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Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Sam 25 Nov 2017 - 13:39
Viviane Griffith
Je suis une sorcière| scénario
« Thank you terror. Thank you disillusionment. Thant you frailty. Thank you consequence. Thank you, thank you silence. »
WIZARD CARD INFORMATIONS | Ellcrys ◈ Teresa Palmer |
MY STORY IS NOT LIKE THE OTHERS
Mai 2017 – New York.
L’East River s’écoulait paisiblement sous le pont de Brooklyn. L’eau murmurante, la caresse du vent, la danse des pétales de cerisier tombant comme de la neige. Viviane s’imprégnait avec délice de ces plaisirs simples, rendant grâce de pouvoir à nouveau y goûter. Il fût un temps où ses sens avaient été morts à ses yeux. Où elle n’avait plus été capable d’apprécier la délicatesse d’une crème fouettée, de se réconforter dans la chaleur d’une tasse de café, de s’émouvoir au son du canon de Pachelbel, ne serait-ce même que de sourire à la vue du reflet de la lune sur l’eau. Elle avait été morte en dedans, son âme déchirée en deux, la moitié de son être détruite, l’autre moitié se demandant s’il était vraiment souhaitable de continuer à vivre… Et à ses côtés se trouvait à présent l’homme qui l’en avait convaincue.
Le visage d’Amicus paraissait impassible, mais Viviane savait que c’était l’expression d’un sourire intérieur. Ses sourcils se fronçaient lorsqu’il était préoccupé. En ce moment, ses traits droits et fins étaient détendus, son regard brillant reflétant les lumières de Manhattan, ses lèvres entrouvertes respirant l’air du soir. Viviane fût prise d’un soudain besoin de l’embrasser, auquel elle ne tenta même pas de résister. Tout son corps s’emballa alors qu’il la serrait dans ses bras. Une flamme brûlant du fond de sa poitrine, incendiant tout son être, faisant tambouriner son cœur. Viviane sourit en le sentant battre. C’était également une sensation qu’elle avait de nouveau appris à chérir.
« Je t’aime. » murmura le souffle chaud d’Amicus dans son cou.
« Je t’aime aussi. » lui répondit Viviane, son visage pressé contre son épaule.
Elle ne se sentait plus coupable de le lui dire.
Elle avait passé des mois à avoir l’impression de lui mentir, de trahir Cristobald chaque fois que ces mots passaient ses lèvres. Il lui avait fallu de nombreuses nuits sans sommeil pour l’accepter : Cristobald faisait partie d’une autre vie. Une vie qu’elle ne retrouverait plus jamais. Elle avait été morte. Et même si elle avait survécu, vivre sans lui avait été une seconde agonie en soit, plus longue, et sans fin. C’était Amicus qui l’avait, lentement, peu à peu, ramenée à la vie. Et chaque « je t’aime » que Viviane lui disait était un « merci ».
« Je veux t’épouser. »
Viviane avait entendu ce que venait de dire Amicus. Elle avait senti la chaleur de ses mots sur son oreille et dans ses cheveux. Il lui fallut pourtant plusieurs secondes pour les comprendre. Elle se détacha doucement de son épaule, sondant son visage dans la faible lumière des lampadaires. Pour la première fois de sa vie, elle y vit de la peur. Il avait peur de sa possible réponse.
« Merlin, tu es sérieux ! » murmura-t-elle.
« Oui. Je sais que ça ne fait qu’un an, mais je sais aussi que je ne veux jamais te quitter… Je veux vivre avec toi. Je veux vieillir avec toi… Dis-moi oui. »
Amicus n’avait jamais été du genre à s’épancher sur les mots. Mais chacun de ceux qu’il avait prononcé avaient empli Viviane d’une telle joie, d’un tel bonheur, qu’elle savait que la question ne se posait pas. Tout son être voulait lui répondre oui. Mais là était la question. Il ne connaissait pas tout être. Viviane s’en rendait compte, elle ne pouvait plus lui mentir. Plus maintenant.
« Viviane, ça va ? Tu es devenue affreusement pâle ! »
Viviane se laissa guider jusqu’à un banc faisant face à la rivière. Son esprit était en proie à une tempête de vents contraires, la confusion lui faisant tourner la tête. Elle ne pouvait lui mentir. Mais elle n’avait pas d’autre choix que de lui cacher la vérité. Sa seconde vie ne tenait qu’à son secret. Mais le garder était perdre l’homme qu’elle s’était mise à aimer, et mourir à nouveau…
« Je ne m’appelle pas Vivane. » s’entendit-elle dire sans avoir senti ses lèvres bouger.
« …Quoi ? » demanda Amicus après un moment, l’inquiétude se mêlant à la surprise dans sa voix grave.
« Je m’appelle Hannah St-Arnaud… et je t’aime. » lui dit-elle en le regardant dans les yeux, comme si ces deux phrases étaient les deux seules vérités gouvernant sa vie, comme si le lui dire avec son véritable nom ne signifiait plus « merci de m’avoir sauvée » mais véritablement « voici qui je suis, je t’aime. »
Juillet 2004 – Beauxbatons, France.
Hannah porta un dernier regard sur la splendeur du château qui avait été sa deuxième maison pendant sept ans. Ses délicates façades aussi claires que la lune, son fantastique écrin de montagnes s’élevant dans le ciel, aussi fières et majestueuses que les élèves de l’école. Le bleu serein du ciel d’été rivalisait avec celui de leurs uniformes, qu’Hannah portait pour la dernière fois. Derrière elle, l’immense carrosse et ses grandioses abraxans s’apprêtaient à ramener les élèves chez eux.
Hannah tourna finalement le dos au château de Beauxbâtons, sentant sa force et sa splendeur comme la pousser vers son avenir, comme si l’école elle-même lui donnait des ailes de pégase. Française par sa mère, elle avait appris à discipliner sa magie à Beauxbâtons. Anglaise par son père, elle était déterminée à l’affiner à l’université d’Hungcalf, en Ecosse.
Hannah monta avec grâce les marches du carrosse, et alla s’installer auprès de ses camarades de dernière année. Le carrosse s’ébranla, et très vite, un sentiment de soudaine légèreté accompagna le silence soudain des roues. Les cimes des Pyrénées disparurent peu à peu, ne laissant place qu’au bleu du ciel derrière la vitre, immense, paisible, infini. Si Hannah savait qu’il lui faudrait laisser son uniforme chez elle, elle savait que ce bleu resterait toujours à ses côtés. Le bleu de l’eau du port de la Rochelle. Le bleu de la soie de Beauxbâtons. Le bleu du ciel, peu importe où elle irait. Ce bleu l’accompagnerait toujours.
Décembre 2010 – Hungcalf, Ecosse.
Du haut des tribunes, Hannah scruptait le bleu du ciel que renvoyaient ses iris de saphir. Ce même bleu qui l’avait accompagné toute sa vie. Ce bleu qui était aujourd’hui fendu, strié, ciselé par les joueurs du match Grymms contre Wrights. Partout dans le stade, milles et une couleurs éclataient. Hannah elle-même baignait dans une mer de rubis, rose rouge dansant avec les autres dans le vent de leur chant de gloire.
Le bleu n’avait finalement pas été fait pour elle. C’était la surprise qui l’avait d’abord gagnée, lorsque l’encre rouge sang des Wrights était apparu sous sa signature à son inscription à Hungcalf. Puis l’incompréhension l’avait habitée pendant plusieurs années, ne se reconnaissant pas dans les festivités déchaînées de sa maison, dans la prise de risque inconsidérée de nombres de ses élèves et de ses joueurs.
Hannah s’était appliquée à ses études de Médicomagie, ne vivant plus que pour les louanges de ses professeurs et le respect de ses camarades. C’est ce qui l’avait amenée à comprendre pourquoi elle avait été choisie pour la maison de Bowman Wright. Elle était assoiffée d’attention. Elle aspirait à l’admiration. Digne élève de Beauxbâtons, elle ne se voyait que par le regard des autres. Elle ne pouvait s’aimer si cet amour ne brillait pas dans les yeux de ses semblables. Si elle avait la force de se regarder en face dans l’insondable miroir de ses désirs, c’était sans aucun doute ce qui l’avait poussée à choisir la voie de la Médicomagie. La reconnaissance d’un sorcier à qui l’on vient de sauver la vie. La recherche désespérée d’un réconfort ne tenant qu’à un mot de ses lèvres. Le soulagement à la disparition de la souffrance par l’action de sa baguette, de sa potion, ou de sa formule.
Le rouge attirait l’attention, autant que la beauté de son visage et la pertinence de ses remarques. La maison des Wrights lui correspondait bien.
Février 2011- Hungcalf, Ecosse.
