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- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
- » parchemins postés : 8266
» miroir du riséd : francisco lachowski
» crédits : wcstedrose (ava)
» multinick : arty / joe / keir
» âge : vingt-huit ans
» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
» profession : chroniqueur à la Chouette Enchaînée
» particularité : animagus
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 8292
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Ven 18 Juin 2021 - 15:01
When I take my sugar to tea ft. @Nathanael CohenMaximilien n’aurait jamais cru s’habituer si vite à ce type de travail très… manuel. Bien plus que ce qu’il fait à son stage universitaire. Il n’a jamais sous-considéré le métier de serveur mais ne s’est jamais dépeint dans cet univers, ni cet uniforme. Pourtant, c’est bien lui qu’il porte en ce moment-même. De quoi payer son loyer et subvenir à ses besoins. Le Français n’a jamais pensé être plein d’illusion concernant le marché du travail, mais en voyant son salaire et le nombre d’heures qu’il a dû faire pour l’obtenir, il est tombé de haut. La dure réalité de la vie, certains diront. Pourtant, il n’a jamais envisagé de se plaindre à ce sujet, bien heureux de pouvoir enfin maîtriser sa vie et en être fier. Il ne reçoit plus l’aide de personne et c’est un nouveau sentiment qui lui permet de tenir quand les semaines deviennent trop lourdes à vivre. Ces dernières s’articulent entre les cours à Hungcalf, le stage à la Chouette Enchaînée et son service le soir et le week-end à la Moufette Enchantée. Il faut rajouter à cela ses séances de recherches et d’écritures pour sa thèse, et vous avez un Maximilien surmené qui, pourtant, affirme avec un grand sourire qu’il va très bien. Il continue de se lever un peu plus tôt le matin pour aller courir et il trouve même le temps de voir Peter. La seule chose positive dans ce calendrier intensif, c’est qu’il n’a pas le temps de penser à la déception qu’il a causé à sa famille, plus précisément son grand-père. Il croise à peine Juliet dans les couloirs et c’est sûrement plus simple ainsi. L’étudiant n’a pas besoin de se rajouter des crises supplémentaires. Il lui est déjà assez difficile de ne pas se prendre constamment le chou avec Peter car, il faut bien l’admettre, les deux jeunes hommes ont une vision du monde complètement différente et cela ne facilite pas toujours leurs conversations. Rien d’insurmontable pour le moment, mais Maximilien se doute qu’un jour ou l’autre, une limite sera franchie et qu’ils ne pourront plus revenir en arrière. Qu’il y aura forcément un sujet qui les départagera à tel point qu’il ne leur sera pas aisé de se faire face. Cependant, il préfère mettre cette hypothèse de côté, profitant des beaux jours - ou plutôt des belles heures - qu’il peut passer avec lui, quand l’Écossais ne décide pas de s’inviter sur son lieu de travail. Maximilien lui a pourtant dit d’arrêter de le faire mais Peter n’est pas du genre à écouter et le Français lui-même a fini par admettre que cela leur permettait de se voir un peu plus souvent, même s’ils ne peuvent pas vraiment discuter comme ils le voudraient.
Le Wright vient justement de quitter la Moufette Enchantée pour aller retrouver des amis en ville et Maximilien l’a regardé partir avec le cœur un peu gros. La journée est plutôt longue et ils n’en sont qu’au milieu de l’après-midi. Le Français rentrerait bien chez lui pour faire une sieste, mais c’est impossible. À la place, il a enregistré sa thèse sur son téléphone et occupe les moments de trous ou de pause en continuant de l’écrire. Pas l’idéal, certes, mais ça fait l’affaire. Du coin de l’œil, il voit un client s’approcher du comptoir et range rapidement son téléphone dans son tablier de serveur. Il fait un peu de place sur le plan de travail, laissant au client le temps de faire son choix puis se tourne vers lui.
“Bienvenue à la Moufette Enchantée, avez-vous choisi ?” Son regard s’arrête sur celui, sombre, de son interlocuteur. Des bouclettes tout aussi brunes encadrent son visage, qui lui semble étrangement familier. Il faut plusieurs secondes à Maximilien pour remettre ces traits dans leur contexte initial. Le contour de son visage est bien différent à la lumière du jour, qu’à la lueur de la Lune, en pleine forêt - ou celle d’un feu de cheminée crépitant.
“Nathanael, c’est bien cela ? Maximilien, nous nous sommes rencontrés en novembre dernier, si je ne m’abuse.” Il a un sourire un peu stupide, mais teinté d’inquiétude. Lorsqu’il se remémore cette nuit, il se souvient surtout de la peine, de l’angoisse et du questionnement qu’il a ressenti. Mais aussi de la façon dont cet entretien s’est terminé. Il aurait bien envie de lui formuler des excuses, mais il est peut-être plus judicieux pour lui d’attendre un peu pour cela…
il est libre max
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Mer 23 Juin 2021 - 15:23
Il était morne. A mi-chemin entre une journée aussi plate que pouvaient le rêver les plus irréductibles platistes et un poème de Victor Hugo après la noyade de sa fille. C’est-à-dire dans un état d’abattement, d’ennui ou de tristesse se manifestant par un manque de vitalité et une tendance plus ou moins marquée au mutisme ; ceci bien évidemment dans le cadre de son expressivité propre, qui dépassait rarement le diapason d’une lifting fronto-temporal et naso-génien. Dans son cas, ça ne changeait presque rien donc, car son visage avait épousé cette naturelle morosité inexpressive comme une none prétendait épouser Dieu. Il avait néanmoins les sourcils froncés plus que de raison, ce qu’un observateur éclairé pouvait tout autant confondre avec le reste de son éventail émotif passablement peu élaboré.
Il avait tout de suite su que la tumeur était là, et qu’il était probablement impossible de l’opérer. La situation avait de toute façon très vite dégénéré.
Greg.
A peine Greg débarqué à Caltech, Nathanael avait tout de suite compris que cette petite voix et ce rire nerveux annonçaient l’effondrement de ses barrières mentales ; l’une des rares personnes qui lui avait filé des envies de meurtre. La genèse de ce parfait trou du cul avait été suffisamment médiocre pour devoir être compensée par un piston social : il était arrivé dans l’institut en tant que fils/cousin/beau-frère de. Le genre de type qui, pour les examens, se pointait avec des fiches de révision qui n’étaient que l’intégralité du cours écrit en plus petit. Tous ces efforts pour ne devenir que la personnification du théorème de l’anti-productivisme. Mystérieusement et en ne faisant absolument rien, Greg était devenu le parangon de l’administration – comprenez, une perle précieuse, remarquable par sa perfection. Pourtant, on pouvait lui demander de synthétiser cinq pages qu’il en rendait sept, lui poser une question pour avoir une non-réponse évasive par mail, téléphone et en personne, lui donner un dossier majoritairement pré-mâché pour qu’il en sabote presque entièrement l’intégrité. Il aimait partir dans des détails techniques dont il n’avait nullement la maîtrise, poussant tout le département à disserter sur la manière dont il avait bien pu obtenir son diplôme. Lequel d’ailleurs ? Nathanael ne savait toujours, même après tout ce temps, sous quelle bannière ce Greg avait pu obtenir sa place parmi ces ingénieurs de l’aérospatial.
Bien évidemment, lorsqu’il aura fallu travailler sur un projet en commun, pendant lequel Nathanael avait passé (perdu) son temps à corriger les inepties de son binôme Greg, un seul nom fut retenu à la fin : Greg. Le concierge avait eu l’impression de se retrouver au lycée, lorsque tous les membres de son groupe de travail récoltaient les mêmes notes que lui simplement parce qu’on l’avait forcé à mettre leur nom sur le dossier -chose qu’il avait refusée de faire au début avant de céder à la stupide pression sociale. Un phénomène qui n’avait eu de cesse de se répéter, plus amplement encore en thèse où il était de mise de rajouter dans la liste des auteurs annexes le gars qui s’était contenté de prêter son matériel de laboratoire ou celui qui avait, un jour, apporté le café et les croissants pour tout le monde. Et toute cette quintessence de l’injustice, de l’hypocrisie et de l’improductivité, ce fleuron de fayotage à travers lequel Nathanael s’était fait son chemin en apnée, c’était glorieusement achevé par Greg.
Mais le problème au fond n’était pas que Greg ait élevé au rang d’art le fait d’accomplir un minimum de choses en un maximum de temps ; le problème, c’était qu’ils avaient (il avait, tout seul) travaillés sur l’amélioration d’un instrument d’astronomie, prévu pour être embarqué à bord d’un propulseur pour une mission spatiale, et qu’il n’y avait que Greg qui avait été convié au lancement. Bien sûr, Nathanael était entre-temps passé en partiel pour pouvoir se consacrer au doux métier de concierge au sein d’une université magique, mais là n’était pas le sujet. Le sujet, c’était Greg.
Il n’avait pas eu l’intention d’entrer dans un salon don thé, ni d’acheter un journal au demeurant, mais le visage miniature en bas de page ne l’avait pas trompé. Rageusement, Nathanael avait chiffonné les pages de ses doigts crispés jusqu’à enfin tomber sur l’article annonçant le décollage prochain d’un lanceur depuis le Centre spatial guyanais, emportant avec lui dans l’orbite une myriade d’instruments de mesure, ainsi que le déploiement futur de quelques satellites supplémentaires. L’article en soi n’avait rien de spécial et ne parlait même pas tant de Greg que ça, mais la photo souriante de cette sombre merde était en train de le regarder à travers des années et des kilomètres de frustration. Il était juif quand même, les promotions par complaisance, il connaissait ça, mais les compétences de Greg étaient tellement disproportionnées du monumental piston qu’il avait du recevoir pour arriver dans un endroit aussi prestigieux rendaient son ascension terriblement absurde et agaçante.
« Bienvenue à la Moufette Enchantée, avez-vous choisi ? »
Manifestement, tel un marin ayant échappé à une tempête, son corps s’était inconsciemment échoué dans un endroit où la lecture – car il allait le lire – de l’article promettait d’être un tant soit peu paisible. Mais Nathanael ne répondit pas : sa seule faim ou soif se traduisait par le démembrement et méthodique du corps de Greg dans un coin de son imagination. Une baleine était capable de produire plus de mots anglais par accident en remontant à la surface que Greg : ça expliquait peut-être pourquoi le département marketing avait du préféré le montrer en photo plutôt que de le faire parler, quitte à devoir imposer sa présence quelque part. Il n’était même pas particulièrement beau, alors on ne pouvait pas non plus dire que sa beauté intérieure était tel un halo ornant le joyau de cet article.
« Nathanael, c’est bien cela ? Maximilien, nous nous sommes rencontrés en novembre dernier, si je ne m’abuse. »
Trop occupé à critiquer l’asymétrie de deux grains de beauté dans le cou de Greg, Nathanael n’avait pas tout de suite compris qu’on était en train de lui parler, ni ce qu’on était en train de lui dire, aussi avait-il d’abord dévié ses yeux replis de haine depuis les pages de l’article jusqu’au faciès de l’énergumène qui le dérangeait dans sa croisade. Maximi-qui ? Max-machin avait en tout cas l’air non seulement de le connaître, mais de le reconnaître. Doucement impassible, Nathanael toisa le visage d’un truc-Milien qui refusait d’apparaître à la surface de sa mémoire, celle de Novembre ou d’un tout autre mois. Mémoire rendue courte par l’agacement et l’impossibilité de se focaliser sur autre chose que sur Greg ? Peut-être. Mauvaise mémoire des nom, prénoms et visages tout court ? Possible. Un amalgame à démêler un autre jour et dont,emporté par la frustration, Nathanael profita pour faire du jeune Maxi-chose l’otage de sa morosité :
« Tu le trouves beau toi ? Dit-il en lui montrant la page du journal. Pourquoi est-ce que c’est sa gueule de coprophile qu’ils ont mis pour illustrer cet article ? C'était mon projet, mon lanceur... Je suis plus moche que lui ou quoi ? »
Demanda-t-il, les yeux dans le vague, en train de contempler une réponse faisant défaut à son esprit. Puis soudain, il releva les yeux vers Maximi-muche et le regarda avec des yeux légèrement écarquillés en oubliant enfin Greg et le journal. Jeune, bien foutu, serviable, un peu timide, souriant, avec cette merveilleuse et irrésistible candeur dans le fond du regard... Des fusibles étaient en train de fondre pour protéger le circuit électrique de son cerveau. Subtilement, Nathanael se ressaisit et, un peut tendu, ne remettant toujours pas le serveur, lui demanda avec une douce précaution :
« Et… on a fait quoi, en Novembre ? »
Il avait tout de suite su que la tumeur était là, et qu’il était probablement impossible de l’opérer. La situation avait de toute façon très vite dégénéré.
Greg.
A peine Greg débarqué à Caltech, Nathanael avait tout de suite compris que cette petite voix et ce rire nerveux annonçaient l’effondrement de ses barrières mentales ; l’une des rares personnes qui lui avait filé des envies de meurtre. La genèse de ce parfait trou du cul avait été suffisamment médiocre pour devoir être compensée par un piston social : il était arrivé dans l’institut en tant que fils/cousin/beau-frère de. Le genre de type qui, pour les examens, se pointait avec des fiches de révision qui n’étaient que l’intégralité du cours écrit en plus petit. Tous ces efforts pour ne devenir que la personnification du théorème de l’anti-productivisme. Mystérieusement et en ne faisant absolument rien, Greg était devenu le parangon de l’administration – comprenez, une perle précieuse, remarquable par sa perfection. Pourtant, on pouvait lui demander de synthétiser cinq pages qu’il en rendait sept, lui poser une question pour avoir une non-réponse évasive par mail, téléphone et en personne, lui donner un dossier majoritairement pré-mâché pour qu’il en sabote presque entièrement l’intégrité. Il aimait partir dans des détails techniques dont il n’avait nullement la maîtrise, poussant tout le département à disserter sur la manière dont il avait bien pu obtenir son diplôme. Lequel d’ailleurs ? Nathanael ne savait toujours, même après tout ce temps, sous quelle bannière ce Greg avait pu obtenir sa place parmi ces ingénieurs de l’aérospatial.
Bien évidemment, lorsqu’il aura fallu travailler sur un projet en commun, pendant lequel Nathanael avait passé (perdu) son temps à corriger les inepties de son binôme Greg, un seul nom fut retenu à la fin : Greg. Le concierge avait eu l’impression de se retrouver au lycée, lorsque tous les membres de son groupe de travail récoltaient les mêmes notes que lui simplement parce qu’on l’avait forcé à mettre leur nom sur le dossier -chose qu’il avait refusée de faire au début avant de céder à la stupide pression sociale. Un phénomène qui n’avait eu de cesse de se répéter, plus amplement encore en thèse où il était de mise de rajouter dans la liste des auteurs annexes le gars qui s’était contenté de prêter son matériel de laboratoire ou celui qui avait, un jour, apporté le café et les croissants pour tout le monde. Et toute cette quintessence de l’injustice, de l’hypocrisie et de l’improductivité, ce fleuron de fayotage à travers lequel Nathanael s’était fait son chemin en apnée, c’était glorieusement achevé par Greg.
Mais le problème au fond n’était pas que Greg ait élevé au rang d’art le fait d’accomplir un minimum de choses en un maximum de temps ; le problème, c’était qu’ils avaient (il avait, tout seul) travaillés sur l’amélioration d’un instrument d’astronomie, prévu pour être embarqué à bord d’un propulseur pour une mission spatiale, et qu’il n’y avait que Greg qui avait été convié au lancement. Bien sûr, Nathanael était entre-temps passé en partiel pour pouvoir se consacrer au doux métier de concierge au sein d’une université magique, mais là n’était pas le sujet. Le sujet, c’était Greg.
Il n’avait pas eu l’intention d’entrer dans un salon don thé, ni d’acheter un journal au demeurant, mais le visage miniature en bas de page ne l’avait pas trompé. Rageusement, Nathanael avait chiffonné les pages de ses doigts crispés jusqu’à enfin tomber sur l’article annonçant le décollage prochain d’un lanceur depuis le Centre spatial guyanais, emportant avec lui dans l’orbite une myriade d’instruments de mesure, ainsi que le déploiement futur de quelques satellites supplémentaires. L’article en soi n’avait rien de spécial et ne parlait même pas tant de Greg que ça, mais la photo souriante de cette sombre merde était en train de le regarder à travers des années et des kilomètres de frustration. Il était juif quand même, les promotions par complaisance, il connaissait ça, mais les compétences de Greg étaient tellement disproportionnées du monumental piston qu’il avait du recevoir pour arriver dans un endroit aussi prestigieux rendaient son ascension terriblement absurde et agaçante.
« Bienvenue à la Moufette Enchantée, avez-vous choisi ? »
Manifestement, tel un marin ayant échappé à une tempête, son corps s’était inconsciemment échoué dans un endroit où la lecture – car il allait le lire – de l’article promettait d’être un tant soit peu paisible. Mais Nathanael ne répondit pas : sa seule faim ou soif se traduisait par le démembrement et méthodique du corps de Greg dans un coin de son imagination. Une baleine était capable de produire plus de mots anglais par accident en remontant à la surface que Greg : ça expliquait peut-être pourquoi le département marketing avait du préféré le montrer en photo plutôt que de le faire parler, quitte à devoir imposer sa présence quelque part. Il n’était même pas particulièrement beau, alors on ne pouvait pas non plus dire que sa beauté intérieure était tel un halo ornant le joyau de cet article.
« Nathanael, c’est bien cela ? Maximilien, nous nous sommes rencontrés en novembre dernier, si je ne m’abuse. »
Trop occupé à critiquer l’asymétrie de deux grains de beauté dans le cou de Greg, Nathanael n’avait pas tout de suite compris qu’on était en train de lui parler, ni ce qu’on était en train de lui dire, aussi avait-il d’abord dévié ses yeux replis de haine depuis les pages de l’article jusqu’au faciès de l’énergumène qui le dérangeait dans sa croisade. Maximi-qui ? Max-machin avait en tout cas l’air non seulement de le connaître, mais de le reconnaître. Doucement impassible, Nathanael toisa le visage d’un truc-Milien qui refusait d’apparaître à la surface de sa mémoire, celle de Novembre ou d’un tout autre mois. Mémoire rendue courte par l’agacement et l’impossibilité de se focaliser sur autre chose que sur Greg ? Peut-être. Mauvaise mémoire des nom, prénoms et visages tout court ? Possible. Un amalgame à démêler un autre jour et dont,emporté par la frustration, Nathanael profita pour faire du jeune Maxi-chose l’otage de sa morosité :
« Tu le trouves beau toi ? Dit-il en lui montrant la page du journal. Pourquoi est-ce que c’est sa gueule de coprophile qu’ils ont mis pour illustrer cet article ? C'était mon projet, mon lanceur... Je suis plus moche que lui ou quoi ? »
Demanda-t-il, les yeux dans le vague, en train de contempler une réponse faisant défaut à son esprit. Puis soudain, il releva les yeux vers Maximi-muche et le regarda avec des yeux légèrement écarquillés en oubliant enfin Greg et le journal. Jeune, bien foutu, serviable, un peu timide, souriant, avec cette merveilleuse et irrésistible candeur dans le fond du regard... Des fusibles étaient en train de fondre pour protéger le circuit électrique de son cerveau. Subtilement, Nathanael se ressaisit et, un peut tendu, ne remettant toujours pas le serveur, lui demanda avec une douce précaution :
« Et… on a fait quoi, en Novembre ? »
- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
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» âge : vingt-huit ans
» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Sam 26 Juin 2021 - 15:57
When I take my sugar to tea ft. @Nathanael CohenLe regard rivé sur son journal, le sorcier ne lui prête pas plus attention qu’un éléphant se soucie du bien-être du papillon. Perdu ou concentré, il ne saurait le dire. Toujours est-il que l’homme ne lui accorde pas un regard. Ce n’est certainement pas la première fois que Maximilien est confronté à ce type d’énergumène, incapable de souffler deux minutes devant un café et de laisser, ainsi, ses problèmes de côté. Le Français n’est pas un accoutumé de l’indifférence et s’il garde en tout temps un visage et un comportement professionnel, il a bien souvent envie de rendre son tablier - surtout dans ce type de situation. Cela est probablement dû au fait qu’il a suivi - ou subit - une éducation plutôt stricte basée sur la politesse envers autrui. Il n’est pas surprenant donc qu’il puisse être offensé par quelques grossiers comportements. Maximilien essaye malgré tout de se dire que ceci n’est en aucun contre sa personne, mais juste un manque d’éducation. Le fait est qu’il reconnaît le visage qui se trouve devant lui et ne pense pas se tromper en prononçant son nom. Mais après tout, l’erreur est humaine et il commence à se dire que c’en est une alors que l’homme ne réagit guère plus à son interpellation. Pourtant, il n’a pas inventé cette nuit-là… A moins que sa chute lors de sa transformation l’ait fait halluciner sur la suite des événements ? Il ne veut même pas envisager que ce soit la vérité. Il n’a, en règle générale, pas une mauvaise mémoire et il se souvient parfaitement avoir discuté avec ce brun… Certes, il ne saurait pas réciter exactement leur discussion d’alors, mais son prénom est resté imprimé dans son esprit, tout comme certains de ses propos marquants à son sujet. Il lui semble même se rappeler que l’homme est concierge à Hungcalf… Est-il, de son côté, si peu mémorable ?
Nathanael semble enfin réagir, mais pas pour les bonnes raisons. Il lui montre la photo d’un article sur le journal et sa question le prend de court. Il semble en proie à un conflit avec cet homme qui ne lui rien du tout et qui, en effet, ne brille pas par son physique. Mais qui est-il pour juger qui que ce soit là-dessus ? Mal à l’aise, le Français serre son stylo entre ses doigts et se racle la gorge. Il ne saisit pas de quel projet Nathanael parle et ne pense pas être concerné par ce dernier. Mais l’article semble profondément le frustrer.
“Non…” répond-il, inconfortable dans son tablier à cet instant. Complimenter quelqu’un sur sa beauté n’a jamais été son point fort et cette fois-ci ne sera pas différente. “Il est plutôt… commun.” Il ne dira pas à Nathanael qu’il est beau mais, intérieurement, Maximilien souligne la profondeur de son regard, la précision de son visage et l’élégance de ses boucles brunes. Ce dernier semble enfin le regarder et cette inspection le fait légèrement rougir. Sa question, elle, le déstabilise. Est-il donc si peu mémorable… ? Bien sûr, Maximilien est un peu vexé de ne pas être un souvenir puissant pour le concierge mais ne peut pas non plus lui en vouloir de lui accorder si peu d’attention, vu la façon dont leur échange s’est terminé. Pendant un instant, il se demande s’il doit continuer sur cette voie ou simplement mentir en faisant semblant de s’être trompé d’interlocuteur. Deux chemins s’offrent à lui mais, ayant bien trop souffert de ses précédents mensonges, le Français opte pour le chemin du juste. Mentir ne l’a, de façon évidente, jamais aidé. Il se rapproche de la table.
“Tu sais… Dans les bois… les pancakes…” dit-il à voix basse, priant pour que personne ne les entende. Il ne peut pas se permettre d’en dire beaucoup plus, surtout si Nathanael ne se souvient définitivement de rien. Serait-ce tant un mal ? Une personne de moins qui connaît sa condition, c’est plutôt une aubaine à vrai dire. Toujours est-il qu’ils ne gardent apparemment pas le même souvenir de cette fameuse nuit et cela le surprend, d’ailleurs. De ce qu’il avait pu voir de la personnalité du concierge, il s’attendait à ce que ce dernier ait une mémoire irréprochable. Il n’en est visiblement rien, son regard le trahit. S’il ne venait pas de lui dire son prénom, il y a fort à parier qu’il n’aurait pas été capable de le prononcer.
“Non mais je dois me tromper en fait, laisse tomber. Est-ce que tu veux boire quelque chose ?” Il ne va pas non plus s’enfoncer dans sa tentative de se faire rappeler à quelqu’un qui, visiblement, ne lui accorde que peu d’importance. Ou alors est-ce lui qui a donné un peu trop de valeur à cette nuit ? Cette discussion qui a déterminé le reste de son chemin jusqu’à présent.
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Mer 7 Juil 2021 - 17:37
Il lui avait semblé poser une question extrêmement simple, aussi Nathanael ne comprit-il pas dans l’absolu la gêne qui avait voilé le visage du serveur à sa requête de confirmer ou d’infirmer une apparence inhérente à des critères de beauté purement subjectifs. A vrai dire, le serveur aurait pu tout autant contrarier son humeur en se rangeant parmi les adorateurs du mauvais goût et de la banalité, mais c’était un hasard nécessaire à son sens de la justesse, car après tout, peut-être avait-il tort de trouver ce Greg si ennuyeusement quelconque. Mais, par politesse professionnelle peut-être – biais qu’il n’avait pas prévu et dont la possibilité le contraria -, le serveur ne se risqua pas et offrit une opinion très accommodante sur le sujet :
« Non… Il est plutôt… commun. »
Aucun soulagement, bien évidemment. Il aurait été retourné par l’injustice de toute façon : dans un cas, Greg aurait été jugé beau et sa seule présence sur ces pages n’aurait alors été justifiée que par sa compétence au brushing et à des masques de nuit au concombre et extrait de thé ; dans l’autre, Greg se révélait moche à un témoin oculaire de plus et cette photo n’était plus qu’une tonitruante allégorie de tous ces gens qui gravissaient les sommets par le biais de qualités qui ne leurs appartenaient pas. Soit il était magnifique et nul et rappelait que la beauté pouvait se substituer à n’importe quelle compétence, soit il était laid et nul et poignardait dans le coeur à peu près tout le monde, parce que si on pouvait comprendre les indéniables avantages de la beauté, on ne pouvait définitivement pas supporter le soufflet que mettaient les Greg de ce monde aux acharnés invisibles. Greg était une aberration de la vie en entreprise, une anomalie de la nature, un peu comme une cellule cancéreuse : celui qui n’avait rien pour lui et qui pourtant finissait par avoir tout.
Rageusement, Nathanael avait refermé le journal et posé sur la table pour ne plus contempler ce monolithe de la médiocrité, ne remarquant guère que le serveur n’avait répondu qu’à moitié. Ses propres qualités physiques n’avaient été qu’une métonymie pour éviter de désigner un rapport d’intelligence qu’il jugeait inégal. Mais si l’intelligence demeurait invisible, la beauté au moins pouvait se mesurer et en concluant que Greg était « commun », le serveur avait éclipsé les autres suppositions. Le plus important n’était pas d’être comparativement beau ou intelligent ; le plus important c’était que Greg ne le fut pas. Et en cela, le serveur avait satisfait son exaspération et mérité son plus ample intérêt. Mais l’intérêt, le désir, le choix, l’attention étaient une perpétuelle discrimination et à n’avoir qu’une unique focale à la fois, Nathanael négligeait souvent longtemps ce qui était hors de son champ de vision. Aussi n’avait-il remarqué ni l’anxiété, ni les rougeurs, ni les hésitations du serveur, qui n’avaient rien avoir avec Greg. Tardivement, il avait posé les yeux sur un paysage qui s’était composé à l’abri de son ignorance, contemplant un jeune homme qui avait nourri gêne et confusion à ses dépens. D’abord incrédule, il s’était penché pour écouter son chuchotement, presque aussi mystérieux que s’il n’avait rien dit du tout. Dans les bois… des pancakes… Son désir de rester discret, de faire des apparts de confidences, ses rougeurs et bégaiements renforcèrent ultimement les suspicions du concierge le temps de quelques secondes fatidiques pendant lesquelles l’imagination prit fermement le pas sur la réalité, mais après quelques sueurs froides et sourcils froncés, l’univers se réaligna subitement, non sans quelques déambulations.
