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[Domaine De Launay] La nostalgie du passé | Grace
Dim 2 Sep 2018 - 16:11
« Chuuut... Tout doux... »
Le cheval se calmait, au seul son de ma voix. Rien d'anormal, j'étais lié à Tonnerre depuis sa naissance, au point de l'avoir une fois veillé toute une nuit, sortant de mon lit et de ma chambre à l'insu de tous. Ce n'était qu'au matin que notre père m'avait retrouvé, et avait su exprimé sa fureur devant la frayeur qu'il avait eu.
L'une de mes mains glissait, tenant fermement une brosse, sur le corps de l'animal, dans des mouvements répétés tandis que l'autre était posé en une caresse sur son cou. Et dans un hennissement supplémentaire, je regardais vers la tête de l'animal.
« T'aimes ça hein... »
J'aimais m'occuper de lui, mais force était de reconnaître que je n'en avais pas eu le temps ces derniers temps. Avec Hungcalf, les histoires qui avaient marqué cette année et mon récent départ pour la France, je délaissais réellement cet ami très cher. En cela au moins, ma mère avait son utilité : elle en prenait soin, ou faisait en sorte qu'il ne manque de rien. Nos rapports récents avaient beau être légèrement conflictuels, je lui étais au moins reconnaissant pour ça.
Je délaissais alors la brosse, la rejetant dans le sceau proche, pour m'approcher de la tête de l'animal. Tonnerre se laissant faire depuis longtemps maintenant, je venais caresser son chanfrein, plongeant mon regard dans le sien.
« Je t'envie... Ta vie est simple. » déclarais-je sur le ton de la fatalité. La mienne en revanche, je la trouvais de moins en moins simple. J'avais l'impression que tout allait de pire en pire, et la nouvelle de la mort de Lucas n'avait rien arrangé. Depuis mon retour de France, il n'y avait pas eu un jour où je n'y avais pas pensé. Je me rappelais sans cesse comment, quelques jours après la réception donné pour nos fiançailles à Elia et moi, j'avais reçu un hibou de Millie, sa soeur cadette. J'avais alors fait le déplacement, rapidement et m'excusant auprès d'Holly de la laisser, elle et Fao, et j'avais rejoint la France à temps pour l'enterrement. Même mes parents étaient venu, les Montepierro étant des amis de longue date. Mais après les obsèques, c'est seul que j'étais resté là-bas, un mois entier. J'avais aidé Millie jusqu'à l'obtention de son émancipation, et m'était montré présent pour commencer son travail de deuil.
Finalement, j'étais revenu, mais pas à Iverness. J'étais de retour, mais je m'étais arrêté au manoir. Non pas que j'aimais mes parents, mais parce qu'ici, j'étais d'une certaine manière libre. Libre de ne penser à rien. Libre de faire mon propre deuil de celui qui fut à une époque un ami proche.
« T'es ici parce que tu veux faire un tour ? »
Ma voix, cette fois, ne s'adressait pas à Tonnerre, mais à la personne qui venait de rentrer dans l'écurie. Je savais que c'était elle, parce que mon instinct me le disait clairement à l'esprit.
Le cheval se calmait, au seul son de ma voix. Rien d'anormal, j'étais lié à Tonnerre depuis sa naissance, au point de l'avoir une fois veillé toute une nuit, sortant de mon lit et de ma chambre à l'insu de tous. Ce n'était qu'au matin que notre père m'avait retrouvé, et avait su exprimé sa fureur devant la frayeur qu'il avait eu.
L'une de mes mains glissait, tenant fermement une brosse, sur le corps de l'animal, dans des mouvements répétés tandis que l'autre était posé en une caresse sur son cou. Et dans un hennissement supplémentaire, je regardais vers la tête de l'animal.
« T'aimes ça hein... »
J'aimais m'occuper de lui, mais force était de reconnaître que je n'en avais pas eu le temps ces derniers temps. Avec Hungcalf, les histoires qui avaient marqué cette année et mon récent départ pour la France, je délaissais réellement cet ami très cher. En cela au moins, ma mère avait son utilité : elle en prenait soin, ou faisait en sorte qu'il ne manque de rien. Nos rapports récents avaient beau être légèrement conflictuels, je lui étais au moins reconnaissant pour ça.
Je délaissais alors la brosse, la rejetant dans le sceau proche, pour m'approcher de la tête de l'animal. Tonnerre se laissant faire depuis longtemps maintenant, je venais caresser son chanfrein, plongeant mon regard dans le sien.
« Je t'envie... Ta vie est simple. » déclarais-je sur le ton de la fatalité. La mienne en revanche, je la trouvais de moins en moins simple. J'avais l'impression que tout allait de pire en pire, et la nouvelle de la mort de Lucas n'avait rien arrangé. Depuis mon retour de France, il n'y avait pas eu un jour où je n'y avais pas pensé. Je me rappelais sans cesse comment, quelques jours après la réception donné pour nos fiançailles à Elia et moi, j'avais reçu un hibou de Millie, sa soeur cadette. J'avais alors fait le déplacement, rapidement et m'excusant auprès d'Holly de la laisser, elle et Fao, et j'avais rejoint la France à temps pour l'enterrement. Même mes parents étaient venu, les Montepierro étant des amis de longue date. Mais après les obsèques, c'est seul que j'étais resté là-bas, un mois entier. J'avais aidé Millie jusqu'à l'obtention de son émancipation, et m'était montré présent pour commencer son travail de deuil.
Finalement, j'étais revenu, mais pas à Iverness. J'étais de retour, mais je m'étais arrêté au manoir. Non pas que j'aimais mes parents, mais parce qu'ici, j'étais d'une certaine manière libre. Libre de ne penser à rien. Libre de faire mon propre deuil de celui qui fut à une époque un ami proche.
« T'es ici parce que tu veux faire un tour ? »
Ma voix, cette fois, ne s'adressait pas à Tonnerre, mais à la personne qui venait de rentrer dans l'écurie. Je savais que c'était elle, parce que mon instinct me le disait clairement à l'esprit.
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Re: [Domaine De Launay] La nostalgie du passé | Grace
Lun 3 Sep 2018 - 11:40
La nostalgie du passé
24 août 2018
Le mois d’août allait bientôt toucher à sa fin. La rentrée s’approchait à grands pas. Et pourtant, je n’étais pas pressée. Parce que je sentais que cette année allait être compliquée. Celle d’avant m’avait déjà réservé de nombreuses surprises : mon premier baiser – bon d’accord.. C’avait été en juillet, mais c’était pareil – mon premier petit ami, ma première fois, le bébé de Holly, mon éloignement avec mon frère jumeau et ma meilleure amie, la découverte d’un demi-frère, ma première rupture. Et cette deuxième année s’annonçait aussi mouvementée : le départ de ma meilleure amie, mes fiançailles… Et nous n’étions que fin août ! Je ne voulais pas savoir ce que l’avenir me réservait encore comme surprises. Je voulais rester là, aussi ignorante qu’un bébé. Comme tout était facile, lorsque nous avions cinq ans, Victor et moi… Tout ce que nous avions à faire, c’était jouer ensemble, profiter de la vie. Certes, apprendre à nous tenir comme il fallait, aussi. Mais nous ne savions alors pas à quel point tout ce qui nous entourait allait changer dans les années qui allaient suivre. Qu’est-ce qui causerait ce changement ? Je n’en avais, aujourd’hui, toujours pas la moindre idée. Père craignait-il un revers de fortune S’était-il fait des ennemis et voulait-il en fait nous protéger sans le dire, à sa façon abrupte de faire ? Je ne pouvais croire que c’était purement méchant de sa part. Qu’il ait autre chose en tête qu’il ne pouvait avouer, ça, je voulais bien y croire, cependant. Il nous avait bien caché pendant toute notre vie l’existence de Sky.
