Canis Lupus rampe, file, le long des hautes cloisons. Blessures profondes. Cicatrices de l’âme déposées sur le corps d’une violence inouïe. Alors le loup a pris la fuite. Il s’en est allé loin et sans remords. Les doutes s’enserrent autour de ton cou. Tu ne peux t’en défaire. Tu demeures esclave de ces manigances sombres et pénibles. Lourdes de conséquences. Orbes aux couleurs de l’écorce qui balaient les toits exposés depuis la fenêtre. Haute tour dans laquelle ton appartement est situé. Antre de sureté.
Deux longs mois se sont écoulés depuis les soins prodigués – tu préfères faire fi de tes transformations – par la dénommée Murphy. Douleurs atroces, poussées d’ossements entre des chairs qui deviennent plus dures et plus solides. Craquements macabres, poussées griffues, hypertrichose. Tu chasses toutes ces pensées néfastes de ton esprit. Plus tout ceci est loin, mieux c’est. Tu refuses de te faire esclave de ces métamorphoses. Qu’a-t-elle fait de toi ?
Méandres du psychisme où tu t’enlises au fil des jours. Tu n’en peux plus. Tu voudrais tout casser si tu t’écoutais. Tu désires détruire chaque pilier qui maintient le monde autour de toi. Pris dans tes névroses, tu te délectes d’un verre de vin que tu fais rouler sous ta langue. Tu grognes, astre lunaire qui se hisse dans les cieux. Véritable persécutrice de cette vie nouvelle. Ta paume caresse machinalement le tissu de ton chino beige sur lequel retombe une chemise entrouverte de coton bleuté.
L’on boxe contre la lourde porte d’entrée. Sourcils se froncent. Lèvres qui se retroussent comme l’animal méfiant et dangereux. L’on hurle d’une sonorité fine et geignarde. Bien vite ton œil se retrouve dans le judas qui ne laisse rien paraître. Si c’est une farce, tu te promets de lui briser la nuque d’une simple œillade. Ta main effleure le madrier dont le voile protecteur s’évapore comme par enchantement. Magie complexe de ton cru. « Savčenko ».
Deux, trois, quatre têtes sortent de leurs encadrements respectifs. A la vue de ta haute stature, celles-ci se dissimulent aussi vite. Tu ne joues pas. Toi. Tu ne fais pas semblant. « Nul besoin d’appeler la brigade de police magique … » commences-tu en lui laissant la place pour qu’elle s’incruste en ton ta demeure. Le visage froid et fermé, tu poursuis. « … La brigade de capture des lycanthropes serait hautement plus qualifiée pour te faire la peau ».
La porte claque. « Et c’est moi l’enfoiré ». Tes mots claquent. L’air est lourd et insistant. Tu termines cette coupe pleine d’un liquide rouge que tu ne prends même pas le temps de déguster. « J’aurais préféré que tu me laisse crever, Lubia. Tu savais que je n’admettrais pas que l’on me vienne en aide. J’aurais préféré crever ». Le fond de ta pensée ainsi dévoilé. Pas de subterfuge aujourd’hui, Volkov. Rien. Rien de plus que cette profonde vérité : tu es atteint de lycanthropie.
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23 février 2021, 19:45. (mood)
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(tenue) Deux mois, qu’il t’évite, louvoie, prétexte tout comme rien et disparait dès que tu arrives dans les parages. Depuis la nuit où Murphy l’a sauvé d’une mort certaine et d’être fiché par l’hopital Sainte-Mangouste s’il était passé par les urgences. Depuis, sans nouvelles – son silence t’écoeure, te brusque au plus haut point, alors que tu croyais que vous aviez fait des progrès depuis l’été. Depuis vos aveux, depuis ta demande d’aide pour entraîner ton esprit – mais le Russe a besoin de contrôler les situations, et ce n’est certainement pas à toi qu’il cédera une once des précieuses brides dont il tient les rênes serrés. Tu as vu passer la première pleine lune, inquiète, tentant de le joindre par tous les moyens – jamais de réponse. Tu as presque sérieusement songé à le faire kidnapper, juste pour que ça lui serve de leçon, de ne pas répondre. Connard. Tu voulais le conseiller, savoir s’il affronterait la lune comme humain ou comme loup, mais sa rancœur de ta trahison perçue doit être telle qu’il te punit, profitant des failles de son orgueil sans limites. Accepter de l’aide serait impensable, mais tu es son aînée en tous points dans ce monde de lycans – presque la moitié de ta vie, passée à rythmer ton existence au rythme sélène.
Dans 3 jours, elle sera de retour – et si tu as la tête pleine de l’assassinat de Kanakys, tu ne peux pas te l’enlever de la tête. Éphrem se vidant de son sang. Éphrem, refusant l’hôpital et assumant à peine de t’avoir demandé de l’aide. T’as transplané jusqu’à son immeuble, espérant qu’il serait dans son penthouse – déterminée, cette fois, à y demeurer jusqu’à ce qu’il daigne gracier ses quartiers de riche playboy de sa présence. Tu sais qu’il hait les scandales, le journaliste – et pour cause, il sait que ça peut faire vendre des journaux. Tu imagines déjà la une : media magnate caught up in a dramatic scene from mysterious Russian diplomat. Il a toujours préféré rester dans l’ombre, le loup russe, il ne te laissera pas faire une scène, t’en es certaine. Alors tu t’es vêtue légèrement, le maquillage assez prononcé pour avoir l’air d’une femme attendant un rencard. T’as ajusté la dentelle sur tes épaules, enfin parvenue à l’étage de l’imperator médiatique, avant de coller une oreille à sa porte. Des bruits feutrés te parviennent, et un sourire carnassier étire tes lèvres pleines. Gotcha, asshole. Alors tu te relèves, et tu tambourines à sa porte comme une demoiselle en détresse, dans une imitation plus qu’acceptable de femme insultée s’étant fait poser un lapin. « Éphrem! » Ta voix se fait aigue, plaignarde, maquillant ton accent, et ton doigt se pose sur le judas de la porte. Tu sais que tu vas attirer l’attention, tu comptes là-dessus. « Éphrem je t’attendais au restaurant pendant une heure! T’avais dit que tu ferais plus ça. Je sais que t’es avec elle Éphrem, je t’ai vu dehors la laisser monter! Éphrem si tu n’ouvres pas je vais rester ici jusqu’à ce que tu appelles la brigade de police magique et tu pourras leur expliquer pourquoi t’es qu’un sale enfoiré!! » Déjà, une tête se glisse par une porte entrouverte, sur le palier, te fixant d’un air perplexe.
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(tenue) T’as joué la comédie assez fort pour attirer son attention, et c’est un magnat de l’information plus qu’agacé qui t’accueille – tant pis, il avait qu’à pas t’ignorer au cours des deux derniers mois. T’as pensé à rien d’autre, pendant les pleines lunes. Était-il en sécurité? Où allait-il? Prenait-il des potions tue-loup pour être certain de ne pas perdre ses moyens? Tellement paranoïaque et adepte du contrôle – l’idée même qu’Éphrem laisse libre cours à la bête qu’il devait désormais apprivoiser te parait saugrenue, et tu ne l’as même pas considérée. « Savčenko. » Y’a tellement de glace dans sa voix, Lubia. Loin des accents rauques et colériques que tu lui as souvent connus. Ton maintien ne flanche pas, et tu attends qu’il te laisse entrer. Disparue, la demoiselle échaudée qui était prête à faire une scène, tu abandonnes sa peau avec autant de facilité que tu te glisses dans la tienne – dangereuse, et prête à lui rendre la monnaie de sa pièce pour t’ignorer comme une malpropre depuis décembre. « Nul besoin d’appeler la brigade de police magique … » et tu pénètres dans son antre, retirant les stupides talons aiguille qui allaient avec le reste de ton accoutrement. « … La brigade de capture des lycanthropes serait hautement plus qualifiée pour te faire la peau. » Tu lui décoches un regard mauvais, mais tu gardes le silence, attendant ses remontrances et une énième répétition de ses reproches.