Pancakes, bois, bois pancakes, le whisky avait eu un goût boisé, comme le feu dans la cheminée… Des pancakes au whisky, du whisky aux bois, des bois à l’odeur de feuille humide, et au milieu de la nuit, des yeux… Le regard perdu dans le vague, Nathanael s’était mis à caresser l’arête brisée de son nez du bout du doigt, stimulé par ce fil de souvenirs. Des yeux comme dans le bar, sauvages ; un regard semblable, unique, aux envergures d’un aigle, et qui se superposait à travers le temps entre deux… trois lieus distincts : ces yeux barbares remontaient le labyrinthe de sa mémoire jusqu’à redevenir ceux qui l’avaient esquissés dans un bar, regardés dans la forêt, puis contemplés au-dessus d’une assiette de pancakes.
« Non mais je dois me tromper en fait, laisse tomber. Est-ce que tu veux boire quelque chose ? Vendit-il malgré tout leur familiarité par un tutoiement.
- Les pancakes, conclut Nathanael avant d’imposer un silence lourd et dense. Pendant un instant, j’ai cru qu’on avait couché ensemble.» finit-il par soupirer, visiblement rassuré d’avoir retrouvé dans ses souvenir autre chose qu’un imbroglio de chair avec encore un autre étudiant (@Juliet Blackthorn ).
Mais Maximilien était timide au point d’entretenir un suspens inutile, aussi le concierge avait-il eu le temps de d’imaginer quelques péripéties dans les bois avec des pancakes en guise de métaphore pour un détail gênant. Après tout, on parlait de miches et de meules, alors pourquoi pas des pancakes ? La réalité était bien plus banale et cette façon de faire des manières, de rougir, de tergiverser et d’omettre la moitié des mots comme s’il s’agissait de propos indicibles pour une simple histoire de salon de thé rendit le concierge perplexe, comme si Maximilien s’était figuré bien plus que ce qu’il en avait été sur les faits. Cela lui laissa un sentiment d’une réticence prudente, qui provoqua à son tour une débordante curiosité à l’égard de ce qui paraissait lui échapper si parfaitement.
« Je me souviens, c’est toi le… il buta à son tour sur le secret, se tut, puis caressa à nouveau l’arête cassée de son nez d’un geste illustratif, le mec qui… mange des pancakes. »
Nathanael le regarda avec plus de conséquence, balayant le jeune homme de toute sa taille : il s’en souvenait vaguement, sans pour autant être capable de clairement le différentier de la foule compacte. Sa mémoire fonctionnait bien mieux avec les associations d’idées plutôt qu’avec ce qu’il percevait visuellement, et Maximilien n’en était sorti qu’en vertu du long chemin analogique parcouru entre les pancakes et le semblant d’aigle qu’il avait cru apercevoir par hasard dans un bar : un souvenir qui l’avait frappé par son invraisemblance.
« Je ne t’aurais pas imaginé serveur, dit-il après appréciation du style. Quoi que je ne t’aurais pas imaginé… manger des pancakes non plus. » hésita-t-il sur ces choses dont il ne fallait pas parler jusqu’à faire des sous-entendus incongrus.
Bien sûr, ce qu’il voulait dire mais ne pouvait pas, c’était qu’il n’aurait pas non plus imaginé Maximilien disloquer son corps pour prendre les allures d’un volatile à plumes, alors la dislocation en serveur était relativement acceptable à côté.
Un instant et avec encore plus d’application, Nathanael l’observa, mais franchement, c’était comme regarder un ficus et à part constater qu’il était régulièrement arrosé, il n’y avait au sujet de Maximilien rien de plus à conclure à l’instar de leur dernière rencontre. Dans l’impasse sociale, il improvisa :
«Tu as l’air d’aller… mieux ? »
Ce qui au final était la meilleure supposition. Mieux, c’était un compliment fait à l’apparence, mais honnêtement Maximilien avait l’air égal à lui même : timide, hésitant, charmant dans sa mélancolie latente, toujours aussi susceptible à s’émouvoir.
@Maximilien Leroy
« Non… Il est plutôt… commun. »
Aucun soulagement, bien évidemment. Il aurait été retourné par l’injustice de toute façon : dans un cas, Greg aurait été jugé beau et sa seule présence sur ces pages n’aurait alors été justifiée que par sa compétence au brushing et à des masques de nuit au concombre et extrait de thé ; dans l’autre, Greg se révélait moche à un témoin oculaire de plus et cette photo n’était plus qu’une tonitruante allégorie de tous ces gens qui gravissaient les sommets par le biais de qualités qui ne leurs appartenaient pas. Soit il était magnifique et nul et rappelait que la beauté pouvait se substituer à n’importe quelle compétence, soit il était laid et nul et poignardait dans le coeur à peu près tout le monde, parce que si on pouvait comprendre les indéniables avantages de la beauté, on ne pouvait définitivement pas supporter le soufflet que mettaient les Greg de ce monde aux acharnés invisibles. Greg était une aberration de la vie en entreprise, une anomalie de la nature, un peu comme une cellule cancéreuse : celui qui n’avait rien pour lui et qui pourtant finissait par avoir tout.
Rageusement, Nathanael avait refermé le journal et posé sur la table pour ne plus contempler ce monolithe de la médiocrité, ne remarquant guère que le serveur n’avait répondu qu’à moitié. Ses propres qualités physiques n’avaient été qu’une métonymie pour éviter de désigner un rapport d’intelligence qu’il jugeait inégal. Mais si l’intelligence demeurait invisible, la beauté au moins pouvait se mesurer et en concluant que Greg était « commun », le serveur avait éclipsé les autres suppositions. Le plus important n’était pas d’être comparativement beau ou intelligent ; le plus important c’était que Greg ne le fut pas. Et en cela, le serveur avait satisfait son exaspération et mérité son plus ample intérêt. Mais l’intérêt, le désir, le choix, l’attention étaient une perpétuelle discrimination et à n’avoir qu’une unique focale à la fois, Nathanael négligeait souvent longtemps ce qui était hors de son champ de vision. Aussi n’avait-il remarqué ni l’anxiété, ni les rougeurs, ni les hésitations du serveur, qui n’avaient rien avoir avec Greg. Tardivement, il avait posé les yeux sur un paysage qui s’était composé à l’abri de son ignorance, contemplant un jeune homme qui avait nourri gêne et confusion à ses dépens. D’abord incrédule, il s’était penché pour écouter son chuchotement, presque aussi mystérieux que s’il n’avait rien dit du tout. Dans les bois… des pancakes… Son désir de rester discret, de faire des apparts de confidences, ses rougeurs et bégaiements renforcèrent ultimement les suspicions du concierge le temps de quelques secondes fatidiques pendant lesquelles l’imagination prit fermement le pas sur la réalité, mais après quelques sueurs froides et sourcils froncés, l’univers se réaligna subitement, non sans quelques déambulations.
Pancakes, bois, bois pancakes, le whisky avait eu un goût boisé, comme le feu dans la cheminée… Des pancakes au whisky, du whisky aux bois, des bois à l’odeur de feuille humide, et au milieu de la nuit, des yeux… Le regard perdu dans le vague, Nathanael s’était mis à caresser l’arête brisée de son nez du bout du doigt, stimulé par ce fil de souvenirs. Des yeux comme dans le bar, sauvages ; un regard semblable, unique, aux envergures d’un aigle, et qui se superposait à travers le temps entre deux… trois lieus distincts : ces yeux barbares remontaient le labyrinthe de sa mémoire jusqu’à redevenir ceux qui l’avaient esquissés dans un bar, regardés dans la forêt, puis contemplés au-dessus d’une assiette de pancakes.
« Non mais je dois me tromper en fait, laisse tomber. Est-ce que tu veux boire quelque chose ? Vendit-il malgré tout leur familiarité par un tutoiement.
- Les pancakes, conclut Nathanael avant d’imposer un silence lourd et dense. Pendant un instant, j’ai cru qu’on avait couché ensemble.» finit-il par soupirer, visiblement rassuré d’avoir retrouvé dans ses souvenir autre chose qu’un imbroglio de chair avec encore un autre étudiant (@Juliet Blackthorn ).
Mais Maximilien était timide au point d’entretenir un suspens inutile, aussi le concierge avait-il eu le temps de d’imaginer quelques péripéties dans les bois avec des pancakes en guise de métaphore pour un détail gênant. Après tout, on parlait de miches et de meules, alors pourquoi pas des pancakes ? La réalité était bien plus banale et cette façon de faire des manières, de rougir, de tergiverser et d’omettre la moitié des mots comme s’il s’agissait de propos indicibles pour une simple histoire de salon de thé rendit le concierge perplexe, comme si Maximilien s’était figuré bien plus que ce qu’il en avait été sur les faits. Cela lui laissa un sentiment d’une réticence prudente, qui provoqua à son tour une débordante curiosité à l’égard de ce qui paraissait lui échapper si parfaitement.
« Je me souviens, c’est toi le… il buta à son tour sur le secret, se tut, puis caressa à nouveau l’arête cassée de son nez d’un geste illustratif, le mec qui… mange des pancakes. »
Nathanael le regarda avec plus de conséquence, balayant le jeune homme de toute sa taille : il s’en souvenait vaguement, sans pour autant être capable de clairement le différentier de la foule compacte. Sa mémoire fonctionnait bien mieux avec les associations d’idées plutôt qu’avec ce qu’il percevait visuellement, et Maximilien n’en était sorti qu’en vertu du long chemin analogique parcouru entre les pancakes et le semblant d’aigle qu’il avait cru apercevoir par hasard dans un bar : un souvenir qui l’avait frappé par son invraisemblance.
« Je ne t’aurais pas imaginé serveur, dit-il après appréciation du style. Quoi que je ne t’aurais pas imaginé… manger des pancakes non plus. » hésita-t-il sur ces choses dont il ne fallait pas parler jusqu’à faire des sous-entendus incongrus.
Bien sûr, ce qu’il voulait dire mais ne pouvait pas, c’était qu’il n’aurait pas non plus imaginé Maximilien disloquer son corps pour prendre les allures d’un volatile à plumes, alors la dislocation en serveur était relativement acceptable à côté.
Un instant et avec encore plus d’application, Nathanael l’observa, mais franchement, c’était comme regarder un ficus et à part constater qu’il était régulièrement arrosé, il n’y avait au sujet de Maximilien rien de plus à conclure à l’instar de leur dernière rencontre. Dans l’impasse sociale, il improvisa :
«Tu as l’air d’aller… mieux ? »
Ce qui au final était la meilleure supposition. Mieux, c’était un compliment fait à l’apparence, mais honnêtement Maximilien avait l’air égal à lui même : timide, hésitant, charmant dans sa mélancolie latente, toujours aussi susceptible à s’émouvoir.
@Maximilien Leroy
- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
- » parchemins postés : 8266
» miroir du riséd : francisco lachowski
» crédits : wcstedrose (ava)
» multinick : arty / joe / keir
» âge : vingt-huit ans
» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
» profession : chroniqueur à la Chouette Enchaînée
» particularité : animagus
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 8292
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Jeu 8 Juil 2021 - 17:09
When I take my sugar to tea ft. @Nathanael CohenL’énumération de ces deux éléments aurait dû suffire, du moins de son point de vue, à se rappeler à la mémoire du concierge. Maximilien en vient à se demander si, à défaut d’être véritablement dans l’ignorance de ce qui s’est produit dans ces bois, Nathanael ne cherche pas plutôt une excuse pour ne pas avoir à s’adresser à lui, ni le reconnaître. Cette rencontre n’est probablement pas à son goût et ils se rejoignent sur le fait que ni l’un ni l’autre ne s’y attendait. Pourtant, elle est inévitable. La ville est grande, mais pas assez pour autant. Qu’ils aient mis autant de temps à se recroiser est étonnant en soi. Mal à l’aise face à cette volonté de l’ignorer, il préfère chasser toute tentative supplémentaire, oubliant qu’il n’est pas supposé tutoyer un client. Le Français se résigne à retourner à son travail et à oublier qu’il a pu vivre cette expérience avec l’homme aux boucles brunes, qu’elle soit fantasmée ou non. Mais ce dernier répète son propos avec insistance et le silence qui s’ensuit est tout aussi pesant. Le sorcier lève un sourcil surpris en entendant l’hypothèse de son interlocuteur, qui le laisse sans voix. Il aurait pu rougir encore s’il n’était pas déjà à son maximum. Qu’il ait pu envisager d’avoir été son amant est une première et ce n’est pas le type de conversation dont il a l’habitude. Son carnet dans sa main et le stylo dans l’autre, il tente de ne pas perdre contenance, mais l’exercice est difficile.
Au moins se rappelle-t-il à son souvenir, bien que le concierge semble bloquer sur l’affaire des pancakes. “Hum… oui c’est ça. Entre autres.” Il plisse les yeux en regardant l’homme devant lui, pas certain de comprendre s’il fait allusion à sa transformation ratée en aigle ou s’il est simplement factuel. Car oui, Maximilien a mangé des pancakes ce soir-là. Mais pourquoi user d’un tel ton pour le mentionner ? Quelque chose lui échappe et il en a conscience. Bien que doté d’une certaine intelligence, il y a des subtilités que le Français a parfois du mal à saisir. Il n’est pas un bon détecteur de mensonges et les sous-entendus sont rarement à sa portée. Donc quand on parle de manger des pancakes, il prend cela au sens propre.
“Ce n’est pourtant pas si improbable. La preuve. Mais ce n’est que temporaire, de toute évidence.” Nouveau froncement de sourcil. Okay, il ne parle définitivement pas de pancakes désormais, il faut se faire une raison. Il n’aura fallu que plusieurs minutes pour que le jeune homme réalise que Nathanael a trouvé bon de parler de ce qui s’est passé dans cette forêt avec un sous-entendu particulièrement ridicule. Il aurait probablement mieux fait de se taire et le servir comme s’il n’était qu’un client lambda, la situation aurait été bien moins embarrassante pour l’un comme pour l’autre. Forcer la conversation n’apporte de satisfaction ni à l’un ni à l’autre. Maximilien ressent pourtant une pointe de contrariété face au déroulement des choses. Difficile de constater qu’il n’a été qu’un grain de sable insignifiant dans la grande vie de Nathanael.
“Oui, merci. Certaines choses se sont réglées. Ont changées.” Bien sûr, il hésite à en dire plus car son dernier souhait est celui d’être ennuyeux et collant à en mourir. Sa vie n’intéresse sûrement pas le concierge d’Hungcalf, surtout vu le peu d’intérêt qu’il lui manifeste. Son attention semble être exclusivement portée sur ce journal et son nez, qu’il touche souvent du doigt, attirant forcément son regard dessus.
“Et de ton côté ? Un souci avec ton nez ?” demande-t-il en souriant légèrement, comme une moquerie partant d’un bon sentiment, comme celle que l’on fait à un ami de longue date. “Cet article a vraiment l’air de te contrarier, de quoi parle-t-il au juste ? Qu’est-ce que ce pauvre gars a bien pu te faire ?” Le sorcier tente de jeter un œil sur le journal qui, malheureusement, est refermé sur la table, cachant ainsi la quasi intégralité de l’article susmentionné. On ne peut pas lui en vouloir d’être curieux et si cela peut éviter que la conversation se centre de nouveau sur lui, il est partant. A vrai dire, pour cette fois, il a bien envie que les rôles soient inversés.
il est libre max
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
- merci :
- InvitéInvité
Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Sam 17 Juil 2021 - 0:18
Un job d’été c’était pourtant commun, mais l’exigence de ses études avait amenuisé petit à petit l’opportunité d’une pareille activité. Tout au long de son parcours scolaire, Nathanael avait côtoyé un mille-feuille de la société qui n’avait soit jamais eu besoin d’un apport régulier d’argent du fait de son héritage, soit n’en avait jamais eu le temps, lancé à la poursuite d’un diplôme qui enfonçait la tête entre des pages de poussière. Aussi avait-il presque toujours tenu en contradiction études et travail rémunéré, parce que celui qui étudiait n’avait pas le temps de travailler, et celui qui travaillait n’avait pas le temps d’étudier. Ou en tout cas, de ne faire aucune de ces deux activités correctement. Outre, cette université magique regorgeait d’un tel nombre d’héritiers de l’aristocratie sanguine, pour qui le mot « argent » était une évidence et le mot « travail » plus un son qu’un mot disposant de son sens propre, qu’il était presque étrange de rencontrer ceux pour qui ces notions n’étaient pas simplement de la musique.
Le temps d’outrepasser ce préjugé, Nathanael avait déjà eu le temps de se demander si Maximilien n’avait pas arrêté les études ou ne s’était pas retrouvé en mauvaise posture exigeant de lui le sacrifice de son éducation. Mais l’écrevisse, quoi que sortie de l’eau, arborait une mine de quelqu’un disposant encore librement de son avenir, même si partageant déjà quelques points communs avec les serveurs endurcis : incapacité des muscles visage à lutter contre la gravité, sourcils froncés, une forme chronique d’impatience et de contrariété.
« Ce n’est pourtant pas si improbable. La preuve. Mais ce n’est que temporaire, de toute évidence. »
Il fallait effectivement s’incliner devant la preuve, mais Nathanael hésita sur l’évidence, ne parvenant pas à saisir de quoi exactement il en revenait. La seule chose qu’il finit par en conclure était que Maximilien ne se sentait peut-être pas exactement à sa place ici et ambitionnait autre chose en guise d’activité. Très peu de gens en réalité envisageaient de consacrer leur vie à la… servitude en restauration ; un temporaire parfois extensible jusqu’à l’infini. Nathanael se contenta de sourire brièvement, laissant à Maximilien une évidence qu’il était le seul à contempler et que rien ne paraissait parvenir à tirer de son mécontentement.
« Oui, merci. Certaines choses se sont réglées. Ont changées. »
Ce garçon, jadis si bavard, s’était drapé dans la concision la plus parfaite, comme une balance de laboratoire, ou une passoire, à travers laquelle il fallait tamiser chaque syllabe avec un pilon. Quand on disait que les choses avaient changé, c’était en général un euphémisme pour ne pas caractériser la qualité desdits changements. Et en général, si on était assez curieux ou si on lisait suffisamment bien les signes tacites qui n’étaient que des perches à précisions, il fallait répondre « Bons ou mauvais, les changements ? ». Mais juste après avoir ouvert la fenêtre, Maximilien décida de refermer le volet en bifurquant d’un sujet qu’il paraissait vouloir éclipser :
« Et de ton côté ? Un souci avec ton nez ?
- Non » répondit-il succinctement en arrêtant de caresser l’arête de son nez, se rendant compte que son second degré était en train de passer pour du premier.
Dans ces instants, il ne savait jamais s’il fallait forcer le volet comme un cambrioleur pour profiter de la fenêtre laissée ouverte, ou s’il fallait continuer à toquer à la porte comme une personne civilisée, en fermant les yeux sur les opportunités cachées. Après tout, c’était un cambriolage, mais étonnamment il y avait des personnes qui, en permanence, laissaient dans la conversation des écoutilles entrebâillées en espérant que quelqu’un y passe la main. Une façon de se donner un genre sans en avoir l’air, ou de faire des lapsus révélateurs. Bref, incapable de savoir si Maximilien voulait qu’il devînt un criminel en col roulé ou pas, Nathanael se pencha sur les évidences, d’autant que la dénomination de « pauvre gars » avait eu le don de remettre le feu aux braises de son humeur.
« Il y a quelques temps, j’ai travaillé sur un projet, entama-t-il en posant sa main en éventail sur le journal. Un lanceur… fusée, se reprit-il rapidement, doit partir dans l’espace pour placer une charge utile… un satellite, se reprit-il encore, en orbite. J’ai élaboré des instruments de mesure qui doivent être déployés sur ce satellite avec… il hésita, Greg. En compagnie de Greg ? En sa présence ? Je ne sais pas comment qualifier quelqu’un qui était là mais qui n’a rien fait. » secoua-t-il finalement des mains avec exaspération.
Il avait répondu à la question d’un naturel qui lui était propre, sans s’embarrasser de fioritures qui lui étaient évidentes, comme le fait qu’il n’avait pas toujours et pas qu’été concierge, puis que tout le monde n’était pas au fait des aléas de sa vie, et encore moins qu’un concierge en charge de lanceurs avait de quoi soulever une mer de sourcils. Par habitude en revanche, Nathanael avait corrigé tout le jargon dont les subtilités n’étaient pas toujours nécessaires : en aérospatial, on ne parlait de « fusées » ou de « satellite », mais de lanceurs et de charge utile pour spécifier et en même temps englober la multiplicité des fonctions d’un tel engin.
« Et c'est à lui que l'on a offert des places en Guyane pour le lancement du projet, s'indigna l'astrophysicien, tout en gratifiant de nouveau le journal d'un regard mauvais. A Greg, eut-il besoin de préciser l'évidence, comme il avait vulgarisé le jargon aérospatial, dans une nécessité là encore d'expliciter sa contrariété à quelqu'un, fusse-t-il un étudiant de l'Université et non pas les directeurs de cette vaste plaisanterie.
Il n'avait pas particulièrement eu envie d'assister à cet évènement jusqu'à ce matin même. C'était l'idée que l'usurpateur y soit auréolé de toutes les gloires qui avait fait germer l'injustice dans son esprit. Les racines avaient poussé, arrosées par son sens de la vérité, jusqu'à faire surgir la nécessité d'être présent pour voir l'aboutissement de son travail, de rétablir un abus. Et puis, l'ironie avait fait que cela soit précisément à l'autre bout du globe terrestre, faisant emphase sur la distance grandissante qu'il pouvait y avoir entre le cerveau dénué d'imagination scientifique de Greg et le sien. Des milliers de kilomètres, donc, qu'aucun avion grande ligne payé une fortune ne pouvait avaler en quelques heures - soit précisément ce qui le séparait à cet instant précis de l'évènement. Il poussa un long soupir chargé d'une fatalité que même le Concorde n'aurait pu venir nuancer : sans compter le crash de cette prouesse technique, même le joyau des airs de la compagnie française n'aurait pu lui faire traverser l'Atlantique aussi vite.
Parce qu'à part passer le mur du son, il devrait se contenter de suivre la grande mascarade derrière son ordinateur, par le biais d'une mauvaise webcam mise en service par l'agence aérospatiale - c'était toujours de mauvaise qualité, ce genre de reportage. Pourtant on parlait d'agences gouvernementales expédiant des hommes dans l'espace, mais tout le budget semblait avoir été englouti dans le salaire de Greg, manifestement. A moins que cela ne fut l'intérêt du public qui n'ait été englouti par la banalité d'une telle prouesse technologique. Un peu comme l'émission des membres d'Appolo 13, qui n'avait rencontré un franc succès qu'une fois appris que les astronautes ne rentreraient peut-être pas en un seul morceau. Il fallait dire que l'intérêt humain était pondéré par le caractère exceptionnel, ou pas, de ce qui advenait plus que par la réelle difficulté de la chose.
Nathanael pianota sur le comptoir, s'efforçant de juguler sa contrariété en portant de nouveau son attention sur l'écrevisse faite serveur. En pure perte, néanmoins : son orbite du jour, c'était Greg et son sourire Colgate, Greg et sa chemise en flanelle se pavanant dans les gradins du lancement, Greg et ses lunettes de soleil modèle aviateur éternellement perchées sur sa tête désespérément vide. Greg, Greg, Greg. Pourquoi n'avait-il pas choisi une Université de sorcellerie en Guyane, déjà ?
« Oh ! » s'exclama le concierge, brusquement raide comme un salut militaire.
Il se pencha en avant, vers le comptoir, scrutant l'étudiant de haut en bas, puis de bas en haut. Une fois, deux fois, puis :
« Maximillien… fit-il avec le sérieux d'un pape avant un discours de Pacques devant des millions de fidèles. Tu... tu es un sorcier ! s'exclama-t-il en plaquant sur son visage un sourire conspirationniste et beaucoup trop large pour ses zygomatiques peu habituées à une telle joie. Combien tu prends pour m'amener en Guyane disons... dans l’heure qui suit ? marchanda-t-il avec le plus grand des sérieux, le regard pétillant : Ton prix est le mien. Et je t'offre les antipaludéens, cela va de soi, promit-il en posant sa main à plat sur le comptoir. S'il te plait. » supplia-t-il.
@Maximilien Leroy
Le temps d’outrepasser ce préjugé, Nathanael avait déjà eu le temps de se demander si Maximilien n’avait pas arrêté les études ou ne s’était pas retrouvé en mauvaise posture exigeant de lui le sacrifice de son éducation. Mais l’écrevisse, quoi que sortie de l’eau, arborait une mine de quelqu’un disposant encore librement de son avenir, même si partageant déjà quelques points communs avec les serveurs endurcis : incapacité des muscles visage à lutter contre la gravité, sourcils froncés, une forme chronique d’impatience et de contrariété.
« Ce n’est pourtant pas si improbable. La preuve. Mais ce n’est que temporaire, de toute évidence. »
Il fallait effectivement s’incliner devant la preuve, mais Nathanael hésita sur l’évidence, ne parvenant pas à saisir de quoi exactement il en revenait. La seule chose qu’il finit par en conclure était que Maximilien ne se sentait peut-être pas exactement à sa place ici et ambitionnait autre chose en guise d’activité. Très peu de gens en réalité envisageaient de consacrer leur vie à la… servitude en restauration ; un temporaire parfois extensible jusqu’à l’infini. Nathanael se contenta de sourire brièvement, laissant à Maximilien une évidence qu’il était le seul à contempler et que rien ne paraissait parvenir à tirer de son mécontentement.
« Oui, merci. Certaines choses se sont réglées. Ont changées. »
Ce garçon, jadis si bavard, s’était drapé dans la concision la plus parfaite, comme une balance de laboratoire, ou une passoire, à travers laquelle il fallait tamiser chaque syllabe avec un pilon. Quand on disait que les choses avaient changé, c’était en général un euphémisme pour ne pas caractériser la qualité desdits changements. Et en général, si on était assez curieux ou si on lisait suffisamment bien les signes tacites qui n’étaient que des perches à précisions, il fallait répondre « Bons ou mauvais, les changements ? ». Mais juste après avoir ouvert la fenêtre, Maximilien décida de refermer le volet en bifurquant d’un sujet qu’il paraissait vouloir éclipser :
« Et de ton côté ? Un souci avec ton nez ?
- Non » répondit-il succinctement en arrêtant de caresser l’arête de son nez, se rendant compte que son second degré était en train de passer pour du premier.
