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Un grumeau dans le potage [Niamh Walsh]
Jeu 3 Déc 2020 - 22:28
Je déambule dans les quartiers sorciers d’Inverness. Le magasin était fermé pour le midi et j’avais été cherché un sandwich au coin de la rue, malgré le froid écossais qui transperçait mes gants en cuir de dragon. Il fallait dire que l’hiver à Inverness n’était pas des plus cléments, on était loin des hivers tout de même plus doux de la Nouvelle-Orléans, Wilhelmina avait bien plus de mal que moi à s’habituer au froid local. Pour ma part, une bonne paire de gants et une écharpe me suffisait, mais je ne traînais pas non plus inutilement dans les rues d’Inverness, juste le temps de prendre mon repas pour le midi avant de rentrer dans ma boutique pour déjeuner tranquillement en lisant le journal. Mais je ne m’attendais pas à faire ce genre de rencontre sur le chemin. Je passais devant l’Hôpital Sainte-Marie et une jeune femme en sortait au même moment. Bon, même si on ne se fréquente plus et que j’ai fait tout ce qu’il fallait pour sortir ce cafard de ma vie, je ne pouvais que reconnaître ma sœur dans ses traits. Que faisait-elle là, à cette heure-ci, pour sortir de l’hôpital ? Je l’ignorais et même si tout grand frère digne de ce nom aurait dû s’en inquiéter et s’enquérir de sa santé, je considérais que ce n’était plus mon histoire, plus ma responsabilité. Aedan devait largement être suffisant pour gérer tous ces problèmes que j’avais moi-même dû assumer pendant des années. Chacun son tour. Et les rumeurs disaient que ma petite sœur s’était trouvé un petit sang-pur bien accroché, elle avait enfin compris comment on pouvait réussir dans ce monde quand on n’avait pas de talent : il suffisait de coucher ou de capturer le cœur d’un sorcier aux bourses pleines de gallions. Même si sa santé ne me préoccupait pas, je passais trop près d’elle pour pouvoir l’ignorer, alors autant en tirer profit pour faire ce que je savais le mieux faire : être une ordure de grand frère.
Tiens, petite sœur ! Toi ici ? Dis-moi, tu viens de vendre un rein pour avoir quelques gallions ou tu as pris un second emploi un peu plus sérieux que ta garderie ? A part si tu as déjà réussi à trouver un amant médicomage, tu m’impressionnerais grumeau.
Imbécile, abjecte et sans cœur, oui mais je l’assumais. Je n’avais pas envie d’être tendre avec elle, elle m’avait assez pourri la vie pendant des années, alors à moi de pourrir la sienne. Bien sûr, si j’avais été attentif, j’aurais pu voir son air blême, bien trop clair pour être uniquement expliqué par le froid de l’hiver s’approchant. Mais je n’étais pas attentif à ce genre de chose, ou en tout cas pas avec elle. Est-ce qu’un jour les morceaux du vase de notre famille pourraient être recollés ? J’en doutais, mais parfois la vie est une sacrée farce, j’en avais déjà fait les frais.
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Re: Un grumeau dans le potage [Niamh Walsh]
Dim 13 Déc 2020 - 18:42
∞ un grumeau dans le potage
declan & niamh
Félicitation miss Walsh, vous êtes enceinte. Cette phrase, bien que tu aies rêvé de l'entendre depuis des années, elle te perce les tympans. Encore. « C'est impossible ». T'es formelle, t'as la détermination dans les yeux lorsqu'ils se posent sur le médecin, tu ne peux pas être enceinte, tu fais le nécessaire pour éviter que cela n'arrive parce que t'as beau être dans une relation qui tend de plus en plus vers quelque chose de sérieux, t'es vraiment pas sûre que ce soit le moment d'avoir un enfant. Tu n'es pas sûre de toi, de lui, de vous, de la situation socio-économique, bref, t'es en panique. Je vous assure que vous êtes enceinte Miss, au vu du développement de l'embryon, je dirais de huit semaines, le médecin t'observe un instant en silence avant d'ajouter, les sourcils froncés auriez-vous déjà été enceinte par le passé ? Tu blêmis, comment peut-il savoir ? Seulement, c'est ton médecin et tu es de ces personnes qui prends ce détail très à cœur, tu décides donc de lui raconter ton histoire en commençant par le viol, le déni de grossesse, ta volonté de la cacher et finalement, cette douloureuse fausse-couche qui à presque eut raison de ta santé mentale voilà un peu plus de deux ans maintenant. Je comprends mieux... Toi, tu ne comprends pas, tu te redresses sur les coudes pour observer l'homme qui semble contrarier, inquiet. « Qu'est-ce qu'il y a ? » Parce que tu n'es pas née d'hier et que cette tête n'annonce rien de bon, tu commences