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vague à l'âme. (jaïna)
Jeu 11 Juil 2019 - 18:13
— L’endocarde lacéré, Atlas avançait. Pliant sous le poids de ce foutu globe. Qui avilissait. L’anéantissait. L’alourdissait au même titre que le plomb dans son estomac. Pourtant, son faciès conservait son impassibilité. D’une stérilité allant de sa barbe à ses tempes ; mascarade de sa pudeur. Mais le bistre ne trompait pas, lui. Dans ces reflets mordorés convergeaient l’horreur et le désarroi. La solitude d’un homme, délaissé de ses pairs et de ses proches. Impuissant pour leur sort. L’allumelle de Damoclès s’approchait à chaque minute de leurs crânes. Une justice magique qu’il n’assimilait qu’à de la dictature. Dont les affres s’abattraient tôt ou tard, sans équité et droiture. Mais il ne pouvait plus rien y faire. Sous les vents de ces pensées, maître mangouste se corrodait. Peiné. Nauséeux. Se raccrochant aux balades sur l’asphalte comme pour maintenir les fantômes de ces martyrs à venir. Mais l’exercice l’épuisait. Accumulant si peu de repos pour voguer chaque jour plus loin au travers du Royaume-Uni. Tel un fuyard poursuivi d’une ombre néfaste. Dans ses pensées embourbées, celle d’une faucheuse guettant pour le devenir de ses camarades. Une éclipse solaire à la sinistre silhouette d’Azkaban. Alors que ne l’épiait que sa réalité. Celle d’un déchu de sa famille, de ses passe-temps ; d’une meute dans laquelle l’agneau s’était glissé. Les rires gras et les insultes hantant ses silences. Les tintements de pintes et les cliquetis de fer harcelant sa conscience. Qu’il tentait d’étouffer sous les ronrons de son moteur. Le bitume eut pourtant raison de lui. Esseulé par lui-même. Suffoquant par ses propres décisions. Ses bronches semblaient s’atrophier plus que s’épanouir. L’absence de sommeil et de repas consistant pour sa masse pesait également. Maladie au cœur l’altérant au corps. Sous ses vertiges, il n’eut d’autres choix : rentrer au bercail. Confronté aux ténèbres du manque et leurs vices. Ainsi les coussinets claquèrent sur le domaine d’Hungcalf. Fébrile mais courageux – sans n’avoir pu vraiment omettre une objection à la situation. Ses phalanges vinrent quérir quelques boucles perdues sur son front. Accrochées à l’humidité de son derme. Résultat de la chaleur moite de la fin juin, qu’il avait occupé depuis quelques jours par la conquête des routes. Armé de perfecto de cuir, et de son casque à visière. Allure virile, copier-coller de celles de ses parents tombés dans les griffes des aurors. Là était le comble. Dans sa déchéance, il n’était que le meilleur rappel de leurs contours ; subsistants dans son malheur. Peut-être était-ce inconsciemment pour leur mémoire qu’il acceptait les limbes de sa souffrance. Le palefroi miniaturisé logé contre son poitrail, ses pas avalèrent l’allée menant au château. Avec pour uniques témoins les lueurs des lampadaires de style moldu. L’endroit était inhabituellement désert pour une soirée d’été. Non pas qu’il eut de complainte à formuler à ce constat. Au contraire. Il avait fait le mort. Et était scient que des retombées apparaitraient prochainement, sans pour autant vouloir débuter les rixes dès ce soir. Avec ses amis, ou pire : son dragon de mère. Ses lèvres se pincèrent. L’invitant à entamer plus vivement l’exil jusqu’à la citadelle. Où il se décrasserait le visage, et s’affalerait dans ses draps en priant la pitié de Morphée. |
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Re: vague à l'âme. (jaïna)
Ven 12 Juil 2019 - 17:13
Les bruits de tes talons claquant au sol résonnaient dans les couloirs froid et silencieux du château. Le retour à la maison se faisait à l’heure prévue, la Cendrillon des temps moderne que tu étais ne faillissant presque jamais à ses propres promesses, ne perdant cependant aucune chaussure dans ta fuite, n’ayant personne également pour la ramasser si tu la perdais. Tu serrais contre toi ton petit sac, alors que tu t’étais allumé ton calumet de la paix personnel, tentacula pour apaiser tes veines. La fête battait son plein, devenant pourtant plus intéressante. Mais tu n’avais pas réellement le cœur à t’amuser, prétextant un levé tôt le lendemain pour fuir à la première occasion. Les faux sourire et rire étant de plus de plus compliqué à offrir, surtout en ces temps bancales, la fuite n’était plus une option mais une obligation. Perdant le peu de sourire qu’il te restait une fois belle et bien seule. Etrangement sobre pour un soir où tout donnait envie de faire la fête. Mais non, pour la première fois, la fêtarde que tu es se décide à être sage et à rentrer seule dans son lit, n’ayant pas réellement envie de le partager avec qui que ce soit.