Dans ces instants, il ne savait jamais s’il fallait forcer le volet comme un cambrioleur pour profiter de la fenêtre laissée ouverte, ou s’il fallait continuer à toquer à la porte comme une personne civilisée, en fermant les yeux sur les opportunités cachées. Après tout, c’était un cambriolage, mais étonnamment il y avait des personnes qui, en permanence, laissaient dans la conversation des écoutilles entrebâillées en espérant que quelqu’un y passe la main. Une façon de se donner un genre sans en avoir l’air, ou de faire des lapsus révélateurs. Bref, incapable de savoir si Maximilien voulait qu’il devînt un criminel en col roulé ou pas, Nathanael se pencha sur les évidences, d’autant que la dénomination de « pauvre gars » avait eu le don de remettre le feu aux braises de son humeur.
« Il y a quelques temps, j’ai travaillé sur un projet, entama-t-il en posant sa main en éventail sur le journal. Un lanceur… fusée, se reprit-il rapidement, doit partir dans l’espace pour placer une charge utile… un satellite, se reprit-il encore, en orbite. J’ai élaboré des instruments de mesure qui doivent être déployés sur ce satellite avec… il hésita, Greg. En compagnie de Greg ? En sa présence ? Je ne sais pas comment qualifier quelqu’un qui était là mais qui n’a rien fait. » secoua-t-il finalement des mains avec exaspération.
Il avait répondu à la question d’un naturel qui lui était propre, sans s’embarrasser de fioritures qui lui étaient évidentes, comme le fait qu’il n’avait pas toujours et pas qu’été concierge, puis que tout le monde n’était pas au fait des aléas de sa vie, et encore moins qu’un concierge en charge de lanceurs avait de quoi soulever une mer de sourcils. Par habitude en revanche, Nathanael avait corrigé tout le jargon dont les subtilités n’étaient pas toujours nécessaires : en aérospatial, on ne parlait de « fusées » ou de « satellite », mais de lanceurs et de charge utile pour spécifier et en même temps englober la multiplicité des fonctions d’un tel engin.
« Et c'est à lui que l'on a offert des places en Guyane pour le lancement du projet, s'indigna l'astrophysicien, tout en gratifiant de nouveau le journal d'un regard mauvais. A Greg, eut-il besoin de préciser l'évidence, comme il avait vulgarisé le jargon aérospatial, dans une nécessité là encore d'expliciter sa contrariété à quelqu'un, fusse-t-il un étudiant de l'Université et non pas les directeurs de cette vaste plaisanterie.
Il n'avait pas particulièrement eu envie d'assister à cet évènement jusqu'à ce matin même. C'était l'idée que l'usurpateur y soit auréolé de toutes les gloires qui avait fait germer l'injustice dans son esprit. Les racines avaient poussé, arrosées par son sens de la vérité, jusqu'à faire surgir la nécessité d'être présent pour voir l'aboutissement de son travail, de rétablir un abus. Et puis, l'ironie avait fait que cela soit précisément à l'autre bout du globe terrestre, faisant emphase sur la distance grandissante qu'il pouvait y avoir entre le cerveau dénué d'imagination scientifique de Greg et le sien. Des milliers de kilomètres, donc, qu'aucun avion grande ligne payé une fortune ne pouvait avaler en quelques heures - soit précisément ce qui le séparait à cet instant précis de l'évènement. Il poussa un long soupir chargé d'une fatalité que même le Concorde n'aurait pu venir nuancer : sans compter le crash de cette prouesse technique, même le joyau des airs de la compagnie française n'aurait pu lui faire traverser l'Atlantique aussi vite.
Parce qu'à part passer le mur du son, il devrait se contenter de suivre la grande mascarade derrière son ordinateur, par le biais d'une mauvaise webcam mise en service par l'agence aérospatiale - c'était toujours de mauvaise qualité, ce genre de reportage. Pourtant on parlait d'agences gouvernementales expédiant des hommes dans l'espace, mais tout le budget semblait avoir été englouti dans le salaire de Greg, manifestement. A moins que cela ne fut l'intérêt du public qui n'ait été englouti par la banalité d'une telle prouesse technologique. Un peu comme l'émission des membres d'Appolo 13, qui n'avait rencontré un franc succès qu'une fois appris que les astronautes ne rentreraient peut-être pas en un seul morceau. Il fallait dire que l'intérêt humain était pondéré par le caractère exceptionnel, ou pas, de ce qui advenait plus que par la réelle difficulté de la chose.
Nathanael pianota sur le comptoir, s'efforçant de juguler sa contrariété en portant de nouveau son attention sur l'écrevisse faite serveur. En pure perte, néanmoins : son orbite du jour, c'était Greg et son sourire Colgate, Greg et sa chemise en flanelle se pavanant dans les gradins du lancement, Greg et ses lunettes de soleil modèle aviateur éternellement perchées sur sa tête désespérément vide. Greg, Greg, Greg. Pourquoi n'avait-il pas choisi une Université de sorcellerie en Guyane, déjà ?
« Oh ! » s'exclama le concierge, brusquement raide comme un salut militaire.
Il se pencha en avant, vers le comptoir, scrutant l'étudiant de haut en bas, puis de bas en haut. Une fois, deux fois, puis :
« Maximillien… fit-il avec le sérieux d'un pape avant un discours de Pacques devant des millions de fidèles. Tu... tu es un sorcier ! s'exclama-t-il en plaquant sur son visage un sourire conspirationniste et beaucoup trop large pour ses zygomatiques peu habituées à une telle joie. Combien tu prends pour m'amener en Guyane disons... dans l’heure qui suit ? marchanda-t-il avec le plus grand des sérieux, le regard pétillant : Ton prix est le mien. Et je t'offre les antipaludéens, cela va de soi, promit-il en posant sa main à plat sur le comptoir. S'il te plait. » supplia-t-il.
@Maximilien Leroy
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- » parchemins postés : 8266
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» âge : vingt-huit ans
» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Sam 17 Juil 2021 - 13:21
When I take my sugar to tea ft. @Nathanael CohenLe garçon préfère ne pas s'étaler inutilement. La situation est déjà suffisamment étrange comme ça, il n'a pas besoin de se forcer au bon souvenir de Nathanael. Si ce dernier ne peut pas se souvenir de leur conversation, qu'il en soit ainsi. Maximilien ne se sent pas d'humeur à déballer sa vie privée passée et présente dans un salon de thé, avec des clients autour et pendant ses heures de travail. Le tout reviendra peut-être en mémoire du brun quand il rentrera chez lui, plus tard dans la journée. Il est donc tout naturel pour lui de dévier la conversation sur son interlocuteur, et cette étrange manie de se caresser l'arête du nez - qu'il n'avait pas remarquée en novembre. Peut-être parce qu'il ne l'avait jamais fait devant lui auparavant ? La réponse de Nathanael est très brève, presque expéditive. Quand bien même son nez serait cassé, le Français doute qu'il l'aurait mis dans la confidence. Il avait oublié à quel point discuter avec cet homme lui donnait cette impression de marcher constamment sur des œufs, ou d'être en thérapie. Il semble toujours analyser le moindre de ses propos, le moindre de ses gestes ou de ses expressions faciales, si bien que cela ne fait que les empirer en sa présence. Il en vient à se demander qui peuvent bien être les amis proches du concierge, s'il est comme ça même avec eux. Parfois, on a simplement besoin d'être "tranquille". Véritablement tranquille, pas juste une fausse excuse pour qu'on s'inquiète pour vous !
Il envisage de lui rendre la pareille en inspectant chacun de ses mots ou de ses gestes, mais Maximilien se rappelle bien vite que cet exercice n'est pas dans ses fonctions de serveur et que, surtout, il ne veut pas risquer un retour de bâton de la part de son interlocuteur. Ce dernier se met enfin à raconter ce qu'il a dans la tête et qui le fait autant pester. L'écoutant parler, le Français plisse une ou deux fois les yeux, notamment lorsqu'il change de formulation. Un lanceur fusée ? Il comprend bien vite, plus tard dans son discours, qu'il ne cherche qu'à vulgariser ses propos comme on le ferait avec un âne. Il a le choix entre se sentir offensé ou y voir une certaine attention, et décide de ne prendre aucun des deux. Ce serait donner l'occasion à Nathanael de le sonder, une fois de plus, et de faire ressortir ses faiblesses.
"Un profiteur, me semble" propose-t-il entre ses propos, comprenant aussitôt pourquoi il est aussi énervé envers ce Greg. Etant un grand bosseur lui-même, Maximilien ne supporterait pas de devoir faire le travail d'un autre et qu'il soit récompensé à sa place. Tellement injuste mais, contrairement à Nathanael, le sorcier finirait par se faire une raison et ne se battrait pas plus que ça. Sûrement parce qu'il déteste faire un esclandre, et il a bien conscience que c'est là l'un de ses défauts. Pourtant, il a tenté d'apprendre à se battre pour ses propres intérêts...
"Je comprends mieux... Mais la Guyane, c'est surfait !" La plaisanterie ne passera sûrement pas, mais il aura essayé. Surtout parce qu'il ne voit pas comment rassurer l'homme à ce sujet. Il ne peut pas forcer les décisionnaires à virer Greg ou, au moins, à changer le nom dans l'article pour le sien. Il ne pourrait que lui donner un discours d'encouragement qui sonnerait étrangement fade et qui lui serait bien inutile, au regard de la situation. Donc, autant se taire. C'est sa façon de vivre depuis des années et l'une de ses règles à suivre : se taire si on n'a rien d'intelligent ou de rassurant à dire. A la place, Maximilien attrape un verre, qu'il sèche avec un torchon avant de le disposer derrière lui. Il en prend un autre, quand Nathanael a un mouvement si brusque qu'il manque de le lâcher. Plus de peur que de mal, mais l'incompréhension se lit sur son visage. Il s'attend à tout, venant de lui, quand bien même il ne le connaît pas tant que ça. Il a surtout le regard de celui qui a une idée en tête et n'en démordra pas avant d'avoir eu pleine satisfaction.
Son sérieux, lui, est effrayant. Maximilien a un rire nerveux alors qu'il lui rappelle être un sorcier. Comme s'il ne le savait pas. Où veut-il en venir, au juste ? Le Français a sa petite idée mais ne veut pas s'avancer. "Oui, en effet j'en suis un..." répond-il prudemment, sûrement plus que de raison. Il attend la suite avec une légère anxiété. La demande de Nathanael n'est, en soit, pas étonnante. Il a besoin d'un transport, il côtoie des sorciers par son travail et donc, il est au courant de leur moyen de déplacement rapide. En soi, rien d'extraordinaire. Mais son comportement laisse entendre que cette solution semble tout droit sortie du cul de Pluton.
"Combien je prends ? Tu sais que je ne suis pas un taxi ?" Il tente l'humour, car c'est tout ce qu'il a de plus solide. Il range un nouveau verre propre, prenant ce court laps de temps pour réfléchir à cette proposition. Maximilien a besoin d'argent, ce n'est pas une grande nouvelle, mais il ne veut pas que la pitié rentre en considération. Malgré la situation, il est bien trop fier pour qu'on lui fasse la charité, même déguisée en service rendu à un ami. Ou une connaissance. Jusqu'où est-il prêt à aller pour vivre sa vie de paria des Leroy ?
"Combien tu as sur toi ?" finit-il par demander, se maudissant intérieurement d'être si facilement manipulable. Mais le fait est que ce "pourboire" serait très utile pour terminer de payer ses factures de ce mois. Peter est bien mignon, mais il a tendance à vouloir faire et acheter des tas de choses qui, dorénavant, sont trop chères pour le budget du Leroy. Et ce dernier se refuse à ce qu'il sorte le porte-monnaie à chacun de leurs rendez-vous, ou qu'ils abaissent leur standard de vie. Il n'a donc pas d'autres choix. Techniquement, si, mais s'il est réaliste, ce choix-là s'impose de lui-même.
"Le mieux serait que je te dépose en Guyane, que je revienne ici et qu'on se donne un horaire où je reviendrais te chercher ? Et il me faudrait un visuel un peu plus concret de l'endroit où tu veux que je te dépose. Si on peut éviter de perdre un bras pendant le trajet, ce serait l'idéal. Ce boulot demande autant de mains que possible !" Il a un léger sourire et se penche lui aussi vers lui, ses coudes sur le comptoir. "Tout pour clouer le bec de Greg."
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y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Sam 7 Aoû 2021 - 0:34
Comme bien souvent, les idées avaient une meilleure résonance dans la tête que dans la bouche, question d’acoustique. On pouvait passer sur le scientifique qui disait et faisait n’importe quoi : c’était un classique. Brasser du vent, c’était un peu comme caresser la notion de mécanique quantique : dans le milieu de la recherche, si ça n’arrivait pas trois fois par semaine, c’était que les subventions étaient en retard. Cependant, cette lucidité appartenait au monde moldu et à ses habitudes sans imagination, car dans un contexte magique, presque rien n’était stupide et encore moins impossible, exception faite de ceux qui se lavaient les mains sans utiliser de savon, ce qui était, toutes cultures confondues, affligeant.
Donc, après s’être senti l’espace de quelques mouvements de l’univers vaguement bête en formulant sa requête, Nathanael se rappela que foncièrement rien n’était impossible avec une baguette magique et que particulièrement, la distance était un problème relégué au rang d’anecdote. Et comme disait l’adage : c’est pas con si ça marche. Ce qui était en revanche plus inhabituel dans cette histoire que la téléportation, c’était ce soudain enthousiasme fiévreux et qui reposait presque exclusivement sur de la haine. Mais Nathanael n’était vraisemblablement pas le seul dans cette situation. Quelque part, dans des cimetières parfois glorifiés, parfois inconnus, une cohorte de cercueils de tous les scientifiques de l’histoire devait se retourner sous-terre à la seule idée qu’il y ait des gens comme Greg dans le monde des sciences ; les bougres devaient tourner à une vitesse si formidable que si on les reliait à des turbines, les pauvres hères se transformeraient en ressources capables d’assurer l’avenir de l’humanité pour plusieurs siècles. Une énergie semblable animait à présent Nathanael, donc l’ambition était seulement mue par la noble fin de mettre un terme à cette misère intellectuelle, de prendre revanche sur une existence bien trop ponctuée par des Greg sous toutes leurs formes.
Et bingo, la seule modalité sur laquelle buta ledit sorcier, ce fut sa rémunération, ce qui, dans le langage de Nathanael, était une bagatelle comme la téléportation pouvait l’être dans le sien. Trait de caractère ou nécessité de l’âme sur laquelle on pouvait en tout cas presque toujours compter pour satisfaire n’importe quel besoin à un prix raisonnable.
« Combien je prends ? Tu sais que je ne suis pas un taxi ? »
Nathanael écarta d’une main robuste ces modalités inutiles, puis répondit :
« Tu n’étais pas serveur non plus avant de le devenir. » dit-il sur le ton d’une malice évidente et enthousiaste, se débarrassant avec franchise de tous les obstacles qui pouvaient être abattus, sans remarquer un seul instant qu’il s’agissait peut-être davantage d’une excuse de mauvaise foi que de médiocres tâtons intellectuels. C’était le moment de prouver que toute cette compassion, ces « un profiteur, me semble » et « la Guyane, c’est surfait » auxquels Nathanael avait nerveusement sourit, n’étaient pas une façade, un bouclier de gentillesse pour repousser l’inopportun. Le jeune homme en profita néanmoins pour se faire désirer et laissa languir la réponse…
« Combien tu as sur toi ? » finit-il par capituler.
Oui, capituler. Parce que l’argent était loin d’être un problème et que quand on en venait à négocier ce genre de clauses, c’était qu’on envisageait sérieusement la proposition. Nathanael sourit donc avec largeur et satisfaction, d’un sourire blanc mouillé et qui s’amenuisait et se fondait doucement dans le regard d’un noir rapidement devenu braises... Jusqu’à la condition qui éteignit tout d’un seul coup de volet rabattu :
« Le mieux serait que je te dépose en Guyane, que je revienne ici et qu'on se donne un horaire où je reviendrais te chercher ? Et il me faudrait un visuel un peu plus concret de l'endroit où tu veux que je te dépose... »
Le concierge fit la moue, baissa le front et regarda l’étudiant en biais avec patience, sachant déjà que tout ceci était discutable. Non pas nécessairement en vertu de la vénalité, mais parce qu’il y avait déjà eu une fente percée dans la volonté de l’étudiant. Nathanael le laissa terminer et répondit d’un ton lascif et mystérieux :
« Seulement quelques shekels sur moi, pas de quoi faire ton bonheur probablement, ou qu’une partie de ton bonheur, si tu veux une avance... s’était-il mis à parler dans le jargon de la négoce, partiellement pour voir à quel point Maximilien entrevoyait cette aventure comme une transaction financière pure, puis pour le taquiner aussi un peu. Mais j’ai des fonds qui sauront largement te satisfaire si tu n’es pas impatient. »
Il l’avait dit en allant à la rencontre de Maximilien, faisant glisser ses coudes sur le comptoir et se penchant toujours davantage vers lui d’un mouvement si lent qu’il aurait pu être imperceptible s’il n’ y avait pas eu les effets de la perspective. Doucement, ses yeux mouvants enserraient le cou et le visage de Maximilien d’un collier de regard. La solitude était loin de le rebuter, mais avec ce genre d’aventure, il préférait savoir son chauffeur en train de polir la voiture en bas de la rue plutôt qu’en courses à l’autre bout du monde. Garder Maximilien à côté était une façon de maximiser ses chances de ne pas devoir rentrer tout seul. Puis il ferait un bon stagiaire à présenter pour détourner le sujet si jamais quelqu’un devait les croiser. Et enfin, cela promettait d’être une agréable occasion pour voir le timide Maximilien triompher un peu.
« Le mieux serait que tu me donnes ton prix pour une après-midi et qu’on s’en tienne à la simplicité. A vrai dire, je préfère une escorte, plutôt qu’un taxi... »
Il libéra enfin l’étudiant de son emprise et détourna les yeux pour balayer le café de son regard noir. Assiettes salies, petits fours mordillés puis abandonnés, verres poissés d’affreuses mixtures, serviettes en papier étendues et imbibées de gras ou de tâches non identifiées, et au loin, la sombre fente d’une porte de toilettes entrebâillée sur le reflet d’une faïence qu’il allait bientôt falloir astiquer. Même avec de la volonté, Nathanael n’aurait jamais pu travailler dans un endroit pareil. Toucher toutes ces denrées suspectes l’aurait trop vite et définitivement révulsé ; des gens y mettaient les mains, des mains frôleuses qui sortaient d’on ne savait où, et portaient des traces de fatigue à leurs ongles cernés… Ses yeux sombres enveloppèrent à nouveau le visage de Maximilien, songeant que le bougre serait bien inconscient de refuser une aventure pareille pour rester ici à faire la plonge. Il lui offrit cependant une attention caressante faite de velours, dans l’idée de le séduire avec une négligence réfléchie et mielleuse.
« Tout ou rien, comme on dit. »
Comme s’il s’agissait d’une chose entendue, Nathanael feuilleta nonchalamment le journal jusqu’à tomber sur la photographie du site de lancement sur la moitié d’une double page. Il étala ensuite le journal ouvert sur le comptoir et tapota du doigt sur le Centre de Contrôle, un bâtiment sans goût et d’un rectangulaire gris, faisant face à la piste de lancement dont il était séparé par un parallélogramme de longues et larges routes.
« C’est là, dit-il en observant l’étudiant d’une voix allongée et vibrant d’un sourire que ses lèvres reflétaient à peine, offrant le contraste étrange d’une chaleur sérieuse. A côté d’une plage. La plage de Kourou. Qui est aussi une cocoteraie. »
Donc, après s’être senti l’espace de quelques mouvements de l’univers vaguement bête en formulant sa requête, Nathanael se rappela que foncièrement rien n’était impossible avec une baguette magique et que particulièrement, la distance était un problème relégué au rang d’anecdote. Et comme disait l’adage : c’est pas con si ça marche. Ce qui était en revanche plus inhabituel dans cette histoire que la téléportation, c’était ce soudain enthousiasme fiévreux et qui reposait presque exclusivement sur de la haine. Mais Nathanael n’était vraisemblablement pas le seul dans cette situation. Quelque part, dans des cimetières parfois glorifiés, parfois inconnus, une cohorte de cercueils de tous les scientifiques de l’histoire devait se retourner sous-terre à la seule idée qu’il y ait des gens comme Greg dans le monde des sciences ; les bougres devaient tourner à une vitesse si formidable que si on les reliait à des turbines, les pauvres hères se transformeraient en ressources capables d’assurer l’avenir de l’humanité pour plusieurs siècles. Une énergie semblable animait à présent Nathanael, donc l’ambition était seulement mue par la noble fin de mettre un terme à cette misère intellectuelle, de prendre revanche sur une existence bien trop ponctuée par des Greg sous toutes leurs formes.
Et bingo, la seule modalité sur laquelle buta ledit sorcier, ce fut sa rémunération, ce qui, dans le langage de Nathanael, était une bagatelle comme la téléportation pouvait l’être dans le sien. Trait de caractère ou nécessité de l’âme sur laquelle on pouvait en tout cas presque toujours compter pour satisfaire n’importe quel besoin à un prix raisonnable.
« Combien je prends ? Tu sais que je ne suis pas un taxi ? »
Nathanael écarta d’une main robuste ces modalités inutiles, puis répondit :
« Tu n’étais pas serveur non plus avant de le devenir. » dit-il sur le ton d’une malice évidente et enthousiaste, se débarrassant avec franchise de tous les obstacles qui pouvaient être abattus, sans remarquer un seul instant qu’il s’agissait peut-être davantage d’une excuse de mauvaise foi que de médiocres tâtons intellectuels. C’était le moment de prouver que toute cette compassion, ces « un profiteur, me semble » et « la Guyane, c’est surfait » auxquels Nathanael avait nerveusement sourit, n’étaient pas une façade, un bouclier de gentillesse pour repousser l’inopportun. Le jeune homme en profita néanmoins pour se faire désirer et laissa languir la réponse…
« Combien tu as sur toi ? » finit-il par capituler.
Oui, capituler. Parce que l’argent était loin d’être un problème et que quand on en venait à négocier ce genre de clauses, c’était qu’on envisageait sérieusement la proposition. Nathanael sourit donc avec largeur et satisfaction, d’un sourire blanc mouillé et qui s’amenuisait et se fondait doucement dans le regard d’un noir rapidement devenu braises... Jusqu’à la condition qui éteignit tout d’un seul coup de volet rabattu :
« Le mieux serait que je te dépose en Guyane, que je revienne ici et qu'on se donne un horaire où je reviendrais te chercher ? Et il me faudrait un visuel un peu plus concret de l'endroit où tu veux que je te dépose... »
Le concierge fit la moue, baissa le front et regarda l’étudiant en biais avec patience, sachant déjà que tout ceci était discutable. Non pas nécessairement en vertu de la vénalité, mais parce qu’il y avait déjà eu une fente percée dans la volonté de l’étudiant. Nathanael le laissa terminer et répondit d’un ton lascif et mystérieux :
« Seulement quelques shekels sur moi, pas de quoi faire ton bonheur probablement, ou qu’une partie de ton bonheur, si tu veux une avance... s’était-il mis à parler dans le jargon de la négoce, partiellement pour voir à quel point Maximilien entrevoyait cette aventure comme une transaction financière pure, puis pour le taquiner aussi un peu. Mais j’ai des fonds qui sauront largement te satisfaire si tu n’es pas impatient. »
Il l’avait dit en allant à la rencontre de Maximilien, faisant glisser ses coudes sur le comptoir et se penchant toujours davantage vers lui d’un mouvement si lent qu’il aurait pu être imperceptible s’il n’ y avait pas eu les effets de la perspective. Doucement, ses yeux mouvants enserraient le cou et le visage de Maximilien d’un collier de regard. La solitude était loin de le rebuter, mais avec ce genre d’aventure, il préférait savoir son chauffeur en train de polir la voiture en bas de la rue plutôt qu’en courses à l’autre bout du monde. Garder Maximilien à côté était une façon de maximiser ses chances de ne pas devoir rentrer tout seul. Puis il ferait un bon stagiaire à présenter pour détourner le sujet si jamais quelqu’un devait les croiser. Et enfin, cela promettait d’être une agréable occasion pour voir le timide Maximilien triompher un peu.
« Le mieux serait que tu me donnes ton prix pour une après-midi et qu’on s’en tienne à la simplicité. A vrai dire, je préfère une escorte, plutôt qu’un taxi... »
Il libéra enfin l’étudiant de son emprise et détourna les yeux pour balayer le café de son regard noir. Assiettes salies, petits fours mordillés puis abandonnés, verres poissés d’affreuses mixtures, serviettes en papier étendues et imbibées de gras ou de tâches non identifiées, et au loin, la sombre fente d’une porte de toilettes entrebâillée sur le reflet d’une faïence qu’il allait bientôt falloir astiquer. Même avec de la volonté, Nathanael n’aurait jamais pu travailler dans un endroit pareil. Toucher toutes ces denrées suspectes l’aurait trop vite et définitivement révulsé ; des gens y mettaient les mains, des mains frôleuses qui sortaient d’on ne savait où, et portaient des traces de fatigue à leurs ongles cernés… Ses yeux sombres enveloppèrent à nouveau le visage de Maximilien, songeant que le bougre serait bien inconscient de refuser une aventure pareille pour rester ici à faire la plonge. Il lui offrit cependant une attention caressante faite de velours, dans l’idée de le séduire avec une négligence réfléchie et mielleuse.
« Tout ou rien, comme on dit. »
Comme s’il s’agissait d’une chose entendue, Nathanael feuilleta nonchalamment le journal jusqu’à tomber sur la photographie du site de lancement sur la moitié d’une double page. Il étala ensuite le journal ouvert sur le comptoir et tapota du doigt sur le Centre de Contrôle, un bâtiment sans goût et d’un rectangulaire gris, faisant face à la piste de lancement dont il était séparé par un parallélogramme de longues et larges routes.
« C’est là, dit-il en observant l’étudiant d’une voix allongée et vibrant d’un sourire que ses lèvres reflétaient à peine, offrant le contraste étrange d’une chaleur sérieuse. A côté d’une plage. La plage de Kourou. Qui est aussi une cocoteraie. »
- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
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» âge : vingt-huit ans
» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
» profession : chroniqueur à la Chouette Enchaînée
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Sam 7 Aoû 2021 - 18:30
When I take my sugar to tea ft. @Nathanael CohenLa boutade génère un léger rictus chez Maximilien, qui peut s’apparenter à un sourire. Il n’est pas encore tout à fait à l’aise avec l’idée d’être devenu un serveur, comme il le dit si bien. Pas parce que le métier est dégradant ou indigne de son rang - mais parce qu’il ne s’imaginait pas commencer la vie active dans ces conditions. La vie avait eu tôt fait de le rattraper et il s’était plié aux règles du jeu, bien malgré lui. S’il avait envisagé un temps d’emménager avec Peter pour s’économiser un trop gros loyer, le concept avait fini par lui faire peur et il y avait renoncé. Aujourd’hui, le sorcier a trouvé un certain équilibre dans ses diverses activités mais espère ne plus avoir besoin de ce travail très longtemps. Il suffirait pour cela qu’il revienne dans les bonnes grâces de son grand-père, ce qui n’est pas prêt d’arriver… Il ne se berce pas à ce point d’illusions.
