Patiemment assis à ton bureau du service de la Brigade de Police Magique, tu reprends le dernier dossier que ton supérieur as eu l’amabilité de te refourguer. Il sait combien tu préfères les missions de terrain. Le fait de recevoir les victimes, ça n’est clairement pas ton truc. L’uniforme de ton équipe est semblable à celui des Aurors. Ton métier l’est également malgré ta place de tireur d’élite t’intégrant directement dans les forces armées sollicitées dans les affaires des plus violentes.
Uniforme, donc, sur lequel tu portes ton attention. C’est que tu arbores fièrement ce long manteau de cuir d’un marron qui tranche d’avec le costume marine juste en-dessous. Réajustant ta cravate et tes insignes, tu reprends ta lecture des notes manuscrites de ton chef. Tu jettes un œil à la pendule qui affichera bientôt l’heure du rendez-vous. Tes prunelles sombres se posent alors sur la chevalière que tu portes à l’annulaire. Celle des Delgado. Tu aurais tellement mieux à faire que d’être ici.
Un soupire pour seule expression de ton état intérieur. Une histoire de vol au sein d’un musée sorcier. L’objet en question brille sous l’incandescence de la photographie prise par les responsables. Il s’agit ni plus ni moins d’une tiare ayant appartenu à une ancienne Ministre de la Magie, il y a des décennies. « Miss Bragnam » lances-tu tandis que l’on s’annonce à la porte ouverte de ton bureau. Un endroit simpliste puisque tu n’es jamais franchement présent ici. La décoration y est minimaliste. Tu ne t’attardes pas sur ce genre de détails. Hormis chez toi, où tu collectionnes les objets ayant appartenu à tes ancêtres. « Prenez place » souffles-tu entre tes dents.
Croisant les bras sur ton buste, tu toises son allure de jeune femme modèle. Tu ne te laisseras pas tromper pour autant. Tu pars instantanément à l’assaut de la vérité. « Vous êtes convoquée ce jour pour le vol d’un inestimable diadème au sein d’un musée sorcier ». Sang-pur, tu as eu vent de l’influence de sa famille dans ce domaine. « Jusque-là, j’ignorais les méthodes d’approvisionnement de la famille Bragnam … Une véritable honte pour la noblesse puriste ». Car tu tiens aux valeurs qui sont celles des hautes sphères.
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le verbe du très-haut x sapphire
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Re: le verbe du très-haut x sapphire
Près de dix ans après, sa seconde visite au Ministère ne dégageait pas le même émerveillement. Sapphire y avait été amenée seule, manu militari, et personne n'avait pris le temps de ralentir le pas pour qu'elle puisse admirer les ascenseurs ou les divers couloirs. Niveau deux, Département de la justice magique. Rien de palpitant pour son coeur céleste. Elle se demandait si elle aurait le droit de demander à visiter davantage les lieux, mais soupçonna qu'on ne recevrait pas bien sa requête. Muette, docile bien que tête-en-l'air, elle se laissa mener. On lui confisqua son sac et sa baguette, qu'elle regarda partir avec une moue de protestation triste. Après quelques minutes d'ennui dans une petite salle à l'architecture inintéressante, on la fit entrer dans un bureau. Miss Bragnam, l’accueilla un sorcier - d'une voix tout sauf accueillante. La jeune femme lui lança un regard mi-farouche mi-interloqué. Elle voulut le rectifier en précisant qu'il fallait dire "Mrs" et non "Miss", mais la remarque mourut entre ses lèvres. Hypnotisée par les insignes sur le costume du sorcier, elle resta immobile jusqu'il lui dise de s'asseoir.
A peine installée, Sapphire n'eut le temps ni d'examiner l'endroit, ni de demander le nom de son interlocuteur, ni de réfléchir à la raison de sa présence ici. Vous êtes convoquée ce jour pour le vol d’un inestimable diadème au sein d’un musée sorcier. Oh oui, exact. Triste histoire. La sorcière acquiesça, l'air concerné. Voler dans un musée, quel crime abject. En tant qu'ancienne aspirante à devenir espionne-archéologue (elle en aura eu, des carrières fantasmées), Sapphire trouvait inadmissible qu'on dérobe un objet précieux. Les musées étaient des sanctuaires, au même titre que les bibliothèques. Qui pouvait avoir l'indécence de les profaner ? Jusque-là, j’ignorais les méthodes d’approvisionnement de la famille Bragnam…, reprit le sorcier. Une véritable honte pour la noblesse puriste. La jeune femme eut l'impression d'avoir raté une partie de son discours, prise dans ses pensées. Elle fronça les sourcils, incertaine. Je vous demande pardon ? Ne comprenant pas le lien avec la famille de son époux, elle saisit l'une des photographies du diadème pour l'examiner. Cet objet appartenait donc aux Bragnam ? Que voulez-vous dire ? Est-ce que Calum lui avait dit ? Et elle aurait oublié de prêter attention ? Il y avait tellement d'objets et d'artefacts liés à sa famille, il était difficile de tout retenir.
