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je peux très bien me (pas assez de toi) (sveirina)
Jeu 28 Fév 2019 - 21:49
Coeur qui palpite à cent à l’heure lorsque j’apparais dans une des cheminées du hall d’entrée du Ministère de la Magie. Sourire qui ne quitte (presque) pas mes lèvres de la journée, malgré les cas compliqués et les collègues insupportables. Je l’ai fait. J’ai annulé le mariage. Je ne deviendrai pas une Henriksen. Je ne subirai pas les violences perverses de Gabriel. Je ne ressortirai pas de ma nuit de noces couverte de bleus. J’ai envie de crier ma joie au monde entier. J’envoie un communiqué de presse à la Gazette du Sorcier et l’Aurore Boréale, le quotidien sorcier Norvégien. Le texte est simple et bref, mais néanmoins très clair sur ma rupture avec Gabriel. Le reste du monde n’a pas à connaître les détails. Il y a une personne que j’aimerais voir, à qui j’aimerais annoncer la nouvelle de vive voix. Svein. Le seul qui compte. Je l’ai évité le mois dernier, la certitude qu’il était dans le château me réchauffant le coeur, mais la honte de le voir alors que j’étais encore liée à un autre m’empêchait de chercher à le revoir.
Mais aujourd’hui, c’est différent.
La journée de travail terminée, je transplane jusqu’à une rue d’Inverness. Escarpins écarlates, tailleur pantalon immaculé, mèches brunes glissant dans mon dos, je reste quelques secondes en suspens. Si j’étais Svein, où est-ce que je passerais mon samedi soir ? Je pourrais me rendre jusqu’à Hungcalf, mais je n’ai aucun droit de me rendre dans la salle commune des gris. Le Norvégien n’est pas vraiment du genre à fréquenter les bars et autres pubs de la ville… Il y a bien cet endroit désaffecté où nous nous sommes rendus le soir du nouvel an. Je peux toujours essayer. Dans un froncement de sourcils, je tente de me rappeler du chemin, mais j’étais tellement obnubilée par la présence du sorcier que je n’ai pas fait attention à autre chose. Mais je me souviens de l’endroit, donc j’y transplane. Lorsque j’entre dans l’ancienne gare, il n’y a personne. Mon coeur, que je surprends être plein d’espoir, se pince tristement. Il n’est pas là, et je ne sais pas où je pourrais le trouver. La vue du piano en bois trônant au milieu de la pièce me rappelle l’apparition blonde qui “existe grâce à moi”. Intriguée, je m’approche de l’instrument. Va-t-elle apparaître pour moi ? Les doigts glissant sur l’inscription gravée, je m’installe sur le tabouret. “Accepte la nuit, pour voir sourire le jour.” Un sourire attendri aux lèvres, je pose les doigts sur les touches, fermant les yeux. Du bout des doigts, je commence un morceau classique que j’ai appris à jouer lorsque j’étais à Durmstrang.
@svein haugen
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Re: je peux très bien me (pas assez de toi) (sveirina)
Ven 1 Mar 2019 - 0:10
La lanterne émet une lueur vague. Elle clignote. Signe d’une fin de vie imminente, mais qui pourtant ne viens pas. Parfois elle éclaire mes doigts violacés par le froid, parfois elle laisse naître une obscurité au bord du cours d’eau. De temps en temps, les mitaines à mes doigts viennent étouffer les notes émises par mes gestes sur ma guitare, mais soit. Esmée est endormie, paisiblement, alors que la nuit fait rage, obscurité ardente et plus présente encore que le jour.
J’y songeais en observant cette lumière qui clignote. Toute lumière finit un jour par s’éteindre. C’est aussi vrai pour cette lanterne que pour le soleil, ou moi. Quel constat sombre… La noirceur de l’idée fit naître un vague sourire ironique à mon visage pâle. Ressaisis-toi Svein. Tu as le temps.
« How I wish, how I wish you were here
We're just two lost souls
Swimming in a fish bowl
Year after year
Running over the same old ground
And how we found
The same old fears
Wish you were here »
La mélodie lyrique se promenait alors que de légères volutes s’élevaient autour de l’eau, l’instrument ensorcelé faisant naître des formes animalières. Quelques biches, quelques lièvres, une maman renard et ses petits… La scène était si froide que belle, transperçant la nuit. Un nouveau sourire en observant cette situation, observant les guerriers de minuit. Wish You Were Here… Quelle ironie que mes pensées se dirigent vers toi, là, tout de suite. Oui… J’aimerais tellement, j’aimerais tellement que tu sois là. Mais…
---
Le son des notes, et ce fut une illusion, changée, certes, mais une illusion tout de même qui semblait se manifester en les lieux. La grande plaine de fleurs a laissé place à un paysage de montagne, le piano disposé sur des cailloux, tous relativement uniforme et lisses, un cours d’eau s’évadant en face, une cascade un peu plus loin laissant se mêler au son du piano celui des remous. Le chant des oiseaux semble se mêler aux sonorités de l’instrument, quelques écureuils passant par-là s’arrêtant pour observer Irina, quelques instants avant de repartir.
