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THE PRICE YOU PAY
Ven 7 Juin 2019 - 1:51
THE PRICE YOU PAY |
« J’ai une bonne nouvelle. » lui annonça Tony.
Il avait un grand sourire aux lèvres, et un air finaud que Trish ne lui connaissait pas. Elle lui jeta un coup d’œil suspicieux sous ses longs cils noirs, puis ouvrit de grands yeux ronds, comme frappée par une évidence.
« Tu as enfin libéré le sous-sol de ta pauvre mère, Tony ? Félicitations ! »
Comme souvent, il fallut plusieurs secondes au concerné pour comprendre où elle voulait en venir, et quand ce fût le cas, il se rembrunit à vue d’œil. Et, comme à chaque fois qu’elle se moquait de lui, Trish éprouva quelques remords : taquiner Tony, c’était comme tirer sur un Boursouflet : trop facile pour en tirer la moindre gloire. Sans se départir de son sourire moqueur, elle lui donna un coup de coude amical :
« Alors, tu craches le morceau ou je te le fais cracher ? »
Pendant un moment, il sembla mesurer le pour et le contre ; une poignée de secondes que Trish mit à profit pour scanner l’étalage de fortune qu’il avait dressé entre deux vieilles caisses à vin. Des breloques. Tony avait rarement de quoi l’intéresser, mais ce n’est pas pour acheter ses babioles qu’elle s’arrêtait à son niveau. C’était pour la conversation. Elle ne l’avouerait sans doute jamais, mais il dégageait une simplicité qui manquait à son existence de nomade. Et puis, c’était peut-être la seule personne à lui offrir un sourire aussi franc quand elle débarquait, ce n’était pas rien.
« Y’a une rouquine qui vend un tableau sympa. » lâcha-t-il après avoir décidé qu’il n’était pas utile de se fâcher pour si peu.
Trish redressa le menton, intéressée. Les œuvres d’art représentaient le plus gros de la marchandise qu’elle rapportait à Barjow. Ce n’était pas toujours à son goût, mais il y avait toujours une personne assez riche pour s’offrir un portrait d’Elizabeth Beurk ou l’une de ces représentations populaires du Chemin de Traverse. Trouver des acheteurs n’était généralement pas un problème non plus. Il suffisait de trouver les bonnes pièces.
« Elle a un nom ? » demanda-t-elle, négligemment.
Trish sonda les alentours avec nonchalance. Mais personne ne répondait à la description de Tony. Elle attendit donc que celui-ci lui apporte quelques précisions :
« Sans doute, mais elle n’a pas dit. » Il eût l’air troublé, avant de reprendre : « Elle n’a pas de stand. Mais je crois qu’elle a avancé dans cette direction. Elle avait l’air pressé. »
Trish suivit la direction qu’il lui indiquait du regard : « Chez le Comte ? » grogna-t-elle, en fronçant les sourcils.
Le ‘Comte’ n’en était pas réellement un. C’était un nom qu’il s’était donné après avoir installé ses activités dans le quartier de Earl’s Court : il se trouvait sans doute particulièrement intelligent, mais pour ce que Trish en avait vu, il était surtout petit et simplet. Lui, et ses gamins, s’employaient au vol à la tire et aux escroqueries de bases. Ils accordaient un accueil plutôt hostile aux gens comme elle, qui travaillaient à niveau au-dessus d’eux.
« J’espère que ça vaut le coup. Je te rattrape plus tard. »
Elle ne repéra la chevelure flamboyante qu’une vingtaine de minutes plus tard. Ça n’avait pas été très compliqué : la majorité – pour ne pas dire totalité – des personnes qui s’aventuraient à la ‘Cour du Comte’ vivaient dans les nuances de gris. Elle s’approcha furtivement, tâchant de ne pas attirer l’attention d’anciens rivaux. Elle n’était pas la seule à avoir été attirée par ce que proposait la jeune femme : une pièce de qualité, au premier coup d’œil. Elle aurait eu besoin de se rapprocher pour l’estimer. Elle se racla la gorge :
« Mon ami me dit que vous avez un tableau qui vaut le coup d’œil, vous pouvez m’en dire plus ? » lança-t-elle, profitant d’un moment de flottement pour se faire entendre.
