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« Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Dim 7 Mar 2021 - 16:13
Our personal mascarade
Londres ✧Dimanche 21 février 2021. 1h
LookMake upmood
Une heure du matin sur le fuseau de Londres, il était temps d’y aller. Alice avait attendu, patiemment, les yeux grands ouverts dans le lit de son calédonien qui quant à lui dormait comme un bien heureux depuis déjà un bon moment - oracle encore inconscient d'une nature nocturne qui se traduirait ailleurs, un autre jour, ce n'était pas le sujet pour le moment - . Elle lui avait annoncé qu’elle l’emmènerait quelque part, ce week end, sans plus de précision, et il ne s’était pas fait trop inquisiteur, pas autant qu’elle ne se l’était imaginée en tout cas, et avait décidé d'y voir un goût pour la surprise plutôt que du désintérêt, preuve s'il en était qu'elle commençait peut être à le connaitre plus, mieux, à la marge de son cahier. Ça serait leur Saint-Valentin en retard, peu ou proue, aussi il se doutait bien que ce serait surement exubérant, exagéré, too much. Elle avait fait en sorte qu’il ne soit pas déçu. D'ailleurs, plus tôt dans la soirée, elle avait profité du moment où il avait été sous la douche pour fouiller ses placards à la recherche d’habits bien particulier qu’elle avait fourré dans un sac, lui-même planqué sous le lit. Et maintenant … Il était temps.
Sur la pointe des pieds, elle s’était faufilée dans la salle de bain pour se changer, se défaisant de sa nuisette pour enfiler quelque chose d’un peu plus habillé (quoi que), une cape simple par dessus le tout, avait ressorti le paquetage avant de se pencher par dessus le coeur de lion encore dans les bras de Morphée, effectuant un habile sortilège pour lui enfiler pantalon et chemise sans le troubler. La manœuvre achevée, elle était allée lui murmurer d’une voix mystérieuse au creux de l’oreille, de sa plus belle intonation de sirène de mirage.
- It’s Adventure O’clock, don’t bother opening your eyes, there’s no light on.
Elle savait à présent comment se repérer dans la grande garçonnière, assez pour être capable de les guider tout deux jusqu’à la superbe cheminée de la pièce de vie sans se cogner. Le parquet grinça sous leurs pas incertains, elle vérifia d’un tour de main que son sac contenait tout ce qu’il devait. Elle appuya sur la tête du pauvre écossais encore un peu groggy qu’elle aveuglait comme elle pouvait d’une main sur ses yeux, l’autre empoignant un peu de poudre magique tout en soufflant dans un sourire.
- « Tafia toujou dîe la vérité », tonton’Dubois club.
Les flammes vertes dévorèrent la plante des pieds des deux sorciers, grimpèrent sur leurs corps jusqu’à les couvrir tout à fait, pour leur faire parcourir plusieurs milliers de kilomètres et plusieurs fuseaux horaires jusqu’à un âtre plus sale et contraint, qui les recracha dans un toussotement inquiétant pour un ramoneur attentif. Alice se félicita d’avoir gardé les atours les plus précieux dans le fond de son sac à dos, et d’avoir gardé une pelure par dessus son costume immaculé. Ses doigts n'avaient pas quitté les paupières du sorcier tout en l'aidant à sortir et à se déplier, le débarrassant de la suie sur son impeccable pantalon dont il ignorait encore les couleurs et les broderies.
- Keep your eyes closed. I’m sure you can guess : Where are we ?
Elle faisait confiance à la mémoire du vif argent, à ses sens aussi, pour que son esprit face le lien rapidement entre ce que chacun d’entre eux lui offrirait d'indice : à sa peau, la fraicheur piquante du fond de l’air d’un début de soirée, mais autrement plus douce que la température londonienne. A son nez, les odeurs de bois ciré, de cigares et d’alcool fort, ainsi que quelques épices brouillones. A ses oreilles, et c’était surement le plus important pour lui, elle n’en doutait pas, le son étouffé d’une trompette et de quelques percussions sous leurs pieds, les exclamations enjouées, dont la mélodie se confondait avec un brouhaha plus dense venant du dehors. Ils se trouvaient à l’étage d’un bar, ou d’un club de musique, selon l’heure du jour ou de la nuit, et Alice devait se contenir pour ne pas se mettre à sautiller alors qu’elle lui démasquait les yeux.
- I hope you did not plan to sleep more tonight, Nola is kinda insomniac during the Carnaval.
LookMake upmood
Une heure du matin sur le fuseau de Londres, il était temps d’y aller. Alice avait attendu, patiemment, les yeux grands ouverts dans le lit de son calédonien qui quant à lui dormait comme un bien heureux depuis déjà un bon moment - oracle encore inconscient d'une nature nocturne qui se traduirait ailleurs, un autre jour, ce n'était pas le sujet pour le moment - . Elle lui avait annoncé qu’elle l’emmènerait quelque part, ce week end, sans plus de précision, et il ne s’était pas fait trop inquisiteur, pas autant qu’elle ne se l’était imaginée en tout cas, et avait décidé d'y voir un goût pour la surprise plutôt que du désintérêt, preuve s'il en était qu'elle commençait peut être à le connaitre plus, mieux, à la marge de son cahier. Ça serait leur Saint-Valentin en retard, peu ou proue, aussi il se doutait bien que ce serait surement exubérant, exagéré, too much. Elle avait fait en sorte qu’il ne soit pas déçu. D'ailleurs, plus tôt dans la soirée, elle avait profité du moment où il avait été sous la douche pour fouiller ses placards à la recherche d’habits bien particulier qu’elle avait fourré dans un sac, lui-même planqué sous le lit. Et maintenant … Il était temps.
Sur la pointe des pieds, elle s’était faufilée dans la salle de bain pour se changer, se défaisant de sa nuisette pour enfiler quelque chose d’un peu plus habillé (quoi que), une cape simple par dessus le tout, avait ressorti le paquetage avant de se pencher par dessus le coeur de lion encore dans les bras de Morphée, effectuant un habile sortilège pour lui enfiler pantalon et chemise sans le troubler. La manœuvre achevée, elle était allée lui murmurer d’une voix mystérieuse au creux de l’oreille, de sa plus belle intonation de sirène de mirage.
- It’s Adventure O’clock, don’t bother opening your eyes, there’s no light on.
Elle savait à présent comment se repérer dans la grande garçonnière, assez pour être capable de les guider tout deux jusqu’à la superbe cheminée de la pièce de vie sans se cogner. Le parquet grinça sous leurs pas incertains, elle vérifia d’un tour de main que son sac contenait tout ce qu’il devait. Elle appuya sur la tête du pauvre écossais encore un peu groggy qu’elle aveuglait comme elle pouvait d’une main sur ses yeux, l’autre empoignant un peu de poudre magique tout en soufflant dans un sourire.
- « Tafia toujou dîe la vérité », tonton’Dubois club.
Les flammes vertes dévorèrent la plante des pieds des deux sorciers, grimpèrent sur leurs corps jusqu’à les couvrir tout à fait, pour leur faire parcourir plusieurs milliers de kilomètres et plusieurs fuseaux horaires jusqu’à un âtre plus sale et contraint, qui les recracha dans un toussotement inquiétant pour un ramoneur attentif. Alice se félicita d’avoir gardé les atours les plus précieux dans le fond de son sac à dos, et d’avoir gardé une pelure par dessus son costume immaculé. Ses doigts n'avaient pas quitté les paupières du sorcier tout en l'aidant à sortir et à se déplier, le débarrassant de la suie sur son impeccable pantalon dont il ignorait encore les couleurs et les broderies.
- Keep your eyes closed. I’m sure you can guess : Where are we ?
