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My secret romance (Nigrippa)
Mar 13 Juin 2017 - 23:08
Je ne suis encore jamais allé dans les serres de Hungcalf. En cinq ans. Ça craint un peu, non ? Enfin, la botanique n’est pas dans mes options, et c’est un peu une salle de classe pour les étudiants qui ont la main verte, donc ça s’explique. Je ne savais pas qu’on avait le droit d’y aller en dehors des cours, en fait, juste pour regarder les plantes bizarres qui poussent là. Une chose est sûre, les plantes moldues sont bien plus belles à regarder. Les plantes magiques ressemblent à Mr. Grmpf, souvent, avec des ridules et des bosses partout. Du moins, celles que je regarde en ce moment d’un air absorbé pour ne pas montrer aux trois autres personnes qui traînent là que je suis en train d’attendre quelqu’un. Je déteste attendre. En fait, non, ça va, mais pas quand la dernière fois que j’ai attendu la personne en question, elle ne s’est tout simplement pas pointée. Pourquoi tant de mystères, je me le demande, mais je suis comme tout le monde, j’aime pas me prendre un râteau. Surtout quand on ne sait pas qui on attend, et qu’on se redresse avec un sourire et un regard plein d’espoir dès que quelqu’un passe devant soi, alors qu’il ne s’agit pas du tout de la personne espérée, et qu’on vous jette un œil en coin en se demandant si vous avez un problème. Je lui en veux un peu pour ça, à mon inconnu. Mon admirateur secret. Oui, c’est trop mignon, j’avoue. Ça me fait fondre intérieurement, même si je m’interroge sérieusement ces derniers temps de savoir si c’est pas seulement un crétin qui me fait tourner en bourrique pour se foutre de moi. Mais bon, j’ai passé toute ma scolarité à Ilvermony à attendre qu’un jour un truc romantique du genre me tombe sur la gueule, donc je vais pas cracher dessus maintenant que ça arrive. Ça me fait penser aux teenage movies que mon père m’emmenait voir au cinéma parce qu’il ne savait pas comment me parler. J’aimais plutôt ça, à l’époque, même si j’étais incapable de l’admettre. J’ai toujours eu la fibre romantique, mais j’ai jamais eu le courage de le dire avant. J’étais un vrai petit con, ado, j’avais peur que ça nuise à ma réputation. Je n’avais pas vraiment de réputation, à part celle du mec que tout le monde déteste. Que de bons souvenirs.
Cette fois, s’il ne se pointe pas dans les dix minutes, je me barre. C’est ce que je me promets, mentalement, tout en asticotant une plante carnivore qui tente de me mordre par tous les moyens, mais je suis trop rapide pour elle. C’est sûr, je ne vais pas poireauter des heures comme la dernière fois, même si ça m’a plutôt porté chance, à défaut d’avoir un admirateur secret plus secret, je me suis déniché une copine. Avec qui ça n’a pas collé plus de deux semaines, mais ça reste agréable. Peut-être que ça n’a pas collé parce que c’est parti de la déception de ne pas avoir rencontré ce fameux admirateur. Je ne serais pas là, une seconde fois, si je n’avais pas envie de savoir qui c’est. C’est stupide, mais je ne lui en veux même pas de m’avoir lâché au dernier moment, parce qu’il s’est excusé par écrit. Pardonner, c’est bien. C’est ce que Dieu veut. Bon, ça fait dix minutes. J’attends encore une minute et je m’en vais. Ou peut-être cinq. Allez, cinq. « Ramène-toi, ducon », je marmonne, un demi-sourire aux lèvres alors que mon index échappe pour la énième fois aux mâchoires de la plante carnivore.
