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la jeteuse de sort (la fattuchiera) - helios
Sam 8 Fév 2020 - 10:49
E sopra tanta vita addormentata,
Dietro i cipressi, in mezzo la brughiera
Sonare, ecco, una stridula risata
di fattuchiera.
Morte, lo squillo acuto del tuo riso
unico muove l'ombra che ci occulta
silenziosa, e desta all'improvviso
squillo, sussulta ;
E quando taci, e par che tutto dorma
Nel cipresseto, trema ancora il nido
D'ogni vivente : ancor, nell'aria, l'orma
C'è del tuo grido.*
Quelques mots raturés, réécrits. Des rimes déplacées. L'embout du stylo entre les lèvres, grinçant contre les dents tandis que les yeux opaline dansaient sur le papier. La frénésie était intérieure, silencieuse, invisible. Dalia avait posé le carnet sur ses genoux pliés contre sa poitrine, le dos dans le creux de la chaise et les chaussures appuyées sur l'assise. Elle n'utilisait même pas la table laissée à disposition devant elle, lovée dans cette position d'adolescente, celle qui ne prenait pas de place, celle qui n'avait pas le temps ou le courage de s'installer convenablement.
Sur la table, abandonnés, s'enlisaient sa baguette, son téléphone portable et sa tasse de café froid, dont le fond brun noir tachait l'émail blanc. La sorcière avait pris l'habitude irrégulière de venir écrire au bar de l'Eden Court Theater, inspirée par le changement de décor, l'atmosphère artistique du lieu, le brouhaha diffus des clients. Parfois elle installait plusieurs carnets et croquis sur toute la rondeur de la table, comme si elle organisait une réunion d'artistes dont elle était la seule participante. Aujourd'hui, sa posture renfrognée marquait bien sa solitude -désirée ou subie ?- et son humeur chagrine. C'était l'hiver, c'était ses déboires sentimentaux, c'était ses doutes sur sa famille. Il lui semblait que son identité s'effaçait dans le brouillard persistant d'Ecosse.
Les cheveux détachés tombaient autour de son visage comme un rideau occultant, et le serveur avait renoncé à établir un contact visuel avec elle pour lui demander si elle voulait quelque chose d'autre. Les artistes étaient fréquents ici, et Dalia n'était pas la plus excentrique d'entre eux. Elle entama un autre poème sur le thème de la chouette, ignorant la couleur clignotante de son écran de téléphone qui indiquait des notifications. Elle n'était là pour personne. En fait, elle n'était même pas là du tout.
Dietro i cipressi, in mezzo la brughiera
Sonare, ecco, una stridula risata
di fattuchiera.
Morte, lo squillo acuto del tuo riso
unico muove l'ombra che ci occulta
silenziosa, e desta all'improvviso
squillo, sussulta ;
E quando taci, e par che tutto dorma
Nel cipresseto, trema ancora il nido
D'ogni vivente : ancor, nell'aria, l'orma
C'è del tuo grido.*
Quelques mots raturés, réécrits. Des rimes déplacées. L'embout du stylo entre les lèvres, grinçant contre les dents tandis que les yeux opaline dansaient sur le papier. La frénésie était intérieure, silencieuse, invisible. Dalia avait posé le carnet sur ses genoux pliés contre sa poitrine, le dos dans le creux de la chaise et les chaussures appuyées sur l'assise. Elle n'utilisait même pas la table laissée à disposition devant elle, lovée dans cette position d'adolescente, celle qui ne prenait pas de place, celle qui n'avait pas le temps ou le courage de s'installer convenablement.
Sur la table, abandonnés, s'enlisaient sa baguette, son téléphone portable et sa tasse de café froid, dont le fond brun noir tachait l'émail blanc. La sorcière avait pris l'habitude irrégulière de venir écrire au bar de l'Eden Court Theater, inspirée par le changement de décor, l'atmosphère artistique du lieu, le brouhaha diffus des clients. Parfois elle installait plusieurs carnets et croquis sur toute la rondeur de la table, comme si elle organisait une réunion d'artistes dont elle était la seule participante. Aujourd'hui, sa posture renfrognée marquait bien sa solitude -désirée ou subie ?- et son humeur chagrine. C'était l'hiver, c'était ses déboires sentimentaux, c'était ses doutes sur sa famille. Il lui semblait que son identité s'effaçait dans le brouillard persistant d'Ecosse.
