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Thank you for the music (Euphrasie)
Mer 25 Nov 2020 - 13:52
Thank you for the music Ils s’étaient donc retrouvés à l’heure convenue au Rainbow. Après des jours à n’avoir recherché que la présence de ses amis les plus proches, Léonie ne savait pas vraiment si elle désirait vraiment être là. La confiance n’était pas aisée, surtout en ces temps d’incertitude pour elle et elle n’aimait rien tant que le sentiment injustifié d’insécurité qui lui pesait et dont elle n’arrivait pas à se débarrasser. Merlin, she really shouldn’t have come here, songea -t-elle. A l’intérieur régnait donc cette agitation familière ; une musique pulsait aux enceintes accompagnant les corps qui s’échauffaient déjà sur la piste de danse. Si Léonie s’y sentait habituellement à l’aise, l’agitation omniprésente l’oppressait presque alors que son esprit se saturait de pensées qu’elle n’arrivait pas à entendre. Les étudiants avec qui elle était venue avaient tôt fait de lui épargner leur compagnie, qui se lançant déjà sur la piste de danse, qui louvoyant de table en table à la recherche d’une compagnie pour la nuit. Léonie restait donc là, sirotant distraitement son cocktail sans alcool et caressant vaguement l’idée de rentrer chez elle. Soudain, la musique des enceintes se coupa alors qu’était annoncée sur scène une nouvelle chanteuse. La jeune femme n’avait pas souvenir de l’avoir déjà vue se produire en ce lieu, pourtant la silhouette et l’allure, pour ce dont elle pouvait en distinguer de détails, lui étaient vaguement familières. La chanteuse s’installa avec une aisance qui témoignait de l’habitude, son instrument en main et prête à commencer. Brièvement, l’attention de la jeune Summerbee se reporta sur son verre à moitié vide, manquant d’écouter la brève présentation de la musicienne. Et les premières notes de musique résonnèrent dans le Rainbow, sur lequel était tombé comme un voile d’un demi-silence respectueux. Soleil ou phare. Léonie eut la soudaine impression que la chanteuse était soudainement devenue lumineuse, rayonnante et forçait son attention à se précipiter à nouveau sur elle. Le morceau était beau. De tous les adjectifs qu’elle aurait pu utiliser, elle retint celui-là, écru, brut et sincère ; juste ça. C’était beau. Et elle ne savait encore dire pourquoi. Oublié, le cocktail sur la table. Léonie s’approcha un peu plus de la scène, doucement, pour mieux profiter de ce qui était en train de s’y jouer. Écouter un autre musicien lui procurait toujours cette nostalgie douce-amère ; celle des regrets, d’un temps oublié. Comme si la flamme qu’elle connaissait autrefois tentait de renaître en elle, petit bulbe d’espoir trop souvent ignoré, et fanait avant même de reprendre racine. Mais là, morceau après morceau, le chant de la jeune femme lui fit réaliser quelque chose d’autre. Il y avait une justesse dans les mots qui l’emportait, une sincérité dans l’intention qui la bouleversait. Une fêlure, aussi, dans la voix, de celle que la vie avait déjà éraillée. Cette jeune femme chantait avec justesse, avec son cœur, avec ses tripes, avec la flamme que Léonie avait perdu depuis longtemps déjà. Elle demeurait médusée, transportée. Comme un écho, elle retrouvait en quelqu’un d’autre ce qui lui manquait depuis si longtemps déjà. Sa prestation finit par s’achever, saluée d’une chaude slave d’applaudissements à laquelle Léonie se joignit bien volontiers. Mais il lui fallait plus ; le souvenir déjà marqué au fer rouge par ce qu’elle venait d’entendre, elle ne voulait pas le laisser s’éteindre et ne souhaitait rien tant qu’échanger avec la musicienne. Elle patienta, posa quelques questions aux bonnes personnes et enfin reconnut de loin la chevelure de feu et les bras encrés de l’intrigante. Elle s’approcha. « Excuse-moi », l’interpela -t- elle avec douceur, une presque réserve dans la voix (Merlin, why do I have to act like I’m some immature teenage girl ?). De près, le visage de la chanteuse lui parut d’autant plus familier, mais les années et les lieux se mélangeaient dans son esprit, elle aurait été bien en peine d’y associer un prénom. « Salut, je m’appelle Léonie et… Désolée je n’ai pas bien entendu ton nom, tout à l’heure. » Son approche était bancale et lui donnait l’impression que la jeune femme allait s’impatienter. « Ce que tu as fait ce soir, ce que tu as joué… Ce, c’était… bouleversant. Magnifique. », balbutia -t- elle maladroitement. Elle ne comprendrait sûrement pas son trouble et son soudain intérêt, mais peu importait. « Euh… Est-ce que je peux t’offrir un verre ? » | ( Pando ) |
@Euphrasie Till'Orian
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