionnait encore avec celui de Levius. Entre ciel et terre. Cependant là, j’en vins à me demander si nous avions réellement vécu une perte, ou si ce n’était pas un renouveau. Pleurons-nous les fleurs qui se fanent sachant qu’elles vont renaître et être peinte de mille couleurs ? Je n’en étais pas certaine. C’était au contraire un espoir renaissant. Une réjouissance que de se dire que, bientôt, un nouveau cycle prendra le relai de celui en cours. De pouvoir s’enchanter face à une nouvelle vie qui reprend, sans pour autant que la tige ne meurt. Car c’était bien cela qui m’unissait au garçon qui s’essuyait les yeux devant moi en bredouillant. Nous étions de la même racine, de la même branche. Même fleurs intrigantes, et pourtant si différentes.
Avec douceur je souriais au sorcier tandis que je captais sans le moindre mal sa peine à s’exprimer. J’étais moi aussi confuse en cet instant. Voilà pourquoi je gardais obstinément les lèvres scellées. À quoi bon parler quand tout a été dit et confié ? Quand enfin l’espoir peut renaître. Les levers et couchés de soleil ne méritaient aucun autre accompagnement que celui de l’émerveillement silencieux. La beauté ne s’exprimait pas par les mots, elle se vivait.
Ma bouche s’étira à son rire gêné, puis mes mains vinrent se joindre devant moi, juste au niveau du ventre, tandis qu’il se confiait à moi. Laissant son regard s’échapper, le mien en fit de même alors qu’il plongeait vers l’horizon. Cette ligne que je voulais atteindre pour m’y réfugier, et ne plus en revenir.
La tête sensiblement penchée sur le côté, j’adoptais un ton de voix calme et posé, tranquille et confiant. J'essayais de ne pas m'émouvoir du vœu du garçon qu'était celui que je ne parte pas. Je n'avais aucune intention de partir. Aucune intention de le quitter. Aucune intention que quoique ce soit ne change pour le moment.
- Je ne me sens pas chassée Levius… je ne veux pas déménager, tout le moins, il n’est pas question de cela pour l'instant… et je doute que ce soit le cas avant un moment. Je respectais l’envie de liberté de Lubia, et même s’il m’arrivait de passer du temps sur son bateau, je ne m’étais pas permise de m’installer d’une quelconque façon. Je ne m’imposerais pas à elle, tout comme je ne l’avais pas fait avec le garçon en face de moi. Il était toutefois hors de question que je partage le même lit que lui maintenant, même si une partie de mon cœur hurlait de le faire. J’avais toujours pu dormir de manière extraordinairement sereine dans ses bras. Observant deux papillons passer non loin de nous, un nouveau sourire simple se dessina sur mes lèvres. Je veux juste te rendre ta chambre, ton coin à toi. Rassures toi, je n’ai touché à rien. J’irais simplement emprunter l’une des autres, je pensais celle le plus au Sud, celle qui a le plus de soleil.
Le botaniste savait à quel point je redoutais la nuit. Le fait de pouvoir contempler les rayons de l’astre solaire le plus longtemps possible suffirait à me rasséréner le plus longtemps possible. Tout du moins, j’avais la naïveté de le croire.
Un jour, il allait vraiment falloir que je remédie à tout cela. Nous avions commencé une thérapie, Levius et moi, mais notre relation, puis son départ, avait considérablement ralenti puis stoppé l’exercice. Avec tous les devoirs que j’avais dû mener de front, je n’avais guère eu le temps de me consacrer à tout cela jusqu’à aujourd’hui. N’étais-je pas en train de me négliger ? Ou alors était-ce une manière de fuir ma situation que de faire à ce point trop d’activité ?
Je l’ignorais… et je décidais de répondre à ces interrogations par un pied de nez, reprenant alors mon chemin en direction de la serre. Lieu que nous voulions initialement atteindre.
Essayant une nouvelle fois de clore le sujet douloureux, j’inspirais longuement, captant chaque odeur florale autour de nous.
- En réalité il n’y a pas beaucoup de commandes en retard, j’ai surtout fait au plus urgent. Donc les commandes qui restent sont celles où il y a encore de la marge avant la date butoir. M’approchant du cadrant de la serre, je le pivotais sur la méditerranée, avant d’entrer dans le bâtiment en ferraille. Dans la serre tropicale il y a un ara bleu, c’est celui d’Aedan, il a éclos ici. Il est bien plus heureux ainsi que dans des températures écossaises comme les nôtres. Je souriais un peu à l’attention de mon compagnon avant de reprendre. Et ici nous avons un Clabbert à présent. Nous l’avons récupéré dans les souterrains d’Hungcalf.
Avec douceur je souriais au sorcier tandis que je captais sans le moindre mal sa peine à s’exprimer. J’étais moi aussi confuse en cet instant. Voilà pourquoi je gardais obstinément les lèvres scellées. À quoi bon parler quand tout a été dit et confié ? Quand enfin l’espoir peut renaître. Les levers et couchés de soleil ne méritaient aucun autre accompagnement que celui de l’émerveillement silencieux. La beauté ne s’exprimait pas par les mots, elle se vivait.
