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ta voix dans la nuit + aphrodite [terminé]
Mer 24 Avr 2019 - 14:22
CYRANO DE BERGERAC + FILM MUET
Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce?
Un serment fait d'un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui se veut confirmer,
Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer;
C'est un secret qui prend la bouche pour oreille.
19:00, devant le kiosque de barbe à papa de Honey Dukes, m'avait répondu la jeune femme. Nerveux, paniqué, j'ai dû me changer quatre fois, tenter de m'enfuir deux fois, jusqu'à ce que Riley menace de m'assommer et de m'y traîner lui-même. Abdiquant, j'ai laissé mon jumeau me tendre des vêtements, acceptant de les enfiler sans grande conviction, jetant un oeil à ma tenue, air dubitatif accroché au visage. J'imagine être présentable - enfin, qu'est-ce que j'en sais? L'essentiel de mes tenues habituelles se résume par mon maillot de quidditch et mes robes de sorcier, en général. Si je m'habille à la mode moldue, c'est surtout en noir, pour toujours rester discret et passer inaperçu - donc ces pantalons couleur rouille sont pour moi le summum de l'extravagance. Sourcil haussé vers le rouge, qui m'encourage. « Wish me luck? » J'en aurai clairement besoin.
Parvenu aux limites du domaine en volant, je dissimule mon balai dans une de mes caches habituelles, et je transplane vers le quartier sorcier d'Inverness. Les sons, lumières et surtout, l'odeur du sucre m'assaillent, symphonie des sens qu'il me faut un instant pour absorber. Chaos dans la rue, dans les bâtisses asymétriques si caractéristiques du monde sorcier, mon regard s'attarde sur tout, remarquant tous les détails - l'attention aux détails, c'est ce qui a fait que j'ai été recruté comme attrapeur : la capacité de remarquer l'infime dans l'immense. Ici, une décoration au rose légèrement délavé, affichant un film à l'eau de rose. Plus loin, une dorure plus asymétrique que la moyenne, une salle un peu trop nette. Mes prunelles noisettes s'accrochent au sommet d'un kiosque, l'enseigne distinctive du honeydukes bien en vue. Suivant la foule vers l'endroit où la jeune femme m'a demandé de la retrouver, je jette un oeil à l'horloge de la place publique : 18:55. Peut-être serai-je le premier arrivé? Je m'accroche aux mots avec l'énergie d'un désespéré, qui n'a aucune certitude, qui ne sait rien. Explorateur d'une terre que je semble seul à ne pas connaître, je me sens perdu, désorienté, et je tente de me rassurer en répétant les mots que je n'aurais jamais pu imaginer, écrits par elle. I liked both the real you and the possessed you. Tentant de trouver un courage que je n'ai jamais considéré avoir, j'inspire profondément, les battements furieux de mon coeur rythmant mon univers comme un tambour. This is like an experiment. Peut-être l'inventeur est-il plus apte à gérer cette situation que l'étudiant apeuré, me dis-je, le regard accroché aux détails que je parviens à trouver. J'apprécie relativement les foules, sans les adorer - il est relativement aisé de me fondre dans leur masse, et de me laisser porter par le courant sans trop réfléchir, ne voyant la crinière ensoleillée nulle part. I liked both the real you and the possessed you.
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Re: ta voix dans la nuit + aphrodite [terminé]
Jeu 25 Avr 2019 - 19:37
Une petite Aphrodite qui déambule dans les rues de Myrddin Wyllt, cheveux blonds brillant dans la pénombre du crépuscule naissant, bottines pailletées aux pieds, jean brodé avec des motifs de fleurs, un t-shirt blanc et une veste rose, j’ai essayé de faire soft en termes de vêtements. Car je vais voir Finnick, ce soir. Je retrouve mister Fraser. Et même s’il m’a connue avec des vêtements colorés, j’essaie d’y aller en douceur avec lui. Pina m’a dit de pas trop l’envahir, que ce soit visuellement ou auditivement. J’étais tellement contente quand il m’a envoyé cette lettre, pleine de ratures et de phrases avortées. Il m’aime bien. Malgré ma maladresse, il m’aime bien. I did want to k Sautillant légèrement, je me balade, les yeux grands ouverts découvrant les animations du festival. J’ai dit à l’Ethelred de venir à dix-neufs heures, et de se retrouver devant Honeydukes. J’ai encore du temps, je crois. Levant mon bras comme pour regarder l’heure, je me rends compte que je n’ai pas mis ma montre. Mince alors. Mais je crois que je suis en avance. Ce serait bien la première fois. Mais je ne veux rien rater ce soir.
Il m’a proposé Cyrano. Je ne sais pas trop ce que c’est, ce film. J’ai lu sur le flyer que c’était un vieux film… Je n’aime pas trop ce qui est vieux, surtout si c’est en noir et blanc, mais oh well, je vais pas dire non à mister Fraser, tout de même. Bon, j’ai quand même entouré deux trois animations à côté au cas où le film ne nous irait pas, ou si mister Fraser décide qu’il a envie de prolonger la soirée. Et j’aimerais bien qu’il décide de prolonger la soirée. Petit sourire complice qui illumine mon visage à cette idée.
Oh ! Du pop corn. Quelle merveilleuse idée ! Je ne suis pas la seule à l’avoir eu d’ailleurs, cette idée, puisque je dois faire la queue derrière une dizaine d’hommes et de femmes en tout genre. Oh, tant pis. Au moins, on aura quelque chose à manger. Je crève de faim, moi ! Non, c’est faux. Je suis juste gourmande. Ou les deux. Peut-être. En tout cas, je ne sais pas quoi prendre, donc je prends de tout. Tous les goûts de pop corn possible, et quelques choix de sucreries en plus. Peinant à tout transporter, je fais trèèèèès attention aux gens que je croise sur le chemin pour Honeydukes. Et là, je le vois. Grands yeux qui s’illuminent, cheveux qui semblent luire de leur propre source lumineuse, halo de lumière autour de moi. Il se détache du monde autour de lui par sa taille, principalement. Mais je ne sais pas, c’est comme s’il était la seule chose nette dans une image globalement floue. Me dépêchant de le rejoindre, je ne me rends pas compte que j’ai l’impression de courir. Aphro ! Qu’est-ce qu’on a dit ? Take things slow. Oui, voilà. Pas plus vite que la musique. M’arrêtant au milieu de la rue pour me reprendre, je prends une grande inspiration. Un pas devant l’autre, j’ai l’impression d’avancer à vitesse d’escargot.
“Hi, mister Fraser.” Etoiles dans les yeux, joues roses, sourire timide. C’est fou ce qu’il me fait perdre mes moyens. Take it slow. “I hope I’m not late, I stopped to buy some sweets.” Pas plus vite que la musique. Mais, et si la musique va vite ? Take it slow. Tendant la demi-douzaine de paquets de pop-corn et autres confiseries vers le gris, je tente de m’expliquer. “I didn’t know which one you prefer, so I took everything. There's popcorn : sweet, salted and caramel. Hm this one is a mix of Bertie Bott’s Every Flavor Beans, oh and there are Sherbet Lemons and Chocolate Frogs.” Slow. S.L.O.W. Okay, j’en ai peut-être trop pris. Me mordant la lèvre d’embarras, je me tourne vers le stand de barbe à papa non loin de nous. Pourquoi je lui ai demandé de me retrouver là, si ce n’est pas pour en acheter ? “Or maybe you want cotton candy ?” Slooooooow. Avalant ma salive, je repose les yeux sur Finnick. “You look nice.” Okay, I’m screwed.
