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La Vieille Serpentine (Samael)
Mer 24 Juin 2020 - 18:06
Donc, on est d’accord ?
Perché sur les murailles de Hungcalf, Ekuru adressa un dernier regard interrogateur à Samael. Pour la troisième fois — c’est qu’il était perfectionniste — il venait de refaire les calculs astronomiques nécessaires à l’opération. Devant eux, sur la pierre ancestrale du domaine, couverte par la mousse, des parchemins couverts de diagramme et trois livres ouverts à des pages diverses.
En tout cas, le doute n’était plus permis : les planètes seraient, ce soir-là, dans la conjonction idéale pour cueillir la vieille serpentine, une variété d’ortie typique de l’Écosse, qui entrait dans la composition de certaines des potions les moins recommandables du cru. L’herbe était presque tombée dans l’oubli : elle n’avait jamais été employée que dans la pratique des sorcières locales et dans des recettes consignées seulement dans des livres à faible tirage, le genre d’almanachs des provinces reculées, dont les grands sorciers respectables ne font pas cas.
Mais Ekuru était un savant de terrain : il avait appris, au cours de ses recherches, à parcourir les petits villages et à interroger les gens, à reconstituer l’histoire des coutumes locales, pour en extraire les secrets magiques. Depuis des années, il vagabondait dans les campagnes tout autour de Hungcalf, à la recherche des masures presque en ruines où de vieilles sorcières à qui plus personne ne s’intéressait concoctaient les mêmes potions que leurs mères et les mères de leurs mères avant elles.
Le tout était d’arriver à traduire, en quelque sorte, les indications à moitié mystiques, imprécises ou nébuleuses, que ces sources-là lui donnaient avec parfois beaucoup de réticence en des données véritablement utilisables. Déterminer la bonne nuit à laquelle cueillir la vieille serpentine avait été au bout du compte un défi moins proprement astronomique que linguistique. Mais il avait embarqué Samael dans l’aventure et, ensemble, ils y étaient parvenus.
D’un geste de la main, Ekuru intima l’ordre à son matériel de se ranger : les livres se refermèrent d’eux-mêmes, le parchemin s’enroula et tout finit par tomber comme une avalanche de papier dans le sac à dos qu’il jeta sur son épaule.
On se retrouve ce soir, du coup, dit-il à celle qui était devenue beaucoup plus qu’une simple fournisseuse, à la lisière est de la forêt. Avec de bonnes chaussures.
Le sorcier consacra pour sa part le reste de l’après-midi à examiner tout son équipement et à graver dans sa mémoire, comme s’il en avait eu encore besoin, les différentes descriptions qu’on lui avait fournies de la vieille serpentine. Le soleil n’était pas encore tout à fait caché, et les derniers rayons mêlaient du rose à l’herbe verte, quand il retrouva Samael à la lisière de la forêt la plus éloignée du château, dans l’espoir qu’ils ne seraient pas surpris par des promeneurs tardifs.
Techniquement, il n’était pas interdit de s’aventurer dans les bois et, au fond, ils ne faisaient rien de mal : la vieille serpentine n’était qu’une herbe parmi les autres. Mais Ekuru avait développé une telle habitude du secret qu’il lui était devenu comme une seconde nature de couvrir ses traces. Avec un tee-shirt sombre, un blouson et un pantalon de treillis, plus ses chaussures de randonnée, on l’aurait juré paré pour une expédition de plusieurs jours.
Et ils s’enfoncèrent dans les bois.
On cherche un cours d’eau qui mène à un point relativement stagnant, et généralement à l’ombre, même pendant la journée, c’est le meilleur contexte pour l’herbe, à ce que j’ai compris des descriptions. Normalement, on devrait trouver une rivière devant nous dans un petit kilomètre…
Normalement, parce que les cartes de la forêt d’Hungcalf n’étaient pas entièrement fiables : ici, le paysage avait la fâcheuse manie de changer à son gré.
… et je propose qu’on la remonte contre le courant jusqu’à trouver l’un de ses bassins ou quelque chose comme ça.