Elle faisait confiance à la mémoire du vif argent, à ses sens aussi, pour que son esprit face le lien rapidement entre ce que chacun d’entre eux lui offrirait d'indice : à sa peau, la fraicheur piquante du fond de l’air d’un début de soirée, mais autrement plus douce que la température londonienne. A son nez, les odeurs de bois ciré, de cigares et d’alcool fort, ainsi que quelques épices brouillones. A ses oreilles, et c’était surement le plus important pour lui, elle n’en doutait pas, le son étouffé d’une trompette et de quelques percussions sous leurs pieds, les exclamations enjouées, dont la mélodie se confondait avec un brouhaha plus dense venant du dehors. Ils se trouvaient à l’étage d’un bar, ou d’un club de musique, selon l’heure du jour ou de la nuit, et Alice devait se contenir pour ne pas se mettre à sautiller alors qu’elle lui démasquait les yeux.
- I hope you did not plan to sleep more tonight, Nola is kinda insomniac during the Carnaval.
️ nightgaunt
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Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Mar 6 Avr 2021 - 0:33
Our personal mascarade
Nola ✧Samedi 20 février 2021. 19h
Depuis l’enfance, il appréciait les surprises – moins de les organiser que d’en être la proie heureuse. N’y voyez pas une paresse qui ne fait au demeurant pas partie de ses attributs, ni de la mauvaise volonté (bien qu’elle puisse parfois être entrevue sur les traits du Calédonien, entre deux œillades amusées – tout dépend du public), mais surtout un enthousiasme débordant qui ne savait pas toujours contenir les secrets avant de les mettre à exécution. De mémoire très récente, il y avait eu un incident légèrement bruyant dans la grande salle, orchestrée à la perfection et sans que le plan soit ébruité auprès de la principale intéressée. Oh, il avait bien tenté de laisser tomber des indices, mais ils avaient tous lamentablement échoué à correctement titiller l’attention de l’Américaine – parce qu’apparemment, son idée selon laquelle « les » héritiers d’Albion étaient fades et sans couleur avait dû être remplacée par « la plupart », present company excluded. Ainsi, l’information lancée à la belle était tombée à plat, le concept de son fiancé drapé d’une cape ne l’ayant pas émue outre mesure – mais pourrait-on la blâmer, elle qui s’était habituée aux excentriques nœuds de gorge de l’auror? La punition avait valu le spectacle, et le regard jeté par l’amphisbène à son déjà-fiancé. Worth it, avait-il juré lorsque Peter s’était moqué de lui, lui soulignant à nouveau qu’il avait échappé au blâme collectif malgré sa participation vociférante à la demande. Worth it, martèlerait-il, quelques semaines plus tard, lorsqu’on l’inviterait au pub mais qu’il devrait charmer les oreilles de Cléopatra au rythme des éviscérations d’innocents batraciens.
Worth it, sourirait-il intérieurement dans quelques instants, lorsque la vipérine le réveillerait d’un souffle, et il ouvrit les yeux malgré la requête, instinctivement : inutile, la demoiselle avait dit vrai. Evan la laissa le guider à travers le loft industriel, tâtant le long de ses bras les habits qu’elle avait choisis pour lui – rien de spécial ou qui sorte de l’ordinaire au toucher. Une légèreté dans le tissu, peut-être, mais se surprendrait-on qu’Alice ait choisi une destination chaude pour lutter contre les terribles grands « froids » écossais? Le musicien pencha la tête pour pénétrer dans la cheminée nouvellement reliée au réseau de cheminettes londonien, sourcillant à l’écoute de l’accent cajun : « you taking me across the ocean after all, lass? » Incertain de pouvoir identifier le continent immédiatement – elle avait parlé rapidement, malgré une élocution parfaite. L’amphisbène avait-elle choisi de lui forcer la main pour rencontrer sa famille, plutôt que de faire une tentative ratée comme lors des célébrations de Yule? Les yeux fermés, le voyage de cheminette lui parut plus déplaisant encore qu’à l’ordinaire, le violoniste posant une main sur l’épaule d’Alice pour tenter de freiner la valse du monde autour de lui (et l’impression que son estomac valserait bien sans le reste de ses entrailles).
« Keep your eyes closed. I’m sure you can guess : Where are we ? » De ses cinq sens, l’ouïe avait toujours été la plus instinctive – il tendit l’oreille, caressée par des cuivres cent fois plus chaleureux que ceux d’un ensemble organisé ou de n’importe quel orchestre. Non, il y avait ici une improvisation caractéristique dans les vibrations du laiton dans l’air, et malgré son aveuglement volontaire, le musicien en vit les notes s’imprimer en l’air aussi précisément que s’il avait eu le regard sur la partition, délicats phosphènes crépitant à la lisière de ses paupières. Les accents gagnaient en goguenardise, et un sourire béat imprima ses lèvres avant même de songer à toutes les autres sensations qui auraient pu l’informer – nobody plays the trumpet like they do down south. « I’d recognize those beats anywhere in the world, and unless you’ve imported some new orleans’ trumpeters for me, I’d swear we’re in the French Quarter ». Son regard coula vers le visage d’Alice, sourit d’y voir une satisfaction toute enthousiaste de voir sa propre excitation – il avait passé quelques mois en Louisiane, et en gardait un excellent souvenir. La musique avait son âme propre, ici, méritait sa propre trame narrative et non d’être suspendue en l’air comme la vulgaire note de bas de page qu’on lui accordait trop souvent dans les ennuyeuses soirées de bals européens.
Devant la remarque ironique de la jeune femme, il fit non de la tête. Oh no, we’re wiping that knowing smirk of your face and turning it into a proper smile. « Merlin woman, let’s be excited and enthusiastic, shall we? » et l’auror la saisit par la taille pour la faire valser en l’air – tant pis si elle n’aurait pas voulu être saisie, tant pis pour sa taille qui invitait à le faire, il lui ferait volontiers remarquer qu’il réservait généralement le même traitement à des interlocuteurs plus grands (peut-être pas avec le même niveau de suggestion au fond du regard). « This is fantastic! Let’s taste everything and drink everything and listen to everything, and if you dare mock me because I won’t like it as spicy as you do, I will properly smack your arse and you’ll have to find a way to enjoy it » Posant son butin, Evan se redressa, jetant un oeil aux alentours, qu’il n’avait pas daigné correctement regarder, trop occupé à tendre l’oreille – la lumière à l’étage filtrait doucement à travers les planches du parquet, éclairant les nuages de poussière qu’il avait éveillés en soulevant la sorcière. « Right then, lass. You’re the captain, what shall we do first? What’s in your (m)alice bag? »
Depuis l’enfance, il appréciait les surprises – moins de les organiser que d’en être la proie heureuse. N’y voyez pas une paresse qui ne fait au demeurant pas partie de ses attributs, ni de la mauvaise volonté (bien qu’elle puisse parfois être entrevue sur les traits du Calédonien, entre deux œillades amusées – tout dépend du public), mais surtout un enthousiasme débordant qui ne savait pas toujours contenir les secrets avant de les mettre à exécution. De mémoire très récente, il y avait eu un incident légèrement bruyant dans la grande salle, orchestrée à la perfection et sans que le plan soit ébruité auprès de la principale intéressée. Oh, il avait bien tenté de laisser tomber des indices, mais ils avaient tous lamentablement échoué à correctement titiller l’attention de l’Américaine – parce qu’apparemment, son idée selon laquelle « les » héritiers d’Albion étaient fades et sans couleur avait dû être remplacée par « la plupart », present company excluded. Ainsi, l’information lancée à la belle était tombée à plat, le concept de son fiancé drapé d’une cape ne l’ayant pas émue outre mesure – mais pourrait-on la blâmer, elle qui s’était habituée aux excentriques nœuds de gorge de l’auror? La punition avait valu le spectacle, et le regard jeté par l’amphisbène à son déjà-fiancé. Worth it, avait-il juré lorsque Peter s’était moqué de lui, lui soulignant à nouveau qu’il avait échappé au blâme collectif malgré sa participation vociférante à la demande. Worth it, martèlerait-il, quelques semaines plus tard, lorsqu’on l’inviterait au pub mais qu’il devrait charmer les oreilles de Cléopatra au rythme des éviscérations d’innocents batraciens.