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Re: ta voix dans la nuit + aphrodite [terminé]
Sam 27 Avr 2019 - 17:19
Occupé à tenter de lire le panneau affiché sur le kiosque, qui fait la liste de près d'une centaine de saveurs de barbe à papa, j'ai déjà l'eau qui me monte à la bouche. Pourtant, un mouvement caractéristique en périphérie de ma vision me fait instinctivement me retourner - réflexe d'attrapeur, habitué à remarquer les plus petits détails. Merlin knows she's not a detail. Sans parler de ses tenues tape à l'oeil, je la reconnaîtrais dans un océan de gens. Légèrement plus lumineuse que les autres, comme si un halo se dégageait constamment autour d'elle - mais ce n'est pas ce qui la rend spéciale. Je vois bien qu'elle tente de se contenir, de marcher plus lentement - si je ne suis qu'un débutant en termes de relations humaines, sa démarche paraît assez mécanique pour assumer qu'elle tente de ne pas accélérer. Mon coeur menace d'exploser tellement il bat fort dans ma poitrine, et je lutte contre l'envie passante de m'enfuir à nouveau. Not that I don't want to be here. Non. But I'll probably be bad at it. Pas le temps de me décider, la voilà qui m'accoste, une galaxie au fond du regard. « Hi, mister Fraser ». J'ai toujours aimé la prononciation écossaise de mon nom de famille, mais l'accent de la jeune femme sur mon patronyme provoque un étrange sentiment de fierté en moi, que je ne saisis pas. « Miss Aphrodite ». Simple salutation, sourire timide aux lèvres - timide, anxieux, mais tellement sincère. « I hope I’m not late, I stopped to buy some sweets », commence-t-elle alors que je pose les yeux sur les victuailles, marmonnant un rapide « not at all » avant qu'elle continue ses explications. « I didn’t know which one you prefer, so I took everything. There's popcorn : sweet, salted and caramel. Hm this one is a mix of Bertie Bott’s Every Flavor Beans, oh and there are Sherbet Lemons and Chocolate Frogs ». J'ouvre de grands yeux face au flot de paroles que vient de prononcer la jeune femme, mais en vérité, le fait qu'elle parle autant ne me dérange pas - une part de moi apprécie les gens volubiles, ils s'attendent moins à ce que je parle beaucoup, en général. C'est plutôt ma dent sucrée (très prononcée) qui me fait réagir : j'apprécie tout ce que la jeune femme tient dans ses bras - and the girl holding them.
Pourtant, Aphrodite semble se reprendre, se mordant une lèvre, me proposant autre chose. « Or maybe you want cotton candy ? » L'idée qu'elle puisse angoisser elle aussi me rassérène étrangement, moi qui croyais être le seul nerveux de cette histoire. Un grand sourire étire mes lèvres. « Everything looks great ». Ton enjoué et traversé d'un fond de gourmandise - mon péché, s'il en est un. « You look nice ». Je sens le rose me monter aux joues immédiatement, et maudis intérieurement mon visage qui ne sait rien cacher de mes émotions. « Y-you too », lui dis-je, me reprenant. Nice?! She doesn't look "nice". Are you thick? « I-I mean not nice ». Trébuchant sur mes mots, agacé par ma voix qui m'a toujours trop trahi, je recommence, regard noisette dans ses prunelles océan. « You look amazing », dis-je, convaincu et sincère, ne sachant pas comment poursuivre. Qu'est-ce qui est normal, dans ce contexte? Devrais-je lui tendre le bras? Lui offrir de prendre ses paquets? « S-so ... » Je glisse un regard vers la foule, tentant de trouver de l'inspiration sociale - que font les autres? Glissant mes mains dans mes poches, les coins des billets que j'avais achetés plus tôt aujourd'hui me rappellent à la réalité et me donnent un souffle d'inspiration. Je les tire de ma poche, adressant un sourire timide à l'étudiante. L'heure de la projection y est inscrite - 19h15. « Movie? »
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Re: ta voix dans la nuit + aphrodite [terminé]
Mer 1 Mai 2019 - 16:26
La scène est tout ce qu’il y a de plus banale - à combien de rencards ai-je participé, depuis mon adolescence ? Deux jeunes gens apprenant à se connaître, découvrant des sentiments nouveaux, incertains de la suite mais totalement grisés de l’expérience. En tout cas c’est ce qui se passe, de mon côté. Pourtant, rien n’est banal, ce soir. Tout a changé. J’aurais pu y aller avec la décontraction acquise au fil de l’expérience, me dire que tout est dans la poche, mais il n’en est rien. Je n’ai jamais été aussi anxieuse à l’idée d’aller voir un film avec une autre personne. C’est peut-être pour ça que j’ai claqué ma bourse en pâtisseries, en voulant pas me tromper sur les goûts de l’Ethelred, mais ne réalisant pas que dans le même temps, je risque de l’effrayer. Son sourire répondant à mon mordillement de lèvres me rassure instantanément. “Everything looks great.” Comme un poids qui se soulève de ma poitrine. Essayant de calmer mon coeur un peu trop enthousiaste, je suis cependant enhardie par la réponse du gris et tente un compliment. “You look nice.” Le rouge qui lui monte aux joues vaut tout l’or du monde. Récompense pour mon courage maladroit. “Y-you too, I-I mean not nice.” Arquant un sourcil, j’ai un mouvement de recul. “Wha-” L’interjection est cependant coupée par le blond, son regard noisette me figeant sur place. “You look amazing.” Une vague de chaleur me submerge, je crois que mon visage a pris la même teinte rosée que le sien. Je ne m’attendais pas à ça. Il me faut quelques secondes pour réagir. “Thanks.”
Mimant l’Ethelred, je regarde autour de moi. On doit avoir l’air vachement idiots. J’ai l’impression d’avoir quatorze ans, quand la proximité de Mary me faisait perdre tous mes moyens. Mes yeux sont attirés par le mouvement de Finnick. “Movie?” Ah mais oui, qu’est-ce qu’on est bêtes. On a oublié pourquoi on était là. “Yes !” Enthousiaste, je tente de retenir tous mes paquets de bonbons dans une seule main, tandis que l’autre s’enfonce dans ma poche de jean arrière pour pêcher le flyer sur lequel on peut voir des gribouillis au stylo à bille. L’emplacement de la projection de Cyrano est indiquée, et je me mets en route vers la cabane en question.
Entrant dans le cabanon, je laisse Finn présenter les billets, puis nous entrons dans la salle de projection. Une douce musique emplit la pièce, avant le début du film. Naturellement, je vais m’installer au dernier rang. Ma veste retirée, je sens des frissons d’excitation me parcourir lorsque le gris s’assoit à côté de moi. C’est grisant, cette proximité. Un peu gauche, je tends un paquet vers lui. “Pop-corn ?” Mes lèvres bougent, mais aucun son ne sort. Fronçant les sourcils, je tente une deuxième fois. “Pop-corn ?” Toujours pas. C’est quoi cette pièce, on ne peut pas parler ? Sortant à nouveau le flyer, je pose les yeux sur la description du film - qui a le temps de les lire, ces descriptions ? Silent film. Aaaaah. Voilà pourquoi. Avançant le parchemin vers l’étudiant, je lui lance un regard interrogateur. “Did you know ?” Oui ben quoi, je sais pas vraiment communiquer autrement qu’avec la parole, moi. On va espérer qu’il sait lire sur les lèvres.
