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Weakness # regibal
Dim 5 Nov 2017 - 1:02
Mes pas résonnaient dans les couloirs silencieux du niveau deux et ma cape se soulevait légèrement au rythme de mon avancée. A cette heure matinale, peu d'employés étaient déjà présents. Il n'y avait guère que les mordus de travail comme moi qui n'hésitaient pas une seconde à se lever tôt pour gagner des points auprès de leurs supérieurs. Pas que j'en avais spécialement besoin -la satisfaction de mon supérieur direct m'était déjà acquise - mais il s'agissait de réussir à satisfaire la directrice du département. Et celle-là était plutôt coriace. Elle ne cessait de me faire sentir que jamais mon travail ne sera assez bien pour elle, alors qu'en toute honnêteté, elle devait faire appel à des trésors d'imagination pour trouver de pseudos failles dans mes dossiers. Le simple fait de devoir lui rendre un papier me donnait de l'urticaire. Pourtant, mon objectif aujourd'hui était tout autre. Si je m'étais levé aux aurores, c'était avant tout pour être le premier sur place. Après tout, j'étais attendu. Ou plutôt, je me faisais attendre en toute connaissance de cause. Car dans les cellules de la brigade se trouvait un individu qu'il me tardait de réveiller en grandes pompes. Dire que je jubilais d'avance était en de-ça de la réalité. La nuit avait été agitée dans les rues d'Inverness, la brigade avait été appelée sur place pour des débordements qui risquaient d'alerter les idiots de moldus qui logeaient non loin. Bien entendu, mon équipe était de la partie et des heures durant, nous avons du nettoyer les rues et renvoyer les sorciers chez eux. Certains d'entre eux, beaucoup trop énervés, avaient du être maitrisés et envoyés en cellule. Perdu dans toute cette agitation, une silhouette familière avait attiré mon intention... Cristobal Lovingblow. Dans toute sa splendeur de pathétisme. Apparemment au mauvais endroit au mauvais moment, il peinait à se tenir debout et si mes collègues m'incitèrent à l'ignorer et à le laisser se débrouiller par lui-même, la vision de ce déchet humain me laissa perplexe. Comment pouvait-on ne serait-ce que se mettre dans un état pareil? N'écoutant que ma haine pour cet homme que je connaissais depuis bien des années, j'avais décidé de mon propre chef de le sortir de ces rues et de l'emmener là où cette vision ne choquerait personne. En cellule. Peu importait qu'il soit employé au Ministère lui aussi. Ce bon à rien n'avait rien à faire dans la rue, surtout pas dans cet état-là. Quand on ne connaissait pas ses limites, autant ne pas boire du tout.
Bientôt arrivé dans le couloir menant aux cellules, je m'arrêtais devant celle qui m'intéressait. Ouvrant la porte d'un mouvement élégant de baguette, mes pupilles claires se posèrent sur la silhouette allongée du sorcier. Il était apparemment encore endormi. Après lui avoir balancé sa cape et sa baguette que j'avais récupérées lors de son arrestation, je m'exclamais sans douceur, une pointe de cynisme dans la voix: "Debout, Lovinblow! Tu as bien assez dormi comme ça. Tu as de la chance que je te réveille avant que tu ne commences ta journée de travail, si cela n'avait tenu qu'à moi, je t'aurais gardé encore quelques heures.." Je soupirais doucement, une grimace clairement désapprobatrice sur le visage. Cet homme me dégoûtait. Il représentait tout ce que je détestais chez un sorcier de son genre: pathétique, sans classe, sans ambition et perdu dans des addictions stupides. "Regarde-toi, tu es pathétique... Enfin, il faut que tu passes dans mon bureau avant de partir, alors dépèche-toi de te lever." En effet, la procédure voulait que je lui pose quelques questions sur ce qu'il avait pu voir pendant la nuit, et surtout, il devait signer une décharge. Histoire qu'en plus, je puisse récupérer quelques dossiers sur lui. Des preuves de sa déchéance. Rien n'était jamais une petite information quand il fallait détruire la réputation de quelqu'un. Certes, pour l'instant, je n'avais pas spécialement d'intérêt à m'attaquer à lui. Pourtant, il fallait penser à l'avenir. Mon ambition était telle que toute information était bonne à conserver. Alors derrière mes sourires hypocrites et charmeurs, mes yeux et mes oreilles n'étaient jamais fermés. Mon regard détailla le visage rongé de mon adversaire en sachant pertinemment que cette énième conversation ne pourrait tourner qu'au conflit, comme toujours.
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