Si le voleur avait dérobé un objet familial sous son nez, elle passerait encore pour une étourdie. L'angoisse commençait à s'emparer de sa gorge. Les ailes du nez rosies, Sapphire éparpilla les photographies devant elle, comme si l'agitation des images pouvait l'aider à reconstituer la scène dont elle avait été témoin. Why don't I ever pay attention to stuff around me ? Je, je... Je n'avais pas fait attention, tout est allé très vite. J'ignorais l'identité de ce diadème. Son regard remonta sur les insignes du sorcier, qu'elle prit alors pour un Auror. Vous avez convoqué Mr Bragnam ? Lueur d'effroi dans les billes céruléennes. Elle se pinça les lèvres comme si elle venait de dire une bêtise, persuadée que Calum serait assez mécontent de cette histoire, qui, elle ne comprenait pas bien comment, semblait lui tomber dessus.
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Re: le verbe du très-haut x sapphire
A cet accueil bafoué résonne sa mine sauvage. Appliquant texto une technique d’interrogatoire qui ne laisse pas place aux bavardages, tu mentionnes les délits commis auxquels la jeune femme se permet d’acquiescer. Dès lors, tu interprètes cela comme étant un aveu. Tu n’as jamais mentionné qu’elle pourrait être témoin, au contraire, tu l’accuses volontairement afin d’observer ses réactions. C’est ainsi qu’une partie du Département de la Justice Magique fonctionne. Par le bluff.
Néanmoins, ce sont tes travers qui prennent la suite, convoquant ainsi l’honneur de la famille Bragnam. A cela, elle réagit enfin. Tes paupières se plissent un instant à l’écoute de sa prochaine demande. Cela te ferait un semblant douter de sa culpabilité. Bien que tu sois encore toi-même dans l’inconfort à propos de cette affaire. Dois-tu conclure qu’elle soit coupable et t’extirper rapidement de cette situation ? Au contraire, dois-tu tenter de découvrir la stricte vérité bien que cela ne prenne plus de temps ? Ceci reste à ton bon vouloir.
Si tu maintiens le silence, tu l’observe s’emparer des photographies préalablement déposées sur le bureau. Tes phalanges tapotent nerveusement le long de ton biceps. Haussement de sourcils à son comportement dont l’allure sous-entend de plus en plus son malaise. Les choses deviennent enfin intéressantes. « Vous n’avez pas fait attention, donc ». D’un revers de la main, tu te munie d’une attestation qui permettra de réaliser une déclaration de ses propos.
D’une plume noire, tu rédiges ses dires jusqu’à te stopper net sous son questionnement. « Pourquoi cette question ? » poursuis-tu en fixant ses iris avec plus de force. Sans nécessairement attendre de réponse de sa part, tu reprends presque aussitôt. « En effet, je pourrais convoquer Monsieur Bragnam si je juge qu’il soit pertinent de le faire ». La peur, palpable, lisible dans ses yeux ne t’échappe pas. Tu es trop habitué à côtoyer cette émotion pour la laisser filer.
« Est-ce qu’il y a un problème, Miss ? » Tu joues sur cette appellation, sachant pertinemment qu’elle soit une femme mariée. « Peut-être pourrions-nous le convier à notre entrevue ? S’il détient des informations, sachez qu’un hibou peut partir à sa rencontre d’ici cinq minutes ». Tu pousses le vis, tendancieux, cherchant à grappiller le plus d’éléments concrets. Son attitude sent la culpabilité à plein nez, tu ne peux t’empêcher de rester fixé sur cette idée.