« J’aurais préféré que tu me laisse crever, Lubia. Tu savais que je n’admettrais pas que l’on me vienne en aide. J’aurais préféré crever. » Tes prunelles d’acier se durcissent, parce que t’es pas venue chercher de l’amour, oh non – même si tu le ressens. T’es venue pour des explications, pour t’assurer qu’il se laissera pas stupidement attraper comme un loupiot pendant une pleine lune, pour te rassurer qu’il – qu’il quoi, Lubia? (qu’il t’aime encore.) « Drôle de souhait pour quelqu’un qui a transplané pour sauver sa peau et qui réclamait du dictame », prononces-tu, le ton dénué de compassion. Tu refuses de subir ses caprices et sa réinterprétation de l’événement. Il n’avait pas le comportement de quelqu’un qui voulait crever, mais celui d’un homme qui cherchait par-dessus tout à survivre. « Si ton orgueil a choisi de réécrire la nuit pour toi, laisse-moi remettre les pendules à l’heure : je n’avais pas de dictame. T’avais dit pas d’hôpital. Qu’est-ce que je devais faire, Éphrem? » Pas de diminutif, oh non – le ton aussi glacé que la toundra que tu martèles de tes pattes à la pleine lune. « Qu’est-ce que t’aurais fait, si moi j’avais transplané chez toi, blessée, et que je t’avais demandé de l’aide que t’aurais pas été capable de me donner? Deux mois, que je me demande si tu vas pas crever ou te faire attraper, que je veux t’aider, et tu m’ignores comme si j’étais une garce qui faisait un caprice. » Ta voix siffle, et tu lui assènes un coup d’œil dédaigneux. « J’ai l’impression de revoir l’adolescent qui ne réfléchissait pas avant de foncer, and it’s not a good look on you. »
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T’as longuement réfléchi à ces histoires de lycanthropie. Pour tout dire, les transformations hantent tes songes, inlassablement, et ça fait maintenant trois mois que tout cela ne cesse. T’es épuisé, éreinté, tu n’en peux clairement plus. Fatigue chronique, humeur dépressive, irritabilité à souhait. T’es pas au mieux de ta forme et encore plus, t’en as ras le bol. Tu préférerais lâcher l’éponge. Et pourtant, t’es un battant, c’est dans ta nature lupine d’avancer et de te débattre. T’es comme ça, Volkov, on ne te changera pas. T’es un charognard. Et inconsciemment t’étais persuadé que ça finirait par arriver. Trop nombreuses sont les années où tu as été comparé au loup. Il fallait que cela arrive.
Enrobée du blizzard, l’intonation de ta voix résonne. Un temps seulement. Et tu manies cette ironie malsaine sans ménagement. T’es un connard. Rien de plus. La Queen ne flanche pas. Elle reste solide, stoïque quand bien même tes attaques se fassent brutales. Parce que tu menaces sa personne, ouvertement, prétextant un appel de la Brigade des mœurs – on est à peu près à ce niveau d’intolérance concernant ce service ministériel. La blague. T’es presque certain qu’un lycanthrope se trouve dans leurs rangs. Ça pu l’arnaque une telle équipe. Ton attrait masculin se porte en direction de ses talons aiguilles retirés. Oui, même si tu ne sais plus comment te positionner face à elle, l’effet reste le même : elle te séduit. Toujours autant.
Tu craches ton venin. T’en as besoin. C’est comme ça. Après, ça ira mieux. Tu oses te le dire en tout cas. Parce que ça n’avancera en rien. La situation restera la même. L’espace d’un instant, tu crois profondément qu’une gifle va poindre les traits tirés de ton visage. Les babines frétillent d’agacement. Tu maugréais face à la vérité. « L’instinct de survie, tu dois connaître » siffles-tu entre tes dents acérées. La slave rappelle qu’elle n’était pas en possession de dictame ce soir-là. Qu’autrement rien n’aurait été en mesure de te maintenir en vie. Tu détournes le menton, sur le côté, évitant tout affront. Tu fais fi des reproches pour te concentrer sur le reste.
Tu croises enfin ses prunelles d’acier. Le froid rencontre le brasier. « Je n’arrête pas de revoir ce loup géant à la fourrure noire. Avec deux grands yeux jaunes ». Tu marques un arrêt. Inutile d’en dire plus. Tu penses qu’elle comprendra aisément ce dont tu es persuadé : qu’elle serait l’instigatrice – sous la rage lycanthrope – de tes métamorphoses actuelles. « L’adolescent se protège. Le loup blessé se met toujours à l’avant de la meute pour préserver ses arrières. Tu devrais savoir cela ». Et c’est profondément ce que tu vis dans l’immédiat. « Et c’est ce que j’ai fait. J’ai pris les devants, m’isolant pour mieux appréhender ces … Métamorphoses ». A peine prononcé, tu entends encore les craquements de tes ossements.
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(tenue) Le rappel, de la créature qui t’a attaquée – et qui correspond à ton profil, tu le sais. Tu t’es vue sous ta forme cauchemardesque, une seule fois, il y a de cela ce qui te parait une éternité. Prisonnière du château de la Bête, forcée à en épouser les traits. Énorme, robe de nuit couvrant les membres puissants, éclairée d’une paire de prunelles dorées. Tu encaisses sans répondre, sachant que lorsqu’il se lance, on ne l’arrêtera pas. Alors tu te tais, te contentant de le fixer d’un air dur. T’es blessée, de son abandon et de son refus de te parler, tu ne cherches même pas à le dissimuler, mais tu ne bouges pas d’un cil, oh non. Stoïque, tu l’écoutes, entends la blessure, mais tu n’entends pas le laisser se défiler si facilement.
Lentement, tu approches. « Le loup blessé n’abandonne pas sa meute », souffles-tu, les traits durs, avec la voix qui gifle, parce que la main ne daigne pas suivre le chemin que semble demander si vigoureusement son visage. C’est à toi de plier, Lubia, tu le sais. Tu es son aînée, et plus dans le sens des années, mais également sous cette lune qui vous lie désormais. Elder, comme tu peux l’être pour Oswald. « Éphrem … » Le prénom entier – pour prendre de la distance que ton cœur n’a pas envie de creuser, mais tu dois te faire entendre. « Ce sont les jeunes loups qui se font attraper. Ou ceux qui deviennent arrogants. » Et tu sais très bien que tu es les deux. Plus une question d’ego ni d’agacement face à son comportement de connard en série – il s’agit désormais de sa liberté, et peut-être de sa vie.
« Éph’ ça fait dix-huit ans que j’ai été mordue. Plus de la moitié de ma vie. T’as pas pensé deux secondes que peut-être, tu pourrais me demander conseil? Mais pour ça, faudrait marcher sur ton orgueil, n’est-ce pas? » Tu ne peux pas t’en empêcher – de le piquer. Tu lèves une main pour l’interrompre d’avance, tu connais la chanson : le refus de demander de l’aide à qui que ce soit, tu le connais. Putain d’enfoiré qui refuse de se montrer vulnérable, et ça te taraude le myocarde, de ne pas pouvoir l’obliger à voir que tu es son égale, qu’il n’y a rien d’avilissant à demander l’appui de ses alliés lorsqu’ils veulent l’offrir. « Pas la peine de me le demander, et ton orgueil peut bien être sauf : je te l’offre, mon aide. »
Tes mains viennent entourer tes coudes, et tu soupires. « Pour ce qui est du loup que tu as vu. T’as pas pensé à me demander où j’étais, avant d’assumer que c’était moi? » T’as pas pensé, t’as pas pensé, t’as pas pensé. Tu devrais le savoir, qu’il est assez sanguin pour te sauter au visage – tu te rappelle de ce que ça faisait, au début, sentir une bête incontrôlable à la lisière de sa conscience, qui a envie d’attaquer les gens autour. Une arme autant qu’un bouclier, prête à te soutenir autant qu’à te garder pour elle, rien que pour elle, t’isoler des autres telle une maîtresse cruelle qui n’admettrait pas que tu te lies à d’autres âmes que la sienne.
