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run or burn (yolaniel)
Mer 10 Juin 2020 - 15:50
mercredi 10 juin 2020, 14h
@nathaniel wakefield
Longs doigts fins aux ongles nus qui pianotent sur le comptoir du bureau d'accueil coincé dans un coin du grand hall d'entrée du ministère de la magie anglais. Vêtue d'un pull à col roulé et d'un pantalon de couleur sombre, taillé de telle sorte à accentuer sa silhouette athlétique et allonger ses jambes interminables, Yolandi était entrée dans la vaste pièce avec une moue impatiente sur les lèvres, se dirigeant avec allure jusqu'à l'accueil. Si elle n'a quasiment jamais porté de chaussures à talons hauts, ne ressentant pas le besoin de se dresser plus haut que son mètre soixante, la Togolaise apprécie particulièrement entendre le son de ses pas sur les sols qu'elle foule, prévenant quiconque se trouvant sur son chemin de son arrivée. Avançant avec la prestance de son rang et de son nom, avec la fierté de son ego mutilé, elle avait ignoré les regards se retournant sur son passage, provenant principalement de sorciers à la peau blanche, encore peu habitués à la nouvelle mixité sociale s'instaurant progressivement entre les murs de l'administration magique du pays. Pas d'erreur cependant : si la sorcière sentait ne serait-ce qu'une fraction de seconde autre chose que de la simple surprise, une once de désir sexuel, une lueur lubrique au fond de la rétine de l'un de ces personnages, elle n'aurait pas hésité à réduire leur pantalon en cendres d'un claquement de doigts.
"Yolandi Niaré. J'ai rendez-vous avec Gabriel Rivers, département de la coopération magique internationale." Dans sa voix grave aux accents chauds, aucune once de chaleur, cependant. Trop importunée par le fait d'avoir dû se déplacer dans cette fourmilière géante pour régler une stupide affaire de visa, la sorcière considère que ce passage devant une standardiste probablement sortie de Poudlard n'est qu'une futilité créée pour lui faire perdre le plus de temps possible. La gamine, trop inexpérimentée pour être lâchée seule derrière son bureau, fouille parmi les parchemins et autres notes de service amoncelées sur la table en bois, s'emmêlant les neurones face aux listes de rendez-vous des différents diplomates, directeurs de départements et autres employés de cet énorme administration. Si Yolandi n'était pas aussi contrariée par le seul fait de se trouver ici, si elle avait un peu plus de compassion, si elle avait été patiente, elle aurait pu prendre en pitié cette jeune femme, tentant de faire son travail malgré des conditions plus que précaires. Après tout, n'avait-elle pas été parachutée à la position de sa grand-mère, à sa sortie de l'école ? Cependant, les épreuves traversées, les difficultés rencontrées, ne l'ont pas aidée à être patiente envers les erreurs des autres, c'est même plutôt le contraire. Agacée donc de ce délai, la sorcière pianote des doigts sur le bois, accoudée au bureau, observant ce grand hall froid. Elle n'a jamais aimé cet endroit. C'est certainement dû à un savant mélange d'atmosphère froide et humide, de couleurs sombres, du choix du carrelage, et surtout, cette hypocrisie constante qu'on peut lire chez chaque sorcier, dans les lignes de la Gazette du Sorcier en vente non loin, et dans cette sculpture centrale pleine de mauvais goût.
Revenant à la vie entre ses parchemins, la jeune femme relève enfin la tête. "J'aurais besoin de votre baguette pour vérifier votre identité, s'il vous plaît." Haussant un sourcil, Yolandi tourne lentement le menton vers la sorcière. "Non." Des papiers d'identité, elle en a certainement, mais pas de baguette en sa possession. Décontenancée, la standardiste balbutie. "C-comment ça, non ?" Fière, la Togolaise se redresse, observant la gamine de toute sa hauteur. "Je n'en ai pas." Affichant un air perdu, la jeune femme ne sait que répondre, tandis que Yolandi sent la frustration alimenter le feu de rage frémissant constamment dans sa poitrine, menaçant d'exploser à chaque instant. "Je vais être en retard à mon rendez-vous." Malgré le détachement de chaque mot, la Togolaise gronde, le rythme de ses ongles s'accélérant. "Je suis désolée, mais je ne peux pas vous faire rentrer sans baguette." Explosant finalement, la sorcière tend ses doigts vers le haut, lançant verticalement une flamme dans les airs, qui explose un mètre plus haut. La détonation raisonne sur les murs en faïence, effrayant la standardiste ainsi que quelques sorciers passant par là. "Je n'ai pas de baguette." Grondant plus fortement qu'avant, elle s'est penchée en avant, regard mauvais lancé à la jeune fille, indimidante.