Je poussai un petit soupir en sortant du manoir familial. Mère avait voulu me parler, pour me rappeler qu’il était essentiel que je me comporte bien. Que la famille Binns était une bonne famille. Que Madame Binns était une très bonne amie à elle et que son fils était un très gentil jeune homme qui pourrait me rendre heureuse. Je l’espérais, même si je n’étais, moi, pas certaine de le rendre heureux. Je pris la décision que, s’il avait quelqu’un dans sa vie, je ne l’empêcherais pas de la voir. Ce n’était pas parce que moi, j’étais prise au piège que lui devait être aussi prisonnier que moi. Même si cette idée, pourtant, me serrait un peu le ventre. Notre premier vrai rendez-vous s’était nettement mieux passé que notre première rencontre et je devais bien admettre que oui, je le trouvais mignon, attentionné et gentil. Ca me changeait de Malcom. Une chose était sûre, c’était que lorsque nos parents avaient voulu marier Holly à Léandre, ils avaient choisi un garçon gentil, que j’avais toujours considéré comme mon grand-frère de cœur. Un garçon qui, je n’en doutais pas, aurait tout fait pour que ma sœur soit heureuse, même s’ils n’étaient pas amoureux l’un de l’autre, s’ils avaient été obligés d’aller jusqu’au bout. Elia, la fiancée de mon frère, je ne la connaissais pas vraiment. Je ne pouvais donc pas juger, mais elle avait l’air gentille, aussi. Et Théodore, bah… J’avais l’impression qu’il se pliait en quatre pour me faire accepter la situation et pour que je la vive du mieux possible. Au fond… Peut-être faisaient-ils cela pour notre bien.
Machinalement, mes pas me menèrent à l’écurie où j’eus la surprise de tomber sur mon frère jumeau. Il était rentré et ne me – ne nous ? – l’avait pas dit. « Tu… es rentré ? » Ce n’était ni réellement une question, ni réellement un constat. C’était un quelque chose entre les deux. J’étais surprise, triste, heureuse de le voir là. « Ca… fait longtemps ? » demandai-je, cette fois. Je ne doutais pas que mon regard devait montrer que j’étais un peu blessée qu’il ne m’ait pas dit qu’il était de retour. Quant à sa question, qui ne laissait même pas supposer qu’il était content de me voir ou pas : « Je sais pas… Je suis venue là machinalement. Maintenant, je sais pourquoi. » Cette fois, il y avait un très léger reproche dans ma voix, tandis que je m’approchais de Sonate, une belle jument noire très caractérielle avec laquelle je m’entendais pourtant très bien. Cela m’écartait d’autant de mon frère jumeau qui, si je savais qu’il m’aimait, m’avait reproché de m’être éloignée pendant l’année scolaire pour faire de même pendant les vacances.
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Re: [Domaine De Launay] La nostalgie du passé | Grace
Lun 3 Sep 2018 - 22:29
Grace. Par définition ma moitié. Mon regard se tourne vers elle, les yeux vident d'un quelconque espoir, alors qu'elle vient de m'adresser la parole en réponse à ma question, par une autre, purement rhétorique.
« Ça… fait longtemps ? »
« Deux jours... »
La réponse était sortie, instinctivement. Sans vraiment que je cherche à y mettre un timbre particulier, comme elle le faisait si bien. Mais en même temps, je ne pouvais pas le lui reprocher, j'étais coupable. Coupable de m'être absenté, d'être resté là-bas pendant un mois, coupable d'avoir manqué son anniversaire, de m'être reposé sur elle pour veiller sur Holly et Fao,... Et de tout ça, je n'avais pas envie de me justifier une seule fois à dire vrai.
« Je sais pas… Je suis venue là machinalement. Maintenant, je sais pourquoi. »
Mes yeux se refermèrent, et mon visage revint face à Tonnerre. Je savais qu'elle m'en voulait. Et si je me sentais coupable, une part de moi avait aussi envie d'exploser, purement et simplement. Mais pas sur elle. Elle, elle était mon tout depuis sa venue au monde. J'étais simplement incapable de lui en vouloir pour quoi que ce soit. L'histoire me l'avait prouvé, et encore plus cette année.
Tonnerre et Sonate hennirent ensemble, presque de manière synchrone, me rappelant une nouvelle fois à la réalité. Soupirant alors, je reprenais :
«Je comptais aller du coté de la crique. Tu viens avec moi ?»
Je la regardais à nouveau. J'étais prêt à seller nos deux chevaux, et désireux de passer un moment avec elle. Je ne l'avais pas prévu ainsi à la base, mais j'étais content de la retrouver, réellement. Plus que n'importe qui, et même plus qu'Holly ou Faolàn. De ce fait, il y eut une réelle supplique de ma part à son encontre, alors que je m'approchais de la selle de Tonnerre pour m'en emparer et la rapprocher, avec la couverture qui protéger son dos de cet objet.
Et avant même qu'elle ne réponde, j'ajoutais :
« Je suis désolé, Grace... »
De ne pas lui avoir envoyer plus de lettres, donner plus de nouvelles, d'être resté en France -même si à mes yeux, il en allait de mon honneur-, de cette distance que j'avais finalement contribué à créer,... Et de tout le reste. Où était-il ce temps, où nous venions ici dans l'unique but de faire du cheval, ou de nous cacher dans un coin le temps de trouver quelle bêtise d'enfant faire ensemble ?
Déposant la selle proche de Tonnerre, j'insistais.
« Allé, viens. Ca te fera du bien. Et à elle aussi... »
« Ça… fait longtemps ? »
« Deux jours... »
La réponse était sortie, instinctivement. Sans vraiment que je cherche à y mettre un timbre particulier, comme elle le faisait si bien. Mais en même temps, je ne pouvais pas le lui reprocher, j'étais coupable. Coupable de m'être absenté, d'être resté là-bas pendant un mois, coupable d'avoir manqué son anniversaire, de m'être reposé sur elle pour veiller sur Holly et Fao,... Et de tout ça, je n'avais pas envie de me justifier une seule fois à dire vrai.
« Je sais pas… Je suis venue là machinalement. Maintenant, je sais pourquoi. »
Mes yeux se refermèrent, et mon visage revint face à Tonnerre. Je savais qu'elle m'en voulait. Et si je me sentais coupable, une part de moi avait aussi envie d'exploser, purement et simplement. Mais pas sur elle. Elle, elle était mon tout depuis sa venue au monde. J'étais simplement incapable de lui en vouloir pour quoi que ce soit. L'histoire me l'avait prouvé, et encore plus cette année.
Tonnerre et Sonate hennirent ensemble, presque de manière synchrone, me rappelant une nouvelle fois à la réalité. Soupirant alors, je reprenais :
«Je comptais aller du coté de la crique. Tu viens avec moi ?»
Je la regardais à nouveau. J'étais prêt à seller nos deux chevaux, et désireux de passer un moment avec elle. Je ne l'avais pas prévu ainsi à la base, mais j'étais content de la retrouver, réellement. Plus que n'importe qui, et même plus qu'Holly ou Faolàn. De ce fait, il y eut une réelle supplique de ma part à son encontre, alors que je m'approchais de la selle de Tonnerre pour m'en emparer et la rapprocher, avec la couverture qui protéger son dos de cet objet.
Et avant même qu'elle ne réponde, j'ajoutais :
« Je suis désolé, Grace... »
De ne pas lui avoir envoyer plus de lettres, donner plus de nouvelles, d'être resté en France -même si à mes yeux, il en allait de mon honneur-, de cette distance que j'avais finalement contribué à créer,... Et de tout le reste. Où était-il ce temps, où nous venions ici dans l'unique but de faire du cheval, ou de nous cacher dans un coin le temps de trouver quelle bêtise d'enfant faire ensemble ?