à angoisser ; certes, tu ne veux pas d'enfants maintenant, mais l'idée d'en avoir un commence déjà à s'ancrer en toi et tu n'aimes pas du tout la mine du médecin. Je vous laisse vous rhabiller, je vous attends dans mon bureau . Il est sérieux ? T'as jamais été aussi rapide de ta vie pour remettre un pantalon et des chaussures, la panique qui s'immisce lentement et finalement, installée sur cette chaise froide, il t'explique. Il t'explique que ton utérus n'est pas accueillant, qu'il n'offre pas un environnement optimal pour les fœtus et que par conséquent, les grossesses que tu pourrais avoir ne seraient jamais de longs fleuves tranquilles. Sous le choc, perdue, quasiment anéantie par cette nouvelle qui remet tes rêves, ton avenir, en perspective, tu remercies le médecin et sors. T'es livide. Encore plus que lorsqu'il t'a appris la nouvelle, tu veux disparaître, t'enfoncer dans ton lit pour ne plus en ressortir, tu ne te sens pas digne de vivre la vie que tu mènes, cette vie qui te semble dénuée de sens à ce moment précis. Moment interrompu par une voix familière, une voix qui te glace le sang. Les insultes, qui d'ordinaire te mettraient dans tous tes états, glissent sur toi comme la pluie sur le dos d'un canard, aujourd'hui, il est le dernier que tu aurais envie de voir, le dernier dont tu as envie de te soucier. « Rien de tout ça ». C'est tout, sans plus, tu poses un regard las, fatigué sur ce postiche de frère qui ne fera jamais rien d'autre que de t'enfoncer, il semble en pleine forme contrairement à toi, mais heureusement, il ne remarque rien. Tu t'es déjà demandé par le passé comment est-ce qu'il aurait réagi s'il avait appris pour ton agression, est-ce qu'il se serait montré un tant soit peu inquiet, est-ce qu'il aurait essayé de te prendre ta défense, bien sûr, c'est ce que tu aurais aimé, ce que tu attends toujours presque vingt ans plus tard, tu te fais une raison. « Et toi, tu viens te faire greffer un cœur ou des couilles ? » Tu estimes qu'il manque cruellement de ces deux organes, c'est bien la première fois que tu répliques, que tu t'assumes, tu n'es plus la petite fille effrayée, tu as compris ta valeur, tu as des gens qui tiennent suffisamment à toi que pour te faire comprendre que tu vaux plus qu'il ne l'estimera jamais, puis tu as besoin de passer tes nerfs après cette nouvelle bouleversante.
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Re: Un grumeau dans le potage [Niamh Walsh]
Jeu 4 Mar 2021 - 18:16
Le hasard fait bien les choses comme dit le proverbe n’est-ce pas ? J’ignore si je suis devenu sadique suite à mon échec universitaire ou suite à la mort de nos parents, mais je ne suis pas tendre avec Niamh et Aedan, j’aurai pu être ce grand frère modèle, prenant la place des parents vu leur jeune âge à l’époque, mais non je les ai toujours considéré comme un boulet à mes pieds. Aujourd’hui, je n’ai plus aucun lien avec eux, et cela ne fait qu’une année que je suis de retour en Ecosse, avec ma seconde épouse, et pourtant je ne manque pas une occasion pour m’en prendre à eux lorsque je les rencontre, à croire que j’ai un problème, une dette à régler que je n’ai pas encore épuisé. Je leur en veux, et c’est sans doute la rancune qui me rend aussi méprisant et moqueur à leur égard. Ce que je venais de lui dire était de la plus grande des bêtises, et pourtant je l’avais dit, niveau répartie je pouvais encore m’améliorer, mais encore fallait-il que je m’intéresse un minimum à elle pour pouvoir la critiquer efficacement. Tout ce que je savais c’est qu’elle sortait de l’hôpital, alors j’avais eu envie de la charrier comme je le pouvais. Peut-être aussi qu’au fond elle me manquait. Non, en fait ça ne risquait pas, ça devait être la faim qui parlait, le double sandwich au pastrami dans son sac en papier kraft me faisait tourner la tête. Pourtant, je réussis quand même à attirer son attention, et elle s’arrête, les épaules basses, le front las et l’air désabusé de devoir m’affronter dans cette rue froide et inhospitalière. Sa réponse, pourtant, n’est pas des plus éclairantes, bien au contraire. J’allais me détourner, après tout elle ne m’intéressait pas et j’avais autre chose à faire, mais il semblait qu’elle avait finalement un peu plus de caractère qu’à une époque. Elle mordait, comme un roquet. Mon visage pourtant inexpressif ou tout au plus sardonique se déforma sous un sourire de satisfaction. Elle avait mordu à l’hameçon, je n’avais plus qu’à remonter la ligne pour cette morue.