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Re: run or burn (yolaniel)
Jeu 11 Juin 2020 - 23:29
Instinct étrange que celui des êtres ayant le troisième oeil. Il devait être presque quatorze heures quand une drôle de sensation s'empara de mon esprit. Comme une alarme silencieuse. En général, cela se passait lorsqu'un danger était imminent, et l'histoire a prouvé que jamais je ne m'étais trompé. Concentré sur mes dossiers, mon regard translucide se leva vers l'horloge de mon bureau, comme fasciné par les aiguilles qui traçaient leur route sur le grand échiquier du temps. Que faire? Céder à la curiosité? Suivre cet instinct qui me poussait à enquêter sur cette menace qui pesait sur mon lieu de travail? Si je n'étais pas de ces impulsifs pétris d'inconscience et d'arrogance, j'éprouvais facilement de la curiosité pour ce que je ne comprenais pas. Pour ce qui échappait à mes sens. Félin, je me levais silencieusement et sortit de mon antre. Port altier, très princier, mes pas me guidèrent instinctivement vers l'ascenseur du Ministère. Oui. Je devais me rendre dans le grand Hall. Difficile d'imaginer qu'un lieu aussi protégé pouvait laisser passer une quelconque menace sans une réaction des forces publiques. Et pourtant... Serais-je le seul à ressentir cette pression silencieuse qui s'insinuait au creux de mon estomac? Des éclats de voix me parvinrent au moment même où je posais un pied dans le hall. Fronçant les sourcils, mon regard chercha d'où venait cet esclandre pour le moins très théâtral... Jusqu'à ce que j'avise l'un des postes d'accueil du Ministère. M'avançant prudemment, je me stoppais à quelques mètres, une scène pour le moins surréaliste se déroulant sous mes yeux. Apparemment, la jeune standardiste faisait face à une épineuse invitée qui savait parfaitement user de son pouvoir pour terroriser la jeune femme. Soupir discret. La silhouette élégante, la démarche altière, l'exotique apparition ne m'était pas étrangère. J'avais eu l'occasion de la croiser lors de soirées mondaines, et il m'était difficile d'avouer qu'elle exerçait une sorte de fascination étrange sur moi. Mes prunelles glaciales s'attardèrent un temps sur elle, avant de me diriger d'un pas lent mais décidé vers le lieu de tous les dangers. Personne n'avait osé s'en approcher, laissant la pauvre standardiste dans une position très délicate. Ce manque de courage me laissait perplexe. Même s'il fallait avouer que l'épineuse Niaré ne manquait pas de piquant. Flamme au coeur, flamme de l'esprit. La glace qui me tenait chaud ne fondit pas une seule seconde face à cette démonstration de force... Me rapprocher encore un peu. Ma voix résonna alors, fière et d'un calme olympien contrastant avec la colère de la togolaise: "Je me porte garant pour Miss Niaré, Mary. Veuillez noter que je l'accompagne volontiers jusqu'au bureau de Monsieur Rivers." La jeune Mary me lança alors un regard plein de reconnaissance et ses yeux humides prouvaient qu'il s'en était fallu de peu pour qu'elle fonde en larmes. "Je... Bien, Monsieur Wakefield... Je... Je le note." Aucun sourire compatissant sur mon visage, toutefois ma simple présence semblait l'avoir apaisée. Mon nom et mon visage étaient connus de tous au Ministère, force tranquille qui ne se déstabilisait pas facilement. Je me tournais vers la jeune femme à la peau aussi sombre que l'étaient parfois mes pensées. Ma main vint délicatement prendre la sienne pour l'effleurer de mes lèvres, élégant baise-main. Les Wakefield avaient des manières irréprochables, qu'on se le dise. Contact fugace source de visions floues et étranges. Des images confuses, des sensations, le tonnerre qui grondait, le feu qui couvait sous la peau. Difficile à interpréter. Je cillais doucement. "Miss Niaré. Pardonnez l'ignorance de la jeune Mary, elle ne fait que suivre des directives qui malheureusement ne peuvent s'appliquer aux adeptes de la magie libre." Sans baguette, dans notre société occidentale, la grande dame ne pouvait que dénoter et susciter l'étonnement voir la méfiance. C'était tout à fait compréhensible. "Si vous voulez bien me suivre..." que je lui lançais avec beaucoup de déférence et de respect. Tandis que nous marchions ensemble et que nous nous éloignions de la foule, je repris la conversation: "Vous avez le sens du spectacle." Pointe d'humour à peine visible. Mais l'africaine était suffisamment subtile pour lire entre les lignes. "Je doute que Rivers soit en mesure de vous recevoir, il croule sous les demandes et il manque cruellement d'organisation. Si cela vous convient, je peux m'occuper de votre souci de visa. Si vous le souhaitez bien sûr." Demande à peine intéressée, mais je désirais mieux la connaitre, la cerner. Comprendre ces visions exotiques qu'elle m'inspirait. Fascination pour un monde étranger au mien.
