Place ; The Hall of Illusions. Time ; March. Almost 5 am.
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« Si tout est illusion, nos illusions sont illusoires. » Alain Pontaut.
Insomnie, terrible insomnie et aucune soirée malheureusement pour combler cela. Elle s’était terminée quelques heures auparavant. Inlassablement je voyais passer les secondes, les minutes, les heures. Il s’agissait d’un défilé d’une lenteur affolante. Je n’en pouvais plus, j’en avais marre de rester immobile. Je me retournais donc, quittant le torse de mon amant, je m’entourais d’un drap, déraciné, et me levais doucement, je marchais à pas feutrés dans la chambre pour trouver mes vêtements et une fois rhabillée, je sortais. Pas un mot, pas un baiser. De toute manière, il me connaissait. Maxxie Lilith Ashtray. Une légende, quoi, j’exagère ? Okay… Je décidais de faire un rapide détour par la salle de bain afin de me faire un brin de toilette, un nouveau maquillage, et me changer, je me demander que faire, c’est vrai… A quatre heures du matin, tu as d’autres chats à fouetter, comme… Dormir par exemple, et bien non, je n’y arrivais pas. Impossible. Je n’étais pas fatiguée, pas un brin ensommeillé. Je me disais que j’avais assez bu et m’étais assez droguée pour ne pas recommencer, je m’empressais donc de me mettre un short en jean et un hoodie gris, cela m’allait très bien mais je ne comptais pas voir quelqu’un, donc cela n’avait que peut d’importance, les premières choses qui m’étaient tombées sous la main avait été les bonnes. J’attrapais des chaussures, mais… Où avais-je bien pu mettre ces satanées bottines que j’avais vingt minutes auparavant dans les mains ? C’était un mystère, je me résignais donc à mettre des chaussures à talons, bouger ma malle aurait fait trop de bruit et aurait réveillé ma chambrée. Je mis la croix qui me servait de pendentif, m’attachais négligemment les cheveux, encore humides, à l’aide d’une pince et je sortis de la pièce.
Je sortais prendre l’air, assise en haut d’une tour, j’allumais une cigarette et mettais les écouteurs de mon I-Pod dans les oreilles, je commençais à dodeliner de la tête en rythme, les pieds bougeant dans le vide, en haut de cet immensité de château, et je regardais les étoiles. Ces absolues nébuleuses, ces boules composées de feu. Je murmurais « ce sont les étoiles, les étoiles tout là-haut qui gouvernent notre existence. » Le Roi Lear, je l’avais joué étant enfant. Cordélia, j’étais cette jeune femme intransigeante certes, mais tellement sincère, fille du roi. Que de souvenirs… Je souriais, émue, avant de tirer une nouvelle taffe de nicotine qui emplissait mes poumons d’une sensation unique, de soutient, de maintient. Ce qui en soit ne voulait rien dire, j’étais seulement accro à cette substance, rien d’autre. Un tempo bien connu de 1961 s’éleva, mon pied commença à battre la mesure, ce que j’aimais cette chanson… Je commençais à chantonner, bien malgré moi “When the night has come, and the land is dark, and the moon is the only light, we'll see. No I won't be afraid, no I won't be afraid, Just as long as you stand, stand by me… So darling…” Puis je cessais. Personne ne m’avait jamais entendu ici. Ils ne connaissaient pas mon timbre de voix, ma manière d’aimer la musique, la manière que j’avais de jouer Muse avec mon violon. Cela ne servirait à rien qu’ils sachent. Je jetais le mégot de ma cigarette dans le néant avant de rentrer.
Que faire maintenant ? Je décidais d’errer dans les couloirs, comme une gentille petite enfant qui s’ennuie. Ou pas. Oui, bien sûr que je m’ennuyais, j’étais seule. Même Baudelaire n’était pas là. Mon chat, pas le poète… J’arrivais au deuxième étage. HA ! J’aimais cet étage, le palier « serial-killeur », n’importe quoi… Combien de fois étais-je allée dans la salle des illusions, j’adorais cette endroit, encore mieux qu’un rail de coke… Mais je n’avais jamais eu de problèmes pour en sortir, même si, la première fois, cela m’avait fait me poser bon nombres de question, j’avais fini par fermer les yeux, respirer paisiblement et revenir mentalement sur mes pas. L’Illusion. A la différence d’une hallucination, il s’agit d’une perception déformée bien souvent auditive ou visuelle. D’où le mal que beaucoup ont eut à sortir de là… Une nouvelle chanson, rock cette fois, s’éleva. Pourquoi n’étais-je pas fatiguée ? Je ne comprenais pas, un épisode maniaque dans ma mélancolie ? Je stoppais nette mes réflexions, je devenais trop psychologique, comme bien souvent lorsque je me laissais portée par mes pathologies. Enfin, je trouvais la porte d’entrée de cette fourbe salle qui ne pouvait se contenter d’être à un seul endroit. Je me glissais à l’intérieur, et commençais à profiter. On pourrait devenir fou entre ces murs, dans cet endroit où l’esprit ne perçoit plus correctement ce qu’il voit, ce qu’il entend. J’avançais doucement, et constatais que je n’étais pas seule, je lui dit, riant à moitié devant la niaiserie de la chose, parce que si stupidité il y avait, je remerciais mon esprit de percevoir d’aussi jolis morceaux que le jeune homme non loin de moi.
« Hey salut… Tu… T’es bien réel dit… Juste pour être sûre… »