Oh le cœur ce n’est pas nécessaire pour réussir dans la vie, quant aux couilles, je les utilise bien assez pour savoir que je n’ai pas besoin de m’en greffer une paire. Il m’en a bien fallu du courage quand j’ai dû m’occuper de ton frère et toi quand ils sont morts non ? Du courage ou de la connerie, en fait je ne sais pas. Mais je vois que le médicomage ne t’a pas arraché la langue, c’est déjà ça. Ca doit t’être utile pour tes clients, on raconte que certains tordus de sang-pur adorent les langues des sang-de-bourbe.
Un coup au ventre, balle au centre, je m’amuse avec elle, elle me divertit. Tu as forcément touché un point sensible, sinon elle n’aurait pas réagi au quart de tour comme elle vient de le faire.
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Re: Un grumeau dans le potage [Niamh Walsh]
Mar 6 Avr 2021 - 19:42
∞ un grumeau dans le potage
declan & niamh
Insupportable. Voilà un mot qui résume parfaitement Declan. Il est purement et simplement insupportable. « Peut-être que tu aurais dû un peu moins t’en servir, justement » , tu penses à ce neveu que tu as, un fils abandonné par son père qui ne reçoit des nouvelles qu’aux anniversaires, et encore, mais t’es sûre que pour Declan il fait le nécessaire : il lui envoie de l’argent, il paie une pension alimentaire. Quand est-ce qu’il comprendra qu’il n’y a pas que l’argent dans la vie ? « On ne t’a rien demandé, mais tu nous tiens pour responsable, comme si on était heureux de te pourrir la vie… T’en avais rien a foutre de nous Dec’, t’as juste fait le minimum syndical pour ne pas avoir la mort des parents sur la conscience » . T’es persuadée qu’il s’est occupé de vous uniquement pour ça, pour ne pas avoir un fantôme qui viendrait le hanter un jour.
Est-ce qu’il vient de te traiter de pute ou tu rêves ? Ta tête se penche légèrement sur le côté, comme quand tu étais gamine et que tu tentais de comprendre quelque chose qui n’était clairement pas à ta portée. Tu serres les dents, parce que les insultes ne s’arrêtent pas là évidemment, il utilise une insulte qui blesse, une insulte que seuls les crétins de sang-purs utilisent en général. « Qu’est-ce que tu crois au juste ? Que l’argent achète le sang ? T’es pitoyable en fait. T’as renié tout ce qu’on avait pour quoi ? De la gloire ? Des gallions ? Nos parents avaient tellement d'espoirs pour toi » . Pour toi, pas nous, mais lui. C’était l’aîné et le fils prodigue, le digne héritier, mais si vos parents le voyaient à l’heure actuelle, les pauvres se retourneraient dans leur tombe.
« A ta différence, Declan, je ne me suis pas vendue. Je suis restée fidèle à moi-même et tu sais quoi ? Ca m'a réussi » , t’es heureuse en ce moment, bon, peut-être pas là tout de suite, mais en général, ta vie te convient parfaitement. « Mon entreprise fonctionne bien, je suis propriétaire, j’ai un petit ami mignon et adorable dont le plus gros défaut est d'être un de ces sang-purs que tu aimes tant et en plus de ça, on va avoir un enfant et tout ça, je l’ai obtenu sans vendre mon âme, contrairement à toi... » on va avoir un enfant. Pourquoi est-ce que ça sonne aussi bizarrement à tes oreilles, t’étais pas prête à le dire, à l’assumer, à l’avouer, mais il a le don de te faire culpabiliser, de te faire sentir mal et tu as toujours ce besoin de lui prouver que tu t’en sors sans lui. Que tu n’as jamais eu besoin de lui. Au fond, tu cherches toujours son aval et ça te bouffe.
Est-ce qu’il vient de te traiter de pute ou tu rêves ? Ta tête se penche légèrement sur le côté, comme quand tu étais gamine et que tu tentais de comprendre quelque chose qui n’était clairement pas à ta portée. Tu serres les dents, parce que les insultes ne s’arrêtent pas là évidemment, il utilise une insulte qui blesse, une insulte que seuls les crétins de sang-purs utilisent en général. « Qu’est-ce que tu crois au juste ? Que l’argent achète le sang ? T’es pitoyable en fait. T’as renié tout ce qu’on avait pour quoi ? De la gloire ? Des gallions ? Nos parents avaient tellement d'espoirs pour toi » . Pour toi, pas nous, mais lui. C’était l’aîné et le fils prodigue, le digne héritier, mais si vos parents le voyaient à l’heure actuelle, les pauvres se retourneraient dans leur tombe.