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Re: run or burn (yolaniel)
Sam 13 Juin 2020 - 23:09
Bien trop énervée pour être conciliante avec l'administration anglaise, Yolandi préfère faire une scène, intimider la standardiste avec ses éclats de magie, pour qu'elle puisse aller à ce rendez-vous inutile et rentrer dans ses appartements le plus rapidement possible. Elle aurait pu lui proposer gentiment de lui présenter ses papiers d'identité, attestant qu'elle était bien qui elle prétendait être, et pas une imposteuse. Elle aurait pu, mais trop aveuglé par sa colère contre le monde, ce filtre rouge constamment placé devant ses yeux, la sorcière n'a pas le temps de réfléchir à être gentille. "Je me porte garant pour Miss Niaré, Mary. Veuillez noter que je l'accompagne volontiers jusqu'au bureau de Monsieur Rivers." La voix grave d'un homme résonne proche d'elles alors que la jeune femme semble être au bord des larmes, loin d'amadouer la sombre prêtresse. Se retournant vivement, elle découvre avec stupéfaction un homme qu'elle connait, pour l'avoir déjà croisé par le passé lors de divers galas de charité et autres mariages. Il semble être ami avec l'un de ses neveux, le normal, certainement. Eclairs lancés en direction du perturbateur de cette session intimidation, les paupières plissées, mauvaises.
La gamine semble accueillir cette trêve avec reconnaissance, et Yolandi concentre maintenant son entière colère sur le blanc-bec devant elle. Lorsqu'il attrape la main de la sorcière, celle-ci ressent un frisson chaud lui parcourir le bras, depuis la pulpe de ses doigts jusqu'à l'arrête de sa clavicule. Le regard lourd, elle l'observe se baisser pour effectuer le baise-main, ne retirant pas sa main, malgré la furieuse envie qui lui chatouille le cerveau. "Miss Niaré." Si les paupières de Yolandi pouvaient se fermer encore plus de colère, elle ne verrait plus rien, mais elle pousse les limites de ses muscles, indiquant à son interlocuteur qu'il a fait une erreur en l'appelant Miss. "Wakefield." Le tonnerre qui gronde dans la voix, sous la poitrine. "Pardonnez l'ignorance de la jeune Mary, elle ne fait que suivre des directives qui malheureusement ne peuvent s'appliquer aux adeptes de la magie libre." A l'évocation de la standardiste, la sorcière tourne lentement le menton afin de l'observer une dernière fois, méfiante. Non, elle ne pardonnera pas. Yolandi ne pardonne jamais. Elle préfère lancer des maléfices, murmurer des incantations et jouer avec des poupées en corde. Reposant le regard sur le sorcier, elle articule assez fort pour être entendue dans un rayon de quelques mètres. "Vous devriez donc revoir vos directives."
"Si vous voulez bien me suivre..." Suivant le mouvement du juge, sans un mot, la potioniste lui emboîte le pas, talons claquant sur le marbre au sol. "Vous avez le sens du spectacle." Le ton monocorde de l'Ecossais la laisse de marbre, bien qu'elle soit assez habituée aux sous-entendus parmi les conversations de haut rang pour déceler la pointe d'humour. Pour seule réponse, la Togolaise lève les yeux au ciel. Elle ne fait pas partie de ces personnes qui ont besoin de mener une conversation pour se sentir exister, elle est très confortable, murée dans son silence de plomb. "Je doute que Rivers soit en mesure de vous recevoir, il croule sous les demandes et il manque cruellement d'organisation. Si cela vous convient, je peux m'occuper de votre souci de visa. Si vous le souhaitez bien sûr." Enfin arrivés aux ascenseurs, Yolandi laisse le sorcier appeler la machine. Ses paroles lèvent certaines interrogations dans son cerveau, sonnant comme des alarmes pour sa méfiance universelle. Croisant les bras dans un effort inconscient de se protéger, la Togolaise observe quelques instants l'Ecossais. "Je n'ai jamais évoqué de souci de visa." Premier signal d'alarme. Comment avait-il deviné la raison de sa venue ? La professeure est si secrète qu'elle est certaine de n'avoir jamais parlé de son visa à aucune autre personne que ce Rivers, travaillant au bureau de l'immigration. "De plus, en supposant que ce soit la raison de ma venue, un simple employé a trop de travail pour me rencontrer, mais le plus jeune juge du Magenmagot a du temps libre devant lui ?" Cette histoire-là n'a aucun sens, et Yolandi est trop méfiante pour tomber dans un piège aussi évident que celui-ci. "Me prenez-vous pour une idiote, Wakefield ?" Si c'est le cas, c'est une très grave erreur, que le brun pourrait regretter très rapidement.
