Le secret. Ce qui doit être tenu caché, ce qui appelle à la discrétion, au silence. L’Omerta de ce qui est réservé aux initiés, de ce qui est tenu pour dissimulé. C’est paré de ton plus beau costume que tu traverses le manoir des Hogg, une famille de sang-pur, comme la tienne, avec des mœurs vieillissants et très largement dépassés. Un endroit où finalement tu ne passes pas inaperçu. Ta propre vie est à des années lumières des leurs. La seule raison de ton invitation réside en l’empire médiatique que tu as autour de toi, tes relations, tes marchés financiers. Pas d’entourloupes avec toi, Volkov.
Il est aussi vrai que tu présentes bien à l’affiche. T’es plutôt franchement agréable à regarder, tu inspires la crainte et l’admiration, t’es quelqu’un qu’il vaut mieux avoir dans son cercle proche. Les Hogg semblent l’avoir bien compris. Une famille amie de la tienne et avec laquelle tu entretiens tout de même des liens très respectueux. C’est un verre de cristal rempli d’un liquide carmin qui accompagne tes pas ce soir tandis que tu virevolte entre les convives, en saluant certains, en évitant d’autres avec une incroyable aisance.
Tu finis par rejoindre quelques jeunes hommes, comme toi, dont les échanges fusent à propos de leurs dernières acquisitions financières. Tu vantes les mérites des tiennes sans pour autant faire réellement attention à ce qui se dit. C’est rarement de la curiosité saine qui réside dans ces soirées-là. Ton attention, elle, est bien plus occupée à se focaliser sur ce qu’il peut se dire ailleurs dans la grande pièce. Se targuer d’être le meilleur, tu sais le faire, tu n’as pas besoin d’eux.
La douche froide. La sidération. Tu termines ton vin d’une gorgée, gardant subtilement toute contenance devant les aveux écoutés non loin. Un coup d’œil en biais. Blackthorn. Le garçon qui sait. Le garçon qui a vu. L’homme, qui désormais pense savoir. L’homme, qui nécessairement représente un potentiel danger pour toi. A toi d’incarner la menace la plus lourde. Pour cela, tu ne penses pas peiner, tu sais déjà pertinemment sur quel vice tu appuieras. Tous les coups sont permis.
Tu t’excuses poliment auprès de tes acolytes, mimant d’avoir reconnu quelqu’un au loin. Menteur né. Vile personnage dont la loyauté est pourtant sans bornes. Tu déposes ton verre avec force sur le plateau d’un serveur. « Kaiden Blackthorn, mon ami » t’exclames-tu dans une joie infiniment fausse mais semblant bien réelle. « Vous nous excuserez, nous ne nous sommes pas aperçus depuis des lustres ». L’intonation, criarde et volontairement bourgeoise. Tu provoques. Encore.
Tu t’empares du garçon et dépose une main ferme sur son épaule afin de le guider en aparté, dans un couloir fermé du manoir des Hogg, à l’écart des regards et oreilles indiscrètes. Bifurquant sur la gauche, tu t’assures de ne pas être suivi. Tu plaques le blond contre le mur, avec violence. Les iris noires de colère. « Écoute-moi bien, Blackthorn, je pense que tu as trop bu ce soir mais cela ne m’empêchera pas de te faire avaler ta propre langue ». Tu l’empoignes au niveau du col, te rapprochant de lui, tout contre lui, l’esquisse sadique sur tes lèvres charnues. « Que diraient-ils, Alicia et Tiberius, s’ils te voyaient aussi proche de moi, là, maintenant ? Et ce bon vieil Aloysius … Il en ferait un infarctus. Tu ne crois pas, Kaiden ? » Tu pousses le vice. Encore. Plus loin.
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Manoir des Hogg
L’aîné des Blackthorn avait revêtu une chemise blanche et une veste grise. Autour de son cou, au bout d’une chaîne, glissée sous sa chemise, une cage miniature abritait le corbeau endormi de Kaiden. Il transplana jusqu’au portail du manoir de la riche famille de sang pur, les Hogg, qui organisait cette petite soirée. Apparemment, cette dernière venait d’avoir un heureux événement. Ils souhaitaient montrer leur héritier à tout le gratin des familles de sang pur. Néanmoins, les Hogg n’étaient pas assez importants aux yeux de Tiberius et Alicia Blackthorn pour qu’ils se déplacent eux-mêmes. C’était donc à Kaiden, leur fils aîné de s’en charger. Le jeune homme avait bien sûr tenté de négocier, mais très vite il avait compris que son père ne lui laissait pas le choix. C’était ça ou Tiberius suivrait la vie de son fils de bien plus près qu’il le faisait actuellement. Pour Kaiden, il n’était pas question de perdre cette liberté qu’il avait mis des années à gagner alors, il avait accepté.