Hannah n’avait pas tardé à revenir au bleu. Indéniablement, irrémédiablement. Le bleu. Le bleu calme sans nuage des Lufkins. Le bleu imperturbable des yeux de Cristobald. Tout comme l’eau attise une flamme trop chaude, le caractère froid de Cristobald avait attisé l’affection d’Hannah en un brasier ardent de passion. Elle qui ne l’avait jamais remarqué durant toutes ses années ne pouvait à présent plus penser à quoique ce soit d’autre. Il lui semblait qu’elle était aveugle tant qu’elle ne pouvait pas le voir. Qu’elle n’avait plus besoin de parler à qui que ce soit d’autre que lui. Qu’elle ne se nourrissait non plus d’eau et de victuailles, mais de sa simple présence. Elle était fascinée par l’énigme de son visage impassible. Sa timidité était pour elle de l’honnêteté, comparé à ceux clamant haut et fort n’importe quelle pensée avant d’y avoir même réfléchi. Sa discrétion était pour elle un signe d’assurance, comparé à ceux se sentant forcés de proclamer et de brailler pour cacher leur maladresse. Il parlait peu, mais écoutait beaucoup, et réfléchissait encore plus. S’opposant à elle en tout point, Hannah l’admirait pour tout ce qu’il était, et le remerciait intérieurement de l’empêcher ainsi de tomber dans tous ses vices et ses excès. Elle avait désespérément besoin de lui. Il la complétait parfaitement.
Octobre 2015 – Inverness, Ecosse.
Hannah n’y voyait plus. Plus la moindre couleur, plus la moindre forme. Ne plus y voir. Être aveugle. Ce n’était même pas l’absence de lumière, un ensemble noir. C’était comme expliquer le vide au toucher. Ce n’est pas de l’air. Ce n’est ni froid, ni chaud. La pensée humaine n’est pas conçue pour envisager le rien, le néant. C’était ce qu’Hannah voyait. Rien.
Elle était restée prostrée là où elle s’était tenue, toujours dans sa robe de guérisseuse, désormais adossée au pied d’un fauteuil, ses genoux remontés sur sa poitrine, sa tête reposant dans le creux de ses bras. Attendant le retour de Cristobald du Ministère.
Comment avait-elle pu être si stupide ? Sainte Mangouste l’avait rendue bête de fatigue. Elle avait cru à un numéro de la Gazette du Sorcier, avec le nom du Ministre et sa photo dépassant du dessous d’une pile de papier. Ce ne fût que lorsque le parchemin s’était illuminé qu’elle avait compris son erreur. Il l’avait littéralement aveuglée d’une lueur insoutenable. Hannah avait aussitôt reconnu un sortilège de sécurité et avait lâché le parchemin. Mais sa vue n’était pas revenue. Elle se souvenait des images fantômes envoyées par son cerveau. Le mot « Immortels » avec une majuscule. « Horcruxe » quoi que cela pouvait bien signifier. Et un grand « SECRET » tamponné sur le tout. Ce qu’elle avait cru être une édition de la Gazette était un des dossiers du Département des Mystères de Cristobald. Et s’il n’avait pas le contre-sort, il était fort probable que ce soit la dernière chose qu’elle lirait jamais…
Hannah n’avait plus conscience du temps qui s’écoulait. On ne se rendait pas compte à quel point on se reposait sa vue pour voir les aiguilles tourner, le soleil descendre, la lumière diminuer… Lorsque finalement la porte s’ouvrit, les pas de Cristobald étaient plus précipités, plus chaotiques que d’habitude. Sa voix inquiète l’appelait. Lorsqu’elle l’appela en retour, elle devina au calme soudain de Cristobald qu’il avait compris ce qui lui était arrivé.
« Finite. » Le doux murmure de Cristobald lui ramena la vue.
D’abord les couleurs, puis ses traits. Le bleu de ses yeux. Son regard inquiet. Apeuré. Hannah était si bouleversée, si soulagée de pouvoir y voir qu’elle n’avait pas écouté ce qu’il lui avait raconté. Ce n’était pas dans le genre de Cristobald de parler tant et si vite.
« Hannah, il faut partir ! Nous devons fuir ! »
Novembre 2015 – Lieu inconnu
Hannah regardait le jour se lever, Cristobald profondément endormi à ses côtés. Elle le laissait se reposer. Les heures de sommeil leur avaient été rares et perturbées depuis leur fuite. La peur les avait poursuivi avec autant de ténacité que les aurors du Ministère. Ils n’étaient jamais restés longtemps au même endroit, changeant systématiquement de noms, d’apparence, même parfois de statut. Les fiancés avaient fréquemment prétendu être frère et sœur pour brouiller les pistes. Hannah, quant à elle, était passée du blond, trop repérable, à un roux sombre presque châtain. Les pays et les climats avaient défilés à une vitesse déconcertante. La chaleur tropicale d’une île isolée dans l’Atlantique, le froid sec et tranchant d’une vallée enfoncée des Alpes, la nuit éternelle des extrémités arctiques de la Norvège, les forêts toujours vertes de la côte est du Canada, et à présent, le silence des plaines infinies du Midwest américain. Ils avaient laissé leur maison derrière eux, abandonné toute famille et toutes leurs connaissances. Mais pourtant, elle ne se sentait pas complètement déracinée, songea Hannah. Cristobald était avec elle. C’était lui son vrai foyer. Allongée dans les même draps, entourée de la chaleur qui émanait de lui, bercée par son souffle dont le rythme coïncidait avec sa propre respiration, comme si leur poitrine, leur cœur, tout leur être ne faisait qu’un. Hannah l’aimait plus que tout. Elle l’aurait suivi n’importe où. Elle l’avait suivi n’importe où. Lui seul était son unique point d’ancrage dans la tempête qu’ils traversaient. Seule sa présence pouvait repousser le brouillard d’inquiétude dans lequel elle errait constamment, et éclairer ses jours de son sourire rassurant, l’entourant de ses bras protecteurs.
Hannah savait qu’il se sentait responsable pour ce qu’ils traversaient. Le terrible danger qui les poursuivait venait tout droit du Département des Mystères. Cristobald avait choisi de tout lui expliquer, abandonnant définitivement son nom de Langue-de-Plomb. Son travail dans la Salle de la Mort l’avait malencontreusement plongé dans un secret d’état qui remontait jusqu’aux personnes les plus hautement placées du Ministère. Les Immortels, dont Hannah avait lu le nom dans le dossier de Cristobald, étaient un groupe de sorciers pratiquant une forme extrêmement rare, extrêmement complexe et particulièrement sombre de magie noire. Un par un, ils rassemblaient en leur sein des personnes de pouvoir en leur offrant une forme dénaturée d’immortalité. Cristobald avait mis un certain temps à parvenir à se décider de lui parler des Horcruxes. Rien que le mot semblait l’effrayer. Et Hannah le comprenait. Il s’agissait de déchirer son âme en deux par un meurtre, et de s’arracher une de ces deux parties pour la placer dans un objet soigneusement choisi. Si la personne venait à mourir, elle pouvait ainsi continuer à vivre, ou plutôt survivre, grâce à l’autre partie de son âme.
La magie noire était bien sûr illégale, et si le fait que la plupart des sorciers dirigeant le pays s’y adonnaient était connu, la Grande Bretagne traverserait une des pires crises politiques de son histoire. Cristobald ignorait qui précisément les poursuivaient. Le Ministère. Les Immortels. Les deux. Il ne le savait pas plus qu’il ne savait ce qui les attendait s’ils étaient attrapés. Sans doute pas un simple sort d’oubliette. Au mieux, un cachot à Azkaban. Au pire, le silence d’une tombe.
Hannah savait que Cristobald se sentait responsable. C’était avant tout pour elle qu’il fuyait. Si elle n’avait pas vu le dossier, Cristobald aurait pu prendre le risque de les affronter seuls. Son poste au Département des Mystères, son rôle dans les divers travaux qui y étaient engagés, toutes les connaissances qu’il y avait amassée auraient pu être utilisées pour se protéger. Mais si tout cela aurait déjà constitué un poids incertain dans la balance pour lui seul, ce n’était définitivement pas assez pour les protéger lui et Hannah. Il faisait tout cela pour elle. Alors au fond, Hannah savait que la seule véritable responsable, c’était elle, et uniquement elle.
Décembre 2015- Lieu inconnu
Hannah et Cristobal vivaient désormais comme des moldus. C’était le meilleur moyen de rester indétectables. Cristobal, qui avait trouvé une voiture, s’était rendu via le ferry au village le plus proche leur chercher des provisions. Hannah, quant à elle, était restée dans leur cabine perdue sur un caillou à quelques centaines de mètres de la côte pacifique, préparant leur prochain départ. Aussi lorsque la porte s’ouvrit sans qu’elle n’ait entendu le moindre bruit de moteur ou de pneu, Hannah eut le réflexe de saisir sa baguette sans réfléchir.