Worth it, sourirait-il intérieurement dans quelques instants, lorsque la vipérine le réveillerait d’un souffle, et il ouvrit les yeux malgré la requête, instinctivement : inutile, la demoiselle avait dit vrai. Evan la laissa le guider à travers le loft industriel, tâtant le long de ses bras les habits qu’elle avait choisis pour lui – rien de spécial ou qui sorte de l’ordinaire au toucher. Une légèreté dans le tissu, peut-être, mais se surprendrait-on qu’Alice ait choisi une destination chaude pour lutter contre les terribles grands « froids » écossais? Le musicien pencha la tête pour pénétrer dans la cheminée nouvellement reliée au réseau de cheminettes londonien, sourcillant à l’écoute de l’accent cajun : « you taking me across the ocean after all, lass? » Incertain de pouvoir identifier le continent immédiatement – elle avait parlé rapidement, malgré une élocution parfaite. L’amphisbène avait-elle choisi de lui forcer la main pour rencontrer sa famille, plutôt que de faire une tentative ratée comme lors des célébrations de Yule? Les yeux fermés, le voyage de cheminette lui parut plus déplaisant encore qu’à l’ordinaire, le violoniste posant une main sur l’épaule d’Alice pour tenter de freiner la valse du monde autour de lui (et l’impression que son estomac valserait bien sans le reste de ses entrailles).
« Keep your eyes closed. I’m sure you can guess : Where are we ? » De ses cinq sens, l’ouïe avait toujours été la plus instinctive – il tendit l’oreille, caressée par des cuivres cent fois plus chaleureux que ceux d’un ensemble organisé ou de n’importe quel orchestre. Non, il y avait ici une improvisation caractéristique dans les vibrations du laiton dans l’air, et malgré son aveuglement volontaire, le musicien en vit les notes s’imprimer en l’air aussi précisément que s’il avait eu le regard sur la partition, délicats phosphènes crépitant à la lisière de ses paupières. Les accents gagnaient en goguenardise, et un sourire béat imprima ses lèvres avant même de songer à toutes les autres sensations qui auraient pu l’informer – nobody plays the trumpet like they do down south. « I’d recognize those beats anywhere in the world, and unless you’ve imported some new orleans’ trumpeters for me, I’d swear we’re in the French Quarter ». Son regard coula vers le visage d’Alice, sourit d’y voir une satisfaction toute enthousiaste de voir sa propre excitation – il avait passé quelques mois en Louisiane, et en gardait un excellent souvenir. La musique avait son âme propre, ici, méritait sa propre trame narrative et non d’être suspendue en l’air comme la vulgaire note de bas de page qu’on lui accordait trop souvent dans les ennuyeuses soirées de bals européens.
Devant la remarque ironique de la jeune femme, il fit non de la tête. Oh no, we’re wiping that knowing smirk of your face and turning it into a proper smile. « Merlin woman, let’s be excited and enthusiastic, shall we? » et l’auror la saisit par la taille pour la faire valser en l’air – tant pis si elle n’aurait pas voulu être saisie, tant pis pour sa taille qui invitait à le faire, il lui ferait volontiers remarquer qu’il réservait généralement le même traitement à des interlocuteurs plus grands (peut-être pas avec le même niveau de suggestion au fond du regard). « This is fantastic! Let’s taste everything and drink everything and listen to everything, and if you dare mock me because I won’t like it as spicy as you do, I will properly smack your arse and you’ll have to find a way to enjoy it » Posant son butin, Evan se redressa, jetant un oeil aux alentours, qu’il n’avait pas daigné correctement regarder, trop occupé à tendre l’oreille – la lumière à l’étage filtrait doucement à travers les planches du parquet, éclairant les nuages de poussière qu’il avait éveillés en soulevant la sorcière. « Right then, lass. You’re the captain, what shall we do first? What’s in your (m)alice bag? »
️ nightgaunt
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Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Mar 6 Avr 2021 - 16:55
Our personal mascarade
New Orleans ✧Samedi 20 février 2021. 19h
LookMake upmood
Elle avait guetté, peut être avec un chouilla d’appréhension, la réaction du grand sorcier qui avait tendu l’oreille avant même d’ouvrir les yeux ou de chercher à renifler le fond de l’air, pour deviner effectivement où ils se trouvaient. Elle savait qu’il connaissait les lieux, mais certainement pas de la même manière qu’elle, qui avait passé la moitié de ses vacances scolaires à courir à travers les rues mal pavées et les cimetières remplis d’esprits frappeurs (percussionnistes, surtout). Nola avait les fantômes qu’elle méritait, et Alice ne pouvait pas cacher bien longtemps son excitation de fouler la terre d’une partie de ses ancêtres, en cette très spéciale semaine du Carnaval. Encore moins quand se reflétait sur les lippes calédoniennes le même engouement presque enfantin. Il était content, tant mieux. Surtout que la destination n’était qu’une toute petite partie de la surprise qu’elle lui avait reservé, au final.
- I agree, and may I suggest to ...Aaaaaaah.
Ses pieds avaient quitté le sol poussiéreux et la voilà qui tournoyait en semi apesanteur, avec pour seule accroche la nuque du sorcier qui n’avait plus une once de fatigue dans les pupilles, rien d’autre que l’exaltation de la promesse de l’effervescence des sens, pour la nuit durant. Elle avait gloussé, un peu, laissant tomber son front contre le sien, et quelques frisotis chatouiller le visage du musicien.
- as if you were waiting for me to mock you for an excuse to touch my butt . Who are you trying to fool, hmmm ?
Elle se saisit de son gorceret du bout des doigts, puis l’autre main sur son visage lisse et haut, tapotant sa joue pour lui intimer de la refaire descendre. Le parquet protesta pour le principe, vieille dame capricieuse, et Alice lia ses doigts à ceux du sorcier en désignant la porte close au cadre bas.
- First of all, we need to get out of here.
Le grenier n’était pas franchement labyrinthique, espace de rangement optimisé au dessus de la grande salle du bar, et l’escalier, raide, qui en descendait les faisait apparaître presque directement derrière le comptoir, offrant à leur regard la vision réjouissante de l’établissement en fête : partout, les couleurs étaient criardes, les maquillages outranciers, et la cacophonie ambiante était étonnement mélodieuse, bien que par trop enthousiaste. La salle était bondée, surtout autour de l’estrade transformée en scène pour la soirée, où un trio de musiciens masqué se donnait à coeur joie pour faire danser touristes et habitués. Sans lâcher sa main, Alice amena Evan près de comptoir et, dans un sifflement de sa langue coincée contre ses dents, fit se retourner le barman, un petit homme d’une quarantaine d’années fardé de paillettes iridescentes, qui jouait les pasquins en battant outrageusement de ses faux cils en plumes jaunes qui voletaient jusqu’a ses oreilles, ou presque.
- Famine ! We were almost waiting for ya !
Jasper Dubois servit deux bières à un couple déjà bien entamé, avant de se rapprocher de sa cousine éloignée pour une accolade sans plus de cérémonie.
- Isn’t your Pestilence Brother here ? I know the two others are not really the party type,but for you two, we saw one, we know the other is not far away.
Alice sourit un peu plus, secouant négativement la tête.
-Not this year, plans have changed.. Evan, this is Jasper, one of my numerous cousin, kinda.. Jasper, here is Evan.
L’orléanais serra la main du calédonien d’une poigne franche et puissante, rendue un peu humide et collante par la boisson, et son sourire aussi direct que c’est propos.