Dans l’immense salle de bal du manoir, des serveurs n’arrêtaient pas de faire le tour des invités, proposant champagne et amuses bouches. Kaiden lui était avec un petit groupe de sorciers qu’il connaissait d’autres soirées de la sorte. Ce n’étaient pas des amis, seulement des connaissances de la famille dont il était important de bien se faire voir. Alors, le jeune homme leur faisait la conversation pour passer le temps qui se faisait de plus en plus distendu, contrairement aux verres de champagne qui devenaient de plus nombreux à finir au fond de la gorge de l’aîné des Blackthorn. Le sujet de la discussion était très mondain et il dériva sur les mariages, chacun parlait des plus belles unions auxquelles ils avaient assisté ou plutôt les cérémonies les plus fastes mettant en avant la richesse des familles.
_ Il y a des mariages qui marquent par leur beauté, mais d’autres qui le sont parce qu’ils sont marqués par le drame. Vous souvenez du mariage des Volkov, il y a quelques années ? Un marié veuf même pas quelques heures après avoir prononcé ses vœux. Commença alors Kaiden, se laissant emporter par l’alcool et en parlant fort.
Lorsqu’il avait seize ans, l’aîné des Blackthorn, accompagné de ses parents avait été invité au mariage d’Ephrem Volkov. Pour l’adolescent, l’événement avait été marquant à cause du drame qui l’avait marqué, mais ce n’était pas tout. Le jeune Kaiden avait vu un détail que personne ne semblait avoir vu lors de ce mariage. Peu de temps avant que la mariée ne s’effondre, empoissonnée, son mari Ephrem lui avait offert un verre. Cette image n’avait pas quitté l’esprit du Blackthorn : et si c’était le loup russe qui avait tué sa femme ? Bien sûr, Kaiden n’avait aucune preuve, mais il ne pouvait se défaire de ce doute. Depuis ce jour, il avait recroisé Ephrem lors de différents événements mondains et parfois à l’université, mais les deux hommes n’avaient pas échangé plus que le politiquement correct.
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Soudain, Kaiden entendit quelqu’un l’appeler. Surpris, il se retourna pour tomber nez à nez avec Ephrem Volkov, le marié veuf de l’histoire qu’il s’apprêtait à raconter. Il ne sut quoi répondre tant il ne s’attendait pas à croiser la route du directeur de la Chouette Enchaînée. Kaiden sentit la main d’Ephrem se refermait sur son épaule tel un ordre silencieux lui indiquant de le suivre. L’aîné des Blackthorn s’exécuta. Qu’est-ce qu’il pouvait faire d’autre ? Le journaliste était mieux bâti que lui et surtout il semblait moins affecté par l’alcool. De plus, faire une scène lors d’une soirée mondaine était bien la dernière chose que souhaitait Kaiden. Si cela devait se produire son père trouverait un moyen de lui faire payer d’avoir entaché l’honneur de la famille. Kaiden pourrait alors dire adieu à la liberté qu’il avait durement acquise après des années à batailler avec ses parents.
En suivant Ephrem, Kaiden posa rapidement son verre vide sur un coin de table tout en voyant que le journaliste le guidait vers un coin à l’égard des regards. Même alcoolisé, le blond comprenait que c’était pas pour une simple discussion amicale. La confirmation arriva lorsque Kaiden se retrouva plaquer contre le mur. Il grimaça et grogna sous la douleur. Il fronça les sourcils en entendant les premiers mots d’Ephrem, mais il ne dit rien. Ce fut quand le journaliste l’empoigna au niveau du col et le menaça que Kaiden réagit, retrouvant une meilleure clarté d’esprit. Sa main vint tenter de balayer les doigts d’Ephrem pour se détacher de son emprise.
_ Comment ça proche de toi ? Putain ! Tout ce que tu risques c’est de t’attirer les foudres de Tiberius et d’Aloysius. Ephrem, merde lâche-moi ! Intima-t-il avec colère, le visage légèrement rougi par l’alcool et par la rage qui commençait à naître.
Tu as peur de la vérité ? C’est ça ? C’est bon, je dirais rien sur ton mariage. De toute façon, qu’est-ce que ça peut me faire ? Je la connaissais même pas.
C’était faux bien sûr. Kaiden n’avait jamais rencontré la femme d’Ephrem avant le mariage ni Ephrem lui-même. Néanmoins, il avait de l’empathie pour la malheureuse qui avait été prise à ce monde le jour qui était censé être le plus beau de sa vie.
