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comme des enfants (laelia)
Ven 19 Juil 2019 - 11:02
comme des enfants | et du cœur à tes lèvres, je deviens un casse-tête. |
La folie, c'était de faire la même action en espérant un résultat différent - toutes les émissions de moldus qui tentaient de se montrer un brin philosophiques ou originaux faisaient dire cette remarque à un personnage, à un moment ou un autre. Était-elle folle, de vouloir tenter de danser sans anti-douleurs, alors qu'elle savait ce qui l'attendait? Probablement un peu. Les pieds qui se pointent, les bras qui s'arquent, et, l'espace d'un instant, la belle croit voler, portée par ses jambes ravageuses. S'étirant comme une fleur devant le soleil, ses membres fins et gracieux la portant, la sensation de centaines aiguilles chauffées à blanc se glisse sous son épiderme. Sous ses jambes. Sous ses pieds. Sous sa peau délicate. Sous ses yeux. La ballerine ferme les paupières, se laisse tomber au sol, qu'elle frappe d'un poing fermé. Une seconde. Pendant une seconde, elle y avait cru. Quand apprendrait-elle? Dents serrées, rictus mauvais au visage, elle fouille dans sa besace, en tirant une potion anti-douleurs - une de ses dernières, il faudra qu'elle s'en procure davantage. Paupières troublées alors que le liquide fait effet, les veines qui pulsent doucement au rythme du cœur perclus de déception, les lèvres pincées parce que tu te sens conne, tellement conne, d'avoir espéré pendant deux secondes.
Tu quittes le centre Lovingblow pour te diriger à pieds vers le quartier sorcier d'Inverness, utilisant l'accès dissimulé dans le bureau de poste de la ville. De longs pas lents te mènent à l'endroit désiré, et, portant un regard sur l'intérieur de l'atelier via la vitrine à travers laquelle pointent les rayons solaires, tu poses le dos d'une main sur la fenêtre - il est tôt, la rosée l'a éclaboussée et sa fraîcheur est la bienvenue. Quand tu planes, tu as toujours un peu chaud - heureusement que tu vis en Écosse et pas à Madrid. Inspirant, les doigts glissent contre le bois de la porte, la carcasse qui se traîne avec la grâce de la ballerine que tues étais. Trop fière, trop orgueilleuse pour laisser voir à qui que ce soit que tu as mal, tu préfères qu'on te prenne pour une connasse (et tu l'es un peu, faut l'avouer) plutôt qu'en pitié. Rien à faire, de la compassion des autres - ça se mange pas, et tu ne peux certainement pas l'encaisser à la banque. Le lys vaut bien tes sourires, et pas tous faux, pourtant. Amies liées par les parquets cirés des salles de danse, rapprochées par des caractères tout sauf simples, vos âmes valsent aussi bien que vos pieds le faisaient avant que la danseuse ne raccroche ses chaussons et que toi, tu t'enfermes dans ton art de silence et de douleur. Tes prunelles claires s'accrochent à celles de la brune à l'épiderme de cannelle, et vos joues se frôlent lorsque tu te penches pour lui faire la bise, peau d'ivoire contre la sienne. « Comment tu me veux, princesse? », demandes-tu en jetant un œil appréciateur à l'atelier et sa mercerie parfaitement organisée. Œillade appuyée vers la créatrice, et tu retires une poussière de son épaule, désignant ensuite la pièce vide. « Avais-tu peur que je morde tes autres mannequins? » Elle aurait eu raison (un peu), mais tu sais te tenir (parfois).