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Re: ta voix dans la nuit + aphrodite [terminé]
Ven 3 Mai 2019 - 21:28
entre la maladresse et le désir
J'ai l'impression que tous les atomes constituant mon être veulent réagir différemment. La fuite. Trembler. Partir. Demander pardon pour une bêtise que je n'ai pas encore commise - mais il est certain que je finirai par en commettre une. L'embrass- non, calmons-nous, déjà, cessons de paniquer. Le fait qu'elle rougisse, elle aussi, me rassure un peu - ne serais-je donc pas le seul à être nerveux? Je présente les billets à l'entrée du cabanon dans lequel notre film sera projeté, mains tremblant légèrement - on croirait que je m'apprête à faire face à une bande de dragons sanguinaires. Calm down. What are you, four? Suivant la jeune femme alors qu'elle choisit notre rangée, je m'installe près d'elle, nerveux, excité, enthousiaste et craintif à la fois. Me demandant quoi faire, comment agir dans cette situation, je regarde autour de nous : des couples qui se tiennent la main (too soon, no?), d'autres qui s'embrassent (cause that worked so well last time ...), des hommes tentant plus ou moins subtilement de camoufler un câlin par un étirement. Les observant, je me dis que j'aimerais être le genre de personne qui oserait le faire, entourer les épaules d'Aphrodite d'un de mes bras comme si de rien n'était, comme si c'était le geste le plus naturel à faire lors d'un rendez-vous amoureux - il s'agit bien d'un rendez-vous amoureux? Peut-on aller regarder un film en tant qu'amis? Oh god maybe this is a friendly date.
La jeune femme m'arrache à mes réflexions, me tendant un paquet de pop corn, ses lèvres formant des mots qui ne parviennent pas à franchir le seuil de sa bouche charnue. La regardant, j'en oublie mon questionnement au sujet du rencard d'amis, récitant les mots de sa lettre dans mon esprit comme une litanie. I liked both the real you and the possessed you. Observant ses réactions, intrigué, je ne peux m'empêcher de sourire légèrement, comme un idiot. « Did you know ? » Je crois comprendre les mots sur ses lèvres, et je hoche la tête, petit sourire pénitent accroché au visage, formant moi aussi des mots silencieux en guise d'excuse. « Bad with words ». D'un regard, je lui souhaite la bienvenue dans mon univers - un univers de silence, où les mots mentent, mais dans lequel les yeux sont si sincères. Lui souriant doucement, pris d'une hardiesse que je ne reconnais pas, j'étire un bras, lui demandant, du bout des lèvres, sourcils haussés, « May I? » Mon cœur bat la chamade, mes mains en tremblent presque. Un peu plus, et je vais échapper le pop-corn, les dragées et toutes les sucreries d'Aphrodite sur nous, et tout gâcher. J'inspire doucement. La musique précédant le générique commence à jouer, annonçant le début prochain du long métrage. L'ambiance est douce, portant les traces d'un romantisme du passé loin des manœuvres et coups fourrés que certains semblent prêts à faire pour attraper la gent féminine.
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Re: ta voix dans la nuit + aphrodite [terminé]
Sam 4 Mai 2019 - 22:39
Mister Fraser. Quel personnage intriguant. Un moment stressé et bégayant, une autre fois concentré et sûr de lui, puis possédé et extravagant, et enfin là, ce soir. Il sourit comme s’il m’avait fait une surprise et attendait que je le découvre. Clairement, il savait. Il a certainement choisi ce film pour l’attraction qui allait avec. Fronçant les sourcils, je ne peux m’empêcher de me demander si c’est pour ne pas devoir entendre le son de ma voix, qu’il a choisi ce film. Accrochée à son regard et à ses lèvres, car c’est le seul moyen de communiquer, maintenant, je cherche une réponse. Est-ce qu’il a décidé de me piéger, de voir comment je réagirais en étant privée de parole ? Est-ce qu’il veut me faire payer le fait de l’avoir forcé à parler, sur son balai ? Pourquoi est-ce que son sourire est si énigmatique ? Ca me rend folle - de peur. “Bad with words.” Oh. Mes yeux et ma bouche prennent d’ailleurs la forme de cette lettre ronde, alors que je hoche doucement la tête. Je comprends, maintenant, il voulait juste être à l’aise. Mais moi, dans l’histoire ? Je n’ai jamais aimé le silence. Le silence, c’est la nuit, c’est l’ennui, c’est la forêt en Bulgarie. C’est l’angoisse, c’est les harpies.
Mon regard ayant légèrement divagué, dans le vide, je suis rappelée à la réalité par un mouvement de l’Ethelred. Me décalant pour observer son bras, je fronce les sourcils. Menton relevé pour lire son visage - puisque je ne peux pas entendre sa question. “May I ?” Il me faut quelques secondes pour comprendre ce qu’il me demande. Les yeux tour à tour sur le bras et le visage de Finnick, je réalise soudainement qu’il me demande de m’installer contre lui. Moue de surprise, joues écarlates, vent d’excitation mais aussi de panique sur mon coeur. Mes lèvres s’étirant en un sourire un peu timide -j’ai vraiment quatorze ans, c’est fou-, je hoche la tête, avant de prendre position contre lui.
Et maintenant, on fait quoi ? On attend ? Excitée par la proximité du blond, c’est tous les efforts du monde que je fournis pour ne pas poser ma tête sur son épaule, ou encore l’embrasser tout de suite. Take it slow. La phrase de Pina qui tourne en boucle dans ma tête. Reposant les yeux sur le flyer, je redécouvre ce que j’ai entouré, dans ma préparation de cette soirée. Un film en particulier m’intéresse. Sortant un stylo de ma poche -oui, j’ai toujours un stylo sur moi, comme tout journaliste qui se respecte, c’est quoi le problème ?- je griffonne quelques mots de mon écriture ronde. Montrant le parchemin à l’étudiant, je lui indique le film Mama Mia ! entouré trois fois. A côté, “after ?” Regard plein d’espoir vers le gris, qui est très proche de moi maintenant. Quelques centimètres et je pourrais retrouver le contact de ses lèvres. TAKE IT SLOW ! Déglutissant, je pointe mon doigt vers le mot “Greece” dans le résumé du film, puis je dirige mon index vers ma poitrine, reposant mon regard sur Mister Fraser. “Home.” S’il m’invite dans son univers, j’aimerais lui faire découvrir le mien.
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Re: ta voix dans la nuit + aphrodite [terminé]
Sam 11 Mai 2019 - 10:31
Oui, ma vie
Ce fut d'être celui qui souffle, - et qu'on oublie!
Vous souvient-il du soir où Christian vous parla
Sous le balcon? Eh bien! toute ma vie est là:
Pendant que je restais en bas, dans l'ombre noire,
D'autres montaient cueillir le baiser de la gloire!
C'est justice, et j'approuve au seuil de mon tombeau:
Molière a du génie et Christian était beau!