- Welcome to Nola, Man. Enjoy your stay. Little one, Mama is with Ruby and Ivory, at the other pub, down the street, but don’t hurry, she’s busy now. First drinks on me.
Les répliques fusaient dans tous les sens, la plupart d’entre eux échappant probablement à Evan tant l’accent du cousin et ses propos tronqués avaient de quoi décontenancer. Alice attrapa les deux verres de Bourbon qui venaient de glisser sur le comptoir, en profitant pour grimper dessus, grappillant quelques centimètres de hauteur pour faire face au sorcier, les boissons dans les mains.
- Before you start yelling at me, yes, it’s Bourbon, no, it’s not refinate whisky, but it’s good and easy to drink.
Sourire, verres qui s’entrechoquent, et l’alcool qui tombe directement dans le fond du gosier de la demoiselle bien habituée. De ses pieds, elle avait crocheté sa taille à lui, au cas où vienne l’envie à une inconnue aux goûts sûrs d’approcher un peu trop près. Prudence était mère de sureté (Minemineminemine.). Elle se pencha un peu pour lui montrer la scène d’un mouvement de menton, son regard coulant des musiciens sur scène au sien, qui n’avait pas encore fait la moindre remarque sur leurs accoutrements respectifs. Quel scandale.
- The three of them are part of my family, not the Hangbé one, the others, just like, almost every folk who’ll talk to us tonight. We are not really close, but they are all pretty nice and chill, and since they are not really interested in the wedding and alliance stuffs, they won’t bother you about it. So … Cheers ? To our febuary mandatory date night ?
Pichenette sur le nez dans trois, deux, un ...
LookMake upmood
Elle avait guetté, peut être avec un chouilla d’appréhension, la réaction du grand sorcier qui avait tendu l’oreille avant même d’ouvrir les yeux ou de chercher à renifler le fond de l’air, pour deviner effectivement où ils se trouvaient. Elle savait qu’il connaissait les lieux, mais certainement pas de la même manière qu’elle, qui avait passé la moitié de ses vacances scolaires à courir à travers les rues mal pavées et les cimetières remplis d’esprits frappeurs (percussionnistes, surtout). Nola avait les fantômes qu’elle méritait, et Alice ne pouvait pas cacher bien longtemps son excitation de fouler la terre d’une partie de ses ancêtres, en cette très spéciale semaine du Carnaval. Encore moins quand se reflétait sur les lippes calédoniennes le même engouement presque enfantin. Il était content, tant mieux. Surtout que la destination n’était qu’une toute petite partie de la surprise qu’elle lui avait reservé, au final.
- I agree, and may I suggest to ...Aaaaaaah.
Ses pieds avaient quitté le sol poussiéreux et la voilà qui tournoyait en semi apesanteur, avec pour seule accroche la nuque du sorcier qui n’avait plus une once de fatigue dans les pupilles, rien d’autre que l’exaltation de la promesse de l’effervescence des sens, pour la nuit durant. Elle avait gloussé, un peu, laissant tomber son front contre le sien, et quelques frisotis chatouiller le visage du musicien.
- as if you were waiting for me to mock you for an excuse to touch my butt . Who are you trying to fool, hmmm ?
Elle se saisit de son gorceret du bout des doigts, puis l’autre main sur son visage lisse et haut, tapotant sa joue pour lui intimer de la refaire descendre. Le parquet protesta pour le principe, vieille dame capricieuse, et Alice lia ses doigts à ceux du sorcier en désignant la porte close au cadre bas.
- First of all, we need to get out of here.
Le grenier n’était pas franchement labyrinthique, espace de rangement optimisé au dessus de la grande salle du bar, et l’escalier, raide, qui en descendait les faisait apparaître presque directement derrière le comptoir, offrant à leur regard la vision réjouissante de l’établissement en fête : partout, les couleurs étaient criardes, les maquillages outranciers, et la cacophonie ambiante était étonnement mélodieuse, bien que par trop enthousiaste. La salle était bondée, surtout autour de l’estrade transformée en scène pour la soirée, où un trio de musiciens masqué se donnait à coeur joie pour faire danser touristes et habitués. Sans lâcher sa main, Alice amena Evan près de comptoir et, dans un sifflement de sa langue coincée contre ses dents, fit se retourner le barman, un petit homme d’une quarantaine d’années fardé de paillettes iridescentes, qui jouait les pasquins en battant outrageusement de ses faux cils en plumes jaunes qui voletaient jusqu’a ses oreilles, ou presque.
- Famine ! We were almost waiting for ya !
Jasper Dubois servit deux bières à un couple déjà bien entamé, avant de se rapprocher de sa cousine éloignée pour une accolade sans plus de cérémonie.
- Isn’t your Pestilence Brother here ? I know the two others are not really the party type,but for you two, we saw one, we know the other is not far away.
Alice sourit un peu plus, secouant négativement la tête.
-Not this year, plans have changed.. Evan, this is Jasper, one of my numerous cousin, kinda.. Jasper, here is Evan.
L’orléanais serra la main du calédonien d’une poigne franche et puissante, rendue un peu humide et collante par la boisson, et son sourire aussi direct que c’est propos.
- Welcome to Nola, Man. Enjoy your stay. Little one, Mama is with Ruby and Ivory, at the other pub, down the street, but don’t hurry, she’s busy now. First drinks on me.
Les répliques fusaient dans tous les sens, la plupart d’entre eux échappant probablement à Evan tant l’accent du cousin et ses propos tronqués avaient de quoi décontenancer. Alice attrapa les deux verres de Bourbon qui venaient de glisser sur le comptoir, en profitant pour grimper dessus, grappillant quelques centimètres de hauteur pour faire face au sorcier, les boissons dans les mains.
- Before you start yelling at me, yes, it’s Bourbon, no, it’s not refinate whisky, but it’s good and easy to drink.
Sourire, verres qui s’entrechoquent, et l’alcool qui tombe directement dans le fond du gosier de la demoiselle bien habituée. De ses pieds, elle avait crocheté sa taille à lui, au cas où vienne l’envie à une inconnue aux goûts sûrs d’approcher un peu trop près. Prudence était mère de sureté (Minemineminemine.). Elle se pencha un peu pour lui montrer la scène d’un mouvement de menton, son regard coulant des musiciens sur scène au sien, qui n’avait pas encore fait la moindre remarque sur leurs accoutrements respectifs. Quel scandale.
- The three of them are part of my family, not the Hangbé one, the others, just like, almost every folk who’ll talk to us tonight. We are not really close, but they are all pretty nice and chill, and since they are not really interested in the wedding and alliance stuffs, they won’t bother you about it. So … Cheers ? To our febuary mandatory date night ?
Pichenette sur le nez dans trois, deux, un ...
️ nightgaunt
- InvitéInvité
Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Dim 2 Mai 2021 - 16:17
Our personal mascarade
Nola ✧Samedi 20 février 2021. 19h
L’ouïe pleine des résonnances cuivrées qui semblaient émaner du simulacre de plancher qui les séparait du rez-de-chaussée, Evan fit tournoyer la grymm en l’air, exclamant son enthousiasme avec un éclat que quelques amis auraient reconnu par-dessus tout – des échos vacanciers qui se réverbéraient le long de versions plus jeunes du Calédonien, prêt à accompagner (et généralement instiguer) tout mauvais coup ou excellent plan. Laissant Alice prendre les rênes de leur aventure, il suivit la jeune femme, qui traça un sillage visible dans la poussière régnant en maître au cœur du grenier, manquant de s’éborgner sur un plafond trop bas lorsqu’ils atteignirent l’escalier digne d’un attrape-nigaud pour clientèle trop avinée pour en gravir les marches.