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Re: le verbe du très-haut x sapphire
Le sorcier cessa d'écrire et Sapphire se demanda avec confusion depuis quand il notait ce qu'elle disait. Pourquoi cette question ? Il lui semblait qu'il aboyait plus qu'il ne parlait. En effet, je pourrais convoquer Monsieur Bragnam si je juge qu’il soit pertinent de le faire. La jeune femme sentit sa poitrine se soulever, emplie d'effroi. Oh. Oh. C'était tout ce qu'elle était capable de balbutier, perdue dans les questionnements qui l'envahissaient. What did I do ? Will he be mad at me ? I didn't mean to do anything wrong. Est-ce qu’il y a un problème, miss ? insista l'homme froid et insensible. Peut-être pourrions-nous le convier à notre entrevue ? S’il détient des informations, sachez qu’un hibou peut partir à sa rencontre d’ici cinq minutes.
Les yeux bleus rivés sur sa plume comme sur l'arme imminente qu'il pouvait utiliser contre elle en convoquant Calum, la jeune femme laissa échapper un glapissement. Non ! Tremblante, elle soupira pour essayer de se ressaisir. Je veux dire... Inspiration. Expiration. Retrouver un semblant de politesse et de dignité. Ne pas s'effondrer devant un inconnu. Sapphire s'agrippait à son masque de pudeur, allié de toutes ses années de jeune femme vulnérable dans un monde cruel. Est-on obligé de le convier ? Elle reprenait le mot utilisé, détachant les sons avec une maîtrise relative. Il n'aimera pas être dérangé. Mon mari travaille beaucoup. Passer pour une épouse écervelée ne la dérangeait pas, si cela pouvait éviter d'impliquer l'homme dont elle espérait tant. Je vais faire un effort pour me souvenir de ce que vous voulez savoir. Petit sourire timide et nerveux, plein de promesses.
La situation restait difficile : ne comprenant pas exactement ce qu'on attendait d'elle, Sapphire désespérait de s'en sortir seule. Le sorcier face à elle semblait impitoyable. Son manque de compassion rendait les choses encore plus pesantes. Pourrais-je avoir un verre d'eau ? murmura la blonde en passant une main dans ses cheveux. Peut-être... Elle hésita, craintive. Peut-être serait-il plus simple d'utiliser une pensine pour extraire ce que j'ai vu ? proposa-t-elle d'une petite voix. Si c'était possible, le sorcier aurait probablement déjà pris cette décision : n'allait-il pas se fâcher de sa demande inappropriée ?
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Re: le verbe du très-haut x sapphire
La négation tombe dans un murmure qui sonne pourtant lourdement à ton oreille. Tu hausses les sourcils, d’abord surpris, puis de nouveau agacé de ces questions que tu juges inutiles. « Tout le monde travaille. Ce ne sera pas une excuse valable pour manquer un interrogatoire ». Là, tu fais preuve d’une étonnante justice sociale. Ce qui pourtant pourrait sembler en opposition totale d’avec tes valeurs héritées. Tu soupires, tranquillisé par ce coup d’œil dont les promesses ne t’enchantent pas pour autant.
Te levant de ta chaise avec légèreté, les pans de ton manteau semblent voleter dans les airs d’une assurance certaine. Tu t’empares d’un gobelet que tu passes sous une fontaine ensorcelée. Le déposant au niveau des photographies mouvantes, tu t’éclaircies la gorge. « Nous n’avons pas de pensine à disposition ». Une nouvelle fois, tu n’es pas décidé à te montrer sous ton meilleur jour. Grincheux. Ignoble. Abjecte. « Je vous pense par ailleurs capable d’avouer un délit commis par votre propre personne. Je me trompe ? » Tu tentes la provocation, persuadé qu’elle pourrait avoir un lien dans cette affaire.
Intransigeant, tu ne peines pas à l’être. En vérité tu te montres volontiers odieux envers quiconque t’agace. En l’occurrence, la jeune femme n’est pas des mieux disposée en l’instant présent. Tu décèles bien vite que ton attitude est déstabilisante. Aussi loin puisses-tu fouiller tes mémoires, tu te souviens d’un garçon dont l’intuition a toujours été très développée. Bien plus que le self-control. « Je compte recevoir Mister Bragnam, en effet ». Ton discours serpente, tel le reptile qui sommeille. « Je lui ferais parvenir une convocation dans les prochaines heures afin qu’il puisse se rendre au Ministère dès demain », ajoutes-tu, sans même la quitter des yeux.