@Laelia Trejo
Tu quittes le centre Lovingblow pour te diriger à pieds vers le quartier sorcier d'Inverness, utilisant l'accès dissimulé dans le bureau de poste de la ville. De longs pas lents te mènent à l'endroit désiré, et, portant un regard sur l'intérieur de l'atelier via la vitrine à travers laquelle pointent les rayons solaires, tu poses le dos d'une main sur la fenêtre - il est tôt, la rosée l'a éclaboussée et sa fraîcheur est la bienvenue. Quand tu planes, tu as toujours un peu chaud - heureusement que tu vis en Écosse et pas à Madrid. Inspirant, les doigts glissent contre le bois de la porte, la carcasse qui se traîne avec la grâce de la ballerine que tu
@Laelia Trejo
BY CΔLΙGULΔ ☾
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Re: comme des enfants (laelia)
Sam 27 Juil 2019 - 20:52
La condescendance tapie dans l’océan de ses prunelles céruléennes, Laelia savourait le goût prononcé de la réussite, succès qui se matérialisait par ses revenus considérables, si bien qu’elle éprouvait, parfois, quelques difficultés à compter ses gains inestimables. Bien que l’orchidée avait crié à la vendetta chez son oncle et qu’il l’avait déshérité, rien ne bougeait, outre sa marque : son logement acheté et financé par son héritage, suivi de ses revenus, les études arrêtées, elle se plaisait ainsi, la fleur, immergée dans son ajournement, l’indépendance pure et brute. Là-haut, ses parents seraient fiers d’elle, prête à jurer sur cela, les meilleurs anges gardiens qu’ils soient. Routine plaisante, sans un goût âpre en bouche, elle s’était levée aux alentours de huit heures pour ouvrir, comme chaque jour, la boutique à neuf heures. La fleur travaillait seule, assurant pour toute une équipe, pour la simple raison que la poupée ne voulait pas partager avec quelqu’un, excepté avec Agneas, elle qui l’avait tant épaulé dans son projet. Certainement touchée par l’ambition, mais la détresse cachée de l’orpheline, Laelia ne cessait de s’épanouir, la risette aux lèvres et toujours ce venin au bord des pulpes face au triomphe de la marque luxueuse. Sauvage qui découvrait peu à peu la vie en société, les contacts humains et même si ces derniers étaient effrayants, elle n’en démordait pas, Laelia, stable sur ses appuis, les jambes galbées fermes, les pieds ancrés dans le sol.
Vêtements arrangés sur les cintres, la boutique affichait un parquet gris foncé, offrant un contraste intéressant avec la peinture pâle des murs. Des fleurs et des éléments très féminins, étaient disposés ci et là pour égayer le commerce. Il était à l’image de la gazelle, en plus des quelques meubles dans les mêmes tons, allant du beige au gris, chaleur irradiant du lieu. Le luxe était, qu’elle avait son atelier dans la pièce derrière le comptoir de la caisse, ainsi qu’un confort optimal et un endroit pour immortaliser les nouvelles pièces de la marque : en soi, une seconde maison. Aujourd’hui, Laelia avait rempli les caisses de Lilium mais fermeture imminente pour photographier les costumes de danse. L’image de la marque était telle que la brune prenait des modèles tous différents, de toutes origines, tailles, âges et styles opposés, pour représenter la mixité du monde. Pourtant, c’était Althea qui avait retenu son attention, elle qui devait enfiler ses tenues et virevolter. Artiste dans l’âme, elle collectionnait les talents, Laelia et la photographie en faisait partie, de quoi se satisfaire lorsqu’il s’agissait d’immortaliser ses créations.
Porte ouverte, bourrasque pénétrant dans l’enceinte, elle lui souriait, la Texane, à la risette gorgée de soleil. « Je veux que tu danses. » Ce qu’elle avait toujours su faire, tournoyer, avec grâce et légèreté. Rire peut-être narquois et geste précis visant à balayer sa tignasse ébène, Laelia avançait vers le portant affichant les costumes. « Non, je me suis occupée du reste il y a une semaine. Je tenais à perfectionner le rayon danse avant de me lancer. » Oeillade complice, la féline, dressée sur ses talons aiguilles s’appuyait sur le portant, le soleil reflétant l’azur de ses prunelles claires. « Je te laisse te changer, retrouve-moi dans l’atelier. » Pas le temps pour les visites que la créatrice disparaissait dans la pièce, préparant le matériel pour des photos optimales.
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Re: comme des enfants (laelia)
Mar 30 Juil 2019 - 16:36
comme des enfants | et du cœur à tes lèvres, je deviens un casse-tête. |
Comment te veut-elle? « Je veux que tu danses ». Rien que ça. Aussi bien qu'elle te demande la lune, la créatrice. Ça te coupe le souffle, comme si la délicate t'avait envoyé un uppercut en plein plexus solaire. Solaire, tu es loin de l'être à l'instant - pâleur maladive de la lune, plutôt, qui s'accroche désespérément aux étoiles qui l'entourent mais dont elle ne fait plus pas partie. Sonnée à l'idée, tu la suis comme une automate vers le portant qui révèle la collection que tu auras à mettre. Tes doigts s'étirent sans que tu en aies conscience vers les tissus, que tu caresses d'une expression absente. Les gloires passées, les salles d'essayage, les loges des spectacles, Hunter dansant avec toi. Ça appartient à une autre époque, une autre toi - celle qui n'était pas malade, qui n'était pas constamment en rogne contre l'univers. « Je me suis occupée du reste il y a une semaine. Je tenais à perfectionner le rayon danse avant de me lancer. » Et quel rayon danse ... Tes doigts triturent toujours la dentelle fine, et tu te mords une lèvre. « Je te laisse te changer, retrouve-moi dans l’atelier».