Une mine d’enfant réjoui se peignit sur le visage d’Evan lorsqu’il avisa le bassin de clients bigarrés. Partout, la foule respirait la provocation visuelle, de ce qui choquait l’œil pour le plaisir de le faire, et son cœur fut saisi d’une liesse telle qu’il éclata d’un rire traversé de plaisir – car en ces lieux, malgré son grain de peau qui tranchait avec la plupart des clients, il eut l’impression de se reconnaître. Une part rebelle de sa nature qui avait toujours eu envie de provoquer le regard de son Écosse natale et de la classique (ennuyeuse) Autriche qui avait vu naître sa mère. Aux tons de terre et de collines verdoyantes qu’affectionnaient les héritiers d’Albion, le Calédonien opposait un amour sincère des tons bigarrés, de ce qui émoustillait le regard autant qu’il le heurtait. Au mardi gras éternel qui valsait au sein de son âme éclatante, il ne savait que faire face à celui qu’on lui présentait, exalté comme un jeunot à qui il faudrait mettre une pichenette sur le nez pour qu’il se concentre à nouveau.
Parvenus au comptoir, Evan avisa d’un air ravi la tenue outrancière de l’homme qu’Alice lui présenta comme son cousin, et assista à leurs échanges rapides. Les questions se précipitaient dans son crâne, car si l’Écossais reconnaissait quelques bribes de cajun qu’il avait su apprendre lors de son passage au cœur des anciennes terres colonisées par l’empire moldu français, il était bien loin d’être un expert. Le Calédonien se contenta donc des vibrations dans les voix, dans lesquelles languissaient un brin de nonchalance et de chaleur – l’épitome de ses souvenirs de la Nouvelle-Orléans. La poitrine étreinte d’un plaisir quasi-enfantin, Evan tenait à peine en place, pétri de l’envie de courir partout, de s’emplir les yeux des couleurs éblouissantes du carnaval qu’il n’avait jamais eu l’occasion de fêter, de tout manger, de s’enivrer les oreilles jusqu’à plus soif et de se repaître de la chaleur d’Alice une fois leurs autres sens assouvis.
Le verre que lui tendit la sorcière eut le mérite de l’ancrer dans le présent – pour l’instant. Peut-être la vipérine Américaine reconnaîtrait-elle quelques accents d’une nuit ibérique dans sa façon de redresser l’échine, enthousiasmé par tout et impatient de découvrir la prochaine aventure qui l’attendait. Qui les attendait, eux deux, car il n’avait pas particulièrement d’expérience en matière de voyages conjugaux, le Calédonien. L’idée de partager une escapade teintée de rires enivrés et de musique qui donnait envie de danser avait fait naitre une profonde liesse dans son estomac, et il se sentait à peine capable d’attendre d’avoir bu le bourbon (sacrilège) que lui proposait sa fiancée. La taille hameçonnée par les gambettes possessives d’Alice, Evan adressa un sourire amusé à la sorcière, moquerie imprimée dans le regard – et pourtant, n’entoure-t-il pas sa taille de son bras libre pour mieux trinquer ?
Evan rit à l’idée de leurs rendez-vous obligatoires, rencontres contractuellement établies depuis un duel de mai au cours duquel ils avaient établi des clauses plus qu’agaçantes. Si ce synallagmatisme avait d’abord plus qu’agacé le futur auror, leurs rencards bimensuels avaient subi plus d’un sort de multiplication – mais il y avait quelque chose de plaisant à cette prévisibilité que leurs caprices pouvaient à loisir gémeller. « Cheers,love lass », la salua le Calédonien, avant de glisser un regard curieux vers le barman cousin d’Alice. « Dubois, right? I’m curious to meet them. » Evan avait serré la main de l’Orléanais avec un plaisir franc, enchanté de rencontrer un membre de la famille de sa promise qui ne semblait pas vouloir l’envahir (ou était-ce simplement parce qu’il ne portait pas son nom que cette mesure de bonne foi lui avait été accordée?). Son regard clair suivit les mouvements de Jasper, qui s’affairait plus loin derrière le comptoir, et lui crédita une nature affable qu’on imprimait à la majorité des tenanciers de bar passablement sympathiques, car ils pouvaient se montrer extraordinairement versatiles.
Libérant la taille de l’amphisbène, Evan demeura toutefois heureux prisonnier de la geôle de ses cuisses possessives, mais c’est que la demeure était assez agréable pour ne jamais chercher à en obtenir la clef (à défaut d’être tenté par la serrure). « Which side of your family do you feel closer to? And how many cousins do you have? Do they all live here? », demanda-t-il, son enthousiasme se reverberant dans la salve de questions qu’il dirigeait vers Alice. « Also please tell me whoever we’re seeing next will feed us, or else I’ll swallow you whole and we’ll miss the carnival » dans son regard goguenard, il n’y avait qu’une moitié de proposition – on ne saurait affirmer que le couple ne s’occupait qu’en matière charnelle (mais on n’aurait su éviter de leur accorder leur dû, et s’il y avait médaille à gagner, Merlin savait qu’ils avaient des tempéraments de champions conquérants).
L’ouïe pleine des résonnances cuivrées qui semblaient émaner du simulacre de plancher qui les séparait du rez-de-chaussée, Evan fit tournoyer la grymm en l’air, exclamant son enthousiasme avec un éclat que quelques amis auraient reconnu par-dessus tout – des échos vacanciers qui se réverbéraient le long de versions plus jeunes du Calédonien, prêt à accompagner (et généralement instiguer) tout mauvais coup ou excellent plan. Laissant Alice prendre les rênes de leur aventure, il suivit la jeune femme, qui traça un sillage visible dans la poussière régnant en maître au cœur du grenier, manquant de s’éborgner sur un plafond trop bas lorsqu’ils atteignirent l’escalier digne d’un attrape-nigaud pour clientèle trop avinée pour en gravir les marches.
Une mine d’enfant réjoui se peignit sur le visage d’Evan lorsqu’il avisa le bassin de clients bigarrés. Partout, la foule respirait la provocation visuelle, de ce qui choquait l’œil pour le plaisir de le faire, et son cœur fut saisi d’une liesse telle qu’il éclata d’un rire traversé de plaisir – car en ces lieux, malgré son grain de peau qui tranchait avec la plupart des clients, il eut l’impression de se reconnaître. Une part rebelle de sa nature qui avait toujours eu envie de provoquer le regard de son Écosse natale et de la classique (ennuyeuse) Autriche qui avait vu naître sa mère. Aux tons de terre et de collines verdoyantes qu’affectionnaient les héritiers d’Albion, le Calédonien opposait un amour sincère des tons bigarrés, de ce qui émoustillait le regard autant qu’il le heurtait. Au mardi gras éternel qui valsait au sein de son âme éclatante, il ne savait que faire face à celui qu’on lui présentait, exalté comme un jeunot à qui il faudrait mettre une pichenette sur le nez pour qu’il se concentre à nouveau.
Parvenus au comptoir, Evan avisa d’un air ravi la tenue outrancière de l’homme qu’Alice lui présenta comme son cousin, et assista à leurs échanges rapides. Les questions se précipitaient dans son crâne, car si l’Écossais reconnaissait quelques bribes de cajun qu’il avait su apprendre lors de son passage au cœur des anciennes terres colonisées par l’empire moldu français, il était bien loin d’être un expert. Le Calédonien se contenta donc des vibrations dans les voix, dans lesquelles languissaient un brin de nonchalance et de chaleur – l’épitome de ses souvenirs de la Nouvelle-Orléans. La poitrine étreinte d’un plaisir quasi-enfantin, Evan tenait à peine en place, pétri de l’envie de courir partout, de s’emplir les yeux des couleurs éblouissantes du carnaval qu’il n’avait jamais eu l’occasion de fêter, de tout manger, de s’enivrer les oreilles jusqu’à plus soif et de se repaître de la chaleur d’Alice une fois leurs autres sens assouvis.