Cette illusion avait quelque chose de beau, mais de plus fermé. Quelque chose qui ne correspond pas à Svein, d’une nature à toujours s’ouvrir à la nouveauté, au changement, d’apprécier découvrir, vivre, apprécier les choses simples. Non… Ce lieu, reflétait en Svein quelque chose d’autre. Le besoin d’un refuge. Le besoin de fuir ou d’oublier et de voir de la vie, sans la créer ou l’imaginer, bien qu’elle soit illusoire. Etrangement, ce lieu était si vivant qu’il reflétait un vide gigantesque, pour peu de connaître un strict minimum le norvégien.
« Irina ! Tu es revenue ! »
La jeune fille marchait, pieds nus, vers le piano, tenant en équilibre en évoluant sur une ligne de petits cailloux relativement précise, elle s’empressait, sautillant habilement, « paraissant » ne peser aucun poids, portant toujours cette couronne de fleur sur sa tête et cette robe « blanc pur », s’arrêtant à son niveau pour sourire, à distance raisonnable du piano.
« Svein ? »
Fit-elle machinalement en regardant autour d’elle sans réellement comprendre. Visiblement il lui paraissait assez vraisemblable que si Irina était là, Svein devrait y être aussi. Du moins c’est la première pensée qui vint à l’enfant, non spécialement encore en âge de déduire des expressions sur le visage d’autrui.
« Bah… Il est pas là ? »
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Re: je peux très bien me (pas assez de toi) (sveirina)
Dim 3 Mar 2019 - 22:12
Dès les premières notes, le paysage autour de moi change. Je m’attendais à revoir la plaine, à laquelle je me surprenais souvent de penser. Mais c’est une autre ambiance qui accueille ma mélodie. Des montagnes qui se forment autour de moi, une rivière qui se verse dans une cascade, quelques oiseaux. Je suis loin de la prairie et de la verdure de la dernière fois. La couleur prédominante est le gris, et elle a quelque chose d’oppressant. Intriguée, je découvre la scène qui apparaît devant moi avec la même fascination que la première fois. Surtout, je suis heureuse de voir que seule, je peux voir l’illusion. Même si j’aurais préféré avoir Svein à mes côtés. La voix d’Ina me sort de ma contemplation, et je tourne la tête vers elle. Regard qui s’illumine à sa vue. Elle semble irradier de bonheur. De la joie naïve de l’enfance. Je l’envie, parfois. “Irina ! Tu es revenue !” Le sourire aux lèvres, je continue de jouer. “Oui, et tu es là aussi. Je suis contente de te revoir.” Le regard de la fillette se fait soucieux, et je comprends rapidement pourquoi. “Svein ? Bah… Il est pas là ?” Secouant lentement la tête, je lui offre un regard compatissant. “Non, je pensais qu’il serait là, avec toi.” Le tempo de ma mélodie qui ralentit machinalement, alors que je suis plus intéressée par la conversation que le mouvement de mes mains sur le piano. “Est-ce qu’il vient souvent ici ?” Curieuse, je profite de la présence de la petite fille pour l’interroger. Je ne pense pas que le Norvégien vienne ce soir, je tenterai de le retrouver lundi, lorsque nous serons en cours. Ina est la seule “personne” qui pourrait m’aider à le comprendre, à me rapprocher de lui. Il y a bien une question qui me passe par la tête, mais je crois que ce n’est pas à elle que je dois la poser. “Je me demandais… Tu peux apparaître autre-part qu’ici, ou est-ce que c’est en quelque sorte ta maison ?” Alors je décide de poser des questions sur elle. La petite fille ne doit pas voir grand monde, elle doit être heureuse de pouvoir parler. Et je n’ai jamais vraiment vu ce type de magie auparavant, qui me fascine. J’ai envie d’en savoir plus. Penchant la tête sur le côté, mon morceau arrive à sa fin. Volontairement, je laisse durer les dernières notes. “Est-ce que si j’arrête de jouer, tu disparais ?” Intriguée, et en même temps pleine d’appréhension, je laisse glisser mes doigts jusqu’à lâcher les touches. La note continue de vibrer pendant quelques instants, avant de s’évanouir.