-Stupe…
-Expelliarmus !
La baguette d’Hannah fila de ses mains dans celle de… son oncle.
-Jasper !!! s’exclama-t-elle.
-Bonjour Hannah. lui dit-il avec un calme distingué.
-Mais que fais-tu ici ? Comment nous as-tu trouvé ?!
Hannah sentait la panique la gagner. Si sa propre famille l’avait retrouvée, leurs chasseurs n’allaient pas tarder à en faire autant. Elle était loin de se douter que c’était déjà le cas. Elle ne le comprit que trop tard.
-Incarcerem.
Plusieurs cordes s’élancèrent de la baguette de son oncle et s’enroulèrent solidement autour d’elle, des chevilles à la mâchoire, la bâillonnant, lui faisant perdre l’équilibre et tomber au sol.
-Les Immortels m’ont envoyé. Je suis l’un d’entre eux, vois-tu ? lui répondit-il en s’approchant d’elle pour s’accroupir à sa hauteur, la surplombant d’un air menaçant. Hannah avait beau se débattre, elle ne pouvait pas bouger d’un centimètre. Elle n’avait qu’une pensée en tête : trouver un moyen d’alerter Cristobal avant qu’il ne soit trop tard. Si elle était condamnée, peut-être que lui pouvait encore s’en sortir.
Oncle Jasper du comprendre sa panique à son énergie désespérée.
-Ne crains rien, Hannah. J’ai tout arrangé. Mais si je te libère, peux-tu me garantir que tu resteras-là sagement à m’écouter ?
Hannah s’immobilisa, considérant la possibilité de lui mentir le temps de trouver une occasion de s’échapper. Jasper pris son temps de réflexion comme un refus.
-Bien sûr que non, je te connais. Alors tu vois bien que je n’ai pas le choix. Je suis obligé de t’immobiliser le temps que tu m’écoutes et que tu comprennes que tout cela est pour ton bien.
Hannah reprit son combat désespéré contre ses entraves, jusqu’à ce qu’elle ait utilisé toutes ses forces. Jasper avait attendu patiemment à ses côtés, ne reprenant que lorsqu’elle se fut calmée.
-Je n’ai pas l’intention de te tuer, Hannah. Tu es ma nièce. Tu es la fille de mon frère… Oh, bien sûr, c’est ce que les Immortels voulaient vous faire, mais j’ai réussi à les convaincre qu’il y avait une autre solution.
Hannah écoutait attentivement, malgré elle. Elle n’arrivait pas à croire que son propre oncle faisait partie de ce même groupe de sorciers qu’elle et Cristobal avaient fuit tout ce temps. Depuis quand en faisait-il partie ? A quel point pouvait-elle lui faire confiance ?
-Sais-tu ce qu’est un Horcruxe, Hannah ?
Hannah fronça les sourcils, méfiante, puis choisi de lui dire la vérité. Elle acquiesça.
-Notre véritable problème n’est pas avec toi. C’est ton fiancé, le Langue-de-Plomb. Nos activités ne sont pas connues du plus grand nombre et nous souhaitons qu’il en reste ainsi. Le meilleur moyen de le faire taire est encore de le tuer, mais il y a d’autres moyens de dissuasion. Et bien sûr, il y a toi aussi, maintenant que tu es au courant. Mais il n’y a aucune raison que tu en parles, si tu fais partie des nôtres…
Les cordes entravant la bouche d’Hannah étouffèrent son exclamation de surprise. Que voulait-il dire ? Où voulait-il en venir ?
-Les Immortels voulaient te tuer. Vous tuer tous les deux. Mais je les ai convaincus que ta simple mort suffirait à détruire ton fiancé suffisamment pour qu’il se taise définitivement. Il m’a l’air d’un type bien. Il ne se remettra jamais d’avoir causé ta mort. On ne se remet pas facilement de ce genre de culpabilité.
Hannah s’était figée, horrifiée.
-De notre côté, te tuer n’as pas besoin de nécessairement causer ta mort…
Elle avait cessé de respirer, comme si son corps avait déjà compris que les heures lui étaient compter. Jasper n’avait pas réellement poser les mots dessus, mais Hannah avait parfaitement compris. Il avait l’intention de lui créer un Horcruxe, de déchirer son âme en deux pour pouvoir mimer son meurtre, et détruire Cristobal. Et elle accepterait, parce que son unique autre choix était de mourir, réellement mourir, et laisser Cristobal être assassiné lui aussi. Elle allait choisir de le détruire, pour lui sauver la vie.
Hannah sentait sa gorge se resserrer, mais c’étaient les larmes, et non plus les cordes, qui l’étouffaient.
-Je vois que tu n’as plus besoin de celles-ci. dit Jasper après lui avoir laissé un temps de réflexion.
D’un geste de baguette, il fit disparaître les cordes qui l’emprisonnaient. Hannah se releva. Jasper, lui, alla s’assoir sur une chaise. Son sourire n’avait pas un instant quitté ses lèvres. Il était sûr de lui. Il savait qu’il la tenait. Et il semblait persuadé de lui faire une faveur. De lui sauver la vie…
-Alors Hannah. Es-tu prête à goûter à l’Immortalité ? lui demanda-t-il en lui tendant sa baguette.
Hannah ne répondit pas. Elle observa la porte, espérant contre tout que Cristobal allait arriver, sachant très bien que cela signifierait pourtant sa mort. Elle l’aimait. Et c’était ce qui était en train de la condamner.
Hannah acquiesça, et Jasper lui rendit sa baguette. Elle n’avait pas prononcé un mot, mais son sort était scellé. L’idée de lui lancer un sort lui traversa l’esprit, mais il lui avait bien expliqué qu’il était son seul atout. C’était lui qui avaient convaincu les Immortels de les épargner. Le tuer signerait leur arrêt de mort.
-Suis-moi. lui dit Jasper en se levant. En ne te trouvant pas, ton fiancé croira à un kidnapping. A juste titre. Te garder en otage nous donnera le temps de te créer ton horcruxe avant de… Japser hésita sur les mots, puis se retourna vers elle, son écœurant sourire toujours aux lèvres. Te rendre immortelle.
Mai 2017 – New York.
-Créer l’Horcruxe fût extrêmement difficile. La voix de Viviane se perdait, basse, dans la nuit lumineuse de New-York. Il nous aurait fallu des mois, et nous n’avions que quelques jours. Trouver l’objet qui abriterait mon âme était une décision importante, et à la fois évidente : ma bague de fiançailles… Mais pour séparer une âme en deux, il faut la fracturer. Faire quelque chose d’abominable, d’impardonnable et d’irrémédiable…
Viviane prit une profonde inspiration. Elle regardait droit devant elle, fixant les lumières de Manhattan, de l’autre côté de l’East River, sans les voir.
-Il faut tuer quelqu’un.
Son murmure fut accueilli par le silence nocturne, noyant le poids de ses mots dans l’infini.
-En y réfléchissant, j’ai fini par réaliser que Jasper avait déjà dû choisir cet homme bien avant de me parler. Que soit lui, soit d’autres Immortels gardaient toujours un œil sur de potentielles victimes. Le ton de sa voix n’était ni désolé ni honteux. Ses paroles étaient stables, s’exposant sans trembler aux conséquences de son acte. C’était un sorcier. Un criminel qui avait servi sa peine à Azkaban et avait été relâché. Mais à la façon dont il regardait ces gamines, il était évident qu’il allait recommencer…
Viviane se souvint ne pas avoir hésité. Elle se souvenait de la haine qui l’avait soudain envahie, de la certitude que rien ne pouvait excuser ce faux-semblant d’être humain, que rien, ni le temps ni la justice, ne pourrait sauver ses futures victimes, sinon elle. Et elle se faisait horreur. D’avoir été capable d’une telle cruauté, d’une telle froideur ; d’avoir ressenti de la satisfaction à voir cette lueur s’éteindre dans ses yeux, lui faisait horreur…
-Jasper m’a montré comment attacher la partie fracturée de moi-même à la bague… Puis nous avons attendu que Cristobald soit sur le point de nous retrouver…
Jasper avait refusé de lui lancer l’Avada Kedavra. Il avait réellement voulu détruire Cristobald lorsqu’il la trouverait. Le Sectum Sempra l’avait atteinte à la gorge. Viviane frissonna au souvenir de son sang, chaud et épais, s’écoulant sur sa poitrine et dans sa gorge, l’empêchant de respirer, la noyant littéralement…
-Alors tu es morte. C’était la première fois qu’Amicus prenait la parole depuis le début de son histoire. Il ne l’avait pas interrompue quand elle lui avait parlé de sa véritable vie passée. Il n’avait pas réagi quand elle lui avait parlé de son ancien amour pour Cristobald. Il s’était à un moment levé, s’appuyant contre la balustrade de l’East River, ne lui présentant que son dos. Il se retournait à présent, mais son visage était plus impassible que jamais. Viviane voulu comprendre qu’il réservait encore son jugement. Patient et fidèle à lui-même, Amicus voulait entendre le fin mot de l’histoire. Tu es vraiment morte. Et tu es revenue.