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Re: My secret romance (Nigrippa)
Mer 14 Juin 2017 - 0:42
Courageusement planqué derrière une grosse plante en pot pleine de pustules qu'il prend garde à ne pas effleurer — elles lâchent un liquide acide qui diminuerait franchement ses chances de séduire qui que ce soit s'il s'en prenait en plein visage —, Agrippa voit Mint revenir discrètement à lui. Il s'accroupit pour récupérer le petit serpent et lui demande quelle semble être l'humeur de Nigel, qui lui tourne le dos. Après tout, la dernière fois qu'il a glissé un mot sous la porte de sa chambre pour lui proposer un rendez-vous à l'aveugle, il lui a posé un lapin. C'était l'année dernière, et il a bien essayé d'abandonner toutes ses idées concernant Nigel depuis, mais il est tenace, il revient toujours au premier plan dans son esprit. À la demande d'Agrippa, sa sœur lui a promis une vie de solitude et de malheurs s'il ne tentait pas enfin sa chance, alors il a ressorti sa plume et son parchemin — son courage a de sérieuses limites, il n'a même pas envisagé la méthode frontale. Il a décidé que, quitte à se prendre un méchant râteau, il voudrait au moins ne pas avoir de regret. Lorsqu'il considère la situation désespérée de son cousin Esben, il voit bien à quel point tout ça, l'amour, les relations entre les gens, ça ne tient qu'à un fil. Toujours est-il que Nigel a des raisons d'être mécontent et Agrippa se demande s'il n'a pas pris la peine de se déplacer cette fois-ci que pour lui jeter un maléfice dès qu'il se présentera. Mint lui assure que Nigel semble seulement impatient, mais Agrippa n'est qu'à moitié rassuré. Qu'est-ce qu'un serpent peut comprendre aux émotions humaines ? Même lui, il n'y comprend rien. Nigel est peut-être seulement impatient de le jeter dans la gueule d'une plante carnivore.
Agrippa inspire et sort de derrière sa plante, l'air de rien. Il a choisi le lieu du rendez-vous pour avoir une bonne raison de se trouver là au cas où Nigel se pointerait mais que, 1) il avait bel et bien l'air d'être là pour se venger, 2) lui-même se décourageait à nouveau. Il est à deux doigts de filer hors de la serre et de lui refaire le coup de la dernière fois mais, la dernière fois, Mint était en planque et lui a dit ce qui s'est passé : Nigel s'est dégoté une fille. Cette fois, Agrippa aimerait éviter d'arranger un coup au mec qui lui plaît avec quelqu'un d'autre que lui. Mais il a beau être plus près du but qu'il ne l'a jamais été, il n'arrive pas à se résoudre à lui avouer qu'il est le mec bizarre qui lui glisse des mots doux sous sa porte. Le problème, c'est qu'il est Agrippa Popplewell, et il n'a aucune idée de ce que Nigel pense de lui, de quelles rumeurs il a entendues et crues sur son compte. Le problème, c'est qu'ils se connaissent depuis cinq ans et se côtoient à peu près tous les jours dans leur salle commune et leur cours de médias, même si en l'occurrence « connaître » et « côtoyer » sont de bien grands mots. Le problème, c'est qu'il faut sans doute être un mec un peu tordu pour lorgner sur quelqu'un pendant cinq ans tout en le traitant comme un banal élément du décor au quotidien. Agrippa sent Mint serrer son étreinte autour de son poignet comme pour l'encourager, ou le menacer, ce qui revient au même. Il écrase deux doigts dans un pot de terre pour s'en étaler négligemment sur une joue, histoire d'avoir l'air en plein travail, et s'approche finalement de Nigel. Son manège a beaucoup trop duré.
Il pose une main sur son épaule, comme il l'aurait fait pour faire se retourner un ami, comme si ça ne l’électrisait pas de le toucher. « Nigel ? » Il hésite une seconde de trop, ou peut-être trois, dix, mille. Est-ce qu'il lui dit tout ? Est-ce qu'il se lance maintenant ? Non. Putain non. Nigel est beaucoup trop beau et ça le déstabilise, et ça lui fait penser qu'il n'a aucune chance de lui plaire, aucune chance de lui faire comprendre qu'il n'y a rien de malsain à son obsess... son intérêt pour lui, aucune chance point final. « Euh... Qu'est-ce que tu fous ici, tu t'intéresses aux plantes maintenant ? » il lance avec un sourire incrédule. Du moins c'est ce qu'il essaie de faire, mais il ne sait pas ce que ça donne avec les nerfs qui tendent tous les muscles de son visage. Il a les oreilles qui fument et le cœur qui panique. J'suis grillé j'suis grillé j'suis grillé, c'est sûr j'suis grillé. Derrière Nigel, la petite plante carnivore qu'il asticotait mâchouille son haut. Agrippa s'approche un peu de lui pour coller une pichenette à la sournoise. « Fais gaffe, je crois que tu lui plais. » Et sur ces mots, il pique un fard pas possible.
