- InvitéInvité
Chez nous, être supporter, c'est dans les veines {Miko - TERMINE
Mar 27 Aoû 2019 - 22:44
lundi 19 août 2019
@mirko volkine
Genre, tu ne passes pas assez de temps avec ton père depuis un an. Tu as l'impression qu'en fait, il cherche à rattraper les huit années où vous étiez loin l'un de l'autre. Tu as beau avoir envie de lui dire que c'est trop tard, qu'il fallait qu'il s'en préoccupe avant, quand tu étais adolescente, qu'il ne foute pas le feu au ranch, tu n'en dis rien. A la place, c'est avec le sourire que tu as accepté de venir avec lui dans le campement pour la coupe du monde pour passer quelques jours sous la tente tant que la Russie et les Etats-Unis sont encore en jeu. Bon... Pour la Russie, c'est fichu. Ils ont été éliminés au premier tour, malheureusement. Par le Japon, justement. L'équipe qui affronte les Etats-Unis ce soir. Clairement, tu espères que ce sont les américains qui vont gagner. Que se serait-il passé, cependant, si les Russes avaient gagnés? Alors là... Sans doute que ton père aurait été pour la mère patrie - quoiqu'au fond, tu n'en sais rien - toi, de ton côté, ça aurait clairement été les Sammies.
Bref. Tout ça pour dire que t'as hâte que la coupe du monde se termine, pour retrouver un appartement plus grand. Parce que dans une tente, même magique, tu as un peu trop l'impression que vous êtes l'un sur l'autre. Faudrait vraiment que je reprenne une vraie indépendance souffles-tu en passant ton maillot de supportrice de l'équipe américaine, avec le numéro de l'attrapeur. Tu le sais, pourtant, ce n'est pas ce soir que tu aborderas le sujet. Tu n's pas prête, encore. Parce que tu ne sais pas comment faire, toi qui a pourtant toujours quelque chose à dire. Tu secoues la tête et attaches tes cheveux en une queue de cheval haute avant de prendre ta baguette pour dessiner un petit drapeau américain sur chacune de tes joues.
"Bon, Nana! T'es prêt? On va finir par rater l'entrée des joueurs!" lances-tu depuis ce qui te sert de chambre dans la tente, en direction du salon.
@mirko volkine
- InvitéInvité
Re: Chez nous, être supporter, c'est dans les veines {Miko - TERMINE
Mer 28 Aoû 2019 - 22:07
La coupe du monde a bien bouleversé ton quotidien, Mirko. T'as troqué le confort de votre appartement contre un emplacement au camping. Depuis, tu suis tous les matchs : soit dans les gradins (pour tes équipes préférées), soit devant les écrans installés un peu partout dans la fanzone. Naturellement, ça fait plusieurs nuits de suite que tu fais la fête. Car en dehors des États-Unis, le résultat importe peu et tu rejoins aisément la masse des autres supporters.
Le match de ce soir, cependant, est une affaire très sérieuse puisqu'il oppose les États-Unis et le Japon. Au tour d'avant, ces derniers ont sorti ton pays natal et il va sans dire que, dans ces conditions, tu es deux fois plus motivés par l'idée d'une victoire américaine. Par conséquent, tu n'as eu aucun soucis à faire péter le compte en banque afin de te procurer les précieux tickets de quart de finale. Naturellement, t'as choisi d'y aller avec ta fille... Mais pour un événement pareil, il ne saurait en être autrement, pas vrai ? La coupe du monde de quidditch, ça n'a pas lieu tous les ans (encore moins à deux pas de chez soi). Pour un fanatique dans ton genre, ce serait une véritable hérésie de ne pas y aller.
Comme l'heure approche, t'as sorti l'équipement habituel : maillot de supporter, drapeau américain peint sur la figure et tout ce qui suit. Normalement, la consommation d'alcool est interdite dans les gradins, mais dans la mesure où tu picoles non-stop depuis trois jours, le temps du match devrait à peine suffire à faire baisser ton alcoolémie. Tu remplis donc le sac de simples sodas, deux trois trucs à grignoter (au cas où le match s'éterniserait) et les jumelles de rigueur. Pendant ce temps, Jolene se prépare dans la chambre à côté. Tu l'entends qui s'impatiente.
« Ça fait cinq minutes que je suis prêt.
Répliques-tu en envoyant le sac à dos contre ton épaule. Typique.
Tu sais qu'elle prend sur elle de venir avec toi. Pas besoin d'être un aigle pour le sentir et vous ne vous connaissez que trop bien... Mais t'es également persuadé que c'est bon pour vous. Dans ta tête, c'est un peu comme si elle avait toujours huit ans. Tu te rappelles de vos moments passés rien que tous les deux (quand elle était petite) et tu veux recréer ça, pensant que ça suffira à combler le gouffre. C'est plein de bonne volonté, mais pas le plus adroit. Il faut dire que t'as rendu certains sujets essentiels complètement tabous, alors forcément... Ce qui reste manque de pertinence.
« Allez en piste !
Que t'ajoutes en l'accueillant dans le salon les bras ouvert et l'air impatient. A l'extérieur, des sorciers de tous les pays, vêtus aux couleurs de leur équipe préférée, convergent en direction du stade. On entend déjà chanter les hymnes des deux nations par quelques groupes de supporters zélés, mais rien n'a encore commencé. Tu attrapes ta fille par l'épaule et la garde dans ton girons, comme la foule se densifie.