Lentement, avec une précision mécanique mais désincarnée, tu enfiles un costume, la seule tenue présentée de couleur sombre. Tu veux affronter ses demandes vêtue de noir, parce que ça t'aide. À te sentir plus volontaire, à te tenir plus droite même quand t'as mal à l'âme comme en ce moment. Tu la retrouves, étoffe noire contrastant avec ta peau de lait, et ta voix claque contre le silence. « Je ne danse plus », fais-tu d'un ton final, croisant tes bras fins contre ta poitrine. Tu n'as pas envie de t'expliquer, de te justifier. Vous êtes amies - n'est-il pas suffisant que tu lui dises que tu préfères ne pas danser? Pourquoi aurais-tu à te lancer dans de longues élucubrations sur ta douleur secrète? « Je peux prendre la pose ». Les positions de ballet, les arabesques, à la limite elle pourrait même te convaincre de faire deux ou trois pas de chat, mais danser? La douleur cachée qui serait révélée au grand jour. « mais je ne danse plus ». La dureté, le son final dans la voix qui siffle presque sous la menace. La hargne n'est jamais très loin avec toi, même pour cette amie que tu aimes - lorsqu'il s'agit de te parler de ton art déchu, tu grifferais quiconque voudrait te tirer les vers du nez. La blessure est encore trop récente, trop amère. Tu as tellement conscience de tout ce que tu as perdu. T'es encore gracieuse, agile, talentueuse - mais qui se contenterait de passer de danseuse étoile à un simple talent reconnu? Personne qui a goûté à la vraie consécration des critiques, du public.
Lentement, avec une précision mécanique mais désincarnée, tu enfiles un costume, la seule tenue présentée de couleur sombre. Tu veux affronter ses demandes vêtue de noir, parce que ça t'aide. À te sentir plus volontaire, à te tenir plus droite même quand t'as mal à l'âme comme en ce moment. Tu la retrouves, étoffe noire contrastant avec ta peau de lait, et ta voix claque contre le silence. « Je ne danse plus », fais-tu d'un ton final, croisant tes bras fins contre ta poitrine. Tu n'as pas envie de t'expliquer, de te justifier. Vous êtes amies - n'est-il pas suffisant que tu lui dises que tu préfères ne pas danser? Pourquoi aurais-tu à te lancer dans de longues élucubrations sur ta douleur secrète? « Je peux prendre la pose ». Les positions de ballet, les arabesques, à la limite elle pourrait même te convaincre de faire deux ou trois pas de chat, mais danser? La douleur cachée qui serait révélée au grand jour. « mais je ne danse plus ». La dureté, le son final dans la voix qui siffle presque sous la menace. La hargne n'est jamais très loin avec toi, même pour cette amie que tu aimes - lorsqu'il s'agit de te parler de ton art déchu, tu grifferais quiconque voudrait te tirer les vers du nez. La blessure est encore trop récente, trop amère. Tu as tellement conscience de tout ce que tu as perdu. T'es encore gracieuse, agile, talentueuse - mais qui se contenterait de passer de danseuse étoile à un simple talent reconnu? Personne qui a goûté à la vraie consécration des critiques, du public.
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Re: comme des enfants (laelia)
Mer 31 Juil 2019 - 23:19
Elle avait attendu un moment pour cette séance, Laelia, la hâte de terminer ses derniers costumes de danse. Bijoux imaginés, confectionnés puis ajustés avec les matériaux les plus délicats, tout en étant adaptés à la pratique sportive et la gestion de la sudation, tissus aérés, rendant le tout imperceptible à l’oeil. Confort et raffinement, l’orchidée était fière de ses pièces, les plus délicates jusqu’à présent : à côté de cela, la lingerie n’arrivait pas à la cheville, ou au chausson, des habillements. Pièces présentées avec une once de gloriole dans les mirettes céruléennes, Laelia donnait les ordres, directrice du projet, elle avait toujours su ce qu’elle voulait, la précieuse et pas question de contester ses dires : tout était parfait depuis le début de Lilium. Disparaissant rapidement, c’était à peine si son ombre était perceptible, elle réglait l’appareil photo ainsi que quelques accommodations du décor. Cadre, toile de fond animée par la magie, il suffisait d’un coup d’artéfact pour mettre en scène le paysage, visant à mettre en avant les vêtements. La croupe aplatie par un siège de velours, l’orchidée se laissait aller à une contemplation d’une photographie de ses parents. Cliché récupéré grâce à Ephrem, elle avait cinq ans dessus et au milieu de ses magnifiques géniteurs. Laelia ressemblait comme deux gouttes d’eau à Rosa, avec la chevelure épaisse de son père, ses sourcils épais et surtout, les prunelles azurées de ses deux parents. D’un bleu limpide, perçant, teinté de malice et de joie.