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Re: My secret romance (Nigrippa)
Mer 14 Juin 2017 - 10:49
Nigel ?, j’entends derrière moi, et j’ai du mal à cacher le sourire trop grand qui vient de se plaquer sur mon visage. Je prends une seconde avant de me retourner, en me rappelant que je devrais quand même essayer d’avoir l’air un peu fâché pour la dernière fois, histoire de pas passer pour un mec facile. Ce que je suis, mais on va éviter de le crier sur tous les toits. Je me rends même pas compte que la voix que je viens d’entendre m’est familière, trop perdu entre mon cœur qui bat à cent à l’heure et la concentration qu’il faut pour savoir la tête que je fais sans me voir. Allez, un sourire toutes dents dehors, tant pis, je peux pas cacher mon enthousiasme à ma possible âme sœur. C’est pas rien, c’est mon admirateur secret, quand même. « Hey… », je commence avant de me retourner, « Agrippa ? », je termine en haussant un sourcil. C’est jamais désagréable de voir Agrippa, mais. Attendez, c’est lui ? J’ai toujours cru qu’il n’en avait rien à foutre de moi, on est même pas vraiment potes. Fin, je crois pas, on discute en cours et au club de son cousin, et c’est à peu près tout. Un salut de temps en temps, quoi. Je digère la nouvelle aussi vite que je peux et me remets à sourire niaisement en remarquant la terre sur son visage. C’est plutôt trop mignon. Wait. Il a de la terre sur la tronche, ça veut dire qu’il est là depuis longtemps, ça veut dire qu’il était en train de bosser. J’oublie tout le temps qu’il est en botanique, à cause de son option en médias moldus et sorciers, qui est la seule qu’on ait en commun, d’ailleurs. C’est pas lui. Je l’indiffère. Mon sourire s’efface à sa question, qui confirme carrément mes craintes. Il me demande pourquoi je suis là, ce que mon admirateur secret en théorie doit savoir, puisque c’est lui qui a fixé le lieu de rendez-vous. Il m’a encore posé un lapin. Je le hais. Non, c’est pas vrai, mais j’aimerais bien. En tout cas, je vais encore avoir l’air con. « Euh… Je cherche de l’inspiration ! J’ai eu l’idée d’écrire un bouquin sur euh… une plante carnivore qui tomberait amoureuse d’un humain. » Oui, je devrais demander au prof de théâtre pour travailler l’improvisation. Mais j’ai pas envie que tout le monde sache que je me suis pris un deuxième râteau, ça craint, surtout si mon mystérieux admirateur fait ça pour se payer ma tête. Et merde, c’est sûrement ça.