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Re: pistols at dawn. (éphrem vii) (terminé)
Lèvres entrouvertes, le masque de l’occlumens se brise doucement sous la mitraille. Tu laisserais presque apparaître un soupçon de remords. Mais tu te l’interdis. Non. C’est impossible. Tu as déjà suffisamment donné en acceptant – comme si tu avais été en capacité de – les soins prodigués par la rouquine dénommée Murphy. Dieu sait combien tu as pris sur ta personne lors de ce moment précis. T’as quand même un profond culot, Volkov, le fantasme retravaille si bien ce qu’il s’est réellement passé. Ton psychisme agit de la sorte : retraduire les événements pour ne pas heurter ton égo gargantuesque. Narcissisme à deux doigts du pathologique.
Tu relèves le menton à ce qu’il y a de réel dans ses termes. Le loup n’abandonne pas sa meute. Le vécu d’abandon est ainsi signifié. Tu le sens émaner d’elle, à peine entre les lignes. Tu le prends comme une gifle. Le museau retroussé sous l’assaut. La marque symbolique de cet affront comme la trace de sa main sur ta joue. La mise à distance de ta personne opère, l’usage du prénom n’est aucunement un hasard. L’arrogance est pointée, tout comme ce fait incontestable que tu n’es qu’un jeune lycanthrope. Un novice en la matière. Cela te refroidi. Tu ne peux l’accepter. Tu ne peux l’entendre.
La vérité est là. Tu es désormais un lycanthrope. Tu vis cela suffisamment mal pour le refouler, voire même cliver ta pensée. Le surnom resurgit alors, au point où tu ne t’y attendais pas. « Exactement » tranches-tu à sa suite. C’est ça. Marcher sur ton orgueil autrement dit un impossible. Et la froideur avec laquelle tu as balancé ce mot démontre que cela te touche. Véritable pique qui te met face à ce réel qu’il n’est plus possible de changer. L’offre de son aide tombe. Tu voudrais rugir mais rien n’advient. T’es bien peu en mesure de te défendre, accablé par la douleur.
« Je me suis dit que ce serait un nouveau coup du destin » rétorques-tu, haussant un sourcil, provocateur jusqu’au bout. Incorrigible animal. « La transformation, puis toi. C’était un ordre logique. La façon dont ça devait finir ». Parce qu’au fond et aussi loin que tu puisses te remémorer la chose, t’as toujours été comparé à la figure lupine. C’est tellement normal que cela se termine ainsi. T’en es hautement convaincu. « Alors aide-moi, je ne sais même pas par où commencer ». Tu t’es attaché avec de lourdes et imposantes chaines lors de ces deux pleines lunes. T’es las de devoir expliquer. Tu ne sais pas. T’es complètement paralysé. Tu termines ton verre cul sec.
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23 février 2021, 19:45. (mood)
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(tenue) Sur ses traits, tu lis les affronts, et t’as envie d’appuyer plus fort, parce que tu lui en veux, Lubia. Pour sa distance, pour ses accusations, pour sa façon de vouloir réécrire les événements en n’utilisant que les éléments qui lui conviennent – et surtout, pour sa façon d’ignorer ce que tu lui dis lorsque t’as visiblement raison. Pourtant, il acquiesce d’un simple mot, et qu’est-ce qu’il a dû lui coûter, Lubia. Mais t’es pas là pour tenir la main de son ego, n’est-ce pas? Si tu t’écoutais, tu lui dirais que t’es uniquement là pour t’assurer qu’il ne se fasse pas stupidement tuer – ou pire, attraper – mais c’est faux. T’as des reproches à faire, mais tu dois garder la tête froide, et centrée sur ta véritable priorité : qu’il ne soit pas surpris par les pleines lunes.
« Je me suis dit que ce serait un nouveau coup du destin. La transformation, puis toi. C’était un ordre logique. La façon dont ça devait finir. » Tu te retiens de lever les yeux au ciel – lui et sa prophétie autoréalisatrice. Y’a pas de glace dans tes yeux, pourtant, Lubia. T’as envie de l’effleurer, de le toucher, de sentir le contact de ses chairs contre les tiennes, mais tu sais qu’il ne te laissera pas ouvrir la brèche de son orgueil à nouveau – alors tu profites de cette rare ouverture pour te taire et attendre. « Alors aide-moi, je ne sais même pas par où commencer. » Sans mot, tu hoches la tête, et prends la direction de son canapé, où tu t’installes. Ce que tu as à lui dire ne se lance pas comme on assènerait une gifle, non. Ça se murmure à l’oreille, ça s’articule comme on confierait un terrible secret, de lui admettre ce que tu fais depuis des années. Ça se dit de côté, lorsque les figures ne s’affrontent pas, là où une part de tension peut se dissiper dans le cuir des coussins où se calent les silhouettes.
Tu souris. Un sourire compatissant, pour une rare fois dans votre relation – peut-être que ça lui donnera envie de te sauter à la gorge, peut-être qu’il voudra s’échouer contre toi et se laisser bercer, t’en sais rien. T’as le souvenir de tes mains ensanglantées, il y a un an, au manoir des Blackthorn, et de sa façon de te soigner en te parlant avec douceur. T’as l’esprit marqué par sa cruauté apparente lorsqu’il a commencé à t’apprendre l’occlumancie, la manière qu’il avait de te faire souffrir avant de te dire qu’il t’aimait du même souffle. C’est tout – c’est lui. Et t’as rien à lui reprocher, outre tout ce qu’il est, mais t’as tellement de mal à te passer de lui, Lubia. C’est ancré en toi, vos alliances, vos façons de vous chercher entre deux failles, les prédateurs qui se reconnaissent. « Je me souviens de ce que ça faisait, vivre ses premières fois », te contentes-tu de souffler, et il y a de la douceur dans ton ton, car tu ressens une profonde empathie pour la peur qui lui étreint probablement les entrailles, lui qui s’astreint au contrôle et qui s’en retrouve si peu doté, désormais. « J’avais peur, et je n’avais personne autour de moi qui comprenne. Mes parents savaient, mais ils ne comprenaient pas. C’est le plus dur, je crois. La saloperie de honte qui vient avec, au début. Sauf pour ceux qui sont mordus avec l’intention expresse de créer une meute, je suppose ». Mais il est tellement solitaire, le loup russe, c’est déjà beau qu’il t’accepte, toi. Tu replies les genoux gracieusement sous toi, légèrement surélevée alors que tu t’installes sur tes talons, les jambes qui s’enfoncent dans le canapé. « As-tu pris une tue-loup? Qu’est-ce que tu as fait? »
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Re: pistols at dawn. (éphrem vii) (terminé)
Le fantasme retrace, renoue, réécrit les événements passés. Véritable travail de retranscription exercé par l’esprit. Car le psychisme se bat pour survivre, il essaie et tente tout ce qui est en son pouvoir pour avancer. Continuer. Ce qui fait effraction chez toi n’est pas anodin. Ces transformations cela renvoie si fortement à ta personnalité, à ce que tu dégages. Le loup, comme on aime à t’appeler. Il y a la fatigue chronique, récurrente aussi, celle de se battre et de poursuivre une vie désœuvrée et teintée de cette nouvelle épreuve qui tu le sais n’en est qu’à son début.
