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high expectations (lys)
Jeu 21 Nov 2019 - 15:08
Le tisserand à son métier penché sur l'univers de sa création aurait pu utiliser de nombreux fils pour tisser l'âme d'Evan Wakefield. Des fils d'argent et d'or, pour l'être incandescent qu'était le professeur de musique, toujours prêt à prendre un moment pour le beau geste, la parole juste, et d'éternelles facéties valsant dans ses prunelles de forêt. Liens à moitié tissés formant pourtant une figure gracieuse et puissante - mais on n'aurait pu considérer l'oeuvre comme entièrement finie, pas au regard d'un connaisseur. Non, ce qu'il manquait au géant roux, c'était l'organisation manifestée dans les traits nets, les noeuds trop bien réalisés - mais pour cela, on aurait dû lui couper quelques points de création. Son génie musical aurait-il seulement fleuri, le cas échéant? L'année précédente, le professeur de musique avait pourtant légèrement courbé l'échine face aux demandes administratives de l'institution (ou la satanée paperasse de son cher @Dhan Chaffinch), en profitant pour contourner au moins une demi-douzaine de procédures - on ne le ferait jamais marcher au pas, le facétieux directeur des Ethelred. Sa première assistante avait été une présence douce et comique à ses côtés, l'Écossais usant de sa candeur innocente en guise de combustible à son existence traversée de rires et d'art. On aurait pu croire que derrière les vagues de malice occupant le sorcier se cachaient une quelconque intention maligne, mais la vérité était que l'essence du professeur était de transformer la misère en éclat, la douleur en lumière. Peu de gens comprenaient le carnaval semblant se dérouler derrière ses iris clairs, questionnant la bonté apparente du personnage excentrique en lui attribuant des motifs peu dignes. Carapace incandescente - et entêtement enjoué.
et il avait été déterminé à ne pas chercher de remplaçante à Sapphire, convaincu que personne ne ferait l'affaire comme la petite Irlandaise pour son caractère si particulier.
La réalité avait pourtant rattrapé le sorcier : assumant désormais le poste de directeur de maison, ses responsabilités s'étaient multipliées (à son plus grand malheur - mais il fallait admettre que le géant aimait foncièrement les gris). Entre la rentrée scolaire, certains cas particuliers dont un Ethelred devenu joueur professionnel et qui avait choisi d'abandonner deux cours auxquels il excellait et le retour, plusieurs semaines en retard, d'un autre étudiant dont la tentative de suicide l'avait plongé dans un profond marasme, Evan n'avait pas vu les deux premiers mois universitaires filer. Déjà, il faudrait organiser les prochaines auditions pour le spectacle de Noël, les célébrations des Ethelred victorieux au Quidditch, ses propres examens - et surtout, le célibataire endurci par dix ans du deuil de son épouse découvrait à nouveau la vie conjugale. Aussi bien dire qu'il en aurait perdu la tête, si elle n'était pas jointe à son cou (fort heureusement). Tâtant le pouls de certains étudiants, le rouquin avait fini par laisser son choix tomber sur une grymm, une de ses étudiantes les plus assidues. Sans l'admettre entièrement, peut-être était-ce parce que la jeune femme avait quelque chose, un trait féerique, qui lui rappelait Sapphire. Le professeur avait donc suivi la procédure (pour une fois - signe de sa déférence au trop sérieux secrétaire, qui était devenu un ami improbable) et embauché Lys, qu'il attendait présentement dans sa salle de cours, la mine avenante et sa plusaffreusebelle cravate jaune à pois verts nouée autour du cou. Evan réserverait son jugement au sujet de la jeune femme, loyal qu'il était au souvenir de la seule assistante l'ayant précédée. You've got big shoes to fill. « Dalgaard », salua-t-il la nouvelle venue lorsqu'elle pénétra dans la salle de classe. « Bienvenue dans votre environnement professionnel ». Attendant que la petite silhouette s'approche, l'Écossais glissa ses mains dans les poches de son pantalon de tweed, expression bienveillante au visage.
@Lys Dalgaard
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Re: high expectations (lys)
Sam 23 Nov 2019 - 12:59
Le coeur battant la chamade, Lys traverse les couloirs de l'université. La petite fleur se faufile entre les silhouettes des autres élèves, filant comme le vent, ne voulant surtout pas faire attendre son professeur et nouveau chef ; en effet, la demoiselle a eu la joie d'être choisie comme assistante par M. Wakefield, et cet honneur l'emplit à la fois de joie et d'appréhension. Petite fleur commence à fâner, depuis quelques mois ; elle a beau effectuer des rituels anciens de guérison régulièrement, cela ne fait que ralentir sa perte de magie, non pas l'arrêter, et elle craint le jour où elle ne pourra plus cacher à ses professeurs sa maladie. La musique est la seule chose qui la fait renaître un peu, ces derniers temps ; magie ou non, la musique se pratique toujours, et c'est un moment libérateur pour elle de jouer de sa Nyckelharpa et d'entonner des airs familiers. Quand elle fait de la musique, elle oublie qu'elle est condamnée à devenir cracmole, elle oublie que tous ses rêves se fane et seront bientôt réduit en poussière ; alors elle est heureuse de pouvoir travailler avec le professeur de musique, puisque cela lui donne à la fois un nouveau but et une distraction. Cependant, elle est aussi un peu nerveuse à l'idée de ne pas être assez bien, de rater, de se tromper, de décevoir son professeur. Elle sait que ce dernier était très attaché à Sapphire, avant que cette dernière ne s'en aille brutalement. Et si elle n'est passe assez compétente pour la remplacer ?
