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Je rêve plus que je ne vis.
Jeu 8 Avr 2010 - 22:31
« Je rêve plus que je ne vis, et je rêve en arrière » Jules Renard.
Lust Whitaker & Sydonie Destelles.
Débarquer dans un monde inconnu, voilà le grand défi que je m'étais imposée. Moi, Sydonie Destelle, Française de pure souche, j'étais arrivée il y a maintenant une semaine à Hungcalf, en Angleterre. Pourquoi avoir accepté cette correspondance ? À présent, je ne sais plus vraiment. Au départ, l'idée de rencontrer de nouvelles personnes m'avait emballée, je m'étais dit que c'était un bon moyen de vaincre ma timidité et d'enfin être comme toutes les personnes de vingt ans. Seulement voilà, dès que mon pied se posa sur le sol anglais, la peur me comprima l'estomac. Je n'étais pas une fille extravertie, qui rigolait de tout et faisait toutes les folies imaginables. J'étais.. Plus réservée, beaucoup plus timide et tellement naïve. Tous les nouveaux sont censés être naïfs me direz-vous, moi j'étais beaucoup plus naïve que la moyenne. On m'aurait affirmé qu'un gobelin habitait la tour Ouest, je l'aurais cru.
Aujourd'hui, j'ai passé une fois de plus la journée à me perdre dans ces interminables couloirs, sans compter les fameux couloirs coulissants. Ce château est immense, il regorge de toutes sortes de pièces, allant de la plus féerique à la plus glauque. Moi qui avait horreur de me perdre, je n'arrivais plus à retrouver ma chambre. J'avais donc décidée de me munir d'un plan de l'école et de passer ma journée à repérer les moindres recoins de cet institut. Je passai donc la journée à escalader les longs escaliers en pierres, à longer les murs coulissants et à ouvrir toutes les portes, avec précaution - sait-on jamais ce qu'il se cache derrière -. Après de longues heures de marches, mes pieds me firent comprendre que j'avais marchée bien plus que nécessaire pour la journée, je décidai donc de me poser dans la cour. La cour qui ressemblait plus à un parc pour être franche, était composée de plusieurs arbres, quelques bancs disposés de façon à avoir de l'ombre lorsqu'il faisait grand soleil et une fontaine trônait au milieu de ce décor. Mes yeux bleus se posèrent sur un banc reculé, près d'un arbre. Je m'approchai et je me posai délicatement en tailleur pour ensuite porter mon attention sur le feuillage verdoyant de l'arbre sous lequel j'étais installée.
A ce moment-là, mon esprit divagua. Je quittai mon banc pour ne laisser que mon enveloppe corporel. Mon esprit, lui, volait parmi le feuillage de l'arbre, le contournant pour se joindre aux nuages hauts dans le ciel. Je pourrais être qualifiée de rêveuse, il n'est pas rare de me voir droite, le regard perdu dans le vague avec un pauvre sourire énigmatique sur les lèvres, tel une Mona Lisa du XXIe siècles. Là, sur ce banc, les pensées divaguant allant de mon enfance à mon futur, je ne vis pas le temps passé. Si bien que, lorsque je repris conscience, l'horloge sonnait vingt heures. J'avais raté le dîner, cette pensée provoqua une plainte au niveau de mes entrailles. Je posai ma fine main pâle sur mon ventre et respirai profondément, attendant que la faim ne passe. Étant d'habitude une grande mangeuse, je n'avais pas la tête à manger ces derniers jours. De plus, je venais de rater le dîner dans la grande Salle et n'avait aucune envie de me faufiler dans les cuisines. Délicatement, je m'étendis sur le banc, frissonnant lorsque la pierre froide fut en contact avec ma peau. J'étais vêtue d'une jupe mi-longue, d'un chemisier blanc fin et d'une paire de ballerines. Simple, tout comme moi.