Saisi d'une forme de courage qui ne me ressemble pas, je fais mine d'étirer un bras autour d'Aphrodite, lui demandant silencieusement si je peux. Ses joues teintées de rose, elle hoche la tête, et je pose le bras sur son siège. Merlin'spantsshesokaywithit. Okay. Calm down. This is fine. This. Is. Fine. Le parfum de l'étudiante m'envahit, senteur d'iode malgré l'absence d'eau salée dans les environs. Je regarde les gens autour, tentant de voir comment ils sont placés, comment réagir au fait qu'elle ne s'appuie pas sur moi alors que les autres jeunes femmes le font au bras de leur partenaire - am I doing it wrong? Le mouvement de l'étudiante me tire de mon questionnement paniqué, et je lis, yeux plissés, les mots griffonnés sur son plan. Mamma Mia! ne me dit rien, mais si ce film peut provoquer la lueur qui s'est glissée dans son regard lorsqu'elle a tenté de dire home, je l'y suivrais sans réfléchir. Je hoche donc la tête, sourire léger aux lèvres, saisi d'une bouffée de chaleur à l'idée qu'elle veuille passer davantage de temps avec moi d'entrée de jeu.
Le premier acte s'ouvre, les images en noir et blanc défilant au rythme du piano qui accompagne l'oeuvre muette, séquences entrecoupées de dialogues encadrant des plans d'acteurs exagérément maquillés. Sont-ils ridicules, ainsi? Peut-être un peu. Peut-être ont-ils le ridicule de l'expression, me dis-je, enfermé dans mon confortable mutisme, univers de silence uniquement rompu par la musique de la bande sonore. Pourtant, il y a quelque chose d'extraordinairement vrai qui se dégage du jeu des acteurs. 1640, un public varié attend une représentation théâtrale. Cyrano, terrible et fier, interdisant à un acteur de se produire sur scène parce qu'il avait osé reluquer l'élue de son cœur, que le guerrier n'osait pourtant approcher à cause de sa laideur perçue - Roxane. Sur scène, le poète bretteur semblait avoir vingt cœurs, cent bras, affrontant un bellâtre ayant osé insulter son appendice nasal. La tirade du nez défile alors que les opposants s'affrontent. Déclamant ses vers improvisés alors qu'il tient aisément tête au bellâtre, Cyrano se déchaîne. Tendu comme un arc, je suis la performance avec fascination, mes yeux pétillant d'enthousiasme. Le bretteur poète m'inspire ; humble et doué, il n'hésite pas à aller de l'avant - tout ce que je ne suis pas, mais de le voir, ainsi, me donne de l'espoir. Je retiens des exclamations lorsqu'il se fait attaquer, soupirant lorsqu'il pare l'estoc de son adversaire. Pourtant, le Gascon complétant sa tirade, mon visage se décompose. Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres, Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot! Sot, ne sachant aucunement manier les lettres, encore moins les mots, je le suis. Lèvres pincées, je recule à nouveau dans mon siège, non pas dépité mais prêt à m'enfermer dans ma gêne.
Jetant un regard en coin vers Aphrodite, je me demande si elle a remarqué mon changement d'attitude au moment clef ... et j'en oublie ma question. Son enthousiasme face aux péripéties de Cyrano me fait sourire doucement, et mon marasme disparaît, remplacé par un étonnement béat. I could stay like this forever. Installés ainsi, proximité tentante mais sécuritaire puisqu'elle ne s'est pas laissée aller contre moi (how could I have dealt with it, anyway?), mais m'a autorisé à placer un bras sur le dossier de son siège, position étrangement protectrice et quasi possessive que je me surprends à apprécier. Protégé toute ma vie durant, le sentiment de jouer ce rôle, ne serait-ce que symboliquement, en étendant un bras autour d'elle sans véritablement la toucher, semble me révéler une facette de ma personnalité que je ne connaissais pas. She's with me. J'ai presque envie de me pincer pour être certain que je ne rêve pas, tellement la situation me paraît invraisemblable.
À l'écran, le héros semble vivre les mêmes émotions que moi, nouvel acte s'ouvrant sur la boulangerie d'un ami, où Cyrano attend, fébrile, le rendez-vous proposé par Roxane. L'actrice incarne un univers de douceur et de pudeur, et le poète bretteur s'illumine comme mille soleils lorsqu'elle entre en scène, lui avouant qu'elle est amoureuse. Me pinçant une lèvre, connaissant la suite de l'histoire, mon visage se décompose néanmoins au même rythme que celui du héros lorsque la jeune femme avoue aimer Christian de Neuvillette, un jeune baron engagé dans la compagnie de Cyrano qui, défait, accepte de le prendre sous son aile. Le sentiment me semble trop familier, presque. Passer second, moi, par gêne, par maladresse, par timidité paralysante - je connais trop bien cette impression, constamment éclipsé par mon jumeau et, intérieurement, satisfait de l'être. Plus sûr, de ne pas être remarqué, moins de risques à prendre. Pourtant, ici, je remercie silencieusement mes bonnes étoiles ... Murphy, de m'avoir encouragé à écrire à Aphrodite, et Riley, de m'avoir forcé à répondre à sa lettre. She's here, with me. À l'écran, Christian tente d'affronter Cyrano afin de gagner sa place parmi les Cadets de Gascogne, mais, respectant sa promesse, l'aîné refuse de répliquer, l'écoutant plutôt lui parler de Roxane, à qui il ne sait pas comment parler. Je glisse un regard vers Aphrodite, compatissant avec le plus jeune - I know the feeling. Malgré tout, malgré l'amour qu'il éprouve pour Roxane, Cyrano propose à Christian de l'aider à la séduire et lui donne la lettre d'amour qu'il avait rédigée avec l'intention de la lui offrir en son propre nom. Le sacrifice dépeint à l'écran me serre le cœur. Une fois pour Cyrano, convaincu de ne pas être à la hauteur, et une fois pour Christian, ne se doutant de rien.
Malgré les conseils donnés par Cyrano, Christian se montre incapable de parler adéquatement à la belle et, spectateur, je ne peux que compatir avec le personnage, le voyant trébucher, ne pas trouver ses mots. Une légère grimace pleine d'empathie peint mes traits, je comprenant que trop bien sa position. Pourtant, le poète n'abandonne pas son protégé - la prochaine scène nous les montre, cachés sous le balcon de la précieuse, le bretteur soufflant des répliques improvisées au jeune homme, charmant avec succès Roxane, convaincue que l'esprit superbe était celui de Christian. Moi, je ne suis qu'une ombre, et vous, qu'une clarté, dit Cyrano à Roxane par le biais du jeune baron. Regard fixé à l'écran, saisi de tristesse pour cette scène que d'autres croiraient peut-être romantique, je sens Aphrodite se caler contre moi, la soie de sa crinière dorée contre mon cou. Envahi par un sentiment de tranquillité, comme si aucune position ne m'avait jamais autant convenu que celle-ci, je pose doucement ma joue sur le sommet de sa tête, humant le parfum d'iode s'en dégageant. Can hearts burst with joy? Sur scène, Cyrano prend la place de Christian, murmurant à sa place, son anonymat protégé par la pénombre. Il semble transi, saisi par une émotion qu'il n'avait jamais pu exprimer auparavant et, transporté, je sens la moindre réplique lue à l'écran comme mille tambours dans ma poitrine, réalisant à peine qu'il s'agit de mon cœur. Dans la nuit qui me protège, j'ose être enfin moi-même et j'ose ... où en étais-je? Pardonnez mon émoi. C'est si délicieux, c'est si nouveau pour moi ... Nouveau, oui. Cette sensation de douceur, d'émoi, de possessive protection, avec Aphrodite avec moi, reposant contre moi. sens-tu mon âme, un peu, dans cette ombre qui monte? Sent-elle la mienne, en émoi, simplement parce qu'elle est avec moi? Saisit-elle le trouble qui m'envahit, l'émerveillement d'être avec elle, et la crainte qu'elle réalise que je ne lui arriverai jamais à la cheville?
