Bienvenue (ou pas)
Lun 23 Nov 2020 - 18:12
Vu de l'extérieur, le commerce, niché sur une avenue perpendiculaire à la rue principale du Myrddin Wyllt District, ne paie pas de mine. C'est un petit local, doté d'une grande vitrine, laquelle semble en permanence recouverte d'une couche de saleté datant de plusieurs siècles. Quelqu'un a semble-t-il un jour entrepris de décrasser le verre, mais s'est arrêté après un petit cercle dans le coin inférieur gauche. Si la curiosité pousse le passant à jeter un oeil par cette étrange lucarne dans la saleté, il n'aperçoit rien de plus que le derrière d'un coffre.
À gauche de la vitrine se trouve une porte de bois massif, qui paraît être faite de la tranche d'un seul et même chêne. Aucune ouverture ne la perce, pas même une fente pour glisser une lettre. La poignée de fonte est usée par les maintes mains qui l'ont un jour tournée.
Au-dessus de cette porte, sur une planche de bois peinte en vert forêt, le nom de l'apothicairerie apparaît en lettres dorées. C'est le seul élément brillant de toute la devanture du commerce. Chaque lettre a été tracée avec application, se tenant droit et glissant aux extrémités sur une courbe légère, petit grain de fantaisie dans un ensemble sobre.
La porte s'ouvre en grinçant, comme le veut la coutume, mais ici aucune clochette ne tinte, c'est le ronflement de l'oie empaillée Sycorax qui vous accueille (ça ne devrait techniquement pas être possible, mais c'est pourtant le cas). Vous pouvez espérer qu'elle demeure endormie.
À l'intérieur, c'est aussi sombre que l'extérieur le laisse présager. Un lustre peine à éclairer la pièce unique, la lumière passant faiblement à travers des globes jaunâtres. Il y a des toiles d'araignées au plafond. L'apothicaire les laisse faire leurs affaires, ça lui épargne de devoir chasser les insectes en été. Toutefois, aucune trace de poussière ou de désordre. Tout est parfaitement à sa place. C'est pourquoi l'apothicaire ne laisse personne toucher à ses produits. Du plancher jusqu'au plafond et sur les trois murs de la pièce, des étagères sont couvertes de bocaux et de pots en faïence, tous bien identifiés. Les étagères du bas font place à de longs tiroirs munies de poignées rondes en fonte. D'un bout à l'autre du mur du fond, un large comptoir orné de cuivre attend les clients. Une plume, un encrier, un registre, trois balances et des petites pyramides de poids s'y tiennent compagnie. Une porte basse fermée par une solide barre de fer et un loquet mène à l'arrière-boutique.
Du côté de la vitrine, un coffre de bois surmonté d'un étrange perchoir formé d'un monticule de mousse verte est le lieu de repos de l'oie ronfleuse. Un candélabre l'éclaire d'une faible lueur rouge. À un pas de là, une chaise de bois est l'unique siège pour les clients aux jambes fatiguées. De toute évidence, le propriétaire des lieux ne souhaite pas vous voir vous attarder.
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