« A ta différence, Declan, je ne me suis pas vendue. Je suis restée fidèle à moi-même et tu sais quoi ? Ca m'a réussi » , t’es heureuse en ce moment, bon, peut-être pas là tout de suite, mais en général, ta vie te convient parfaitement. « Mon entreprise fonctionne bien, je suis propriétaire, j’ai un petit ami mignon et adorable dont le plus gros défaut est d'être un de ces sang-purs que tu aimes tant et en plus de ça, on va avoir un enfant et tout ça, je l’ai obtenu sans vendre mon âme, contrairement à toi... » on va avoir un enfant. Pourquoi est-ce que ça sonne aussi bizarrement à tes oreilles, t’étais pas prête à le dire, à l’assumer, à l’avouer, mais il a le don de te faire culpabiliser, de te faire sentir mal et tu as toujours ce besoin de lui prouver que tu t’en sors sans lui. Que tu n’as jamais eu besoin de lui. Au fond, tu cherches toujours son aval et ça te bouffe.
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Re: Un grumeau dans le potage [Niamh Walsh]
Ven 24 Sep 2021 - 0:16
Si cette pimbêche croit m’atteindre en me parlant de mon fils, c’est peine perdue, je n’ai purement et simplement aucun esprit paternel, et même si je participe aux besoins de ce fils que j’ai eu avec ma première épouse, je ne ressens aucune culpabilité à son égard. Je ne suis pas dans ce sentimentalisme que nos parents nous ont pourtant inculqué, j’ai réussi à sortir de la misère grâce à mes efforts et malgré les obstacles du destin, quoiqu’en pense ma sœur, je sais que j’ai fait les bons choix.
J’ai épongé la dette que j’avais envers nos parents en m’occupant de vous, qu’est-ce que je pouvais faire d’autre, ils m’ont confié votre garde sur leur testament, j’aurai dû vous mettre à l’assistance publique ? Dans un orphelinat pour sorciers ? Non tu vois, je les fais pour eux, mais je leur en voudrais toujours, à eux comme à vous deux, de m’avoir gâché la vie.
Cette haine que j’ai au fond de moi contre nos parents sera toujours aussi vive, c’est une cicatrice qui ne s’efface pas si rapidement, et leur mort a réellement gâché ma vie. J’étais destiné à une grande carrière, mais j’ai dû arrêter mes études, et me contenter de boulots qui n’étaient pas à ma mesure. Mon ascension avait été brisée nette. Mais comme je ne peux pas m’en prendre directement à eux, je m’en prends à mon frère et à ma sœur, un eunuque et une fille complètement perdue. Mes petites attaques ont atteint leur cible, et je dois me mordre la joue pour ne pas sourire face à sa furie.
S’ils avaient eu tant d’espoir en moi ils m’auraient laissé voler de mes propres ailes plutôt que de m’attacher des poids comme vous deux. Je n’ai rien renié, l’ascension sociale tu sais ce que c’est ? Sérieusement, tu te contentes vraiment de ta petite vie banale et minable ? Comme celle de nos parents ? Mais tu me vois rassuré, tu as réussi à trouver la poule aux œufs d’or alors. Tu vois, on n’est pas si différent toi et moi, tu es en couple avec un de ces sang-pur que tu détestais tant dans ton adolescence et dont la bourse doit être bien lourde, là où j’ai épousé une riche héritière. Et je suppose que c’est encore un sang-pur qui a avancé l’argent pour ton entreprise n’est-ce pas ? Tu vois Niamh, on n’est pas si différents au final, toi aussi tu utilises les sang-pur pour t’enrichir. Finalement, tu vaux peut-être mieux que ce que je pensais …
Et elle va avoir un enfant. J’aurais sûrement dû la féliciter, mais pour moi ça n’est pas un exploit. Bien entendu, si je la connaissais mieux j’aurai sûrement su qu’elle avait des difficultés à avoir un enfant, qu’elle avait déjà fait une fausse couche suite à un viol, mais j’étais si éloigné de sa vie personnelle que même le concierge de sa crèche devait en savoir plus que moi. Enfin, je doutais qu’elle ait un concierge, elle devait sûrement passer la serpillière elle-même. Et dire qu’on était de la même famille…