Les cheveux détachés tombaient autour de son visage comme un rideau occultant, et le serveur avait renoncé à établir un contact visuel avec elle pour lui demander si elle voulait quelque chose d'autre. Les artistes étaient fréquents ici, et Dalia n'était pas la plus excentrique d'entre eux. Elle entama un autre poème sur le thème de la chouette, ignorant la couleur clignotante de son écran de téléphone qui indiquait des notifications. Elle n'était là pour personne. En fait, elle n'était même pas là du tout.
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Re: la jeteuse de sort (la fattuchiera) - helios
Dim 16 Fév 2020 - 18:55
( la jeteuse de sort ) J’aime observer les gens, tenter de deviner leur vie, leurs espoirs et leurs déceptions, et toi belle demoiselle, tu sembles en proie à quelques déboirs dont j’ignore les raisons, qu’est-ce qui pourrait justifier que tes traits si délicats se ternissent de la sorte ? Tu m’intrigues, charmante demoiselle, toi autant que ton carnet, ton attitude qui semble hurler un désir d’invisibilité, je finis mon latte, repose la tasse sur le bar en adressant un clin d’oeil à la serveuse pour te rejoindre en quelques enjambées rapides. Tu ne m’entends pas arriver, tu sembles bien concentrée, obsédée, tu me rappelles une version de moi-même quand je m’enferme dans ma bulle, principalement pour tenir mon journal plus que pour écrire mes articles, mais je reconnais cette concentration, cette pseudo état méditatif dans lequel tu sembles être plongée. Dans ton dos, je jette un regard au carnet, déception, je ne comprends pas un traître mot de ce que tu as écrit, très jolie calligraphie au demeurant, ça parle de quoi ? J’espère que tu excuseras mes manières qui peuvent sembler cavalière au premier regard, mais je suis quelqu’un d’impulsif et, voilà déjà trop longtemps que tu as piqué ma curiosité, ça fait un moment que je te vois raturer ton carnet, tu devrais peut-être prendre une pause pour aérer ton esprit, non ? Si tu es finaude, tu pourras comprendre que je t’offre un verre, si non, tant pis, une pause n’est jamais une mauvaise idée. | ( Pando ) |
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Re: la jeteuse de sort (la fattuchiera) - helios
Mar 24 Mar 2020 - 9:32
Les yeux froncés, rivés sur cette rime indélicate comme si les lettres allaient céder au regard impérieux et se modifier d'elles-mêmes, la Suissesse ne sentit la présence dans son dos que tardivement. Elle fut presque surprise par l'éclat de voix impudent. Ça parle de quoi ? L'accent britannique d'une parfaite élégance l'extirpa définitivement de son univers en italien. Dalia ne savait jamais trop quoi penser des gens qui se permettaient de lire par-dessus son épaule, ou de la regarder dessiner, sans se soucier de leur intrusion dans son espace personnel. Elle avait le réflexe de trouver cela agaçant, mais quelle artiste ne voudrait pas attirer la curiosité ou l'intérêt des autres ? Souvent, ces rencontres se révélaient courtoises, et parfois agréables. La jeune femme glissa donc ses opales examinatrices sur celui qui la dérangeait, pour étudier son potentiel. Un jeune homme de son âge, à l'allure confiante, l'air cavalier et pénétrant. Avec un léger haussement d'épaules, elle répondit en déposant le stylo sur son carnet. De la fin du monde. Elle est imminente. Regard direct et impudique. Elle avait pris un ton sérieux, trop sérieux, qui l'amusait. Dalia aurait adoré être une prêtresse, terrorisant les foules par ses prédictions.