Viviane acquiesça. Amicus vint doucement s’asseoir à côté d’elle. Il leva ses prunelles sur elle, la regardant dans les yeux.
-C’est comment ? De mourir ?
Viviane haussa les épaule, secouant doucement la tête.
-Je ne m’en rappelle pas. Je me rappelle mourir, je me rappelle revivre, mais je ne me rappelle pas être morte.
Amicus garda le silence. Il ne lui posa pas d’autres questions. Il la laissait continuer.
-Jasper m’a raconté avoir réparé mon corps, pour que je puisse y retourner. Viviane lui dévoila, à peine perceptible dans la nuit, la fine cicatrice qui lui traversait le cou. Il m’a emmenée ici, en Amérique, et m’a donné mon nouveau nom, ma nouvelle vie. Il m’a assuré que Cristobald était sain et sauf, et qu’il reprenait sa vie en Grande-Bretagne, et que je devais en faire de même…
Viviane avait du mal à croire que tout cela s’était passé il n’y avait pas deux ans. Elle avait l’impression qu’une nuit seulement s’était écoulée depuis, ou des décennies…
-Je n’ai pas tardé à avoir des nouvelles de Jasper par la suite… Je fais désormais partie des Immortels. Je ne sais pas très bien exactement pourquoi, ou comment, mais je suis toujours liée à l’Horcruxe. Et c’est Jasper qui l’a. Il l’utilise pour se servir de moi…
Viviane se tourna vers Amicus, ayant enfin l’impression de lui parler réellement pour la première fois.
-Vois-tu, tout le problème est là. Je ne suis plus entière. Et je ne suis plus entièrement maître de moi.
Viviane discerna un léger froncement entre les sourcils d’Amicus.
-Que veux-tu dire ?
Viviane prit son temps, choisissant ses mots avec soin.
-Il me tient en otage. Il me laisse libre de mes mouvements, tant que cela va dans le sens de leurs plans. Il me donne des instructions, parfois. Des messages à porter à certains Immortels. Repérer certaines personnes qui ne manqueront pas à la société. Et il ne me laisse pas le choix. Je suis littéralement entre ses mains. Tant qu’il a l’Horcruxe, je suis entièrement à sa merci.
Amicus ne dit rien. Viviane resta silencieuse également. Elle n’avait plus rien à dire. Elle avait fini son histoire. Terminé ses confessions.
-C’est inadmissible. dit finalement Amicus en se levant. Il n’avait même pas besoin de lever la voix. Amicus était comme ça. Son ton grave et profond était suffisant pour exprimer la sévérité de sa décision. Viviane aurait pensé être bouleversée, dévastée par le chagrin. Mais elle comprenait. Tu ne peux pas rester comme ça éternellement, Viviane ! finit-il par ajouter en se retournant vers elle, et Viviane comprit qu’il ne parlait pas d’eux, mais d’elle. Il faut que tu récupères ce qu’il te reste de ton âme. Et je compte t’y aider, si tu le veux bien. Sans s’en rendre compte, Viviane s’était levée aussi, se tenant face à lui. Sa tête lui tournait avec l’implication de ses mots. Il savait. Il l’acceptait.
-Est-ce que tu veux toujours m’épouser ? lui souffla-t-elle en un murmure, s’accrochant à sa réponse comme au rebord d’une falaise dont elle pouvait tomber d’une seconde à l’autre.
Amicus posa chacune de ses mains sur ses tempes, encadrant son visage de chaleur.
-Oui.
DECEMBRE 2017 – Inverness
Amicus et Viviane poussèrent la porte de la petite maison dont ils avaient fait l’acquisition, au coin de la Cathédrale de Saint Andrew et de la Ness. Ils avaient décidé ensemble de revenir en Grande-Bretagne.
Suite à leur mariage, ils avaient passés des semaines et des mois à passer au peigne fin toute la presse magique américaine et internationale pour tenter de retrouver Jasper. Il pouvait se trouver n’importe où. Le regard acéré d’Amicus avait fini par repérer le nom de Jasper St-Arnaud dans la Gazette du Sorcier, cité parmi des dizaines d’autres dans un article relatant un bal de la haute société sorcière à Londres. Ils savaient enfin où il se trouvait, ou tout du moins dans quel pays.
Il leur avait fallu ensuite trouver une raison de s’y rendre sans éveiller de soupçons. L’occasion rêvée était apparue lorsque l’université d’Hungcalf avait offert un poste d’enseignant à Amicus. Hungcalf était une université prestigieuse, de renommée, à qui on ne disait pas non. Ainsi, ils donneraient l’impression que c’était Viviane qui suivait Amicus, et non le contraire. Viviane avait quant à elle trouvé un emploi à la Griffe de l’Hippo, une librairie dans le quartier sorcier d’Inverness.
Elle n’avait pas la moindre idée de la façon dont ils allaient pouvoir cerner Jasper, comment ils pourraient récupérer l’horcruxe sans risquer une nouvelle fois de se faire poursuivre, de se faire tuer. Mais la présence d’Amicus la rendait forte. Elle se sentait désormais capable d’affronter tous les combats avec lui à ses côtés. Viviane s’était trompée. Amicus ne lui avait pas rendu sa vie. Il l’avait rendue assez forte pour tenter de la récupérer elle-même.
L’East River s’écoulait paisiblement sous le pont de Brooklyn. L’eau murmurante, la caresse du vent, la danse des pétales de cerisier tombant comme de la neige. Viviane s’imprégnait avec délice de ces plaisirs simples, rendant grâce de pouvoir à nouveau y goûter. Il fût un temps où ses sens avaient été morts à ses yeux. Où elle n’avait plus été capable d’apprécier la délicatesse d’une crème fouettée, de se réconforter dans la chaleur d’une tasse de café, de s’émouvoir au son du canon de Pachelbel, ne serait-ce même que de sourire à la vue du reflet de la lune sur l’eau. Elle avait été morte en dedans, son âme déchirée en deux, la moitié de son être détruite, l’autre moitié se demandant s’il était vraiment souhaitable de continuer à vivre… Et à ses côtés se trouvait à présent l’homme qui l’en avait convaincue.
Le visage d’Amicus paraissait impassible, mais Viviane savait que c’était l’expression d’un sourire intérieur. Ses sourcils se fronçaient lorsqu’il était préoccupé. En ce moment, ses traits droits et fins étaient détendus, son regard brillant reflétant les lumières de Manhattan, ses lèvres entrouvertes respirant l’air du soir. Viviane fût prise d’un soudain besoin de l’embrasser, auquel elle ne tenta même pas de résister. Tout son corps s’emballa alors qu’il la serrait dans ses bras. Une flamme brûlant du fond de sa poitrine, incendiant tout son être, faisant tambouriner son cœur. Viviane sourit en le sentant battre. C’était également une sensation qu’elle avait de nouveau appris à chérir.
« Je t’aime. » murmura le souffle chaud d’Amicus dans son cou.
« Je t’aime aussi. » lui répondit Viviane, son visage pressé contre son épaule.
Elle ne se sentait plus coupable de le lui dire.
Elle avait passé des mois à avoir l’impression de lui mentir, de trahir Cristobald chaque fois que ces mots passaient ses lèvres. Il lui avait fallu de nombreuses nuits sans sommeil pour l’accepter : Cristobald faisait partie d’une autre vie. Une vie qu’elle ne retrouverait plus jamais. Elle avait été morte. Et même si elle avait survécu, vivre sans lui avait été une seconde agonie en soit, plus longue, et sans fin. C’était Amicus qui l’avait, lentement, peu à peu, ramenée à la vie. Et chaque « je t’aime » que Viviane lui disait était un « merci ».
« Je veux t’épouser. »
Viviane avait entendu ce que venait de dire Amicus. Elle avait senti la chaleur de ses mots sur son oreille et dans ses cheveux. Il lui fallut pourtant plusieurs secondes pour les comprendre. Elle se détacha doucement de son épaule, sondant son visage dans la faible lumière des lampadaires. Pour la première fois de sa vie, elle y vit de la peur. Il avait peur de sa possible réponse.
« Merlin, tu es sérieux ! » murmura-t-elle.
