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We all have a hunger
Sam 27 Juin 2020 - 12:08
We all have a hunger.
Perla prit une grande bouffée d’air estival, et la relâcha en un soupir de contentement. Ses paupières étaient fermées, mais elle pouvait tout de même percevoir la lumière du soleil à travers sa peau, chaude et lumineuse, balayée fréquemment des ombres des arbres alentours. Les rayons de l’astre nimbaient son enveloppe constellée de tâches de rousseurs. La brise estivale caressait ses mains, ses poignets, ses chevilles, ses jambes jusqu’au-dessous de sa jupe, les mèches cuivrées de ses cheveux, plus délicate et douce qu’aucune amante ne le serait jamais. Perla était toute entière à ces sensations agréables, perchée sur la barrière de l’enclot qui servait d’ordinaire aux Soins aux Créatures Magiques. Elle attendait son binôme. Rien ne pressait.
Il était acquis que c’était les Dandelions qui s’occupaient d’ordinaire de nourrir et soigner les créatures du domaine de Hungcalf. Les élèves se retrouvaient à la carrière, non loin de la cabane du garde-chasse, pour prendre l’équipement et les produits dont ils auraient besoin. Les Dandelions s’étaient organisés par paires, chacun responsable d’un jour de la semaine. Le Mardi, c’était au tour de Perla. « Le Mardi », pensa-t-elle avec un doux rire, à peine un souffle poussé par ses narines, « quel bel alignement des astres ». Tuesday en anglais, Tyr’s day, éthymologiquement, venant du dieu nordique Tyr, ᛏ . Connu avant tout comme étant le dieu de la justice et des serments, c’était également le dieu qui était parvenu à amadouer le gigantesque loup Fenrir, quitte à y sacrifier sa main. Que le jour qui lui soit assigné pour s’occuper des créatures soit le sien était de bonne augure pour Perla. Elle lui adressait une offrande et une prière chaque Mardi avant de se rendre à la carrière, pour qu’il les guide et les protège, elle et son binôme. Elle faisait équipe avec Blake Sakamoto. Si l’élève de septième année en Forces Publiques l’avait au départ intimidée, l’amour qu’ils partageaient pour les animaux l’avait aidée à surmonter cette première impression. Ses gestes attentifs, sa façon de parler aux créatures… Perla s’était dite une fois qu’il n’aurait pas été désagréable que Blake se comporte de la même manière avec elle. Mais dès qu’il se tournait vers un être humain, son attitude se faisait plus froide, plus fermée. Comme s’il s’enfermait dans une cage…
Quand on pense au loup… Un bruit (un craquement ? Un bruissement ? Un murmure?) souleva une des paupières de Perla, qui bondit soudain, manquant de peu de dégringoler de sa barrière. Si elle l’avait entendu s’approcher, elle ne s’était pas attendue à ce que Blake se tienne déjà si proche d’elle. Surprise, elle parvint tout juste à rétablir son équilibre en balbutiant.
« B-blake ! My word, you’re a sneaky one !… Kon’nitchiwa. »
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Re: We all have a hunger
Sam 27 Juin 2020 - 23:26
He who is born a man, says Wieiand in his Perigrinus probus, must and can be nothing greater or better than a man. The fact is that in our efforts to rise above our nature, we invariably fall below it. Our moralists who play the demigods, are simply turned devils.WE ALL HAVE A HUNGER
Le vent s’engouffrait dans les cheveux noirs de Blake et balayait quelques-unes de ses mèches folles lorsqu’il sortit enfin de sa tanière ; les yeux mi-clos et l’air endormi. Quand il leva la tête vers le ciel, après avoir entendu le croassement rauque d’un corbeau, il aperçut le soleil continuer sa course effrénée à travers les nuages cotonneux des Highlands et se rendit compte que la matinée était déjà bien entamée. Damn it, I’m late, pensa t’il en passant une main sur son visage baigné de lumière.
Les doux rayons de l’astre solaire caressaient son visage et réchauffaient son corps ankylosé par les excès et la fatigue lorsqu’il pressa le pas. La veille, le Grymm avait fêté un peu trop dignement le début de l’été et le départ de plusieurs de ses camardes de maison. Il avait fait ses adieux aux anciens – qu’il ne reverrait sans doute jamais – et avait dit au revoir à ceux qu’il retrouverait (sans doute) l’année prochaine, après avoir bien profité des vacances d’été. Bien entendu, l’alcool avait coulé à flots et les substances illicites étaient passées de mains en mains – au fond du grenier qui avait accueilli leur petite fête clandestine – et Blake ne s’était clairement pas fait prier pour consommer tout ce qu’il s’interdisait habituellement.— Fuck. I should never have swallowed those damn morgana mushrooms … Râla le loup tout en se massant les tempes du bout des doigts.
Les champignons de morgane étaient des eucaryotes hallucinogènes (sous forme de petites gélules ambrées) extrêmement puissantes et prisées des jeunes sorciers en quête de sensations fortes. Blake – comme les autres – aimait la sensation grisante que lui procurait cette drogue naturelle et n’avait pas dit non lorsqu’un étudiant (plus âgé que lui) lui avait proposé une « dose de bonheur » au cours de la soirée. Seulement, il était loin de s’imaginer qu’il le regretterait aussi amèrement aujourd’hui …
Le nippon essayait tant bien que mal de ne pas prêter attention à la douleur sourde qui pulsait à l’intérieur de son crâne et continua de marcher en direction du domaine universitaire. Après quelques minutes de marche forcée, il atteignit la carrière et aperçut la chevelure flamboyante de Perla qui semblait perchée sur l’une des barrières de l’enclos principal. How long has she been waiting for me ? Le Grymm fronça ses sourcils broussailleux. Il s’en voulait d’avoir autant tardé et se promit (intérieurement) de se rattraper auprès de la Summerbee. Lorsqu’il arriva près d’elle, la rouquine sursauta et manqua de tomber de son perchoir avant de se cramponner fermement à la clôture.— B-blake ! My word, you’re a sneaky one ! … Kon’nitchiwa. Balbutia-t-elle avant se tourner vers lui.