Déposant la selle proche de Tonnerre, j'insistais.
« Allé, viens. Ca te fera du bien. Et à elle aussi... »
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Re: [Domaine De Launay] La nostalgie du passé | Grace
Mer 19 Sep 2018 - 15:16
La nostalgie du passé
24 août 2018
J’étais triste. Et vexée. Mon frère jumeau, mon autre moitié était là et ne m’avait même pas dit qu’il rentrait. Il nous avait laissés, Holly, Fao et moi seuls pendant un mois parce que son meilleur ami français était mort. Je pouvais comprendre qu’il ait souhaité passer du temps avec la petite sœur de celui-ci, pour se remémorer les souvenirs qu’ils pouvaient avoir ensemble. Mais il n’était pas rentré pour notre anniversaire. Il n’avait pas été là quand j’avais appris par un courrier, par une beuglante pour mes fiançailles. Fiançailles dont ni Holly, ni lui n’étaient au courant. J’avais traversé cette épreuve seule parce que ma sœur n’avait pas eu besoin de ça. D’autant que Gideon avait été envoyé à Azkaban peu de temps après. Et Vic, pendant ce temps, était bien à l’abri en France. Il avait abandonné sa fiancée juste après l’annonce officielle de leurs fiançailles. Théodore me ferait-il aussi ce coup-là si nous allions jusqu’au bout. Pouvais-je vraiment croire que mon frère et cette Elia étaient amoureux alors qu’il l’avait laissée comme ça ? J’étais perdue, sans savoir qui ou quoi croire. Mais là, il était en face de moi et, au lieu de me jeter dans ses bras parce qu’il m’avait manqué et que j’avais besoin de lui, je restais figée à lui demander si ça faisait longtemps qu’il était là. « Deux jours... » Je hochai la tête, le cœur en miette. Deux jours… Deux jours, et il n’avait même pas songé à me le dire. Je secouai la tête et reculai d’un pas avant de rejoindre Sonate, regrettant subitement d’être venue ici. Je n’avais qu’une envie : repartir. M’enfuir. Lui tourner le dos comme il l’avait si bien fait. Parce que non, des lettres ne remplaceraient jamais la présence de mon frère jumeau. Je sentis une larme unique, telle une petite perle rouler le long de ma joue et je pressai celle-ci contre l’encolure de la jument afin qu’il ne se rende compte de rien. « Je vois… » répondis-je d’une voix blanche, sans timbre aucun. Une voix qui me semblait désarticulée, comme appartenant à quelqu’un d’autre, avant d’ajouter que je ne savais pas pourquoi j’étais venue là.
Et si je repartias comme j’étais venue ? Ca lui ferait quoi, après tout ? Si lui avait estimé que je m’étais éloignée, c’était quoi ce qu’il avait fait ? Un abandon pur et simple. Mais visiblement, ça lui passait au-dessus de la tête, les problèmes que nous avions pu avoir en son absence. Malgré mon envie de partir, je ne bougeais pas de là où j’étais, si ce n’était que je tournai complètement le dos à mon frère pour prendre une brosse et m’occuper de la jument, décidant de faire comme s’il n’était pas là. Les deux chevaux hennirent tout à coup de concert avant que mon frère ne reprenne la parole pour m’inviter à aller faire une balade à cheval avec lui. J’allais répondre lorsqu’il me devança, s’excusant avant de me supplier. Je finis par hausser les épaules et répondis en soupirant : « Si tu veux… » Il était cependant hors de question que quelqu’un d’autre que moi selle le cheval que je devais monter. J’attendis donc qu’il se soit écarté de la partie sellerie pour aller chercher ma selle, mon tapis et mon filet. Je ne pouvais pas dire que j’étais très enthousiaste à l’idée de partir faire cette balade avec lui. Parce que je lui en voulais de nous avoir laissés en plan, comme si nous étions quantité négligeable. Ce n’était pas tant le fait d’avoir été seule pour aider Holly, que parce qu’il nous avait plantées Holly et moi sans nous avoir prévenues. Parce qu’il était parti pour l’enterrement avec nos parents et qu’au lieu de venir, il était resté là-bas. Si, dès le départ, il nous avait dit qu’il allait peut-être rester plus longtemps là-bas… Mais non. Il nous avait mises devant le fait accomplis et j’en avais été blessée.
La jument me ramena au présent en me poussant de la tête et je m’occupai de la resangler avant de sortir de l’écurie pour monter sur son dos. Je n’avais pas mis de bombe sur ma tête. Je connaissais assez Sonate pour savoir que je ne risquais rien sur son dos. Et puis j’étais majeure, maintenant. J’étais assez grande pour prendre des risques si je le souhaitais. Et puis… Après avoir fait une balade à dos d’hypogriffe…
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Re: [Domaine De Launay] La nostalgie du passé | Grace
Sam 22 Sep 2018 - 21:39
Nos chevaux avançait, au pas, sur les sentiers qui traversaient les bois proche du domaine, et qui le composaient en partie. Pourtant, même si elle était là, à cheval sur le dos de Sonate comme l'excellente cavalière qu'elle était, j'avais l'impression qu'elle n'avait jamais été aussi éloigné de moi qu'en ce moment. Depuis que je lui avais répondu. Depuis qu'elle savait que j'étais revenu il y a déjà deux jours. Et si parfois, j'essayais de briser cette glace qui semblait l'entourer, je me heurtais visiblement à chaque fois à un mur.
Je ne lui en voulais pas pour autant, et en même temps, cette situation m'énervait. Au plus haut point. J'avais déjà perdu un ami cet été, je n'allais pas perdre ma soeur jumelle. Pas pour deux misérables jours. Pas pour un silence qui ne me faisait aucun bien. Finalement, je tirais sur les rennes de Tonnerre, l’arrêtant.
« J'en ai assez. »
Mes mots fendirent l'air, comme une lame tranche ce qu'elle trouve sur son passage. J'aimais Grace. C'était ma jumelle. Et être en froid n'avait jamais été une chose que j'avais supporté avec elle.
« Reproches-moi ce que tu veux, si ça peut te faire du bien. Mais merde Grace... J'ai pas choisi que Lucas meurt. Et si je suis resté là-bas, c'est pour Millie. J'ai essayé de l'aider. A ne pas devoir retourner chez sa grand-mère. »
Je regardais dans sa direction, et je lâchais ce que j'avais sur le cœur. J'étais en rage, mais ce n'était absolument pas contre elle. J'étais furieux parce que mon ami était mort trop tôt, et que lorsque j'avais voulu me rendre utile envers sa sieur, à sa mémoire, je m'étais rétamé. Je n'avais finalement cherché aucune consolation, aucun remède à ce que cette nouvelle m'avait fait ressentir : une douleur telle que si l'on me déchirait l'âme. Je n'osais même pas imaginer si un jour, on venait m'annoncer la mort d'une personne plus proche, comme Grace, Holly ou même un des Ex-Pouffys.
« Y a déjà les parents qui me font la gueule pour ce que j'ai fait. Crois-moi qu'ils m'ont bien fait comprendre que mes choix les emmerdaient. Alors si tu veux faire pareil, me reprocher mes choix, vas-y, je suis plus à ça près. »
C'était faux. Si elle le faisait, j'aurais probablement plus envie de quoi que ce soit, mais les mots étaient sortis tout seuls, alors que mon âme elle-même expulsait de mon corps la haine qu'elle avait en elle, la frustration que je gardais depuis quelques temps déjà.