« Tiens. Dis-tu en donnant à Jolene son ticket, avant d'entrer dans le stade. Ne le perds pas maintenant s'il te plaît, il m'a coûté une couille.
Le match de ce soir, cependant, est une affaire très sérieuse puisqu'il oppose les États-Unis et le Japon. Au tour d'avant, ces derniers ont sorti ton pays natal et il va sans dire que, dans ces conditions, tu es deux fois plus motivés par l'idée d'une victoire américaine. Par conséquent, tu n'as eu aucun soucis à faire péter le compte en banque afin de te procurer les précieux tickets de quart de finale. Naturellement, t'as choisi d'y aller avec ta fille... Mais pour un événement pareil, il ne saurait en être autrement, pas vrai ? La coupe du monde de quidditch, ça n'a pas lieu tous les ans (encore moins à deux pas de chez soi). Pour un fanatique dans ton genre, ce serait une véritable hérésie de ne pas y aller.
Comme l'heure approche, t'as sorti l'équipement habituel : maillot de supporter, drapeau américain peint sur la figure et tout ce qui suit. Normalement, la consommation d'alcool est interdite dans les gradins, mais dans la mesure où tu picoles non-stop depuis trois jours, le temps du match devrait à peine suffire à faire baisser ton alcoolémie. Tu remplis donc le sac de simples sodas, deux trois trucs à grignoter (au cas où le match s'éterniserait) et les jumelles de rigueur. Pendant ce temps, Jolene se prépare dans la chambre à côté. Tu l'entends qui s'impatiente.
« Ça fait cinq minutes que je suis prêt.
Répliques-tu en envoyant le sac à dos contre ton épaule. Typique.
Tu sais qu'elle prend sur elle de venir avec toi. Pas besoin d'être un aigle pour le sentir et vous ne vous connaissez que trop bien... Mais t'es également persuadé que c'est bon pour vous. Dans ta tête, c'est un peu comme si elle avait toujours huit ans. Tu te rappelles de vos moments passés rien que tous les deux (quand elle était petite) et tu veux recréer ça, pensant que ça suffira à combler le gouffre. C'est plein de bonne volonté, mais pas le plus adroit. Il faut dire que t'as rendu certains sujets essentiels complètement tabous, alors forcément... Ce qui reste manque de pertinence.
« Allez en piste !
Que t'ajoutes en l'accueillant dans le salon les bras ouvert et l'air impatient. A l'extérieur, des sorciers de tous les pays, vêtus aux couleurs de leur équipe préférée, convergent en direction du stade. On entend déjà chanter les hymnes des deux nations par quelques groupes de supporters zélés, mais rien n'a encore commencé. Tu attrapes ta fille par l'épaule et la garde dans ton girons, comme la foule se densifie.
« Tiens. Dis-tu en donnant à Jolene son ticket, avant d'entrer dans le stade. Ne le perds pas maintenant s'il te plaît, il m'a coûté une couille.
- InvitéInvité
Re: Chez nous, être supporter, c'est dans les veines {Miko - TERMINE
Jeu 29 Aoû 2019 - 11:13
lundi 19 août 2019
@mirko volkine
Tu as beau râler, grommeler, tu es contente de pouvoir passer un peu de temps avec ton père hors de l'appartement. Simplement, tu aimerais juste ne pas être vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec lui. Ca rendrait la chose plus... Facile... Parce que tu as toujours la crainte d'aborder un sujet tabou. Et si vous êtes connus pour vous enflammer vite en famille, tu préfères quand même que les crises familiales restent... En famille. Elles n'ont pas besoin de témoins. Bref. La tension que tu sens entre vous te pèse et tu sais qu'un jour, un jour il faudra crever l'abcès, le problème étant que tu ne sais pas ce que ça va donner. A la place, tu râles pour la forme, lui demandant de se dépêcher, tout en sachant pertinemment qu'il est sans doute déjà prêt et doit trépigner d'impatience que tu sortes enfin de ta chambre. De fait, il te répond rapidement qu'il t'attend depuis cinq minutes et un large sourire se peint sur tes lèvres, dévoilant tes canines un peu trop pointues. Tu le rejoins rapidement, tandis que ton sourire disparait petit à petit pour reprendre un air sérieux - le Quidditch, c'est sérieux.
Tu constates rapidement que vous avez eu les mêmes idées: maillot de supporter, drapeau américain sur le visage, et autre, et cette vision t'arrache un nouveau sourire. Mine de rien, vous n'êtes pas père et fille pour rien, même si, quand on vous regarde, ça ne saute pas aux yeux puisque tu ressembles surtout à ta mère..
"Mais je suis prête, Nana. Nous pouvons partir..." rétorques-tu.
Vous quittez rapidement la tente et tu gardes un peu de distance avec ton père... Avec la foule aussi, bien entendu. Enfin... Jusqu'à ce que Mirko ne décide de t'attraper par l'épaule pour te garder dans son giron comme si tu avais encore dix ans. Tu te dégages rapidement avec un: "Nana! Je ne suis plus une enfant! Je suis capable de ne pas perdre ta trace, tu sais... Comme je sais que tu ne perdras pas la mienne..."