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Re: je peux très bien me (pas assez de toi) (sveirina)
Dim 10 Mar 2019 - 12:29
Le silence s’abat sur les dernières notes et mon esprit semble se libérer d’une masse instable. Un vide profond s’étend au delà de l’horizon des évènements, la mélancolie classique, ou plus justement le spleen romantique, l’idée me faisait vaguement sourire. J’en suis réduit à cela ? Me laissant tomber en arrière dans l’herbe fraîche, légèrement humide, je réveillais vaguement Esmée qui venait s’asseoir sur mon ventre, ce qui semble être mes prunelles se perdant en les étoiles.
Et puis quoi… Tu t’attends à quoi, Svein ? Ma guitare trônant à côté de moi, et l’illusion m'environnant ne semble pas disparaître. Quel talent incroyable ! Tu peux faire vivre ton imaginaire aux yeux des gens qui t’écoute ! Un soupçon d’ironie, mes doigts effleuraient le doux poil de la ragdoll alors qu’un sentiment de culpabilité s’éprenait de moi.
« On dit souvent que les étoiles guident le coeur. Mais je n’ai toujours pas trouvé le moyen de te guérir, Esmée… Le grand retour de Svein Haugen. J’ai brisé ma famille, je ne trouve pas la bonne solution pour t’aider, et quand je décide de me tourner vers mes sentiments, ceux-ci se manifestent en une misérable ironie…
Enfin. Je devrais arrêter de me lamenter et continuer de chercher. Je trouverai. Je te l’ai promis. Rentr-... »
Une étoile filante ? Bien. C’est l’occasion de confirmer une théorie. Je me redressais, lentement, pour fouiller dans mon sac et dégainer ma boussole pour observer la direction dans laquelle elle est partis. Le sens de l’orientation, peut être l’une des choses les plus importantes, quand on marche seul sans un sous. Merci à toi pour ce cadeau vieil homme.
Autour de moi, le fantôme du ferry utilisé pour passer du sud de l’Angleterre à la France me revint. Ce capitaine avait tout du stéréotype du vieux marin anglais. Bienveillant. Ses yeux reflétaient une âme bouillante, si forte, en quête d’aventure, de découverte. Un plan incroyable pour monter à bord alors que je n’avais même pas pris mes papiers d’identité, et un sourire revenait lentement se nicher à mon minois. Malchanceux en amour, mais la plupart du temps, les gens ont toujours été si bienveillant avec moi qu’en relativisant je me sens presque coupable de me permettre d’être triste.
La vie est belle.
« Suis-là, duccon. »
« Ca ne pouvait être que toi… »
« J’ai rien fais. Mais écoute moi, pour une fois. »
Rapide portrait de l’adolescent, assis sur une branche d’arbre. Une illusion, un second personnage.
« Je… »
« Je t’interdis de prononcer mon nom, et je t’interdis de te lamenter, grosse larve. Bouge ton cul, j’en ai marre de t’avoir dans mon champ de vision. »
Si Ina représente une grande part de mon amour, lui représente l’une des parts les plus sombres de mes peines. Ma colère. La plupart de mes illusions humaines reçoivent aléatoirement certains de mes traits, et depuis sa création, Blue n’a cessé de jurer, et de faire preuve d’une certaine violence verbale. Etrangement, sa présence m'apaise. Ce qui a le don de l’énerver encore plus. Ina est mon lien avec la nature, Blue est mon lien avec le ciel. La première offre le beau, l’autre guide. C’est assez ironique d’être guidé par ses propres créations.
« T’as retenu la position ou il faut que je te frappe assez fort pour que tu t’envole dans la bonne ? »
« Merci, Blue. »
Son regard se crispait, sautant de sa branche pour s’approcher alors que je me surprenais à glousser, mes yeux se fermant inexorablement alors qu’en les rouvrant, les illusions environnantes disparaissaient. Même si la douleur n’aurait pas été réelle, mon cerveau l’aurait interprétée et j’aurais eu mal. Merci, mais non merci. En tout cas, j’ai un cap, un objectif, pour ce soir…
Ainsi, après avoir rassemblé mes affaires, glissé Esmée dans ma poche, je me mettais en route.
