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Du papier à musique
Mer 25 Mar 2020 - 14:58
Du papier à musique.
Ruby Greindl & Lune Sykes
25 mars 2020
Ruby Greindl & Lune Sykes
25 mars 2020
Pause. Tu as besoin d'une pause. Ta vie est réglée comme une horloge depuis quelque temps, une organisation régulière, inflexible, seule filet de sécurité dans le tourbillon d'événements qui s'enchaînent sans pouvoir être contrôlés. Tu aimes cette rigidité, ce papier à musique qu'est ton emploi du temps, tu te sens épaulée, protégée de l'inconnu qui menace de venir fragiliser encore plus ce qu'il te reste de stable pour t'appuyer.
Sauf qu'aujourd'hui, tu ne veux pas de ça.
Marre des horaires, marre de tout organiser, marre de suivre à la lettre avec passivité les habitudes qui tu t'étais toi-même forcée de prendre.
Aujourd'hui, tu veux te laisser porter, et tu espères bien que le destin n'en profitera pas pour venir te taquiner encore une fois.
Oh, le destin, tu le connais lui. Tu l'as provoqué une fois, une seule, lorsque contre l'avis de ton père, tu t'étais enfuie, refusant le destin qu'il t'avait prévu : un mariage, horrible et pompeux. Sauf qu'on ne la lui fait pas, au destin, et il te l'avait fait payer au centuple. Tu avais été insolente, il te le rappelle un peu plus chaque jour. La dernière fois que tu t'étais promenée dehors, tu sais ce que ça a donné : tu t'étais retrouvée nez à nez avec lui, la dernière personne que tu voulais croiser. Enfin, avant dernière, si tu comptes ton père. Le destin s'amuse, s'acharne, et avait ajouté un nouveau poids à ceux déjà présents sur tes épaules : la culpabilité. Et tu n'as toujours pas réglé ce problème. Tu espères secrètement qu'il se réglera tout seul. Ezra. Un prénom aussi attirant que traumatisant. Qu'allait-il advenir de toi, dans tout ça ?
Et c'est à cause de cette question que tu te retrouves là, dehors, sur l'herbe. Tu ne restes jamais sur le campus, tu ne veux pas qu'on te remarque. Tu as trop à cacher, et les beaux jours arrivent, menaçants. Ils te forceront à laisser tomber les manteaux XXL et les pulls oversize. Qu'est-ce qui pourra cacher ton ventre lorsque ce moment sera venu ?
Mais tu ne veux penser à rien. Juste l'air sur ton visage, encore froid, les premiers rayons chauds du soleil … toutes ses sensations que tu ne prends plus le temps d'apprécier. C'est pourtant la seule chose qui parvient encore à t'endormir, le soir : tu as même déménagé ton lit sous la fenêtre, puisque seul la caresse de l'air parvient à te calmer suffisamment pour que tu arrêtes de réfléchir. Ton cerveau est ton pire ennemi, trop de questions et bien trop peu de réponses.
Ton présent. Flou.
Ton futur. Incertain.
Toi. Incapable. Du moins, c'est ta plus grande peur. Toutes ses nouvelles responsabilités, rien pour t'y préparer. Et personne pour t'aider. Malgré ton intégration dans cette école, les rencontres qui effacent une partie de ta solitude, personne n'est là pour effacer tes peurs, pour soutenir tes pas et porter tes décisions. Et c'est exactement pour cette raison que ta rencontre avec Ezra est dangereuse, parce qu'il n'y a que lui qui puisse remplir ce rôle.
Un soupir, tu allonges tes jambes devant toi, la position tailleur te coupe la circulation. Tu as beau remuer tes problèmes dans tous les sens, ça n'avance jamais. Pourquoi continuer d'y penser ?
Tu fermes les yeux, prends une grande inspiration.
Tu veux juste un peu de calme.
T'éloigner du bruit incessant du métronome qui régule ta vie.
Sauf qu'aujourd'hui, tu ne veux pas de ça.
Marre des horaires, marre de tout organiser, marre de suivre à la lettre avec passivité les habitudes qui tu t'étais toi-même forcée de prendre.
Aujourd'hui, tu veux te laisser porter, et tu espères bien que le destin n'en profitera pas pour venir te taquiner encore une fois.
Oh, le destin, tu le connais lui. Tu l'as provoqué une fois, une seule, lorsque contre l'avis de ton père, tu t'étais enfuie, refusant le destin qu'il t'avait prévu : un mariage, horrible et pompeux. Sauf qu'on ne la lui fait pas, au destin, et il te l'avait fait payer au centuple. Tu avais été insolente, il te le rappelle un peu plus chaque jour. La dernière fois que tu t'étais promenée dehors, tu sais ce que ça a donné : tu t'étais retrouvée nez à nez avec lui, la dernière personne que tu voulais croiser. Enfin, avant dernière, si tu comptes ton père. Le destin s'amuse, s'acharne, et avait ajouté un nouveau poids à ceux déjà présents sur tes épaules : la culpabilité. Et tu n'as toujours pas réglé ce problème. Tu espères secrètement qu'il se réglera tout seul. Ezra. Un prénom aussi attirant que traumatisant. Qu'allait-il advenir de toi, dans tout ça ?
Et c'est à cause de cette question que tu te retrouves là, dehors, sur l'herbe. Tu ne restes jamais sur le campus, tu ne veux pas qu'on te remarque. Tu as trop à cacher, et les beaux jours arrivent, menaçants. Ils te forceront à laisser tomber les manteaux XXL et les pulls oversize. Qu'est-ce qui pourra cacher ton ventre lorsque ce moment sera venu ?
Mais tu ne veux penser à rien. Juste l'air sur ton visage, encore froid, les premiers rayons chauds du soleil … toutes ses sensations que tu ne prends plus le temps d'apprécier. C'est pourtant la seule chose qui parvient encore à t'endormir, le soir : tu as même déménagé ton lit sous la fenêtre, puisque seul la caresse de l'air parvient à te calmer suffisamment pour que tu arrêtes de réfléchir. Ton cerveau est ton pire ennemi, trop de questions et bien trop peu de réponses.
Ton présent. Flou.
Ton futur. Incertain.
Toi. Incapable. Du moins, c'est ta plus grande peur. Toutes ses nouvelles responsabilités, rien pour t'y préparer. Et personne pour t'aider. Malgré ton intégration dans cette école, les rencontres qui effacent une partie de ta solitude, personne n'est là pour effacer tes peurs, pour soutenir tes pas et porter tes décisions. Et c'est exactement pour cette raison que ta rencontre avec Ezra est dangereuse, parce qu'il n'y a que lui qui puisse remplir ce rôle.
Un soupir, tu allonges tes jambes devant toi, la position tailleur te coupe la circulation. Tu as beau remuer tes problèmes dans tous les sens, ça n'avance jamais. Pourquoi continuer d'y penser ?
Tu fermes les yeux, prends une grande inspiration.
Tu veux juste un peu de calme.
T'éloigner du bruit incessant du métronome qui régule ta vie.
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