"Bah... T'as toujours la deuxième couille pour me racheter un billet si je le perds..." lui réponds-tu lorsqu'il te tend ton billet. "Et au pire... Je pourrai toujours faire usage de mes charmes pour amadouer les vigiles, si besoin..." ajoutes-tu en le cherchant exprès.
@mirko volkine
- InvitéInvité
Re: Chez nous, être supporter, c'est dans les veines {Miko - TERMINE
Jeu 29 Aoû 2019 - 19:09
Tu as déjà l'esprit bien à la fête, Mirko. L’effervescence collective te gagne un peu plus à mesure que vous approchez du stade. Alors, il va sans dire que tu n'es nullement d'humeur à discuter, ni à entendre les complaintes de ta fille.
« Tu vas pas commencer à râler, hein.
Avertis-tu d'un ton léger, mais avec juste ce qu'il faut de péremptoire en arrière fond pour lui faire comprendre qu'elle ferait mieux de changer d'attitude.
C'est vrai que t'as toujours l'impression de marcher sur des œufs avec elle... Mais dans le même temps, ça te glisse dessus. T'es le genre d'ours mal luné qui monte facilement en pression, mais pour qui les tempêtes sont souvent fugaces et sans dommage sur le long terme. Paradoxal tout de même, mais vous avez l'habitude de vous écharper... Votre norme à vous, en quelque sorte. Au final, la situation est plutôt ordinaire. C'est l'expression d'une affection brute entre deux fortes têtes. Attachement proportionnel au nombre d'étincelles produites. Comme on dit, les chiens ne font pas des chats.
« Continue de faire la maligne et je l'utiliserais pour me faire une fille moins ingrate...
Répliques-tu néanmoins d'un ton mauvais, lorsqu'elle évoque l'idée d'utiliser ses charmes pour amadouer le vigile. Il est vrai que le sujet a toujours été sensible pour toi, les fréquentations de ta fille. Pourtant, tu es un descendant de vampire assumé. Tu connais, maîtrise et utilise ton charme magique à la perfection et sans aucun scrupule. Pire : tu le revendiques. C'est une part aussi importante de ta culture que le fait de boire du sang.
Néanmoins, dès que l'on en vient à ta progéniture, t'as le poil qui se hérisse rien qu'à l'idée qu'elle se serve de son aura. C'est que tu la connais bien, Jolene. Tu sais qu'elle dédaigne le sang en dépit de ton modèle. Fatalement, il ne reste que la luxure au bout du compte et ça... Ce n'est pas demain la veille qu'on te fera accepter cette idée là.
Le sujet écarté, vous finissez de remonter la queue jusqu'à l'entrée du stade. Une fois les tickets contrôlés, la masse des supporters s'éparpille un peu et vous pouvez de nouveau respirer. C'est l'affaire de deux minutes supplémentaires pour trouver votre place : un peu en hauteur, mais relativement bien centré. Tu ne regrettes pas d'y avoir mis le prix. Autour de vous, des familles et des groupes officiels se partagent les bancs. Tout le monde est aux couleurs de l'Amérique. L'ambiance est électrique, mais bon enfant.
Bientôt, le commentateur du match lance les premières annonces. Les joueurs ne tardent pas à suivre en faisant leur entrée sous les applaudissements nourrit des supporters. S'en suit le moment des hymnes. Tu adresses un petit coup de coude à Jolene avec un sourire assorti d'un clin d’œil, avant de te lever pour chanter The Star Spangled Banner.
En cet instant, t'es juste heureux d'être là avec ta fille. C'est un moment de communion. Le genre d'événement qui marque par son caractère foncièrement positif. Et si tu as aimé faire la fête avec les autres supporters lors du premier tour, aujourd'hui, tu es simplement heureux de vivre ça avec elle.
« Tu vas pas commencer à râler, hein.
Avertis-tu d'un ton léger, mais avec juste ce qu'il faut de péremptoire en arrière fond pour lui faire comprendre qu'elle ferait mieux de changer d'attitude.
C'est vrai que t'as toujours l'impression de marcher sur des œufs avec elle... Mais dans le même temps, ça te glisse dessus. T'es le genre d'ours mal luné qui monte facilement en pression, mais pour qui les tempêtes sont souvent fugaces et sans dommage sur le long terme. Paradoxal tout de même, mais vous avez l'habitude de vous écharper... Votre norme à vous, en quelque sorte. Au final, la situation est plutôt ordinaire. C'est l'expression d'une affection brute entre deux fortes têtes. Attachement proportionnel au nombre d'étincelles produites. Comme on dit, les chiens ne font pas des chats.
« Continue de faire la maligne et je l'utiliserais pour me faire une fille moins ingrate...
Répliques-tu néanmoins d'un ton mauvais, lorsqu'elle évoque l'idée d'utiliser ses charmes pour amadouer le vigile. Il est vrai que le sujet a toujours été sensible pour toi, les fréquentations de ta fille. Pourtant, tu es un descendant de vampire assumé. Tu connais, maîtrise et utilise ton charme magique à la perfection et sans aucun scrupule. Pire : tu le revendiques. C'est une part aussi importante de ta culture que le fait de boire du sang.