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La menace tombe, incisive et indélicate, dès lors que tu empoignes son col avec force. La tentative de se défendre du Blackthorn semble vaine, grognant de douleur sous l’escarmouche. Tandis qu’il tente de s’échapper de ton étreinte, tu ressers ta poigne, tel le squale refermant sa mâchoire avec davantage de force. Le coup d’œil assombri par la haine, tu respires son parfum dans une esquisse prédatrice.
Tu finis par lâcher prise, la main toujours au niveau de son cou. La mention des parents te laisse rire, impétueux, assuré. Le rire sinistre, goguenard. La colère se lit sur le visage du garçon, tu prends un temps pour le décrire, la rougeur de ses joues ne passant pas inaperçue. Est-il en proie à l’énervement ou bien simplement la proximité a opéré comme tu le souhaitais ? Tu abaisses enfin le bras, contractant ta mâchoire, le regard plissé à son encontre.
« Les foudres de Tiberius et Aloysius ? » reprends-tu, moquerie au bout des lèvres. « Tu apprendras que nous sommes en très bons termes ». Au point d’être présent au dernier bal de la famille, au point même d’offrir des mixtures de ton cru à ce vieux patriarche. « Peur de la vérité ? » reprends-tu à sa suite, débutant une série de pas devant lui, l’encerclant ainsi d’une marque invisible, celle dictée par la foulure de tes chaussures sur le sol de marbre.
Si cet homme a quelque chose à apprendre de toi, c’est bien que tu n’as peur de rien du tout. Adage appris, répété au fil des années et ancré dans ton esprit comme l’on marque la peau d’un fer rouge. La peur n’est pas une émotion ressentie par les Volkov. Terrible conditionnement auquel la famille toute entière doit se conformer. La peur n’existe pas. « Je sais ce que tu as vu, Kaiden ». Le timbre de ta voix est presque inaudible. « Il est préférable que tu gardes tout ceci pour toi. Pour ton bien ».
Tu t’approches, de nouveau, oscillant tel un cobra dans ce décor dont la richesse ferait pâlir les plus grands. « Il doit être lourd à porter ce fardeau ». Tu passes ta langue sur ta lèvre supérieure. « Laisse-moi t’aider, Kaiden. Donne-moi ce souvenir que tu gardes en toi depuis trop longtemps. Donne-moi ce souvenir et je te laisse tranquille ».
Tu finis par passer la pulpe de tes doigts au niveau de sa cravate, détaillant son noble tissu tout en l’empoignant avec délicatesse. « Je ne suis pas dupe, tu sais. J’ai remarqué les regards que tu jettes sur ma personne lors des événements. Tu penses faire bonne figure mais cela ne fonctionne pas avec moi. Pas avec moi » répètes-tu afin de bien insister. « Tu n’es pas insensible à ce geste, n’est-ce pas ? » demandes-tu en l’attirant vers toi. « Je veux ce souvenir ».
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Une grimace déforma le visage du blond aux moqueries d’Ephrem. Le journaliste osait le menacer et maintenant il se moquait de lui. Pourtant, une part de Kaiden avait du mal à ne pas admirer le charisme du loup russe. Néanmoins, la colère était dominante. Les yeux de l’aîné des Blackthorn regardèrent Ephrem marcher devant lui. Kaiden n’avait pas peur, il faudrait plus que ça pour l’effrayer. Enfin, c’était ce qu’il se disait, pourtant il était toujours là, sans chercher à fuir. Si Ephrem cherchait à éviter les scandales, le blond n’aurait qu’à réussir à arriver près de la foule et à parler un peu fort pour attirer l’attention. Le journaliste n’aurait pas d’autre choix que de laisser partir sa proie. C’était si simple et pourtant, Kaiden ne faisait rien de ce genre. Il attendait sans laisser à Ephrem la possibilité de quitter son champ de vision.
A la nouvelle menace non dissimulée, Kaiden fronça les sourcils, si ses yeux en auraient été capables, ils auraient foudroyé le loup russe, mais tout ce qu’ils pouvaient faire c’était d’exprimer la colère de leur propriétaire.
_ Tu n’auras rien… Je t’interdis de toucher à ma mémoire. Cracha Kaiden.