Son acquiescement témoigne de sa volonté de te venir en aide. La slave se résout à t’accompagner dans cette démarche alors que tu courbes légèrement l’échine. T’es bien assez peu enclin à le faire d’habitude. Mais là, as-tu seulement le choix de procéder autrement ? Non. Cette négation est primordiale pour espérer aller de l’avant. La louve prend le pas vers le sofa et s’y adosse. Et aussi difficile à croire que cela puisse l’être, une esquisse se tourne en ta direction. Ton regard sombre et vide est légèrement teinté d’une lueur flamboyante.
La compassion. La mâchoire se crispe. Tu soupires, les babines relevées, prêt à aller plus loin. Prêt à outrepasser les limites de cet échange qui jusque-là n’en demeurait pas moins cordial. A minima respectueux. Tu voudrais qu’il s’efface aussi, qu’elle ne te regarde pas comme un faible. C’est tout ce que tu ne veux pas. Être pris dans cette œillade, dans un halo de complaisance. Relation si complexe, si froide et si chaleureuse par moment. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Tu retrouves cette relation si singulière, tant aidante que maltraitante ; teinté de sadomasochisme. Il y a ces images qui reviennent à ton esprit, cette façon de lui prodiguer des attentions, des soins, ta bonté envers sa personne. Tu te posais déjà des questions à l’époque, la chaleur de sa peau sous le cristal brisé. Tu n’imaginais pas que la situation serait ce qu’elle est présentement. « Please … » commences-tu en levant les yeux au ciel, navré de l’interrompre si tôt. Puis tu rabaisses ton caquet.
Tu te laisses tomber sur le tissu du canapé. Tu évites bien soigneusement de croiser ses prunelles d’acier. « La honte, oui » avances-tu d’abord sur l’échiquier avant de te raviser, tournant ton buste vers elle, le plus éloigné possible, une jambe rabattue vers le dossier. Tu plantes enfin tes iris dans les siens. « Personne ne doit le savoir. Ce serait la fin de tout ce que j’ai construit jusqu’à maintenant ». Le menton baissé. « Pas de Tue-Loup pour l’instant. Juste des chaines nouées aux extrémités de ce corps que je ne connaissais pas ».
Tu déposes ton verre sur la table basse, une bouteille et un second contenant viennent jusqu’à vous. La boisson typique servie, tu reprends après t’en être abreuvé. Les lèvres brulantes. « J’ai inspecté mon corps tout entier devant le miroir. Putain, c’est dingue, Lu’. C’est comme s’il existait un autre qui habite mon corps. Un animal qui y sommeille, qui y réside. Une part qui m’échappe … Je suis sûr que tu comprends ». Et tu crois qu’il faut l’apprivoiser. A défaut de le comprendre.
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Re: pistols at dawn. (éphrem vii) (terminé)
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23 février 2021, 19:45. (mood)
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(tenue) Lorsque le Russe se laisse choir, tes prunelles le suivent, notent chaque ligne de son visage, le torse puissant se soulevant au rythme de ses inspirations qui s’accélèrent. Mais il s’écarte, comme si ta présence même le rebutait, et tu lui adresses un regard blessé. Comme si tu étais sale, comme si tu lui rappelais ce corps étranger qui s’est glissé en lui, comme si tu le dégoûtais. « Personne ne doit le savoir. Ce serait la fin de tout ce que j’ai construit jusqu’à maintenant » Tu hoches la tête, comprenant plus que quiconque – parce que tu partages cette paranoïa du secret lupin pouvant être découvert et tout gâcher et parce que, surtout, tu le connais assez pour savoir tout ce qu’il perdrait, le loup russe. L’idée de le voir dépecé par les journaux compétiteurs du sien te hérisse d’avance, et malgré ses mauvais traitements de ta personne, tu as envie de te faire bouclier et lame pour défendre sa nouvelle nature hybride, lui souffler qu’il n’est pas seul. Qu’il n’aura pas à apprendre à se démerder comme toi tu as eu à le faire, et que tu pourras lui servir d’appui dans son apprentissage. « Pas de Tue-Loup pour l’instant. Juste des chaines nouées aux extrémités de ce corps que je ne connaissais pas ».
Tu l’imagines, paniqué, espérant que ses liens de fortune suffiront à garder la bête prisonnière toute une nuit. Un miracle, qu’il ne se soit pas échappé et ait blessé quelqu’un. Tu regardes aux alentours, tentant de voir une trace de la pleine lune sur le mobilier – rien. A-t-il été se cacher ailleurs, ou s’est-il simplement chargé de faire disparaître une quelconque preuve de la violence de la bête enchaînée? « J’ai inspecté mon corps tout entier devant le miroir. Putain, c’est dingue, Lu’. C’est comme s’il existait un autre qui habite mon corps. Un animal qui y sommeille, qui y réside. Une part qui m’échappe … Je suis sûr que tu comprends ». Doucement, tu fais oui de la tête. T’as envie de t’approcher de lui, de lui dire que tout ira bien, malgré la colère qui gronde encore dans ton ventre, mais sa posture te fait craindre un rejet que tu ne supporterais pas. « Un étranger qui peut devenir ton pire ennemi ou ton allié le plus dangereux », souffles-tu. « Je n’ai pas côtoyé assez de lycans pour le dire avec certitude, mais je pense … qu’il n’y a pas de bonne solution. Prendre la tue-loup, c’est gérer l’Autre sans trop de mal, l’oublier la plupart du temps, tout en sachant qu’une présence étrangère rêverait d’être libérée en soi. »
Tu passes une main dans tes cheveux, avalant une rasade de vodka. Appréciant la brûlure sur ta langue et au fond de ta gorge. Ça te garde concentrée pour ne pas dévier du sujet. Pour ne pas lui demander si tu le dégoûtes, si c’est pour ça qu’il t’évite. « Ne pas en prendre, après un temps, c’est … accepter de ne pas tout à fait s’appartenir. Se laisser teinter de la sauvagerie du loup, mais aussi … de sa force. C’est aussi … blesser des gens accidentellement, même sans se transformer. » Abi, un soir avant la pleine lune. « Y’a pas de bonne solution, je pense. Faut s’y habituer, et faire avec. Je ne sais même plus qui je serais, sans. Tu verras, dans quinze ans, si tu ne la prends pas. Tu ne sauras plus exactement où tracer la frontière entre toi et lui … »
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Re: pistols at dawn. (éphrem vii) (terminé)
Tu repousses en elle ce qui persiste désormais chez toi. Ce qu’il y a de plus intime et de plus étrange. De plus familier et de plus inquiétant. Le loup est l’animal qui te ressemble le plus, l’on t’a toujours comparé à lui. Et maintenant tu l’incarnes pleinement. La fin de tout si la plèbe avait notion de ton travers. L’annihilation de toute espérance, de toute ambition. Plus rien ne persisterait sauf le désarroi. Paranoïa en est renforcée depuis que Morsure a frappé. Il n’est plus question que de se protéger. Pour vivre heureux, vivons cachés diraient les moldus. C’est si vrai.
Il y a chez Lubia, miroitante, la figure terrifiante qui gronde, cette ombre juste derrière elle qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Vision à peine hallucinatoire tant tu percevrais la silhouette lupine se dégager de son corps pour n’en faire qu’une seule et unique. Est-ce que tu délires ? Ton psychisme essaie de se battre, de comprendre cette immanquable réalité : tu es atteint de lycanthropie. Séisme si ce n’est raz-de-marée. Le Tue-Loup, donc, est proscrit pour le moment. Tu lui préfère les chaines, celles qui tenaces encerclent ton corps et enfermement la fureur qui s’y loge. Ces liens glacés qui ont maintenu ton corps nu et puissant durant la nuit entière.