« Oui. Je sais que ça ne fait qu’un an, mais je sais aussi que je ne veux jamais te quitter… Je veux vivre avec toi. Je veux vieillir avec toi… Dis-moi oui. »
Amicus n’avait jamais été du genre à s’épancher sur les mots. Mais chacun de ceux qu’il avait prononcé avaient empli Viviane d’une telle joie, d’un tel bonheur, qu’elle savait que la question ne se posait pas. Tout son être voulait lui répondre oui. Mais là était la question. Il ne connaissait pas tout être. Viviane s’en rendait compte, elle ne pouvait plus lui mentir. Plus maintenant.
« Viviane, ça va ? Tu es devenue affreusement pâle ! »
Viviane se laissa guider jusqu’à un banc faisant face à la rivière. Son esprit était en proie à une tempête de vents contraires, la confusion lui faisant tourner la tête. Elle ne pouvait lui mentir. Mais elle n’avait pas d’autre choix que de lui cacher la vérité. Sa seconde vie ne tenait qu’à son secret. Mais le garder était perdre l’homme qu’elle s’était mise à aimer, et mourir à nouveau…
« Je ne m’appelle pas Vivane. » s’entendit-elle dire sans avoir senti ses lèvres bouger.
« …Quoi ? » demanda Amicus après un moment, l’inquiétude se mêlant à la surprise dans sa voix grave.
« Je m’appelle Hannah St-Arnaud… et je t’aime. » lui dit-elle en le regardant dans les yeux, comme si ces deux phrases étaient les deux seules vérités gouvernant sa vie, comme si le lui dire avec son véritable nom ne signifiait plus « merci de m’avoir sauvée » mais véritablement « voici qui je suis, je t’aime. »
Juillet 2004 – Beauxbatons, France.
Hannah porta un dernier regard sur la splendeur du château qui avait été sa deuxième maison pendant sept ans. Ses délicates façades aussi claires que la lune, son fantastique écrin de montagnes s’élevant dans le ciel, aussi fières et majestueuses que les élèves de l’école. Le bleu serein du ciel d’été rivalisait avec celui de leurs uniformes, qu’Hannah portait pour la dernière fois. Derrière elle, l’immense carrosse et ses grandioses abraxans s’apprêtaient à ramener les élèves chez eux.
Hannah tourna finalement le dos au château de Beauxbâtons, sentant sa force et sa splendeur comme la pousser vers son avenir, comme si l’école elle-même lui donnait des ailes de pégase. Française par sa mère, elle avait appris à discipliner sa magie à Beauxbâtons. Anglaise par son père, elle était déterminée à l’affiner à l’université d’Hungcalf, en Ecosse.
Hannah monta avec grâce les marches du carrosse, et alla s’installer auprès de ses camarades de dernière année. Le carrosse s’ébranla, et très vite, un sentiment de soudaine légèreté accompagna le silence soudain des roues. Les cimes des Pyrénées disparurent peu à peu, ne laissant place qu’au bleu du ciel derrière la vitre, immense, paisible, infini. Si Hannah savait qu’il lui faudrait laisser son uniforme chez elle, elle savait que ce bleu resterait toujours à ses côtés. Le bleu de l’eau du port de la Rochelle. Le bleu de la soie de Beauxbâtons. Le bleu du ciel, peu importe où elle irait. Ce bleu l’accompagnerait toujours.
Décembre 2010 – Hungcalf, Ecosse.
Du haut des tribunes, Hannah scruptait le bleu du ciel que renvoyaient ses iris de saphir. Ce même bleu qui l’avait accompagné toute sa vie. Ce bleu qui était aujourd’hui fendu, strié, ciselé par les joueurs du match Grymms contre Wrights. Partout dans le stade, milles et une couleurs éclataient. Hannah elle-même baignait dans une mer de rubis, rose rouge dansant avec les autres dans le vent de leur chant de gloire.
Le bleu n’avait finalement pas été fait pour elle. C’était la surprise qui l’avait d’abord gagnée, lorsque l’encre rouge sang des Wrights était apparu sous sa signature à son inscription à Hungcalf. Puis l’incompréhension l’avait habitée pendant plusieurs années, ne se reconnaissant pas dans les festivités déchaînées de sa maison, dans la prise de risque inconsidérée de nombres de ses élèves et de ses joueurs.
Hannah s’était appliquée à ses études de Médicomagie, ne vivant plus que pour les louanges de ses professeurs et le respect de ses camarades. C’est ce qui l’avait amenée à comprendre pourquoi elle avait été choisie pour la maison de Bowman Wright. Elle était assoiffée d’attention. Elle aspirait à l’admiration. Digne élève de Beauxbâtons, elle ne se voyait que par le regard des autres. Elle ne pouvait s’aimer si cet amour ne brillait pas dans les yeux de ses semblables. Si elle avait la force de se regarder en face dans l’insondable miroir de ses désirs, c’était sans aucun doute ce qui l’avait poussée à choisir la voie de la Médicomagie. La reconnaissance d’un sorcier à qui l’on vient de sauver la vie. La recherche désespérée d’un réconfort ne tenant qu’à un mot de ses lèvres. Le soulagement à la disparition de la souffrance par l’action de sa baguette, de sa potion, ou de sa formule.
Le rouge attirait l’attention, autant que la beauté de son visage et la pertinence de ses remarques. La maison des Wrights lui correspondait bien.
Février 2011- Hungcalf, Ecosse.
Hannah n’avait pas tardé à revenir au bleu. Indéniablement, irrémédiablement. Le bleu. Le bleu calme sans nuage des Lufkins. Le bleu imperturbable des yeux de Cristobald. Tout comme l’eau attise une flamme trop chaude, le caractère froid de Cristobald avait attisé l’affection d’Hannah en un brasier ardent de passion. Elle qui ne l’avait jamais remarqué durant toutes ses années ne pouvait à présent plus penser à quoique ce soit d’autre. Il lui semblait qu’elle était aveugle tant qu’elle ne pouvait pas le voir. Qu’elle n’avait plus besoin de parler à qui que ce soit d’autre que lui. Qu’elle ne se nourrissait non plus d’eau et de victuailles, mais de sa simple présence. Elle était fascinée par l’énigme de son visage impassible. Sa timidité était pour elle de l’honnêteté, comparé à ceux clamant haut et fort n’importe quelle pensée avant d’y avoir même réfléchi. Sa discrétion était pour elle un signe d’assurance, comparé à ceux se sentant forcés de proclamer et de brailler pour cacher leur maladresse. Il parlait peu, mais écoutait beaucoup, et réfléchissait encore plus. S’opposant à elle en tout point, Hannah l’admirait pour tout ce qu’il était, et le remerciait intérieurement de l’empêcher ainsi de tomber dans tous ses vices et ses excès. Elle avait désespérément besoin de lui. Il la complétait parfaitement.
Octobre 2015 – Inverness, Ecosse.
Hannah n’y voyait plus. Plus la moindre couleur, plus la moindre forme. Ne plus y voir. Être aveugle. Ce n’était même pas l’absence de lumière, un ensemble noir. C’était comme expliquer le vide au toucher. Ce n’est pas de l’air. Ce n’est ni froid, ni chaud. La pensée humaine n’est pas conçue pour envisager le rien, le néant. C’était ce qu’Hannah voyait. Rien.
Elle était restée prostrée là où elle s’était tenue, toujours dans sa robe de guérisseuse, désormais adossée au pied d’un fauteuil, ses genoux remontés sur sa poitrine, sa tête reposant dans le creux de ses bras. Attendant le retour de Cristobald du Ministère.
Comment avait-elle pu être si stupide ? Sainte Mangouste l’avait rendue bête de fatigue. Elle avait cru à un numéro de la Gazette du Sorcier, avec le nom du Ministre et sa photo dépassant du dessous d’une pile de papier. Ce ne fût que lorsque le parchemin s’était illuminé qu’elle avait compris son erreur. Il l’avait littéralement aveuglée d’une lueur insoutenable. Hannah avait aussitôt reconnu un sortilège de sécurité et avait lâché le parchemin. Mais sa vue n’était pas revenue. Elle se souvenait des images fantômes envoyées par son cerveau. Le mot « Immortels » avec une majuscule. « Horcruxe » quoi que cela pouvait bien signifier. Et un grand « SECRET » tamponné sur le tout. Ce qu’elle avait cru être une édition de la Gazette était un des dossiers du Département des Mystères de Cristobald. Et s’il n’avait pas le contre-sort, il était fort probable que ce soit la dernière chose qu’elle lirait jamais…
Hannah n’avait plus conscience du temps qui s’écoulait. On ne se rendait pas compte à quel point on se reposait sa vue pour voir les aiguilles tourner, le soleil descendre, la lumière diminuer… Lorsque finalement la porte s’ouvrit, les pas de Cristobald étaient plus précipités, plus chaotiques que d’habitude. Sa voix inquiète l’appelait. Lorsqu’elle l’appela en retour, elle devina au calme soudain de Cristobald qu’il avait compris ce qui lui était arrivé.