Malgré l’absence de Svein, la jeune fille ne semblait pas se décourager, au contraire. Ses pensées s'emplissait d’un optimisme certain, et ses mots coupaient presque ceux d’Irina, peut être un peu trop dynamique ou trop enjouée.
« Il arrive bientôt. Il était avec Blue, il lui a montré la voie. »
La question suivante de l’étudiante parut intriguer le petit bout de blonde, que se grattais machinalement la tête, quelques instants, avant de regarder autour d’elle.
« Apparaître ? Euh… Ah, oui, les deux mondes… C’est vrai que toi et Svein vous n’êtes pas d’ici. C’est que la deuxième fois qu’il ramène quelqu’un d’autre, j’ai pas l’habitude ! Quand Svein a écrit nos livres, il a… Attends j’essaie de me souvenir de son charabia, c’est pas moi la Sage, et Rouge doit dormir à une heure pareille… »
Elle semblait réfléchir, voir bouillonner. L’enfant avait ce petit quelque chose de dynamique, de doux, innocent, et en même temps elle paraît à la fois si simple qu’il n’est pas étonnant que se souvenir de termes techniques ne soit pas son fort.
« Ah j’me rappelle ! Svein à dit que quand il nous a écrit, sa magie à connecté la plupart de nos coeurs avec le sien. Alors on peut passer de l’autre côté pour exister dans ce monde, là où il laisse une part de lui. En général, c’est des mots, ou des notes. »
Elle désigne lentement les écritures sur le piano, pour se mettre à lire à voix haute, d’une lecture assez maladroite.
« “ Si tu te sens égaré, ne pleure pas trop, le soleil naîtra à nouveau dans ton cœur, tes larmes gagnerons le ciel, et ton regard dominera l’horizon qui fera s’embraser en toi les joies d’une vie, et ton simple souffle deviendra l’immensité d’un ensemble auquel tu appartiens.
Alors accepte la nuit, pour voir sourire le jour.”
Il a dit qu’il a écrit ça parce qu’il a rencontré quelqu’un qui avait pas de maison ici il y a quelques années, il l’a ramené chez lui pour lui donner à manger, à boire, et il lui a même prêté son lit, et que le lendemain matin il était partis avec un mot de remerciement qui disait que grâce à lui il avait enfin pu ressentir de la chaleur, et pas celle du chauffage… Un… Truc comme ça, je me souviens plus. C’est toujours plus beau quand c’est Svein qui dit. Enfin du coup il est revenu là où il l’a rencontré pour lui écrire ça, j’espère qu’il l’a lu. »
Un temps, et la jeune fille semblait lever le doigt au ciel en se rappelant qu’elle était complètement sortie du sujet.
« Non, non, je disparaîtrai pas ! Sauf si tu t’éloignes trop. »
Et puis quoi… Tu t’attends à quoi, Svein ? Ma guitare trônant à côté de moi, et l’illusion m'environnant ne semble pas disparaître. Quel talent incroyable ! Tu peux faire vivre ton imaginaire aux yeux des gens qui t’écoute ! Un soupçon d’ironie, mes doigts effleuraient le doux poil de la ragdoll alors qu’un sentiment de culpabilité s’éprenait de moi.
« On dit souvent que les étoiles guident le coeur. Mais je n’ai toujours pas trouvé le moyen de te guérir, Esmée… Le grand retour de Svein Haugen. J’ai brisé ma famille, je ne trouve pas la bonne solution pour t’aider, et quand je décide de me tourner vers mes sentiments, ceux-ci se manifestent en une misérable ironie…
Enfin. Je devrais arrêter de me lamenter et continuer de chercher. Je trouverai. Je te l’ai promis. Rentr-... »
Une étoile filante ? Bien. C’est l’occasion de confirmer une théorie. Je me redressais, lentement, pour fouiller dans mon sac et dégainer ma boussole pour observer la direction dans laquelle elle est partis. Le sens de l’orientation, peut être l’une des choses les plus importantes, quand on marche seul sans un sous. Merci à toi pour ce cadeau vieil homme.
Autour de moi, le fantôme du ferry utilisé pour passer du sud de l’Angleterre à la France me revint. Ce capitaine avait tout du stéréotype du vieux marin anglais. Bienveillant. Ses yeux reflétaient une âme bouillante, si forte, en quête d’aventure, de découverte. Un plan incroyable pour monter à bord alors que je n’avais même pas pris mes papiers d’identité, et un sourire revenait lentement se nicher à mon minois. Malchanceux en amour, mais la plupart du temps, les gens ont toujours été si bienveillant avec moi qu’en relativisant je me sens presque coupable de me permettre d’être triste.