De ton corps tu as retracé les moindres détails, centimètres, cicatrices et imperfections. Nu devant le miroir, tu te revois à contempler ta stature, non par narcissisme, plus sous l’impulsion de la folie qui s’est nichée en toi. La belle au visage ciselé acquiesces. Bien sûr qu’elle est à-même de comprendre ton ressenti, pour l’avoir traversé bien plus tôt avant toi. Ce derme plus chaud que la moyenne, celui qui t’as mis la puce à l’oreille dès cette soirée où main ensanglantée il y a eu. Pansement de fortune de ta chemise déchirée.
Mots qui martèlent ton être. Puissant allié, terrible ennemi. La bête ne cesse de rugir en ton for intérieur. C’est ridicule mais tu as l’impression qu’elle menace de sortir de ton corps à n’importe quel instant. C’est fou. Sans doute le problème est-il précisément ici. Deviendrais-tu fou ? Sombrerais-tu ? Tu secoues ton visage barbu, à moitié dans un geste archaïque, comme le canidé qui retire l’eau de sa mâchoire après s’être abreuvé. Pourtant tu n’es muni que d’un verre, c’est bien cela ? Tu perds le fil de la réalité.
« C’est ça … Je le sens gronder à l’intérieur. Il veut sortir » . Tu toises ses réactions. « Merde, j’ai l’impression de devenir cinglé ». Menton se baisse vers le sol puis remonte vers ton verre teinté des lueurs alcoolisées. Respiration s’accélère, torse bombé se gonfle régulièrement. « Alors tu me conseilles de la prendre … » Mixture qui semble se tourner bien vite vers ta personne. Il te faudra te faire une raison. « Tu parles de la … gnome ? » Doux terme pour définir celle que tu considérais autrefois comme une rivale potentielle. Tu parles d’une erreur. Elle aurait dû te choisir, toi. « Je ne sais pas si j’ai la force de continuer, je suis … » Impossible de le dire. Choqué ? « J’aurais dû me laisser crever. Mais j’ai résisté, j’ai bataillé ». Usant de la magie pour t’en sortir, tu t’es défendu, duelliste talentueux. Tu t’es épuisé pour vivre.
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Re: pistols at dawn. (éphrem vii) (terminé)
pistols at dawn,
23 février 2021, 19:45. (mood)
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(tenue) T’es plus douce que tu ne le devrais, Lubia – signe de la place privilégiée que le loup russe a toujours occupé dans ton cœur, souvenir de l’avoir logé dans tes entrailles, depuis l’adolescence. Tu l’as toujours eu dans la peau, Éphrem. Même lorsqu’il te fait des caprices, lorsqu’il se cache, lorsqu’il t’évite. Même lorsque t’as eu envie de lui exploser la gueule de tes poings pour lui faire voir ce que ça fait, lorsqu’il te blesse. Avec une lenteur teintée de tendresse, tu déroules ce que tu sais de ta (votre) condition. « C’est ça … Je le sens gronder à l’intérieur. Il veut sortir. Merde, j’ai l’impression de devenir cinglé. » Tes lèvres se plissent, l’esprit tissé de tes souvenirs. C’était pire, la nuit – t’es devenue insomniaque, les premiers mois, convaincue que lorsque ton esprit conscient se laisserait absorber par hypnos, elle serait capable de faire des ravages de ta peau offerte par ta psyché endormie. « Alors tu me conseilles de la prendre … » Tu soupires. Si seulement il y avait une réponse claire. « Je ne sais pas si c’est la meilleure solution. Moi je l’ai prise pendant des années avant d’arrêter. Je ne sais pas si c’était ce qu’il fallait faire. Ça m’a sauvée à l’époque, je pense. La louve a presque vingt ans, aujourd’hui. Elle est plus … mesurée, qu’avant. Toi t’as un nouveau-né qui va vouloir te gruger de l’intérieur … Je ne sais pas. Peut-être … que ça t’apporterait de la paix, un peu. Serais-tu capable de te procurer de la Tue-loup? »
Les lèvres serrées, tu évoques l’accident, celui qui t’a coûté ta relation et ton aimée. « Tu parles de la … gnome ?» Tu lui décoches un regard agacé. « Abi », le corriges-tu. « Je lui ai fait mal, une veille de pleine lune. C’était … un accident. J’ai rompu avec elle le lendemain. Je ne voulais pas la blesser à nouveau. » L’âme percluse de remords, un cruel agacement envers elle, comme si l’agaçante petite sorcière aurait dû être capable de te résister. Tu t’es demandé, parfois, si elle aurait pu te résister – si elle avait été plus forte, si elle avait été autre chose qu’une créature fragile que t’aurais pu déchirer à coups de dents, même sans la louve.
Le Russe semble à deux doigts de s’affaisser sur lui-même, le torse puissant qui se comprime de fatigue. « Je ne sais pas si j’ai la force de continuer, je suis … » Épuisé. Las. Le cœur tiraillé entre mille émotions. Tu les lis dans ses yeux, t’as envie de le serrer contre toi, colère évanouie des dernières minutes, remplacée par une fraternité toute nouvelle – tu sais ce que ça fait. D’avoir une créature qui veut te griffer l’âme pour mieux prendre les commandes de ton corps, même les soirs où la gibbeuse se fend de ses quartiers. « J’aurais dû me laisser crever. Mais j’ai résisté, j’ai bataillé » Tu hoches la tête, mine empathique peinte sur tes traits, un sourire affectueux qui s’étire sur tes lèvres. « Bien sûr que tu as résisté. T’es un guerrier, tu l’as toujours été. » Gaillard téméraire comme adolescent, adulte redoutable devenu kaizer de son propre empire, rare homme de sang pur essentiellement affranchi de ses parents sur un autre territoire. « Tu deviens pas cinglé, Eph … T’as juste un inconnu qu’il te faut apprivoiser ou laisser te changer. » Tes doigts se tendent vers lui, vers sa silhouette reculée, mais tu avises sa mine, et te ravise, lui décochant un regard blessé. « Je déteste te voir me regarder comme ça. »
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Re: pistols at dawn. (éphrem vii) (terminé)
Il existe un Autre à l’intérieur, grand et costaud, à ta mesure, mais recouvert d’une épaisse toison qui n’inspire que mort et trépas. Il menace une sortie à n’importe quel instant, l’impression que chaque minute est comptée, que rien n’est immuable, que tout recouvre un potentiel de destruction. Et en particulier toi, ou du moins, Lui, car tu ne sais plus ce qui vous distingue l’un de l’autre tant les frontières sont infimes. En existe-t-il seulement ? Ne t’a-t-on pas surnommé toute ton existence, ‘’le loup’’ ? Triste mais irrémédiable fin. Et tu deviens fou, probablement encore plus paranoïaque qu’avant.
Il est faible ce mince éclat de dévotion. Ses conseils seront bien plus efficaces que tes réactions les plus abruptes. Il est là, tout près, tu le sens s’approcher, son contact contre ton épaule, son murmure contre ta joue, embrassant ta mâchoire masculine de la sienne, animale. Hallucines-tu ? Est-il vraiment ici présent ? Tu saisis ton crâne entre tes mains et fermement tu le tiens, comme s’il s’avérait prêt à exploser. Et si c’était le cas, au moins tu serais libre de tout cet inquiétant marasme. « De la paix » répètes-tu d’abord comme le dévot chantonne sa prière désespérée. « J’en ai plus que besoin ». Paix intérieure impossible et improbable.
« Je devrais la confectionner moi-même … Sauf si toi-même tu es en mesure de m’en procurer quelques flasques ». Car bien incapable serais-tu de laisser une telle information entre les mains d’un autre individu. « A moins d’imposer le Serment Inviolable à un Maître des potions … ». Ta technique favorite, celle consistant à jouer des coudes avec la Mort elle-même. Car elle ne t’effraie pas, encore moins désormais, encore moins avec Lui, force exceptionnelle aux explosions funèbres adviennent à la lune scintillante.