Néanmoins, dès que l'on en vient à ta progéniture, t'as le poil qui se hérisse rien qu'à l'idée qu'elle se serve de son aura. C'est que tu la connais bien, Jolene. Tu sais qu'elle dédaigne le sang en dépit de ton modèle. Fatalement, il ne reste que la luxure au bout du compte et ça... Ce n'est pas demain la veille qu'on te fera accepter cette idée là.
Le sujet écarté, vous finissez de remonter la queue jusqu'à l'entrée du stade. Une fois les tickets contrôlés, la masse des supporters s'éparpille un peu et vous pouvez de nouveau respirer. C'est l'affaire de deux minutes supplémentaires pour trouver votre place : un peu en hauteur, mais relativement bien centré. Tu ne regrettes pas d'y avoir mis le prix. Autour de vous, des familles et des groupes officiels se partagent les bancs. Tout le monde est aux couleurs de l'Amérique. L'ambiance est électrique, mais bon enfant.
Bientôt, le commentateur du match lance les premières annonces. Les joueurs ne tardent pas à suivre en faisant leur entrée sous les applaudissements nourrit des supporters. S'en suit le moment des hymnes. Tu adresses un petit coup de coude à Jolene avec un sourire assorti d'un clin d’œil, avant de te lever pour chanter The Star Spangled Banner.
En cet instant, t'es juste heureux d'être là avec ta fille. C'est un moment de communion. Le genre d'événement qui marque par son caractère foncièrement positif. Et si tu as aimé faire la fête avec les autres supporters lors du premier tour, aujourd'hui, tu es simplement heureux de vivre ça avec elle.
- InvitéInvité
Re: Chez nous, être supporter, c'est dans les veines {Miko - TERMINE
Jeu 5 Sep 2019 - 15:44
lundi 19 août 2019
@mirko volkine
Tu ne commences pas à râler, tu continues. Et au fond, tu es persuadée qu'il adore ça, t'entendre râler. Parce que ça veut dire que vous communiquez mal, pour certains, mais ça a toujours été votre façon de faire. D'ailleurs, tu lui tires la langue. En réalité, même si tu l'as bien caché jusque là, tu es vraiment contente d'assister à ce match. Même avec lui. Bon, c'est sûr, si un beau mâle d'avait proposé de l'accompagner, tu aurais dû peser le pour et le contre entre aller avec un garçon de ton âge et flirter, et y aller avec ton paternel... Et tu ne sais pas qui l'aurait emporté, d'ailleurs... Ton géniteur, ou le beau gosse? Comme s'il pouvait lire dans ta tête, tu adresses un sourire presque innocent à Mirko avant de lui répondre que:
"Au fond, tu adores ça, que je râle... Avoue... Et puis... Je tiens ça de toi, de toute façon..."
Tu tires la langue sur cette taquinerie alors qu'il enchaine "Continue de faire la maligne et je l'utiliserais pour me faire une fille moins ingrate..." Tu éclates de rire avant de rétorquer que:
"Il faudrait déjà que tu trouves quelqu'un qui veuille de toi!"
Oups... A peine les mots sont-ils sortis de ta bouche que tu veux les rattraper. C'est de la méchanceté gratuite, tu en as parfaitement conscience, et tu t'en veux aussitôt.
"Pardon, Nana. Je n'aurais pas dû dire ça. Tu sais que je ne le penses pas, hein? Tu le sais?"
Mais qu'est-ce qu'il t'a pris? Ca a franchi tes lèvres avant même que tu ne penses ça. D'habitude, tu sais tenir ta langue. Mais cette taquinerie, elle est bien trop borderline. Tu te mords la lèvre en attrapant ton père par le bras et en te mettant sur la pointe des pieds pour déposer un bisou sur sa joue râpeuse. Quand donc apprendras-tu qu'il y a des choses à ne pas dire, même lorsqu'on plaisante? Ce n'est pas parce que tu as vingt-cinq ans - dans une semaine - que tu as le droit de faire ce genre d'humour noir. D'autant que tu le sais très bien, ton père a son petit succès auprès de la gente féminine. C'est simplement que tu crains le jour où il aura une relation sérieuse avec une autre femme que ta mère...
Voilà qui risque de gâcher le bon moment que vous passez tous les deux.
@mirko volkine
- InvitéInvité
Re: Chez nous, être supporter, c'est dans les veines {Miko - TERMINE
Dim 29 Sep 2019 - 22:08
Tu adresses un coup d’œil furtif à ta progéniture qui ne se lasse pas de te vanner depuis que vous avez quitté le camping de l'événement. A l'évidence, tout ceci semble plus t'amuser qu'autre chose. Vous avez cette habitude de vous écharper continuellement, comme si l'amour ne pouvait s'exprimer qu'à travers des répliques cinglantes. C'est bon enfant et si cela passe, c'est parce que cela se fait sans méchanceté.
« De moi ? Répliques-tu donc, le ton offusqué et l’œil pétillant d'une sévérité factice. Je ferais insulte à ta mère si j'oubliais de rappeler qu'elle en tenait une bonne couche, dans son genre.
Tu as mauvais caractère, ce n'est un secret pour personne. Cependant, celle qui avait toujours le dernier mot à l'époque, c'était bel et bien elle : ta chère Dalia. Deux soleils en éruption permanente et qui, pourtant, orbitaient inlassablement l'un autour de l'autre. L'on ne faisait pas mieux assorti que vous. Alors, assurément, il fallu que votre progéniture vous ressembla.