Le Grymm lui adressa un léger sourire avant de grimper sur la barrière et s’asseoir près d’elle. Il appréciait les efforts de la rouquine – qui essayait un tant soit peu de parler dans sa langue maternelle.— Kon'nichiwa Perla-san. I hope I didn't keep you waiting too long ? Il se racla la gorge et regarda ailleurs avant de se pincer les lèvres. I didn't realize how late it was ... Sorry to keep you waiting. What do you want to start with ?
En tant que Dandelions, Blake et Perla s’étaient proposés pour nourrir les bêtes et entretenir les enclos en plus des écuries du château. Là où certains y voyaient une tâche longue et fastidieuse, Blake y voyait plutôt un moyen de décompresser et passer du bon temps en compagnie de « becs et museaux ». Malgré son mal de crâne et ses membres fourbus, il avait hâte de commencer et travailler aux côtés de Perla. Il connaissait très mal cette fille aux cheveux de feu, mais plus il passait du temps avec elle, plus il avait envie de la connaitre …i c o n s b y m o o n s e t
@Perla Dalgaard
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Re: We all have a hunger
Mar 7 Juil 2020 - 18:37
We all have a hunger.
Aussi silencieux qu’un drakkar glissant sur les eaux calmes d’un estuaire, Blake était apparu et monté à l’abordage de la barrière de l’enclos. Seulement il n’était pas sorti d’un quelconque brouillard, marécageux et sinistre, comme les vikings se préparant à l’attaque. Non, il avait été camouflé par les rayons mêmes du soleil, astre complice fermant les paupières de Perla. Pourtant, lorsque les longs cils de la sorcière se soulevèrent et que ses iris se posèrent sur le visage du nippon, ce n’était pas la lumière dorée du jour que son teint reflétait, mais plutôt le halo pâle de la lune, comme si tout son être, victime d’une anomalie temporelle, était resté piégé dans la nuit alors que pour tout autre, l’aube s’était déjà levée de puis longtemps. Le regard de Perla resta un moment accroché aux traits de Blake. Il n’avait… pas l’air bien. Etait-ce sa peau qui manquait d’éclat ? Ses yeux profonds soulignés de cernes ? Son expression impassible ? Perla n’arrivait pas à mettre le doigts dessus. Mais Perla était persuadée que quelque chose clochait. Peut-être une Pimentine, ou une aspirine, voire carrément de la morphine pourrait le soulager ? Ou un simple Sortilège d’Allégresse. Perla décida de lui offrir ce qu’elle avait de plus proche : son sourire.
« It’s alright, we’re in no hurry, really. I don’t have any appointment… Mind you, we might want to prepare a note for the hippogriffs, you know how they get... »
L’insulaire des îles Féroé descendit de sa barrière d’un bon souple et agile, ses cheveux flamboyants suivant en un mouvement fluide et gracieux.
« Well, it’s the usual rounds, but I suggest we start with feeding the pens first, and then move on to the forest. We released a few Bowtruckles there a while ago, I want to check on them. »
Quelques instants plus tard, les deux sorciers sortaient de la cabane chargés d’équipement et de matériel. Perla portait en bandoulière une sacoche contenant une brosse pour les Noueux, la nourriture des Niffleurs et des Vivets Dorés. Elle tenait également dans ses bras blancs une selle, et avait laissé la seconde à Blake, qui était également chargé du transport des sangles et des brides. Pour peu qu’ils soient d’humeur, ils pourraient monter les Abraxans, qui avaient besoin d’exercice.
En ce début d’été, le domaine d’Hungcalf était digne d’un jardin d’Éden, du Nirvana, d’Elysion ou du Valhalla. La douceur de l’air, la caresse du vent, le chant de la nature, tout respirait la paix et la sérénité. La sacoche de Perla se berçait sur son épaule au rythme tranquille de leurs pas alors qu’ils traversaient lentement le parc. Les arbres étendaient leur branche comme autant de nymphes s’étirant au soleil. A la surface de l’étang, un tas d’algue se prélassait à la surface telle une succube nauséabonde, ses courbes luisantes tournoyant lentement dans le courant. C’était le genre de beauté dont Perla raffolait. Elle n’éprouvait qu’une admiration superficielle face aux éclats froids de l’or et de l’argent, et l’esthétisme des toiles et des couleurs ne suscitait chez elle qu’un intérêt momentané. Il n’y avait que les sculptures grandioses des reliefs naturels, les entrelacs harmonieux de l’eau sous ses diverses formes, les teintes éternellement changeantes du ciel, de l’océan et des aurores boréales, pour mériter à ses yeux une attention digne d’une hypnose, une fascination sans borne, une vénération quasi-religieuse. Et pourtant, bien que dans son élément, malgré la nature qui s’offrait toute entière à elle, Perla n’avait d’yeux que pour son compagnon. Son regard revenait fréquemment sur sa silhouette, et osait même parfois faire l’ascension jusqu’à son visage, d’où il peinait à prendre son envol pour revenir sur le chemin qui les menaient aux enclos.
« Blake, if you don’t mind my asking… are you feeling alright ? »
Son sourire n’avait pas quitté ses lèvres (il le faisait rarement), mais ses yeux habituellement enjoués s’étaient voilés d’une inquiétude bienveillante.
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