Le verre que lui tendit la sorcière eut le mérite de l’ancrer dans le présent – pour l’instant. Peut-être la vipérine Américaine reconnaîtrait-elle quelques accents d’une nuit ibérique dans sa façon de redresser l’échine, enthousiasmé par tout et impatient de découvrir la prochaine aventure qui l’attendait. Qui les attendait, eux deux, car il n’avait pas particulièrement d’expérience en matière de voyages conjugaux, le Calédonien. L’idée de partager une escapade teintée de rires enivrés et de musique qui donnait envie de danser avait fait naitre une profonde liesse dans son estomac, et il se sentait à peine capable d’attendre d’avoir bu le bourbon (sacrilège) que lui proposait sa fiancée. La taille hameçonnée par les gambettes possessives d’Alice, Evan adressa un sourire amusé à la sorcière, moquerie imprimée dans le regard – et pourtant, n’entoure-t-il pas sa taille de son bras libre pour mieux trinquer ?
Evan rit à l’idée de leurs rendez-vous obligatoires, rencontres contractuellement établies depuis un duel de mai au cours duquel ils avaient établi des clauses plus qu’agaçantes. Si ce synallagmatisme avait d’abord plus qu’agacé le futur auror, leurs rencards bimensuels avaient subi plus d’un sort de multiplication – mais il y avait quelque chose de plaisant à cette prévisibilité que leurs caprices pouvaient à loisir gémeller. « Cheers,
Libérant la taille de l’amphisbène, Evan demeura toutefois heureux prisonnier de la geôle de ses cuisses possessives, mais c’est que la demeure était assez agréable pour ne jamais chercher à en obtenir la clef (à défaut d’être tenté par la serrure). « Which side of your family do you feel closer to? And how many cousins do you have? Do they all live here? », demanda-t-il, son enthousiasme se reverberant dans la salve de questions qu’il dirigeait vers Alice. « Also please tell me whoever we’re seeing next will feed us, or else I’ll swallow you whole and we’ll miss the carnival » dans son regard goguenard, il n’y avait qu’une moitié de proposition – on ne saurait affirmer que le couple ne s’occupait qu’en matière charnelle (mais on n’aurait su éviter de leur accorder leur dû, et s’il y avait médaille à gagner, Merlin savait qu’ils avaient des tempéraments de champions conquérants).
️ nightgaunt
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Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Lun 3 Mai 2021 - 17:23
Our personal mascarade
New Orleans ✧Samedi 20 février 2021. 19h
LookMake upmood
Autour d’eux, ça parlait avec presque tout sauf des mots : Il y avait des regards plus éloquents que les meilleurs tribuns, il y avait des caresses menteuses, des coups de talons sur le sol menaçants, des airs de musiques qui racontaient des histoires en ballade ou cavalcade pour mieux accompagner les danses chaloupées et les déhanchements faussement naïfs, invitation à la fantaisie et à l’audace. Aucun doute qu’il s’agissait là d’un langage international, véritable verbiage de Babylone où les masques étaient autant de visages et de personnalités que l’on se prêtait pour la nuit, il suffisait de tendre l’oreille et le coeur, de laisser les sons vibrer contre son tympan, myocarde vibrant entre marteau et enclume. La native n’avait pas eu à se soucier un seul instant de savoir si son grand acolyte trouverait ses marques dans ce maelström joyeusement chaotique : Il n’y aurait certainement pas d’autres lieux que celui ci qui pourraient le faire se sentir plus à son aise, elle en était intimement persuadée (Welcome home).
Elle s’était installée confortablement sur le zinc de ce bar qui avait vu plus souvent ses pieds aux chevilles nues faire reluire le bois mat que n’importe quels autres, la faute à ces étés dantesques où le sommeil se faisait porter pâle jusqu’au petit jour. Danser sur les tables, avec ses cousins, ses cousines, son frère ou encore de parfaits inconnus, les mains lancées vers le ciel pour invoquer les esprits les plus malicieux, elle faisait une orléanaise plus vraie que nature, elle qui battait d’ordinaire le pavé de l’Upper East Side. Son verre d’alcool fort entre les doigts qu’elle avait chargé de verroteries clinquantes, comment autant d’écailles de dorures et de pierres précieuses, elle laissait Evan se gaver de l’ambiance fiévreuse et festive, un sourire sincère en écoinçon tendre sur les lèvres. Tiré d’un sommeil léger, il semblait se gorger déjà de l’énergie confuse et éclatante de la ville, de la fête, de ce bouiboui familial où tout le monde se connaissait et prétendait le contraire, juste pour rire. Elle répondit à son regard moqueur par une oeillade bravache : qu’il ose donc se plaindre tiens, il serait bien reçu. Ils trinquèrent, le bruit des verres qui se percutent littéralement engloutis par mille autres, et elle plonge le nez dans la boisson aux effluves de madeleine de Proust. Elle doit tendre l’oreille pour entendre ses questions, les saisir à la volée et replacer les mots dans l’ordre pour en sentir l’essence. Fort heureusement le rapprochement entre eux ne provoquait plus le moindre malaise, dès lors qu’elle devait frôler son visage du sien pour lui répondre sans se mettre à hurler.
- I spent more time with my Hangbé’s cousins, for pretty obvious reasons (for her, not for him, yet), but I cherish all my memories with the Dubois. I really can’t tell you, they are a whole diaspora over here… My mother has two sisters, my aunts Agath and Amber, and a brother, Beryl. They both lived in town, with my grand mother and most of my cousins. Some of them moved in other states, but hey, it’s pretty common for such a big family…
Trois sœurs pour un frère, à l’opposer de sa propre génération, sa mère y avait toujours vu un signe, son père une simple coincidence. Sa Grand-Mère, elle, avait encore un avis divergent. Alice se redressa un peu alors qu’il réclamait pitance, et cette avidité-là ne souffrirait d’aucune patience, bien trop exalté pour se voir imposer immobilisme ou sérieux superflu.
- Fiiiine.
Complainte fantôche, l’américaine vida son verre avant de glisser de son perchoir entre les jambes de son invité, pliant l’index pour l’amener à la suivre dans la foule compacte des corps. L’endroit n’était pas bien grand, et pourtant la nuée noctambule se pressait contre eux, et Alice se devait de s’arrêter, parfois, pour embrasser l’une, étreindre l’autre, les approches se faisant tactiles et impudiques, sans concupiscence, mais tout de même, loin des salutations trop fraiches pour être véritablement cordiales de la Perfide Albion. Elle s’était d’ailleurs excusée d’un baiser soufflé auprès du chanteur qui lui fit les gros yeux de la scène, promesse tacite de revenir donner de la voix plus tard, ce soir, demain, qu’importait : promesse serait tenue. Elle reviendrait.
- Don’t take your eyes off of me, the crowd is pretty wild and thirsty for poor infortunate souls like yours, tonight.
Elle ne plaisantait qu’à moitié, bien que plus contrariée à l’idée de le voir se faire emporter par un groupe de demoiselles que l’éthanol rendrait trop hardies qu’importuné par un véritable esprit frappeur. Heureusement pour elle, il n’était pas bien dur de la repérer dans la masse grouillante, malgré tout, avec sa tenue si blanche et sa peau dorée par les paillettes et le reflet des flammes sur l’épiderme luisant. Elle esquivait les mouvements de la marée humaine comme en prescience, passant d’un pied à l’autre avec une agilité toute saurienne. Dans les rues, de la musique, partout, des percussions à ne plus savoir qu’en faire, des lumières crues ou diffuses qui projetaient des ombres sur le goudron comme sur les murs éclaboussés de couleurs comme autant de peintures primitives. Alice avait relevé le nez à un embranchement de rue, avant de prendre un chemin de traverse, par la gauche. Elle avait entrainé le grand sorcier à sa suite par le passant de son pantalon (certaines habitudes restent). Le bruit un peu étouffé par l’étroitesse du couloir, malgré le monde toujours bien présent, elle les fit se faufiler jusqu’à un vendeur devant son étal mobile, qui exhalait les odeurs de gras et de sucre. L’homme qui servait là les beignets enveloppés dans des cônes de papier journal rendus translucides par le gras les gratifia d’un regard brillant, sans verbaliser l’origine de son amusement manifeste. Alice lui commanda deux cônes, il caressa son poignet de son pouce abîmé en lui murmurant quelque chose à l’oreille. Elles les attendaient, paraît-il. Il s’agissait de ne pas trop tarder. L’Hangbé avait acquiescé et, avant qu’Evan ne puisse lui demander quoi que ce soit, les avait faits transplaner dans un Crac sec jusqu’au sommet de l’une des bâtisses aux toits de tuiles bleutées et balcons ajourés.