Petite fille au sourire candide, une couronne de lys sur la tête, dans une petite salopette jaune pâle, parsemée de bordures abstraites. Assise sur les cuisses de ses parents, ils enlaçaient fièrement leur merveille, de quoi étirer une risette nostalgique à la créatrice. Immergée de sa réflexion, elle déposait la photo sur la table et se levait, perchée sur ses gambettes galbées, les sourcils froncés, illustrant une pointe d’agacement. « Je ne t’ai pas appelé pour me faire un caprice de starlette, Thea. » Main précise rejetant sa chevelure brune, Laelia croisait ses bras contre sa poitrine. « Si tu ne veux pas faire le travail, rentre chez toi, tu m’auras juste fait perdre du temps. » Et elle ne cachait pas sa déception, la Trejo, désenchantée de ne pas pouvoir illustrer les derniers bijoux de la collection, retardant donc la sortie. « Je ne sais pas ce qui se passe, Thea, mais je ne suis pas là pour essuyer ta mauvaise humeur et céder à tes fantaisies, va voir ailleurs. » Fleur de lys meurtrie, blessée, par l’absence d’investissement de son amie proche, l’amertume en bouche, mercure abominable, elle ruminait l’orchidée en déposant l’appareil numérique. Elle pliait bagage, Laelia, silence mortel, si ce n’était funèbre, désillusionnée, Reine macabre démunie face aux passades énigmatiques d’Althea. Et d’un revirement de buste, elle plantait son regard meurtrier sur la belle : « Pourquoi est-ce que tu ne me parles plus ? Depuis quand est-ce qu’on est devenues des inconnues ? » Elle avait besoin de savoir, Laelia, la terrible sensation de perdre une partie de son âme, moitié qui l’abandonnait. « Dis-le-moi si je n’ai jamais compté. »
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Re: comme des enfants (laelia)
Jeu 22 Aoû 2019 - 12:41
comme des enfants | et du cœur à tes lèvres, je deviens un casse-tête. |
La note qui claque, avec la langue. Tu la regardes se relever, agacée - ça te plaît, un peu, de la voir ainsi. Fissure dans le masque de perfection. « Je ne t’ai pas appelé pour me faire un caprice de starlette, Thea. Si tu ne veux pas faire le travail, rentre chez toi, tu m’auras juste fait perdre du temps. » Ça te fait chier, ce mot. Starlette. Comme si c'était ce que tu avais été. T'as été une étoile, deux ans, une comète qui a brûlé trop vite. Peut-être était-ce tout ce à quoi tu avais droit. Mais le bonheur des autres t'emmerde. « Je ne sais pas ce qui se passe, Thea, mais je ne suis pas là pour essuyer ta mauvaise humeur et céder à tes fantaisies, va voir ailleurs » Un rire détrempé d'ironie quitte ta gorge, alors qu'elle fait mine de ranger ses affaires. « C'est comique ça, venant de la reine des capricieuses ». Le regard qui coupe davantage que la langue. La langue, moins précise, qui plane, déchire. Mais le regard tranche. Tu croises les bras, position jumelle de ton amie. « Tu m'as demandé de poser. Pas de danser. Si tu avais été professionnelle tu m'aurais dit d'entrée de jeu que c'était pour mes pas et pas mon corps ». T'en as fait des dizaines, des séances photo. On t'a toujours dit ce qu'on voulait de toi, de ton corps qui se serait plié en huit si on te l'avait demandé, à l'époque. Maintenant, il ne plie plus - ou plutôt, jamais comme tu le souhaites. Et ton âme, encore moins. « et je t'aurais répondu la même chose : je. ne. danse. plus. » Tu prends le temps de séparer les mots, comme si tu t'adressais à une idiote qui n'avait pas tout compris la première fois.