Cependant, il est vrai que, de tout l'entourage qui vous fréquenta à l'époque, le diagnostic des ressemblances fut toujours unanime : Jolene avait de Dalia les traits et du caractère son père. Toi, comme tu es le père en question, tu n'entends pas ces choses de la même manière. Ta fille te semble une incarnation de celle que tu as aimé et tu oublies volontiers qu'il puisse y avoir de toi dans cette jeune tête bien faite. C'est là toute la faiblesse de ton amour, sans doute. Les illusions et les contes se glissent aisément entre tes yeux et la réalité. Est-il à ce point étonnant de constater combien Jolene en souffre aujourd'hui, Mirko ? Tu restreins son monde par peur du changement, à cette jeune fleur en éclosion : amère injustice comme conséquence de tes attaches maladroites. Et ce sans même que tu ne le vois. Triste.
Cependant, la remarque qui suit te tire une expression de surprise sincère. Tu dévisages ta fille en haussant les sourcils, comme on le fait lorsqu'un jeune nous déconcerte par ses excès d'audace. La belle ne tarde d'ailleurs pas à se reprendre et tu te félicites de la voir si douce. La réplique ne t'as pas blessé, en vérité. Il en faut plus pour arriver à te percer le cuir. Cela dit, tu ne cherches pas non plus à contrarier son élan, trop heureux de la voir un peu affectueuse avec toi, pour une fois.
« Mais oui, je le sais. Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?
Dis-tu donc simplement, à la manière d'un vieux sage indien. Sujet épineux toutefois. Peut-être même explosif... Car vous avez beau bénéficier tout deux du sang des vampires, votre mode de vie reste humain avant tout. Il est assez délicat de concilier l'instinct de chasse avec une vie de conservateur... Et si tu as toujours été scrupuleusement loyal et fidèle à Dalia, tes façons ont bien changé après sa mort. Jolene en a fait les frais, une fois de plus. Tu as multiplié les aventures et même si elle n'était pas là pour le voir, il y a des signes qui ne trompent pas : un parfum ici, une trace de rouge à lèvre là...
Comment gérer un tel retournement des valeurs, quand on a été aussi strictement élevée ? Tout ça, ce sont des choses dont vous ne parlez pas, bien entendu. La première enceinte du tabou, en somme... Et même si tu serais curieux de connaître l'avis de ta fille sur une potentielle remise en couple, l'idée d'évoquer sérieusement le sujet est totalement exclue.
Enfin, tout cela, ce sont des choses auxquelles tu ne penses pas. Une réalité mise de côté par le déni, tout simplement. Ainsi, son trait d'humour, quand bien même serait-il de mauvais goût, t'effleure à peine. Tu gratifies simplement ta fille d'une caresse affectueuse sur la joue, du revers de la main, et y ajoutes un de ces petits rires sourds dont tu as le secret.
Cependant, c'est maintenant que vous êtes dans les gradins que les choses deviennent vraiment sérieuses. Le coup d’envoi vient d'être lancé et l'on assiste aux premières passes. L'heure est donc aux pronostics.
« J'ai parié vingt gallions sur ce match. Dis-tu d'un air expert. Si on ne va pas, au moins, jusqu'en demi finale, je ne répond plus de rien.
« De moi ? Répliques-tu donc, le ton offusqué et l’œil pétillant d'une sévérité factice. Je ferais insulte à ta mère si j'oubliais de rappeler qu'elle en tenait une bonne couche, dans son genre.
Tu as mauvais caractère, ce n'est un secret pour personne. Cependant, celle qui avait toujours le dernier mot à l'époque, c'était bel et bien elle : ta chère Dalia. Deux soleils en éruption permanente et qui, pourtant, orbitaient inlassablement l'un autour de l'autre. L'on ne faisait pas mieux assorti que vous. Alors, assurément, il fallu que votre progéniture vous ressembla.
Cependant, il est vrai que, de tout l'entourage qui vous fréquenta à l'époque, le diagnostic des ressemblances fut toujours unanime : Jolene avait de Dalia les traits et du caractère son père. Toi, comme tu es le père en question, tu n'entends pas ces choses de la même manière. Ta fille te semble une incarnation de celle que tu as aimé et tu oublies volontiers qu'il puisse y avoir de toi dans cette jeune tête bien faite. C'est là toute la faiblesse de ton amour, sans doute. Les illusions et les contes se glissent aisément entre tes yeux et la réalité. Est-il à ce point étonnant de constater combien Jolene en souffre aujourd'hui, Mirko ? Tu restreins son monde par peur du changement, à cette jeune fleur en éclosion : amère injustice comme conséquence de tes attaches maladroites. Et ce sans même que tu ne le vois. Triste.
Cependant, la remarque qui suit te tire une expression de surprise sincère. Tu dévisages ta fille en haussant les sourcils, comme on le fait lorsqu'un jeune nous déconcerte par ses excès d'audace. La belle ne tarde d'ailleurs pas à se reprendre et tu te félicites de la voir si douce. La réplique ne t'as pas blessé, en vérité. Il en faut plus pour arriver à te percer le cuir. Cela dit, tu ne cherches pas non plus à contrarier son élan, trop heureux de la voir un peu affectueuse avec toi, pour une fois.
« Mais oui, je le sais. Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?