Je tente de cacher ma déception face à Agrippa, reste digne, je me répète en boucle, et je fais de mon mieux pour conserver un léger sourire. Wow, qu’est-ce qu’il fout ? Il se rapproche. Pour m’embrasser ? C’est lui, finalement ? Je comprends plus rien. Sois naturel, NA-TU-REL, j’ai dit. Fausse alerte, il essaye seulement de me sauver des attentions énamourées de la petite plante carnivore de tout à l’heure. Je crois que j’ai un trou dans mon T-shirt, maintenant. Je crois que je suis rouge vif, aussi. L’avantage d’être métis, c’est que ça se voit pas trop. Je pense. Agrippa est un peu rouge, lui aussi. Ou je me fais des idées, je dois commencer à voir rouge avec toute cette histoire, je sais pas. « Merci. Tu as, hm, de la terre sur la joue. » Je tends la main pour lui essuyer la joue, mais je n’arrive qu’à étaler la terre encore plus sur sa peau et je grimace devant mon propre échec. Bah, c’est assez sexy, sinon, ça lui donne un air de militaire en plein combat. Comme dans les films qu’on allait voir avec mon père, quand je lui ai avoué que je n’aimais pas trop les teenage movies. « Désolé, j’arrive pas à la faire partir, et je pense pas que tu veuilles ma salive sur ta gueule. » Je ferais mieux d’arrêter de parler, parfois, je sais. Je me penche doucement vers lui pour lui causer à voix basse, en jetant un coup d’œil autour de moi. Je ne parviens pas à savoir où ils se cachent, les auteurs de cette blague, mais je n’ai pas envie de rentrer dans leur jeu. « Dis, je veux pas que tu croies que j’écris ce genre de bouquins. En fait, j’attends quelqu’un. J’attendais, je suppose, mais je crois qu’on me fait marcher et qu’il doit y avoir tout un petit groupe en train de se marrer planqué dans un coin. Du coup, tu peux pas faire comme si tu m’avais demandé de venir ? Je te revaudrai ça, promis juré craché. » Je crache dans ma main avant de me souvenir que c’est dégueulasse de faire ça et de l’essuyer sur la première plante venue. « Je te jure que j’ai pas un truc avec la salive, c’est un réflexe moldu. »
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Re: My secret romance (Nigrippa)
Jeu 15 Juin 2017 - 18:48
À ce stade, il aurait aussi bien pu tout avouer. Il vient quasiment d'avouer, non ? Je crois que tu me plais, avec ton grand sourire et tes yeux qui pétillent. Il aurait aimé que Nigel lise en lui comme dans un livre ouvert, qu'il comprenne tout, qu'il comprenne qu'il ne fait pas exprès d'être un imbécile et qu'il ne lui veut aucun mal. Plutôt tout le contraire. Mais il faut croire qu'il joue trop bien la comédie. Il a noté la façon dont il a effacé le sourire du visage de Nigel quand il l'a obligé à inventer un prétexte à sa présence dans la serre, et le voilà à culpabiliser. Maintenant, il sait qu'il n'osera jamais lui dire la vérité. Nigel lui en voudrait trop, et il aurait de quoi. Agrippa se dit que s'il avait un retourneur de temps, il rejouerait la scène, il ferait en sorte de faire s'élargir encore le sourire de Ni quand il le verrait. En tout cas, il lui éviterait d'avoir à se sentir mal à l'aise et abandonné et ridiculisé. Ce n'était tellement pas ce qu'il voulait. Mais il n'est pas prêt à subir les conséquences de son indécision et de sa lâcheté, ça a toujours été le problème. Et tant qu'à faire, s'il peut même retourner la situation en sa faveur...
Il cache au mieux sa gêne lorsqu'il marmonne « Oh, bonne idée... » au prétendu projet d'histoire de Nigel, mais il en est incapable lorsqu'il voit sa main venir caresser sa joue. Non, pas caresser, essuyer. N'empêche que son cœur rate un battement et le rouge de ses joues s'intensifie. Il a l'impression d'être une bouilloire à pleine ébullition. Si Nigel refait un truc comme ça, il va se mettre à siffler. Il profite de la première occasion pour relâcher la pression et éclate de rire beaucoup trop fort — enfin, ce que vient de dire Nigel n'était pas si drôle non plus, et pourtant les quelques autres étudiants occupés dans la serre se retournent tous sur eux. « Hm. Pas grave, j'ai l'habitude d'avoir de la terre sur la gueule, t'inquiète. » Il essaie de parler plus calmement pour conserver un semblant de dignité. La vérité, c'est qu'il voudrait bien de la salive de Nigel sur le visage, et il est assez fier d'avoir réussi à ne pas divulguer l'information — quelque chose lui dit que ça l'aurait un brin trahi.