Voilà pourquoi il cède peu à peu à la demande de Nathanael. Elle n’est pas si absurde que ça et ils en retireront tous deux satisfaction, à n’en pas douter. Maximilien de l’argent, Nathanael le voyage. Il aurait déjà dit oui si accepter si vite ne le faisait pas passer pour un opportuniste avide d’argent. Ce n’est pas ainsi qu’il se voit mais le Français doit regarder certaines réalités en face. S’ensuit une proposition plutôt honnête de sa part où il suggère de, simplement, le déposer à l’endroit voulu et qu’il aille le rechercher plus tard. Comme un taxi. Cela lui permettrait de ne pas manquer son travail… Et on sait très bien pourquoi. L’argent, encore l’argent. Maximilien commence vraiment à en avoir assez de ne penser qu’à ça et c’est dans ce genre de moment qu’il se rend compte de la chance qu’il a eu jusqu’à présent. Il n’a jamais manqué de rien et aujourd’hui qu’il galère, il trouve certaines de ses anciennes pensées bien ridicules.
La réponse du jeune homme le met d’autant plus mal à l’aise qu’il a l’impression de lui extorquer sa petite monnaie pour satisfaire ses propres besoins. Il en ressent une profonde honte et évite pendant quelques secondes le regard de son interlocuteur. Maximilien se demande depuis combien de temps il réfléchit de cette façon et s’il y a un moyen que ce ne soit plus le cas. Se détendre. Il faut juste qu’il se détende et arrête d’inspecter le moindre petit événement de sa vie, de son origine aux conséquences qu’il peut avoir. Il termine d’essuyer le comptoir devant lui et regarde cette fois Nathanael un petit moment. Toute l’après-midi ? C’est-à-dire, quitter son poste pour quelques heures. Il pourrait, n’étant pas le seul de service. Mais il suffirait que tout le monde décide de venir boire son café pendant son absence pour qu’il se sente affreusement mal d’avoir laissé un collègue dans la panade.
Mais ne mérite-t-il pas une petite sortie ? Tout ce qu’il fait depuis ces dernières semaines, c’est travailler. Que ce soit à la Moufette, à Hungcalf ou à la Chouette. Il ne pense qu’à ça, ne vit que travail. Le seul moment de détente qu’il s’accorde, c’est quand il voit Peter - et encore. Dernièrement, ils profitent de ce temps libre pour réviser l’un avec l’autre car mine de rien, les examens approchent. Deux mois, ça passe plus vite qu’il n’y paraît. Et s’il n’avait plus le temps par la suite de partir à l’improviste à l’autre bout du monde ? Sera-t-il cet étudiant ennuyeux ou plutôt le spontané ?
« C’est vrai que ce serait plus simple… » accorde-t-il au brun, qui semble chercher à le convaincre du regard. S’il savait qu’en réalité, il n’en faut pas tant pour que Maximilien change d’avis ! Mais il ne donne pas son accord avant d’avoir vu le lieu en question, que Nathanael lui présente dans le journal. Il en détaille chaque centimètre et s’imagine déjà assister à un si gros événement. Le lancement d’une fusée, on ne peut pas dire que ce soit ordinaire dans sa vie…
« En tout cas, le cadre est sympa. » Il a un léger sourire, puis tourne la tête vers le travail qui est supposé l’attendre. Comme fatigué à l’avance par la tâche, Maximilien pousse un soupir, se mord la lèvre puis laisse son regard dériver vers celui du né-moldu. Après tout, pourquoi pas ? Il ne s’offre rien d’extravagant ces derniers temps. Il a droit à son lot de fantaisie, même si cela veut dire partir en vadrouille avec un homme qu’il connaît à peine. Nathanael aura sûrement beaucoup de choses à lui apprendre sur le sujet, il n’en doute pas.
« D’accord, je t’y emmène. Je me fais 8,50£ de l’heure ici et c’est ce que tu me paieras, le temps que cela durera. » Il jette un nouveau coup d'œil à la photographie dans le journal, puis pend son torchon pour le faire sécher avant de se frotter les mains sur son tablier.
« Si je te donne rendez-vous dans la ruelle, à l’arrière de la boutique, d’ici… cinq à dix minutes, ça irait ? Histoire que je termine deux-trois petites choses avant de partir et que je prévienne mon collègue. » Il adresse un sourire à ce dernier, et reporte ensuite son attention sur Nathanael.
« J’espère juste que tu as l’estomac bien accroché. Transplaner n’est jamais une partie de plaisir, surtout pour les non-sorciers. Tu l’as déjà fait ? » De ce côté-là aussi, il espère aussi que rien d’atroce n’arrivera. Tout peut dégénérer si vite, voilà pourquoi il est important qu’il soit au courant des connaissances du brun à ce sujet, afin qu’il comble les trous.
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Ven 13 Aoû 2021 - 9:39
Le voilà à nouveau gai, comme des sous que l’on remue. Soit il n’avait pas la rancune tenace, soit on pouvait racheter sa sympathie. Dans tous les cas, il avait l’air de vouloir partir, et ce à n’importe quel prix : il ne paraissait pas connaître la valeur de l’argent et son prix final n’avait été ni difficile à obtenir, ni à négocier, comme s’il n’avait fait qu’attendre une occasion satisfaisant son orgueil pour l’accepter, avec cette raideur paradoxale d’un homme pensant tout le temps à se tenir droit et à paraître solide. Ils ne partageaient néanmoins pas tous deux une « vieille intimité » pour que Nathanael s’en offusquât un tant soit peu. Deux connaissances : il était ravi de lui, et Maximilien lui trouvait manifestement quelque chose, en espérant que ce fut autre chose que son portefeuille et sa capacité à le nourrir. Mais il n’y avait derrière aucune confiance réelle. Sans doute, était-il encore un peu trop tôt. Bien trop tôt pour Nathanael, à coup sûr. Il lui donnait volontiers sa présence, sa tête court bouclée que certains se plaisaient à coiffer – tâche vaine ! – et son infatigable attention, prenant en retour sa prudence sans jalousie, ses yeux dansants et son doux caractère un brin effrayé. Il lui importait de fait peu que le petit fut vénal, et là que par appât du gain. Certainement trop tôt pour en être mortifié, puis il l’avait lui-même proposé sans vergogne, plus intéressé d’obnubiler la rancœur du jeune homme par le langage de l’universel bonheur, mais des amitiés sans réciprocité. Ca, ni le fait que sa proposition aurait pu blesser, Nathanael ne le comprenait cependant pas très bien…
Malgré l’argent désiré, qui faisait ricocher son regard comme un rayon de soleil sur les vagues, Maximilien dissimulait sa gêne ; Nathanael le reconnaissait bien, puisqu’il faisait pareil. Baisser les yeux, regarder ailleurs, se réfugier dans les recoins inhabités de chaque objet, plutôt que de regarder dans ce miroir qui reflétait surtout ce qu’on pensait de soi-même, plus qu’une quelconque opinion d’autrui. Négociateur maladroit et facile à gêner, donc. Mais surtout, quelqu’un qui paraissait ne pas connaître sa valeur, même dans un domaine aussi peu subtil que la valeur du travail et du temps. Il manquait à cette université Le Capital de Marx pour une petite initiation aux bases du capitalisme. En attendant, l’étudiant essayait d’assumer, faisant encore un peu réverbérer son embarras sur la matière inanimée, avant de finalement lui montrer ses plus clairs yeux, à reflets d’écorce et de châtaignes. Après les négociations avec le commerçant, on entrait fatalement en négociation avec soi-même, surtout quand on ne savait pas ce qu’on voulait. Ou plutôt, quand on n’était pas sûr des conditions selon lesquelles on pouvait décemment céder. Le jeune homme avait marqué un silence, moins timide car c’était à présent dans la présence de Nathanael qu’il paraissait tirer le courage qui lui manquait. Ce dernier le regarda sans rien dire, sans laisser entendre que tant de Maximilien transparaissait sur ses gestes et sa figure. Il souriait seulement de ce sourire fantomatique qui ne s’ancrait ni vraiment sur sa bouche, ni vraiment dans ses yeux.
« C’est vrai que ce serait plus simple… En tout cas, le cadre est sympa. »
Le sourire s’accentua, toujours sans paroles pour ne pas brusquer ou paraître trop insistant. Il savait que c’était au jeune homme de faire le reste du chemin lui appartenant, de regarder à l’extérieur ou à l’intérieur, puis de peser à quel point tout ce qui entourait son existence dans cette pièce avait de la valeur : son travail valait-il l’abnégation et la loyauté qu’il pouvait lui exprimer en restant là ? Son quotidien était-il assez riche et nourri pour écarter l’opportunité d’être bousculé une fois de plus ? Son ressentiment pouvait-il surmonter la blessure infligée à l’orgueil ? Etait-il sage, était-il corruptible, était-il assez ennuyé pour accepter ?
« D’accord, je t’y emmène. Je me fais 8,50£ de l’heure ici et c’est ce que tu me paieras, le temps que cela durera. »
Nathanael gonfla la nuque, secoua ses boucles d’un air contrarié.
« Je ne veux pas d’un accompagnement à 8.50£ l’heure ! Déclara-t-il. Tu penses que tu serais capable de m’en offrir un à 17£ de l’heure ? »
Façon pour une fois subtile d’être tour à tour surpris d’un si petit salaire, puis généreux. Il avait, malgré sa subite bonne humeur et son ton désinvolte, conscience du désagrément réel qu’il causait par son caprice et quand bien même pouvait-on tout avoir avec un peu d’argent, ce n’était pas toujours une raison de le faire. La question posée n’en était pas vraiment une, car d’un mouvement souple du poignet, Nathanael avait acté que c’était entendu, sans rentrer dans les détails de ce qu’un « accompagnement à 17£ » pouvait bien comprendre. Il se contenta de se satisfaire du rendez-vous, non sans s’effaroucher d’une expression aussi multi-dimensionnelle qu’un estomac bien « accroché ». Il dévisagea le jeune homme quelques instants assez longs pour semer quelques interrogations tacites : est-ce le second degré habituel ou un premier degré propre à ce mode de transport ? Y avait-il véritablement une sorte de protocole standardisé pour les estomacs en cas de transplanage ? Ou un entraînement physiologique particulier dans le cadre de ce mode de transport pour correctement « accrocher » ledit estomac ?
« Non. Au pire, j’espère que vous avez des spécialistes en estomacs rompus. »
Répondit-il avec une témérité proportionnelle à sa détermination à franchir des milliers de kilomètres pour obliger Greg à ramasser ses dents avec ses doigts cassés. Nathanael posa donc à plat le prix de sa brève consommation, roula le journal et ayant décoché un dernier regard entendu à l’étudiant, il sortit du salon de thé et le contourna pour rejoindre comme convenu la ruelle du rendez-vous. Cela s’avéra être une erreur de calcul car livré à lui-même, son enthousiasme eut le temps d’évaluer les dangers liés au décrochage d’estomac – terminaison si obscure qu’elle pouvait vouloir dire tout et rien à la fois, mais Nathanael avait plus tendance à s’imaginer tout plutôt que rien.
Ce fut donc un concierge vaguement anxieux et renfrogné que Maximilien eut le loisir de retrouver à sa sortie, se demandant si risquer un décollement d’estomac en valait vraiment la peine ? Il s’était néanmoins souplement approché, contemplant le jeune homme enfin en civil, les cheveux teintés de rose par l’électricité aveuglante du néon d’une boutique, de vert métallique par le jour bleu et bas, attisés par quelques mouvements du vent qui les éparpillait. Voulant ne pas perdre les quelques bribes de résolution pas encore polluées par sa ponctuelle psychose, Nathanael empoigna de sa main longue et froide le jeune homme au poignet sans rien dire, sourcils froncés. Il eut l’air de réfléchir un instant, s’imaginant une moto lancée à toute allure, puis lâcha finalement le poignet pour poser ses deux paumes sur les fines épaules de l’étudiant.
« Je sais qu’il faut se tenir quand on transplane, mais je ne sais pas à quel point et quoi que tu sois charmant, les câlins c’est pas quelque chose que je vis particulièrement bien, sauf si c’est pour coucher. » spécifia-t-il exhaustivement et un brin inutilement, comme à son habitude.
Malgré l’argent désiré, qui faisait ricocher son regard comme un rayon de soleil sur les vagues, Maximilien dissimulait sa gêne ; Nathanael le reconnaissait bien, puisqu’il faisait pareil. Baisser les yeux, regarder ailleurs, se réfugier dans les recoins inhabités de chaque objet, plutôt que de regarder dans ce miroir qui reflétait surtout ce qu’on pensait de soi-même, plus qu’une quelconque opinion d’autrui. Négociateur maladroit et facile à gêner, donc. Mais surtout, quelqu’un qui paraissait ne pas connaître sa valeur, même dans un domaine aussi peu subtil que la valeur du travail et du temps. Il manquait à cette université Le Capital de Marx pour une petite initiation aux bases du capitalisme. En attendant, l’étudiant essayait d’assumer, faisant encore un peu réverbérer son embarras sur la matière inanimée, avant de finalement lui montrer ses plus clairs yeux, à reflets d’écorce et de châtaignes. Après les négociations avec le commerçant, on entrait fatalement en négociation avec soi-même, surtout quand on ne savait pas ce qu’on voulait. Ou plutôt, quand on n’était pas sûr des conditions selon lesquelles on pouvait décemment céder. Le jeune homme avait marqué un silence, moins timide car c’était à présent dans la présence de Nathanael qu’il paraissait tirer le courage qui lui manquait. Ce dernier le regarda sans rien dire, sans laisser entendre que tant de Maximilien transparaissait sur ses gestes et sa figure. Il souriait seulement de ce sourire fantomatique qui ne s’ancrait ni vraiment sur sa bouche, ni vraiment dans ses yeux.
« C’est vrai que ce serait plus simple… En tout cas, le cadre est sympa. »
Le sourire s’accentua, toujours sans paroles pour ne pas brusquer ou paraître trop insistant. Il savait que c’était au jeune homme de faire le reste du chemin lui appartenant, de regarder à l’extérieur ou à l’intérieur, puis de peser à quel point tout ce qui entourait son existence dans cette pièce avait de la valeur : son travail valait-il l’abnégation et la loyauté qu’il pouvait lui exprimer en restant là ? Son quotidien était-il assez riche et nourri pour écarter l’opportunité d’être bousculé une fois de plus ? Son ressentiment pouvait-il surmonter la blessure infligée à l’orgueil ? Etait-il sage, était-il corruptible, était-il assez ennuyé pour accepter ?
« D’accord, je t’y emmène. Je me fais 8,50£ de l’heure ici et c’est ce que tu me paieras, le temps que cela durera. »
Nathanael gonfla la nuque, secoua ses boucles d’un air contrarié.
« Je ne veux pas d’un accompagnement à 8.50£ l’heure ! Déclara-t-il. Tu penses que tu serais capable de m’en offrir un à 17£ de l’heure ? »
Façon pour une fois subtile d’être tour à tour surpris d’un si petit salaire, puis généreux. Il avait, malgré sa subite bonne humeur et son ton désinvolte, conscience du désagrément réel qu’il causait par son caprice et quand bien même pouvait-on tout avoir avec un peu d’argent, ce n’était pas toujours une raison de le faire. La question posée n’en était pas vraiment une, car d’un mouvement souple du poignet, Nathanael avait acté que c’était entendu, sans rentrer dans les détails de ce qu’un « accompagnement à 17£ » pouvait bien comprendre. Il se contenta de se satisfaire du rendez-vous, non sans s’effaroucher d’une expression aussi multi-dimensionnelle qu’un estomac bien « accroché ». Il dévisagea le jeune homme quelques instants assez longs pour semer quelques interrogations tacites : est-ce le second degré habituel ou un premier degré propre à ce mode de transport ? Y avait-il véritablement une sorte de protocole standardisé pour les estomacs en cas de transplanage ? Ou un entraînement physiologique particulier dans le cadre de ce mode de transport pour correctement « accrocher » ledit estomac ?
« Non. Au pire, j’espère que vous avez des spécialistes en estomacs rompus. »
Répondit-il avec une témérité proportionnelle à sa détermination à franchir des milliers de kilomètres pour obliger Greg à ramasser ses dents avec ses doigts cassés. Nathanael posa donc à plat le prix de sa brève consommation, roula le journal et ayant décoché un dernier regard entendu à l’étudiant, il sortit du salon de thé et le contourna pour rejoindre comme convenu la ruelle du rendez-vous. Cela s’avéra être une erreur de calcul car livré à lui-même, son enthousiasme eut le temps d’évaluer les dangers liés au décrochage d’estomac – terminaison si obscure qu’elle pouvait vouloir dire tout et rien à la fois, mais Nathanael avait plus tendance à s’imaginer tout plutôt que rien.
Ce fut donc un concierge vaguement anxieux et renfrogné que Maximilien eut le loisir de retrouver à sa sortie, se demandant si risquer un décollement d’estomac en valait vraiment la peine ? Il s’était néanmoins souplement approché, contemplant le jeune homme enfin en civil, les cheveux teintés de rose par l’électricité aveuglante du néon d’une boutique, de vert métallique par le jour bleu et bas, attisés par quelques mouvements du vent qui les éparpillait. Voulant ne pas perdre les quelques bribes de résolution pas encore polluées par sa ponctuelle psychose, Nathanael empoigna de sa main longue et froide le jeune homme au poignet sans rien dire, sourcils froncés. Il eut l’air de réfléchir un instant, s’imaginant une moto lancée à toute allure, puis lâcha finalement le poignet pour poser ses deux paumes sur les fines épaules de l’étudiant.
« Je sais qu’il faut se tenir quand on transplane, mais je ne sais pas à quel point et quoi que tu sois charmant, les câlins c’est pas quelque chose que je vis particulièrement bien, sauf si c’est pour coucher. » spécifia-t-il exhaustivement et un brin inutilement, comme à son habitude.
- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
- » parchemins postés : 8266
» miroir du riséd : francisco lachowski
» crédits : wcstedrose (ava)
» multinick : arty / joe / keir
» âge : vingt-huit ans
» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
» profession : chroniqueur à la Chouette Enchaînée
» particularité : animagus
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 8292
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Dim 15 Aoû 2021 - 17:27
When I take my sugar to tea ft. @Nathanael CohenMaximilien n’avait aucune idée de ce qu’impliquait “un accompagnement à 17£ de l’heure”. Ou peut-être avait-il une petite idée, mais qu’il préférait faire l’autruche sur les allusions de Nathanael. La question ne semblait même pas discutable et il n’allait pas rechigner à se faire payer plus grassement un service si bien rendu. L’homme n’était pas un ami et il se sentait tout de suite moins dérangé à l’idée de lui faire débourser une telle somme - bien qu’il n’en ait jamais eu l’habitude. Il trouvait même cela étrange que le brun insiste autant, mais n’en pipa mot. Ses raisons lui appartenaient et il n’avait clairement pas son mot à dire. Le Summerbee éprouva tout de suite moins de culpabilité à quitter son travail si tôt. Bien sûr, il s’inquiétait de la surcharge de travail qu’il imposait à son coéquipier de la journée, mais il savait que ce sentiment partirait bien vite une fois arrivé à destination. Il se rattrapera une autre fois, persuadé que les occasions ne manqueraient pas.
Vint ensuite la question du transplanage. L’acte en lui-même n’était pas à prendre à la légère, mais il ne voulait pas inquiéter Nathanael outre mesure, avec des histoires de démembrement et de parties du corps arrachées. Maximilien possédait un permis de transplaner qui lui permettait d’être accompagné d’une autre personne et il en faisait toujours bon usage - bien que ce ne soit pas son mode de transport favori. Bien trop dangereux. Il ne lui était jamais arrivé l’un de ces regrettables accidents et il touchait du bois pour que ce ne soit jamais le cas. Ou que cela ne démarre pas avec Nathanael. Il doute que ce dernier soit en mesure de lui pardonner après une telle horreur. Il apprit bien vite, d’ailleurs, que c’était sa première fois en la matière, de quoi rajouter un peu d’anxiété chez Maximilien. Il n’en avait plus éprouvé au sujet du transplanage depuis longtemps, mais risquer de blesser quelqu’un d’autre que lui-même lui faisait réaliser à quel point il s’inquiétait pour tout et n’importe quoi. Le jeune homme répondit par un petit rire à ce qu’il supposait être une blague de la part de son commanditaire, loin d’imaginer que ce dernier se poserait vraiment des questions sur la possibilité de voir son estomac rompu. Ce n’était, pour lui, qu’une simple expression et il aurait probablement dû le signaler… L’idée ne lui vint pas, et il laissa Nathanael le rejoindre à l’arrière de la boutique, dans l’allée qui aboutissait à l’avenue principale. Ce dernier paraissait un peu moins certain de toute cette initiative et il n’en devina pas tout de suite la raison. Au lieu de cela, il fut surpris de le voir agripper son bras de cette manière, avant de le lâcher pour le prendre par les épaules. A quoi était-il en train de jouer au juste ? Maximilien fit carburer ses méninges pour tenter de répondre à cette question, alors qu’il regardait l’homme en silence. Le repousse serait trop frontal et il n’aime pas se mettre en situation difficile avec les autres. En attendant, cette position le mettait réellement mal à l’aise.
Mais cela n’était rien comparé à ce que le brun lui affirma. Lui faisait-il des avances ? Car si tel était le cas, il ne s’y prenait pas très bien. Ou sa technique, certes étrange, ne fonctionnait pas avec lui.
« Pas besoin de… » Sans terminer sa phrase, il prit les deux mains de Nathanael des siennes et les détacha de ses épaules, se sentant tout de suite un peu plus à l’aise. S’il n’avait jamais eu aucun souci avec la proximité en règle générale, cet homme-là savait rentre chaque geste étrange et questionnable. «… se tenir à ce point. Si tu es à l’aise avec ça, je vais simplement prendre ta main et tout ce que tu auras à faire, c’est de ne pas la lâcher. Sous AUCUN prétexte. » Il insista volontairement sur ce mot, car il résumait tout ce qui pouvait être dangereux avec le transplanage. Que son nez lui gratte, qu’il ait mal aux doigts ou qu’on l’attaque à coup de hache, il ne devait surtout pas le lâcher en cours de route. Sauf si se retrouver en fauteuil roulant pour le reste de sa vie était l’un de ses buts. Il en doutait fortement. Était-il seulement nécessaire de mentionner le rouge qui lui était monté aux joues à l’idée que Nathanael puisse avoir envie de coucher avec lui ? Maximilien préférait ne même pas y penser. Autant par égard pour Peter que parce l’image en elle-même ne lui permettrait pas de se concentrer.
« Tu risques d’avoir envie de vomir à l’arrivée. C’est ok, ça fait partie des inconvénients du transplanage. Par contre, je t’en supplie, ne vomis pas sur moi. J’ai vraiment une tolérance très faible à ce niveau-là et je n’ai pas envie de savoir jusqu’où ça peut aller ! » Il avait dit cela dans un léger rire car, même s’il l’informait d’une vérité pure et dure, il trouvait plus adéquat de l’accompagner d’une petite plaisanterie - histoire que Nathanael ne stresse pas davantage. Si tant est que c’était le cas. Donc, il lui prit la main avec fermeté et trouva aussitôt étrange d’en tenir une autre que celle de Peter. A la réflexion, il aurait simplement pu le laisser lui tenir le bras… Mais il trouvait cette prise bien plus ferme. Ne pas rougir une nouvelle fois fut un combat qui prit fin quand il annonça leur départ.
« Prêt ? C’est parti. » Il ferma les yeux pour se concentrer. Visualisa la Guyane, la plage de Kourou qui apparaissait sur le journal. Les formes se dessinèrent derrière ses paupières et lorsqu’il fut sûr de lui, Maximilien transplana, emportant son acolyte avec lui.
il est libre max
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
- merci :
- InvitéInvité
Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Dim 14 Nov 2021 - 23:09
« Pas besoin de… se tenir à ce point. »
Il avait rarement vu de jeune homme, ni personne au monde à vrai dire, pêche ou porcelaine, rougir aussi souvent et substantiellement. Disposition qui était souvent bien plus inconvenante qu’aucun des actes qui pouvaient la produire. Pour quelqu’un qui ne rougissait que sous l’influence de facteurs extérieurs, plus spécifiquement la pluie et le beau temps, cette subtile variation colorimétrique échappait à un Nathanael néanmoins au fait de ces causes usuelles. Il commençait à s’en douter, à force de corréler cause et conséquences : son visage, parfois empourpré jusqu’aux oreilles, aurait pu être le rideau d’un grand théâtre. Incertain quant à la nécessité d’une remarque ou d’un changement de ton, il se contenta de ne rien en dire, trouvant tout de même cette instabilité assez curieuse, d’autant que sa préoccupation première allait au-delà du visage qui rougeoyait comme un coup de soleil.
Lorsqu’il se trouvait être ignorant, Nathanael était un élève plutôt facile, aussi ses mains avaient glissés comme un manteau trop lourd des épaules du jeune homme, se réduisant à suivre strictement le protocole d’une poignée de main, chose qui ne manqua pas d’enflammer une énième fois les hautes joues de son accompagnateur. Couleur qui, à cause de la proximité avec ses yeux et suivant la logique veineuse, ne tarda pas à lui monter au front. Nathanael aurait encore concédé d’en être la seule cause, mais cela semblait arriver à tout bout de champ, qu’il en fut à l’origine directe ou non.
La consigne de ne pas lâcher la main fut prise avec un grand sérieux et dans un silence solennel : chaque mot prononcé hérissait le poil scrupuleux de son for intérieur, mais ce n’était pas en haut d’une montagne qu’il fallait rêver d’être dans la vallée. Aussi, Nathanael était resté rigoureusement muet, impassible aux plaisanteries et aux exagérations, sachant que s’il se rendait perméable à la moindre insinuation un tant soit peu douteuse, il risquait de s’enfoncer dans une spirale d’incohérences sans fond. Pourquoi tenir la main ? Pourquoi ne rien lâcher sous AUCUN prétexte ? Pourquoi vomir ? Pour quelle raison risquait-il de vomir spécifiquement sur Maximilien ? Tant de questions qui restèrent soigneusement en suspens, à la surface de son pragmatisme économe. Il ne répondit même pas lorsqu’on lui demanda s’il était prêt, se contenant de hocher mécaniquement la tête, parce qu’il n’était pas prêt et qu’il ne risquait pas de l’être un jour. Une fraction de seconde avant de disparaître, il se posa même la question de savoir si le transplanage était semblable à l’intrication quantique, et s’il y avait quelque part des particules qui attendaient de prendre la structure de son corps…
La sensation fut aussi brève qu’indescriptible, mais c’était exactement le genre de choses qu’il se serait imaginé s’il avait fallu décrire le voyage dans un trou de ver. Confus par à peu près toutes les choses qui venaient de lui arriver et continuaient à lui arriver, Nathanael tenta de remettre dans l’ordre la consigne de ne surtout pas lâcher la main de Maximilien et celle de ne pas lui vomir dessus : deux choses relativement irréconciliables. Il y trouva une concession en laissant ses doigts déliés alors qu’il s’éloignait, aussi vert et translucide qu’une grappe de raisin blanc, en laissant le soin au jeune homme de le retenir si telle s’en trouvait être la nécessité. Chose qu’il ne fit pas et Nathanael put ménager le goût caractéristique de vomi au fond de la gorge en se rapprochant du sol. Assis en tailleur, il s’adonna pleinement à la seule activité qui pouvait lui éviter les désagréments d’un « estomac mal accroché » : la respiration.