Dis-tu donc simplement, à la manière d'un vieux sage indien. Sujet épineux toutefois. Peut-être même explosif... Car vous avez beau bénéficier tout deux du sang des vampires, votre mode de vie reste humain avant tout. Il est assez délicat de concilier l'instinct de chasse avec une vie de conservateur... Et si tu as toujours été scrupuleusement loyal et fidèle à Dalia, tes façons ont bien changé après sa mort. Jolene en a fait les frais, une fois de plus. Tu as multiplié les aventures et même si elle n'était pas là pour le voir, il y a des signes qui ne trompent pas : un parfum ici, une trace de rouge à lèvre là...
Comment gérer un tel retournement des valeurs, quand on a été aussi strictement élevée ? Tout ça, ce sont des choses dont vous ne parlez pas, bien entendu. La première enceinte du tabou, en somme... Et même si tu serais curieux de connaître l'avis de ta fille sur une potentielle remise en couple, l'idée d'évoquer sérieusement le sujet est totalement exclue.
Enfin, tout cela, ce sont des choses auxquelles tu ne penses pas. Une réalité mise de côté par le déni, tout simplement. Ainsi, son trait d'humour, quand bien même serait-il de mauvais goût, t'effleure à peine. Tu gratifies simplement ta fille d'une caresse affectueuse sur la joue, du revers de la main, et y ajoutes un de ces petits rires sourds dont tu as le secret.
Cependant, c'est maintenant que vous êtes dans les gradins que les choses deviennent vraiment sérieuses. Le coup d’envoi vient d'être lancé et l'on assiste aux premières passes. L'heure est donc aux pronostics.
« J'ai parié vingt gallions sur ce match. Dis-tu d'un air expert. Si on ne va pas, au moins, jusqu'en demi finale, je ne répond plus de rien.
- InvitéInvité
Re: Chez nous, être supporter, c'est dans les veines {Miko - TERMINE
Lun 14 Oct 2019 - 11:44
Chez nous, être supporter c'est dans les veines - lundi 19 août 2019 - @mirko volkine
C'est vrai. Tu tiens de tes deux parents. Les chiens ne font pas des chats, après tout. Mais même pour quelque chose d'aussi basique que le caractère, la simple mention de ta mère te serre le coeur. Ca a beau faire dix ans, tu ne te remets pas. Tu est incapable d'oublier: sa mort et l'incendie du ranch. Tu crispes le poing opposé à ton père, t'efforçant de ne pas amener sur le tapis ce sujet si sensible. Ce n'est pas le moment. Vous êtes là pour vous amuser. Pour passer un agréable moment père-fille. Reste à espérer que le match des USA sera suffisamment prenant pour que tu oublies tous ces petits détails qui viennent empoisonner ces moments à deux. Ils sont trop importants pour être gâchés pour des broutilles. Enfin... Des broutilles, tout est relatif.
"Certes... Mais je tiens de toi le côté ours mal-léché." réponds-tu d'un ton qui se veut léger.
Pourtant, c'est une vilaine pique qui franchit ensuite la barrière de tes lèvres. Une méchanceté gratuite qu'il ne mérite pas et tu sais que ce n'est que la plaie qui reste béante malgré les années, cette blessure qui refuse de se refermer qui en est la cause. Tu t'empresses de demander pardon à ton père, comme une petite fille prise en faute. Pour un peu, tu te jetteras à son cou pour déposer un bisou sur sa joue mal rasée. Tu n'en fais rien, cependant. Tu as depuis longtemps passé l'âge de ce genre de manifestation... Depuis ce fossé qui s'est creusé entre vous. Ce n'est pas l'envie qui te manque, pourtant, mais c'est comme si une camisole t'empêchait d'esquisser ce geste. De toute façon, il réagit comme s'il s'en moquait. Ca te blesse presque un peu et tu détournes le regard, avant de changer de sujet:
"Installons-nous. Le match va commencer."
De fait, juste après votre installation, le coup d'envoi est lancé et le sujet revient sur le match. Un thème nettement moins sensible entre vous. "J'ai parié vingt gallions sur ce match. Si on ne va pas, au moins, jusqu'en demi finale, je ne répond plus de rien."
"Voilà qui ne m'étonne pas de toi... Te connaissant, s'ils perdent, tu serais capable d'aller dans les vestiaires après le match pour leur casser la gueule..." rétorques-tu dans un rire.
Toi, tu te gardes bien de dire que tu as parié, aussi. Tu sais qu'il n'apprécierait pas.
"Ceci dit, je pense qu'ils peuvent atteindre les finales. Peut-être même remporter, cette année. Ils n'ont jamais été aussi forts..."
- InvitéInvité
Re: Chez nous, être supporter, c'est dans les veines {Miko - TERMINE
Lun 28 Oct 2019 - 11:28
L'insouciance est l'un des traits qui te caractérisent, Mirko. Ce dont tu t'appesantis l'âme surnage tout au mieux entre deux eaux, mais l'on voit rarement quelque trouble sincère froisser ta figure pâle. Humeur cruellement joyeuse, toujours prêt à esquisser un de ces sourires terribles dont tu as le secret. Ce que tu gardes dans les bas fonds de ta personne est une charogne dont il faut connaître l'existence pour remarquer la puanteur.