L’évocation du farfadet n’engendre que mémoires défaillantes et laborieuses. Et pourtant tu as sauvé cette peste du baiser des détraqueurs, combat à mains quasi nues tant ton charme du patronus était malhabile à l’époque. C’est encore le cas bien sûr. Tu n’as pas pris le temps de te pencher davantage sur la question. Ton âme est rongée d’une incommensurable noirceur, celle-ci précisément qui a dévoré le requin vêtu de filaments argentés. Par le passé il fut fier et redoutable, aujourd’hui tout juste bon à des apparitions désespérées. Ainsi va la magie.
« Hormis notre conflit, elle te rendait heureuse. C’est tout ce qui comptait ». D’où ce sauvetage bien loin d’être un acte philanthrope de ta part. « J’imagine qu’on ne peut pas faire subir cela à quelqu’un ». Tu lèves le menton, affronte enfin son regard, comme s’il était question d’une quelconque bataille à mener. Il n’en est rien, Ephrem, tu es accompagné de ton amie la plus intime. Celle qui sait tout, qui comprend absolument tout ce que tu ressens. Ses dires enveloppent ta lourde carcasse d’une couverture, te voilà rasséréné.
C’est vrai que lorsqu’il faut présenter les armes tu n’hésites pas une seconde. Tempérance n’est pas du registre de tes convictions. Bien trop entêté sans doute, et ces images qui reviennent, celles de ce soir précis où tu aurais pu perdre la vie. Aller au front fut une expérience brève mais éprouvante. On ne peut se prémunir d’une meute toute entière. Les gerbes enflammées sorties de ta baguette ont permis de les tenir à distance un temps. Mais cela n’aura pas été suffisant. Tu peux les apercevoir encore, tapis dans l’ombre, leurs gueules féroces aux crocs acérés. « Me … Changer … ? » reprends-tu comme s’il s’agissait d’une absurdité. « Je n’y ai jamais songé. Est-ce que toi, tu as changé ? ». Anxiété qu’il advienne tout autre chose de toi.
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Re: pistols at dawn. (éphrem vii) (terminé)
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23 février 2021, 19:45. (mood)
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(tenue) Ton attitude se fait conciliante, trop, même, signe de la place spéciale qu’Ephrem a toujours occupée dans ton cœur. Depuis l’adolescence, ton meilleur allié, ton ami le plus proche – celui qui te comprend et qui te ressemble trop. Beaucoup trop, à présent, avec cette malédiction qui lui court désormais dans les veines. Avec patience, tu lui expliques ce que tu sais de votre condition partagée, et tu finis par mentionner la potion tue-loup. « Je devrais la confectionner moi-même … Sauf si toi-même tu es en mesure de m’en procurer quelques flasques. A moins d’imposer le Serment Inviolable à un Maître des potions … » Un pli ironique se fige sur tes traits, et tu lui accordes un regard de biais. On en revient toujours à ces serments qui coûtent bien plus qu’une vie passée à fantasmer – toujours la même chose, avec lui. Veritaserum, serments inviolables et paranoïa. Tu te dis que ça doit être le chaos, dans sa tête d’adepte manichéen du contrôle, et ça te calme tes envies de lever les yeux au ciel. « Je n’en fais plus depuis des années, mais je sais encore comment. Je peux t’aider. Ce n’est pas plus complexe que le veritaserum, ta spécialité. » Il serait probablement capable de la confectionner, éventuellement – sinon, tu pourrais toujours demander à Murphy de te fournir des doses mensuelles pour le Russe, mais dans son état, tu n’es pas assez stupide pour jeter de l’huile sur le feu en mentionnant la rouquine.
Pourtant, tu ne t’accordes pas la même empathie, évoquant l’échec de ta relation avec Abi, soldée par la violence lunaire que tu lui as fait subir. L’aveu, que tu l’as blessée accidentellement, une rare fois où tes nerfs ont eu raison de ton contrôle froid de tes membres. « Hormis notre conflit, elle te rendait heureuse. C’est tout ce qui comptait. J’imagine qu’on ne peut pas faire subir cela à quelqu’un » et enfin, il te regarde. Enfin, il affronte la lame de tes yeux, en guise de défi ou presque, mais t’as pas envie de l’assaillir et de le rebuffer. Le constat est pourtant trop intime pour être admis, et tu souffles « heureusement que la solitude te va bien, alors. » tu dois te détacher, Lubia. Te souiller le cœur d’un échec et mat final, mais serait-ce réellement nécessaire, alors qu’il semble vouloir se fondre dans son canapé plutôt que d’affronter ta présence et ton contact? T’as envie de lui prendre les mains, et après avoir tenté de le rassurer sur les changements à venir, tu lâches « Je déteste te voir me regarder comme ça. » mais il t’ignore. Ignore ton reproche qui ressemble davantage à une demande, sans les accents d’interrogation pour aller avec. Mais y’a un aveu, dans ta voix, qu’il ne relève pas.
« Me … Changer … ? Je n’y ai jamais songé. Est-ce que toi, tu as changé ? » et tu entends l’inquiétude. Tu hausses les épaules – comment le savoir, dans ton cas? Tu as été mordue pile à l’époque charnière du passage de l’adolescence à l’âge adulte. Où jeter le blâme pour tes instincts prédateurs : sur une nature affinée par l’âge, ou sur la louve qui a envie d’attaquer? « Je ne suis pas objective. Toi, tu trouves que j’ai beaucoup changé? Maintenant que tu le sais. »
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Re: pistols at dawn. (éphrem vii) (terminé)
D’une rare pudeur, le menton baissé, tu acceptes la lourde condition qui désormais se fait tienne – vôtre. C’est étrange d’en arriver là, de se dire que vous partagez cela, aussi, en plus d’un caractère irritable et d’une tendance extrême au sang-chaud. Et vous voilà pourtant à discuter autour d’un sujet qui pourrait distendre encore davantage votre relation. Cela n’est pas le cas, le sentiment d’un rapprochement qui s’initie. Rapprochement autre que ce qui vous unie déjà. Depuis si longtemps.
Rêveries adolescentes qui se meurent. Mémoires fanées de ces jours passés à Durmstrang. Là, l’époque était belle et presque pure. L’évocation du Serment Inviolable résonne sur son faciès par l’esquisse ironique. Décidément, la slave n’oublie pas tes pratiques douteuses. Tu ne peux vivre que de cette manière, que de cette façon. Paranoïa l’a emporté sur ton esprit tout entier, et d’ailleurs tu parles d’elle comme s’il s’agissait d’une personne réelle. Car c’est ainsi, elle t’accompagne.
L’adepte du contrôle s’empare de l’information : la louve est en mesure de t’enseigner les rudiments en matière de Tue-Loup. Il te faut revoir les ingrédients et la préparation de cette mixture. L’avoir étudié des années plus tôt sans l’avoir confectionné de nouveau. Pas plus difficile que le sérum de vérité, le fameux. Tu réponds à la perche tendue d’un sourire courtois. « Il te faudra m’avoir pour élève, Professeure Savčenko, n’hésite surtout pas à être sévère ». Le rire au bord des lèvres, pour la première fois ce soir.
L’amie. Tu peux compter sur sa présence et son réconfort. Il est évident que tu peux t’appuyer sur cette femme. C’est encore plus vrai aujourd’hui. Il y a aussi le fait que cela reste entre vous, secret bien gardé, et cela, tu l’apprécies encore plus. Ton œil signe l’accord conciliant, il n’est plus à l’ordre du jour de l’affronter. Elle n’est pas ton ennemie, tu le comprends désormais. Enfin, devrait-on dire. Les mains croisées, tu exerces une pression sur tes phalanges qui craquent toutes d’une même traite. « T’es la seule que je peux regarder comme ça. La seule à me comprendre. La seule en qui j’ai confiance ». Il était temps, tu poses enfin les mots.