Ekuru n’en était pas à sa première expédition botanique et il savait qu’il fallait savoir se laisser porter par le paysage, sans tirer des plans sur la comète : avec l’expérience, on apprenait en fait à reconnaître les endroits propices.
En tout cas, le sol était couvert de traces de pas.
C’est le désavantage de l’été, marmonna Ekuru, y a toujours des tonnes de gens qui vadrouillent dans les bois, mais ça devrait s’arranger plus on s’enfonce à l’intérieur.
Et plus ils s’enfonceraient, plus ce serait dangereux, mais ça, c’était curieusement un détail qui n’avait pas l’air de beaucoup le préoccuper.
Perché sur les murailles de Hungcalf, Ekuru adressa un dernier regard interrogateur à Samael. Pour la troisième fois — c’est qu’il était perfectionniste — il venait de refaire les calculs astronomiques nécessaires à l’opération. Devant eux, sur la pierre ancestrale du domaine, couverte par la mousse, des parchemins couverts de diagramme et trois livres ouverts à des pages diverses.
En tout cas, le doute n’était plus permis : les planètes seraient, ce soir-là, dans la conjonction idéale pour cueillir la vieille serpentine, une variété d’ortie typique de l’Écosse, qui entrait dans la composition de certaines des potions les moins recommandables du cru. L’herbe était presque tombée dans l’oubli : elle n’avait jamais été employée que dans la pratique des sorcières locales et dans des recettes consignées seulement dans des livres à faible tirage, le genre d’almanachs des provinces reculées, dont les grands sorciers respectables ne font pas cas.
Mais Ekuru était un savant de terrain : il avait appris, au cours de ses recherches, à parcourir les petits villages et à interroger les gens, à reconstituer l’histoire des coutumes locales, pour en extraire les secrets magiques. Depuis des années, il vagabondait dans les campagnes tout autour de Hungcalf, à la recherche des masures presque en ruines où de vieilles sorcières à qui plus personne ne s’intéressait concoctaient les mêmes potions que leurs mères et les mères de leurs mères avant elles.
Le tout était d’arriver à traduire, en quelque sorte, les indications à moitié mystiques, imprécises ou nébuleuses, que ces sources-là lui donnaient avec parfois beaucoup de réticence en des données véritablement utilisables. Déterminer la bonne nuit à laquelle cueillir la vieille serpentine avait été au bout du compte un défi moins proprement astronomique que linguistique. Mais il avait embarqué Samael dans l’aventure et, ensemble, ils y étaient parvenus.
D’un geste de la main, Ekuru intima l’ordre à son matériel de se ranger : les livres se refermèrent d’eux-mêmes, le parchemin s’enroula et tout finit par tomber comme une avalanche de papier dans le sac à dos qu’il jeta sur son épaule.
On se retrouve ce soir, du coup, dit-il à celle qui était devenue beaucoup plus qu’une simple fournisseuse, à la lisière est de la forêt. Avec de bonnes chaussures.
Le sorcier consacra pour sa part le reste de l’après-midi à examiner tout son équipement et à graver dans sa mémoire, comme s’il en avait eu encore besoin, les différentes descriptions qu’on lui avait fournies de la vieille serpentine. Le soleil n’était pas encore tout à fait caché, et les derniers rayons mêlaient du rose à l’herbe verte, quand il retrouva Samael à la lisière de la forêt la plus éloignée du château, dans l’espoir qu’ils ne seraient pas surpris par des promeneurs tardifs.
Techniquement, il n’était pas interdit de s’aventurer dans les bois et, au fond, ils ne faisaient rien de mal : la vieille serpentine n’était qu’une herbe parmi les autres. Mais Ekuru avait développé une telle habitude du secret qu’il lui était devenu comme une seconde nature de couvrir ses traces. Avec un tee-shirt sombre, un blouson et un pantalon de treillis, plus ses chaussures de randonnée, on l’aurait juré paré pour une expédition de plusieurs jours.