Ce fut à ce moment-là que je m'endormis. Mes yeux refusaient de rester plus longtemps ouvert. Ma tête était lourde, c'était sûrement dû à un excès d'exercice, mon corps frêle avait du souffrir quelques peu à cause de ses heures de marches. Lentement, je sombrai dans un sommeil léger mais tenace, j'entendais de temps à autres des pas qui s'éloignaient ou se rapprochaient, malheureusement le sommeil était bien plus fort et je n'arrivai pas à bouger ne serait-ce qu'un orteil.
Aujourd'hui, j'ai passé une fois de plus la journée à me perdre dans ces interminables couloirs, sans compter les fameux couloirs coulissants. Ce château est immense, il regorge de toutes sortes de pièces, allant de la plus féerique à la plus glauque. Moi qui avait horreur de me perdre, je n'arrivais plus à retrouver ma chambre. J'avais donc décidée de me munir d'un plan de l'école et de passer ma journée à repérer les moindres recoins de cet institut. Je passai donc la journée à escalader les longs escaliers en pierres, à longer les murs coulissants et à ouvrir toutes les portes, avec précaution - sait-on jamais ce qu'il se cache derrière -. Après de longues heures de marches, mes pieds me firent comprendre que j'avais marchée bien plus que nécessaire pour la journée, je décidai donc de me poser dans la cour. La cour qui ressemblait plus à un parc pour être franche, était composée de plusieurs arbres, quelques bancs disposés de façon à avoir de l'ombre lorsqu'il faisait grand soleil et une fontaine trônait au milieu de ce décor. Mes yeux bleus se posèrent sur un banc reculé, près d'un arbre. Je m'approchai et je me posai délicatement en tailleur pour ensuite porter mon attention sur le feuillage verdoyant de l'arbre sous lequel j'étais installée.
A ce moment-là, mon esprit divagua. Je quittai mon banc pour ne laisser que mon enveloppe corporel. Mon esprit, lui, volait parmi le feuillage de l'arbre, le contournant pour se joindre aux nuages hauts dans le ciel. Je pourrais être qualifiée de rêveuse, il n'est pas rare de me voir droite, le regard perdu dans le vague avec un pauvre sourire énigmatique sur les lèvres, tel une Mona Lisa du XXIe siècles. Là, sur ce banc, les pensées divaguant allant de mon enfance à mon futur, je ne vis pas le temps passé. Si bien que, lorsque je repris conscience, l'horloge sonnait vingt heures. J'avais raté le dîner, cette pensée provoqua une plainte au niveau de mes entrailles. Je posai ma fine main pâle sur mon ventre et respirai profondément, attendant que la faim ne passe. Étant d'habitude une grande mangeuse, je n'avais pas la tête à manger ces derniers jours. De plus, je venais de rater le dîner dans la grande Salle et n'avait aucune envie de me faufiler dans les cuisines. Délicatement, je m'étendis sur le banc, frissonnant lorsque la pierre froide fut en contact avec ma peau. J'étais vêtue d'une jupe mi-longue, d'un chemisier blanc fin et d'une paire de ballerines. Simple, tout comme moi.
Ce fut à ce moment-là que je m'endormis. Mes yeux refusaient de rester plus longtemps ouvert. Ma tête était lourde, c'était sûrement dû à un excès d'exercice, mon corps frêle avait du souffrir quelques peu à cause de ses heures de marches. Lentement, je sombrai dans un sommeil léger mais tenace, j'entendais de temps à autres des pas qui s'éloignaient ou se rapprochaient, malheureusement le sommeil était bien plus fort et je n'arrivai pas à bouger ne serait-ce qu'un orteil.
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Re: Je rêve plus que je ne vis.