Mariés en secret, Roxane et Christian sont séparés par la guerre. À l'écran, les soldats affamés s'épuisent et manquent de courage, tandis que Cyrano traverse chaque jour les lignes ennemies pour faire parvenir des lettres à Roxane, qu'il rédige et signe au nom de son époux. La jeune femme parvient à se rendre au siège, touchée par la sincérité des lettres que Christian n'avait pas eu connaissance d'avoir envoyées. Comprenant enfin que Cyrano a toujours été amoureuse de Roxane, et que la précieuse l'aime en retour sans le savoir, le baron tente de persuader Cyrano de lui dire la vérité. Le jeune homme mourant au combat, le poète choisit de taire son amour pour Roxane. Mon bras quitte le dossier d'Aphrodite, entourant désormais les épaules de l'étudiante, que je serre contre moi, instinctivement, sans réfléchir, parce que j'avais besoin d'un contact humain, de la sentir contre mon torse alors que le drame se déroule sur scène. Cyrano écrivait des lettres parce que Christian était sot. Moi, que suis-je? Ni méritant, ni vif d'esprit. Nullement un champion de verve comme Cyrano l'est, loin du canon de beauté que représente le baron, sans talent de bretteur. Tout ce que je sais faire, semble-t-il, c'est m'envoler - parfois pour fuir.
Quinze ans ont passé. Roxane, retirée dans un couvent, reçoit la visite hebdomadaire de Cyrano qui, mortellement blessé mais le cachant à la jeune femme, arrive en retard. Évoquant la dernière lettre de Christian, Cyrano demande à la lire. Je peux ouvrir?, demande le poète, sachant déjà le contenu de la lettre, qu'il commence à déclamer sans réellement la lire. Les mots ne l'ont jamais quitté, toutes ces années durant. Aux premiers mots, Roxane se redresse, surprise. J'ai l'âme lourde encore d'amour inexprimé, et je meurs ... La jeune femme doute. Comme vous la lisez, sa lettre, peut-on lire à l'écran. Comme vous la lisez, cette lettre ... Vous la lisez, d'une voix ... mais que je n'entends pas pour la première fois. Cyrano met de côté la lettre, en déclamant les vers alors que Roxane se retourne enfin vers lui, réalisant que c'était lui qui l'avait charmée lors de cette première nuit, sous son balcon. Je fus celui qui vous aima sans mesure. Mon cœur menace d'exploser dans ma poitrine, et je serre Aphrodite contre moi, les yeux rivés à l'écran, suivant chaque sursaut des acteurs, chaque trémolo d'émotion dans leurs prunelles. La voix dans la nuit, c'était vous, dit Roxane, réalisant enfin que le héros l'aimait en silence depuis plus de quinze ans.
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Re: ta voix dans la nuit + aphrodite [terminé]
Mar 14 Mai 2019 - 22:34
Le film commence, et je suis rapidement prise par l’action se déroulant devant moi. Malgré le silence, malgré les scènes entrecoupées de pans de textes. Les mains piochant dans les diverses sucreries achetées un peu plus tôt, je suis happée par l’action, la virtuosité de Cyrano pour l’épée et les mots - j’aimerais arriver à sa hauteur, un jour. Le combat se termine, et enfin on apprend les raisons du combat : le Gascon est persuadé d’être trop laid pour mériter l’amour d’une femme. Je sens mon coeur se serrer pour le personnage à l’écran, et je tente de cacher au maximum à quel point les paroles résonnent tristement dans ma poitrine.
La suite de la pièce se déroule, et traîne un peu en longueur, mais la présence de l’Ethelred autour de mes épaules vaut le coup d’attendre des heures, s’il le faut. Lorsque Christian tente de parler à Roxanne, et qu’elle le repousse, je me rends compte, horrifiée, que si je devais me retrouver dans un personnage, ce serait lui, et non Cyrano. Moi, je suis celle qui ne sait pas parler à celui qui a ravi mon coeur. Je suis celle qui a besoin d’aide pour discuter avec Finnick, aussi blond que la jeune femme à l’écran. Je suis celle qui recopie les mots énoncés par Cyrano, incapable de communiquer avec l’attrapeur. Et Cyrano, c’est Pina. Mais oui, c’est logique, c’est clair, c’est limpide : je ne suis pas faite pour lui, il a besoin de quelqu’un aussi douce que je suis maladroite, aussi calme que je suis bruyante, aussi réfléchie que je suis spontannée. Dévastée par ce constat, je décide de faire comme Christian : oublier les problèmes pour l’instant, et profiter du moment. Je suis, de toute façon, coincée ici pendant encore quelques minutes, au moins une heure, non ? Autant profiter de cette heure, puisque ce sera la dernière. Alors, lorsque Cyrano déclame son amour à Roxane, je pose ma tête sur l’épaule de Finnick, savourant la sensation de son crâne reposant doucement sur le mien. De là, il ne peut rien voir, aucune expression sur mon visage. Profitant de cette position, je ne contrôle pas mon visage. Mes grands yeux bleus fixés sur l’écran, je ne lis même plus les vers, je ne suis plus les mouvements du regard. J’attends juste que ça passe, espérant secrètement que le film dure une éternité.
A la guerre, je sors momentanément de ma torpeur lorsque Christian se rend compte de l’évidence : c’est Cyrano, que Roxane aime, et pas lui. You and me both, brother. Inspirée par son acte, que certains pourraient qualifier d’idiot, mais que je trouve noble, une idée germe dans mon esprit. Non, je ne mourrai pas pour le bonheur de mister Fraser, mais… je peux le laisser vivre sa vie. Sans moi. Mes yeux se ferment alors que je sens la main du blond contre moi, qui me sert contre lui. Alors je ferme les yeux, respirant peut-être un peu plus fort son odeur. J’essaie d’imprimer ce moment dans mon esprit : moi, contre lui ; lui, contre moi. La sensation de sa joue sur mes cheveux, de ma joue sur son épaule, de sa main sur mon bras, de son parfum contre mon nez, de ces battements de coeur contre mon oreille. Garder cette image, ces sensations, en tête, car je ne les retrouverai plus. Lorsque j’ouvre à nouveau les yeux, Roxane découvre avec horreur l’amour que Cyrano éprouve pour elle depuis tant d’années. Les yeux qui se remplissent de larmes, que j’essaie de contrôler, et je fais tout ce que je peux pour patienter le plus sagement possible la fin de la pièce. J’ai l’impression que le Gascon met tout en oeuvre pour me torturer le plus longtemps possible, puisqu’il refuse de mourir.
Quand enfin les mots “the end” apparaissent à l’écran, que les lumières se rallument dans la pièce, que les gens se relèvent, je m’écarte de mister Fraser. Les yeux brillants de tristesse, une boule dans ma gorge, je sais ce que je dois faire. Me tournant vers lui, je récupère le bras qui était autour de moi, l’attrapant au poignet. Les yeux qui s’embrument alors que je viens poser sa main contre ma poitrine, proche de mon coeur. Ma main libre se pose sur son torse, et lors de ce contact, nos deux corps se mettent à briller d’une même lueur. Secouant lentement la tête, je remercie pour la première fois le sortilège de mutisme du lieu. “I’m sorry.” En un mordillement de lèvres, je lâche enfin le blond, mon corps reprenant une couleur normale, voire plus terne que d’habitude. Détournant le regard, j’attrape ma veste et sors à la hâte du cinéma, laissant derrière moi les sucreries et le plan tout gribouillé.