La solitude te va bien. Il paraît en tout cas, et dieu en témoigne, tu ne renies jamais ces méditations lointaines, à distance de la plèbe. Justement, cette condition de lycanthrope ne pourrait-elle pas métamorphoser la personne que tu es vraiment ? Tu retournes le questionnement, inquiet de cette possibilité. Le changement fait peur à l’humain, être hautement ritualisé. « J’ai l’idée, maintenant que je suis au courant, que la lycanthropie a accentué certains traits de ta personnalité. T’es plus mesurée qu’à l’époque, mais tu t’emportes plus à d’autres moments ».
Tu hausses les sourcils, en vérité tu n’en sais trop rien. C’est si complexe de le dire, si rapide de le déduire. « Je ne saurais l’expliquer. T’es la Lubia que j’ai toujours connu, en plus prononcée … » C’est l’idée générale en tout cas. Et tu aimes cette vision d’elle, entre-deux impossible à appréhender et profondément séduisant. C’est ce que tu aimes chez elle, et cela a contribué à te faire chavirer une nouvelle fois dans ses bras, la dernière fois en tout cas. « Le Ministère se doute de quelque chose à ton propos ? » La seule avec qui tu peux aborder le sujet, à demi-mots, par respect.
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Re: pistols at dawn. (éphrem vii) (terminé)
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23 février 2021, 19:45. (mood)
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(tenue) Le rire se faufile entre ses lippes, à peine retenu à la frontière de sa bouche – mais tu l’as aperçu, dans son regard. Alors lorsqu’il te signale que tu deviendras son enseignante et que tu ne devrais pas lésiner sur la sévérité, tu gardes pour toi la question évidente en retour. Aussi sévère que tu l’es avec l’occlumancie?, demandent tes yeux alors que la bouche se tait. Souvenirs cruels de sa propre dureté comme mentor, mais le palais de mémoire qui se construit lentement dans ton esprit. Vous avez toujours été collés à l’autre, destins croisés qui semblent éternellement vouloir s’entrelacer. Alors tu te tais, pour le préserver, lui, parce qu’il a enfin souri, et que ça te rassure, de voir qu’il n’a pas que de la crainte dans les yeux lorsqu’il te regarde. « T’es la seule que je peux regarder comme ça. La seule à me comprendre. La seule en qui j’ai confiance. » Doucement, tu hoches la tête, compréhensive. Avec Oz, c’était différent – depuis qu’il s’est fait stupidement attraper, il vit dans une légalité incertaine. Surtout, il ne t’a pas connue adolescente et humaine. Pas comme le Russe, ton éternel.
Lorsque tu lui demandes s’il trouve que tu as véritablement changé, depuis l’adolescence, tu écoutes sa réponse paisiblement. T’es assez confortable dans ta propre peau pour encaisser ce qu’il te dit, et il n’y a rien de terriblement négatif dans ses mots. « Je ne saurais l’expliquer. T’es la Lubia que j’ai toujours connu, en plus prononcée … » Un sourire décore tes lèvres, air carnassier qui dévore ton visage. Tu t’es constitué un masque social d’entre-deux pour interagir avec les autres, les humains tout à fait normaux, pour paraître tout juste plus incisive que la moyenne sans tout à fait révéler à quel point t’es devenue une arme en costume de femme. Tu le fixes, caresses ses traits des yeux – la fatigue les lui ronge, mais il y a cette nouvelle lueur, celle que tu reconnais systématiquement chez les autres. Le loup qui crie famine, qui ne demande qu’à être libéré. « C’est pas la louve qui fait ça, Éph », souffles-tu. « C’est toi qui m’as toujours fait réagir. » Si l’heure est aux vérités dures, à celles qui se dénudent sous la lune – so be it. il ne t’a jamais laissée indifférente, pas même lorsque tu t’habilles des habitudes de la diplomate que le monde n’impressionne pas.
« Le Ministère se doute de quelque chose à ton propos ? » Tu hausses les épaules en un geste plus nonchalant que tu l’es réellement. « Si c’était le cas, j’ose croire que je le saurais déjà », affirmes-tu, avalant une dernière gorgée de la boisson que le Russe t’a offerte. Le verre vide reposant désormais sur la table basse, tu le fixes à nouveau. « Certaines assurances ont été prises, incluant un fidelitas. Et la protection de certaines personnes assez haut placés pour que j’ose croire que mon immunité diplomatique tiendra, le cas échéant. Une diplomate lycane non-déclarée et étrangère, slave de surcroit? Que le secret soit révélé ferait aussi mal à l’image de mon département qu’à moi. Si le secret était découvert, ils auraient autant à perdre que moi. D’autant que ce serait une nouvelle bien trop juteuse pour que les journaux ne s’en saisissent pas. » Et tu souris à nouveau au kaiser des médias, sombrement. Ça a toujours été ton talent, Lubia. La chute mutuelle en guise de protection, et le talent d’en balancer une plus grosse à tes adversaires de négociation. Tu sais reconnaître une mauvaise main lorsque tu en vois une, et le Ministère en aurait une affreuse si ton secret était révélé, en plus de perdre une diplomate extrêmement efficace. « Devon Wakefield m’a recrutée lui-même de ses blanches mains, il y a quelques années. Et j’ai assez l’oreille de son fils aîné pour qu’il puisse me servir d’intercesseur, au besoin. Il n’y a que le directeur du département qui puisse faire tomber l’immunité diplomatique qui me protège. » Son fils aîné – Nathaniel, venu te quémander du réconfort après la mort de son épouse, après t’avoir vertement ignorée comme le Russe. Tous pareils. « C’est dans l’œil de la tornade que les vents sont les plus calmes … et qu’on ne cherche pas. » T’as un air amusé et presque agressif – la certitude d’avoir bien placé tes pièces sur l’échiquier. Toujours sur tes gardes, mais avec au moins l’assurance que si la reine devait être sacrifiée, elle emmènerait la moitié de l’armée adverse avec elle.
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Re: pistols at dawn. (éphrem vii) (terminé)
Contact visuel mais surtout complicité déconcertante. Tu devines ses pensées comme si celles-ci venaient d'être trahies à haute voix. Il n'en est rien pourtant, mais tu concèdes sur un point, tu n'es pas le mentor le plus doux et le plus avenant. Au contraire, sévère, implacable. Tu ne laisses aucune chance. Et ce qu'elle construit sous ton impulsion est incroyable, une véritable forteresse de mémoires.
Tu n'as jamais pensé un dispositif aussi complexe. Le loup préfère les hautes murailles impénétrables, défendues avec ardeur, que l'on ne cède jamais à l'ennemi. Mais cette femme, devant toi, plus diplomate, se jouera de ses assaillants à partir d'un piège confectionné avec brio. Ces destinées communes, se suivre depuis si longtemps, tenter l'amertume d'une relation, pour mieux s'éloigner et se retrouver de nouveau.
Les aveux, presque sous l'angle de la supplique, ils témoignent de ton engagement auprès d'elle. D'une dévotion indéfectible, quoiqu'il en coûte. Son faciès aux traits d'acier, taillé à l'arme blanche s'embellit d'une esquisse, celle figée dans ton esprit de vermeil. Et sous ce masque fatigué, celui que tu arbores, l'émotion, le soubresaut du palpitant, la faire réagir comme elle le prétend, c'est prenant.