Ce serait un exercice inutilement périlleux que de tenter de la ramener sous le soleil : d'aucuns s'y sont essayés, mais sans grand succès. Trop de bêtes gardent l'entrée de cette grotte là. Des hordes à la gueule béante et aux multiples rangées de dents. Assurément il faut, pour s'en départir, te connaître assez pour savoir qu'il existe un chemin dérobé contournant la fosse aux lions. De rares moments au cours desquels, la garde baissée, tu laisses transparaître une faille, un regret ou une quelconque forme de gravité issue de ces deux dernières choses là.
Il faut l’acuité des sages, qui savent que derrière les tensions vivaces de l'âme se situent parfois la plus pure forme de désespoir. Ceux qui portent le poids du monde sur leurs épaules sont souvent les plus grands pudiques. D'imaginer parler à ta fille de tout ce qui te ronge l'âme depuis dix ans devrait être une nécessité salvatrice pour toi, Mirko. La vérité est toute contraire. Tu préférerais certainement courir au sépulcre et t'y enfermer, plutôt que de démystifier ta figure dans son imaginaire.
La mythologie est parfois plus importante, pour les pères, que la tendresse. Il faut que leurs filles vivent en pensant à un héros à l'endroit de leur image. Tu n'es pourtant pas naïf au point de croire que c'est encore de cette façon qu'elle te voit, Mirko : Jolene a grandit le cœur plein d'amertume. L'incendie a emporté le ranch de son enfance et tiré une flèche tout droit dans les empyrées, où tu aurais souhaité qu'elle accroche ton portrait. Cela fait longtemps maintenant.
Pourtant, tu n'oses toujours pas. Tu te refuses à l'évidence et, ce faisant, amène à ce type de situation où elle détourne pudiquement la tête et que, malgré ton insouciance, tu sens que tu viens de rater quelque chose. Tragédie ordinaire : celle de la perte de temps et des non dits.
Cependant, une chose en chassant une autre, vous parvenez sans peine à vous fondre dans l'atmosphère bon enfant du match. La famille est une de ces facilités de la vie que l'on donne pour permettre aux hommes d'affronter le reste. Des liens incassables que l'on peut éprouver (presque) à la guise. Ainsi, si vos défauts génèrent ensemble les pires silences, vos qualités savent aussi se répondre en écho. Assis sur les gradins au milieu de tous les autres supporters états-uniens, la conversation se fait légère. A tes pronostics se mêlent les commentaires gentiment acides de Jolene, auxquels tu ris toujours très volontiers.
« Ah, ça me ferait mal... Dis-tu en regardant le vaste espace qui s'étend devant vous. Pour les finales, je suis d'accord. Si on n'arrive pas jusque là, je serais vraiment étonné, vu leur forme.
Sur le terrain, le match a déjà commencé. Ton regard suit attentivement les premiers échanges du souafle, avant de dévier vers les batteurs dont tu aimes observer l'habileté.
« Tout va dépendre de qui se trouvera en face...
Dis-tu d'un air presque absent, tant ton attention se concentre sur ce qui se passe devant vous. Après un moment, tu te penches néanmoins sur l'épaule de Jolene (la foule empêchant de s'entendre, si l'on se parle de trop loin), pour lui glisser ton commentaire.
« Regarde là... Dis-tu en désignant l'attrapeuse de l'équipe américaine d'un signe de tête. Je suis sûr qu'elle lui fait son coup habituel... Yes ! Et l'autre qui tombe dedans.
Par « coup habituel » tu entendais bien sûr ce mouvement qui consistait, pour un attrapeur, à feindre d'avoir aperçu le vif d'or afin d'amener l'adversaire à se mettre en danger, soit en plongeant vers le sol, soit en l'exposant à portée des batteurs alliés pour qu'il se prenne un cognard en pleine tête. C'est précisément la seconde option qui se produisit, bien qu'à ton grand désarroi, l'attrapeur adverse parvint à éviter le cognard de justesse. Un match de quidditch manque toujours un peu d'intensité lorsque personne ne se casse rien, à ton avis. Enfin, tu est bien trop content d'assister à ce match pour t'en plaindre.
A ce titre, la rencontre fut très belle. L'équipe américaine remporta haut la main l'échange, aussi bien au score qu'au vif d'or. Les gradins étaient en feu et la nuit promettait d'être très animée. A ce titre, il va sans dire que toutes les ombres furent chassées du tableau, ce soir là. Toi et Jolene profitèrent du moment avec toute l'insouciance d'un père et d'une fille animés par la même passion. Cela faisait bien longtemps que ça n'était arrivé. Au quotidien, l'on sombrait parfois dans une sorte de paix de circonstance, mais pas vraiment sereine dans le fond. Il y avait toujours des petites tensions, des petits problèmes et on ne partageait pas grand chose de très intense. Là, au contraire, tout allait pour le mieux.
On dirait un grand rayon de soleil sur vos vie. Le genre qui fait oublier tout le reste... Les mauvaises langues parleraient de calme avant la tempête et il est vrai qu'un caractère pessimiste comme le tiens pourrait y croire. Fallait-il donc redouter les semaines à venir ? Allait-il y avoir quelque événement suffisamment grave pour bousculer cette paix retrouvée ?
Connaissant l'ironie qui guide les destins de ce monde, rien n'était moins sûr.