Dehors, je m’arrête un instant devant le cabanon. Je ne sais pas où aller. Quoi faire. J’ai juste envie d’oublier. Comme après chaque histoire, comme à chaque fois. Le coeur douloureux, j’ai besoin de retrouver quelque chose de réconfortant. La Grèce. La Grèce. J’avais trouvé une animation se déroulant en Grèce, non ? Certes, pas à Santorin, mais je pourrais y retrouver ma mer Méditerranée. Me mettant en mouvement, à la hâte, je tente de trouver la cabane s’intitulant Mamma Mia ! Quelques minutes plus tard, je pose enfin les yeux sur les deux mots qui hantent mon esprit. M'engouffrant à l’intérieur, j’ignore la musique disco et déambule, le regard hagard. Je cherche une chose, une seule. Et, au détour d’une ruelle bordée de maisons blanches, je la vois. La mer. Pressant le pas, je me retrouve presque à courir dans sa direction, ne m’arrêtant que pour ôter mes chaussures et enfoncer mes pieds dans le sable. Soupir de soulagement, et les larmes qui se mettent à couler d’elles-mêmes alors que je me laisse tomber sur la plage. Perles salées qui se mêleront à l’immensité de la grande Bleue.
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Re: ta voix dans la nuit + aphrodite [terminé]
Jeu 23 Mai 2019 - 8:44
La fin du film s'affiche à l'écran, après les derniers mots de Cyrano - mon panache. Le coeur serré, l'âme qui tressaille, malgré tout, un petit bonheur s'y glisse obstinément, parce qu'elle est avec moi, contre moi. Je n'ai pas réfléchi, en la serrant contre mon torse, je n'étais qu'une avalanche de sentiments déboulant au même rythme que l'oeuvre cinématographique. À présent que le film est terminé, je réalise que j'ai été cavalier avec la jeune femme - ouvrant la bouche pour lui demander pardon, pour expliquer, je réalise que je ne pourrai rien dire, le silence de la pièce aidant. Sans avoir l'occasion de lui témoigner un brin de courtoisie, la jeune femme prend ma main pour la poser près de sa gorge, à la hauteur de son coeur. Les joues virant au cramoisi, yeux écarquillés, je ne comprends rien de ce qui se déroule présentement entre nous, mais je sens avec trouble ses doigts se poser sur mon torse. Sent-elle les battements furieux de mon coeur paniqué, en émoi? Une lumière douce nous enveloppe, et pourtant, ce ne sont pas les traits de la jeune femme que je remarque, mais la chaleur qui nous lie l'un à l'autre, comme si l'univers autour de nous était une plaine froide et sans vie. Rien n'est aussi beau qu'elle ... but it's not her face. C'est sa façon de se promener les bras chargés de friandises, comme si elle pouvait conquérir le monde avec assez de sucre. Le fait qu'elle m'ait rejoint dans le ciel, lors de notre rencontre. Son assurance et sa maladresse, me décochant des sourires charmeurs, mais échappant sa plume et sa baguette au premier moment. the way she calls me mister Fraser. Les mots de Sapphire me reviennent en tête. Are you in love, Finnick Fraser? Murphy me l'avait demandé, elle aussi.
Am I? Is this what it feels like?
Pourtant, je n'ai pas le temps d'y réfléchir davantage, puisque la jeune femme rompt le contact. Ai-je fait quelque chose de mal? Was I supposed to kiss her? Take her hand? Ask how her day went? J'aurais tellement besoin d'un Cyrano, moi aussi ... Ses lèvres forment des mots, mais je suis tellement envahi par la déception que je ne parviens d'abord pas à comprendre. L'abeille a disparu lorsque je saisis enfin ce qu'elle voulait dire. Désolée? Mais de quoi? Aphrodite n'a rien fait de mal, c'est probablement moi qui ai gaffé, comme toujours. Malheureux, résigné, je jette un regard autour de moi, comme si la salle allait pouvoir me répondre. Mon regard noisette se pose sur les sucreries abandonnées, et je m'empare d'un chocolat, dépité. Chocolate is for maimed hearts. Je suis sûr de l'avoir lu quelque part. Mes doigts se referment sur le plan abandonné par Aphrodite, et je relis les mots qu'elle a gribouillés plus tôt. Home, avait-elle écrit. La Grèce, tellement loin de tout ce que je connais. Je ne sais pas ce qui me prend, mais je me lève machinalement pour tenter de trouver le cabanon où Mamma Mia 2 est mis en scène - si Aphrodite n'est plus intéressée (l'a-t-elle seulement déjà été? N'est ce pas simplement moi qui me suis fait des films, en réalité?) par moi, je ne manque certainement pas d'intérêt pour elle ... Non. J'aimerais savoir à quoi ressemble sa contrée natale, sentir l'iode ayant envahi mes narines lorsque je la tenais contre moi. Vague à l'âme, je sors de la salle de projection pour tenter de trouver le cabanon, dépassant de quelques centimètres la plupart des passants. Une affiche m'indique le petit bâtiment à trouver, et je m'y glisse, me protégeant les yeux lorsque la lumière du soleil envahit mon champ de vision. La chaleur se dégage de tout : des pierres, du ciel, du sol pavé. Une musique semble remplir tout le village marin, au rythme disco distinctif.
Retirant mes souliers et ma veste, je déambule entre les bâtiments, mon regard s'accrochant à tout, affamé pour tout ce qui me rappellerait la jeune femme, m'aiderait à mieux la comprendre. Tous mes sens sont envahis par des échos d'Aphrodite - les accents grecs qui roucoulent, les couleurs vives du village qui, malgré ses murs blancs, est bigarré de peintures qui me rappellent les broderies du jean de la sorcière, l'odeur d'iode ... La mer. She said she was a sailor. Je laisse mes pas me porter vers la marina, où de nombreux voiliers trônent sur les vagues. Mon regard se porte sur la plage, se posant sur quelques Grecs qui déambulent et sur une crinière dorée que je reconnaîtrais entre mille. Devrais-je oser? N'est-ce pas elle qui est partie? Si elle voulait être en ma présence, ne serait-elle pas restée? Pourtant, je vois le malheur qui habite son visage, et les pleurs ornant ses joues. M'approchant à grandes enjambées, je murmure, m'arrêtant à deux pas d'elle, gardant une distance respectueuse du fait qu'elle a déguerpi. « I'm s-sorry if I did something to upset you », dis-je en décochant un regard malheureux aux larmes ornant ses joues. « I don't h-have much practice in th-this ». Clarté, Finn. Qu'est-ce que je raconte? « in d-dates ». Je m'arrête, saisi d'un doute. « W-was it a date? » Je me laisse tomber sur le sable, comme si le malheur qui me plombait désormais l'âme m'avait fait physiquement couler. « I'm sorry. I'm like Christian. I-I'm bad with words ».
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Re: ta voix dans la nuit + aphrodite [terminé]
Lun 3 Juin 2019 - 21:57
Ecrasée par mon malheur, je me laisse tomber sur la plage, les pieds enfoncés dans le sable, la sensation familière faisant automatiquement couler les larmes sur mes joues. Les jambes repliées contre ma poitrine, je fixe la mer, la laissant me bercer comme elle l’a fait de si nombreuses fois. Lorsque j’avais treize ans et que Mary est rentrée chez elle, après ses vacances. Lorsque je me suis fait attaquer par un groupe de vélanes. Ce soir. Je sais que ce n’est pas la vraie, mais l’illusion est tellement bien faite, et j’ai le coeur trop meurtri pour faire attention à ce détail.