Et pourtant, malgré cette invitation que je lui lançais à me rendre une gifle, littérale ou verbale, ma main tira de nouveau les rennes de l'étalon, mes pieds lui donnant un léger coup, et je m'éloignais, le regard empreint d'une tristesse sans fond. Je m'éloignais, continuant ma route vers la crique, mon coeur regrettant déjà chacun des mots que j'avais employé. Je n'étais pas prêt à leur faire face, à ces gens que j'aimais. Je le savais... et c'était bien pour ça que j'étais resté au manoir, que je n'étais pas rentré, que je n'avais rien annoncé.
Finalement, j'arrivais à la clairière dite de la crique, et je descendais de cheval, laissant Tonnerre et marchant un peu, les mains dans mes poches et mon esprit me rabrouant moi-même sans cesse.
Je ne lui en voulais pas pour autant, et en même temps, cette situation m'énervait. Au plus haut point. J'avais déjà perdu un ami cet été, je n'allais pas perdre ma soeur jumelle. Pas pour deux misérables jours. Pas pour un silence qui ne me faisait aucun bien. Finalement, je tirais sur les rennes de Tonnerre, l’arrêtant.
« J'en ai assez. »
Mes mots fendirent l'air, comme une lame tranche ce qu'elle trouve sur son passage. J'aimais Grace. C'était ma jumelle. Et être en froid n'avait jamais été une chose que j'avais supporté avec elle.
« Reproches-moi ce que tu veux, si ça peut te faire du bien. Mais merde Grace... J'ai pas choisi que Lucas meurt. Et si je suis resté là-bas, c'est pour Millie. J'ai essayé de l'aider. A ne pas devoir retourner chez sa grand-mère. »
Je regardais dans sa direction, et je lâchais ce que j'avais sur le cœur. J'étais en rage, mais ce n'était absolument pas contre elle. J'étais furieux parce que mon ami était mort trop tôt, et que lorsque j'avais voulu me rendre utile envers sa sieur, à sa mémoire, je m'étais rétamé. Je n'avais finalement cherché aucune consolation, aucun remède à ce que cette nouvelle m'avait fait ressentir : une douleur telle que si l'on me déchirait l'âme. Je n'osais même pas imaginer si un jour, on venait m'annoncer la mort d'une personne plus proche, comme Grace, Holly ou même un des Ex-Pouffys.
« Y a déjà les parents qui me font la gueule pour ce que j'ai fait. Crois-moi qu'ils m'ont bien fait comprendre que mes choix les emmerdaient. Alors si tu veux faire pareil, me reprocher mes choix, vas-y, je suis plus à ça près. »
C'était faux. Si elle le faisait, j'aurais probablement plus envie de quoi que ce soit, mais les mots étaient sortis tout seuls, alors que mon âme elle-même expulsait de mon corps la haine qu'elle avait en elle, la frustration que je gardais depuis quelques temps déjà.
Et pourtant, malgré cette invitation que je lui lançais à me rendre une gifle, littérale ou verbale, ma main tira de nouveau les rennes de l'étalon, mes pieds lui donnant un léger coup, et je m'éloignais, le regard empreint d'une tristesse sans fond. Je m'éloignais, continuant ma route vers la crique, mon coeur regrettant déjà chacun des mots que j'avais employé. Je n'étais pas prêt à leur faire face, à ces gens que j'aimais. Je le savais... et c'était bien pour ça que j'étais resté au manoir, que je n'étais pas rentré, que je n'avais rien annoncé.
Finalement, j'arrivais à la clairière dite de la crique, et je descendais de cheval, laissant Tonnerre et marchant un peu, les mains dans mes poches et mon esprit me rabrouant moi-même sans cesse.
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Re: [Domaine De Launay] La nostalgie du passé | Grace
Mer 26 Sep 2018 - 0:29
La nostalgie du passé
24 août 2018
Silence. Lourd. Pesant. Simplement rompu par le bruit des sabots de nos montures sur le sol. A croire qu’au fond, aucun de nous deux n’avait véritablement envie d’être là. C’était triste. Pourtant, je n’ouvrais pas la bouche pour rompre ce silence aussi épais qu’une purée de pois. Mais la lame pour le briser, ce n’était pas mois qui allait la dégainer. Ce n’était pas moi qui étais en faute, cette fois. J’étais irréprochable… Enfin… Presque. J’avais caché à mon frère et à ma sœur l’épisode de la tente. Et la beuglante de mon anniversaire. Mais là n’était pas la question. Je n’étais pas partie pour un enterrement sans revenir. Je n’avais pas oublié l’anniversaire de ma moitié, qui était sagement attendu par son cadeau à l’appartement de Holly. Un magnifique coffret de voyage contenant un chevalet portable, de la gouache, de la peinture à l’huile, de la peinture pour aquarelle, des pastels, des toiles vierges de différentes tailles, du papier pour aquarelles… Mais ça, bien sûr, s’il ne rentrait pas, il ne le verrait pas. Et non, je ne lui dirais pas que ça l’attendait bien sagement. J’étais trop furieuse. Même si, en général, je n’arrivais pas à le rester longtemps. Là, c’était exception qui confirmait la règle, comme l’indiquait le silence dans lequel j’étais murée.
Victor finit, d’ailleurs, par arrêter sa monture et par déclarer en avoir mal avant de vider son sac. J’allais répondre que je savais qu’il n’était pour rien dans la mort de son ami, mais je n’en eus pas le temps. Déjà, il reprenait concernant nos parents qui lui reprochaient ses choix. Je pouvais comprendre qu’il soit en colère après eux. Tout comme je pouvais comprendre qu’eux le soient après lui. Je ne croyais pas à son histoire d’amour avec Elia. Pour moi, les parents étaient derrière ça. Comme ils étaient derrière Théodore et moi et avaient été derrière Léandre et Holly. Bref. Je ne croyais pas à leur histoire d’amour. Surtout qu’il était parti juste après l’officialisation des fiançailles. Et que s’il avait été amoureux, il m’en aurait parlé. Comme je lui ai parlé de Malcom ? songeai-je avant de grimacer. Mais ça n’était pas pareil. Malcom, j’avais été sa cible privilégiée toute mon enfance. C’était pour ça qu’il m’avait volé mon premier baiser, d’ailleurs. Pour la suite… En dehors de mes sentiments, je ne savais plus ce qui était vrai ou faux concernant l’Ethelred. Au fond, je ne savais plus si j’avais raison de réagir ainsi ou bien tort. Mais de toute façon, je n’eus pas le temps d’y réfléchir plus avant, ni d’ouvrir la bouche qu’il avait déjà fait pivoter Tonnerre pour repartir vers la crique.
Les larmes embuèrent mes yeux et je restai un instant sur place avant de commencer par repartir vers les écuries du domaine, bien décidée à le planter là. Pourtant, je n’y parvins pas. Au bout de quelques minutes, je faisais à nouveau demi-tour et pressais les flancs de Sonate jusqu’à ce qu’elle prenne le galop, me baissant pour éviter les branches des arbres. Je ne rattrapai mon frère qu’arrivée à la petite crique, au milieu de la clairière. Après avoir arrêtée la jument et en être descendue à mon tour, je laissai exploser la colère que je gardais en moi depuis un mois. « Je t’en veux parce que tu m’as abandonnée. Tu m’as reprochée, il y a six mois, de m’être éloignée. De te tenir à l’écart. De pas t’avoir parlé de Malcom. Mais toi, t’as fait quoi ? T’as pas fait mieux ! T’es fiancé ! Soi-disant, tu l’aimes ? Mais j’y crois pas ! Parce que si c’était le cas, tu me l’aurais dit. Comme quand je t’ai avoué, hyper embarrassée que j’étais tombée amoureuse de Malcom. Et tu me l’aurais dit, avant cette mascarade. Et si bien sûr, je sais que t’es pour rien dans ce qui est arrivé à Lucas. Que tu l’as pas voulu ! Mais ça a été la bonne excuse. Parce que t’es parti, et t’es pas revenu après. T’es resté là bas. Alors quoi… T’as envoyé quelques lettres et ça a suffi ? Mais tu t’es pas préoccupé de comment nous, Holly et moi, on avait vécu l’été… Et t’es pas revenu pour notre anniversaire. Et là, t’es rentré depuis deux jours ? Ici ? Chez nos parents alors que tu les détestes ? Et tu nous as même pas dit que t’étais rentré ? Et si Mère ne m’avait pas demandé de venir pour me parler, je ne saurais même pas que tu étais là. Et c’est à moi, A MOI, que tu reproches de m’être éloignée alors que c’est toi qui m’as sorti de ta vie ? » Ma voix était passée de la colère à un ton proche de l’hystérie tandis que je ne contrôlais plus rien. Comme quelques mois plus tôt, lorsque Malcom m’avait rejoint dans la salle de danse, ce n’était plus vraiment moi au contrôle, mais ma Furie. La part vélane. Et je la laissais éclater, dire pour moi ce que je n’arrivais pas à exprimer. « Tu te prends pour qui, Vic ? Hein ? Fais ce que je dis mais pas ce que je fais ? Ca va dans les deux sens ! T’es mon autre moitié et je t’aime. Et t’as pas le droit de me sortir de ta vie comme ça. T’as pas le droit ! » conclus-je alors que les larmes ravageaient mes joues.