« Tu n’auras aucun pourboire » dit-il finalement d’une voix basse et concentrée, comme on l’aurait dit à un conducteur maladroit de taxi, ce qui dans son cas n’était même pas du sarcasme.
Lorsque la migraine, si prompte à transpercer un côté ou l’autre de sa tête et si peu encline à partir, se fut suffisamment dissipée pour que l’altitude ne fut plus un problème, Nathanael se releva en prenant appui sur son bras droit. De vert, son visage était simplement redevenu pâle, et déjà il paraissait avoir oublié l’incident. Son attention, froncée par un soleil de plomb, scruta les environs où il était déjà venu jadis, puis revint à Maximilien, se souvent de ce qui l’avait préoccupé bien avant les angoisses du voyage spatial.
Une incertitude demeurait, et comme toute personne facilement obsédée par un sujet, Nathanael souhaita y trouver une conclusion quelconque. Parce qu’il n’était possédé par aucune arrière-pensée, son visage inexpressif ne suscita aucune méfiance précise, sauf peut-être celle de le voir approcher sans communiquer la moindre émotion. Car il fit quelques pas vers l’avant et avec une tendresse contrastant si parfaitement avec l’impassibilité de son visage, il étreignit Maximilien en passant souplement ses bras autour de ses épaules, les lèvres et le nez perdus dans ses cheveux courts. Son geste ne fut accompagné d’aucune gêne, mais au contraire, par une aisance sincère qui était si propre à son caractère. Cependant bien avant qu’il n’ait senti le jeune homme se rebeller contre lui, et bien après que leurs deux corps eurent le temps de s’épouser et s’éprouver malgré les différences, Nathanael l’avait relâché avec la même douceur qui les avait unis. Il se recula, pencha la tête, le regarda… Il avait voulu savoir si toutes ces rougeurs avaient été de son seul fait ou non – de sa seule proximité physique simpliste et sans équivoque.
« Je voulais juste vérifier quelque chose, finit-il par commenter avant d’y mettre tout aussi soudainement un point : Bien ! Comme tu n’as probablement aucune connaissance en mécanique des fluides, en propulsion ou en science des matériaux et que tous tes mensonges et embarras fleurissent en bouquet d’Anémone sur tes joues, tu vas te contenter d’être qui tu es si on te le demande : un visiteur. Ou un journaliste… il le regarda, avisant sa capacité à mentir, puis proposa quelque chose qui se rapprochait le plus de son identité réelle : ou un étudiant en journalisme. Comme tu veux, mais trouve-toi un rôle qui te convienne et après on pourra y aller. »
Il avait rarement vu de jeune homme, ni personne au monde à vrai dire, pêche ou porcelaine, rougir aussi souvent et substantiellement. Disposition qui était souvent bien plus inconvenante qu’aucun des actes qui pouvaient la produire. Pour quelqu’un qui ne rougissait que sous l’influence de facteurs extérieurs, plus spécifiquement la pluie et le beau temps, cette subtile variation colorimétrique échappait à un Nathanael néanmoins au fait de ces causes usuelles. Il commençait à s’en douter, à force de corréler cause et conséquences : son visage, parfois empourpré jusqu’aux oreilles, aurait pu être le rideau d’un grand théâtre. Incertain quant à la nécessité d’une remarque ou d’un changement de ton, il se contenta de ne rien en dire, trouvant tout de même cette instabilité assez curieuse, d’autant que sa préoccupation première allait au-delà du visage qui rougeoyait comme un coup de soleil.
Lorsqu’il se trouvait être ignorant, Nathanael était un élève plutôt facile, aussi ses mains avaient glissés comme un manteau trop lourd des épaules du jeune homme, se réduisant à suivre strictement le protocole d’une poignée de main, chose qui ne manqua pas d’enflammer une énième fois les hautes joues de son accompagnateur. Couleur qui, à cause de la proximité avec ses yeux et suivant la logique veineuse, ne tarda pas à lui monter au front. Nathanael aurait encore concédé d’en être la seule cause, mais cela semblait arriver à tout bout de champ, qu’il en fut à l’origine directe ou non.
La consigne de ne pas lâcher la main fut prise avec un grand sérieux et dans un silence solennel : chaque mot prononcé hérissait le poil scrupuleux de son for intérieur, mais ce n’était pas en haut d’une montagne qu’il fallait rêver d’être dans la vallée. Aussi, Nathanael était resté rigoureusement muet, impassible aux plaisanteries et aux exagérations, sachant que s’il se rendait perméable à la moindre insinuation un tant soit peu douteuse, il risquait de s’enfoncer dans une spirale d’incohérences sans fond. Pourquoi tenir la main ? Pourquoi ne rien lâcher sous AUCUN prétexte ? Pourquoi vomir ? Pour quelle raison risquait-il de vomir spécifiquement sur Maximilien ? Tant de questions qui restèrent soigneusement en suspens, à la surface de son pragmatisme économe. Il ne répondit même pas lorsqu’on lui demanda s’il était prêt, se contenant de hocher mécaniquement la tête, parce qu’il n’était pas prêt et qu’il ne risquait pas de l’être un jour. Une fraction de seconde avant de disparaître, il se posa même la question de savoir si le transplanage était semblable à l’intrication quantique, et s’il y avait quelque part des particules qui attendaient de prendre la structure de son corps…
La sensation fut aussi brève qu’indescriptible, mais c’était exactement le genre de choses qu’il se serait imaginé s’il avait fallu décrire le voyage dans un trou de ver. Confus par à peu près toutes les choses qui venaient de lui arriver et continuaient à lui arriver, Nathanael tenta de remettre dans l’ordre la consigne de ne surtout pas lâcher la main de Maximilien et celle de ne pas lui vomir dessus : deux choses relativement irréconciliables. Il y trouva une concession en laissant ses doigts déliés alors qu’il s’éloignait, aussi vert et translucide qu’une grappe de raisin blanc, en laissant le soin au jeune homme de le retenir si telle s’en trouvait être la nécessité. Chose qu’il ne fit pas et Nathanael put ménager le goût caractéristique de vomi au fond de la gorge en se rapprochant du sol. Assis en tailleur, il s’adonna pleinement à la seule activité qui pouvait lui éviter les désagréments d’un « estomac mal accroché » : la respiration.
« Tu n’auras aucun pourboire » dit-il finalement d’une voix basse et concentrée, comme on l’aurait dit à un conducteur maladroit de taxi, ce qui dans son cas n’était même pas du sarcasme.
Lorsque la migraine, si prompte à transpercer un côté ou l’autre de sa tête et si peu encline à partir, se fut suffisamment dissipée pour que l’altitude ne fut plus un problème, Nathanael se releva en prenant appui sur son bras droit. De vert, son visage était simplement redevenu pâle, et déjà il paraissait avoir oublié l’incident. Son attention, froncée par un soleil de plomb, scruta les environs où il était déjà venu jadis, puis revint à Maximilien, se souvent de ce qui l’avait préoccupé bien avant les angoisses du voyage spatial.
Une incertitude demeurait, et comme toute personne facilement obsédée par un sujet, Nathanael souhaita y trouver une conclusion quelconque. Parce qu’il n’était possédé par aucune arrière-pensée, son visage inexpressif ne suscita aucune méfiance précise, sauf peut-être celle de le voir approcher sans communiquer la moindre émotion. Car il fit quelques pas vers l’avant et avec une tendresse contrastant si parfaitement avec l’impassibilité de son visage, il étreignit Maximilien en passant souplement ses bras autour de ses épaules, les lèvres et le nez perdus dans ses cheveux courts. Son geste ne fut accompagné d’aucune gêne, mais au contraire, par une aisance sincère qui était si propre à son caractère. Cependant bien avant qu’il n’ait senti le jeune homme se rebeller contre lui, et bien après que leurs deux corps eurent le temps de s’épouser et s’éprouver malgré les différences, Nathanael l’avait relâché avec la même douceur qui les avait unis. Il se recula, pencha la tête, le regarda… Il avait voulu savoir si toutes ces rougeurs avaient été de son seul fait ou non – de sa seule proximité physique simpliste et sans équivoque.
« Je voulais juste vérifier quelque chose, finit-il par commenter avant d’y mettre tout aussi soudainement un point : Bien ! Comme tu n’as probablement aucune connaissance en mécanique des fluides, en propulsion ou en science des matériaux et que tous tes mensonges et embarras fleurissent en bouquet d’Anémone sur tes joues, tu vas te contenter d’être qui tu es si on te le demande : un visiteur. Ou un journaliste… il le regarda, avisant sa capacité à mentir, puis proposa quelque chose qui se rapprochait le plus de son identité réelle : ou un étudiant en journalisme. Comme tu veux, mais trouve-toi un rôle qui te convienne et après on pourra y aller. »
- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
- » parchemins postés : 8266
» miroir du riséd : francisco lachowski
» crédits : wcstedrose (ava)
» multinick : arty / joe / keir
» âge : vingt-huit ans
» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
» profession : chroniqueur à la Chouette Enchaînée
» particularité : animagus
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» gallions sous la cape : 8292
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Mer 17 Nov 2021 - 11:40
When I take my sugar to tea ft. @Nathanael CohenMaximilien s’était fait aux inconvénients du transplanage depuis des années maintenant. Il l’avait tant de fois utilisé et, de toute évidence, il n’y était plus aussi sensible qu’auparavant. Si une désagréable sensation lui picotait encore un peu la poitrine, aucune nausée ne venait le déstabiliser et il était frais comme un gardon. Nathanael, en revanche, ne pouvait pas si bien dire. Il l’avait pourtant prévenu : le transplanage n’était pas une partie de plaisir, surtout pour un débutant. Bien sûr, il ne se moqua pas car il comprenait mieux que personne ce qui se passait à l’intérieur de l’homme en cet instant. Une myriade d’émotions et de sensations étranges qui le bouleversaient et manquaient de lui faire perdre ses repères. Il suffisait de prendre le temps de remettre les choses “à leur place” et immanquablement, les nausées disparaissaient, l’esprit se clarifiait et on revenait à soi-même. Finalement, la rapidité du transport équivalait à sa dangerosité.
Maximilien eut un léger rire mais ne répondit rien. Il préférait laisser à Nathanael le temps de se remettre et, quant à lui, observa les alentours. Le paysage, idyllique, était magnifique et digne d’une carte postale. Il s’y perdit plusieurs minutes, inspirant l’air frais qui manquait affreusement dans Inverness. Quand son “client” se releva, il le regarda faire avec compréhension et gentillesse. Ce dernier montrait un visage impassible et, pourtant, il vint l’étreindre avec force. La surprise laissa Maximilien comme paralysé. Il était pourtant familier des étreintes et même, les appréciait à leur juste valeur. Un contact physique lui apportait toujours plus d’informations qu’un simple mot et il avait toujours aimé sentir un cœur battre contre le sien, signe qu’il n’était pas seul au monde. Mais que ce fut-ce celui de Nathanael ne manqua pas de l’étonner. Il n’imaginait pas l’homme si tactile et révisa donc son jugement.
Il l’avait étreint avec douceur et la même tendresse se manifesta lorsqu’ils se séparèrent. La surprise était toujours visible sur le visage de Maximilien, mais on y voyait aussi une certaine joie. Comprendre Nathanael était très difficile pour lui, il ne parvenait pas à le cerner. Mais rendus là, il le comprenait un peu mieux ou, du moins, en avait l’impression. S’il ressentit une vague de chaleur envahir ses joues, elle s’apparentait plus à de la joie qu’à de la gêne.
Le Français posa ses mains sur son visage quand son acolyte lui indiqua être un livre ouvert en termes d’émotions - et il n’avait pas tort. Maximilien ne savait pas mentir et s’il parvenait à le faire, cela lui coûtait énormément. Il préférait ne pas s’adonner à cet exercice pour une si piètre raison. Il prit rapidement sa décision.
« Je ne vais pas mentir, en effet. Je me contenterai d’étudiant en journalisme. Il est même fort possible que cette excursion me soit utile, qui sait ? » Par malheur, il n’avait pas apporté avec lui de quoi prendre des notes et ne pensait pas retenir toutes les spécificités techniques de ce voyage. Tant pis, sa mémoire fera tout le boulot pour lui. En réalité, Maximilien avait hâte d’arriver à destination. S’il n’avait aucune connaissance en astrophysique, le domaine s’avérait très intéressant. Presque mystique, à ses yeux.
« Que va-t-il se passer, une fois sur place ? » demanda-t-il en se mettant en route aux côtés de Nathanael. « Vas-tu remettre ce Greg à sa place ? » Cela l’intriguait beaucoup de voir l’homme interagir avec d’autres spécimens de son espèce. Jusqu’à présent, il ne s’était fait une idée de Nathanael que grâce à leurs quelques conversations.
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Ven 26 Nov 2021 - 10:45
Trente degrés dès sept heures du matin. Après son malaise, Nath eut tout le temps de sentir la brûlante morsure du soleil sur son front. Après les temps mitigés de sa lointaine contrée d’adoption, au lieu d’une désagréable et intempestive transpiration propre à l’équateur, il sentit d’abord son corps agréablement se réchauffer. Son regard avait fini par instinctivement se porter sur ce lieu connu et éprouvé, où le bleu du ciel diurne sans nuages paraissait infini, comme l’eau profonde et claire de la mer, tantôt séparés à l’horizon par le seul dégradé de leurs teintes confondues. Dans l’immédiat, la clarté s’arrêtait brutalement sur une forêt de végétations grasses, aux feuilles vernissées ou épaisses, avec leurs houppiers de lianes et de plantes épiphytes. Une canopée dense, réserve naturelle au sein du Centre Spatial Guyanais, qui s’alignait sur le terrain vague de la longue Route de l’Espace, qui séparait le centre de contrôle du site de lancement.
Des oiseaux, et maintes autres bêtes, chantaient dans le sous-bois fleuri de la mangrove. Des paillettes de soleil, des dentelles d’ombre glissaient à l’orée de ce parc de quelques kilomètres de long. La torpeur induite était telle qu’il fallait se faire violence pour vaincre l’engourdissement du soleil, embaumé du parfum capiteux de fleurs exotiques.
Timide, au milieu de cet espace ouvert, se dressait un centre de contrôle sans grande envergure, ni grande ambition quant à ses flamboyances architecturales. Pour des soucis de sécurité, tout était extrêmement dispersé sur les six-cents kilomètres carrés du site, afin d’éviter de gros dégâts en cas d’accident ou de chute du lanceur en pleine ascension. Heureusement pour eux, le site était un centre touristique prisé et abritait une multitude d’entreprises avec son lot de salariés : leur présence sur ce terrain vague ne représentait donc rien de suspect. En revanche, leur but était loin d’être aussi « simple » à atteindre et demandait un certain nombre d’accréditations : la salle Jupiter.
Mais parmi toutes ces difficultés il y en avait une qui était demeurée pour Nathanael éternellement insurmontable : les visages humains. Là où pour les autres les émotions étaient instincts, pour lui, ils représentaient d’interminables calculs insensés aux variables changeantes. Maximilien avait rougi ; par timidité, parce que statistiquement c’était un sentiment au pouvoir colorant bien plus efficace qu’un autre, et la timidité était un bien plus proche cousin de la honte, pudeur et confusion : trois émotions que Maximilien paraissait bien connaitre et vivement éprouver. Pudeur et honte… de qui ? De lui ? Nathanael aurait bien voulu s’en assurer, mais même en l’enlaçant et en amenant à nouveau le rouge aux joues du jeune homme, il ne s’était pas pour autant approché d’une réponse plus claire. La honte, la pudeur, la confusion étaient des inquiétudes négatives et Maximilien aurait dû ne serait-ce qu’amorcer une forme de répulsion, mais il n’avait pas bougé ; et rougi quand même. Cet embrasement, c’était à cause de Nathanael, mais pourquoi ?
Nathanael regarda sa monte. H-3. La compagnie de légionnaires avait déjà fait son ratissage pour vider les bâtiments dans la zone à risque et ils n’allaient plus se faire surprendre par un militaire à l’heure qu’il était. Près des bâtiments néanmoins, des gens s’agitaient : la pression et l’émotion montaient. Ils étaient trop loin pour éprouver l’ambiance sur eux, mais Nathanael le savait : le remplissage du réservoir central se poursuivait et bientôt, le décollage allait éclipser la lumière du soleil… Le concierge sortit son portefeuille en écoutant son accompagnateur slash taxi se rassurer sur l’intérêt de sa présence en ce lieu pour le reste de son existence, en oubliant que ce n’était pas la peine puisque déjà le moteur premier avait été l’argent. Dans son portefeuille, Nathanael trouva sa carte de Caltech, perdue dans une liasse d’autres cartes qui remontaient à des temps immémoriaux et brassaient des activités allant de l’abonnement à la bibliothèque à des cartes de fidélité auprès de fournisseurs en électronique. En énumérant dans sa tête toutes les difficultés auxquelles ils risquaient de faire face, Nathanael se mit à marcher, d’abord lentement, en prenant la direction du poste de contrôle, lorsqu’une question l’éjecta de sa trajectoire :
« Que va-t-il se passer, une fois sur place ? Vas-tu remettre ce Greg à sa place ?
- Quoi ? Non ! Pourquoi ? » s’étonna-t-il spontanément, remettant ainsi en question sa propre certitude.
Il avait songé a Greg sans vraiment y songer : Greg n’avait été qu’un catalyseur dans son envie d’être le spectateur de l’aboutissement de ces travaux, sans pour autant en être la cause réelle. Il regarda en biais Maximilien, pour qui l’interrogation avait paru être naturelle et s’attarda dessus, sourcils noués à la racine. Mais il ne pouvait ignorer la première question, aussi pour ne pas la négliger ni l’oublier, il se précipita d’y répondre, de façon toujours aussi protocolaire et unidimensionnelle, pour pouvoir au plus vite revenir à la seconde :
« Une fois sur place on va écouter un employé faire un discours inutile, t’auras peut-être quelqu’un qui va jouer une musique quelconque, les russes le font souvent avec un titre qui parle d’un astronaute nostalgique de la terre, puis on va regarder à travers la vitre les ingénieurs de la salle de contrôle faire leurs vérifications et lancer leurs programmes, puis on sortira sur le balcon pour observer le décollage mais tout le monde préférera sortir son téléphone pour le filmer, avait-il débité sur un ton monocorde et sans vraiment prendre garde à la ponctuation. Mais si tu regardes derrière toi, dit-il avec plus de profondeur et en ralentissant un peu pour leur permettre de se retourner, tu verras le pas de tir avec Ariane 5 raccordée aux câbles ombilicaux des plateformes de lancement et entouré de quatre paratonnerres. Ils sont encore en train de faire le plein et ont probablement déjà installé la coiffe qui contient les satellites. »
Nathanael pointa du doigt vers les quatre structures en métal à cinq bons kilomètres de l’endroit où ils se trouvaient, fines et fragile, presque effacées dans la clarté du jour, avec au milieu, deux tours en métal, étroites et ternes, un peu barbares par leur aspect purement élémentaire et reliées l’une à l’autre par des câbles et tubes suspendus. On aurait dit deux troncs sans branches, rattachés seulement par de fines lianes, ou deux créatures se nourrissant par leurs nombreux ombilics.
« Tu crois que c’est ce que je devrais faire ? demanda-t-il d’un ton bien moins assuré sans regarder l’étudiant. Remettre Greg à sa place ? C’est ce que tu aurais fait ? »
Des oiseaux, et maintes autres bêtes, chantaient dans le sous-bois fleuri de la mangrove. Des paillettes de soleil, des dentelles d’ombre glissaient à l’orée de ce parc de quelques kilomètres de long. La torpeur induite était telle qu’il fallait se faire violence pour vaincre l’engourdissement du soleil, embaumé du parfum capiteux de fleurs exotiques.
Timide, au milieu de cet espace ouvert, se dressait un centre de contrôle sans grande envergure, ni grande ambition quant à ses flamboyances architecturales. Pour des soucis de sécurité, tout était extrêmement dispersé sur les six-cents kilomètres carrés du site, afin d’éviter de gros dégâts en cas d’accident ou de chute du lanceur en pleine ascension. Heureusement pour eux, le site était un centre touristique prisé et abritait une multitude d’entreprises avec son lot de salariés : leur présence sur ce terrain vague ne représentait donc rien de suspect. En revanche, leur but était loin d’être aussi « simple » à atteindre et demandait un certain nombre d’accréditations : la salle Jupiter.
Mais parmi toutes ces difficultés il y en avait une qui était demeurée pour Nathanael éternellement insurmontable : les visages humains. Là où pour les autres les émotions étaient instincts, pour lui, ils représentaient d’interminables calculs insensés aux variables changeantes. Maximilien avait rougi ; par timidité, parce que statistiquement c’était un sentiment au pouvoir colorant bien plus efficace qu’un autre, et la timidité était un bien plus proche cousin de la honte, pudeur et confusion : trois émotions que Maximilien paraissait bien connaitre et vivement éprouver. Pudeur et honte… de qui ? De lui ? Nathanael aurait bien voulu s’en assurer, mais même en l’enlaçant et en amenant à nouveau le rouge aux joues du jeune homme, il ne s’était pas pour autant approché d’une réponse plus claire. La honte, la pudeur, la confusion étaient des inquiétudes négatives et Maximilien aurait dû ne serait-ce qu’amorcer une forme de répulsion, mais il n’avait pas bougé ; et rougi quand même. Cet embrasement, c’était à cause de Nathanael, mais pourquoi ?
Nathanael regarda sa monte. H-3. La compagnie de légionnaires avait déjà fait son ratissage pour vider les bâtiments dans la zone à risque et ils n’allaient plus se faire surprendre par un militaire à l’heure qu’il était. Près des bâtiments néanmoins, des gens s’agitaient : la pression et l’émotion montaient. Ils étaient trop loin pour éprouver l’ambiance sur eux, mais Nathanael le savait : le remplissage du réservoir central se poursuivait et bientôt, le décollage allait éclipser la lumière du soleil… Le concierge sortit son portefeuille en écoutant son accompagnateur slash taxi se rassurer sur l’intérêt de sa présence en ce lieu pour le reste de son existence, en oubliant que ce n’était pas la peine puisque déjà le moteur premier avait été l’argent. Dans son portefeuille, Nathanael trouva sa carte de Caltech, perdue dans une liasse d’autres cartes qui remontaient à des temps immémoriaux et brassaient des activités allant de l’abonnement à la bibliothèque à des cartes de fidélité auprès de fournisseurs en électronique. En énumérant dans sa tête toutes les difficultés auxquelles ils risquaient de faire face, Nathanael se mit à marcher, d’abord lentement, en prenant la direction du poste de contrôle, lorsqu’une question l’éjecta de sa trajectoire :
« Que va-t-il se passer, une fois sur place ? Vas-tu remettre ce Greg à sa place ?
- Quoi ? Non ! Pourquoi ? » s’étonna-t-il spontanément, remettant ainsi en question sa propre certitude.
Il avait songé a Greg sans vraiment y songer : Greg n’avait été qu’un catalyseur dans son envie d’être le spectateur de l’aboutissement de ces travaux, sans pour autant en être la cause réelle. Il regarda en biais Maximilien, pour qui l’interrogation avait paru être naturelle et s’attarda dessus, sourcils noués à la racine. Mais il ne pouvait ignorer la première question, aussi pour ne pas la négliger ni l’oublier, il se précipita d’y répondre, de façon toujours aussi protocolaire et unidimensionnelle, pour pouvoir au plus vite revenir à la seconde :
« Une fois sur place on va écouter un employé faire un discours inutile, t’auras peut-être quelqu’un qui va jouer une musique quelconque, les russes le font souvent avec un titre qui parle d’un astronaute nostalgique de la terre, puis on va regarder à travers la vitre les ingénieurs de la salle de contrôle faire leurs vérifications et lancer leurs programmes, puis on sortira sur le balcon pour observer le décollage mais tout le monde préférera sortir son téléphone pour le filmer, avait-il débité sur un ton monocorde et sans vraiment prendre garde à la ponctuation. Mais si tu regardes derrière toi, dit-il avec plus de profondeur et en ralentissant un peu pour leur permettre de se retourner, tu verras le pas de tir avec Ariane 5 raccordée aux câbles ombilicaux des plateformes de lancement et entouré de quatre paratonnerres. Ils sont encore en train de faire le plein et ont probablement déjà installé la coiffe qui contient les satellites. »
Nathanael pointa du doigt vers les quatre structures en métal à cinq bons kilomètres de l’endroit où ils se trouvaient, fines et fragile, presque effacées dans la clarté du jour, avec au milieu, deux tours en métal, étroites et ternes, un peu barbares par leur aspect purement élémentaire et reliées l’une à l’autre par des câbles et tubes suspendus. On aurait dit deux troncs sans branches, rattachés seulement par de fines lianes, ou deux créatures se nourrissant par leurs nombreux ombilics.
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- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
- » parchemins postés : 8266
» miroir du riséd : francisco lachowski
» crédits : wcstedrose (ava)
» multinick : arty / joe / keir
» âge : vingt-huit ans
» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
» profession : chroniqueur à la Chouette Enchaînée
» particularité : animagus
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 8292
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Ven 26 Nov 2021 - 14:17
When I take my sugar to tea ft. @Nathanael CohenLa question avait fusé et peut-être aurait-il dû y réfléchir à deux fois avant de la poser. L’étonnement dans le ton de la voix de Nathanel semblait réel et pourtant, Maximilien le remettait en question. Les chances pour qu’il ait mal interprété la situation étaient nombreuses. Or, il ne pensait pas se tromper en pensant que le brun éprouvait une certaine rancœur envers le dénommé Greg. N’ayant que peu d’informations à disposition, le Français pouvait tout aussi bien avoir fait un raccourci et ce qu’il apparentait à de la rancoeur n’était en réalité qu’un simple énervement passager de la part de Nathanael. Le cerner devenait à chaque minute un peu plus compliqué et il se demanda s’il arriverait un jour à comprendre réellement qui était cet homme aux paroles autant sages que énigmatiques. Le Summerbee fronça les sourcils, incertain de la réponse à fournir, si seulement elle était attendue. Nathanael lui simplifia la tâche en venant répondre à sa question initiale sur le déroulé de leur intervention au centre spatial. C’était une première pour le jeune homme et s’il ne s’était jamais destiné à cette voie, il trouvait l’univers fascinant. Lui qui aimait tant voler sur son balai se demandait qu’elle devait être la sensation ressentie par ces astronautes, en apesanteur dans l’espace. L’expérience méritait d’être vécue au moins une fois dans une vie. Ce jour ne serait pas le sien, mais cela ne faisait que lui rappeler toutes ces choses qu’il s’était promis de faire sans jamais revenir dessus. La faute aux études, aux relations, au temps… Les responsables étaient nombreux, mais peu légitimes. Il avait juste oublié ses rêves d’enfant.