Ma bouche s’étira à son rire gêné, puis mes mains vinrent se joindre devant moi, juste au niveau du ventre, tandis qu’il se confiait à moi. Laissant son regard s’échapper, le mien en fit de même alors qu’il plongeait vers l’horizon. Cette ligne que je voulais atteindre pour m’y réfugier, et ne plus en revenir.
La tête sensiblement penchée sur le côté, j’adoptais un ton de voix calme et posé, tranquille et confiant. J'essayais de ne pas m'émouvoir du vœu du garçon qu'était celui que je ne parte pas. Je n'avais aucune intention de partir. Aucune intention de le quitter. Aucune intention que quoique ce soit ne change pour le moment.
- Je ne me sens pas chassée Levius… je ne veux pas déménager, tout le moins, il n’est pas question de cela pour l'instant… et je doute que ce soit le cas avant un moment. Je respectais l’envie de liberté de Lubia, et même s’il m’arrivait de passer du temps sur son bateau, je ne m’étais pas permise de m’installer d’une quelconque façon. Je ne m’imposerais pas à elle, tout comme je ne l’avais pas fait avec le garçon en face de moi. Il était toutefois hors de question que je partage le même lit que lui maintenant, même si une partie de mon cœur hurlait de le faire. J’avais toujours pu dormir de manière extraordinairement sereine dans ses bras. Observant deux papillons passer non loin de nous, un nouveau sourire simple se dessina sur mes lèvres. Je veux juste te rendre ta chambre, ton coin à toi. Rassures toi, je n’ai touché à rien. J’irais simplement emprunter l’une des autres, je pensais celle le plus au Sud, celle qui a le plus de soleil.
Le botaniste savait à quel point je redoutais la nuit. Le fait de pouvoir contempler les rayons de l’astre solaire le plus longtemps possible suffirait à me rasséréner le plus longtemps possible. Tout du moins, j’avais la naïveté de le croire.
Un jour, il allait vraiment falloir que je remédie à tout cela. Nous avions commencé une thérapie, Levius et moi, mais notre relation, puis son départ, avait considérablement ralenti puis stoppé l’exercice. Avec tous les devoirs que j’avais dû mener de front, je n’avais guère eu le temps de me consacrer à tout cela jusqu’à aujourd’hui. N’étais-je pas en train de me négliger ? Ou alors était-ce une manière de fuir ma situation que de faire à ce point trop d’activité ?
Je l’ignorais… et je décidais de répondre à ces interrogations par un pied de nez, reprenant alors mon chemin en direction de la serre. Lieu que nous voulions initialement atteindre.
Essayant une nouvelle fois de clore le sujet douloureux, j’inspirais longuement, captant chaque odeur florale autour de nous.
- En réalité il n’y a pas beaucoup de commandes en retard, j’ai surtout fait au plus urgent. Donc les commandes qui restent sont celles où il y a encore de la marge avant la date butoir. M’approchant du cadrant de la serre, je le pivotais sur la méditerranée, avant d’entrer dans le bâtiment en ferraille. Dans la serre tropicale il y a un ara bleu, c’est celui d’Aedan, il a éclos ici. Il est bien plus heureux ainsi que dans des températures écossaises comme les nôtres. Je souriais un peu à l’attention de mon compagnon avant de reprendre. Et ici nous avons un Clabbert à présent. Nous l’avons récupéré dans les souterrains d’Hungcalf.
- InvitéInvité
Re: Never Ending Story [Terminé]
Lun 15 Juil 2019 - 17:59
Levius ne répondit rien, se contentant d'observer le ballet incessant des abeilles sur l'arbre voisin, tandis qu'Abigail évoquait le changement de chambre. Il sentait bien que tout ceci était dans l'ordre des choses, mais cela lui faisait tout de même une étrange impression.
Il n'avait pas envie de la chasser et même s'il allait sans dire que récupérer son espace personnel faisait parti de ses besoins, il se sentait gêné. Dans son esprit; cela revenait à s'imposer au dessus d'elle, ou quelque chose comme ça. Levius culpabilisait toujours de déranger les autres, mais d'un autre côté, il savait pertinemment que tout ceci était plus irrationnel qu'autre chose.
Chaque chose devait retourner à sa place. Entre eux, c'était comme avant la mise en couple : Levius dormirait dans sa chambre et Abigail dans une autre. Rien de plus naturel, dans le fond : ils avaient passé plus d'années à fonctionner en duo amical qu'amoureux. En toute hypothèse, les vieilles habitudes reprendraient certainement le dessus très rapidement.
C'est donc imprégné d'un brin de perplexité morose, mais résolu, que Levius acquiesça aux déclarations de son amie. La chambre au sud lui irait très bien : elle verrait toute la trajectoire du soleil depuis la fenêtre.
« Entendu...