- It’s pretty convenient to be able to do magic, without caution. People are either too drunk too be carefull or already confortable with the « Unfathomable ». And These, my good sir, are the greatest beignets of Nola, because is too greasy, too sugary, and a bit dirty, therefore, absolutly perfect.
Elle faillit rajouter que même Sebastian avait concédé à l’homme édenté la maestria ultime de cette recette, mais se reprit juste à temps. Sous leurs pieds, à quelques mètres, la fête battait toujours son plein, insouciante et vorace, les badauds se bousculant entre eux en riant, les aigrefins soulageant les portes monnaies en baisant les cous et agitant leurs éventails de plumes. Le coeur gonflé, elle attrapa une première patisserie et mordit dedans à pleines dents. Perfection.
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Autour d’eux, ça parlait avec presque tout sauf des mots : Il y avait des regards plus éloquents que les meilleurs tribuns, il y avait des caresses menteuses, des coups de talons sur le sol menaçants, des airs de musiques qui racontaient des histoires en ballade ou cavalcade pour mieux accompagner les danses chaloupées et les déhanchements faussement naïfs, invitation à la fantaisie et à l’audace. Aucun doute qu’il s’agissait là d’un langage international, véritable verbiage de Babylone où les masques étaient autant de visages et de personnalités que l’on se prêtait pour la nuit, il suffisait de tendre l’oreille et le coeur, de laisser les sons vibrer contre son tympan, myocarde vibrant entre marteau et enclume. La native n’avait pas eu à se soucier un seul instant de savoir si son grand acolyte trouverait ses marques dans ce maelström joyeusement chaotique : Il n’y aurait certainement pas d’autres lieux que celui ci qui pourraient le faire se sentir plus à son aise, elle en était intimement persuadée (Welcome home).
Elle s’était installée confortablement sur le zinc de ce bar qui avait vu plus souvent ses pieds aux chevilles nues faire reluire le bois mat que n’importe quels autres, la faute à ces étés dantesques où le sommeil se faisait porter pâle jusqu’au petit jour. Danser sur les tables, avec ses cousins, ses cousines, son frère ou encore de parfaits inconnus, les mains lancées vers le ciel pour invoquer les esprits les plus malicieux, elle faisait une orléanaise plus vraie que nature, elle qui battait d’ordinaire le pavé de l’Upper East Side. Son verre d’alcool fort entre les doigts qu’elle avait chargé de verroteries clinquantes, comment autant d’écailles de dorures et de pierres précieuses, elle laissait Evan se gaver de l’ambiance fiévreuse et festive, un sourire sincère en écoinçon tendre sur les lèvres. Tiré d’un sommeil léger, il semblait se gorger déjà de l’énergie confuse et éclatante de la ville, de la fête, de ce bouiboui familial où tout le monde se connaissait et prétendait le contraire, juste pour rire. Elle répondit à son regard moqueur par une oeillade bravache : qu’il ose donc se plaindre tiens, il serait bien reçu. Ils trinquèrent, le bruit des verres qui se percutent littéralement engloutis par mille autres, et elle plonge le nez dans la boisson aux effluves de madeleine de Proust. Elle doit tendre l’oreille pour entendre ses questions, les saisir à la volée et replacer les mots dans l’ordre pour en sentir l’essence. Fort heureusement le rapprochement entre eux ne provoquait plus le moindre malaise, dès lors qu’elle devait frôler son visage du sien pour lui répondre sans se mettre à hurler.
- I spent more time with my Hangbé’s cousins, for pretty obvious reasons (for her, not for him, yet), but I cherish all my memories with the Dubois. I really can’t tell you, they are a whole diaspora over here… My mother has two sisters, my aunts Agath and Amber, and a brother, Beryl. They both lived in town, with my grand mother and most of my cousins. Some of them moved in other states, but hey, it’s pretty common for such a big family…
Trois sœurs pour un frère, à l’opposer de sa propre génération, sa mère y avait toujours vu un signe, son père une simple coincidence. Sa Grand-Mère, elle, avait encore un avis divergent. Alice se redressa un peu alors qu’il réclamait pitance, et cette avidité-là ne souffrirait d’aucune patience, bien trop exalté pour se voir imposer immobilisme ou sérieux superflu.
- Fiiiine.
Complainte fantôche, l’américaine vida son verre avant de glisser de son perchoir entre les jambes de son invité, pliant l’index pour l’amener à la suivre dans la foule compacte des corps. L’endroit n’était pas bien grand, et pourtant la nuée noctambule se pressait contre eux, et Alice se devait de s’arrêter, parfois, pour embrasser l’une, étreindre l’autre, les approches se faisant tactiles et impudiques, sans concupiscence, mais tout de même, loin des salutations trop fraiches pour être véritablement cordiales de la Perfide Albion. Elle s’était d’ailleurs excusée d’un baiser soufflé auprès du chanteur qui lui fit les gros yeux de la scène, promesse tacite de revenir donner de la voix plus tard, ce soir, demain, qu’importait : promesse serait tenue. Elle reviendrait.
- Don’t take your eyes off of me, the crowd is pretty wild and thirsty for poor infortunate souls like yours, tonight.
Elle ne plaisantait qu’à moitié, bien que plus contrariée à l’idée de le voir se faire emporter par un groupe de demoiselles que l’éthanol rendrait trop hardies qu’importuné par un véritable esprit frappeur. Heureusement pour elle, il n’était pas bien dur de la repérer dans la masse grouillante, malgré tout, avec sa tenue si blanche et sa peau dorée par les paillettes et le reflet des flammes sur l’épiderme luisant. Elle esquivait les mouvements de la marée humaine comme en prescience, passant d’un pied à l’autre avec une agilité toute saurienne. Dans les rues, de la musique, partout, des percussions à ne plus savoir qu’en faire, des lumières crues ou diffuses qui projetaient des ombres sur le goudron comme sur les murs éclaboussés de couleurs comme autant de peintures primitives. Alice avait relevé le nez à un embranchement de rue, avant de prendre un chemin de traverse, par la gauche. Elle avait entrainé le grand sorcier à sa suite par le passant de son pantalon (certaines habitudes restent). Le bruit un peu étouffé par l’étroitesse du couloir, malgré le monde toujours bien présent, elle les fit se faufiler jusqu’à un vendeur devant son étal mobile, qui exhalait les odeurs de gras et de sucre. L’homme qui servait là les beignets enveloppés dans des cônes de papier journal rendus translucides par le gras les gratifia d’un regard brillant, sans verbaliser l’origine de son amusement manifeste. Alice lui commanda deux cônes, il caressa son poignet de son pouce abîmé en lui murmurant quelque chose à l’oreille. Elles les attendaient, paraît-il. Il s’agissait de ne pas trop tarder. L’Hangbé avait acquiescé et, avant qu’Evan ne puisse lui demander quoi que ce soit, les avait faits transplaner dans un Crac sec jusqu’au sommet de l’une des bâtisses aux toits de tuiles bleutées et balcons ajourés.