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Re: run or burn (yolaniel)
Lun 19 Oct 2020 - 19:32
L'aura de mystères qui entourait la sorcière était sans conteste ce qui la rendait à mes yeux si intéressante. Il y avait chez elle quelque chose d'étrangement familier, comme si nos auras étaient quelque part liées. Le monde de l'extralucide avaient ses raisons... Pas né de la dernière pluie, il m'avait suffi d'un regard de l'élégante intrigante pour comprendre que la colère exaltait littéralement de chaque pore de sa peau sombre. Toutefois, cette évidence ne me faisait ni chaud ni froid. Être déstabilisé signifiait reconnaître qu'elle avait l'ascendance sur moi, et il en était hors de question. Fierté de mon sang, fierté de mon rang, je n'avais pas à rougir de ma situation. Convenances au creux de mes pupilles, je lui offrais un baise-main de circonstances, même si je n'ignorais pas que ce genre de contact n'était peut-être pas la norme dans son univers. Sa peau vibrait de visions étranges et fascinantes, mais je n'en laissais rien paraître, préférant m'amuser de son courroux qui se ressentait jusque dans sa voix, incisive et tranchante. Mon nom sonnait presque comme une insulte au ton de sa voix, et pourtant, je ne m'en sentais pas outré. Peu disposé à alimenter la colère de la Niaré, je ne fis que répondre aux provocations colériques par des paroles d'un calme olympien. "Je suppose que oui, en effet." Les directives écrites par les différents départements avaient parfois du mal à se frayer un chemin jusqu'aux oreilles des simples standardistes et assistants, la faute à une administration tentaculaire qui en oubliait parfois la formation du petit personnel. On ne pouvait décemment en accuser la jeune fille, mais je décidais de ne pas insister davantage et de lui proposer de me suivre. D'ordinaire, je n'étais pas de ceux qui entamaient la conversation, plutôt silencieux et taciturne, toutefois la curiosité était grande face à la sorcière et c'était comme si mon don me poussait vers elle. Évoquant son souci de visa alors que nous étions arrivés aux ascenseurs, je me doutais que l'information allait la faire réagir. Comment ne le ferait-elle pas? Attiser sa curiosité était tout autant mon but. "J'ai mes sources." que je lui répondais du tac au tac. Elle n'en saurait pas plus pour le moment, bien trop habitué à cacher ce don qui me servait si bien dans mon travail. Une fois entrés dans l'ascenseur, seulement tous les deux, j'invitais le mécanisme à nous diriger vers mon bureau. Sa réaction, si vive et intelligente, me démontrait à quel point je venais de trouver une adversaire à ma taille. "Oh, je ne me le permettrai pas. Ce serait un affront à votre intelligence et perspicacité." Me faisant plus mystérieux encore, je rajoutais avec une voix étrange, pleine de sous-entendus: "Croyez-vous au destin? Aux âmes liées à travers le temps et l'espace?" Je m'arrêtais, mon regard bleu glacial glissant sur la silhouette droite de la togolaise. Un temps d'arrêt si théâtralement parfait. "Pour être honnête, j'ai dans l'idée que nous étions voués à nous rencontrer en bonne et due forme. Vous m'intriguez." Aveu honnête et franc d'un homme qui n'aimait pas tourner autour du pot. Et l'élégante ne se laisserait pas berner longtemps, alors autant en venir à l'essentiel.
- HJ:
Vraiment vraiment désolée pour le temps d'attente! Si tu préfères qu'on s'en relance un, hésite pas!
