- InvitéInvité
(hotaru) ✧ house of memories
Mer 14 Fév 2018 - 23:23
••• Petit Prince × house of memories •••
Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j'habiterai dans l'une d'elles, puisque je rirai dans l'une d'elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire !
Enfant, ta mère te trouvait souvent hors du lit, le nez plongé dans des livres ou des étoiles, malgré la fatigue sur les traits. Pourtant, elle ne te réprimandait que rarement, trop consciente que ces veillées étaient une délivrance pour toi. Une délivrance face à ta famille, à la pression qui pesait de plus en plus sur tes épaules. Petit garçon né avec un don magnifique mais porteur de terribles responsabilités, petit prince solitaire même au sein des siens, tu n’avais que les étoiles pour converser. Cette solitude, même si tu as appris à l’aimer, elle était douloureuse parfois, malgré tout, elle t’a marqué si profondément que tu la ressens encore parfois, à trente-sept ans.
Ce soir, tu l’as retrouvée, cette solitude. Cette vieille compagne. Dans l’appartement que tu partages en temps normal avec ton fils, une petite fierté après ces années de galères, enfant en bas-âge sous le bras, les horaires de boulots et d’études qui se succèdent comme un cercle infernal. Pourtant, ce soir, cet endroit est devenu beaucoup spacieux, beaucoup trop vide, et tes pensées se bousculent en échos dans ces lieux, se répercutant contre les murs, les peintures, les vitres, les photographies. Tu penses aux inquiétudes qui s’accumulent, à tout ce qui se passe autour de toi, toi qui es supposé être une grande personne et donc savoir comment réagir face à ces problèmes. Tu penses à Sun Hi, tu penses à Adèle, tu penses à Heather, à ta mère, à ton père, et bien sûr et surtout, à ton fils, Hotaru. On est vendredi soir, il devait rentrer un peu plus tard dans la nuit, toi, tu es revenu en début d’après-midi. Tu ne supportes pas vraiment ce lieu, seul, alors tu profites des appartements réservés au professeur d’astronomie de l’université pendant la semaine. Mais bon, aujourd’hui, grande personne que tu es, tu as dû faire des courses et donc venir les ranger. Un plat préparé attend d’ailleurs ton fils, un plat pris chez le traiteur, comme tu n’es clairement pas un cordon-bleu, tu es plutôt le genre à confondre l’huile avec le vinaigre.
Tu es assis en tailleur, une vieille musique, un air pour piano que l’on te forçait à apprendre enfant, en fond, ton patronus se promenant autour de toi. Curieux, il renifle les boites que tu as sorti de tes archives, les illuminant doucement dans le clair-obscur de la pièce. Pensif, tu traces du bout des doigts un vieux dessin que tu as fait, tu devais avoir cinq ans. Comment as-tu réussi à le garder après autant d’années ? Peut-être vient-il de cette caisse que ta mère t’a remis aux dernières fêtes, cette fête où ton père a osé instrumentaliser ton fils. Tes mains se crispent, froissant légèrement le papier fragile, en te rendant compte de son geste tu essaies de te calmer, ce n’est ni le moment, ni l’endroit Hiko. Tu déposes délicatement le papier pour en prendre un autre, celui-ci, il est de ton fils, un de ses premiers et tu ne peux t’empêcher de rire, il avait un meilleur trait que toi à l’époque. Sans vraiment faire attention, tes traits se détendent, et tu as le véritable visage de tes trente-sept ans. De petites pattes d’oies sur le coin des yeux, des traits plus marqués, une ride du lion, quelques cheveux blancs qui commencent à apparaître, rien d’affolant pour les autres, une horreur pour toi. Mais sans miroir, tu arrives à te supporter.
Finalement, tu saisis une feuille, froissée, griffonnée, maintenue contre une photographie que tu reconnais sans peine. C’est toi, Hiko, toi avec un bébé dans les bras, le petit prince. Tu ris, sur cette photo, le bébé semble aussi rire, tu regardes l’objectif et mets le petit être en évidence. Ça te rend nostalgique, nostalgique d’une bien étrange période. Tu avais dix-neuf ans, avais-tu seulement les épaules d’être père ? Est-ce qu’on est seulement prêt, un jour, de devenir parent. Si tu n’avais pas eu ce petit miracle qu’est Hotaru, tu te demandes si tu aurais simplement pu goûter à la paternité. Tu penses à Adèle. Si vous aviez pu l’élever ensemble, si… Tu te contiens Hiko. La revoir réouvre de vieilles cicatrices mal soignées, et ce, malgré la douceur de Sun Hi, malgré tous ceux qui ont entré dans ta vie. Elle est ton premier vrai amour, ta rose, impossible de l’effacer. Et puis, elle est la mère de ton fils, et même si tu sais qu’elle mérite, au fond, d’avoir l’amour de son fils, tu as peur qu’il ne s’éloigne trop de toi. Sans parler de cette histoire de fiançailles.
Quelqu’un entre dans la pièce, mais tu es plongé dans tes pensées, des souvenirs éparpillés autour de toi. De toute façon, s’il y avait un danger, ton renard de patronus t’aurait prévenu et puis, qui cela pouvait être d’autre que ton fils ?
Tu lèves soudainement les yeux vers lui, avant d’avoir un rire gêné :
« Ah, pardon, je n’ai pas vu l’heure qu’il était. »
EDIT ARCHIVE SUITE A LA SUPPRESSION D'UN JOUEUR