Répondit-il donc pensivement, tandis qu'ils arrivaient à la serre. Levius regarda ensuite Abigail tourner le cadran sur le quartier méditerranéen » d'un air satisfait (ce biome était sans conteste son préféré). L'intérieur était conforme à son souvenir. Levius sentait enfin qu'il était bien rentré chez lui. Il était plein d'une impression de quiétude profonde et vive. Comme un bonheur tiède qui gagnerait peu à peu chacune de ses extrémités en partant du cœur.
Comme ils progressaient tranquillement dans les allées, il s'assurait que chaque chose était en place en promenant son regard un peu partout. Cela se voyait qu'en dépit des tracas, il était heureux.
« Un ara ? Dit-il. J'aime bien les perroquets... C'est intelligent. Il faudra surveiller ce qu'il mange à la fin de l'été. Certains fruits sont toxiques pour les Psittacinae.
Levius adressa une caresse à un arbuste, qui réagit en émettant un genre de ronronnement étrange.
« Vous avez visiblement vécu quelques aventures atypiques pendant mon absence.
Ajouta-t-il d'un air rêveur, quand son amie évoqua le clabbert. Levius adorait les animaux et cela l'enchantait toujours d'en ajouter à son environnement. Tant que ces derniers ne détérioraient pas l'équilibre de la serre, il n'y voyait aucun inconvénient (mais puisque tout le monde était compétent en botanique et magizoologie dans son entourage, il n'avait aucune raison de s'en faire).
« Je m'occuperai des commandes dès demain... Fit-il, revenant au sujet (un peu moins engageant) de la gestion. J'enverrais Myriel ce soir pour réquisitionner des hiboux de livraison et... ça ira.
Il acquiesça d'un air assuré (bien que son regard sembla toujours parfaitement dissout dans le vague). Quelques secondes s'égrainèrent ensuite. C'était un peu comme si le temps s'était suspendu pour permettre à Levius d'achever la formation d'une idée. Il finit par regarder Abigail, néanmoins, et esquisser un petit sourire.
« Oui... Tout ira bien. Rentrons à la maison, maintenant.
Il n'avait pas envie de la chasser et même s'il allait sans dire que récupérer son espace personnel faisait parti de ses besoins, il se sentait gêné. Dans son esprit; cela revenait à s'imposer au dessus d'elle, ou quelque chose comme ça. Levius culpabilisait toujours de déranger les autres, mais d'un autre côté, il savait pertinemment que tout ceci était plus irrationnel qu'autre chose.
Chaque chose devait retourner à sa place. Entre eux, c'était comme avant la mise en couple : Levius dormirait dans sa chambre et Abigail dans une autre. Rien de plus naturel, dans le fond : ils avaient passé plus d'années à fonctionner en duo amical qu'amoureux. En toute hypothèse, les vieilles habitudes reprendraient certainement le dessus très rapidement.
C'est donc imprégné d'un brin de perplexité morose, mais résolu, que Levius acquiesça aux déclarations de son amie. La chambre au sud lui irait très bien : elle verrait toute la trajectoire du soleil depuis la fenêtre.
« Entendu...
Répondit-il donc pensivement, tandis qu'ils arrivaient à la serre. Levius regarda ensuite Abigail tourner le cadran sur le quartier méditerranéen » d'un air satisfait (ce biome était sans conteste son préféré). L'intérieur était conforme à son souvenir. Levius sentait enfin qu'il était bien rentré chez lui. Il était plein d'une impression de quiétude profonde et vive. Comme un bonheur tiède qui gagnerait peu à peu chacune de ses extrémités en partant du cœur.
Comme ils progressaient tranquillement dans les allées, il s'assurait que chaque chose était en place en promenant son regard un peu partout. Cela se voyait qu'en dépit des tracas, il était heureux.
« Un ara ? Dit-il. J'aime bien les perroquets... C'est intelligent. Il faudra surveiller ce qu'il mange à la fin de l'été. Certains fruits sont toxiques pour les Psittacinae.
Levius adressa une caresse à un arbuste, qui réagit en émettant un genre de ronronnement étrange.
« Vous avez visiblement vécu quelques aventures atypiques pendant mon absence.
Ajouta-t-il d'un air rêveur, quand son amie évoqua le clabbert. Levius adorait les animaux et cela l'enchantait toujours d'en ajouter à son environnement. Tant que ces derniers ne détérioraient pas l'équilibre de la serre, il n'y voyait aucun inconvénient (mais puisque tout le monde était compétent en botanique et magizoologie dans son entourage, il n'avait aucune raison de s'en faire).
« Je m'occuperai des commandes dès demain... Fit-il, revenant au sujet (un peu moins engageant) de la gestion. J'enverrais Myriel ce soir pour réquisitionner des hiboux de livraison et... ça ira.
Il acquiesça d'un air assuré (bien que son regard sembla toujours parfaitement dissout dans le vague). Quelques secondes s'égrainèrent ensuite. C'était un peu comme si le temps s'était suspendu pour permettre à Levius d'achever la formation d'une idée. Il finit par regarder Abigail, néanmoins, et esquisser un petit sourire.
« Oui... Tout ira bien. Rentrons à la maison, maintenant.
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