Seule avec toi-même pour repenser, ressasser, encore et encore ces dernières années. Loin d’être une pleureuse ou même de montrer la quelconque faiblesse, tu étais en proie pourtant à ce qu’on pouvait appeler des regrets. Tout ce que tu aurais dû faire et que tu n’as pas fait. Ce que tu as laissé tomber alors que tu aurais dû le sauver. Les bons et les mauvais choix ainsi que ton comportement de plus en plus borderline, insupportable. Pas étonnant qu’on veuille t’interner. Et pas étonnant de te sentir aussi seule face à toi même. Les doigts glissant dans tes cheveux alors que tes lèvres s’acharnaient sur ta cigarette, probablement déjà la deuxième. Mais l’habitude fait que cela ne te monte plus à la tête comme avant. Les yeux qui observent les pavés du sol alors que tu t’arrêtes l’espace d’un instant dans le couloir pour t’approcher de la fenêtre, s’appuyant à elle, la tête contre le rebord le regard rivé sur les étoiles, attendant presque que quelque chose tombe du ciel. Mais y’a plus de chance que ce soit la foudre. Un fin soupir s’échappe de tes lèvres, lassée par tes propres soucis relativement bêtes alors que se posait toujours la même problématique dans ta tête : mais pourquoi fallait-il que tu restes coincé de la sorte dans ton passé et dans ta jalousie idiote ?
Un frisson te parcoure et te sors de tes pensées, reprenant alors le chemin vers la sortie du château, où tu pourrais transplaner devant chez toi, puisque ton état le permettrait. Les bras croisés comme pour te protéger d’un vent quasi inexistant puisqu’il faisait plutôt bon. Tu aurais pu ignorer la personne qui arrivait en face de toi. Ne pas relever les yeux en entendant les pas sur le sol. Mais ta curiosité te pousse à regarder qui va te croiser, prétextant remettre tes cheveux correctement en glissant a nouveau tes doigts dedans, levant la tête pour être prise d’une douce douleur à l’estomac. L'objet même de tes regrets, alors que tu crispes tes doigts sur ta pochette sans pour autant baisser la tête. Mais sans oser briser le silence en lançant ne serait-ce qu’une seule remarque désobligeante. Forcée de constater qu’il n’avait vraiment pas l’air au meilleur de sa forme, qu’il n’avait pas lui non plus le cœur à la fête.
Mais ça allait plus loin que ça, même sans qu’il ne le dise, tu le savais. Bien que dix ans éloignent vos dernières complicités, tu savais encore reconnaitre ce regard. Et même si tu ne savais pas ce qu’il pouvait se passer dans cette petite tête brune encore trop chérie malgré toi. Mêlée à une impossibilité de baisser la tête alors que tes pas semblent se ralentir. Ou alors est-ce les secondes qui passent au ralentit alors que ton pauvre cœur se serre à le savoir ainsi, peiné de la sorte ? Tu ne dévies pas de ta trajectoire, pourtant ton visage ne semble pas vouloir se détacher du sien, persuadé de pouvoir comprendre sans un mot ce qui pouvait le tracasser. Revenir dix ans en arrière, juste pour qu’il puisse te parler, que tu puisses panser un peu ses maux, prendre une partie de ses souffrances tendre une main pour qu’il ne se sente pas seul. Parce que personne au monde ne devrait lui faire de la peine. Personne y comprit toi.
Loin de vouloir hanter ses pas et son âme cette nuit, tu ne dis toujours rien, bien que tu le saches, cette fois, tes yeux ne mentent pas. Inquiet, perdue dans cette dualité idiote : faire quelque chose ou non ? Mais après tout, quel aide pouvais-tu lui apporter maintenant ? Pourtant quand il passe à tes côtés sans vraiment un regard, tu arrêtes ton avancé, main posée sur le ventre une fraction de seconde avant de te retourner à moitié, le regard jeté par-dessus ton épaule. Laissant échapper malgré toi, la gorge serrée, d'une faible voix ”- Darius...?” qui, sans nul serait ignoré, ou remballé. Malade de ne pouvoir rien faire. Malade puisque tout ceci n’était que conséquence de tes actes passés regrettés.