Le Blackthorn sentit les doigts d’Ephrem se nouer autour de sa cravate, refermant définitivement le piège sur Kaiden. Les mots du journaliste ne furent pas sans effet sur le blond. Oui, il avait déjà posé son regard sur Ephrem, une part de lui trouvait le loup russe attirant. Le charisme et l’assurance qu’il dégageait avaient quelque chose de plaisant aux yeux de Kaiden, peut-être était-ce que c’était ce genre d’homme capable de faire face à son père et à son oncle, de lui assurer une vie libre. Pourtant, à cet instant, ce genre de préoccupatios était très secondaire dans l’esprit de l’aîné des Blackthorn. Néanmoins, les mots d’Ephrem tendaient à les faire remonter et ajouter un peu de rouge supplémentaire sur les joues de Kaiden.
_ Ce souvenir m’appartient. Je le garde… Répondit-il en tournant la tête sur le côté quelques instants, éludant volontairement les remarques sur son attirance envers le journaliste.
Après quelques secondes de silence à essayer de reprendre le contrôle de ses émotions, sa tête pivota de nouveau et planta son regard dans celui d’Ephrem.
_ Si tu as tant peur que je révèle ce que j’ai vu, prouve moi que ce n’est pas je crois. Montre-moi que tu n’es pour rien dans le drame. Lança-t-il avec une lueur de défi, mais aussi un espoir dissimulé.
Si Ephrem était capable de lui montrer qu’il n’était pas coupable du meurtre de sa femme, le poids de détenir un secret brûlant disparaîtra des épaules de Kaiden ainsi que la culpabilité de ne pas en avoir parlé ainsi que celui de trouver attirant un homme qui avait possiblement tué son épouse lors des noces.
_ Si tu ne peux rien faire, fous moi la paix. Tu n’auras jamais mes souvenirs ! Dit-il en attrapant la main d’Ephrem pour tenter de l’écarter de sa cravate.
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Le bourdonnement sourd de tes cordes vocales se laisse entendre chez toi, comme le mécontentement peut se lire sur les traits du blond. La colère d’abord et l’interdit qui tombe ensuite, celui de toucher à sa mémoire. Un sortilège d’amnésie bien tourné aurait pu servir à ta cause bien que cela soit néfaste. Tu te fiches bien des pots cassés et des éventuelles répercussions. S’en serait-il aperçu de toute façon ? Ce n’est absolument pas certain. L’air goguenard, tu ricanes simplement en guise de réponse. « Je ferais ce que bon me semble ».
Tes phalanges s’enroulent autour de sa cravate à la manière du serpent autour de l’arbre. Le piège se referme doucement tandis que tes pupilles détaillent le rouge qui lui monte un peu plus aux joues. Cet instant t’amuse, toi, qui contrôle tout ce qu’il se passe actuellement. C’est excessivement plaisant. A tes remarques sur sa potentielle attirance pour toi, tu le vois se détourner et cela t’arrache un rictus. Tu ne crois pas t’être trompé sur ce que tu viens d’affirmer. Encore moins après une telle attitude.
Le défi dans son intonation ne te plait pas. Elle t’agace même davantage. « Un mal pour un bien, voilà tout » rétorques-tu avec un détachement glacial. Tu enserres un peu plus ta prise autour du tissu. Cet empoisonnement t’aura au moins permis de te défaire d’un mariage arrangé, non voulu, de l’un comme de l’autre. Pourtant, tu n’as jamais mis la main sur ce qu’il se tramait réellement sous ce meurtre. Tu n’as jamais compris qui était là-dessous. Peut-être quelqu’un aurait-il souhaité te faire porter le chapeau ? L’influence de ta famille a néanmoins réussi à faire taire cette affaire.
« Je n’ai pas peur, Kaiden. Je ne voudrais pas qu’un accident survienne si tu ne tiens pas ta langue, c’est tout ». Tu esquives, évidemment, ses tentatives de lui révéler tes souvenirs personnels. Et si au fond, tu te morfonds d’être pris comme étant le coupable, tu te complais dans cette apparence noire et perfide. Tu n’as d’autre réflexe que de te rapprocher un peu plus alors que sa main se dépose sur la tienne. Certainement pour te repousser. « Tu penses vraiment que je suis un assassin ? ». Tes prunelles inspectent les siennes comme si tu tentais de lire en lui.
Tu finis par le lâcher, reculant en arrière, la mine assombrie. Tu te renfermes sur toi-même, les paupières plissées, n’abaissant pas les yeux pour autant. « Je te donne rendez-vous demain soir, chez moi ». Là, entre tes doigts apparaît un fin morceau de parchemin sur laquelle l’adresse de ton appartement londonien est annotée. « Si tu souhaites des réponses à tes questions, viens ». Sur ce, tu glisses le bout de papier dans l’encolure de sa chemise, effleurant par là l’épiderme de son cou. Tu te recules, un peu plus, lui adressant un clin d’œil moqueur tout en rejoignant le reste de la soirée. « A demain, Kaiden ».