« Finite. » Le doux murmure de Cristobald lui ramena la vue.
D’abord les couleurs, puis ses traits. Le bleu de ses yeux. Son regard inquiet. Apeuré. Hannah était si bouleversée, si soulagée de pouvoir y voir qu’elle n’avait pas écouté ce qu’il lui avait raconté. Ce n’était pas dans le genre de Cristobald de parler tant et si vite.
« Hannah, il faut partir ! Nous devons fuir ! »
Novembre 2015 – Lieu inconnu
Hannah regardait le jour se lever, Cristobald profondément endormi à ses côtés. Elle le laissait se reposer. Les heures de sommeil leur avaient été rares et perturbées depuis leur fuite. La peur les avait poursuivi avec autant de ténacité que les aurors du Ministère. Ils n’étaient jamais restés longtemps au même endroit, changeant systématiquement de noms, d’apparence, même parfois de statut. Les fiancés avaient fréquemment prétendu être frère et sœur pour brouiller les pistes. Hannah, quant à elle, était passée du blond, trop repérable, à un roux sombre presque châtain. Les pays et les climats avaient défilés à une vitesse déconcertante. La chaleur tropicale d’une île isolée dans l’Atlantique, le froid sec et tranchant d’une vallée enfoncée des Alpes, la nuit éternelle des extrémités arctiques de la Norvège, les forêts toujours vertes de la côte est du Canada, et à présent, le silence des plaines infinies du Midwest américain. Ils avaient laissé leur maison derrière eux, abandonné toute famille et toutes leurs connaissances. Mais pourtant, elle ne se sentait pas complètement déracinée, songea Hannah. Cristobald était avec elle. C’était lui son vrai foyer. Allongée dans les même draps, entourée de la chaleur qui émanait de lui, bercée par son souffle dont le rythme coïncidait avec sa propre respiration, comme si leur poitrine, leur cœur, tout leur être ne faisait qu’un. Hannah l’aimait plus que tout. Elle l’aurait suivi n’importe où. Elle l’avait suivi n’importe où. Lui seul était son unique point d’ancrage dans la tempête qu’ils traversaient. Seule sa présence pouvait repousser le brouillard d’inquiétude dans lequel elle errait constamment, et éclairer ses jours de son sourire rassurant, l’entourant de ses bras protecteurs.
Hannah savait qu’il se sentait responsable pour ce qu’ils traversaient. Le terrible danger qui les poursuivait venait tout droit du Département des Mystères. Cristobald avait choisi de tout lui expliquer, abandonnant définitivement son nom de Langue-de-Plomb. Son travail dans la Salle de la Mort l’avait malencontreusement plongé dans un secret d’état qui remontait jusqu’aux personnes les plus hautement placées du Ministère. Les Immortels, dont Hannah avait lu le nom dans le dossier de Cristobald, étaient un groupe de sorciers pratiquant une forme extrêmement rare, extrêmement complexe et particulièrement sombre de magie noire. Un par un, ils rassemblaient en leur sein des personnes de pouvoir en leur offrant une forme dénaturée d’immortalité. Cristobald avait mis un certain temps à parvenir à se décider de lui parler des Horcruxes. Rien que le mot semblait l’effrayer. Et Hannah le comprenait. Il s’agissait de déchirer son âme en deux par un meurtre, et de s’arracher une de ces deux parties pour la placer dans un objet soigneusement choisi. Si la personne venait à mourir, elle pouvait ainsi continuer à vivre, ou plutôt survivre, grâce à l’autre partie de son âme.
La magie noire était bien sûr illégale, et si le fait que la plupart des sorciers dirigeant le pays s’y adonnaient était connu, la Grande Bretagne traverserait une des pires crises politiques de son histoire. Cristobald ignorait qui précisément les poursuivaient. Le Ministère. Les Immortels. Les deux. Il ne le savait pas plus qu’il ne savait ce qui les attendait s’ils étaient attrapés. Sans doute pas un simple sort d’oubliette. Au mieux, un cachot à Azkaban. Au pire, le silence d’une tombe.
Hannah savait que Cristobald se sentait responsable. C’était avant tout pour elle qu’il fuyait. Si elle n’avait pas vu le dossier, Cristobald aurait pu prendre le risque de les affronter seuls. Son poste au Département des Mystères, son rôle dans les divers travaux qui y étaient engagés, toutes les connaissances qu’il y avait amassée auraient pu être utilisées pour se protéger. Mais si tout cela aurait déjà constitué un poids incertain dans la balance pour lui seul, ce n’était définitivement pas assez pour les protéger lui et Hannah. Il faisait tout cela pour elle. Alors au fond, Hannah savait que la seule véritable responsable, c’était elle, et uniquement elle.
Décembre 2015- Lieu inconnu
Hannah et Cristobal vivaient désormais comme des moldus. C’était le meilleur moyen de rester indétectables. Cristobal, qui avait trouvé une voiture, s’était rendu via le ferry au village le plus proche leur chercher des provisions. Hannah, quant à elle, était restée dans leur cabine perdue sur un caillou à quelques centaines de mètres de la côte pacifique, préparant leur prochain départ. Aussi lorsque la porte s’ouvrit sans qu’elle n’ait entendu le moindre bruit de moteur ou de pneu, Hannah eut le réflexe de saisir sa baguette sans réfléchir.
-Stupe…
-Expelliarmus !
La baguette d’Hannah fila de ses mains dans celle de… son oncle.
-Jasper !!! s’exclama-t-elle.
-Bonjour Hannah. lui dit-il avec un calme distingué.
-Mais que fais-tu ici ? Comment nous as-tu trouvé ?!
Hannah sentait la panique la gagner. Si sa propre famille l’avait retrouvée, leurs chasseurs n’allaient pas tarder à en faire autant. Elle était loin de se douter que c’était déjà le cas. Elle ne le comprit que trop tard.
-Incarcerem.
Plusieurs cordes s’élancèrent de la baguette de son oncle et s’enroulèrent solidement autour d’elle, des chevilles à la mâchoire, la bâillonnant, lui faisant perdre l’équilibre et tomber au sol.
-Les Immortels m’ont envoyé. Je suis l’un d’entre eux, vois-tu ? lui répondit-il en s’approchant d’elle pour s’accroupir à sa hauteur, la surplombant d’un air menaçant. Hannah avait beau se débattre, elle ne pouvait pas bouger d’un centimètre. Elle n’avait qu’une pensée en tête : trouver un moyen d’alerter Cristobal avant qu’il ne soit trop tard. Si elle était condamnée, peut-être que lui pouvait encore s’en sortir.
Oncle Jasper du comprendre sa panique à son énergie désespérée.
-Ne crains rien, Hannah. J’ai tout arrangé. Mais si je te libère, peux-tu me garantir que tu resteras-là sagement à m’écouter ?
Hannah s’immobilisa, considérant la possibilité de lui mentir le temps de trouver une occasion de s’échapper. Jasper pris son temps de réflexion comme un refus.
-Bien sûr que non, je te connais. Alors tu vois bien que je n’ai pas le choix. Je suis obligé de t’immobiliser le temps que tu m’écoutes et que tu comprennes que tout cela est pour ton bien.
Hannah reprit son combat désespéré contre ses entraves, jusqu’à ce qu’elle ait utilisé toutes ses forces. Jasper avait attendu patiemment à ses côtés, ne reprenant que lorsqu’elle se fut calmée.
-Je n’ai pas l’intention de te tuer, Hannah. Tu es ma nièce. Tu es la fille de mon frère… Oh, bien sûr, c’est ce que les Immortels voulaient vous faire, mais j’ai réussi à les convaincre qu’il y avait une autre solution.
Hannah écoutait attentivement, malgré elle. Elle n’arrivait pas à croire que son propre oncle faisait partie de ce même groupe de sorciers qu’elle et Cristobal avaient fuit tout ce temps. Depuis quand en faisait-il partie ? A quel point pouvait-elle lui faire confiance ?
-Sais-tu ce qu’est un Horcruxe, Hannah ?
Hannah fronça les sourcils, méfiante, puis choisi de lui dire la vérité. Elle acquiesça.
-Notre véritable problème n’est pas avec toi. C’est ton fiancé, le Langue-de-Plomb. Nos activités ne sont pas connues du plus grand nombre et nous souhaitons qu’il en reste ainsi. Le meilleur moyen de le faire taire est encore de le tuer, mais il y a d’autres moyens de dissuasion. Et bien sûr, il y a toi aussi, maintenant que tu es au courant. Mais il n’y a aucune raison que tu en parles, si tu fais partie des nôtres…
Les cordes entravant la bouche d’Hannah étouffèrent son exclamation de surprise. Que voulait-il dire ? Où voulait-il en venir ?