Elle consentit à se défaire de sa posture fermée et posa les pieds au sol pour se tourner à demi dans sa chaise vers l'intrus. Elle posait son carnet sur la table quand il reprit la parole. Tu devrais peut-être prendre une pause pour aérer ton esprit, non ? La ténébreuse l'observa une seconde fois, sceptique, amusée, pesant le pour et le contre. Dalia détestait qu'on lui dise ce qu'elle devait faire, héritage explosif de son éducation étouffante, apanage incontournable de sa panoplie de rebelle. Cette réticence aux suggestions empirait en présence d'un homme, ce chevalier servant croyant illuminer la journée de la damoiselle en détresse en lui faisant l'honneur d'un verre en sa compagnie. Pourtant, quelque chose s'était adouci en elle. Ignorant si c'était dû à sa mélancolie ou à l'interruption bienvenue de cet état de désespoir, l'Helvète finit par sourire doucement au jeune homme et prit sa décision. Probablement, un peu de folie, il faut profiter des derniers instants parait-il. Ton cynique, léger accent italo-français.
Du bout de la chaussure, elle poussa la chaise qui lui faisait face pour indiquer sa disponibilité à l'inconnu. S'étirant vers l'arrière, elle indiqua au serveur de passer prendre leur commande d'un geste nonchalant de la main. En attendant, elle croisa ses jambes entièrement allongées, s'accouda sur la table et reprit son observation curieuse de celui qui avait eu envie de venir ladéranger rencontrer. Hm, tu es un danseur, lança-t-elle dans une estimation incertaine. Moue pensive. Un... comédien, peut-être. Une meilleure idée lui vint. Ou alors : tu travailles dans les bureaux, tu fais partie de l'équipe administrative. Au service compta. Perché, amico, odori di soldi. Il respirait la richesse. Dalia était bien placée pour le savoir, même si elle dissimulait bien sa haute naissance sous son look d'adolescente légèrement gothique.
Elle consentit à se défaire de sa posture fermée et posa les pieds au sol pour se tourner à demi dans sa chaise vers l'intrus. Elle posait son carnet sur la table quand il reprit la parole. Tu devrais peut-être prendre une pause pour aérer ton esprit, non ? La ténébreuse l'observa une seconde fois, sceptique, amusée, pesant le pour et le contre. Dalia détestait qu'on lui dise ce qu'elle devait faire, héritage explosif de son éducation étouffante, apanage incontournable de sa panoplie de rebelle. Cette réticence aux suggestions empirait en présence d'un homme, ce chevalier servant croyant illuminer la journée de la damoiselle en détresse en lui faisant l'honneur d'un verre en sa compagnie. Pourtant, quelque chose s'était adouci en elle. Ignorant si c'était dû à sa mélancolie ou à l'interruption bienvenue de cet état de désespoir, l'Helvète finit par sourire doucement au jeune homme et prit sa décision. Probablement, un peu de folie, il faut profiter des derniers instants parait-il. Ton cynique, léger accent italo-français.
Du bout de la chaussure, elle poussa la chaise qui lui faisait face pour indiquer sa disponibilité à l'inconnu. S'étirant vers l'arrière, elle indiqua au serveur de passer prendre leur commande d'un geste nonchalant de la main. En attendant, elle croisa ses jambes entièrement allongées, s'accouda sur la table et reprit son observation curieuse de celui qui avait eu envie de venir la
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Re: la jeteuse de sort (la fattuchiera) - helios
Mar 7 Avr 2020 - 16:43
( la jeteuse de sort ) Sans m’en rendre compte, je te propose une pause, un moment hors de ces mots qui semblent te donner du mal et je le vois dans ton regard, tu t’interroges, est-ce que tu as vraiment envie qu’un étranger s'immisce comme ça pour lire par dessus ton épaule et, quelle honte, t’inviter à faire quelque chose à des miles de ton envie première qui me semble clair : être seule. Je ne me vexe pas facilement, merci à la famille pour ces longues années de pratique, j’attends toujours un mot, un geste de ta part et, comme tout arrive toujours lorsqu’on fait preuve de patience, tu laisses un sourire s’inviter sur tes lèvres, je pourrais te dire que tu es bien plus belle encore en souriant, mais je ne vais pas pousser ma chance à outrance. Je laisse échapper un