Quelle idée j’ai eu de l’inviter ? J’aurais dû l’oublier le moment où il s’est échappé, après notre baiser. Par Merlin, pourquoi est-ce que je l’ai embrassé ? Il mérite tellement mieux que moi. Je le sais maintenant, mais je le savais déjà, à ce moment là. Je ne voulais juste pas me l’avouer. Profiter du moment avant qu’il s’échappe. Ce soir, c’est moi qui me suis échappée. Les yeux plantés sur le mouvement des vagues, j’écoute le doux son de l’eau. La mer me parle, parfois. Elle me rassure. Elle me soutient. Elle m’épaule. “I'm s-sorry if I did something to upset you.” Prise par surprise, je sursaute, me tournant vivement vers l’étudiant, que je n’ai pas entendu arriver. Vite, j’essuie les quelques larmes restées accrochées à mes joues, refusant d’être vue dans cet état. “I don't h-have much practice in th-this - in d-dates.” C’est étrange, les rôles sont inversés. C’est lui qui parle, et moi qui me tais. Et c’est lui qui s’excuse, alors que je suis celle qui a fauté. “W-was it a date ?” Reposant les yeux sur l’eau, mes lèvres s’étirent en un rictus mi-amer, mi-gêné. “Yes, it was.” Ma voix est faible, et je ne suis pas sûre qu’il m’ait entendue, au dessus de la musique disco et du bruit des vagues. L’Ethelred s’assieds par terre, d’une façon aussi peu correcte que la mienne, quelques minutes plus tôt. Il s’installe loin. Très loin. Tout à l’heure, je pouvais le toucher, me serrer contre lui, sentir l’odeur de sa peau.
Plus maintenant.
“I'm sorry. I'm like Christian. I-I'm bad with words.” Interloquée, je tourne le visage vers lui, les sourcils haussés. Clignant des yeux plusieurs fois pour être certaine d’avoir bien entendu, je le fixe, comme si j’espérais qu’il me dise qu’il blaguait dans un sourire. Mais non, rien. “You’re not Christian, you’re Roxane.” Doucement, je commence à énumérer les raisons qui me poussent à le comparer à cette femme. “You’re nice, and quiet, and… blonde.” Ma main lâche momentanément ma jambe pour effectuer un geste vague en direction de sa crinière de blés. “And I can’t talk to you.” La fatalité de la chose me pèse et mes épaules s’affaissent encore plus sous le poids de la révélation. Soudainement, je m’emporte. “I’m Christian, and Pina is Cyrano, and you should go out with her, and not me.” L’idée que Mister Fraser ne puisse pas connaître Pina n’atteint pas mon cerveau. Pour moi, c’est l’évidence. “She’s the one who told me how to act, what to write on that letter, what to… wear.” Mon regard s’attarde quelques instants sur mes vêtements, très peu colorés, par rapport à mon habitude. “You’re a genius and I’m a failure.” Rose, Rosebury, Elios me l’ont bien fait comprendre ces derniers jours. “I don’t deserve you.” Mon menton retourne se poser sur mes genoux, mes mains serrant mes jambes contre ma poitrine. “You should go and find a nice and quiet girl to date, and I’ll just…” Je ne sais même pas comment terminer cette phrase, comprimée par la tristesse qui m’enveloppe. Soupir de désespoir, les yeux sur les vagues, les cheveux ternes malgré l’éclat du soleil au dessus de nos têtes.
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Re: ta voix dans la nuit + aphrodite [terminé]
Lun 10 Juin 2019 - 20:33
what's the name of the game?
Peiné, confus, je marmonne, tentant d'expliquer, de présenter mes excuses, et je cherche à savoir s'il s'agissait d'un rencard, bégayant. « Yes, it was », fait-elle, moue au visage - le regrette-t-elle déjà parce que j'ai mal fait? Me laissant choir au sol près d'elle, mais gardant une distance respectueuse du fait qu'elle s'est enfuie, je sens le besoin d'expliquer davantage - tout ; ma maladresse, ma stupidité. « I'm sorry. I'm like Christian. I-I'm bad with words. » Me trouve-t-elle présomptueux? Il est vrai que l'acteur qui incarnait Christian était très beau, du moins en théorie puisque je ne me suis jamais promené de ce côté de la clôture (or any fence, really), mais je me comparais à lui pour son manque d'aisance avec les mots, pas son beau visage. « You’re not Christian, you’re Roxane. You’re nice, and quiet, and… blonde. » Surpris, j'écarquille les yeux. Roxane? Mais Roxane avait de l'esprit. Surtout, si je suis Roxane, qui serait Aphrodite? Certainement pas Cyrano, bien qu'elle semble avoir infiniment plus d'aisance avec les mots que moi. « You're nice and blonde too », lui fais-je remarquer, désignant sa crinière dorée, éludant une des trois caractéristiques utilisées par la sorcière. Ok, maybe not quiet. But that's not a flaw! Pourtant, elle s'entête. « And I can’t talk to you. I'm Christian, and Pina is Cyrano, and you should go out with her, and not me. » Christian? Comment pourrait-elle se comparer à lui? Il était si bête et malhabile ... Comme moi, pas elle! Et qui était cette Pina? Comment la Summerbee pouvait-elle penser que je devrais faire la cour à quelqu'un que je ne connaissais pas? « Pina ...? » N'était-ce pas avec moi qu'elle avait voulu passer la soirée? Pourquoi voudrait-elle m'envoyer avec une autre? « She’s the one who told me how to act, what to write on that letter, what to… wear. You’re a genius and I’m a failure. I don’t deserve you ». Mes arguments s'étranglent dans ma gorge, mais un petit son de protestation désarticulé m'échappe tout de même. Appuyé sur le sable, je fais un semblant de geste, hochant vigoureusement la tête pour m'appuyer. « N-no! I- » Je l'observe alors qu'elle ignore mon opposition, posant son menton sur ses genoux et détachant son attention de moi. « You should go and find a nice and quiet girl to date, and I’ll just… » Le soupir de la journaliste en herbe me fend le cœur et, peiné, je la regarde.
But I don't want a quiet girl. I want you.
Merlin, it's you I want.
I didn't know, before.
I didn't think I was even allowed to want you.
Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres ... J'aurais voulu pouvoir lui exprimer mes sentiments ainsi. « B-b-but ... » Les mots meurent dans ma gorge, traîtres éternels qui ne me viennent jamais en aide au moment où j'en aurais particulièrement eu besoin. J'aimerais pouvoir être comme Cyrano et exprimer ce que je ressens, à quel point j'ai pensé souvent à elle depuis notre première rencontre, comment le souvenir de ses lèvres contre les miennes me hante depuis le jour fatidique. Que je rougis encore de honte en pensant à ma fuite. Que sa lettre est précieusement pliée dans mon porte-monnaie, et que je l'ouvre parfois lorsque je doute qu'elle ait réellement pu m'écrire les mots que mon esprit paniqué répète comme une litanie depuis. I liked both the real you and the possessed you. J'aimerais lui dire que depuis notre rencontre, je cherche toutes les excuses valables pour passer près du bureau abandonné en espérant la recroiser parexprèshasard, en vain. Elle ne me regarde plus, mais je désigne les vêtements que je porte, pantalons couleur rouille. « didn't pick mine either », lui dis-je avec un petit sourire gêné. Normalement, j'alterne entre mes robes noires de sorcier et mes vêtements de Quidditch, qui me quittent quant à eux très rarement, considérant mon rythme d'entraînement.. « and I had help for the second letter ». which is why it was less messy than the first one, que je songe sans l'ajouter, me rappelant de toutes les ratures maladroites dans la première missive. Me passant une main dans les cheveux, je soupire légèrement.