lumos maxima
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Re: vague à l'âme. (jaïna)
Dim 14 Juil 2019 - 12:13
— Des souvenirs qui errent dans les méandres de ses méninges. Celui qui se vantait d’avancer se décrivait comme une carcasse vide ce jour-ci. Droit malgré la fatigue, il conservait au prix de nombreux maux tout ce qui plombait son estomac. Pudeur impassible. La démarche assurée, alors qu’il ne l’était plus. Il ne se rattachait même plus au futur et ses projets. Apeurée à l’idée de l’aube. Des questions et ces nombreuses remises en questions. Que faire face à son impuissance ? Rien. Au silence de ces frères ? Attendre leur jugement. Gorge serrée. Esseulé, l’animal se cloitra dans l’unique idée de se blottir sous ses draps. Loin de ce chaos et ces tempêtes. Du manque et de ses tourments. Morphée le logerait pendant quelques minutes, voire heures. Maitresse pansement et pansant -mais une panacée si éphémère… En chemin pour son antre, il laissa la lune et la sororité d’étoiles juger de son malheur. Bercé des champs des criquets et d’un train de musique au loin. La senteur de ces nuits d’été qui lui sembla âpre, et s’imprimerait dorénavant comme le souffle de la Faucheuse. Il était triste que de si belles vêpres soient l’étreinte de sa solitude. Témoin de son naufrage, puisque les aurors avaient ôté au matelot son port à Inverness. Et dire qu’il s’était avancé quelques matins de ça, vers ces amphis pour ces examens finaux. Persuadé que la liberté se trouverait au bout de quelques pages raturées de ses gribouillis. Finalement, n’avait veillé pour lui que tout l’inverse. Sa coquille vide n’étant désormais que le théâtre de ses regrets. Avec cette sensation d’avoir failli. Et qu’il était beaucoup trop tard pour agir. Il y eut alors des talons qui claquent. Une silhouette au loin. Bariolée au rythme de ses pas par les lueurs qui perçaient cette nuit. Un mélange d’or, de chair et de smalt. Qui aurait dû attirer un œil espiègle. Un iris conquis. Des sens d’homme qui parlaient d’eux-mêmes malgré lui. Mais rien n’advint. Le cœur en dérive, isolé encore plus loin par sa fatigue. Le bistre sillonnant plutôt ces pavés qui le conduisaient jusqu’à l’anesthésie de son esprit. C’était là son objectif, et il n’avait guère le courage d’en dévier. L’ange ne perçut alors de l’intérêt qu’à quelques mètres. Quand la brise écossaise guida jusqu’à sa stature deux notes : Lilas et Groseilles à maquereau. Qui l’avertirent aussitôt : démence. Un frisson picota sa peau. Mais il était bien trop lassé pour que son mental réponde à ce réflexe. Et s’indifféra de la rencontre. Ni un salut, ni un regard. La trogne simplement plantée strictement face à lui. Par chance, rien ne vint dans ce ballet des pas. Chaque mètre avalé se succédant dans le motus de royaume de Nyx. Sans qu’il n’éprouve pour autant le moindre soulagement, ni que pointe l’effort d’un étonnement. Sa mélancolie suffisait à ses tribulations. Si la vipère laissait une mangouste éclopée filer sous nez, soit. Cela allait dans son sens, le reste il s’en moquait. La paix dans son entrevue avec sa rixe interne eut malheureusement un déclin. Sonné par ce friselis drapé d’une mélodie qu’il reconnaissait trop bien. Ses jambes ralentirent. Toujours de dos à la chimère. Qui ne tarderait à lui sauter au cas au cou certainement. Ses yeux se fermèrent. Un souffle éreinté haussant ses épaules, pour qu’elles se redéposent avec lenteur. L’appesantissant un plus qu’auparavant. Merlin, qu’il n’avait pas le gout à ça maintenant. Les lèvres contractées dans une moue, il s’immobilisa quand même un instant. Sans savoir pourquoi il lui offrait ce droit. Peut-être parce que la chansonnette n’était pas brodée par de belliqueux arpèges. Il l’ignorait. Son faciès se détourna quelque peu de son objectif. Aux trois quarts, pour qu’enlace l’alezan cet azur un peu plus loin. Le mignardant sans que sa voix n’ait d’utilité pour ce message. Pas ce soir, Jaïna. Sans noter la particularité de la connexion en cet instant. Il avait simplement la certitude qu’elle comprendrait. Pas cependant qu’elle y serait docile, mais ne souhaita pas chercher outre-mesure à investiguer ce point. Bifurquant sa cime vers sa terre promise, ses coussinets reprirent leur pèlerinage jusqu’au terrier. Il n’attendit pas que la bourrasque blonde s’élève. Et ne se questionna pas par son absence. |
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Re: vague à l'âme. (jaïna)
Ven 19 Juil 2019 - 14:19
Ton cœur sera en l’observant te dépasser, sans même un regard. Le regard fixe devant lui, mais les yeux semblant vides, fatigués, triste, tu n’as même pas idée de vouloir l’accablé encore plus. Tu aurais plus dans l’idée de tendre une main, pour une fois. L’ironie étant que tu sais très bien où serait renvoyé cette soudaine aide. Les pieds fixes sur le sol, attendant alors à moitié retourné un signe de sa part. Ne serait-ce qu’un soupire, n’importe quoi qui t’aurais fait bouger vers lui, sans comprendre pourquoi il te touchait à ce point. L’attachement était encore présent, étrangement. Le refus de le laisser tout seul en était la preuve. Oser demander sans vraiment le faire également, bien que tu n’espères même pas qu’il t’adresse un regard.