léger rire lorsque tu parles des derniers instants, j’aime ton esprit, alors, je vais essayer de ne pas être un dernier instant trop désagréable, tout un défi. Indélicate, tu pousses la chaise qui te fait face, je saisis l’invitation et m’installe face à toi, bras croisé, mon regard te passe au crible, tentant de percevoir la moindre indication sur qui tu es réellement, mais tu me devances. Nouveau rire. Danseur, certainement pas, j’ai la grâce d’un troll lorsque je tente de danser, autant éviter le massacre tant que possible. Ta deuxième proposition me convient déjà un peu mieux, comédien, je le suis, mais pas de manière professionnelle, je me fais passer pour celui que je ne suis pas, j’use de mon nom pour entrer dans le monde magique et profite de mon visage inconnu et angélique pour passer inaperçu, une vraie plus value dans mon métier. Nouveau signe négatif de la tête, je te laisse continuer tes suppositions, amusé de voir à quoi mon physique peut faire penser. Une grimace fend mon visage à l’idée de travailler dans un bureau de manière conventionnelle, j’ai bien un bureau au sein de la rédaction, mais ma présence ici est la preuve même que je ne l’occupe qu’à de rares occasions. Mmmm, c’est pas ça, mais y’a de l’idée. Je vais t’aider un peu dis-je en souriant à nouveau, sortant mon propre carnet de note hors de la poche intérieure de ma veste, j’écris aussi. Nous ne sommes pas des auteurs de même catégories, tu sembles aimer les rimes et même si mes notions d’italiens ne me permettent pas de comprendre ce que tu as écrit, je ne doute pas de poéticalité, tandis que moi, je suis plus dans le récit, l’exploration et la démonstration, surtout. Et toi, enchanteresse, lanceuse de sort ? Je plaisante, avec toutefois cette étincelle vibrante dans l’iris, la curiosité à l’état pur, intrigué par ton apparence et cette impression de venir d’une autre dimension qui a trait à ton attitude. | ( Pando ) |
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Re: la jeteuse de sort (la fattuchiera) - helios
Sam 18 Avr 2020 - 14:32
Alors, je vais essayer de ne pas être un dernier instant trop désagréable. Lourdeur d'un jeune premier arrogant, ou promesse de séduction malvenue ? Dalia était amusée par le mystère de cette rencontre et l'improbabilité qu'elle se laisser aller à partager un verre avec un inconnu. Elle se souvint que pour un regard masculin extérieur, elle pouvait être vue comme une partenaire potentielle, une conquête -éphémère, en général, à cette époque, mais elle appréciait trop l'humour qui glissait entre eux pour mettre les pieds dans le plat et tuer dans l'oeuf la possibilité d'une attirance qui n'existait peut-être pas. Elle invita l'Anglais à prendre place à la table et se pencha vers lui, coudes sur le bois poli qui accueillait son bazar.
Les suppositions furent lancées alors, compte tenu du lieu dans lequel ils se trouvaient. Danseur, comédien, ou comptable ? Les opalines de la ténébreuse imaginaient le sorcier dans chacun de ces costumes, persuadée en tout cas d'une chose : il était riche. Le soupçonné grimaça, rit, écoutant les erreurs de sa vis-à-vis. Mmmm, c’est pas ça, mais y’a de l’idée. Je vais t’aider un peu. Il sortit un carnet de sa veste. J’écris aussi. Un point commun. Surprise, Dalia se demanda pourquoi elle n'avait pas envisagé qu'il fût lui aussi là pour écrire. La révélation lui plut et elle se contenta d'un oh pensif pour réponse.
Et toi, enchanteresse, lanceuse de sort ? Plaisanteries qui sonnaient comme des compliments à l'oreille de la wicca. Elle était tout ça à la fois, bien entendu, comme toute sorcière qui se respectait. Elle sourit en hochant la tête pour approuver la question formulée par l'inconnu. Sorcière, répondit-elle simplement, avec un aplomb qui laissait entendre que ce mot signifiait beaucoup pour elle. Trop de sorciers et sorcières oubliaient qu'ils étaient des êtres magiques, connectés à la nature et à un passé ancestral, que l'Helvète essayait d'honorer. J'adorerais répondre prêtresse ou poétesse, mais ce serait un peu présomptueux. Le rire toujours au bord des lèvres, agréable, apaisé, facile. Une légèreté qui lui manquait ces derniers temps, plongée dans les soucis de tout bord.