La vie est belle.
« Suis-là, duccon. »
« Ca ne pouvait être que toi… »
« J’ai rien fais. Mais écoute moi, pour une fois. »
Rapide portrait de l’adolescent, assis sur une branche d’arbre. Une illusion, un second personnage.
« Je… »
« Je t’interdis de prononcer mon nom, et je t’interdis de te lamenter, grosse larve. Bouge ton cul, j’en ai marre de t’avoir dans mon champ de vision. »
Si Ina représente une grande part de mon amour, lui représente l’une des parts les plus sombres de mes peines. Ma colère. La plupart de mes illusions humaines reçoivent aléatoirement certains de mes traits, et depuis sa création, Blue n’a cessé de jurer, et de faire preuve d’une certaine violence verbale. Etrangement, sa présence m'apaise. Ce qui a le don de l’énerver encore plus. Ina est mon lien avec la nature, Blue est mon lien avec le ciel. La première offre le beau, l’autre guide. C’est assez ironique d’être guidé par ses propres créations.
« T’as retenu la position ou il faut que je te frappe assez fort pour que tu t’envole dans la bonne ? »
« Merci, Blue. »
Son regard se crispait, sautant de sa branche pour s’approcher alors que je me surprenais à glousser, mes yeux se fermant inexorablement alors qu’en les rouvrant, les illusions environnantes disparaissaient. Même si la douleur n’aurait pas été réelle, mon cerveau l’aurait interprétée et j’aurais eu mal. Merci, mais non merci. En tout cas, j’ai un cap, un objectif, pour ce soir…
Ainsi, après avoir rassemblé mes affaires, glissé Esmée dans ma poche, je me mettais en route.
---
Malgré l’absence de Svein, la jeune fille ne semblait pas se décourager, au contraire. Ses pensées s'emplissait d’un optimisme certain, et ses mots coupaient presque ceux d’Irina, peut être un peu trop dynamique ou trop enjouée.
« Il arrive bientôt. Il était avec Blue, il lui a montré la voie. »
La question suivante de l’étudiante parut intriguer le petit bout de blonde, que se grattais machinalement la tête, quelques instants, avant de regarder autour d’elle.
« Apparaître ? Euh… Ah, oui, les deux mondes… C’est vrai que toi et Svein vous n’êtes pas d’ici. C’est que la deuxième fois qu’il ramène quelqu’un d’autre, j’ai pas l’habitude ! Quand Svein a écrit nos livres, il a… Attends j’essaie de me souvenir de son charabia, c’est pas moi la Sage, et Rouge doit dormir à une heure pareille… »
Elle semblait réfléchir, voir bouillonner. L’enfant avait ce petit quelque chose de dynamique, de doux, innocent, et en même temps elle paraît à la fois si simple qu’il n’est pas étonnant que se souvenir de termes techniques ne soit pas son fort.
« Ah j’me rappelle ! Svein à dit que quand il nous a écrit, sa magie à connecté la plupart de nos coeurs avec le sien. Alors on peut passer de l’autre côté pour exister dans ce monde, là où il laisse une part de lui. En général, c’est des mots, ou des notes. »
Elle désigne lentement les écritures sur le piano, pour se mettre à lire à voix haute, d’une lecture assez maladroite.
« “ Si tu te sens égaré, ne pleure pas trop, le soleil naîtra à nouveau dans ton cœur, tes larmes gagnerons le ciel, et ton regard dominera l’horizon qui fera s’embraser en toi les joies d’une vie, et ton simple souffle deviendra l’immensité d’un ensemble auquel tu appartiens.
Alors accepte la nuit, pour voir sourire le jour.”
Il a dit qu’il a écrit ça parce qu’il a rencontré quelqu’un qui avait pas de maison ici il y a quelques années, il l’a ramené chez lui pour lui donner à manger, à boire, et il lui a même prêté son lit, et que le lendemain matin il était partis avec un mot de remerciement qui disait que grâce à lui il avait enfin pu ressentir de la chaleur, et pas celle du chauffage… Un… Truc comme ça, je me souviens plus. C’est toujours plus beau quand c’est Svein qui dit. Enfin du coup il est revenu là où il l’a rencontré pour lui écrire ça, j’espère qu’il l’a lu. »
Un temps, et la jeune fille semblait lever le doigt au ciel en se rappelant qu’elle était complètement sortie du sujet.