La voix du brun manquait de passion, mais ce n’était pas la première fois qu’il l’entendait décrire quelque chose sur ce ton monotone. Comme si rien ne l’animait vraiment. Pourtant, leur simple présence ici indiquait tout le contraire. Maximilien suivit son indication et se retourna pour apercevoir Ariane, attendant son lancement avec patience et majestuosité. Le Français se demanda ce que l’on ressentait à se tenir au pied d’une telle bête, tellement elle paraissait haute. Quelles étaient les pensées des astronautes qu’elle accueillait en son sein ? Qu’elle protégeait du vide spatial ?
« C’est impressionnant » souffla-t-il simplement entre ses lippes, car il n’y avait aucun autre mot pour décrire l’émotion qui se peignait allègrement sur son visage. Un livre ouvert, sans nul doute possible désormais. Pour un novice tel que lui, cette vision était pleine de promesses, de craintes et d’exaltation. En se levant le matin-même, il n’avait pas envisagé une seule seconde d’assister à un tel spectacle et pourtant, le voici qui foulait cette terre brûlante.
« Je crois que les mérites de ton projet te reviennent. » Maximilien ne s’aventurait pas, craignant d’avoir mal lu les signaux envoyés par Nathanael au salon de thé. Il lui avait semblé que Greg, en bon profiteur, s’était accordé les mérites d’un projet rondement mené par l’homme à ses côtés. Un partenariat à sens unique. Peut-être même une injustice ? Lui-même s’était déjà retrouvé dans cette situation, à Beauxbâtons. Il pouvait comprendre la frustration de voir son travail récupéré par une personne qui n’avait apporté aucune contribution au processus de recherche. Pour autant, à l’époque, le Français n’avait pas osé lever la voix et il trouvait très maladroit, aujourd’hui, d’encourager Nathanael à le faire. Après tout, le choix lui revenait.
« Tu es le seul décisionnaire. Tout dépend comment est réellement ce Greg. Si c’est une personne magnanime, il peut être en mesure de comprendre que ton travail doit être récompensé. Mais c’est un peu optimiste de ma part… La question que tu peux peut-être te poser, c’est : risques-tu plus tard de regretter de ne pas t’être imposé aujourd’hui ? » Il tourna son regard vers lui.
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Dim 12 Déc 2021 - 21:35
« C’est impressionnant »
A ces mots, en Nathanael crût un sourire que ne révélèrent en rien les traits de son visage, habitués à un masque d’impassibilité immobile et empreint d’une sérénité égale, aux paupières lourdes et à la bouche close sans contractions, doucement, comme dans le sommeil. Dans les profondeurs de son palais interdit pourtant, il exaltait que quelqu’un pût partager, ne serait-ce qu’un peu, cette fascination qui s’exhalait dans un unique souffle et se murmurait du bout des lèvres. Scrupuleux mais généreux, son orgueil ou sa solitude se laissaient facilement et parfois dangereusement flatter par un peu de réciprocité, pour peu qu’elle fût sincère. Tout ce qui le rapprochait des autres, lui faisant partager une quelconque similarité, pouvait acheter sa loyauté comme on s’attachait la confiance d’un animal affamé que l’on nourrissait enfin. Intérieurement, il gonfla d’un sentiment de reconnaissance pour ces yeux grand ouverts où jouaient les paillettes d’un début de fascination.
Une fascination que Greg n’aurait su feindre, même par louange. Un manque de profondeur qui avait été le premier sujet de leur discorde sourde, et pas tant basée sur le mérite que le manque de respect rudimentaire envers un art difficile. Et si l’injustice résidait dans la présence de Greg à son détriment, la balance lui avait paru être rétablie, fut-ce par ses propres soins. L’idée qu’il faille administrer une humiliation supplémentaire ne lui avait pas effleuré l’esprit, et il se demanda s’il s’agissait d’un courant naturel de la pensée et des sentiments, de vouloir une réparation qui nivèlerait par le bas son offenseur tout en l’élevant, lui. Mais Nathanael avait une perception du mérite très personnelle. Être là lui suffisait, même si cela voulait dire que personne ne lui eut reconnu la vertu supplétive qui lui était due - ni Greg, ni personne ne s’était réveillé un matin en songeant qu’il avait été injuste que l’un des deux fut évincé. Impressionner une institution, trouver du crédit auprès des autres selon ce qu’il considérait être juste, n’avait jamais été un but. Considérant son caractère, c’était une tâche difficile à laquelle il ne songeait qu’au cas par cas, mais qui pouvait être la source d’un ardent et perpétuel désir pour s’attirer les grâces d’autrui. La reconnaissance… l’on était déjà si rarement remercié pour ce qui était rare ! alors être remercié pour ce qui était banal et attendu…
« Je… comprends. » prononça-t-il lentement en mesurant le sens que ces mots pouvaient avoir dans sa propre bouche. Et parce que c’était quelque chose qu’il avait pris l’habitude de faire en cas de doute, il reformula :
« Tu veux dire que parfois, il ne suffit pas de savoir soi-même qu’on a ou n’a pas eu ce qu’on mérite, il faut en plus que les autres le sachent ? » demanda-t-il en évitant le regard qui était posé sur lui.
Dans le monde où vivait Maximilien, les gens ne voulaient pas simplement être dans le vrai, ils voulaient l’être dans les yeux de ceux qui les regardaient. Un arbre fera-t-il du bruit si personne n’est là pour l’entendre ? Ce que chacun percevait de l’existence avait une grande part de notre contribution personnelle et pour certains, ne pas observer les évènements était égal à les rendre inexistants. Quant à Greg, il était à l’intelligence ce qu’un gynécologue était à l’amour, et Nathanael entendait fort bien ses capacités restreintes à reconnaître le mérite de quiconque, mais surtout, l’absence du sien. Mais Greg avait depuis longtemps semblai-t-il dépassé le souci de son incompétence mêlée à de l’ingratitude.
« Greg est un con, mais je crois… dit-il finalement, que ça me suffit d’être « juste là ». Et de toute façon, ce n’est pas avec mon poste de concierge que je vais lui faire de l’ombre » ajouta-t-il avec un fond d’amertume.
Nathanael était réaliste, il n’aurait jamais su trouver dans le monde magique une place équivalente à celle qu’il avait pu avoir dans le monde moldu, et quand bien même ça avait été possible, personne n’aurait accepté sa présence inexpérimentée. Mais savoir ça ne l’en avait pas moins rendu un brin amer. Concrètement, huiler les gonds des portes ne lui était jamais apparu comme étant une vocation personnelle, ni même la limite dans l’horizon de ses capacités.
En revanche, le problème d’être « juste là » se posait encore, car si Nathanael avait toujours sa carte, ni Maximilien ni lui ne faisaient partie de la liste des invités, que ce fut du côté des employés ou du public. A mesure qu’ils se rapprochaient du centre de contrôle à travers cet énorme terrain vague d’herbe sèche et de béton exhalant des volutes de chaleur, l’importance de leur légitimité en ces lieux croissait avec les chances qu’ils avaient de finalement rencontrer quelqu’un.
« Par contre, dit-il en ralentissant un peu et se tournant à demi vers Maximilien, pour voir Greg, il faudrait déjà qu’on puisse rentrer. Alors, soit on… il hésita, encore, butant sur ce vocabulaire compliqué, soit on ensorcèle la liste des participants, soit on ensorcèle le gars du contrôle, soit on force des portes. Et par « on » je veux dire bien évidemment « toi », dit-il sur un ton satisfait d’avoir si précisément évalué la situation. Moi, même si je le voulais, je ne pourrais rien… ensorceler, fut-ce mobilier ou créature vivante » conclut-il sur l’efficacité de ses charmes, tant concrets que personnels.
Charmer, flatter pour avoir ce qu’il voulait, c’était la plupart du temps hors de sa portée, à moins qu’il fût question de flirter avec un supercalculateur au sujet de la conjecture de Collatz. Il était donc content d’avoir avec lui quelqu’un au charme naturel un peu plus avéré que le sien, tant en termes de magie qu’en termes de personnalité.
« Le choix t’appartient » précisa-t-il, donnant pleine liberté à l’architecte chargé de combler ses défauts.
A ces mots, en Nathanael crût un sourire que ne révélèrent en rien les traits de son visage, habitués à un masque d’impassibilité immobile et empreint d’une sérénité égale, aux paupières lourdes et à la bouche close sans contractions, doucement, comme dans le sommeil. Dans les profondeurs de son palais interdit pourtant, il exaltait que quelqu’un pût partager, ne serait-ce qu’un peu, cette fascination qui s’exhalait dans un unique souffle et se murmurait du bout des lèvres. Scrupuleux mais généreux, son orgueil ou sa solitude se laissaient facilement et parfois dangereusement flatter par un peu de réciprocité, pour peu qu’elle fût sincère. Tout ce qui le rapprochait des autres, lui faisant partager une quelconque similarité, pouvait acheter sa loyauté comme on s’attachait la confiance d’un animal affamé que l’on nourrissait enfin. Intérieurement, il gonfla d’un sentiment de reconnaissance pour ces yeux grand ouverts où jouaient les paillettes d’un début de fascination.
Une fascination que Greg n’aurait su feindre, même par louange. Un manque de profondeur qui avait été le premier sujet de leur discorde sourde, et pas tant basée sur le mérite que le manque de respect rudimentaire envers un art difficile. Et si l’injustice résidait dans la présence de Greg à son détriment, la balance lui avait paru être rétablie, fut-ce par ses propres soins. L’idée qu’il faille administrer une humiliation supplémentaire ne lui avait pas effleuré l’esprit, et il se demanda s’il s’agissait d’un courant naturel de la pensée et des sentiments, de vouloir une réparation qui nivèlerait par le bas son offenseur tout en l’élevant, lui. Mais Nathanael avait une perception du mérite très personnelle. Être là lui suffisait, même si cela voulait dire que personne ne lui eut reconnu la vertu supplétive qui lui était due - ni Greg, ni personne ne s’était réveillé un matin en songeant qu’il avait été injuste que l’un des deux fut évincé. Impressionner une institution, trouver du crédit auprès des autres selon ce qu’il considérait être juste, n’avait jamais été un but. Considérant son caractère, c’était une tâche difficile à laquelle il ne songeait qu’au cas par cas, mais qui pouvait être la source d’un ardent et perpétuel désir pour s’attirer les grâces d’autrui. La reconnaissance… l’on était déjà si rarement remercié pour ce qui était rare ! alors être remercié pour ce qui était banal et attendu…
« Je… comprends. » prononça-t-il lentement en mesurant le sens que ces mots pouvaient avoir dans sa propre bouche. Et parce que c’était quelque chose qu’il avait pris l’habitude de faire en cas de doute, il reformula :
« Tu veux dire que parfois, il ne suffit pas de savoir soi-même qu’on a ou n’a pas eu ce qu’on mérite, il faut en plus que les autres le sachent ? » demanda-t-il en évitant le regard qui était posé sur lui.
Dans le monde où vivait Maximilien, les gens ne voulaient pas simplement être dans le vrai, ils voulaient l’être dans les yeux de ceux qui les regardaient. Un arbre fera-t-il du bruit si personne n’est là pour l’entendre ? Ce que chacun percevait de l’existence avait une grande part de notre contribution personnelle et pour certains, ne pas observer les évènements était égal à les rendre inexistants. Quant à Greg, il était à l’intelligence ce qu’un gynécologue était à l’amour, et Nathanael entendait fort bien ses capacités restreintes à reconnaître le mérite de quiconque, mais surtout, l’absence du sien. Mais Greg avait depuis longtemps semblai-t-il dépassé le souci de son incompétence mêlée à de l’ingratitude.
« Greg est un con, mais je crois… dit-il finalement, que ça me suffit d’être « juste là ». Et de toute façon, ce n’est pas avec mon poste de concierge que je vais lui faire de l’ombre » ajouta-t-il avec un fond d’amertume.
Nathanael était réaliste, il n’aurait jamais su trouver dans le monde magique une place équivalente à celle qu’il avait pu avoir dans le monde moldu, et quand bien même ça avait été possible, personne n’aurait accepté sa présence inexpérimentée. Mais savoir ça ne l’en avait pas moins rendu un brin amer. Concrètement, huiler les gonds des portes ne lui était jamais apparu comme étant une vocation personnelle, ni même la limite dans l’horizon de ses capacités.
En revanche, le problème d’être « juste là » se posait encore, car si Nathanael avait toujours sa carte, ni Maximilien ni lui ne faisaient partie de la liste des invités, que ce fut du côté des employés ou du public. A mesure qu’ils se rapprochaient du centre de contrôle à travers cet énorme terrain vague d’herbe sèche et de béton exhalant des volutes de chaleur, l’importance de leur légitimité en ces lieux croissait avec les chances qu’ils avaient de finalement rencontrer quelqu’un.
« Par contre, dit-il en ralentissant un peu et se tournant à demi vers Maximilien, pour voir Greg, il faudrait déjà qu’on puisse rentrer. Alors, soit on… il hésita, encore, butant sur ce vocabulaire compliqué, soit on ensorcèle la liste des participants, soit on ensorcèle le gars du contrôle, soit on force des portes. Et par « on » je veux dire bien évidemment « toi », dit-il sur un ton satisfait d’avoir si précisément évalué la situation. Moi, même si je le voulais, je ne pourrais rien… ensorceler, fut-ce mobilier ou créature vivante » conclut-il sur l’efficacité de ses charmes, tant concrets que personnels.
Charmer, flatter pour avoir ce qu’il voulait, c’était la plupart du temps hors de sa portée, à moins qu’il fût question de flirter avec un supercalculateur au sujet de la conjecture de Collatz. Il était donc content d’avoir avec lui quelqu’un au charme naturel un peu plus avéré que le sien, tant en termes de magie qu’en termes de personnalité.
« Le choix t’appartient » précisa-t-il, donnant pleine liberté à l’architecte chargé de combler ses défauts.
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» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Lun 13 Déc 2021 - 18:24
When I take my sugar to tea ft. @Nathanael CohenComme à son habitude, Nathanael parvenait à mettre dans sa bouche des propos qu’il ne pensait même pas, ou à relever des informations auxquelles il n’avait pas fait attention. Telle que la facilité à laquelle l’Homme se construit selon le regard de ses semblables. Il n’insinuait pas que c’était ainsi que Nathanael devait jauger son travail et ses capacités, mais le résultat semblait le même désormais. Encore une fois, il paraissait superficie, une impression que le concierge parvenait facilement à lui faire ressentir.
« Tout dépend de toi. J’aime parfois avoir l’approbation de mes semblables. Nous vivons les uns avec les autres, il est supposément naturel de s’attendre à ce que l’autre fasse un commentaire, qu’il soit négatif ou positif. Quant au mérite… ce n’est qu’un bonus, s’il est reconnu par tes pairs. » Un moyen de se rassurer, de se dire “oui, j’ai emprunté la bonne direction, même si je l’avais deviné seul”. Maximilien avait été élevé de façon à toujours remettre ses décisions entre les mains d’autrui. Se soucier des regards et des jugements, les tourner à son avantage. Nathanael vivait sûrement autrement et le prouvait encore. Leurs fonctionnements sociaux divergeaient et il tentait de cacher le malaise que cela engendrait.
« Il n’y a pas de petit métier, il n’y a que des petites gens. » C’était bien la première fois qu’il ressentait autant d’amertume émaner du sorcier, lui qui parlait toujours de façon si éloquente et sûre. Il aurait même envie de dire que se rabaisser ne lui ressemblait pas, mais le Français se rappela qu’il ne connaissait pas si bien son acolyte du moment. Ses simples pensées lui paraissaient bien souvent au-delà de sa compréhension. Les suprémacistes sorciers seraient bien fâchés de constater qu’un moldu dépassait intellectuellement l’un des leurs, pur de surcroît. Maximilien n’éprouvait aucune honte à ne pas comprendre, tant que l’on se montrait respectueux dans l’explication. Il savait parfaitement que s'il venait à entrer dans l'une des salles du bâtiment qui se dressait devant eux, il serait sûrement le moins érudit sur le sujet. Mais cela lui convenait parce qu'il adorait apprendre de nouvelles choses et chaque rencontre était une opportunité de gonfler son savoir.
Ses pas suivaient la cadence de ceux de Nathanael, si bien qu'il se mit à ralentir à peu près en même temps que lui. Il fit une remarque qui ne manquait pas de réalisme. Ils n'avaient rien à faire là et étaient donc peu susceptibles de pouvoir passer les portes sans se faire remarquer. Aucune des solutions proposées ne lui semblait attirante et toutes reposaient sur ses capacités magiques. Or, Maximilien détestait les utiliser de cette façon. Pour tricher. Il contempla le visage du concierge un long moment, alternant avec le bâtiment de temps en temps. Il y avait là un problème de moralité et ce sujet rendait toujours épineux les choix du Français. Il voulait venir en aide à son camarade, mais à quel prix ? S'il était surpris à user de la Magie devant les moldus ignorants, les conséquences pouvaient être désastreuses.
Quand il tourna la tête vers Nathanael, sa décision était prise, bien que difficilement.
« Je ne forcerai aucune porte ni n'ensorcelerai un moldu. Allons trafiquer cette liste. » Cela restait dans ses cordes et bien moins illégal, ou moralement discutable, que les autres options. Il incluait volontairement le brun dans sa formulation afin de ne pas être le seul concerné par cette petite profanation. Maximilien fut le premier à se remettre en marche, avec plus ou moins d'assurance. Sa baguette, bien cachée dans la doublure intérieure de sa veste, en frémissait déjà.
« Je te demanderai juste de détourner son attention de moi quelques secondes. Au maximum cinq minutes, le temps que le sort soit lancé. Personne ne doit se rendre compte de ce que je fais. » Il n'avait nulle envie de se retrouver devant les Aurors à expliquer sa décision. Il chercha une approbation du côté de Nathanael.
il est libre max
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Lun 20 Déc 2021 - 23:27
« Tout dépend de toi. J’aime parfois avoir l’approbation de mes semblables. Nous vivons les uns avec les autres, il est supposément naturel de s’attendre à ce que l’autre fasse un commentaire, qu’il soit négatif ou positif. Quant au mérite… ce n’est qu’un bonus, s’il est reconnu par tes pairs. »
Le seul problème dans cette phrase était le mot « naturel », qui supposait qu’il ait pu y avoir une narration dont la logique était imputable dans l’absolu. Plus Nathanael retournait ce mot dans sa tête, moins il donnait sens à sa propre expérience. Les commentaires d’autrui, excepté lorsqu’il s’agissait de sciences dures, n’avaient que très rarement éveillé en lui un sentiment de pure rationalité. Il avait fini par conclure que les attentes humaines n’étaient pas du tout en rapport avec la réalité physique et des faits établis expérimentalement, sinon la psychologie aurait été une science plus exacte et reproductible. Du moins, il fallait se résigner au fait que le « naturel » était souvent un terme de poésie : il s’appliquait selon l’inspiration de chacun, individuellement, parce que justement, Nathanael avait un grand mal à vivre « avec les autres ». Attendre l’approbation de gens qu’il ne comprenait pas lui avait toujours paru incongru, inutile, voir contre-productif. Mais il tendait aussi à négliger que ce n’était pas de l’ordre de tous.
Lors de leur première rencontre, Maximilien lui avait donné l’image d’un jeune homme contraint à plus d’un égard. Ca se voyait un peu plus à ses yeux polis et son entrain modéré ; des yeux de crème au marron, une voix douce, avec une façon de tenir la tête un de côté en regardant par terre. D’ailleurs, il s’arma gentiment de ces remarques qui devaient plaire à plein de gens et remonter les consciences qui se sentaient basses :
« Il n’y a pas de petit métier, il n’y a que des petites gens. »
Nathanael soupira, puis sourit faiblement : s’il n’y prêtait guère attention, il savait en revanche que certains le faisaient assidûment, particulièrement dans le monde de la science.
« Oui, mais tout le monde ne pense pas de la même façon. »
Et certainement pas Greg.
En attendant, naturel ou pas, consenti ou non, il leur fallait se charger de quelque chose qui, selon l’angle d’observation, était pour le moins blâmable. Sachant sa morale particulièrement souple lorsqu’il s’agissait de certaines convenances, Nathanael laissa au jeune homme le temps de la réflexion sans intervenir avec ce goût particulier pour les silences qu’était le sien. Il fut néanmoins bientôt distrait par les bruits de la faune et de la flore et demeura relativement aveugle aux engrenages qui cavalaient derrière ce front court à la ligne cuivrée intacte, reflet d’une jeunesse à peine embrassée. Dans le cas d’une coopération moindre, il s’était déjà ouvert quelques possibilités, mais par économie d’effort, il n’avait voulu y songer avant d’avoir la réponse de Maximilien. Cela dit, il avait posé la question de telle façon que le refus n’avait même pas été un choix.
« Je ne forcerai aucune porte ni n’ensorcellerai un moldu. Allons trafiquer cette liste. »
Nathanael hocha de la tête puis haussa brièvement les épaules devant cette logique évidente sur le plan stratégique – la liste ne requérant qu’une seule modification – et déjà un peu plus obscure selon un calcul purement moral. Il devait y avoir une limite d’excès dans l’esprit de Maximilien qui lui autorisait l’un et pas l’autre. Néanmoins, le concierge ne s’y attarda pas, mesurant la subtilité avec laquelle l’étudiant-slash-serveur l’avait inclus dans sa chorégraphie en lui imputant le seul rôle que Nathanael était incapable de correctement remplir.
« Cinq minutes ? Dit-il en plissant les yeux, non pas tant à cause du soleil que de sa suspicion. Tu m’as déjà entendu parler ? » fit-il remarquer en tout connaissance de cause, englobant autant de sens que possible par ces quelques mots pour le moins abstraits.
Il ne savait pas parler aux gens et encore moins retenir durablement leur attention si tel n’était pas leur souhait personnel. Il ne rechignait pas au fond à aider Maximilien selon ses capacités, mais doutait que la répartition de leurs talents respectif ait été la plus judicieuse le concernant. Mais il n’eut pas le temps de tergiverser davantage car s’ils avaient ralenti pour ne pas faire face au danger, le danger avait décidé de les rejoindre. Avec l’évacuation des lieux, il ne restait plus une tête inconnue au bataillon à part quelques visiteurs, et un agent de sécurité avait donc tout naturellement décidé de contrôler la paire de branches qui paraissait être tombée de la jungle.
« Bonjour, je peux avoir vos noms s’il-vous-plait ? » dit-il dans un français aux voyelles lisses tout en s’armant d’un stylo dont il fit graviter la pointe au-dessus d’une longue liste de plusieurs pages, sans les lâcher du regard.
Finalement, c’était peut-être mieux si le monologue lui était dédié, car il ne connaissait ni les capacités de l’agent pour l’anglais, ni celles de l’étudiant pour le français. Loin de se démonter, car telle était chose difficile de toute façon, Nathanael songea seulement qu’il lui fallait seulement un peu de vérité dans son mensonge. Ses yeux jonglèrent entres les divers ornements de l’agent en se souvenant qu’il fallait détourner son attention de la feuille. Stylo, non ; uniforme, non ; épaulettes, non ; chaussures, non plus ; lunettes, il n’avait rien à dire sur le sujet… à part que c’était une excellente façon pour garder le contact visuel.
« Cohen. Mais dites-moi Monsieur où vous avez trouvé ces in-cro-yables lunettes ? »
Incroyablement laides, mais c’était un confortable mensonge par omission. Du reste, à partir de là, il n’y avait plus aucune limite et tout en s’approchant lentement, Nathanael s’était forcé à fixer les sus-dites lunettes tout en magnétisant par la force de son – non – intérêt le regard de l’agent, notant ici qu’il faisait un considérable sacrifice pour quelqu’un qui haïssait regarder les gens dans les yeux.
« C’est le retour des années 80 et je n’arrive pas à me trouver une monture correcte, alors que bon, seul ceux qui n’ont pas connu les années 80 semblent y prêter un soudain intérêt en oubliant que c’était quand même la décennie de la cagoule, une sorte de chaussette, mais pour la tête, puis du LSD, qui a clairement eu une conséquences désastreuse sur les producteurs de vêtements et les coiffeurs, sans parler de la télé dont le manque de chaînes avait dû avoir une vraie influence sur la démographie du pays on poussant les parents à s’occuper autrement, surtout que les enfants étaient utiles pour rapporter la télécommande qui pesait une demi-tonne, et tout ça nous rappelle pourquoi Tchernobyl n’est pas la seule chose qui aurait mérité sa dalle de béton... »
Le seul problème dans cette phrase était le mot « naturel », qui supposait qu’il ait pu y avoir une narration dont la logique était imputable dans l’absolu. Plus Nathanael retournait ce mot dans sa tête, moins il donnait sens à sa propre expérience. Les commentaires d’autrui, excepté lorsqu’il s’agissait de sciences dures, n’avaient que très rarement éveillé en lui un sentiment de pure rationalité. Il avait fini par conclure que les attentes humaines n’étaient pas du tout en rapport avec la réalité physique et des faits établis expérimentalement, sinon la psychologie aurait été une science plus exacte et reproductible. Du moins, il fallait se résigner au fait que le « naturel » était souvent un terme de poésie : il s’appliquait selon l’inspiration de chacun, individuellement, parce que justement, Nathanael avait un grand mal à vivre « avec les autres ». Attendre l’approbation de gens qu’il ne comprenait pas lui avait toujours paru incongru, inutile, voir contre-productif. Mais il tendait aussi à négliger que ce n’était pas de l’ordre de tous.
Lors de leur première rencontre, Maximilien lui avait donné l’image d’un jeune homme contraint à plus d’un égard. Ca se voyait un peu plus à ses yeux polis et son entrain modéré ; des yeux de crème au marron, une voix douce, avec une façon de tenir la tête un de côté en regardant par terre. D’ailleurs, il s’arma gentiment de ces remarques qui devaient plaire à plein de gens et remonter les consciences qui se sentaient basses :
« Il n’y a pas de petit métier, il n’y a que des petites gens. »
Nathanael soupira, puis sourit faiblement : s’il n’y prêtait guère attention, il savait en revanche que certains le faisaient assidûment, particulièrement dans le monde de la science.
« Oui, mais tout le monde ne pense pas de la même façon. »
Et certainement pas Greg.