Sam 10 Avr 2010 - 10:55
Le hall se rengorgeait d'étudiants aux estomacs criant famine : la foule affamée et bruyante s'agglutinait auprès de la porte donnant sur le réfectoire, preuve indubitable que l'heure du dîner arrivait. Le brouhaha incessant résonnait entre les murs lourds et imposants, renvoyant ainsi en écho désordonné les rires, les conversations, voire même les murmures qui n'en étaient plus. Ici et là, beaucoup partageaient la même conversation, dont le sujet était devenu le centre d'attention de tout Hungcalf : les correspondants. Il était toujours grisant de rencontrer d'autres personnes, d'autres cultures, d'autres visions, mais cela l'était encore plus lorsque le choc culturel était créé sur son propre territoire : c'était comme se donner l'impression de contrôler la théorie du chaos et le big crunch réuni, c'était jouer avec la variable de l'inconnu, au final c'était se poser en tant que petits méprisants pensant devoir tout faire découvrir à l'autre, sous prétexte que l'étranger n'était pas dans son élément. En somme, ils ne valaient pas plus que moi... Oui moi, l'un des junkie le plus pervers et salaud de l'université, dont la silhouette en ce moment même accompagnait trois autres jeunes garçons en encerclant un quatrième. Davis, Clayton et Liam n'avaient guère pour eux la diplomatie voire l'intelligence expertes, mais par amour des substances illicites, ils étaient capables de beaucoup de choses. Le blondinet au centre, gringalet et svelte, balbutiait de temps à autres non sans tenter pourtant de s'affirmer et de ne pas se laisser intimider par les quatre Grymm que nous étions, malgré la foule alentour qui ne daigna pas même poser un regard sur le supplicié. Je soupçonnais même la masse d'étudiants de ne pas se rendre compte que nous étions ni plus ni moins en train d'extorquer le bouc émissaire blondinet, perdus dans leur propre monde, probablement égocentriques... Et certes quatre contre un, voilà qui n'était guère fairplay, voilà pourquoi j'eus une moue méprisante à l'encontre de Clayton, l'obligeant d'un seul regard à calmer ses ardeurs lorsque je le vis approcher brutalement du Lufkin. Ce dernier tourna vers moi une oeillade suppliante, à laquelle je répondis par un sourire amusé.
« Lust je te paie dans la semaine... Laisse-moi du temps, je n'ai pas eu assez de temps... »
Lui, la chose tremblotante dont l'azur sombre de ses yeux se figèrent sur moi, était ce qu'on appelait un client 'strass' : le genre de phénomène qui vous achète de la poudre blanche pour mieux se donner un style, tenter de s'imposer auprès de ses amis pour se faire passer comme un habitué de ce genre de substance, et qui finalement n'arrive pas même à tasser sa poudre pour mieux en respirer la douce et orgiaque effluve.
« Ce n'est pas vraiment le problème. » Je détournais mon regard sombre d'un port de tête assuré et las, laissant la suavité de ma voix se perdre en un murmure bas qui néanmoins perçait d'elle même le brouhaha alentour. « Si je laisse un délai à tout le monde, je ne pourrais plus payer la marchandise. Et si je ne peux plus payer la marchandise, je ne peux plus assurer mon fond de commerce ni même en avoir sous la main. Et si je ne peux plus en avoir sous la main... » Un froncement de sourcils, un soupir glacé, et mes obsidiennes se posèrent sur le blondinet d'une moue apitoyée, de celle que l'on offre aux enfants que l'on pense arriérés. « … je deviens très, très désagréable. Tu ne veux pas que je devienne très désagréable Matthew... »
'Comme si je ne l'étais pas assez' , était, j'en étais persuadé, ce que pensait le Lufkin en ce moment-même à mon encontre, alors qu'il hochait négativement la tête sans jamais oser détourner ses yeux de mon regard se faisant hypnotique. Finalement, un soupir las s'échappa de nouveau de mes lèvres carmins, plus prononcé encore que les précédents : c'était la preuve ultime que je m'ennuyais, et qu'il fallait couper court à la conversation. Sous ce qui apparaissait comme être le glas permettant de passer aux choses sérieuses, Matthew m'adressa une oeillade craintive comme je fis un pas en arrière, puis un second, un troisième, jusqu'à marcher lentement d'un pas reculé avant d'adresser un sourire entendu à Clayton.