La fleur se retourne. Étonnée de sentir des épines chez d'autres? Elle n'a pas le monopole du venin, pourtant. « Pourquoi est-ce que tu ne me parles plus ? Depuis quand est-ce qu’on est devenues des inconnues ? » Ton regard se promène sur son atelier, sur les soies et satins qui le parsèment. Depuis que tu as pu accéder à tes rêves et que tu m'as laissée derrière. Vous aviez été des poupées désarticulées, jadis, elle belle comme l'enfer et toi, petits pas aux accents de paradis qui ne t'auront apporté qu'un infâme goût de cendres dans la bouche. Tu la hais un peu, maintenant, de t'avoir rappelé cette douleur. Et tu te hais un peu, toi, de la haïr alors qu'elle n'en comprend pas la raison. Tellement habituée à jouer à la méchante, Laelia, que pour une fois qu'on lui retourne sa propre méchanceté, il faut que ce soit sans réelle raison. Tu n'es pas une de ses anciennes proies, non - et c'est peut-être pour ça que ça fait plus mal, de l'entendre ainsi. T'as pas envie d'être raisonnable, de hocher la tête comme une gamine qui a fauté alors que quelque part, tu sais qu'elle comprendrait. Mais tu planes à mille pieds au-dessus de la terre, et ton amie t'emmerde - et toi t'es plutôt douée, pour partager les emmerdes. « Dis-le-moi si je n’ai jamais compté ». Ta langue claque plus fort que tu ne l'aurais voulu - dans ta tête, elle fait écho, écho, écho ... La dose était plus forte que tu ne l'aurais cru, ça te surprend encore. « T'as tout », finis-tu par articuler, faciès traversé de rancœur et de jalousie. Qu'importe, qu'elle ait traversé des épreuves - tu ne vois que ses succès, ennivrée par tes propres échecs. « D'un claquement de doigt, t'as eu ce que tu voulais », craches-tu presque. T'as envie de griffer son visage trop beau, trop régulier. Toi, t'es un vilain petit canard, tu l'as toujours su - mais sa présence ne fait que te renvoyer tes échecs et ta laideur. Tu n'aurais pas dû venir ici gelée comme une balle, mais t'avais mal, et tu voulais lui faire plaisir. « T'as sauté des étapes, et c'est à moi que tu fais la morale? » Tu retires le bustier, révélant ta peau trop pâle couverte de sous-vêtements ivoire. Constellée de taches de rousseur, imparfaite - les imperfections de ceux qui ont passé trop de temps devant un miroir. Ces pauvres danseurs et leurs névroses. Tu lui tends le bustier, éclat de peine se glissant dans tes prunelles de pluie. « T'as toujours compté ». Et c'est ça le problème. Tu lui tends le bustier de danseuse - elle a toujours compté, et pour ça, tu ne peux pas lui pardonner. Même si elle n'est pas fautive.
La fleur se retourne. Étonnée de sentir des épines chez d'autres? Elle n'a pas le monopole du venin, pourtant. « Pourquoi est-ce que tu ne me parles plus ? Depuis quand est-ce qu’on est devenues des inconnues ? » Ton regard se promène sur son atelier, sur les soies et satins qui le parsèment. Depuis que tu as pu accéder à tes rêves et que tu m'as laissée derrière. Vous aviez été des poupées désarticulées, jadis, elle belle comme l'enfer et toi, petits pas aux accents de paradis qui ne t'auront apporté qu'un infâme goût de cendres dans la bouche. Tu la hais un peu, maintenant, de t'avoir rappelé cette douleur. Et tu te hais un peu, toi, de la haïr alors qu'elle n'en comprend pas la raison. Tellement habituée à jouer à la méchante, Laelia, que pour une fois qu'on lui retourne sa propre méchanceté, il faut que ce soit sans réelle raison. Tu n'es pas une de ses anciennes proies, non - et c'est peut-être pour ça que ça fait plus mal, de l'entendre ainsi. T'as pas envie d'être raisonnable, de hocher la tête comme une gamine qui a fauté alors que quelque part, tu sais qu'elle comprendrait. Mais tu planes à mille pieds au-dessus de la terre, et ton amie t'emmerde - et toi t'es plutôt douée, pour partager les emmerdes. « Dis-le-moi si je n’ai jamais compté ». Ta langue claque plus fort que tu ne l'aurais voulu - dans ta tête, elle fait écho, écho, écho ... La dose était plus forte que tu ne l'aurais cru, ça te surprend encore. « T'as tout », finis-tu par articuler, faciès traversé de rancœur et de jalousie. Qu'importe, qu'elle ait traversé des épreuves - tu ne vois que ses succès, ennivrée par tes propres échecs. « D'un claquement de doigt, t'as eu ce que tu voulais », craches-tu presque. T'as envie de griffer son visage trop beau, trop régulier. Toi, t'es un vilain petit canard, tu l'as toujours su - mais sa présence ne fait que te renvoyer tes échecs et ta laideur. Tu n'aurais pas dû venir ici gelée comme une balle, mais t'avais mal, et tu voulais lui faire plaisir. « T'as sauté des étapes, et c'est à moi que tu fais la morale? » Tu retires le bustier, révélant ta peau trop pâle couverte de sous-vêtements ivoire. Constellée de taches de rousseur, imparfaite - les imperfections de ceux qui ont passé trop de temps devant un miroir. Ces pauvres danseurs et leurs névroses. Tu lui tends le bustier, éclat de peine se glissant dans tes prunelles de pluie. « T'as toujours compté ». Et c'est ça le problème. Tu lui tends le bustier de danseuse - elle a toujours compté, et pour ça, tu ne peux pas lui pardonner. Même si elle n'est pas fautive.