Ça t'arrache les tripes. Putain, pourquoi ça n'a jamais marché entre vous. Les affronts, les plaintes, les chamailleries, tout était réuni pour qu'aucune relation ne puisse s'entretenir. Et t'aurais voulu le contraire, oui, l'adolescent désirait l'épouser secrètement, fantaisies d'appartenance. Néanmoins, l'adulte lui, pense tout autrement. Tu n'aurais pas su la rendre heureuse. Réalité déconcertante mais crédible.
Mais tu préfères la taire cette question. Pourquoi ça ne fonctionne jamais. Mieux vaut la taire. Ton œil intéressé, s'illumine, vif, à l'évocation du sortilège de Fidelitas, cela ne serait pas trop demandé en ce qui te concerne. Mais toi, tu voues une docile fascination pour ce maléfice que l'on nomme "le serment". Inviolable, par définition, qui donne la mort, par conséquence de la trahison.
"Je te reconnais bien, là, dans cette adresse remarquable que tu as de positionner les pions sur l’échiquier. La métaphore de l'échiquier n'est pas de trop". Tu grognes, sombre râle à l'évocation des Wakefield. "Nathaniel… Je ne l'ai jamais trop aimé". Comme tous les hommes qui pourraient tourner autour d'elle. Comme tous ceux qu'elle fréquente. Il y a toujours à redire. Évidement.
"Il me faut penser un tel dispositif. Je dois absolument garantir ma sûreté. Je dispose de contacts au Ministère, bien sûr, mais ce que je veux se situe au-delà", le ton grave, implacable. "Il me faut m'assurer que rien ne puisse m'arriver, trop d'ennemis, trop d'opportunistes". Sous-entendu, tu réclames en partie son bon conseil.
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Re: pistols at dawn. (éphrem vii) (terminé)
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23 février 2021, 19:45. (mood)
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(tenue) « Nathaniel… Je ne l'ai jamais trop aimé. » et malgré le sérieux de la discussion, malgré ta colère des premiers instants, tu lui souris comme tu lui sourirais chaque fois qu’il se montre terriblement prévisible – et surprenant à la fois. Le loup russe est tellement fier que même empêtré dans les affres de sa possessivité, il trouve d’ordinaire le moyen d’en détourner le sens, d’en maquiller les habits. Il y a toujours un motif à présenter – non, ce n’est pas que cavalier lambda n’est pas assez bien pour toi, c’est qu’il n’est pas assez bien tout court. « Dès l’invasion slave du sol britannique, je suppose », glisses-tu, lueur équivoque au fond des prunelles. Depuis son arrivée à lui en terres d’Albion, ou la tienne? Ta rencontre avec le juge Wakefield a suivi de très près ton intégration au Ministère de la Magie britannique, et bien que votre relation soit demeurée discrète, tu n’en as jamais gardé le secret auprès du Russe. Ton éternel, ton allié de toujours – empêtrés de jalousies mutuelles face aux fréquentations de l’autre. « Il ne m’a jamais maltraitée, Éph’ », souffles-tu. Un pieux mensonge, pour l’heure – mais il n’a pas à savoir, le kaiser des médias sorciers, que pendant que lui-même t’ignorait, le juge endeuillé faisait de même. Les hommes ne te méritent pas.
Tu te confies, toi aussi – sur la complexité du dispositif protégeant tes arrières magiques. L’air fier, le faciès coupant de satisfaction orgueilleuse de te sentir à l’abri, même si tu demeures fondamentalement paranoïaque face à ton secret. « Il me faut penser un tel dispositif. Je dois absolument garantir ma sûreté. Je dispose de contacts au Ministère, bien sûr, mais ce que je veux se situe au-delà. Il me faut m'assurer que rien ne puisse m'arriver, trop d'ennemis, trop d'opportunistes » Tu lui souris. Te rapproches, sans égards à ses souhaits, ne t’embarrassant pas de ce qu’il dira. Tes membres s’étirent, et tu poses un coude sur le dossier du canapé sur lequel vous vous êtes installés, ta mâchoire abritée au creux de ta paume. Détailles ses traits volontaires, caresse sa barbe du regard. « Est-ce véritablement si différent, à présent? Tu as toujours eu des ennemis, des compétiteurs prêts à te supplanter. Ce n’est qu’un secret de plus à enfermer – qui ne crée pas de nouveaux prétendants à ton trône. Écrase-les. C’est ce que tu fais de mieux. » T’es convaincue, Lubia. « C’est ce que j’ai toujours le plus aimé en toi. » Lui rappeler – pourquoi vous êtes amis, pourquoi vous êtes demeurés des alliés, aussi longtemps. Tu l’as toujours eu sous la peau, le Russe. Une compréhension mutuelle de ce qu’il faut faire pour exister dans un monde qui n’a que faire des bonnes âmes larmoyantes. Doucement, tu poses une main sur son torse, désignant le loup avec lequel il partage désormais sa psyché. « Il sera ton allié, si tu ne le laisses pas te dévorer de l’intérieur. Trouve-toi un gardien pour ton fidelitas, Eph. Les serments inviolables, encore faut-il que les autres acceptent de les faire avec toi. Le fidelitas s’en balance, de ce que l’autre voudrait. » et encore curieux. Que dans son esprit torturé à lui, il y ait au final un plus grand respect du consentement dans la psyché d’autrui que tu n’en as jamais eu.
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Re: pistols at dawn. (éphrem vii) (terminé)
Pudeur qui pourtant n’en est pas. Il n’est pas de quelconque décence entre les deux loups. Prédateurs qui s’affrontent autant qu’ils se protègent. La meute avant tout, il paraît. Alors tu le signifies avec habileté, que tu ne l’aimes pas. Le juge ne fait pas exception à la règle, comme tous les autres avant ou après toi. Tu détestes ces individus, peu importe leur genre. Qui d’autre que toi pourrait la rendre heureuse ? Mégalomanie, narcissisme à outrance.
Avec le temps, tu es prévisible à ses yeux, c’est une évidence. Tu saisis l’équivoque entre tes mains souillées par le sang, le coeur velu et incapable d’aimer dit-on. Ce n’est pas sans te remémorer cette histoire, ce conte pour enfants raconté par Beedle le Barde. Il s’avère bien complexe d’affirmer qu’une réponse correcte puisse être envisageable. Lubia manie la langue avec délicatesse. Tu te contentes d’acquiescer, prenant le terme à bras-le-corps.
Tu grognes seulement à l’affirmation qu’il ne l’a jamais maltraité. Pour toi c’est impossible, tout autant que tu as été capable de la faire souffrir à maintes reprises. Tout homme est mauvais, tu en as aujourd’hui la certitude. Et ta psychologie est marquée par l’attachement impossible et la méfiance - pour ne pas dire la paranoïa. Il y a son regard qui berce ton faciès lupin. Il t’est agréable d’être ainsi regardé, dévisagé. L’homme est rassuré dans sa fierté, piètre virilité teintée d’une toxicité sans nom.
Ce n’est qu’un secret de plus, tu devrais être habitué à vivre avec, maintenant. A force de dissimulations on en devient plus que l’ombre de soi-même, finis-tu par trancher, la mine absente de toute émotion. Les écraser, tous, tu en à la force et l’audace, tu peux ressentir sa conviction. Elle l’affirme sans détour. Un long frisson s’immisce en toi, le long de ton échine. C’est ce qu’elle a toujours le plus aimé en toi. Ces paroles sont précieuses.
Sa paume sur ton torse témoigne de la confiance que tu lui portes. L’être canin ne se laisse pas toucher à ce niveau s’il n’a pas un fort sentiment de sécurité. Tu concèdes avec l’idée d’un Fidélitas. C’est un enchantement d’une complexité déconcertante mais tu veux bien t’y essayer. Tu en resteras sur cette idée : trouver un Gardien.
@Lubia Savčenko
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