- InvitéInvité
Re: [Domaine De Launay] La nostalgie du passé | Grace
Mer 26 Sep 2018 - 11:57
J'étais assis sur un rocher, proche de l'eau, quand elle me rejoint finalement. Je n'étais même pas sur qu'elle aurait continué, convaincu qu'elle rentrerait. Mais si elle était là, j'étais convaincu que ce n'était pas pour me passer de la paumade. Et comme de juste, elle s'emporta. Avec raison, c'était indéniable.
Sa rage commença par l'abandon. Et l'hypocrisie de mes propres mots, plusieurs mois plus tôt. J'avais alors affirmé qu'à sa place, je n'aurais agi ainsi. Et elle ne se garda pas de me le rappeler. Vint ensuite tout un couplet sur Elia, qui me fit lever le regard vers elle. Elle ne me croyait pas à ce sujet là. Elle ne croyait pas que je puisse aimer Elia, et ne pas l'avoir partagé avec elle. Cruelle vérité, mais qu'y pouvais-je ? Si je lui avouais ce secret, le comprendrait-elle seulement ? Je n'en étais même pas sur. Et en même temps, la question ne se posait même pas dans mon esprit : je m'étais engagé auprès d'Elia. Ces fiançailles en était un symbole publique. En cela, j'étais au moins sincère. Il y avait au moins cette vérité que personne ne m'avait forcé à accepter. Ce n'était peut-être pas de l'amour à la base, mais ça n'en était pas moins réel à mes yeux.
Et de nouveau, l'abandon revint. Mon absence. Un mois durant, j'avais été en France. Un mois pendant lequel j'avais raté son anniversaire. Mon regard se fit alors fuyant, et j'essayais de calmer ce que l'animosité de sa furie me crachait au visage. Un mois, c'était long.
« Tu te prends pour qui, Vic ? Hein ? Fais ce que je dis mais pas ce que je fais ? Ca va dans les deux sens ! T’es mon autre moitié et je t’aime. Et t’as pas le droit de me sortir de ta vie comme ça. T’as pas le droit ! »
"Je ne dirais rien, Victor. Mais tu dois leur dire."
Les mots de Millie se dessinaient dans mon esprit, alors que j'encaissais ce que Grace me disait. Et quoi que je fasses, je sentais mon coeur dans ma poitrine s'accélérer une nouvelle fois, et si mes mains n'étaient pas posées, je savais qu'elles trembleraient en ce moment. Pourquoi fallait-il que ça arrive ? J'avais beau respirer, tenter de me calmer, au bout de deux essais, je me résignais. Ma main se porta à ma poche et en sortit une boite, que j'ouvris, fébrile et tremblant, pour prendre deux comprimés et les avaler, levant ma tête vers le ciel comme pour les aider à descendre.
Au bout de quelques secondes, mes lèvres se délièrent, comme pour répondre à ce qui venait de m'être reproché, comme pour répondre à ce qui devait se bousculer dans l'esprit de ma moitié depuis toujours. Et d'une voix calme, ma tête redescendant pour d'abord observer les bois devant moi, je déclarais :
« Il suffit d'une semaine en France pour introduire les papiers pour une demande d'émancipation. »
Ça, notre père le savait, et n'avait dès lors pas compris pourquoi j'étais resté du coup pendant un mois. Je m'en étais sorti, avec la demande de recours et d'autres trucs juridiques, et la colère de notre conversation m'avait permis de m'exiler dans ma chambre il y a deux jours à peine.
Mais cette phrase que je venais de dire allait, j'en étais certain, que rappeler à Grace que j'aurais pu être là, pour notre anniversaire. Et clairement, j'aurais pu. J'aurais du. Une larme coulant alors sur ma joue, ma tête pivota vers elle, ma main tenant fermement la boite à comprimé qui s'y trouvait.
« J'ai recroisé la route d'un épouvantard. Millie est arrivé, mais pas suffisamment tôt. »
Il était inutile que je lui explique les conséquences qu'un épouvantard avait sur moi. Par chance, Millie me connaissait suffisament bien pour savoir l'impact qu'avait ces immondes créatures sur moi, et avait réagi comme on aurait pu s'y attendre. Mais lorsqu'elle avait vu que je ne reprenais pas conscience, elle avait réagi.
Je sortais de mon autre poche une enveloppe, pliée et contenant plusieurs papiers que je tendais à Grace.
« Elle m'a conduit à l’hôpital le plus proche, et à feins d'être ma seule famille. »
L’hôpital était un établissement moldu, et Millie intelligente au point de savoir que je ne souhaitais ni inquiéter mes soeurs avant d'avoir quoi que ce soit de concret à annoncer, et encore moins mes parents. Elle s'était fait passé pour ma fiancée, juste pour pouvoir s'occuper de moi et me rendre la pareille.
« Mon coeur s'est arrêté, un instant, faute d'une tension trop élevé. Je me suis réveillé le jour de notre anniversaire. Et les médecins moldus ont insisté pour que je réalises plusieurs tests, afin de comprendre ce qui s'était passé. »
Ma voix, coupable, trahissait ma sincérité.
« C'est Millie qui a écrit la lettre que tu as reçu ce jour, imitant avec la magie mon écriture. »
Facile, pour une calligraphe de son talent.
« Ils m'ont finalement prescrit ces médocs. Ça calme. C'est pas le top, mais ça marche. Et par ma faute, Millie a raté plusieurs rendez-vous avec le juge, qui n'a ensuite rien voulu savoir. »
Mais ça, elle ne me l'avait dit que quand j'étais sorti de l'hopital. Quand j'allais mieux, et qui lui fallait repartir en Italie. Entre sa liberté et ma santé, elle avait choisi ce que je ne lui aurais jamais conseillé. Et je ne pouvais plus rien faire ensuite.
« Si je ne suis pas rentré tout de suite à l'appart, c'est parce que j'avais besoin de me poser, de retrouver le calme de notre enfance, pour faire le point. Je ne savais même pas si je devais vous en parler. »
Ma main vint essuyer mes larmes. Je les avais laissé en dehors de ça parce que je les aimais. C'était déconner, autant que de leur mentir, mais au fond, je ne voulais juste inquiéter personne. Ne détruire les vacances de personnes.
« Ja... Jamais je ne te sortirais de ma vie, Grace. »
Je craquais, littéralement, et ma tête se réfugia dans mes mains alors que je ne retenais définitivement plus mes larmes.