« Non, non, je disparaîtrai pas ! Sauf si tu t’éloignes trop. »
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Re: je peux très bien me (pas assez de toi) (sveirina)
Ven 22 Mar 2019 - 10:50
L’absence de Svein semble perturber la petite fille, et me rend triste, moi-aussi. Je n’ai aucune idée de le trouver, alors que j’avais envie qu’il soit le premier à savoir pour l’annulation de mes fiançailles. “Non, je pensais qu’il serait là, avec toi.” Cependant, la petite fille semble être plus enjouée de seconde en seconde, et je fronce les sourcils d’un air d’incompréhension. “Il arrive bientôt. Il était avec Blue, il lui a montré la voie.” Si je n’avais pas été aussi obnubilée par les premiers mots, j’aurais pu tiquer sur les suivants. Mais peu importe. Svein arrive. Il arrive. Bientôt. Je n’ai aucune idée de comment elle pourrait le savoir, cette apparition d’une dizaine d’année, mais je m’en fiche royalement. Il arrive. Je vais rester là, et l’attendre. Les notes créées par mes doigts sur le piano sont de plus en plus maladroites, le rythme de plus en plus lent, tandis que je décide d’interroger la petite sur son lieu d’habitation. “Apparaître ? Euh… Ah, oui, les deux mondes… C’est vrai que toi et Svein vous n’êtes pas d’ici. C’est que la deuxième fois qu’il ramène quelqu’un d’autre, j’ai pas l’habitude !” Donc le norvégien a créé un deuxième monde, où vit Ina ? De plus en plus intriguée et fascinée, je l’écoute attentivement me parler du brun. “Svein à dit que quand il nous a écrit, sa magie à connecté la plupart de nos coeurs avec le sien. Alors on peut passer de l’autre côté pour exister dans ce monde, là où il laisse une part de lui. En général, c’est des mots, ou des notes.” Hochant la tête, j’encaisse les mots de la petite fille. Mes yeux se posent sur les mots gravés dans le bois du piano, et la blonde fait de même, se mettant à les lire. “Il a dit qu’il a écrit ça parce qu’il a rencontré quelqu’un qui avait pas de maison ici il y a quelques années, il l’a ramené chez lui pour lui donner à manger, à boire, et il lui a même prêté son lit, et que le lendemain matin il était parti avec un mot de remerciement qui disait que grâce à lui il avait enfin pu ressentir de la chaleur, et pas celle du chauffage… Un… Truc comme ça, je me souviens plus. C’est toujours plus beau quand c’est Svein qui dit.” Souriant, je laisse mon regard se perdre vers les montagnes. “C’est vrai.” Le brun a toujours eu cette capacité à parler de manière poétique, alors que le reste du monde - et moi, en particulier - parle de manière très cartésienne. Il a toujours eu ces tournures de phrases, ces mots compliqués, ces expressions du visage lorsqu’il parle - un artiste. “Enfin du coup il est revenu là où il l’a rencontré pour lui écrire ça, j’espère qu’il l’a lu.” L’histoire du SDF ne m’étonne guère. Il a toujours eu le coeur sur la main. Je l’ai toujours admiré pour ça. "J'espère aussi."
L’expression de la jeune fille change, et je la regarde d’un air intrigué. “Non, non, je disparaîtrai pas ! Sauf si tu t’éloignes trop.” Riant légèrement, je passe une main dans mes cheveux. J’avais totalement oublié cette question, écoutant attentivement la blonde dans son récit, alors que les notes du piano étaient mortes depuis longtemps. Et en effet, je continue de la voir, je continue d’observer le paysage autour de nous. Je fais tâche, dans mon tailleur immaculé et mes chaussures à talons rouges. Mais tant pis. Un bruit derrière moi me surprend, et je me retourne sur le tabouret de piano. Svein est là. Il est là. “Salut.” Sourire qui illumine mon visage. Je suis vraiment heureuse de le revoir. “Comment vas-tu ?” La dernière fois que l’on s’est vus, il était à l’hôpital, et était très mal en point. Là, il a l’air d’avoir meilleure mine. Me levant, je m’approche de lui. “J’ai une grande nouvelle à t’annoncer.” Trépignant d’impatience, tellement heureuse d’avoir pu échapper à mon destin de fille de bonne famille, j’ai du mal à retarder l’échéance. “Le mariage est annulé.” Sourire qui s’agrandit encore plus, regard lumineux de fierté et de joie. Elle est loin, la reine des glaces, la princesse Norvégienne que tout le monde connaît. Devant Svein, je peux être moi-même.
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