-Les Immortels voulaient te tuer. Vous tuer tous les deux. Mais je les ai convaincus que ta simple mort suffirait à détruire ton fiancé suffisamment pour qu’il se taise définitivement. Il m’a l’air d’un type bien. Il ne se remettra jamais d’avoir causé ta mort. On ne se remet pas facilement de ce genre de culpabilité.
Hannah s’était figée, horrifiée.
-De notre côté, te tuer n’as pas besoin de nécessairement causer ta mort…
Elle avait cessé de respirer, comme si son corps avait déjà compris que les heures lui étaient compter. Jasper n’avait pas réellement poser les mots dessus, mais Hannah avait parfaitement compris. Il avait l’intention de lui créer un Horcruxe, de déchirer son âme en deux pour pouvoir mimer son meurtre, et détruire Cristobal. Et elle accepterait, parce que son unique autre choix était de mourir, réellement mourir, et laisser Cristobal être assassiné lui aussi. Elle allait choisir de le détruire, pour lui sauver la vie.
Hannah sentait sa gorge se resserrer, mais c’étaient les larmes, et non plus les cordes, qui l’étouffaient.
-Je vois que tu n’as plus besoin de celles-ci. dit Jasper après lui avoir laissé un temps de réflexion.
D’un geste de baguette, il fit disparaître les cordes qui l’emprisonnaient. Hannah se releva. Jasper, lui, alla s’assoir sur une chaise. Son sourire n’avait pas un instant quitté ses lèvres. Il était sûr de lui. Il savait qu’il la tenait. Et il semblait persuadé de lui faire une faveur. De lui sauver la vie…
-Alors Hannah. Es-tu prête à goûter à l’Immortalité ? lui demanda-t-il en lui tendant sa baguette.
Hannah ne répondit pas. Elle observa la porte, espérant contre tout que Cristobal allait arriver, sachant très bien que cela signifierait pourtant sa mort. Elle l’aimait. Et c’était ce qui était en train de la condamner.
Hannah acquiesça, et Jasper lui rendit sa baguette. Elle n’avait pas prononcé un mot, mais son sort était scellé. L’idée de lui lancer un sort lui traversa l’esprit, mais il lui avait bien expliqué qu’il était son seul atout. C’était lui qui avaient convaincu les Immortels de les épargner. Le tuer signerait leur arrêt de mort.
-Suis-moi. lui dit Jasper en se levant. En ne te trouvant pas, ton fiancé croira à un kidnapping. A juste titre. Te garder en otage nous donnera le temps de te créer ton horcruxe avant de… Japser hésita sur les mots, puis se retourna vers elle, son écœurant sourire toujours aux lèvres. Te rendre immortelle.
Mai 2017 – New York.
-Créer l’Horcruxe fût extrêmement difficile. La voix de Viviane se perdait, basse, dans la nuit lumineuse de New-York. Il nous aurait fallu des mois, et nous n’avions que quelques jours. Trouver l’objet qui abriterait mon âme était une décision importante, et à la fois évidente : ma bague de fiançailles… Mais pour séparer une âme en deux, il faut la fracturer. Faire quelque chose d’abominable, d’impardonnable et d’irrémédiable…
Viviane prit une profonde inspiration. Elle regardait droit devant elle, fixant les lumières de Manhattan, de l’autre côté de l’East River, sans les voir.
-Il faut tuer quelqu’un.
Son murmure fut accueilli par le silence nocturne, noyant le poids de ses mots dans l’infini.
-En y réfléchissant, j’ai fini par réaliser que Jasper avait déjà dû choisir cet homme bien avant de me parler. Que soit lui, soit d’autres Immortels gardaient toujours un œil sur de potentielles victimes. Le ton de sa voix n’était ni désolé ni honteux. Ses paroles étaient stables, s’exposant sans trembler aux conséquences de son acte. C’était un sorcier. Un criminel qui avait servi sa peine à Azkaban et avait été relâché. Mais à la façon dont il regardait ces gamines, il était évident qu’il allait recommencer…
Viviane se souvint ne pas avoir hésité. Elle se souvenait de la haine qui l’avait soudain envahie, de la certitude que rien ne pouvait excuser ce faux-semblant d’être humain, que rien, ni le temps ni la justice, ne pourrait sauver ses futures victimes, sinon elle. Et elle se faisait horreur. D’avoir été capable d’une telle cruauté, d’une telle froideur ; d’avoir ressenti de la satisfaction à voir cette lueur s’éteindre dans ses yeux, lui faisait horreur…
-Jasper m’a montré comment attacher la partie fracturée de moi-même à la bague… Puis nous avons attendu que Cristobald soit sur le point de nous retrouver…
Jasper avait refusé de lui lancer l’Avada Kedavra. Il avait réellement voulu détruire Cristobald lorsqu’il la trouverait. Le Sectum Sempra l’avait atteinte à la gorge. Viviane frissonna au souvenir de son sang, chaud et épais, s’écoulant sur sa poitrine et dans sa gorge, l’empêchant de respirer, la noyant littéralement…
-Alors tu es morte. C’était la première fois qu’Amicus prenait la parole depuis le début de son histoire. Il ne l’avait pas interrompue quand elle lui avait parlé de sa véritable vie passée. Il n’avait pas réagi quand elle lui avait parlé de son ancien amour pour Cristobald. Il s’était à un moment levé, s’appuyant contre la balustrade de l’East River, ne lui présentant que son dos. Il se retournait à présent, mais son visage était plus impassible que jamais. Viviane voulu comprendre qu’il réservait encore son jugement. Patient et fidèle à lui-même, Amicus voulait entendre le fin mot de l’histoire. Tu es vraiment morte. Et tu es revenue.
Viviane acquiesça. Amicus vint doucement s’asseoir à côté d’elle. Il leva ses prunelles sur elle, la regardant dans les yeux.
-C’est comment ? De mourir ?
Viviane haussa les épaule, secouant doucement la tête.
-Je ne m’en rappelle pas. Je me rappelle mourir, je me rappelle revivre, mais je ne me rappelle pas être morte.
Amicus garda le silence. Il ne lui posa pas d’autres questions. Il la laissait continuer.
-Jasper m’a raconté avoir réparé mon corps, pour que je puisse y retourner. Viviane lui dévoila, à peine perceptible dans la nuit, la fine cicatrice qui lui traversait le cou. Il m’a emmenée ici, en Amérique, et m’a donné mon nouveau nom, ma nouvelle vie. Il m’a assuré que Cristobald était sain et sauf, et qu’il reprenait sa vie en Grande-Bretagne, et que je devais en faire de même…
Viviane avait du mal à croire que tout cela s’était passé il n’y avait pas deux ans. Elle avait l’impression qu’une nuit seulement s’était écoulée depuis, ou des décennies…
-Je n’ai pas tardé à avoir des nouvelles de Jasper par la suite… Je fais désormais partie des Immortels. Je ne sais pas très bien exactement pourquoi, ou comment, mais je suis toujours liée à l’Horcruxe. Et c’est Jasper qui l’a. Il l’utilise pour se servir de moi…
Viviane se tourna vers Amicus, ayant enfin l’impression de lui parler réellement pour la première fois.
-Vois-tu, tout le problème est là. Je ne suis plus entière. Et je ne suis plus entièrement maître de moi.
Viviane discerna un léger froncement entre les sourcils d’Amicus.
-Que veux-tu dire ?
Viviane prit son temps, choisissant ses mots avec soin.
-Il me tient en otage. Il me laisse libre de mes mouvements, tant que cela va dans le sens de leurs plans. Il me donne des instructions, parfois. Des messages à porter à certains Immortels. Repérer certaines personnes qui ne manqueront pas à la société. Et il ne me laisse pas le choix. Je suis littéralement entre ses mains. Tant qu’il a l’Horcruxe, je suis entièrement à sa merci.
Amicus ne dit rien. Viviane resta silencieuse également. Elle n’avait plus rien à dire. Elle avait fini son histoire. Terminé ses confessions.
-C’est inadmissible. dit finalement Amicus en se levant. Il n’avait même pas besoin de lever la voix. Amicus était comme ça. Son ton grave et profond était suffisant pour exprimer la sévérité de sa décision. Viviane aurait pensé être bouleversée, dévastée par le chagrin. Mais elle comprenait. Tu ne peux pas rester comme ça éternellement, Viviane ! finit-il par ajouter en se retournant vers elle, et Viviane comprit qu’il ne parlait pas d’eux, mais d’elle. Il faut que tu récupères ce qu’il te reste de ton âme. Et je compte t’y aider, si tu le veux bien. Sans s’en rendre compte, Viviane s’était levée aussi, se tenant face à lui. Sa tête lui tournait avec l’implication de ses mots. Il savait. Il l’acceptait.