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Re: run or burn (yolaniel)
Mer 21 Oct 2020 - 11:35
L'accès de colère se devinait encore sur la Togolaise, qui irradiait presque littéralement. De la fine fumée s'élevait de ses doigts, posés sur ses bras croisés, posture de protection. Elle ne croyait pas une seule seconde que le juge Wakefield avait le pouvoir ainsi que les capacités de s'occuper de son visa, mais pourtant, elle le suivait dans l'ascenseur : pourquoi ? Pas par envie de ne pas se faire remarquer, en tout cas : son sens du spectacle, comme l'Ecossais l'avait qualifié, prouvait bien que Yolandi n'avait pas peur de faire une scène. Elle le suivait donc, enfermée avec lui dans la petite cage dorée, et la proximité du sorcier exacerbait les alarmes résonnant dans chacune de ses neurones. "Me prenez-vous pour une idiote, Wakefield ?" La menace au fond de la voix, qui finalement était le seul moyen de défense d'une proie acculée par son chasseur. "Oh, je ne me le permettrai pas. Ce serait un affront à votre intelligence et perspicacité." Le miel et la douceur étalés par un couteau froid et tranchant, croyait-il l'amadouer de cette manière ? "Vous savez très bien que je peux vous réduire en cendres d'un claquement de doigts, alors venez-en au but." La prêtresse avait fait bien pire que cela, dans sa jeunesse, et pour cause, elle avait eu de l'entraînement. Commençant par créer maux de tête et de ventre chez des élèves ou professeurs d'Uagadou contre sucreries et autres avantages en nature, elle avait pris le poste de prêtresse vaudou de sa mère avec un naturel qui aurait dérangé n'importe quels autres parents. Si la plupart de ses incantations avaient pour but la guérison, elle excellait plutôt dans les maléfices et malédictions.
Suivant les directives de la sorcière, le juge revêtit ses habits de franchise, conversant cependant son air mystérieux. "Croyez-vous au destin? Aux âmes liées à travers le temps et l'espace?" La question surprit Yolandi, qui dut marquer un temps d'arrêt. Oui, elle y croyait. C'était le destin qui avait mis Chidi sur son chemin, c'était le destin qui l'avait fait tomber amoureux d'elle, malgré leurs caractères diamétralement opposés. C'était le destin qui l'avait tué, ravagé par la dépression générée par les multiples fausses-couches de sa femme. Son visage se referma, ses prunelles sombres trahissant son envie d'attaquer son interlocuteur, ses bras se décroisant. "Non." Incapable de se détacher du regard froid et perçant de l'Ecossais, Yolandi se sentit prise au piège. "Pour être honnête, j'ai dans l'idée que nous étions voués à nous rencontrer en bonne et due forme. Vous m'intriguez." Terreur déguisée sous de l'arrogance, la sorcière se redressa de toute sa faible hauteur. "Grand bien vous fasse." Elle intriguait énormément de personnes, Yolandi. C'était sa marque de fabrique. C'était ce qui lui valait le respect de ses étudiants, et de ses pairs. Chacun voulait percer sa carapace et découvrir sa véritable personnalité, sans se douter que vous les flammes se trouvaient d'autres flammes, entourant une abysse sans fond qui prétendait être son coeur. "Malheureusement pour vous, je suis venue régler un souci administratif, pas pour une session de psychanalyse. Ainsi, soit vous avez le pouvoir de renouveler ma carte de séjour, et dans ce cas je vous suis, soit vous m'indiquez le chemin jusqu'au bureau de Mr Rivers." L'ascenseur marqua un temps d'arrêt, avant que les portes ne s'ouvrent. Avant que le magistrat s'esquisse un mouvement pour sortir, cependant, la sorcière leva un doigt de défi. "Bien entendu, si vous préférez bluffer et que je reçois une lettre du ministère m'indiquant que je dois revenir dans cette usine administrative puant la corruption, je brûlerai votre manoir." Dans ses prunelles de charbon brûlaient le défi ainsi que l'assurance qu'elle était parfaitement sérieuse. So what will it be, Wakefield ?