Ce serait un exercice inutilement périlleux que de tenter de la ramener sous le soleil : d'aucuns s'y sont essayés, mais sans grand succès. Trop de bêtes gardent l'entrée de cette grotte là. Des hordes à la gueule béante et aux multiples rangées de dents. Assurément il faut, pour s'en départir, te connaître assez pour savoir qu'il existe un chemin dérobé contournant la fosse aux lions. De rares moments au cours desquels, la garde baissée, tu laisses transparaître une faille, un regret ou une quelconque forme de gravité issue de ces deux dernières choses là.
Il faut l’acuité des sages, qui savent que derrière les tensions vivaces de l'âme se situent parfois la plus pure forme de désespoir. Ceux qui portent le poids du monde sur leurs épaules sont souvent les plus grands pudiques. D'imaginer parler à ta fille de tout ce qui te ronge l'âme depuis dix ans devrait être une nécessité salvatrice pour toi, Mirko. La vérité est toute contraire. Tu préférerais certainement courir au sépulcre et t'y enfermer, plutôt que de démystifier ta figure dans son imaginaire.
La mythologie est parfois plus importante, pour les pères, que la tendresse. Il faut que leurs filles vivent en pensant à un héros à l'endroit de leur image. Tu n'es pourtant pas naïf au point de croire que c'est encore de cette façon qu'elle te voit, Mirko : Jolene a grandit le cœur plein d'amertume. L'incendie a emporté le ranch de son enfance et tiré une flèche tout droit dans les empyrées, où tu aurais souhaité qu'elle accroche ton portrait. Cela fait longtemps maintenant.
Pourtant, tu n'oses toujours pas. Tu te refuses à l'évidence et, ce faisant, amène à ce type de situation où elle détourne pudiquement la tête et que, malgré ton insouciance, tu sens que tu viens de rater quelque chose. Tragédie ordinaire : celle de la perte de temps et des non dits.
Cependant, une chose en chassant une autre, vous parvenez sans peine à vous fondre dans l'atmosphère bon enfant du match. La famille est une de ces facilités de la vie que l'on donne pour permettre aux hommes d'affronter le reste. Des liens incassables que l'on peut éprouver (presque) à la guise. Ainsi, si vos défauts génèrent ensemble les pires silences, vos qualités savent aussi se répondre en écho. Assis sur les gradins au milieu de tous les autres supporters états-uniens, la conversation se fait légère. A tes pronostics se mêlent les commentaires gentiment acides de Jolene, auxquels tu ris toujours très volontiers.
« Ah, ça me ferait mal... Dis-tu en regardant le vaste espace qui s'étend devant vous. Pour les finales, je suis d'accord. Si on n'arrive pas jusque là, je serais vraiment étonné, vu leur forme.
Sur le terrain, le match a déjà commencé. Ton regard suit attentivement les premiers échanges du souafle, avant de dévier vers les batteurs dont tu aimes observer l'habileté.
« Tout va dépendre de qui se trouvera en face...
Dis-tu d'un air presque absent, tant ton attention se concentre sur ce qui se passe devant vous. Après un moment, tu te penches néanmoins sur l'épaule de Jolene (la foule empêchant de s'entendre, si l'on se parle de trop loin), pour lui glisser ton commentaire.
« Regarde là... Dis-tu en désignant l'attrapeuse de l'équipe américaine d'un signe de tête. Je suis sûr qu'elle lui fait son coup habituel... Yes ! Et l'autre qui tombe dedans.
Par « coup habituel » tu entendais bien sûr ce mouvement qui consistait, pour un attrapeur, à feindre d'avoir aperçu le vif d'or afin d'amener l'adversaire à se mettre en danger, soit en plongeant vers le sol, soit en l'exposant à portée des batteurs alliés pour qu'il se prenne un cognard en pleine tête. C'est précisément la seconde option qui se produisit, bien qu'à ton grand désarroi, l'attrapeur adverse parvint à éviter le cognard de justesse. Un match de quidditch manque toujours un peu d'intensité lorsque personne ne se casse rien, à ton avis. Enfin, tu est bien trop content d'assister à ce match pour t'en plaindre.
A ce titre, la rencontre fut très belle. L'équipe américaine remporta haut la main l'échange, aussi bien au score qu'au vif d'or. Les gradins étaient en feu et la nuit promettait d'être très animée. A ce titre, il va sans dire que toutes les ombres furent chassées du tableau, ce soir là. Toi et Jolene profitèrent du moment avec toute l'insouciance d'un père et d'une fille animés par la même passion. Cela faisait bien longtemps que ça n'était arrivé. Au quotidien, l'on sombrait parfois dans une sorte de paix de circonstance, mais pas vraiment sereine dans le fond. Il y avait toujours des petites tensions, des petits problèmes et on ne partageait pas grand chose de très intense. Là, au contraire, tout allait pour le mieux.
On dirait un grand rayon de soleil sur vos vie. Le genre qui fait oublier tout le reste... Les mauvaises langues parleraient de calme avant la tempête et il est vrai qu'un caractère pessimiste comme le tiens pourrait y croire. Fallait-il donc redouter les semaines à venir ? Allait-il y avoir quelque événement suffisamment grave pour bousculer cette paix retrouvée ?
Connaissant l'ironie qui guide les destins de ce monde, rien n'était moins sûr.
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