« Occupe-toi de lui. »
Le blondinet hocha brutalement la tête comme je pouvais entendre d'ici son palpitant s'agiter d'une pulsion sauvage et affolée, tandis que Clayton l'embarquait avec lui non sans empoigner son bras et lui adresser un sourire jouissif. La voix du Grymm résonna joyeusement à l'encontre du supplicié, dans des mots paraissant chaleureux mais qui n'en demeuraient pas moins des appels à la violence, et dans lesquels je pouvais percevoir un : « Tu savais que j'étais promu batteur dans l'équipe de Quidditch ? ». Son ton faussement amical et perfide laissait sous entendre la rencontre brutale d'une batte de bois, pour autant il ne s'agissait que d'une menace sournoise afin de l'effrayer. Clayton sortirait ledit objet, le blondinet suffoquerait de peur sous la scène de violence imaginaire se déroulant sous ses yeux, et dans un élan d'adrénaline irait de ce pas lui chercher l'argent, non sans le regard déçu de Clayton n'ayant pu se faire monstre de violence. Je leur tournais alors le dos afin de sortir du château et de venir chercher l'air pur et frais du dehors, ne supportant plus d'être au milieu de cette masse étouffante. Moi qui pourtant aimait être entouré, avais besoin de calmer la fureur que Matthew avait levé en moi.
J'ignorais l'heure qu'il était vraiment ; à vrai dire cela faisait des années que je me faisais la réflexion de m'acheter une montre, ne serait-ce que pour être ponctuel, mais au vu du ciel bleu perdant de sa lumière et gagnant légèrement en noirceur, j'en déduisis qu'il ne devait pas être bien loin de vingt-et-une heure. M'avançant dans le parc à la recherche d'une sérénité à atteindre, mon regard ambré se posa sur un banc au loin dont la silhouette frêle et délicate qui y avait pris ses marques me rappela une ombre familière. M'avançant un peu plus de mon regard glacé, je reconnus la douce Sydonie comme étant la belle au bois dormant de Hungcalf, laissant un bref soupir passer mes lèvres et mes yeux se lever brièvement vers le ciel gris. Sydonie était de ces filles dont la beauté éthérée les portait directement en tant que cibles que je me devais d'atteindre et mettre dans mon lit, j'avais eu même l'opportunité grisante d'avoir la jolie française comme correspondante. Et si je m'étais damné pour la charmer de mes mots dans nos lettres échangées, j'avais fini par déchanter en la rencontrant réellement : certes j'avais poussé le flirt beaucoup trop loin le premier jour, allant même jusqu'à attarder mes mains audacieuses sur sa silhouette fine, mais j'avais depuis éprouvé un certain agacement à l'encontre de la française. Etait-ce sa pudeur ou sa timidité exacerbée, ou bien tout simplement le sentiment que sa douceur pure me faisait du bien qui me poussaient à me montrer parfois avec elle aussi grinçant, je l'ignorais. Mais le fait était là ; je n'étais pas toujours des plus sympathiques avec la délicieuse Sydonie. Arrivé à hauteur du banc, j'ôtais de mes épaules ma veste sombre avant de la poser sur la fraîcheur délicate de la peau de la jeune française vêtue de tissus trop fins, avant de m'asseoir à l'extrémité du banc, mon regard ambré se perdant sous l'horizon tandis que la trop pure demoiselle continuait de dormir. Quelques minutes passèrent sans même que je ne daigne poser mes rétines sur sa silhouette endormie, lorsqu'enfin un besoin vital se fit sentir : en tant que drogué dépendant, j'avais besoin de mon herbe roulée du soir. Me penchant alors sur la demoiselle, je retirais de la poche de mon veston alors déposé sur elle, un joint que je vins allumer entre mes lèvres. Mon geste dénué de délicatesse et un peu trop brusque lui fit ouvrir les yeux, et c'est alors que je la sentis bouger légèrement que je pris alors la parole non sans recracher un nuage de fumée, mes obsidiennes braquées sur l'horizon éteignant peu à peu les rayons mordorés du soleil.