Il avait un grand sourire aux lèvres, et un air finaud que Trish ne lui connaissait pas. Elle lui jeta un coup d’œil suspicieux sous ses longs cils noirs, puis ouvrit de grands yeux ronds, comme frappée par une évidence.
« Tu as enfin libéré le sous-sol de ta pauvre mère, Tony ? Félicitations ! »
Comme souvent, il fallut plusieurs secondes au concerné pour comprendre où elle voulait en venir, et quand ce fût le cas, il se rembrunit à vue d’œil. Et, comme à chaque fois qu’elle se moquait de lui, Trish éprouva quelques remords : taquiner Tony, c’était comme tirer sur un Boursouflet : trop facile pour en tirer la moindre gloire. Sans se départir de son sourire moqueur, elle lui donna un coup de coude amical :
« Alors, tu craches le morceau ou je te le fais cracher ? »
Pendant un moment, il sembla mesurer le pour et le contre ; une poignée de secondes que Trish mit à profit pour scanner l’étalage de fortune qu’il avait dressé entre deux vieilles caisses à vin. Des breloques. Tony avait rarement de quoi l’intéresser, mais ce n’est pas pour acheter ses babioles qu’elle s’arrêtait à son niveau. C’était pour la conversation. Elle ne l’avouerait sans doute jamais, mais il dégageait une simplicité qui manquait à son existence de nomade. Et puis, c’était peut-être la seule personne à lui offrir un sourire aussi franc quand elle débarquait, ce n’était pas rien.
« Y’a une rouquine qui vend un tableau sympa. » lâcha-t-il après avoir décidé qu’il n’était pas utile de se fâcher pour si peu.
Trish redressa le menton, intéressée. Les œuvres d’art représentaient le plus gros de la marchandise qu’elle rapportait à Barjow. Ce n’était pas toujours à son goût, mais il y avait toujours une personne assez riche pour s’offrir un portrait d’Elizabeth Beurk ou l’une de ces représentations populaires du Chemin de Traverse. Trouver des acheteurs n’était généralement pas un problème non plus. Il suffisait de trouver les bonnes pièces.
« Elle a un nom ? » demanda-t-elle, négligemment.
Trish sonda les alentours avec nonchalance. Mais personne ne répondait à la description de Tony. Elle attendit donc que celui-ci lui apporte quelques précisions :
« Sans doute, mais elle n’a pas dit. » Il eût l’air troublé, avant de reprendre : « Elle n’a pas de stand. Mais je crois qu’elle a avancé dans cette direction. Elle avait l’air pressé. »
Trish suivit la direction qu’il lui indiquait du regard : « Chez le Comte ? » grogna-t-elle, en fronçant les sourcils.
Le ‘Comte’ n’en était pas réellement un. C’était un nom qu’il s’était donné après avoir installé ses activités dans le quartier de Earl’s Court : il se trouvait sans doute particulièrement intelligent, mais pour ce que Trish en avait vu, il était surtout petit et simplet. Lui, et ses gamins, s’employaient au vol à la tire et aux escroqueries de bases. Ils accordaient un accueil plutôt hostile aux gens comme elle, qui travaillaient à niveau au-dessus d’eux.
« J’espère que ça vaut le coup. Je te rattrape plus tard. »
Elle ne repéra la chevelure flamboyante qu’une vingtaine de minutes plus tard. Ça n’avait pas été très compliqué : la majorité – pour ne pas dire totalité – des personnes qui s’aventuraient à la ‘Cour du Comte’ vivaient dans les nuances de gris. Elle s’approcha furtivement, tâchant de ne pas attirer l’attention d’anciens rivaux. Elle n’était pas la seule à avoir été attirée par ce que proposait la jeune femme : une pièce de qualité, au premier coup d’œil. Elle aurait eu besoin de se rapprocher pour l’estimer. Elle se racla la gorge :
« Mon ami me dit que vous avez un tableau qui vaut le coup d’œil, vous pouvez m’en dire plus ? » lança-t-elle, profitant d’un moment de flottement pour se faire entendre.
(c) AMIANTE
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