Sa rage commença par l'abandon. Et l'hypocrisie de mes propres mots, plusieurs mois plus tôt. J'avais alors affirmé qu'à sa place, je n'aurais agi ainsi. Et elle ne se garda pas de me le rappeler. Vint ensuite tout un couplet sur Elia, qui me fit lever le regard vers elle. Elle ne me croyait pas à ce sujet là. Elle ne croyait pas que je puisse aimer Elia, et ne pas l'avoir partagé avec elle. Cruelle vérité, mais qu'y pouvais-je ? Si je lui avouais ce secret, le comprendrait-elle seulement ? Je n'en étais même pas sur. Et en même temps, la question ne se posait même pas dans mon esprit : je m'étais engagé auprès d'Elia. Ces fiançailles en était un symbole publique. En cela, j'étais au moins sincère. Il y avait au moins cette vérité que personne ne m'avait forcé à accepter. Ce n'était peut-être pas de l'amour à la base, mais ça n'en était pas moins réel à mes yeux.
Et de nouveau, l'abandon revint. Mon absence. Un mois durant, j'avais été en France. Un mois pendant lequel j'avais raté son anniversaire. Mon regard se fit alors fuyant, et j'essayais de calmer ce que l'animosité de sa furie me crachait au visage. Un mois, c'était long.
« Tu te prends pour qui, Vic ? Hein ? Fais ce que je dis mais pas ce que je fais ? Ca va dans les deux sens ! T’es mon autre moitié et je t’aime. Et t’as pas le droit de me sortir de ta vie comme ça. T’as pas le droit ! »
"Je ne dirais rien, Victor. Mais tu dois leur dire."
Les mots de Millie se dessinaient dans mon esprit, alors que j'encaissais ce que Grace me disait. Et quoi que je fasses, je sentais mon coeur dans ma poitrine s'accélérer une nouvelle fois, et si mes mains n'étaient pas posées, je savais qu'elles trembleraient en ce moment. Pourquoi fallait-il que ça arrive ? J'avais beau respirer, tenter de me calmer, au bout de deux essais, je me résignais. Ma main se porta à ma poche et en sortit une boite, que j'ouvris, fébrile et tremblant, pour prendre deux comprimés et les avaler, levant ma tête vers le ciel comme pour les aider à descendre.
Au bout de quelques secondes, mes lèvres se délièrent, comme pour répondre à ce qui venait de m'être reproché, comme pour répondre à ce qui devait se bousculer dans l'esprit de ma moitié depuis toujours. Et d'une voix calme, ma tête redescendant pour d'abord observer les bois devant moi, je déclarais :
« Il suffit d'une semaine en France pour introduire les papiers pour une demande d'émancipation. »
Ça, notre père le savait, et n'avait dès lors pas compris pourquoi j'étais resté du coup pendant un mois. Je m'en étais sorti, avec la demande de recours et d'autres trucs juridiques, et la colère de notre conversation m'avait permis de m'exiler dans ma chambre il y a deux jours à peine.
Mais cette phrase que je venais de dire allait, j'en étais certain, que rappeler à Grace que j'aurais pu être là, pour notre anniversaire. Et clairement, j'aurais pu. J'aurais du. Une larme coulant alors sur ma joue, ma tête pivota vers elle, ma main tenant fermement la boite à comprimé qui s'y trouvait.
« J'ai recroisé la route d'un épouvantard. Millie est arrivé, mais pas suffisamment tôt. »
Il était inutile que je lui explique les conséquences qu'un épouvantard avait sur moi. Par chance, Millie me connaissait suffisament bien pour savoir l'impact qu'avait ces immondes créatures sur moi, et avait réagi comme on aurait pu s'y attendre. Mais lorsqu'elle avait vu que je ne reprenais pas conscience, elle avait réagi.
Je sortais de mon autre poche une enveloppe, pliée et contenant plusieurs papiers que je tendais à Grace.
« Elle m'a conduit à l’hôpital le plus proche, et à feins d'être ma seule famille. »
L’hôpital était un établissement moldu, et Millie intelligente au point de savoir que je ne souhaitais ni inquiéter mes soeurs avant d'avoir quoi que ce soit de concret à annoncer, et encore moins mes parents. Elle s'était fait passé pour ma fiancée, juste pour pouvoir s'occuper de moi et me rendre la pareille.
« Mon coeur s'est arrêté, un instant, faute d'une tension trop élevé. Je me suis réveillé le jour de notre anniversaire. Et les médecins moldus ont insisté pour que je réalises plusieurs tests, afin de comprendre ce qui s'était passé. »
Ma voix, coupable, trahissait ma sincérité.
« C'est Millie qui a écrit la lettre que tu as reçu ce jour, imitant avec la magie mon écriture. »
Facile, pour une calligraphe de son talent.
« Ils m'ont finalement prescrit ces médocs. Ça calme. C'est pas le top, mais ça marche. Et par ma faute, Millie a raté plusieurs rendez-vous avec le juge, qui n'a ensuite rien voulu savoir. »
Mais ça, elle ne me l'avait dit que quand j'étais sorti de l'hopital. Quand j'allais mieux, et qui lui fallait repartir en Italie. Entre sa liberté et ma santé, elle avait choisi ce que je ne lui aurais jamais conseillé. Et je ne pouvais plus rien faire ensuite.
« Si je ne suis pas rentré tout de suite à l'appart, c'est parce que j'avais besoin de me poser, de retrouver le calme de notre enfance, pour faire le point. Je ne savais même pas si je devais vous en parler. »
Ma main vint essuyer mes larmes. Je les avais laissé en dehors de ça parce que je les aimais. C'était déconner, autant que de leur mentir, mais au fond, je ne voulais juste inquiéter personne. Ne détruire les vacances de personnes.
« Ja... Jamais je ne te sortirais de ma vie, Grace. »
Je craquais, littéralement, et ma tête se réfugia dans mes mains alors que je ne retenais définitivement plus mes larmes.