« Ce n'est pas très prudent ça, Princesse. Tu sais ce que le prince a fait à sa Belle aux bois dormants avant de la réveiller ? » Je marquais une légère pause avant de poser enfin sur elle mon regard ambré, d'un soupir peut-être trop méprisant. « Non bien sûr, tu ne le sais pas. »
J'arquais les sourcils avec mépris tandis que mon joint si apprécié vint de nouveau flirter avec mes lèvres. Le prince des contes de fées n'avait ni plus ni moins violé la demoiselle dans son sommeil : un fait souvent oublié lorsque l'histoire s'adressait aux enfants... Et Sydonie en était une, à mes yeux ; aussi je ne me voyais guère aller plus loin dans mon explication, pensant avec arrogance que je choquerais alors sa vertu.
« Mais tant mieux finalement, tu vas être en forme pour cette nuit. On donne une fête sur le toit, tu viens bien sûr. » achevais-je sans vraiment lui laisser le choix dans mon intonation affirmée et outrecuidante.
« Lust je te paie dans la semaine... Laisse-moi du temps, je n'ai pas eu assez de temps... »
Lui, la chose tremblotante dont l'azur sombre de ses yeux se figèrent sur moi, était ce qu'on appelait un client 'strass' : le genre de phénomène qui vous achète de la poudre blanche pour mieux se donner un style, tenter de s'imposer auprès de ses amis pour se faire passer comme un habitué de ce genre de substance, et qui finalement n'arrive pas même à tasser sa poudre pour mieux en respirer la douce et orgiaque effluve.
« Ce n'est pas vraiment le problème. » Je détournais mon regard sombre d'un port de tête assuré et las, laissant la suavité de ma voix se perdre en un murmure bas qui néanmoins perçait d'elle même le brouhaha alentour. « Si je laisse un délai à tout le monde, je ne pourrais plus payer la marchandise. Et si je ne peux plus payer la marchandise, je ne peux plus assurer mon fond de commerce ni même en avoir sous la main. Et si je ne peux plus en avoir sous la main... » Un froncement de sourcils, un soupir glacé, et mes obsidiennes se posèrent sur le blondinet d'une moue apitoyée, de celle que l'on offre aux enfants que l'on pense arriérés. « … je deviens très, très désagréable. Tu ne veux pas que je devienne très désagréable Matthew... »
'Comme si je ne l'étais pas assez' , était, j'en étais persuadé, ce que pensait le Lufkin en ce moment-même à mon encontre, alors qu'il hochait négativement la tête sans jamais oser détourner ses yeux de mon regard se faisant hypnotique. Finalement, un soupir las s'échappa de nouveau de mes lèvres carmins, plus prononcé encore que les précédents : c'était la preuve ultime que je m'ennuyais, et qu'il fallait couper court à la conversation. Sous ce qui apparaissait comme être le glas permettant de passer aux choses sérieuses, Matthew m'adressa une oeillade craintive comme je fis un pas en arrière, puis un second, un troisième, jusqu'à marcher lentement d'un pas reculé avant d'adresser un sourire entendu à Clayton.
« Occupe-toi de lui. »
Le blondinet hocha brutalement la tête comme je pouvais entendre d'ici son palpitant s'agiter d'une pulsion sauvage et affolée, tandis que Clayton l'embarquait avec lui non sans empoigner son bras et lui adresser un sourire jouissif. La voix du Grymm résonna joyeusement à l'encontre du supplicié, dans des mots paraissant chaleureux mais qui n'en demeuraient pas moins des appels à la violence, et dans lesquels je pouvais percevoir un : « Tu savais que j'étais promu batteur dans l'équipe de Quidditch ? ». Son ton faussement amical et perfide laissait sous entendre la rencontre brutale d'une batte de bois, pour autant il ne s'agissait que d'une menace sournoise afin de l'effrayer. Clayton sortirait ledit objet, le blondinet suffoquerait de peur sous la scène de violence imaginaire se déroulant sous ses yeux, et dans un élan d'adrénaline irait de ce pas lui chercher l'argent, non sans le regard déçu de Clayton n'ayant pu se faire monstre de violence. Je leur tournais alors le dos afin de sortir du château et de venir chercher l'air pur et frais du dehors, ne supportant plus d'être au milieu de cette masse étouffante. Moi qui pourtant aimait être entouré, avais besoin de calmer la fureur que Matthew avait levé en moi.