Pourtant, tu es persuadée qu’il ralentit ses pas, espérant qu’il s’arrête pour ne serait-ce que t’insulter pour te montrer que tu te fais simplement des idées. Malheureusement, il ne te donnera pas cette satisfaction-là. Les yeux toujours posés sur lui, s’attendant à l’assaut imminant auquel tu n’étais même pas sûre de pouvoir répondre. Il n’en fit rien, silencieux, le regard posé dans le tien qui te tord le ventre, les doigts toujours crispés sur le satin de ta robe. Impuissante, inutile, mais aussi inquiète. Ce qui n’arrangeait rien à ton état initial de tristesse. Mais même sans mot, le message était passé. Ce n’était pas le moment.
Les yeux finissant par se baisser sur le sol, les bras tombant le long du corps, priant silencieusement qu’il parle, tu t’en trouvais presque ridicule d’avoir voulu être celle qui apaiserait ses maux. Le passé était bel et bien révolu, la page tournée, tu n’avais plus ce droit, cette place légitime à ces côtés. Réalisant encore une fois à quel point tu pouvais être ridicule d’avoir cru, avec tout ce que tu avais pu faire, qu’il ouvrirait une porte devant toi. Qu’il penserait que pour une fois tu pouvais ne pas lui vouloir de mal. C’était terriblement idiot. Mais l’idiotie faisait toujours partie de l’équation quand il s’agissait de lui et elle était quasi-quotidienne ces dernières semaines.
Tu restes alors en silence, observant les dalles d’un air pensif alors que tu entends ses pas s’éloigner, le cœur toujours aussi serré. Un fin soupire s’échappe de tes lèvres, plus pour maitriser toutes les émotions qui t’envahissent peu à peu, manquant d’oxygène pour continuer. Tu n’es pourtant d’habitude pas du genre à baisser les bras quand tu as une idée en tête. Mais cette fois, tu n’as pas les armes pour te battre. Tu ne les as plus. Docile à son désir d’être seul, c’est uniquement quand l’écho des pas disparut que tu n’empêches plus tes yeux de brûler, menace de larmes que tu retiens par tous les moyens. Une fatigue générale, du corps et de l’esprit qui ne faisait que se battre entre eux, une dualité où la folie n’avait que trop prit le dessus.
Le corps porté par tes dernières forces, tu reprends alors ta marche, le goût amer du regret encore présent. Les doigts glissés sur le côté de ton crâne, tu crispes les doigts doucement contre ta tête, chassant la foutue migraine qui s’installait là à force de trop réfléchir. Une seule idée t’obsédait : rentrer chez toi pour voir ton chat. Le vent te faisait frissonner, ou bien était-ce la secousse des émotions, tu n’aurais su dire. Le pas rapide, pour ne pas perdre de temps, tu sors de l’enceinte pour transplaner devant chez toi. Tu ne te sentais pas de faire le chemin à pied ce soir.
Et alors que tu aurais dû aller te coucher directement après avoir retiré ta robe de bal et t’être démaquiller, laisser Morphée prendre tes dernières peines et tes derniers doutes, tu envoies un dernier message à l’intention de ton frère. Si toi tu ne pouvais pas l’aider, tu pouvais toujours envoyer ton frère à son secours. Il sera toujours plus le bienvenu que toi après tout, songes-tu avant de t’endormir difficilement, enrouler dans ta couette même en plein été, laissant les perles que tu as gardé depuis trop longtemps roulés en silence sur tes joues, s’écraser sur ton oreiller.
lumos maxima