En attendant, naturel ou pas, consenti ou non, il leur fallait se charger de quelque chose qui, selon l’angle d’observation, était pour le moins blâmable. Sachant sa morale particulièrement souple lorsqu’il s’agissait de certaines convenances, Nathanael laissa au jeune homme le temps de la réflexion sans intervenir avec ce goût particulier pour les silences qu’était le sien. Il fut néanmoins bientôt distrait par les bruits de la faune et de la flore et demeura relativement aveugle aux engrenages qui cavalaient derrière ce front court à la ligne cuivrée intacte, reflet d’une jeunesse à peine embrassée. Dans le cas d’une coopération moindre, il s’était déjà ouvert quelques possibilités, mais par économie d’effort, il n’avait voulu y songer avant d’avoir la réponse de Maximilien. Cela dit, il avait posé la question de telle façon que le refus n’avait même pas été un choix.
« Je ne forcerai aucune porte ni n’ensorcellerai un moldu. Allons trafiquer cette liste. »
Nathanael hocha de la tête puis haussa brièvement les épaules devant cette logique évidente sur le plan stratégique – la liste ne requérant qu’une seule modification – et déjà un peu plus obscure selon un calcul purement moral. Il devait y avoir une limite d’excès dans l’esprit de Maximilien qui lui autorisait l’un et pas l’autre. Néanmoins, le concierge ne s’y attarda pas, mesurant la subtilité avec laquelle l’étudiant-slash-serveur l’avait inclus dans sa chorégraphie en lui imputant le seul rôle que Nathanael était incapable de correctement remplir.
« Cinq minutes ? Dit-il en plissant les yeux, non pas tant à cause du soleil que de sa suspicion. Tu m’as déjà entendu parler ? » fit-il remarquer en tout connaissance de cause, englobant autant de sens que possible par ces quelques mots pour le moins abstraits.
Il ne savait pas parler aux gens et encore moins retenir durablement leur attention si tel n’était pas leur souhait personnel. Il ne rechignait pas au fond à aider Maximilien selon ses capacités, mais doutait que la répartition de leurs talents respectif ait été la plus judicieuse le concernant. Mais il n’eut pas le temps de tergiverser davantage car s’ils avaient ralenti pour ne pas faire face au danger, le danger avait décidé de les rejoindre. Avec l’évacuation des lieux, il ne restait plus une tête inconnue au bataillon à part quelques visiteurs, et un agent de sécurité avait donc tout naturellement décidé de contrôler la paire de branches qui paraissait être tombée de la jungle.
« Bonjour, je peux avoir vos noms s’il-vous-plait ? » dit-il dans un français aux voyelles lisses tout en s’armant d’un stylo dont il fit graviter la pointe au-dessus d’une longue liste de plusieurs pages, sans les lâcher du regard.
Finalement, c’était peut-être mieux si le monologue lui était dédié, car il ne connaissait ni les capacités de l’agent pour l’anglais, ni celles de l’étudiant pour le français. Loin de se démonter, car telle était chose difficile de toute façon, Nathanael songea seulement qu’il lui fallait seulement un peu de vérité dans son mensonge. Ses yeux jonglèrent entres les divers ornements de l’agent en se souvenant qu’il fallait détourner son attention de la feuille. Stylo, non ; uniforme, non ; épaulettes, non ; chaussures, non plus ; lunettes, il n’avait rien à dire sur le sujet… à part que c’était une excellente façon pour garder le contact visuel.
« Cohen. Mais dites-moi Monsieur où vous avez trouvé ces in-cro-yables lunettes ? »
Incroyablement laides, mais c’était un confortable mensonge par omission. Du reste, à partir de là, il n’y avait plus aucune limite et tout en s’approchant lentement, Nathanael s’était forcé à fixer les sus-dites lunettes tout en magnétisant par la force de son – non – intérêt le regard de l’agent, notant ici qu’il faisait un considérable sacrifice pour quelqu’un qui haïssait regarder les gens dans les yeux.
« C’est le retour des années 80 et je n’arrive pas à me trouver une monture correcte, alors que bon, seul ceux qui n’ont pas connu les années 80 semblent y prêter un soudain intérêt en oubliant que c’était quand même la décennie de la cagoule, une sorte de chaussette, mais pour la tête, puis du LSD, qui a clairement eu une conséquences désastreuse sur les producteurs de vêtements et les coiffeurs, sans parler de la télé dont le manque de chaînes avait dû avoir une vraie influence sur la démographie du pays on poussant les parents à s’occuper autrement, surtout que les enfants étaient utiles pour rapporter la télécommande qui pesait une demi-tonne, et tout ça nous rappelle pourquoi Tchernobyl n’est pas la seule chose qui aurait mérité sa dalle de béton... »
- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
- » parchemins postés : 8266
» miroir du riséd : francisco lachowski
» crédits : wcstedrose (ava)
» multinick : arty / joe / keir
» âge : vingt-huit ans
» situation : en couple
» année d'études : 10ème année
» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
» profession : chroniqueur à la Chouette Enchaînée
» particularité : animagus
» nature du sang : sang-pur
» gallions sous la cape : 8292
Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Mar 21 Déc 2021 - 16:13
When I take my sugar to tea ft. @Nathanael Cohen« Ça va bien se passer. »Il ne doutait pas des capacités de Nathanael à mener à bien sa mission, si l’on pouvait l’appeler ainsi. De toute évidence, il ne lui laissait pas plus de choix qu'il n'en avait eu lui-même. Maximilien avait foi en ce qu'il avait aperçu du concierge lors de cette étrange soirée arrosée de pancakes et de thé. Il avait réussi à aligner plusieurs phrases de façon tellement réfléchie qu'il était difficile de se souvenir du début une fois qu'on en était arrivé à bout. Il comptait sur cette particularité qu'avait l'homme de philosopher sur n'importe quel sujet sans broncher. Une performance dont il n'était pas capable lui-même. A ses yeux, les rôles étaient savamment répartis et les cinq minutes qu'il avait demandées n'étaient qu'un soutien psychologique, à défaut de mieux. Une vingtaine de secondes s'avéraient suffisantes pour le travail qui lui était demandé. Il réfléchissait déjà à l'incantation à prononcer, quand le vigile vint à leur rencontre. Jusque là, rien d'imprévu.
L'homme, il aurait pu s'en douter mais tel n'avait pas été le cas, parlait sa langue maternelle, ce qui lui fit presque regretter sa répartition des tâches. Il y avait de fortes chances pour qu'il connaisse les bases de l'anglais, cependant. Maximilien songea à prendre la parole pour soulager Nathanael de ce devoir, mais ce dernier faisait déjà ce qu'on lui avait demandé. Il fronça les sourcils à l'évocation des lunettes du vigile, se questionnant sur la validité de cette tentative de diversion. Mais l'heure n'était pas à la réflexion et à peine l'homme eut-il levé le regard sur son camarade qu'il murmura l'incantation voulue. Le nom de l'astrophysicien vint s'ajouter en lettres dorées sur la liste, suivi du sien, avant de reprendre la couleur de l'encre basique. Ni vu, ni connu. Il eut même le temps d'écouter le discours de Nathanael qui, sans surprise, ne manquait pas d'informations. À savoir si elles étaient pertinentes ou non, c'était une autre histoire.
« Excusez mon collègue » finit-il par dire dans un français impeccable. « C’est un grand amateur de lunettes un peu nostalgique. Cohen et Leroy. » Il offrit un sourire au garde, de ceux qu'on lui avait appris à exécuter dans ce type de contexte. Toujours donner l'impression que l'on est à sa place, même quand on ne devrait pas y être. La société élitiste des sang-purs l'aura au moins aidé pour une fois. En se donnant un tel air important, il laissa volontairement croire au vigile qu'ils étaient attendus pour le lancement de la fusée. Perdre ne serait-ce qu'une minute de leur temps était inconcevable.
Cela conjugué à leurs noms correctement inscrits sur la liste des participants, le vigile n'eut d'autre choix que de les laisser passer, de contentant d'un simple "Messieurs" vaguement poli. Apparemment, la tirade sur les années 80 lui retournait encore le cerveau, ce qui fit doucement rire le Français. Une fois à l'intérieur, il se rendit compte que, tout ce temps, il avait fermement tenu sa baguette dans la poche de sa veste.
« Et maintenant ? Par où va-t-on ? » Il cherchait du regard un plan du bâtiment, comptant tout de même sur les connaissances de Nathanael pour les amener à bon port. C'était lui le pro des fusées, après tout… dit vulgairement.
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Mer 29 Déc 2021 - 1:52
Il aurait pu être un professeur dans une autre vie. Non pas qu’il ait un jour eu une passion pour les photocopieuses, la poudre de craie jusque dans les revers du jean, ou la répétition sempiternelle du même sujet sans possibilité d’évolution, mais il avait, comme l’enfant devinant une forme de lapin en train de voler sur un balais dans un nuage, une capacité assez phénoménale et suffisamment infinie d’extrapolation pour pouvoir concurrencer n’importe quel professeur de français dans sa capacité à compléter les zones de vide de n’importe quel texte avec un peu de baratin. Le prof de français, c’était quand même un peu quelqu’un qui improvisait des Fanfictions à volonté en échafaudant sans cesse des liens entre objets divers et l’état d’âme de l’auteur. Pour user le sujet des lunettes jusqu’à la corde, Nath avait visiblement de la ressource et nulle inquiétude quant à la maigreur dudit sujet, il y avait toujours moyen de relier deux thèmes opposés entre eux par la magie de la mise en abyme. Encore un truc de prof de français. Ou de prof de philo, c’était selon.
Bref, si Nath avait été un moulin à vent plutôt qu’à paroles, le problème de l’énergie fossile aurait été réglé depuis longtemps. Il avait récemment lu quelque chose sur le sujet au demeurant : une université avait prétendu être capable de transformer l’anxiété en électricité. Il devait avoir produit pour sa part au moins de quoi alimenter un cycle de machine à laver. Genre, neuf kilos de coton à quatre-vingt-dix degrés avec essorage à mille deux-cents tours minute. Cela dit, toute cette énergie était partie dans sa tentative de percer un trou à la place des yeux de l’agent de sécurité, particulièrement lorsque son sixième sens lui avait mystérieusement fait sentir que la magie était dans les airs.
« Excusez mon collègue »
Nathanael avait instantanément mis fin à son monologue, allant jusqu’à trancher un mot en deux pour ne surtout pas continuer son supplice. Ce fut seulement à la suite d’un vague soupir qu’il remarqua le phrasé sans accents ni efforts de l’étudiant, qui ne manqua pas de se distinguer du comportement intarissable et impossible du concierge. Il s’offusqua par principe et pour la forme en pinçant la bouche et plissant les yeux, alors que le timide mouflet était soudain devenu un gamin de talent qui se donnait des airs pour épater son hôte. Changement inattendu mais appréciable, Nathanael le regarda dévoiler une patine innée, qui ne pouvait être reproduite ni acquise, et qui se développait au fil du temps : un vernis protecteur de quelqu’un qui se tenait tranquillement et superbement au milieu de son monde, persuadé d’y avoir sa place et contemplant les autres avec une polie indifférence.
« Et maintenant ? Par où va-t-on ? » fit le plus jeune lorsque le danger s’était écarté avec un air hagard, encore sonné par l’imbroglio qu’avaient crevé ses lunettes.
« Voyons devriez le savoir, très cher collègue… répondit Nathanael sur le même ton affable mais pincé qu’avait utilisé Maximilien pour éloigner l’agent de sécurité, continuant à labourer une langue française qu’il n’avait que trop peu l’occasion de pratiquer. Je croyais que vous étiez un étudiant en journalisme, très cher collègue ? »
Mais il cessa vite de se moquer et revint un naturel spontané et simple, faisant redescendre ses sourcils scandalisés de leur grenier. Il sourit vaguement, presque imperceptiblement, comme à son habitude.
« Ca dépend de ce que tu veux voir, monsieur l’étudiant ? La salle de contrôle avec toute la communication et des mecs en train de mater leurs moniteurs en suant sur leurs claviers, ou juste le décollage depuis l’extérieur ? On peut faire les deux, mais va falloir bien s’organiser. Cela dit… »
Nathanael regarda Maximilien en tordant la bouche dans une moue réflexive, confronté à ce qu’il avait déjà constaté maintes fois sans savoir qu’en conclure : en dehors des lois, pourquoi tous les sorciers n’étaient pas milliardaires depuis longtemps ? Barons de la drogue ? Revendeurs d’Art ? Traders à Wall Street ? Voyageurs spatiaux ? La magie rendait leur vie plus simple à tant d’égards que les simples moldus ne pouvaient même pas envisager ! Transporter des tonnes de coke à travers la frontière n’était pas un problème dans ce monde, copier une grande œuvre non plus, modifier quelques chiffres sur son résultat du loto… A croire que les sorciers étaient tous honnêtes, ou juste stupides, ou trop prétentieux et buttés pour daigner s’intéresser à un mode de vie qui leur était inférieur : ça devait être comme gagner une course à cheval en y allant à moto. Trop dégradant pour être considéré.
La magie avait élargi ses horizons bien plus qu’il ne l’avait cru et son esprit de moldu se permettait aujourd’hui d’envisager des choses auxquelles il n’aurait jamais pensé avant. Des obstacles devenaient soudain inexistants, des rêves atteignables…
« Cela dit, selon tes grands talents de sorcier, on peut avoir l’argent du beurre et le beurre : on va dans la salle de contrôle et après on se téléporte là où personne n’a le droit d’aller, au pied du lanceur ! dit-il avec un début d’excitation. Pas assez près pour avoir un peeling, mais assez pour bronzer un peu. Ca va être grandiose ! »
Il avait continué à naturellement parler en français, avec la fluidité de son enfance et des bavardages avec sa tendre mère qu’il adorait, se rendant à peine compte de la liberté qu’il avait prise sans se poser de questions. Enfin, presque…
« Mais au fait, d’où est-ce que tu connais le français ? » demanda-t-il en marchant lentement et oisivement vers le bâtiment le plus proche, ne concluant pas l’évidence dans un pays regorgeant de sonorités françaises s’étant implantées dans le paysage depuis de nombreux siècles sans en garder la moindre mémoire.
Bref, si Nath avait été un moulin à vent plutôt qu’à paroles, le problème de l’énergie fossile aurait été réglé depuis longtemps. Il avait récemment lu quelque chose sur le sujet au demeurant : une université avait prétendu être capable de transformer l’anxiété en électricité. Il devait avoir produit pour sa part au moins de quoi alimenter un cycle de machine à laver. Genre, neuf kilos de coton à quatre-vingt-dix degrés avec essorage à mille deux-cents tours minute. Cela dit, toute cette énergie était partie dans sa tentative de percer un trou à la place des yeux de l’agent de sécurité, particulièrement lorsque son sixième sens lui avait mystérieusement fait sentir que la magie était dans les airs.
« Excusez mon collègue »
Nathanael avait instantanément mis fin à son monologue, allant jusqu’à trancher un mot en deux pour ne surtout pas continuer son supplice. Ce fut seulement à la suite d’un vague soupir qu’il remarqua le phrasé sans accents ni efforts de l’étudiant, qui ne manqua pas de se distinguer du comportement intarissable et impossible du concierge. Il s’offusqua par principe et pour la forme en pinçant la bouche et plissant les yeux, alors que le timide mouflet était soudain devenu un gamin de talent qui se donnait des airs pour épater son hôte. Changement inattendu mais appréciable, Nathanael le regarda dévoiler une patine innée, qui ne pouvait être reproduite ni acquise, et qui se développait au fil du temps : un vernis protecteur de quelqu’un qui se tenait tranquillement et superbement au milieu de son monde, persuadé d’y avoir sa place et contemplant les autres avec une polie indifférence.
« Et maintenant ? Par où va-t-on ? » fit le plus jeune lorsque le danger s’était écarté avec un air hagard, encore sonné par l’imbroglio qu’avaient crevé ses lunettes.
« Voyons devriez le savoir, très cher collègue… répondit Nathanael sur le même ton affable mais pincé qu’avait utilisé Maximilien pour éloigner l’agent de sécurité, continuant à labourer une langue française qu’il n’avait que trop peu l’occasion de pratiquer. Je croyais que vous étiez un étudiant en journalisme, très cher collègue ? »
Mais il cessa vite de se moquer et revint un naturel spontané et simple, faisant redescendre ses sourcils scandalisés de leur grenier. Il sourit vaguement, presque imperceptiblement, comme à son habitude.
« Ca dépend de ce que tu veux voir, monsieur l’étudiant ? La salle de contrôle avec toute la communication et des mecs en train de mater leurs moniteurs en suant sur leurs claviers, ou juste le décollage depuis l’extérieur ? On peut faire les deux, mais va falloir bien s’organiser. Cela dit… »
Nathanael regarda Maximilien en tordant la bouche dans une moue réflexive, confronté à ce qu’il avait déjà constaté maintes fois sans savoir qu’en conclure : en dehors des lois, pourquoi tous les sorciers n’étaient pas milliardaires depuis longtemps ? Barons de la drogue ? Revendeurs d’Art ? Traders à Wall Street ? Voyageurs spatiaux ? La magie rendait leur vie plus simple à tant d’égards que les simples moldus ne pouvaient même pas envisager ! Transporter des tonnes de coke à travers la frontière n’était pas un problème dans ce monde, copier une grande œuvre non plus, modifier quelques chiffres sur son résultat du loto… A croire que les sorciers étaient tous honnêtes, ou juste stupides, ou trop prétentieux et buttés pour daigner s’intéresser à un mode de vie qui leur était inférieur : ça devait être comme gagner une course à cheval en y allant à moto. Trop dégradant pour être considéré.
La magie avait élargi ses horizons bien plus qu’il ne l’avait cru et son esprit de moldu se permettait aujourd’hui d’envisager des choses auxquelles il n’aurait jamais pensé avant. Des obstacles devenaient soudain inexistants, des rêves atteignables…
« Cela dit, selon tes grands talents de sorcier, on peut avoir l’argent du beurre et le beurre : on va dans la salle de contrôle et après on se téléporte là où personne n’a le droit d’aller, au pied du lanceur ! dit-il avec un début d’excitation. Pas assez près pour avoir un peeling, mais assez pour bronzer un peu. Ca va être grandiose ! »
Il avait continué à naturellement parler en français, avec la fluidité de son enfance et des bavardages avec sa tendre mère qu’il adorait, se rendant à peine compte de la liberté qu’il avait prise sans se poser de questions. Enfin, presque…
« Mais au fait, d’où est-ce que tu connais le français ? » demanda-t-il en marchant lentement et oisivement vers le bâtiment le plus proche, ne concluant pas l’évidence dans un pays regorgeant de sonorités françaises s’étant implantées dans le paysage depuis de nombreux siècles sans en garder la moindre mémoire.
- Maximilien LeroyMODO - french style ♔ sweet golden boy
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» options obligatoires & facultatives : ♔ options obligatoires : histoire de la magie, sciences politiques magiques, médias moldus et sorciers. ♔ options facultatives : métamorphose, sortilèges et enchantements.
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» particularité : animagus
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Mer 29 Déc 2021 - 16:20
When I take my sugar to tea ft. @Nathanael CohenLeur plan fonctionna mais il sentait le regard du brun sur lui. Ce dernier devait se demander - à juste titre - pourquoi il l’avait fait jouer ce rôle quand il aurait très bien pu s’en contenter lui-même. Maximilien ne possédait pas la réponse à cette question. Un œil averti dirait qu’il n’y avait tout simplement pas réfléchi et qu’il ne s’attendait pas à ce que leur interlocuteur parle dans sa langue maternelle. Au regard de l’acte plus ou moins illégal qu’il venait d’accomplir, le Français estimait ne pas avoir de reproches à recevoir. Et pourtant, le ton qu’employait Nathanael était teinté de moquerie. Fort heureusement pour le Summerbee, il avait appris à vivre avec sa susceptibilité et ne pas la laisser déborder dès que quelqu’un s’amusait à se jouer ouvertement de lui. Il aurait pu se vexer, et peut-être même qu’une petite partie de lui l’était. Parce que son sang était pur, on le considérait toujours comme suffisant et prétentieux, ce qu’il n’estimait pas être. Le timbre de la voix du concierge ne faisait que lui rappeler ces mauvais souvenirs. Peut-être était-il un peu coincé, certes, mais pas au point d’en devenir imbuvable…
« Arrête ça, veux-tu ? » Son français impeccable laissait percevoir la légère irritation qui l'animait chaque fois que Nathanael s’adressait à lui de cette façon. L’idée que ce soit une vengeance de la part de l’astrophysicien lui traversa l’esprit, mais la raison lui échappait. S’il s’était senti humilié lors de cette courte péripétie pour entrer dans le bâtiment, il devait savoir que Maximilien n’avait jamais eu cette volonté.
Un nouveau choix s’imposait à eux et Maximilien commençait à en être fatigué. Gauche ou droite, un ou deux, devant ou derrière, à cheval ou à moto… La vie ne semblait être constituée que de ces choix et il ressentait parfois cette sensation de tiraillement, très désagréable. Il se demandait aussi souvent ce qu’il avait manqué en prenant une direction plutôt qu’une autre et l’infinité des possibilités lui retournait la tête et rendait difficile l’acceptation de son présent. Concernant leur situation à proprement parler, le Français en vint rapidement à la conclusion que rentrer dans une pièce où ils n’étaient pas supposés se trouver, remplie d’hommes qui ne les connaissaient pas et dont on ne devait pas déranger la concentration, n’était clairement pas une idée brillante. Mais encore une fois, il ne connaissait pas assez ce monde pour savoir ce qu’il était justifié ou non de faire.
« Tout ne se résout pas toujours avec de la magie. » Le jeune homme observa son compère, tentant de comprendre la façon dont les idées se formaient dans sa tête. Utiliser la magie dans un complexe moldu représentait déjà un danger en soi. Mais le faire quand ce dernier était bondé de personnel ? Un suicide. Autant se rendre à Azkaban tout de suite, il gagnerait du temps. Nathanael ne semblait pas se rendre compte des limites que la magie pouvait avoir dans ce monde moldu. Il devait sûrement penser qu’avec elle, tout était possible et envisageable, sans contrainte ni limite. Il n’y avait pas plus faux que cela. Si on le voyait transplaner ici pour atterrir sous une fusée en cours de lancement, il ne s’en sortirait pas indemne.
« Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. J’imagine qu’ils ont des caméras partout, dans ce bâtiment. Je ne peux pas m’amuser à transplaner d’un bout à l’autre sans risquer de me faire voir. J’étais déjà à la limite de briser le Secret Magique tout à l’heure. La magie n’efface pas les lois. » Il effleura sa baguette de la main et regarda autour de lui, pointant la direction de la salle de contrôle. « Ne risque-t-on pas de nous poser des questions sur notre présence ici, si on va à la salle de contrôle ? Il serait peut-être plus simple de se trouver un endroit où observer tranquillement le décollage, sans se faire remarquer. » La discrétion, son mot d’ordre en tout temps. Maximilien détestait se faire voir, que les regards se braquent sur lui. La sensation s’avérait plus désagréable qu’une démangeaison et il n’avait jamais compris l’intérêt d’un tel exercice. Il préférait la quiétude de la réserve.
« Je suis Français. De Paris, plus exactement. Je suis donc logiquement bien plus à l’aise dans cette langue qu’en anglais. J’ai encore du mal à en saisir certaines nuances, pour tout te dire. L’accent écossais est un grand dilemme pour moi. Et toi ? As-tu un parent Français ou tu aimes simplement le parler ? »
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Dim 2 Jan 2022 - 18:04
« Tout ne se résout pas toujours avec de la magie » accoucha-t-il après ce qui avait semblé être à Nathanael une profonde réflexion.
Le néo-magicien de presque trente-trois ans, ayant réussi comme Franklin la tortue à faire ses lacets tout seul et à compter jusqu'à dix - incroyable ! - sans jamais avoir eu recours à une baguette jusqu'à l'année précédente, ne pouvait être effectivement que pragmatiquement d'accord. Mais Maximilien semblait prendre au premier degré chacun de ses mots et il avait vaguement l'impression d'être un truand lui proposant de braquer une banque à un oisillon si blanc que le soleil en avait mal à la rétine. Il avait compris que l'étudiant craignait la vie comme l'on craignait de tomber la première fois que l'on se mettait debout. Ce côté trop sage donnait envie de le pervertir, parce qu'il s'apeurait si rapidement que tout était source d'inquiétude, de la couleur du ciel à la façon dont quelqu'un éternuerait à l'autre bout de la pièce. Une peur qui ne se faisait concurrencer que par l’ennui, qui emportait tout comme une justification pour ne rien faire.
« Ne risque-t-on pas de nous poser des questions sur notre présence ici, si on va à la salle de contrôle ? Il serait peut-être plus simple de se trouver un endroit où observer tranquillement le décollage, sans se faire remarquer.
- J'ai exactement ce qu'il te faut » lui sourit-il de toute ses dents en passant son bras autour des épaules de l'étudiant après quelques secondes de réflexion.
Il fendit la foule d'un pas décidé, tout en répondant à la curiosité sans saveur qui avait piqué Maximilien, lui fournissant tant une excuse pour assagir leur discussion qu'une sortie de secours aux conversations qui le mettaient mal à l'aise. A force de le côtoyer, il commençait à comprendre ce besoin sempiternel de revenir aux banalités dès que quelqu'un s'essayait à le pousser vers le hors-piste. Le problème, avec le ski, c'était que la poudreuse était beaucoup plus importante que les pistes tracées.
« Les deux. J'ai vécu en France durant une partie de ma scolarité, expliqua-il en ouvrant une grande porte verte qui menait à un escalier désert. Je suis un pur produit de la capitale Parisienne : je calcule mon temps de trajet à la minute près, parce que louper un métro qui passe toutes les trois minutes c'est une insulte à un temps qui manque, et arriver en avance c'est perdre un temps que j'aurai pu passer à dormir. J'ai passé ma scolarité à entendre que je faisais partie de l'élite dans des salles de cours décrépies, sans chauffage ni coup de peinture parce que l’Université n’a pas d’argent à nous consacrer » continua-t-il à expliquer, sautant d'une information inutile à une autre tout en continuant à monter les marches.
Il vira à droite, sans jamais laisser l'occasion à l'étudiant de comprendre où il le menait dans ce dédale qu’il connaissait par cœur.
« Puis j’ai pris astrophysique. J’ai été catapulté vers Marseille pour y effectuer ma thèse. Avec ma tête de premier de la classe et mon accent parisien, j'ai manqué d’être trois fois égorgé dans les rues du vieux port. C'est le problème, avec les sudistes : le soleil cuisant les abrutis, si tu veux mon avis. Enfin, qu'importe, balaya-t-il en ouvrant fièrement une ultime porte. Nous voilà rendus ! fit-il fièrement. Regarde si tu vas être bien ! »
Devant leurs yeux ébahis s’alignait une rangée de portes, des cuvettes ordonnées, des lavabos et des miroirs, le tout figé dans une mosaïque de petits carrés bleus et blancs aseptisés, écrasé par une vieille odeur de Javel. Les chiottes quoi. Et puis, au fond, une proverbiale fenêtre qui donnait en face de la piste de lancement.