Mais pourquoi il s'approche ? Mais. Mais. Arrête. Il fait un tout petit pas en arrière quand Nigel se penche pour lui faire des messes basses. Trop tard. Trop près. Tiens, ça sent comme l'amortentia. Ça aussi, il parvient à le ravaler au dernier moment. Il s'applaudit mentalement pour cette retenue épatante. Si ça continue, il va peut-être réussir à fuir la serre sans s'être révélé. Ouais. Youpi. Sauf qu'il écoute Nigel et son visage se décompose, et son cœur se ramollit comme un biscuit tombé dans une tasse de thé. Le pauvre. Putain le pauvre. Agrippa a l'impression d'être un seigneur du mal, d'être toutes les choses affreuses qu'on l'accuse d'être, d'être la pire ordure de Hungcalf ou même du monde sorcier. Et puis il faudrait qu'il arrête de lui parler de sa salive, parce que ça le fait loucher sur sa bouche. À cet instant précis, il sait qu'il devrait lui dire : « Écoute, Nigel, je suis désolé, je t'ai vraiment demandé de venir et personne ne se moque de toi. » Mais ça ne veut pas sortir. À la place, il finit par hausser les épaules : « Ouais, t'inquiète. C'est qu'un con celui qui te fait ça. Ou celle. Ou ceux. » Il n'est pas censé savoir qu'il s'agit d'un mec, c'est vrai.
Et puis il se rappelle du compte-rendu de Mint suite au rendez-vous manqué de la dernière fois, de la façon dont Ni s'est fait consoler par une fille. Une idée lumineuse lui traverse l'esprit. Cette fois, c'est son tour, il sera cette fille. Non, il ne sera pas une fille. Il sera ce mec. Ce mec qui réconforte Ni et l'invite à se changer les idées en sa compagnie. Il sait que ce n'est pas très moral mais, après tout, si au bout du compte tout le monde est content, ça ne doit pas être si mal. Il sourit à Ni et lui tapote l'épaule. « Laisse tomber, les gens sont cons. De toute façon, j'ai fini ce que je faisais. Tu veux faire un tour dans les serres à l'accès contrôlé ? Je peux t'y faire entrer, j'ai un projet dedans. Y a des trucs plus fun que la petite là. » Il désigne la petite plante carnivore qui mâchouille encore un morceau de tissu. « C'est l'occas' de te faire arracher le tee shirt, tu veux pas rater ça. » Il est à deux doigts de se taper la tête contre un mur pour ses derniers mots. Heureusement, il n'y a pas de mur à proximité. Pour tenter de rattraper le coup, il demande : « T'es un peu moldu, du coup ? » C'est peut-être bien la première fois qu'il ose lui poser une question personnelle. C'est un bon début.
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Re: My secret romance (Nigrippa)
Jeu 15 Juin 2017 - 22:29
C’est bizarre, je ne me souviens pas d’un jour où Agrippa m’ait porté autant d’attention. Je l’ai toujours trouvé un peu froid, Agrippa, toujours à agir étrangement en ma présence, comme si j’avais un bout de salade coincé en permanence entre les dents et qu’il n’avait surtout pas envie d’être celui qui me le dirait. Du genre à changer de côté quand je m’approche de lui dans la salle commune. C’est dans ces moments-là qu’on se demande si on pue et qu’on tente de se sniffer discrétos les aisselles, en fronçant déraisonnablement le nez. Il est beau, quand il rit, même s’il rit bizarrement fort et que tout le monde dans la serre se retourne sur nous. Je ne sais même pas ce que j’ai dit de si drôle, mais il a peut-être un truc avec la salive, lui aussi. Je devrais peut-être le draguer pour me venger de l’autre enfoiré qui refuse de se pointer. Ouais. Je vais draguer Agrippa. Qui a un problème obscur avec moi depuis toujours. Bah, c’est l’occasion de lui demander ce que je lui ai fait pour l’indifférer à ce point. Mais il est cool, en fait, il me dit pas d’aller me faire voir quand je lui demande mon petit service. Ça va, je suis pas assez con pour croire à toutes les rumeurs qui circulent sur son compte, mais il a une réputation de merde. Disons que c’est comme quand un film avec des centaines de mauvaises critiques nous plaît, c’est surprenant. Agréablement surprenant. Je suis mal placé pour juger, en plus, j’ai eu mon lot de rumeurs dégueulasses, à Ilvermony. De il mange des bébés chauve-souris à c’est un gros connard. Bon, ça, c’était vrai. Mais je vais accorder le bénéfice du doute à Agrippa, parce que Dieu a dit que les apparences sont trompeuses. Ou quelque chose comme ça.