- InvitéInvité
Re: run or burn (yolaniel)
Lun 26 Oct 2020 - 14:55
Les menaces de le sorcière, loin de me faire fuir, me confirmaient que mes mots avaient touché leur cible. Un autre sorcier moins averti aurait probablement pris ses jambes à son cou, ou aurait cherché à se débarrasser au plus vite de cette présence sombre et exotique. Toutefois, mes visions m'avaient amené à affronter tellement d'univers que finalement, je me sentais apte à ne pas fléchir face un adversaire impressionnant. Agir en conséquences. Tâter le terrain afin de lui opposer les armes qui seront les plus efficaces. Avec la dame à la peau sombre, il était inutile de montrer de l'agacement et de la colère, cela ne ferait qu'attiser les flammes qui semblaient briller dans ses yeux d'ébène. Et Merlin savait qu'un feu hors de contrôle était mortel. Contrairement à ce qu'elle pouvait penser, je ne cherchais pas à me moquer d'elle, ni à la manipuler, ce serait hors de propos. Mes paroles étaient d'une grande sincérité, et d'une franchise si propre à mon statut. Ne pas enjoliver les choses. Il n'y avait guère que pendant mes rendez-vous avec des personnes qui sollicitaient mon aide pour une affaire que je me montrais volontairement prudent et sur la réserve. Eux, je pouvais aisément les impressionner pour obtenir les réponses dont j'avais besoin pour plaider en leur faveur s'il le fallait. Accompagnant l'élégante jusqu'à l'ascenseur, ma langue se délia à nouveau, laissant libre court à des questions emplies de mystères. Les personnes clairvoyantes avaient cette fâcheuse habitude de parer leurs mots du flou gênant de l'occulte. Simple divination, impression, vision? Rien n'était simple dans cet univers de secrets. Mes prunelles glaciales se posèrent sur la Niaré, observant les subtiles changements chez la sorcière. Réponse trop rapide. Odieux mensonge que celui qu'elle venait de proférer. Mais cela ne faisait que me conforter dans mon idée. "Je m'en porte très bien, je vous remercie." Je ne faisais que répondre à son arrogance par une touche d'humour toute personnelle. Pas un mot plus haut que l'autre, pas même de moquerie ou d'ironie. Il était certain que de la percer à jour était un challenge qui me titillait l'esprit. Il était rare de croiser quelqu'un qui était si digne de mon intérêt. L'écoutant me proposer deux choix qui me firent rire intérieurement, l'ascenseur s'ouvrit. Mes lèvres restèrent scellées alors que la belle reprenait ses menaces, de belles paroles qui avaient un goût de déjà-vu, et qui n'avait, honnêtement, aucun poids pour me faire peur. "Je vous promets que vous ne serez pas déçue, si vous me suivez. J'ai dit que je m'occuperai de votre visa, ce sera fait. Je ne reviens jamais sur mes paroles." L'enjoignant d'un geste élégant de me suivre, je la conduisis jusqu'au couloir où se trouvait mon bureau. Croisant d'autres collègues que je saluais avec respect, je revins sur les dernières paroles de la sorcière: "Quant à l'usine administrative puant la corruption, je vous prie d'apprendre à la connaître - ou plutôt d'apprendre à connaître ses membres - avant de porter un jugement définitif. Peut-être vous rendrez-vous compte qu'il s'y trouve des personnes dignes d'intérêt." Pour être honnête, c'était le mot de corruption qui m'avait le plus dérangé. Si je n'ignorais pas qu'elle existait au sein du Ministère, je me faisais force de la traquer et de la mettre au jour. Pour un homme aussi droit, il m'était tout bonnement impossible de comprendre l'intérêt de se vendre pour quelques menues faveurs. Mon âme était bien trop imperméable à ce genre de comportements. Une fois arrivés devant mon bureau, un geste de ma baguette libéra les verrous magiques qui la maintenait fermée. Un bureau d'une grande sobriété s'y trouvait. Une grande bibliothèque rangée au millimètre près renfermait toutes les affaires classées ou en cours sur lesquelles je travaillais. Tout en cet endroit respirait l'ordre, car cela m'aidait à trouver l'apaisement nécessaire à un travail efficace. Lui proposant de s'assoir sur le fauteuil qui faisait face à mon bureau, j'allais attraper sans un mot un dossier qui était classé à part. Je le posais face à elle. "Voilà pour votre visa. Tout est en ordre. Je vous avais dit de ne pas vous inquiéter." Sourire en coin, tandis que je rejoignais mon propre fauteuil. Il y avait quelque chose de grisant au fait de surprendre les autres. Ce dossier, je l'avais aperçu lors de ma dernière conversation avec le fameux Rivers. Intrigué et poussé par mes propres impressions extralucides, je lui avais demandé de s'en occuper avant de m'envoyer les papiers nécessaires. C'était il y a dix jours. J'ignorais alors qu'elle se montrerait aussi rapidement. Parfois, mes impressions ne menaient à rien.
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