« Là, personne ne te verra, lui assura-t-il en tâtant ses poches. Puis la Guyane, c'est la France, tu connais leur côté complotiste aussi bien que moi je présume ? Aucune caméra ici, sois tranquille, sinon y'aurait déjà des pancartes de partout hurlant à l'espionnage. Comme si l'Etat en avait quelque chose à faire de savoir qui du balai brosse ou de Bernard est occupé à s’astiquer. Enfin, bref, t'es pas là pour m'écouter, de toute façon. »
Il lui adressa un sourire, avant d'agiter de nouveau ses galions pour qu'il s'en saisisse.
« De quoi rester sagement en double file, lança-t-il. Fais tourner le compteur, hésites-pas. Il ne se gênent pas à Paris, quand on leur demande de nous attendre quelque part. »
Et c'était ce qu'il voulait être, après tout. Un taxi qui le menait d'un point A à un point B et qui se moquait bien de la visite. Nathanael avait crû, à tort, susciter son intérêt et piquer sa curiosité, mais il fallait croire que l'étudiant n'était là que parce que le taux horaire d'un chauffeur était mieux que celui d’un serveur. L’espace d’un instant de naïveté, Nathanael s’était enthousiasmé, lui avait demandé son avis en dépit que leur présence en ces lieux fut d’un intérêt propre, croyant entrevoir une aventure à partager, acceptant même d’oblitérer ce pourquoi il était venu pour faire passer à l’étudiant un moment qui ne serait pas une simple corvée ni un travail à accomplir en échange d’argent. Mais l’initiative l’avait ennuyé et pire, il en avait eu peur.
« Moi, je vais dans la salle de contrôle, qui est ouverte au public, soi dit en passant, parce que c’est pour ça que je suis venu ici, dit-il sur le ton de la décision. T’as cru que j’étais là pour t’envoyer en taule ou quoi ? Tu peux encore venir avec moi ou rester ici jusqu’à ce que je revienne, c’est comme tu veux. T’inquiètes, tu pourras faire semblant de lustrer la faïence si quelqu’un te pose des questions. S’il y a bien quelqu’un que personne ne considère, c’est le concierge, crois-en mon expérience. »
Le néo-magicien de presque trente-trois ans, ayant réussi comme Franklin la tortue à faire ses lacets tout seul et à compter jusqu'à dix - incroyable ! - sans jamais avoir eu recours à une baguette jusqu'à l'année précédente, ne pouvait être effectivement que pragmatiquement d'accord. Mais Maximilien semblait prendre au premier degré chacun de ses mots et il avait vaguement l'impression d'être un truand lui proposant de braquer une banque à un oisillon si blanc que le soleil en avait mal à la rétine. Il avait compris que l'étudiant craignait la vie comme l'on craignait de tomber la première fois que l'on se mettait debout. Ce côté trop sage donnait envie de le pervertir, parce qu'il s'apeurait si rapidement que tout était source d'inquiétude, de la couleur du ciel à la façon dont quelqu'un éternuerait à l'autre bout de la pièce. Une peur qui ne se faisait concurrencer que par l’ennui, qui emportait tout comme une justification pour ne rien faire.
« Ne risque-t-on pas de nous poser des questions sur notre présence ici, si on va à la salle de contrôle ? Il serait peut-être plus simple de se trouver un endroit où observer tranquillement le décollage, sans se faire remarquer.
- J'ai exactement ce qu'il te faut » lui sourit-il de toute ses dents en passant son bras autour des épaules de l'étudiant après quelques secondes de réflexion.
Il fendit la foule d'un pas décidé, tout en répondant à la curiosité sans saveur qui avait piqué Maximilien, lui fournissant tant une excuse pour assagir leur discussion qu'une sortie de secours aux conversations qui le mettaient mal à l'aise. A force de le côtoyer, il commençait à comprendre ce besoin sempiternel de revenir aux banalités dès que quelqu'un s'essayait à le pousser vers le hors-piste. Le problème, avec le ski, c'était que la poudreuse était beaucoup plus importante que les pistes tracées.
« Les deux. J'ai vécu en France durant une partie de ma scolarité, expliqua-il en ouvrant une grande porte verte qui menait à un escalier désert. Je suis un pur produit de la capitale Parisienne : je calcule mon temps de trajet à la minute près, parce que louper un métro qui passe toutes les trois minutes c'est une insulte à un temps qui manque, et arriver en avance c'est perdre un temps que j'aurai pu passer à dormir. J'ai passé ma scolarité à entendre que je faisais partie de l'élite dans des salles de cours décrépies, sans chauffage ni coup de peinture parce que l’Université n’a pas d’argent à nous consacrer » continua-t-il à expliquer, sautant d'une information inutile à une autre tout en continuant à monter les marches.
Il vira à droite, sans jamais laisser l'occasion à l'étudiant de comprendre où il le menait dans ce dédale qu’il connaissait par cœur.
« Puis j’ai pris astrophysique. J’ai été catapulté vers Marseille pour y effectuer ma thèse. Avec ma tête de premier de la classe et mon accent parisien, j'ai manqué d’être trois fois égorgé dans les rues du vieux port. C'est le problème, avec les sudistes : le soleil cuisant les abrutis, si tu veux mon avis. Enfin, qu'importe, balaya-t-il en ouvrant fièrement une ultime porte. Nous voilà rendus ! fit-il fièrement. Regarde si tu vas être bien ! »
Devant leurs yeux ébahis s’alignait une rangée de portes, des cuvettes ordonnées, des lavabos et des miroirs, le tout figé dans une mosaïque de petits carrés bleus et blancs aseptisés, écrasé par une vieille odeur de Javel. Les chiottes quoi. Et puis, au fond, une proverbiale fenêtre qui donnait en face de la piste de lancement.
« Là, personne ne te verra, lui assura-t-il en tâtant ses poches. Puis la Guyane, c'est la France, tu connais leur côté complotiste aussi bien que moi je présume ? Aucune caméra ici, sois tranquille, sinon y'aurait déjà des pancartes de partout hurlant à l'espionnage. Comme si l'Etat en avait quelque chose à faire de savoir qui du balai brosse ou de Bernard est occupé à s’astiquer. Enfin, bref, t'es pas là pour m'écouter, de toute façon. »
Il lui adressa un sourire, avant d'agiter de nouveau ses galions pour qu'il s'en saisisse.
« De quoi rester sagement en double file, lança-t-il. Fais tourner le compteur, hésites-pas. Il ne se gênent pas à Paris, quand on leur demande de nous attendre quelque part. »
Et c'était ce qu'il voulait être, après tout. Un taxi qui le menait d'un point A à un point B et qui se moquait bien de la visite. Nathanael avait crû, à tort, susciter son intérêt et piquer sa curiosité, mais il fallait croire que l'étudiant n'était là que parce que le taux horaire d'un chauffeur était mieux que celui d’un serveur. L’espace d’un instant de naïveté, Nathanael s’était enthousiasmé, lui avait demandé son avis en dépit que leur présence en ces lieux fut d’un intérêt propre, croyant entrevoir une aventure à partager, acceptant même d’oblitérer ce pourquoi il était venu pour faire passer à l’étudiant un moment qui ne serait pas une simple corvée ni un travail à accomplir en échange d’argent. Mais l’initiative l’avait ennuyé et pire, il en avait eu peur.
« Moi, je vais dans la salle de contrôle, qui est ouverte au public, soi dit en passant, parce que c’est pour ça que je suis venu ici, dit-il sur le ton de la décision. T’as cru que j’étais là pour t’envoyer en taule ou quoi ? Tu peux encore venir avec moi ou rester ici jusqu’à ce que je revienne, c’est comme tu veux. T’inquiètes, tu pourras faire semblant de lustrer la faïence si quelqu’un te pose des questions. S’il y a bien quelqu’un que personne ne considère, c’est le concierge, crois-en mon expérience. »
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Dim 2 Jan 2022 - 18:37
When I take my sugar to tea ft. @Nathanael CohenIl ne savait pas où il l’emmenait et écoutait son babillage de façon distraite tout en tentant de se repérer dans le bâtiment, ce qui s’avérait être une tâche difficile étant donné que Nathanael le baladait comme on promenait son toutou un soir d’hiver un peu trop glacial. À se demander si c’était là toute la considération qu’il avait pour lui. Maximilien faisait pourtant des efforts mais tout comme lors de cette soirée devant le feu de cheminée, le concierge avait la fâcheuse tendance à le prendre - ou en tout cas lui parler - comme à un abruti. La conclusion la plus rapide serait que c’était là le vrai fond de sa pensée et que maintenant qu’il se trouvait dans l’endroit voulu, l’étudiant ne possédait plus aucune valeur utile à ses yeux. Il se laissa malgré tout mener, n’aimait pas particulièrement la sensation prodiguée. La destination finale, elle, le fit grincer des dents. Nul doute possible, l’astrophysicien le prenait pour un jambon et ne s’en cachait guère, s’inventait une supériorité de l’esprit difficile à apprécier, même du plus simplet. À cet instant précis, Maximilien regretta profondément d’être une bonne poire et d’avoir ne serait-ce qu’accordé la moindre attention à Nathanael. Il oubliait parfois que son côté trop sage, lisse et gentil ennuyait ceux qui se considéraient comme extraordinaires et dignes d’intérêt. L’idée le traversa de faire demi-tour et de laisser le concierge rentrer chez lui par ses propres moyens. Quel idiot avait-il été de tenter de comprendre sa situation et d’y être empathique. Lui, a contrario, en semblait dépourvu.
« Tu aurais pu simplement me transmettre cette information - dont je n’avais pas connaissance, soit dit en passant - sans jouer les grands acteurs vexés qu’on ne leur ait pas accordé l’attention qu’ils pensent mériter. Qu’est-ce que ça te coûtait de simplement me dire : ne t’en fais pas, le public est autorisé ? Non, à la place, tu as préféré faire… ça. » Le mot se précipitait au bord de ses lèvres mais il ne le prononça pas. Pourtant, sur le moment, il trouvait l’homme assez pathétique dans sa démarche. S’il espérait éveiller un quelconque intérêt pour sa personne en disposant des autres ainsi, il se fourvoyait. Du moins, Maximilien ne fonctionnait pas de cette manière. Il aurait eu bien plus d’intérêt à descendre de ses grands chevaux en sa compagnie. Mais il pouvait concevoir que ce soit chose difficile pour l’astrophysicien, qui semblait souffrir de sa condition de concierge. Sauf qu’à preuve du contraire, l’étudiant n’y était pour rien là-dedans. Il avait juste rendu un service et voilà comment on le récompensait : en le rabaissant. En l’humiliant. Encore. À croire qu’il ne retenait jamais ses leçons.
« Je crois que je vais arrêter le rôle du toutou/taxi pour aujourd’hui. Le sarcasme n’est pas ton meilleur masque, si tu veux mon avis. Bonne chance avec Greg, il te paiera peut-être le billet retour ! À voir comment tes railleries marcheront avec lui. Tu peux garder tes gallions. » Maximilien ne put cacher plus longtemps sa susceptibilité, si tant est qu’elle se soit vraiment dissimulée. Nathanael avait eu la mauvaise idée de jouer avec ses émotions et s’il voulait bien être gentil, le Français détestait qu’on se moque ouvertement de lui. Il n’était pas fier d’éprouver ce sentiment, ce qui ne l’empêchait pas de l’exprimer pour autant. Quant au lancement de la fusée, il prendra le temps avant son départ de l’observer depuis un autre lieu, ou ne pas l’observer tout court. Sa vie n’était peut-être pas palpitante aux yeux du concierge, mais au moins il n’en était pas malheureux et y trouvait-il une satisfaction suffisante pour espérer distribuer un peu de ce bonheur aux autres.
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Ven 7 Jan 2022 - 15:16
Maximilien lui évoquait vaguement son Ficus en pot. Il en avait eu un, quelques années auparavant.
Ses sourcils glissèrent avec lenteur vers le haut jusqu’à disparaître derrière un océan de boucles rebelles dans une parfaite expression d’étonnement. Il n’aurait jamais songé que la recherche d’un refuge aurait provoqué tant d’aboiements, mais le roquet n’y était pas allé avec le dos de la cuillère, mais avec la fourchette, le couteau et une épée bâtarde. D’abord surpris, Nathanael devint perplexe. Son regard glissa sur le faciès lisse et bien fait, sur les cheveux en désordre artistique, sur la mâchoire bleuie par l’aurore de la virilité, sur des yeux exprimant un caractère à peu près aussi tourmenté qu’un slip dans un lave-linge.
« Tu sembles contrarié » dit-il en pinçant les lèvres, l’air concentré.
C’était un constat doublé d’une question, parce qu’il n’en était pas absolument convaincu. Contrarié, c’était un mot large, un mot valise assez vague pour englober la situation sans véritablement la préciser. Parce qu’en réalité, l’étudiant paraissait vexé jusqu’à la fissure anale, ce qui n’était qu’une supposition cavalière de plus. En tout cas, c’était le bon endroit pour en avoir une, de fissure. Quand bien même ne le comprenait-il pas, le concierge commençait à remarquer ce refrain revenant inlassablement dans la chanson maximilienne qui, si muse dut-il y avoir, avait été inspirée par n’importe quelle divinité grecque ; histoire non pas écriture à la plume, mais plutôt à la poutre. Néanmoins, Nathanael regarda la pièce, longeant son damier mystérieux jusqu’à la fenêtre, puis son regard se perdit dans le vague d’un ciel bleu et chaud comme l'Amérique du Sud en avait le secret.
C'était par une journée ensoleillée comme celle là, que son Ficus avait séché : la plante d'intérieure craignait les fortes chaleurs presque autant que les arrosages répétés. Un peu comme Maximilien, en fait, dont le jardinage se faisait particulièrement susceptible.
« Tu ne te sens pas assez en sécurité ici ? » tenta-t-il sa chance, envisageant qu’après tout, c’était le lieu qui avait pu ne pas convenir à son appréciation d’une noble quiétude.
L’autre supposition tout aussi aventureuse était que l’étudiant se trouvât trop honteux qu’on l’envisageât poltron au point d’être présenté à un endroit aussi bucolique pour soulager l’ire de son âme. Et si tel fut le cas, c’était définitivement le genre de sujet à aborder autrement qu’avec une subtilité détournée. Et bon, qui aurait cru que c’était un sujet aussi sensible ? Cela dit, on ne savait jamais avec cette génération qui croyait entreprendre une aventure épique en se levant du canapé de la maison familiale à Pornic pour s’allonger sur le divan d’un psychologue. Il fallait dire que la mayonnaise fouettée par l’étudiant paraissait se satisfaire d’elle-même, tirant ses conclusions sans que le concierge n’ait le privilège d’y tremper une petite crevette ou, soyons fous, une petite knacky. Un petit pas pour la gastronomie, un grand plat pour la sensibilité. C’était peut-être mieux comme ça, quand il ne fallait rien répondre, et Nathanael avait failli laisser le condiment faire sa propre sauce, pour ainsi dire, mais une émulsion de sentiments donnait toujours envie d’y mélanger son petit filet de vinaigre.
Puis soudain, il fronça les sourcils, parce que plus il y réfléchissait, plus le Ficus tournait au pot-pourri.
« Et pourquoi voudrais-tu que Greg me paie mon billet de retour ? Ne t’inquiètes pas, si je peux me permettre de prendre un escorte, un billet d’avion, ça ne posera pas problème. Puis, tu sais très bien que je suis concierge, pas acteur. » dit-il sur le ton de la plus banale évidence, se voulant rassurant, car un organe d’oiseau semblait avoir été oublié dans le corps de l’étudiant – à force de transformations, quelques plumes avaient fini froissées.
Pour quelqu’un qui avait, semblait-il, tenté de rendre ses un mètre quatre-vingt de frustration plus acceptables en caressant quelques lapalissades au sujet des défauts du concierge, l’étudiant avait introduit beaucoup trop d’informations erronées. Nathanael ne le blâmait pas, ils ne se connaissaient pas très bien et ça devait être délicat de blesser adroitement lorsqu’on était sous le coup d’une mayonnaise aussi épicée. Des choses se mélangeaient ; comme dans une mayonnaise quoi, on peinait à distinguer les œufs de la moutarde et les concierges devenaient des acteurs, les taxis se transformaient en chiens, les styles littéraires prenaient la forme de masques… De quoi laisser confus plus d’un Picasso par ce cadavre exquis de terminale littéraire. Difficile cependant de rester à cheval sur la rigueur quand il fallait porter atteinte à la dignité de quelqu’un pour compenser l’humiliation de la sienne.
« Je comprends que tu sois énervé, dit-il posément. Tu n’as pas envie de prendre de risques, et comme tu t’ennuyais, je me suis dis qu’ici, tu te sentirais mieux. Je ne vois pas pourquoi tu t’es senti obligé de rendre ça personnel ? demanda-t-il sur le ton de la compassion. J’ai bien senti que je t’en avais trop demandé avec cette falsification, regretta-t-il après avoir observé son air contrit – après tout, on ne changeait pas de carrière comme ça, passant de taxi à truand du crime sans transition. A moins que, souffla-t-il pour garder le secret magique, tu sois encore contrarié par le problème de la dernière fois ? chuchota-t-il en haussant métaphoriquement ses épaule pour illustrer. Puis, encore plus bas : T’arrives toujours pas à redevenir une perruche ? »
Ses sourcils glissèrent avec lenteur vers le haut jusqu’à disparaître derrière un océan de boucles rebelles dans une parfaite expression d’étonnement. Il n’aurait jamais songé que la recherche d’un refuge aurait provoqué tant d’aboiements, mais le roquet n’y était pas allé avec le dos de la cuillère, mais avec la fourchette, le couteau et une épée bâtarde. D’abord surpris, Nathanael devint perplexe. Son regard glissa sur le faciès lisse et bien fait, sur les cheveux en désordre artistique, sur la mâchoire bleuie par l’aurore de la virilité, sur des yeux exprimant un caractère à peu près aussi tourmenté qu’un slip dans un lave-linge.
« Tu sembles contrarié » dit-il en pinçant les lèvres, l’air concentré.
C’était un constat doublé d’une question, parce qu’il n’en était pas absolument convaincu. Contrarié, c’était un mot large, un mot valise assez vague pour englober la situation sans véritablement la préciser. Parce qu’en réalité, l’étudiant paraissait vexé jusqu’à la fissure anale, ce qui n’était qu’une supposition cavalière de plus. En tout cas, c’était le bon endroit pour en avoir une, de fissure. Quand bien même ne le comprenait-il pas, le concierge commençait à remarquer ce refrain revenant inlassablement dans la chanson maximilienne qui, si muse dut-il y avoir, avait été inspirée par n’importe quelle divinité grecque ; histoire non pas écriture à la plume, mais plutôt à la poutre. Néanmoins, Nathanael regarda la pièce, longeant son damier mystérieux jusqu’à la fenêtre, puis son regard se perdit dans le vague d’un ciel bleu et chaud comme l'Amérique du Sud en avait le secret.
C'était par une journée ensoleillée comme celle là, que son Ficus avait séché : la plante d'intérieure craignait les fortes chaleurs presque autant que les arrosages répétés. Un peu comme Maximilien, en fait, dont le jardinage se faisait particulièrement susceptible.
« Tu ne te sens pas assez en sécurité ici ? » tenta-t-il sa chance, envisageant qu’après tout, c’était le lieu qui avait pu ne pas convenir à son appréciation d’une noble quiétude.
L’autre supposition tout aussi aventureuse était que l’étudiant se trouvât trop honteux qu’on l’envisageât poltron au point d’être présenté à un endroit aussi bucolique pour soulager l’ire de son âme. Et si tel fut le cas, c’était définitivement le genre de sujet à aborder autrement qu’avec une subtilité détournée. Et bon, qui aurait cru que c’était un sujet aussi sensible ? Cela dit, on ne savait jamais avec cette génération qui croyait entreprendre une aventure épique en se levant du canapé de la maison familiale à Pornic pour s’allonger sur le divan d’un psychologue. Il fallait dire que la mayonnaise fouettée par l’étudiant paraissait se satisfaire d’elle-même, tirant ses conclusions sans que le concierge n’ait le privilège d’y tremper une petite crevette ou, soyons fous, une petite knacky. Un petit pas pour la gastronomie, un grand plat pour la sensibilité. C’était peut-être mieux comme ça, quand il ne fallait rien répondre, et Nathanael avait failli laisser le condiment faire sa propre sauce, pour ainsi dire, mais une émulsion de sentiments donnait toujours envie d’y mélanger son petit filet de vinaigre.
Puis soudain, il fronça les sourcils, parce que plus il y réfléchissait, plus le Ficus tournait au pot-pourri.
« Et pourquoi voudrais-tu que Greg me paie mon billet de retour ? Ne t’inquiètes pas, si je peux me permettre de prendre un escorte, un billet d’avion, ça ne posera pas problème. Puis, tu sais très bien que je suis concierge, pas acteur. » dit-il sur le ton de la plus banale évidence, se voulant rassurant, car un organe d’oiseau semblait avoir été oublié dans le corps de l’étudiant – à force de transformations, quelques plumes avaient fini froissées.
Pour quelqu’un qui avait, semblait-il, tenté de rendre ses un mètre quatre-vingt de frustration plus acceptables en caressant quelques lapalissades au sujet des défauts du concierge, l’étudiant avait introduit beaucoup trop d’informations erronées. Nathanael ne le blâmait pas, ils ne se connaissaient pas très bien et ça devait être délicat de blesser adroitement lorsqu’on était sous le coup d’une mayonnaise aussi épicée. Des choses se mélangeaient ; comme dans une mayonnaise quoi, on peinait à distinguer les œufs de la moutarde et les concierges devenaient des acteurs, les taxis se transformaient en chiens, les styles littéraires prenaient la forme de masques… De quoi laisser confus plus d’un Picasso par ce cadavre exquis de terminale littéraire. Difficile cependant de rester à cheval sur la rigueur quand il fallait porter atteinte à la dignité de quelqu’un pour compenser l’humiliation de la sienne.
« Je comprends que tu sois énervé, dit-il posément. Tu n’as pas envie de prendre de risques, et comme tu t’ennuyais, je me suis dis qu’ici, tu te sentirais mieux. Je ne vois pas pourquoi tu t’es senti obligé de rendre ça personnel ? demanda-t-il sur le ton de la compassion. J’ai bien senti que je t’en avais trop demandé avec cette falsification, regretta-t-il après avoir observé son air contrit – après tout, on ne changeait pas de carrière comme ça, passant de taxi à truand du crime sans transition. A moins que, souffla-t-il pour garder le secret magique, tu sois encore contrarié par le problème de la dernière fois ? chuchota-t-il en haussant métaphoriquement ses épaule pour illustrer. Puis, encore plus bas : T’arrives toujours pas à redevenir une perruche ? »
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Inventaire Sorcier
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Re: When I take my sugar to tea (ft. Nathanael) [terminé]
Ven 7 Jan 2022 - 16:21
When I take my sugar to tea ft. @Nathanael CohenBien sûr qu’il était contrarié. Sa vie n’avait pas été facile dernièrement mais même tous ces déboires n’avaient pas suffit à élever sa colère. Nathanael, lui, y parvenait très bien. Il ne savait pas si cela était dû à sa personnalité ou s’il avait pleinement conscience du foutage de gueule monumentale dont il faisait preuve. Il lui posait des questions qui ne faisaient qu’accentuer cette sensation d’être pris pour un idiot, encore et encore, comme si leur précédente expérience ensemble n’avait pas suffi. Malgré tout, Maximilien avait tenté l’impossible : en faire un ami, à défaut d’une connaissance perturbante. Sauf que même lui arrivait à un point de non-retour où ces “questions” se transformaient en brûlures. Peut-être la faute lui incombait-il et que derrière ses grands airs, le concierge ne le jugeait pas - mais ses tentatives de le comprendre l’épuisaient et en toute honnêteté, il ne voyait pas pourquoi il faisait tous ces efforts quand lui-même n’en démontrait aucun. Il n’arrivait même pas à repérer la moindre once de compassion dans son regard et sa façon d’être. L’homme en était peut-être dépourvu…
Maximilien garda le silence, plus pour contrôler ses propres sentiments que par égard pour Nathanael. Aussi plat cela pouvait-il sembler au plus ignare des badauds, il n’appréciait pas de démontrer ses sentiments négatifs. Sa mâchoire se contracta davantage et il manqua un rire - mais pas de ceux qui donnent le sourire. De toute évidence, le “concierge et pas acteur” se moquait de lui et ne s’en cachait même pas. Il devinait même une certaine fierté à le taillader de la sorte, à le pousser dans ses retranchements. Pourquoi s’infligeait-il une telle compagnie ? Là était la question la plus pertinente à se poser. Car l’argent n’était rien à côté de son amour propre et il ne pouvait pas laisser le brun en abuser comme bon lui semblait, sous prétexte qu’il le payait pour être là. Sous prétexte de se punir pour ce qu’il avait fait à Juliet.
« Je ne pense pas que tu comprennes et même si je tentais de te l’expliquer, tu continuerais de me parler sur ce ton, comme si j’étais un imbécile. Car c’est l’impression que tu donnes et je ne sais pas si c’est volontaire ou non de ta part, mais tu devrais vraiment t’écouter. De toute évidence, tu t’es fait une belle opinion de moi. » Apparemment, l’homme ne savait pas s’arrêter. De l’imprudence, de la moquerie ou juste une envie d’embêter le premier mec un peu gentil avec lui qui passe ? Il se le demandait. Mais même Maximilien avait ses limites face à la méchanceté, ou ce qu’il ressentait comme telle. Une perruche. Tout se résuma brutalement à ce mot : perruche. Le Français regarda son interlocuteur un long moment, tentant de comprendre à son tour à qui il faisait affaire. Honnêteté radicale ? Empathie nécrosée ou simplement… une incapacité pure et dure à lire et à interpréter les émotions des autres ? Peu importe ce qui décrivait Nathanael, peu importe ce qu’il était vraiment. Il préféra être honnête, quitte à ne pas se faire entendre une fois de plus.
« Je ne m’ennuie pas. Je ne suis pas un pleutre. Je ne suis pas simplet. Je gère ma sécurité comme je l’entends et ce lieu n’est pas plus dangereux qu’un autre à mes yeux. Oui, je suis un peu trop les règles, c’est comme ça. On peut voir ça comme un défaut mais moi, ça me rassure. Et ça me fait passer aussi pour quelqu’un de ‘plat’ parce que je ne saute pas dans l’inconnu, je ne fais rien de vraiment imprévisible. Que tu m’appelles “perruche” me blesse. Que tu m’aies emmené ici aussi alors que j’ai fait mon possible pour t’aider jusqu’à présent. Je ne sais pas si tu comprends le moindre mot que je suis en train de te dire ou s’ils ne font qu’alimenter cette image tordue que tu as de ma personnalité. Va faire ce que tu es venu faire ici et je vais m’occuper de mes propres affaires. » Il était probablement mieux qu’ils se séparent là car de toute évidence, et contrairement à la fois d’avant, le courant ne passait pas. Maximilien avait cru pouvoir discuter avec Nathanael mais de toute évidence, il ne possédait pas les armes pour le faire. Cela le désolait mais qu’y pouvait-il ? Continuer à se faire trimballer, blesser et prétendre ne rien ressentir ?
il est libre max
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
- merci :
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