Allez, hop, Nigel, fais ton sourire charmeur et papillonne des cils, il le vaut bien. Il veut me faire une visite guidée des serres à l’accès contrôlé, et je fais le mec cool en haussant les épaules, l’air de dire pourquoi pas, surtout ne pas montrer que ça m’enchante grave. Je ne serai pas un mec facile, Agrippa Popplewell, tu ne m’auras pas avec des plantes carnivores géantes. Si, un peu quand même, et je lâche un « T’aimerais trop ça » à sa remarque sur l’arrachage de T-shirt. Quoi ? Ça ressemblait à du flirt, non ? Ou je me fais des idées. Je me fais très possiblement des idées, après tout, il me semble avoir entendu dire qu’Agrippa était cent pour cent hétéro, dragueur relou de ces dames et womanizer à ses heures perdues. Mais ce sont des ragots de couloirs, encore, qu’est-ce qu’ils en savent, au fond ? Je lui jette un regard du coin de l’œil en le suivant jusqu’à la porte de la serre attenante, en me disant que ça me donnera la réponse. Ça ne m’apprend rien de nouveau. Il pourrait pas avoir GAY écrit en gros sur la tronche, non ? Ou hétéro, au moins je serais fixé. Je plisse les yeux à sa question. Déjà, c’est la première fois qu’il me pose une question. La première fois qu’il a l’air de s’intéresser à moi. La première fois qu’il me parle autant d’affilée, en fait. Ensuite, je croyais que je portais l’inscription FILS DE MOLDU sur la gueule depuis que j’ai dit à tout le monde que les robes de sorciers, c’était carrément top ringard. Sérieusement, j’ai aucune fringue qui vient du monde sorcier. « Mon père est un moldu. C’est une rockstar, aux States. Plus ou moins. » Je lui lance un sourire en coin. « Tu l’as d’viné à quoi ? », et je lui fais une petite tape sur l’épaule, du genre qu’on se fait entre gars virils pour se traiter gentiment d’abrutis. « Et toi, t’es vraiment fourchelang ? » Je fais un signe de tête vers le serpent enroulé à son bras, que j’ai envie de gratouiller depuis tout à l’heure, mais je suppose que ça se fait pas. Surtout s’il peut parler et se plaindre de moi. Je ferais pas ça à un humain sans son autorisation, alors pourquoi le faire à un serpent, aussi mignon soit-il. « Paraît que c’est pour ça qu’on doit te regarder de travers. Ça a l’air plutôt cool, pourtant. » Y a quelques années, j’aurais trouvé ça cool justement parce que ça faisait du détenteur de ce don un outsider, quelque chose qui aurait pu m’isoler encore davantage du monde que mon caractère de merde, une vraie raison d’être à part, en quelque sorte. Aujourd’hui, c’est plutôt du Dieu aime tout le monde, alors moi aussi, na. Oui, je suis niais. Quoique, cette histoire a peut-être un rapport avec la Genèse. A méditer.
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Re: My secret romance (Nigrippa)
Jeu 27 Juil 2017 - 16:23
T’aimerais trop ça.