J'écris surtout des poèmes, et je dessine, beaucoup. Elle effleura les pages de son cahier pour en dévoiler rapidement les croquis, beaucoup de portraits, de mains, de silhouettes, et ci et là des pages griffonnées de poèmes - en italien, mais aussi en français et en anglais. Enfin, ça c'est uniquement quand je ne suis pas en train d'étudier. Soupir de retour à la réalité, car l'art était loin d'être son métier, actuel ou prévu. Rien à voir avec l'art, précisa-t-elle d'un geste de la main, n'ayant même pas envie de préciser son cursus universitaire qui l'ennuyait. C'est justement pour ça que j'aime bien venir me réfugier ici. Un endroit pour oublier ses obligations de parfaite petite héritière destinée à une vie qui ne lui ressemblait pas.
Je peux ? Elle tendit le bras jusqu'au carnet du sorcier, les yeux dans les siens, curieuse de jeter un oeil à ses écrits mais consciente de la dimension privée de ce genre de cahier. Quand le serveur rejoignit leur table, elle demanda à boire la même chose que prendrait son invité-intrus. Un autre moyen d'apprendre à le cerner.
Les suppositions furent lancées alors, compte tenu du lieu dans lequel ils se trouvaient. Danseur, comédien, ou comptable ? Les opalines de la ténébreuse imaginaient le sorcier dans chacun de ces costumes, persuadée en tout cas d'une chose : il était riche. Le soupçonné grimaça, rit, écoutant les erreurs de sa vis-à-vis. Mmmm, c’est pas ça, mais y’a de l’idée. Je vais t’aider un peu. Il sortit un carnet de sa veste. J’écris aussi. Un point commun. Surprise, Dalia se demanda pourquoi elle n'avait pas envisagé qu'il fût lui aussi là pour écrire. La révélation lui plut et elle se contenta d'un oh pensif pour réponse.
Et toi, enchanteresse, lanceuse de sort ? Plaisanteries qui sonnaient comme des compliments à l'oreille de la wicca. Elle était tout ça à la fois, bien entendu, comme toute sorcière qui se respectait. Elle sourit en hochant la tête pour approuver la question formulée par l'inconnu. Sorcière, répondit-elle simplement, avec un aplomb qui laissait entendre que ce mot signifiait beaucoup pour elle. Trop de sorciers et sorcières oubliaient qu'ils étaient des êtres magiques, connectés à la nature et à un passé ancestral, que l'Helvète essayait d'honorer. J'adorerais répondre prêtresse ou poétesse, mais ce serait un peu présomptueux. Le rire toujours au bord des lèvres, agréable, apaisé, facile. Une légèreté qui lui manquait ces derniers temps, plongée dans les soucis de tout bord.
J'écris surtout des poèmes, et je dessine, beaucoup. Elle effleura les pages de son cahier pour en dévoiler rapidement les croquis, beaucoup de portraits, de mains, de silhouettes, et ci et là des pages griffonnées de poèmes - en italien, mais aussi en français et en anglais. Enfin, ça c'est uniquement quand je ne suis pas en train d'étudier. Soupir de retour à la réalité, car l'art était loin d'être son métier, actuel ou prévu. Rien à voir avec l'art, précisa-t-elle d'un geste de la main, n'ayant même pas envie de préciser son cursus universitaire qui l'ennuyait. C'est justement pour ça que j'aime bien venir me réfugier ici. Un endroit pour oublier ses obligations de parfaite petite héritière destinée à une vie qui ne lui ressemblait pas.
Je peux ? Elle tendit le bras jusqu'au carnet du sorcier, les yeux dans les siens, curieuse de jeter un oeil à ses écrits mais consciente de la dimension privée de ce genre de cahier. Quand le serveur rejoignit leur table, elle demanda à boire la même chose que prendrait son invité-intrus. Un autre moyen d'apprendre à le cerner.
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