BY CΔLΙGULΔ ☾
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Re: comme des enfants (laelia)
Sam 24 Aoû 2019 - 20:17
Excédée par ce tempérament exécrable, Laelia perdait patience : depuis quand devait-elle préciser à une danseuse qu’elle devait danser ? Impensable, incohérent et enrageant pour cette créatrice à l’emploi du temps chargé, agacée de perdre inutilement son temps avec de telles gamineries. Matériel dégainé le temps de quelques minutes désastreuses, la brune pestait, pas de ceux à retenir leur colère, elle aurait pu l’étrangler sur l’instant, poupée trop souvent sur les nerfs depuis peu de temps. Le mal-être dominant sur la patience, la tornade n’acceptait pas de gaspiller son temps, de se laisser insulter et c’était pour ces raisons que l’orchidée ne retenait pas la cruauté de ses propos : depuis quand le vilain petit canard se laissait-il marcher sur les palmes ? « Depuis quand est-ce que je dois rappeler à une danseuse étoile de danser ? Tu te fous de ma gueule, Thea ou t’es juste abrutie ? » Le ton qui montait et les pulsations s’accéléraient à l’intérieur de sa poitrine, de quoi durcir les traits de la nymphe. Démunie, mais pourtant, Laelia ne faiblissait pas, hors de question de laisser apparaître ses cicatrices, ecchymoses décorant son derme basané. Le passé lui laissait ce goût typique en bouche : la trahison et l’abandon, éléments qu’elle avait eu l’audace de côtoyer pour la deuxième fois, il y a peu. La mâchoire contractée et l’audace falsifiée éclaboussant sa gueule d’ange déchu. « En claquant des doigts ?! Tu commences à me péter les ovaires, Thea. » Elle en hurlait presque, Laelia, sur le point de lui trancher la jugulaire et de la laisser se vider de son sang, comme une vulgaire épave sans importance.
L’étudiante l’avait bien trop vue endurer le poids nommé Lazaro et bosser comme une acharnée pour Lilium : au fond, s’il s’agissait juste de la blesser, elle y parvenait, la lionne. De plus, c’était chez la rouge que la fleur de Lys s’était réfugiée, en larmes, avec un nouvel abandon et l’avait vu se remettre à travailler comme une folle, s’évanouir, se négliger, pour avoir l’esprit uniquement focalisé sur sa marque. En fusion, éruption peinant à être contenue, ses griffes dégageaient le tissu pour se jeter sur la brune au carré débraillé, la propulsant d’un geste bien trop violent, mais pas assez pour l’achever. Impulsion donnée et sa carcasse s’écrasant contre le béton du mur, ses paumes lacéraient les épaules droites, légèrement plus larges que son buste, apparence typique des danseuses étoiles. En furie, Laelia aurait pu la briser puis la réduire en cendres en peu de gestes, force venue des limbes, l’orchidée souhaitait la détruire, lui éclater quelques os et faire bouillir son derme sous la température ardente ses paumes. « T’es qu’une salle connasse pourrie gâtée, Althea, c’est ça ton souci : t’es incapable d’être fière de tes amies, parce que t’es jalouse, envieuse jusqu’à ta putain d’âme. Incapable d’être reconnaissante, de féliciter les autres, parce que tu veux constamment l’attention sur toi. » Et en matière de blessures, la Trejo savait y faire, meurtrie dans son estime, le regard altéré par la rage, la haine.
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