- InvitéInvité
Re: [Domaine De Launay] La nostalgie du passé | Grace
Mar 2 Oct 2018 - 17:10
La nostalgie du passé
24 août 2018
J’étais terriblement en colère, et blessée par le comportement de mon frère, sans savoir que je le serais plus encore dans quelques minutes. Alors, je lui rappelais ce qu’il m’avait dit, des mois plus tôt. Le rappelant à sa propre hypocrisie, faisant taire la voix en moi qui me disait que j’avais moi-même recommencé mes cachoteries, en ne lui parlant pas de Théodore et des fiançailles arrangées par nos parents. Mais là n’était pas le sujet. Le sujet était que moi, je n’avais pas été aux abonnés absents pour les personnes étaient supposées compter le plus au monde pour moi. Je ne le comprenais pas. Je ne le comprenais plus. Et ça me faisait mal. Au point que j’en avais une barre en travers de la poitrine. Pourtant, je déversais ma colère. Parce que ça me faisait du bien. Parce que j’en avais besoin, de vider mon sac. Je parlais, sans même lui laisser le temps de réagir et de m’interrompre. Jusqu’à ce que j’ai terminé, les larmes ruisselant le long de mes joues. Et mieux valait qu’il ne vienne pas me serrer dans ses bras, j’aurais été capable de le repousser à coup de baguette magique. Jamais je ne l’aurais stupefixé, ou un truc du genre. Mais un sortilège pour l’écarter de moi ? Ca oui. Dans l’état où j’étais, je l’aurais fait. Au lieu de quoi je le vis porter une main tremblante à sa poche pour en sortir un boîte et en sortir deux cachets. Je restai interdite un instant, le temps que son geste fasse jour dans mon esprit : il se droguait. Mon frère prenait de la drogue. J’ouvris la bouche pour rétorquer – l’insulter de tous les noms – en écarquillant des yeux ronds comme des billes, mais déjà, il prenait la parole. « Il suffit d'une semaine en France pour introduire les papiers pour une demande d'émancipation. » Il voulait… Je refermai la bouche en même temps que mes reproches s’envolaient – pour l’instant – submergée par l’horreur de la situation : mon frère se droguait, il voulait se faire émanciper, et il n’était pas revenu quand il l’aurait pu. Je ne prêtai aucune attention à la larme qui coula sur la joue de mon frère jumeau, ayant l’impression que le lien entre nous venait d’être détruit par ses paroles. Je sentais, clairement, une crise de panique menacer de s’emparer de moi mais m’efforçai de la contrôler, ne voulant pas qu’il voit à quel point son rejet me blessait. Si ma propre moitié ne voulait plus être avec moi…
Je lui tournai le dos pour m’approcher de la jument – tant que mes pieds me portaient encore – et m’agrippai aux deux côtes de la selle. Il reprit la parole avant que je n’ai le temps de mettre mon pied gauche dans l’étrier pour monter et partir au grand galop. Malgré moi, j’écoutai ce qui lui était arrivé. Qu’il avait à nouveau croisé la route d’un épouvantard. Et que Millie était arrivée. Qu’il avait fallu le conduire à un hôpital et qu’elle avait fait semblant d’être sa seule famille. Mon cœur se serra un peu plus. Se brisa, même, était le mot juste alors qu’il confirmait qu’il nous avait rayées de sa vie. Alors qu’il aurait suffi de nous contacter pour que nous transplanions pour être à ses côtés, pour le soutenir. Mais non. Il n’avait pas voulu de nous. Il enchaina, disant que son cœur s’était arrêté et qu’il n’avait rouvert les yeux que le jour de notre anniversaire. Que la lettre que j’avais reçue, ce jour-là, n’était même pas de lui mais de Millie en cet instant, je me surpris à haïr de toutes mes forces l’adolescente que j’avais jusque-là toujours appréciée. Dans l’état dans lequel me mettaient ses confessions, j’étais incapable d’entendre la culpabilité dans sa voix et je ne savais ce qui était le pire : ces médicaments, son problème au cœur, sa demande d’émancipation – car je n’étais capable de l’envisager que pour lui. Je ne voulais rien entendre des rendez-vous avec le juge que Millie avait manqué. Je ne l’entendis même pas en parler, d’ailleurs. J’étais restée centrée sur le fait que nous n’avions pas été prévenues, ni Holly, ni moi et que la jeune fille avait fait semblant d’être sa famille. Et mon champ de vision semblait noircir en même temps que mes oreilles bourdonnaient de plus en plus.
Néanmoins, lorsqu’il enchaina sur son non retour à l’appart, elles semblèrent se déboucher. Même si j’aurais préféré que ce ne soit pas le cas. Je me retournai vers lui, furieuse. Nous aurions été dans un dessin animé moldu, des éclairs seraient sans doute sortis de mes yeux. Mais nous étions dans la réalité, et non dans une fiction. « T’es vraiment un hypocrite… Tu ne veux pas rentrer à l’appartement alors tu viens ici ? Chez nos parents alors que tu les détestes ? Alors que tu cherchais à nous abandonner ? Je… Je crois qu’en fait, t’es pire encore que Malcom niveau mensonges. » Et ça, c’était de l’insulte. Je ne pris pas dans les mains le tas de papiers que me tendait mon frère. Je ne voulais rien savoir de cette histoire. En cet instant, j’étais dans le déni comme avait pu l’être notre demi-frère des mois plus tôt. De fait, lorsque Victor reprit la parole, je balayai ses mots d’un revers de la main : « Tu l’as déjà fait… » Et si ces paroles me brisèrent encore un peu plus le cœur, le voir s’effondrer fut loin de me laisser de marbre. Pourtant, je ne comblai pas la distance entre nous pour le prendre dans mes bras comme tout mon être m’intimait de le faire. Je restai aussi stoïque qu’une statue, les larmes continuant à rouler le long de mes joues, incapable de faire le moindre geste, hormis celui de cligner des paupières. Malgré la mouche qui était venue se poser sur le bout de mon nez et que je ne chassai pas.
- InvitéInvité
Re: [Domaine De Launay] La nostalgie du passé | Grace
Mar 2 Oct 2018 - 18:09
« T’es vraiment un hypocrite… Tu ne veux pas rentrer à l’appartement alors tu viens ici ? Chez nos parents alors que tu les détestes ? Alors que tu cherchais à nous abandonner ? Je… Je crois qu’en fait, t’es pire encore que Malcom niveau mensonges. »
C'était ces mots qui me firent mal. Qui me firent lui affirmer que jamais je ne l'abandonnerai. Mais je ne m'attendais pas à son revers.
« Tu l’as déjà fait… »
Non ! Mes yeux se relevèrent, brouillés par les larmes dans un regard entre la rage et l'incompréhension. Parce que d'une part, me comparer à ce sale petit con de Malcolm, c'était déjà un coup bas, mais me dire ensuite que je l'avais abandonné, ça me détruisais l'âme. Je n'étais pas Vélane, je n'avais pas de furie, cela ne signifiait pas que je ne pouvais pas être en colère. J'étais sanguin. Alors je me redressais, cédant à une vigueur qui faisait écho à la colère qui allait se mélanger à mes propos :
« Tu te fous de ma gueule ou quoi ! »
J'avais le souffle court.
« Putain Grace, cette maison, c'est aussi la mienne ! J'y ai ma chambre ! Mes souvenirs ! Ma vie ! Comme toi, et comme Holly ! »
J'explosais, parce que même si l'appart était mon projet, de mon initiative, c'était une vengeance. Ce que je voulais le plus, c'était qu'Holly rentre. Que nous vivions ensemble, comme une famille. Comme avant, Faolàn en plus. Mais j'avais accepté l'idée que cela n'arriverait jamais. Parce que mon aînée me l'avait déjà parfaitement fait comprendre.
« Je ne t'ai jamais menti Grace ! JAMAIS ! »
Pour Elia ? Ca avait été le sujet, mais je n'avais affirmé que je l'aimais. J'avais affirmé que je me fiançais. Je ne dis pas que je leur avais dit le contraire, la vérité est que je les avais laissé croire ce qu'elle voulait, parce que c'était plus simple. Pourtant, ça m'échappa :
« Tu me reproches de ne rien t'avoir dit pour Elia ! La vérité, c'est que j'en savais rien ! Ca m'est tombé dessus ! Nos parents ne m'ont pas vraiment laissé le choix ! J'ai accepté... Et je reviendrais pas en arrières ! »
Bordel de merde ! J'avais mes raisons de me laisser faire. Comme pour ce putain de cursus qu'on m'imposait en Justice Magique. Mais s'en rendait-elle compte ? Se rendait-elle compte que elle, les parents lui laissait la vie au calme ? Que j'étais prêt à tout pour ça ? Par Morgane !
« ET... »
Et là, je m'arrêtais. Le truc suivant, c'était que je l'abandonnais ? Pourquoi ? Mon regard perdit alors la rage qui l'habitait, alors que mon esprit se focalisait sur cette seule pensée : d'où est-ce que je l'abandonnais ?
« Je t'ai jamais abandonné... »
Ma voix avait changé. Sur cette seule phrase, l'on pouvait entendre l'incompréhension. J'avais toujours tout fait pour éviter toutes les distances, sauf quand j'avais gardé un secret sur Sky. J'étais allé en France, mais c'était pour la mort de Lucas. Et j'avais aidé Millie pour l'émancipation. Et puis y avait eu cet...
STOP. Retour en arrière. C'est pas vrai ! C'était pour ça ? Oui, pourquoi d'autre ? Mais... Mais... Mais... Ca n'a aucun sens !