Et ils s’enfoncèrent dans les bois.
On cherche un cours d’eau qui mène à un point relativement stagnant, et généralement à l’ombre, même pendant la journée, c’est le meilleur contexte pour l’herbe, à ce que j’ai compris des descriptions. Normalement, on devrait trouver une rivière devant nous dans un petit kilomètre…
Normalement, parce que les cartes de la forêt d’Hungcalf n’étaient pas entièrement fiables : ici, le paysage avait la fâcheuse manie de changer à son gré.
… et je propose qu’on la remonte contre le courant jusqu’à trouver l’un de ses bassins ou quelque chose comme ça.
Ekuru n’en était pas à sa première expédition botanique et il savait qu’il fallait savoir se laisser porter par le paysage, sans tirer des plans sur la comète : avec l’expérience, on apprenait en fait à reconnaître les endroits propices.
En tout cas, le sol était couvert de traces de pas.
C’est le désavantage de l’été, marmonna Ekuru, y a toujours des tonnes de gens qui vadrouillent dans les bois, mais ça devrait s’arranger plus on s’enfonce à l’intérieur.
Et plus ils s’enfonceraient, plus ce serait dangereux, mais ça, c’était curieusement un détail qui n’avait pas l’air de beaucoup le préoccuper.
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Re: La Vieille Serpentine (Samael)
Mer 1 Juil 2020 - 17:36
La vieille serpentine
◇ ◆ ◇ ◆ ◇ ◆ ◇
Bien que tu as la tête complètement ailleurs ses derniers temps, tu te dois de continuer tes activités afin de pouvoir passer le prochain mois. Œuvrant dans plusieurs domaines différents, certains sont plus lucratifs que d’autres, certains sont illégaux et d’autres, tout à fait respectables, dans les faits. Il t’arrive bien souvent de partir à la quête d’herbes bien rares, bien que cette activité n’ait rien d’illégal, ce que peuvent en faire tes clients peut l’être, mais tu n’es que la vendeuse. Ce qu’ils font avec ses herbes par la suite t’est bien égal. Avec les vacances d’été qui arrivent à grands pas, tu projettes déjà plusieurs petits voyages à travers le pays afin de récolter diverses herbes et vieux bouquins délaissé depuis longtemps, mais donnant une multitude d’informations pertinentes sur mille et une herbes. Néanmoins, avec ce qui s’était passé dernièrement dans ta vie, tu n’es plus sûr de rien. Tu as envie de continuer tes petites occupations, mais l’histoire de la mort de tes parents continue de te hanter depuis que tu as lu le dossier d’enquête. Qui plus est, il était bien tentant de partir à la recherche de ce demi-frère nommée Ambrose. Ce dernier était porté disparu depuis l’année 2000. Où était-il maintenant? Était-il toujours en vie après tout ce temps? En connaissait-il plus sur toute cette affaire? C’est en se posant ses questions que tu portes une semi-attention aux explications de ton partenaire d’exploration. Bien que tu as la tête ailleurs, tu enregistres tout de même toutes les informations qu’il te donne afin que vous puissiez trouver la vieille serpentine, une herbe dont il te parlait depuis un moment. Il n’y avait qu’un moment propice pour la cueillir et c’était cette nuit.
Ayant tout le plan en tête, tu le rejoins à l’entrée de la forêt. Tu es vêtu pour une bonne marche nocturne et tous les outils dont tu as besoin se trouvent dans ton sac. Une fois qu’il t’ait rejoint, vous entrez tous deux dans les bois en faisant attention de ne pas être suivis. Ce que vous faites n’est pas illégal, mais vous préférez ne pas être suivis par des petits curieux. La forêt n’est également pas interdite à qui que ce soit, elle est tout simplement déconseillée due à la haute population de créatures magiques. Tu restes donc toujours en alerte des moindres bruits autour de vous et contrairement à tes habitudes, tu ne parles que très peu, la tête toujours un peu ailleurs.
Ft. @Ekuru Lukara
:copyright: SWIRLY
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