Alerte rouge alerte rouge t'es grillé Agrippa. Dans les deux sens du terme apparemment parce qu'il a les joues cramoisies et il se tape une suée. Il réfléchit et il décide que sa seule alternative là tout de suite c'est de balancer un sortilège d'amnésie à l'élu de son cœur et de se barrer en courant. Oh transplaner c'est une bonne idée aussi, est-ce qu'on peut le faire ici déjà ? Il n'a jamais essayé. Il voit Nigel plisser les yeux et ça confirme toutes ses craintes, il est en train d'ajouter deux et deux et il va comprendre tout son manège. Mais non, en fait Nigel passe à autre chose, sa tentative de diversion a réussi finalement. Quel talent Agrippa, il se félicite. « Sérieusement, une rock star ? » Et puis il capte l'ironie de la question de Ni. « Tu l’as d’viné à quoi ? » C'est vrai que Nigel penche un peu plus du côté moldu du spectre que les sorciers comme lui ou même Esben, dont les parents ont pourtant tenté de faire un moldu convaincant. Mais des sorciers qui portent des vêtements moldus au quotidien il y en a beaucoup parmi ceux de leur génération. Même Agrippa en porte, juste mêlés à d'autres choses moins communes dans la mode moldue, des capes d'hiver et d'été trouées du multitudes de poches notamment parce qu'il aime beaucoup ça, les poches, pour cacher Mint et des graines et d'autres babioles dedans. Par contre il a déjà remarqué que Nigel sortait des gadgets bizarres de ses poches à lui ou de son sac de cours et il lui semble même qu'il n'écrit pas avec une plume. Il lui lance un regard un brin vexé et il se contente de hausser les épaules en guise de réponse.
Il reçoit une claque quand Ni lui demande s'il est fourchelang, il a peur de le lui confirmer et de le faire détaler comme un lapin, Merlin sait que ça arrive de temps en temps. Mais Ni poursuit et il lui met du baume au cœur, pas juste parce que le regarder lui fait toujours un peu cet effet-là mais parce qu'il lui dit qu'il a l'air cool et même chez les moldus et aux États-Unis c'est quelque chose de positif, non ? Alors Agrippa lui adresse un sourire timide en hochant la tête et il lève son poignet devant lui pour montrer à Ni le petit serpent enroulé là comme un bracelet. Il dit en fourchelang : « Viens te présenter, Mint, » et Mint se déroule, se dresse pour que sa petite tête arrive au niveau des yeux de Ni et reste là quelques seconde, sa langue minuscule sifflant dans l'air de façon quasi imperceptible. Agrippa le comprend lui et il ricane. « Désolé. Euhm. Il t'a dit bonjour. Et que t'es pas mal. » Il a hésité à lui avouer mais après tout lui il n'a rien dit. Sauf que les serpents ne trouvent pas les humains séduisants évidemment et si Mint a dit ça, c'est parce qu'il sait qu'Agrippa le pense. Tant pis. Finalement c'est un peu son but de se faire griller, juste pas trop non plus.
« Allez viens je te montre mon projet, si ton père est musicien peut-être que ça te parlera. » Il le guide dans la serre qui n'est accessible ni aux petits nouveaux ni à ceux qui n'étudient pas la botanique. Dans la serre il y a une autre étudiante en train de s'occuper de ses plantes. Agrippa lui fait juste un signe de tête auquel elle ne répond pas et il soupire, encore une qui ne l'aime pas par principe. Son coin à lui se trouve vers le fond. Là se trouvent plusieurs sortes de cactus, magiques et ordinaires pour la comparaison, et puis une guitare et un vieux poste radio CD. « Tu vois je connais des trucs de moldus. Bon c'est embêtant il est bruyant mon projet et ça dérange les gens, du coup j'avance pas très vite, mais... » Il jette un œil à la jeune femme. Tant pis pour elle et de toute façon elle ne l'aime déjà pas. Il met un CD des Ramones et laisse Nigel admirer les mouvements des cactus qui se mettent à osciller joyeusement dans leurs pots, à se cogner les uns aux autres et se faire basculer et rouler sur la table. Il en sauve un de la chute de justesse et se retourne en souriant de toutes ses dents à Nigel, fier comme tout.