« Grace... une minute... Ils ne t'ont rien dit ? Papa et Maman ? »
Sale petit enculé de géniteur de merde ! Il avait même pas passé le message ? Ou pas correctement ? Non, pas possible. Il l'avait pas passé, sinon elle ne tiquerait pas ainsi. Mais alors, dans mes lettres, elles ne devaient rien comprendre...
« Grace. L'émancipation, c'est pas pour moi ! C'était pour Millie ! Pour qu'elle puisse rester en France ! Je... Elle... Putain Grace, j'ai 19 ans ! Pourquoi je m'émanciperais ? »
C'était ces mots qui me firent mal. Qui me firent lui affirmer que jamais je ne l'abandonnerai. Mais je ne m'attendais pas à son revers.
« Tu l’as déjà fait… »
Non ! Mes yeux se relevèrent, brouillés par les larmes dans un regard entre la rage et l'incompréhension. Parce que d'une part, me comparer à ce sale petit con de Malcolm, c'était déjà un coup bas, mais me dire ensuite que je l'avais abandonné, ça me détruisais l'âme. Je n'étais pas Vélane, je n'avais pas de furie, cela ne signifiait pas que je ne pouvais pas être en colère. J'étais sanguin. Alors je me redressais, cédant à une vigueur qui faisait écho à la colère qui allait se mélanger à mes propos :
« Tu te fous de ma gueule ou quoi ! »
J'avais le souffle court.
« Putain Grace, cette maison, c'est aussi la mienne ! J'y ai ma chambre ! Mes souvenirs ! Ma vie ! Comme toi, et comme Holly ! »
J'explosais, parce que même si l'appart était mon projet, de mon initiative, c'était une vengeance. Ce que je voulais le plus, c'était qu'Holly rentre. Que nous vivions ensemble, comme une famille. Comme avant, Faolàn en plus. Mais j'avais accepté l'idée que cela n'arriverait jamais. Parce que mon aînée me l'avait déjà parfaitement fait comprendre.
« Je ne t'ai jamais menti Grace ! JAMAIS ! »
Pour Elia ? Ca avait été le sujet, mais je n'avais affirmé que je l'aimais. J'avais affirmé que je me fiançais. Je ne dis pas que je leur avais dit le contraire, la vérité est que je les avais laissé croire ce qu'elle voulait, parce que c'était plus simple. Pourtant, ça m'échappa :
« Tu me reproches de ne rien t'avoir dit pour Elia ! La vérité, c'est que j'en savais rien ! Ca m'est tombé dessus ! Nos parents ne m'ont pas vraiment laissé le choix ! J'ai accepté... Et je reviendrais pas en arrières ! »
Bordel de merde ! J'avais mes raisons de me laisser faire. Comme pour ce putain de cursus qu'on m'imposait en Justice Magique. Mais s'en rendait-elle compte ? Se rendait-elle compte que elle, les parents lui laissait la vie au calme ? Que j'étais prêt à tout pour ça ? Par Morgane !
« ET... »
Et là, je m'arrêtais. Le truc suivant, c'était que je l'abandonnais ? Pourquoi ? Mon regard perdit alors la rage qui l'habitait, alors que mon esprit se focalisait sur cette seule pensée : d'où est-ce que je l'abandonnais ?
« Je t'ai jamais abandonné... »
Ma voix avait changé. Sur cette seule phrase, l'on pouvait entendre l'incompréhension. J'avais toujours tout fait pour éviter toutes les distances, sauf quand j'avais gardé un secret sur Sky. J'étais allé en France, mais c'était pour la mort de Lucas. Et j'avais aidé Millie pour l'émancipation. Et puis y avait eu cet...
STOP. Retour en arrière. C'est pas vrai ! C'était pour ça ? Oui, pourquoi d'autre ? Mais... Mais... Mais... Ca n'a aucun sens !
« Grace... une minute... Ils ne t'ont rien dit ? Papa et Maman ? »
Sale petit enculé de géniteur de merde ! Il avait même pas passé le message ? Ou pas correctement ? Non, pas possible. Il l'avait pas passé, sinon elle ne tiquerait pas ainsi. Mais alors, dans mes lettres, elles ne devaient rien comprendre...
« Grace. L'émancipation, c'est pas pour moi ! C'était pour Millie ! Pour qu'elle puisse rester en France ! Je... Elle... Putain Grace, j'ai 19 ans ! Pourquoi je m'émanciperais ? »
- InvitéInvité
Re: [Domaine De Launay] La nostalgie du passé | Grace
Lun 5 Nov 2018 - 16:47
La nostalgie du passé
24 août 2018
J’étais sous le choc de ce que venait de me dire Victor. J’en éprouvais du mal à respirer. Il nous avait abandonnées, nous laissant sans son et sans image. Et le peu de nouvelles que nous avions reçues de sa part, ce n’était en fait pas lui qui nous les avait données, mais Millie. Etais-je jalouse? Oui, complètement. Et folle de rage, aussi. Au moins autant que lui, si ce n’était plus parce que je ne contrôlais plus rien. Pourtant, lorsque Victor explosa à son tour, je ne pus m’empêcher de sursauter, faisant s’envoler la mouche du bout de mon nez. « Putain Grace, cette maison, c'est aussi la mienne ! J'y ai ma chambre ! Mes souvenirs ! Ma vie ! Comme toi, et comme Holly ! » “Alors l’appartement, c’est quoi? Si c’est ici chez toi? Tu te sers de Holly pour une crise d’adolescence tardive? Tu me déçois, Vic. Terriblement.” Je secouai la tête après lui avoir dit cela. Si ma colère était loin d’être retombée, elle était plus froide, plus sous jacente. Mais pas moins terrible.
Mais il continua, prétextant n’avoir jamais menti. De nouveau, je secouai la tête. Je ne croyais plus un mot de ce qu’il pouvait dire. De façon puérile, je portai mes mains à mes oreilles pour ne rien entendre. Pourtant, ce que j’entendis, c’était bel et bien que les parents l’avaient forcé. “Tiens donc… Je croyais que c’était ton choix… Tu vois, tu nous as menti!” Autant pour l’honnêteté de mon frère. Que je ne reconnaissais plus, d’ailleurs. Il avait changé. Quelque chose en moi se brisa alors que je me rendais compte de ce fossé qu’il avait lui-même creusé entre lui et moi. Je ne voulais plus rien entendre. Me retournant à nouveau vers ma monture, je mis le pied à l’étrier pour me hisser sur la selle. Il pouvait continuer tant qu’il voulait, je n’en avais plus rien à faire. Ce n’était pas mon problème. Même si c’était pour discuter de mes fiançailles avec Théodore que Mère m’avait fait venir ici, j’étais contente. Parce que j’avais vu le vrai visage de mon jumeau: fais ce que je te dis mais pas ce que je fais. Et bien non. Avec moi, ça ne passerait pas.
Et si j’avais tendance à tout pardonner trop vite à mon double, cette fois, ça ne serait pas le cas. Je me retrouvais rapidement sur le dos de Sonate alors qu’il disait qu’il ne m’avait jamais abandonnée… Et qu’il rejetait tout sur le dos de nos parents. “Okay. L’émancipation, c’était peut-être pas pour toi. Mais tu sais quoi? Je m’en moque. Si t’étais si bien avec Millie, t’as qu’à retourner avec elle. Puisqu’elle, elle est assez bien pour savoir quand il t’arrive quelque chose et que nous non. En ce qui me concerne, ça ne me regarde plus. Et pas la peine de lui demander de se faire à nouveau passer pour toi sur une lettre.” Ca, c’était dit. Je talonnai la jument noire pour m’éloigner le plus possible de mon frère jumeau auquel en cet instant, je n’avais plus rien à dire. Lui parler de mes fiançailles? Même pas en rêve.
fini pour moi, je pense^^
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