-Est-ce que tu veux toujours m’épouser ? lui souffla-t-elle en un murmure, s’accrochant à sa réponse comme au rebord d’une falaise dont elle pouvait tomber d’une seconde à l’autre.
Amicus posa chacune de ses mains sur ses tempes, encadrant son visage de chaleur.
-Oui.
DECEMBRE 2017 – Inverness
Amicus et Viviane poussèrent la porte de la petite maison dont ils avaient fait l’acquisition, au coin de la Cathédrale de Saint Andrew et de la Ness. Ils avaient décidé ensemble de revenir en Grande-Bretagne.
Suite à leur mariage, ils avaient passés des semaines et des mois à passer au peigne fin toute la presse magique américaine et internationale pour tenter de retrouver Jasper. Il pouvait se trouver n’importe où. Le regard acéré d’Amicus avait fini par repérer le nom de Jasper St-Arnaud dans la Gazette du Sorcier, cité parmi des dizaines d’autres dans un article relatant un bal de la haute société sorcière à Londres. Ils savaient enfin où il se trouvait, ou tout du moins dans quel pays.
Il leur avait fallu ensuite trouver une raison de s’y rendre sans éveiller de soupçons. L’occasion rêvée était apparue lorsque l’université d’Hungcalf avait offert un poste d’enseignant à Amicus. Hungcalf était une université prestigieuse, de renommée, à qui on ne disait pas non. Ainsi, ils donneraient l’impression que c’était Viviane qui suivait Amicus, et non le contraire. Viviane avait quant à elle trouvé un emploi à la Griffe de l’Hippo, une librairie dans le quartier sorcier d’Inverness.
Elle n’avait pas la moindre idée de la façon dont ils allaient pouvoir cerner Jasper, comment ils pourraient récupérer l’horcruxe sans risquer une nouvelle fois de se faire poursuivre, de se faire tuer. Mais la présence d’Amicus la rendait forte. Elle se sentait désormais capable d’affronter tous les combats avec lui à ses côtés. Viviane s’était trompée. Amicus ne lui avait pas rendu sa vie. Il l’avait rendue assez forte pour tenter de la récupérer elle-même.
RÉSERVE TON AVATAR
- Code:
<bottin><span class="pris">●</span> <b>teresa palmer</b> ━ viviane griffith</bottin>
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Sam 25 Nov 2017 - 14:27
Rebienvenue alors
Teresa est si belle...
Teresa est si belle...
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Sam 25 Nov 2017 - 14:43
OUIIIIIIIII VIVE LES ROUX !
Bon bah re-re-bienvenue du coup !
Bon bah re-re-bienvenue du coup !
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Sam 25 Nov 2017 - 17:27
rebienvenue et rebonne chance alors
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Sam 25 Nov 2017 - 23:32
rebienvenue chaton
toujours aussi classe ce perso
toujours aussi classe ce perso
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Dim 26 Nov 2017 - 12:42
Re-bienvenue par ici alors !
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Dim 26 Nov 2017 - 14:18
rebienvenue parmi nous
bon courage pour la suite
bon courage pour la suite
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Lun 27 Nov 2017 - 5:53
rebienvenue visiblement
ton perso à l'air trop cool
ton perso à l'air trop cool
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Mar 28 Nov 2017 - 18:30
TERESAAAAAAAAAA
Excellent choix d'avatar
Bienvenue à toi et bonne chance pour ta fichette
Excellent choix d'avatar
Bienvenue à toi et bonne chance pour ta fichette
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Jeu 30 Nov 2017 - 14:58
Re-bienvenue mon chaton !!
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Dim 3 Déc 2017 - 12:42
Merci à tous!
J'avance bien dans mon histoire. J'essaie de finir aujourd'hui, mais au cas où, serait-il possible d'avoir quelques jours de plus?
J'avance bien dans mon histoire. J'essaie de finir aujourd'hui, mais au cas où, serait-il possible d'avoir quelques jours de plus?
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Dim 3 Déc 2017 - 20:35
Je te mets un délai jusqu'au 9/12
- Margaret RoseburyThe Devil wears blue
- » parchemins postés : 921
» miroir du riséd : Jessica Chastain
» crédits : Angie
» multinick : Jules, Caël et Verena
» âge : 46 ans
» situation : Célibataire
» année d'études : .
» profession : Professeure de Sciences Politiques et Magiques & Directrice des Lufkin
» particularité : Legilimens
» nature du sang : Sang-pur
» gallions sous la cape : 1474
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Ven 8 Déc 2017 - 20:17
Quitter son poste pour suivre son mari ... Vile dépendance de la femme ... En tout cas bon courage pour ta fiche et bienvenue :)
“Si vous voulez des discours, demandez à un homme. Si vous voulez des actes, demandez à une femme.” ▵ endlesslove.
La Dame ne fait pas demi-tour. ▵
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Dim 10 Déc 2017 - 12:30
Alarik: merci pour le délai! Je suis toujours là, je fini ma fiche aujourd'hui!
EDIT: FAIT!!! *va signaler sa fiche*
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Lun 11 Déc 2017 - 20:13
@Cristobal Lovingblow on attend ton avis ici
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Mar 12 Déc 2017 - 15:25
JE SUIS LÀ PARDON WEEK-END CHAAAAAAAAARGÉ.
Je lis à l'instant ma choupette
* se perd dans sa lecture quelques temps *
Alors chaaaaaaaaaaapeau chapeau j'ai dévoré ta fiche comme un roman! QUE DE DRAMA attendent nos loulous!
C'est tout bonnement incroyabler c'que tu as inventé comme idée pour la mort de Viviane.
Il va halluciner le p'tit quand il verra que son ancienne flamme n'est pas morte
BIENVENUE OFFICIELLEMENT SOUS LES TRAITS DE LA BELLE BLONDE
tes avatars sont des bombes j'les adore
haaaaaaaaan
Je lis à l'instant ma choupette
* se perd dans sa lecture quelques temps *
Alors chaaaaaaaaaaapeau chapeau j'ai dévoré ta fiche comme un roman! QUE DE DRAMA attendent nos loulous!
C'est tout bonnement incroyabler c'que tu as inventé comme idée pour la mort de Viviane.
Il va halluciner le p'tit quand il verra que son ancienne flamme n'est pas morte
BIENVENUE OFFICIELLEMENT SOUS LES TRAITS DE LA BELLE BLONDE
tes avatars sont des bombes j'les adore
haaaaaaaaan
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Dim 17 Déc 2017 - 12:29
bienvenue
dans ta nouvelle famille
★ Le Staff de Hungcalf a l'immense plaisir de te compter parmi ses
★ Lorsque la paperasse sera enfin bouclée, tu pourras enfin commencer tes rps, faire ta fiche de liens, lire quelques annexes ou bien développer l'histoire de ton personnage dans ta bibliothèque personnelle.
★ Si le quidditch est ta passion, n'hésite pas à agrandir les rangs de l'équipe de ta maison. Tu souhaites t'investir dans un club ou une association ? Alors viens donc en rejoindre un, c'est de ce côté. Tu peux également faire un tour du côté de notre marché aux liens pour te faire des amis ! *-*
★ Si tu te cherches un copain ou une idée de RP, n'hésite pas à passer [https://hungcalf.forumactif.com/t7951-trouver-un-partenaire-rp]ici[/url] pour trouver un partenaire ! Et quand tu auras amassé plein de gallions, une boutique avec plein d'objets et d'avantages est à ta disposition ! *--* D'ailleurs, si tu as pris un scénario ou que tu as privilégie un groupe qui manque de membres, viens te recenser ici pour acquérir tes gallions !
★ T'es paumé ? Tu ne sais pas qui est dans quelle maison ou dans quels cours ? Tu te demandes qui sont les étudiant(e)s qui sont dans la même filière ou la même année que toi ? Tu aimerais savoir si ton voisin est un sang-pur ou un né-moldu ? Bah ne cherche plus ! Pour ça, y'a le : Référentiel de Hungcalf !
Have fun sur Hung !
PS: coucouuuuu, c’est la validation ! elle fut un peu longue mais la voilà Ton histoire est très belle et super bien ficelée ! Tout nous semble parfait, on a rien à redire Et cette plume olala, j’avais déjà les larmes au premier paragraphe bref amuse-toi bien avec ce deuxième perso de feu
- InvitéInvité
Re: Not so much of a phoenix. More of a corpse bride.
Dim 17 Déc 2017 - 19:24
Merci beaucoup!!!
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