Elle a tenté de faire un effort vestimentaire, peu habituée à porter autre chose que ses tuniques de laine, ses robes de lin et ses capes de peau d'animaux. Elle veut avoir l'air sérieuse et professionnelle sans pour autant perdre sa personnalité, alors c'est en pull vert foncé par dessus une chemise et une longue jupe blanches qu'elle déambule jusqu'à la salle de classe. Arrivée devant la porte, elle s'immobilise, stressée. C'est une opportunité incroyable qu'elle a, de pouvoir travailler avec son professeur ; elle a tellement peur de ne pas être assez studieuse, organisée, utile. La fleur prend une profonde inspiration, tentant de calmer les battements nerveux de son coeur. Il n'y a pas de raison de s'inquiéter autant ; elle a toujours été une élève sérieuse et plutôt impliquée dans son travail, et puis le professeur Wakefield l'a choisi pour une bonne raison, non ? Lâchant une dernière expiration pour se calmer, elle toque à la porte puis pénètre dans la salle de cours. « Dalgaard, » la salut-il. « Bonjour, professeur, » répond la demoiselle, un fin sourire aux lèvres face à l'expression bienveillante sur le visage de son professeur. « Bienvenue dans votre environnement professionnel. » Enfin, la fierté et la joie prennent la place de l'appréhension, et elle se laisse envahir par ces deux sentiments, rassurée. « C'est une chance de pouvoir me rendre utile, » lui dit-elle. Elle se tient un peu plus droite, plus assurée. Oui, c'est ici qu'elle va travailler, et elle s'en sortira à merveille, parce qu'elle adore la musique et les cours de son professeur. « Je ferai tout mon possible pour être à la hauteur de vos attentes. » Elle y arrivera.
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Re: high expectations (lys)
Sam 7 Déc 2019 - 14:52
Un instant magique – celui de diriger, de s’élever sur la scène alors que les musiciens fourmillent. Un chaos de sons, de bruits, ils s’échauffent, l’air inspiré expulsé des poumons avec verve, la pureté du geste, un chaos ordonné – mais un chaos, tout de même. Un geste. Un seul – minuscule, rien de complexe, mais du chaos, l’ordre est créé, et avec lui, une cacophonie de sons devient musique. Sensation extraordinaire, et le chef d’orchestre est souvent tenté de penser qu’il s’agit de son moment, que tout, en cet instant, dépend de lui. L’arrogance de ceux qui dirigent. Pourtant, les musiciens d’un orchestre ne regardaient que bien peu leur chef … dans ce cas, que faisait-il? De pianiste, Evan était devenu meneur d’orchestre, jadis, à Vienne, et avait appris cette vérité si simple : dans cette position, le pianiste dirigeait relativement peu, en vérité, lorsqu’il interagissait avec des musiciens professionnels, rodés à la pratique de leur art. Non, ceux qui se glissaient dans le costume, enfilant un veston queue de pie, devenaient plutôt des tisserands – tissant les histoires ensemble. Celle des musiciens. Celle des spectateurs. La leur, un peu, fils argentés liés à la tapisserie pour former un tout qui produirait une joie, une beauté au sein de laquelle s’évanouir, un peu, le temps de quelques notes. C’était ainsi qu’il souhaitait accueillir son assistante (en probation) … et lui poser quelques questions. Saluant la silhouette fine s’avançant vers lui, Evan lui décocha un regard bienveillant. « C'est une chance de pouvoir me rendre utile ». Lui adressant un hochement de tête gracieux, le professeur accepta les salutations polies. « Je ferai tout mon possible pour être à la hauteur de vos attentes ».
S’imaginait-il la nervosité du perce-neige lui faisant face? Probablement pas – Evan se savait de stature imposante et d’un potentiel intimidant, bien que l’Écossais soit un des membres les plus bienveillants de la faculté. Tirant un fauteuil, il fit signe à la jeune femme de s’installer, sourire aux lèvres, pétillement dansant au fond de son regard forêt. « Je serai probablement le patron le plus tolérant et capricieux que vous aurez eu », admit le professeur avec lucidité, prenant place dans l’autre fauteuil de visiteur, ne souhaitant pas mettre la distance protocolaire du bureau entre son assistante et lui. Liant ses doigts entre eux, le pianiste jeta un coup d’œil léger à la jeune femme. « Je n’ai eu qu’une assistante, par le passé. Sapphire a fait un travail exemplaire – mais soyez assurée que je ne m’attends pas à ce que vous soyez la même personne ». L’aveu, à la fois pour la rassurer elle, la petite présence lunaire, mais aussi pour s’imposer une limite : Evan était un homme honorable, qui ne rompait que très rarement ses promesses. S’il affirmait aussi clairement à Lys qu’elle aurait droit à son autonomie, l’Écossais respecterait ses propres dires. « La plupart des professeurs ayant des assistants requièrent de leur part une charge de travail au niveau de l’enseignement, pour davantage se concentrer sur la recherche. Mes besoins sont différents – et largement organisationnels, comme vous l’aurez peut-être remarqué au cours des deux années précédentes », admit-il, un petit rire franchissant ses lèvres. Penché, ses avant-bras appuyés sur ses cuisses, mains jointes afin que leurs visages soient à niveau. « Je voulais d’abord m’assurer que la perspective vous convient. Votre assistanat serait plus … traditionnel, disons, auprès d’autres professeurs ». Evan se savait rétif et têtu face aux règlements, et Merlin savait qu’il en avait fait voir de toutes les couleurs à l’administration, comme étudiant – et comme professeur.
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