J'ignorais l'heure qu'il était vraiment ; à vrai dire cela faisait des années que je me faisais la réflexion de m'acheter une montre, ne serait-ce que pour être ponctuel, mais au vu du ciel bleu perdant de sa lumière et gagnant légèrement en noirceur, j'en déduisis qu'il ne devait pas être bien loin de vingt-et-une heure. M'avançant dans le parc à la recherche d'une sérénité à atteindre, mon regard ambré se posa sur un banc au loin dont la silhouette frêle et délicate qui y avait pris ses marques me rappela une ombre familière. M'avançant un peu plus de mon regard glacé, je reconnus la douce Sydonie comme étant la belle au bois dormant de Hungcalf, laissant un bref soupir passer mes lèvres et mes yeux se lever brièvement vers le ciel gris. Sydonie était de ces filles dont la beauté éthérée les portait directement en tant que cibles que je me devais d'atteindre et mettre dans mon lit, j'avais eu même l'opportunité grisante d'avoir la jolie française comme correspondante. Et si je m'étais damné pour la charmer de mes mots dans nos lettres échangées, j'avais fini par déchanter en la rencontrant réellement : certes j'avais poussé le flirt beaucoup trop loin le premier jour, allant même jusqu'à attarder mes mains audacieuses sur sa silhouette fine, mais j'avais depuis éprouvé un certain agacement à l'encontre de la française. Etait-ce sa pudeur ou sa timidité exacerbée, ou bien tout simplement le sentiment que sa douceur pure me faisait du bien qui me poussaient à me montrer parfois avec elle aussi grinçant, je l'ignorais. Mais le fait était là ; je n'étais pas toujours des plus sympathiques avec la délicieuse Sydonie. Arrivé à hauteur du banc, j'ôtais de mes épaules ma veste sombre avant de la poser sur la fraîcheur délicate de la peau de la jeune française vêtue de tissus trop fins, avant de m'asseoir à l'extrémité du banc, mon regard ambré se perdant sous l'horizon tandis que la trop pure demoiselle continuait de dormir. Quelques minutes passèrent sans même que je ne daigne poser mes rétines sur sa silhouette endormie, lorsqu'enfin un besoin vital se fit sentir : en tant que drogué dépendant, j'avais besoin de mon herbe roulée du soir. Me penchant alors sur la demoiselle, je retirais de la poche de mon veston alors déposé sur elle, un joint que je vins allumer entre mes lèvres. Mon geste dénué de délicatesse et un peu trop brusque lui fit ouvrir les yeux, et c'est alors que je la sentis bouger légèrement que je pris alors la parole non sans recracher un nuage de fumée, mes obsidiennes braquées sur l'horizon éteignant peu à peu les rayons mordorés du soleil.
« Ce n'est pas très prudent ça, Princesse. Tu sais ce que le prince a fait à sa Belle aux bois dormants avant de la réveiller ? » Je marquais une légère pause avant de poser enfin sur elle mon regard ambré, d'un soupir peut-être trop méprisant. « Non bien sûr, tu ne le sais pas. »
J'arquais les sourcils avec mépris tandis que mon joint si apprécié vint de nouveau flirter avec mes lèvres. Le prince des contes de fées n'avait ni plus ni moins violé la demoiselle dans son sommeil : un fait souvent oublié lorsque l'histoire s'adressait aux enfants... Et Sydonie en était une, à mes yeux ; aussi je ne me voyais guère aller plus loin dans mon explication, pensant avec arrogance que je choquerais alors sa vertu.
« Mais tant mieux finalement, tu vas être en forme pour cette nuit. On donne une fête sur le toit, tu viens bien sûr. » achevais-je sans vraiment lui laisser le choix dans mon intonation affirmée et outrecuidante.
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