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Re: My secret romance (Nigrippa)
Sam 29 Juil 2017 - 22:11
Je m’arrache littéralement la lèvre à la mordiller de façon intempestive parce que je crois bien que je l’ai un brin vexé avec ma réplique de mec cool à deux balles. Pas de sarcasme, le sarcasme, c’est le mal. Je le sais bien, en plus, il y a souvent des gens qui le prennent mal, ça dépend du caractère et de l’humeur. Et merde, j’essaye de faire en sorte qu’Agrippa m’aime bien, non ? Ou en tout cas m’aime un peu plus que ce qu’il a l’air de m’aimer d’habitude. Alors je me précipite vers le premier sujet qui me passe par la tête : son don. Son don trop cool mais qui attise la haine, pour une raison qui m’a toujours échappé. AH, mais il sourit, il sourit, mission accomplie. Je suis pardonné. Peut-être. Puis se passe cette scène surréaliste où Agrippa me fout son serpent sous le nez (c’est drôle à dire, comme ça), et je regarde cette petite chose trop mignonne qui siffle dans l’air avec un sourire attendri (c’est encore plus bizarre à dire, je sais). Agrippa se met à rire et je me dis que son serpent doit faire des blagues sur moi à mon insu, avant qu’il ne traduise, du moins. Je plisse les yeux. Je suis séduisant pour un reptile ? S’il pouvait transférer son avis sur moi à son maître, ça serait super. Juste histoire qu’il ne change plus de côté dans la salle commune et qu’il me parle à la place. « Oh, bonjour, euh. Il s’appelle comment ? » Je ne sais pas de quoi je me plains, puisqu’Agrippa parle, aujourd’hui, en fait. Il me propose même d’aller voir son projet dans la serre interdite aux étudiants de mon espèce. Je me retiens de sautiller pour montrer ma joie.
Mon visage doit passer de l’incrédulité la plus totale à la première note des Ramones à un sourire de véritable gamin de cinq ans à qui on dit qu’il y a de la glace comme dessert. J’aimerais parfois être moins capable de montrer mes émotions. C’est comme si elles explosaient sur ma figure pour s’exposer aux yeux de tous. Heureusement, ce n’est pas trop gênant, là. « C’EST. TROP. COOL. MEC. GENRE LE TRUC LE PLUS COOL DE MA VIE. » Je dois un peu gueuler pour que ma voix porte au-dessus de la musique, mais je sais qu’Agrippa comprendra à mes gesticulations et mon expression beaucoup trop réjouie. Mais c’est des cactus qui dansent. Des cactus qui font des pogos. Je regrette un instant mes paroles, parce que je ne veux pas qu’il croie que ma vie est insipide au point que des cactus qui dansent soient le truc le plus cool qui s’y soit produit. Finalement, je hausse les épaules. De toute façon, c’est un peu le cas. Et puis, voir le sourire ravi et trop fier d’Agrippa, ça vaut le détour aussi. Je ne sais pas s’il me plaît – bon, si, j’avoue, il me plaît, physiquement du moins. J’ai jamais eu trop l’occasion d’apprendre à le connaître. C’est juste que jusqu’à maintenant le fait qu’il me déteste, ou qu’il semblait me détester, ou qu’il me déteste et qu’il a seulement eu pitié de moi aujourd’hui (c’est encore à définir) ne me laissait pas vraiment espérer. Mon sourire s’efface sous le poids de la réflexion insupportable pour mon cerveau et je me penche pour éteindre la musique afin de pouvoir parler sans forcément crier. « Dis. Hm. Pourquoi tu m’aimes pas ? » Ok, Nigel, c’est peut-être un peu violent comme entrée en matière. « Enfin, je veux dire. En général. J’ai souvent l’impression que t’as un problème avec moi, du coup, euh, je sais pas si j’ai fait quelque chose de mal ou quoi ? » Je roule des yeux en m’écoutant parler, je raconte que de la merde, c’est pas possible. « Enfin, je veux dire. D’habitude. Parce qu’aujourd’hui t’as pas l’air d’être aussi distant. Et j’aime plutôt ça. » Oui. Je m’améliore.
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