La musique disco remplit toujours l'atmosphère, mais son rythme gagne en puissance. Aphrodite semble à peine le remarquer alors que je jurerais qu'un coeur supplémentaire bat en ma poitrine, au rythme de la chanson, lent, qui me percute pourtant. Sans entièrement savoir ce que je fais, je laisse le film dans lequel nous nous trouvons présentement me souffler des mots, comme si j'avais moi aussi, à présent, droit à un Cyrano pour illustrer un sentiment bien réel. Pour quelqu'un qui déteste autant parler, ma voix est juste à un point plutôt surprenant. Avec douceur, je laisse les paroles de la chanson s'emparer de ma bouche, surpris d'y trouver autant de vérité.
« I've seen your eyes,
Tender like mine,
Only a week since we started.
It seems to me, in a short time,
I'm getting more open-hearted.
I was an impossible case, no one ever could reach me,
But I think I can see in your face,
There's a lot you can teach me. »
Avant de rencontrer Aphrodite, je ne m'étais jamais réellement intéressé à qui que ce soit d'un point de vue amoureux. Il y avait eu quelques espoirs pudiques, certes, mais rien qu'un sentiment mieux incarné ait pu me pousser à entreprendre. Avec la jeune femme, pourtant, je fais des efforts bien réels - parler, sortir de ma zone de confort, tenter de faire comme si je savais ce que je faisais (which I definitely don't). Un cas impossible, c'est ce que j'étais - ce que je suis certainement encore, mais pour la première fois de mon existence, je souhaite passer outre ces handicaps qui me pourrissent la vie. Souhaitant apprendre des erreurs de mon aînée, qui m'a fermement dit de ne pas répéter les siennes, mais aussi, peut-être, un peu sortir de cette coquille qui m'entoure depuis l'enfance. Aphrodite s'est figée en entendant les premières paroles de la chanson, mais elle ne me regarde toujours pas. Pourtant, je sais qu'elle doit m'entendre - tout dans sa posture l'indique. Posant doucement une main sur son épaule, je continue à chanter.
« So I want to know ... What's the name of the game?
Does it mean anything to you?
What's the name of the game?
Can you feel it the way I do?
Tell me, please, cause I have to know
I'm a curious child, beginning to grow.
And you make me talk
And you make me feel
And you make me show
What I'm trying to conceal. »
Curieux, c'est ce que je suis. Curieux de cette situation si nouvelle, si étrange. Curiosité de l'inventeur, du scientifique, du jeune homme qui n'a jamais su aimer ainsi. Maladresse, découverte de ces sensations étranges de songes au creux desquels le visage de la sorcière vient parfois me trouver, perplexité face à ce que je devrais faire, ce que n'importe qui devrait faire dans ce genre de situations. Mais il est vrai qu'avec la maladresse curieusement charmante de la jeune femme, je suis étrangement à l'aise. Il est rare que je m'exprime autant avec des gens que je connais aussi peu, malgré l'éternelle manque de confiance caractérisant mes interactions avec elle. Même en considérant la musique constituant une attelle pour mon expression orale si lacunaire, aurais-je toutefois osé lui avouer aussi directement, si elle n'avait pas confirmé qu'il s'agissait bel et bien d'un rencard ?
« If I trust in you, would you let me down?
Would you laugh at me, if I said I care for you?
Could you feel the same way too?
Your smile and the sound of your voice,
And the way you see through me ...
Got a feeling, you give me no choice,
But it means a lot to me. »
Mes prunelles noisette cherchent les siennes, reflets mordorés créés en leur sein et couronné d'or par le soleil reflété sur mes cheveux de blés. Mon cœur bat la chamade, je ne fais qu'attendre, paniqué, une réaction. Anything, please.
- InvitéInvité
Re: ta voix dans la nuit + aphrodite [terminé]
Mar 25 Juin 2019 - 16:49
Trouver une autre fille à courtiser, oui, c'est ce qu'il devrait faire. Une fille assez bien pour lui. Pas une vulgaire potineuse incapable d'avoir la moyenne. J'énonce ma conclusion maladroitement, obstinée malgré les protestations du blond. Le regard fixé sur la mer, j'essaie d'oublier sa présence, soupirant de tristesse. “Didn't pick mine either, and I had help for the second letter.” L'Ethelred n'en démord pas, malheureusement, visiblement prêt à argumenter. Haussement d’épaules, tout ça n’a plus d’importance.
La voix de Finnick résonne une nouvelle fois lorsqu'il se met à chanter, et je ne peux retenir un sursaut de surprise. “I've seen your eyes, Tender like mine, Only a week since we started. It seems to me, in a short time, I'm getting more open-hearted. I was an impossible case, no one ever could reach me, But I think I can see in your face, There's a lot you can teach me.” Le menton toujours posé sur mes genoux, je garde les yeux fermements fixés sur la Méditerranée. Mais je suis tendue, je l’écoute. Il a une belle voix. Sa main sur mon épaule me pousse à tourner la tête, mes grands yeux bleus plongés dans les siens. “So I want to know ... What's the name of the game? Does it mean anything to you?” Le regard triste, je sens mon cœur se serrer. Yes it does. “And you make me talk And you make me feel And you make me show What I'm trying to conceal.” Le coeur qui bat la chamade, au rythme de la musique, j'écoute ce qu'il essaie de me dire. C'est comme si tout le paysage autour de nous vibrait au rythme de la chanson. Au rythme de son aveu.
“Your smile and the sound of your voice, And the way you see through me … Got a feeling, you give me no choice, But it means a lot to me.” La chanson s’arrête et le temps avec. Je sens le sang battre à mes oreilles, moment suspendu, plongée dans l’océan de chocolat de ses prunelles. Et puis au final, j’arrête de penser. Pivotant pour me retrouver à genoux, je plonge en avant pour cueillir ses lèvres. A ma plus grande surprise, il répond au baiser. Feu du désir qui bout au fond de moi, je m’accroche à ses cheveux pour ne pas perdre conscience de la réalité. Quand enfin je reprends mes esprits, je me réinstalle sur le sable. Regard à nouveau pétillant, je sais cependant ce que je dois lui dire. “Does it answer your question ?” Celle qu’il a posé en chanson. Je pense que c’est assez évident, mais on ne sait jamais. “I really like you, mister Fraser.” Ce sentiment que j'essaie de refouler, mais qui s'obstine à rester bien ancré dans mon crâne. C'est toujours la même chose, avec mon cœur de chewing-gum.
“But…” Soupir. “I really need to focus on school, right now.” C’est ce que les profs et Rose essaient de me faire comprendre depuis des semaines, mais ce n’est que maintenant que je m’en rends compte. Avec la montagne russe que mes sentiments ont subi ce soir, je pense qu’il est sage de considérer que l’Ethelred me déconcentrera trop durant les prochains mois, si je continue de le voir. “Can we talk once we finish our exams ?” Attrapant sa main, je la serre un peu pour le rassurer. “I’m not running away, I promise.” Mes cheveux ont repris leur brillance surnaturelle. “But we can stay here, for a little bit longer if you want.”
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