- It’s pretty convenient to be able to do magic, without caution. People are either too drunk too be carefull or already confortable with the « Unfathomable ». And These, my good sir, are the greatest beignets of Nola, because is too greasy, too sugary, and a bit dirty, therefore, absolutly perfect.
Elle faillit rajouter que même Sebastian avait concédé à l’homme édenté la maestria ultime de cette recette, mais se reprit juste à temps. Sous leurs pieds, à quelques mètres, la fête battait toujours son plein, insouciante et vorace, les badauds se bousculant entre eux en riant, les aigrefins soulageant les portes monnaies en baisant les cous et agitant leurs éventails de plumes. Le coeur gonflé, elle attrapa une première patisserie et mordit dedans à pleines dents. Perfection.
️ nightgaunt
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Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Sam 22 Mai 2021 - 0:01
Our personal mascarade
Nola ✧Samedi 20 février 2021. 19h
For pretty obvious reasons. Le Calédonien n’avait pas toutes les clefs du dialogue, mais l’une d’entre elles, certainement : les femmes de sang pur se perdaient souvent dans leurs familles d’accueil. Liese avait connu le même sort, bien que vers les quinze ans d’Evan, la germanique lui ait révélé avoir été plus qu’heureuse d’échapper aux membres les plus essentialistes de sa famille. Dans l’espace abreuvé des sources du Rhin, les Hess avaient été d’habiles servants de la cause suprémaciste, maniant les sortilèges d’imperium au service de la hiérarchie du sang sorcier. Evan ne perçut rien d’autre dans la remarque de sa fiancée que le commentaire normal d’une femme de sang pur consciente des dynamiques de leur univers – que les familles des mariées se voyaient généralement reléguées au second plan, perdant certes une fille mais gagnant une assise, un recoin de pouvoir ou une alliance avec un autre clan. Ces contrats étaient bien plus stables que les ententes idéologiques ou commerciales, d’ailleurs – si les héritiers étaient un tant soit peu appréciés par leurs géniteurs. Autrement, ils devenaient d’inutiles otages.
Evan s’abreuvait des paroles d’Alice, l’œil brillant de la concentration posé sur les traits de sa fiancée avec force pour tenter d’ignorer la surcharge sensorielle qui le guettait. Ici, nul besoin de neurodivergence pour se distraire : il y avait tout pour envahir les sens, en commençant par les voix qui s’emmêlaient aux sons chauds des cuivres. Les trompettes se faisaient grelottantes, presque, comme l’accent perdu d’une ancienne soprano dont l’amplitude vocale aurait été taxée par les années. Le tintement des objets divers tenait lieu de percussions là où le batteur sur scène faisait un travail admirable de ponctuer la musique de ses cymbales et caisse claire – en guise de second rythme, les verres qui s’entrechoquaient entre eux, sur les comptoirs, un fracassé au sol par une main baladeuse ayant provoqué un sursaut. Partout, un royal capharnaüm pour l’oreille, et les yeux se régalaient eux aussi du spectacle : un maelstrom de couleurs encombrait le regard. En cela, son Américaine faisait office d’une curieuse apparition, rare silhouette blanche (aime-dé-air) parmi l’assemblée bigarrée. Et si le duelliste aurait aimé pouvoir dire qu’il ne voyait qu’elle, il n’était pas à ce point smooth talker – ou si, il l’était bien, mais savait l’affirmation trop tirée par les cheveux pour que la saurienne s’y méprenne. (wise smooth talker.)
En guise de dernier affront aux sens, les senteurs de friture de l’extérieur se glissaient jusqu’à eux, mêlées au sucre des cocktails tropicaux qu’affectionnaient visiblement plusieurs client.es de l’endroit. « Fiiiine. » Le bretteur se redressa, sa haute carcasse dépassant de plusieurs centimètres le client moyen de l’endroit, et il suivit l’Américaine alors qu’elle se faufilait entre les corps, ponctuant certains d’une accolade alors que d’autres n’avaient droit qu’à un rôle de figurant en guise d’obstacle temporaire à leur quête d’encas. « Don’t take your eyes off of me, the crowd is pretty wild and thirsty for poor infortunate souls like yours, tonight. » Evan rit de bon coeur, le passant du pantalon tiré par la petite silhouette devant lui, ponctuant son amusement d’un léger « lass do you think this is my first rodeo? »
Si le Calédonien avait cru avoir droit à un instant de répit dehors, ses espoirs auraient été rapidement déçus – mais le cadet des Wakefield aimait le bruit, et n’avait jamais dédaigné un peu de chaos (surtout lorsqu’il en était lui-même la cause). Rapidement, il retrouva la démarche qu’il avait adoptée lors de son emploi dans un pub londonien, des années auparavant : on apprenait à naviguer entre corps et objets sans arrière-pensée. Une habileté particulière était requise pour bouger les membres au bon endroit. Tantôt, le torse se faisait accent aigu pour mieux esquiver une main lancée trop vite par un fêtard, et d’autres il fallait enjamber un corps mort (une bouteille, allons, dans quel genre d’endroit vous croyez-vous) pour ne pas trébucher et renverser son plateau rempli (sinon c’est pas drôle). Il la suivit, entre tournants acérés d’une habituée aux raccourcis et à éviter les plus grands bras du fleuve de la foule.
Curieux de tout, comme s’il découvrait la ville pour la première fois alors qu’il y avait passé plusieurs semaines, Evan ouvrit la bouche pour demander au vendeur de rue quelque information sur ses beignets avant qu’Alice ne s’emparât de son poignet pour mieux les faire transplaner. Surpris par l’attitude cavalière de la jeune femme vis-à-vis du secret magique, il lui adressa un sourcil inquisiteur. « Fine, I won’t say anything – because you really are very pretty in those clothes and you’re feeding me. Your two best qualities, after the five others I wouldn’t dare name just yet. » Sans plus de cérémonie, il entama le beignet, le gras se mêlant au sucre entêtant et valsant dans sa bouche alors qu’il émettait une complainte étouffée de satisfaction. « Saints, I could marry you right here and now. Or maybe I should marry that vendor, this is too good to be true ». Ses mains maculées de l’huile de la friteuse fouillaient avec gourmandise dans le cône tâché de graisse doucereuse, sans aucune patience ni sens de la mesure. Il n’était pas ainsi, le Calédonien, et s’il savait être patient (parfois) ((rarement)) lorsqu’il le fallait, sa nature profonde était celle de quelqu’un qui s’enthousiasmait pour un rien et se précipitait sur tout. Portant sans vergogne ses doigts à sa bouche (ça, ou s’essuyer sur ses pantalons, et la demoiselle n’apprécierait certainement pas qu’il gâche l’ensemble qu’elle lui avait prévu), son regard se porta sur la ville. « It’s like a tentacular beast swallowed the Pokeby’s entire technicolor collection », s’émerveilla le futur auror. « So now that one of my pressing needs has been filled, what do you have planned? Any more visits to make before we dance our feet to stumps? »
For pretty obvious reasons. Le Calédonien n’avait pas toutes les clefs du dialogue, mais l’une d’entre elles, certainement : les femmes de sang pur se perdaient souvent dans leurs familles d’accueil. Liese avait connu le même sort, bien que vers les quinze ans d’Evan, la germanique lui ait révélé avoir été plus qu’heureuse d’échapper aux membres les plus essentialistes de sa famille. Dans l’espace abreuvé des sources du Rhin, les Hess avaient été d’habiles servants de la cause suprémaciste, maniant les sortilèges d’imperium au service de la hiérarchie du sang sorcier. Evan ne perçut rien d’autre dans la remarque de sa fiancée que le commentaire normal d’une femme de sang pur consciente des dynamiques de leur univers – que les familles des mariées se voyaient généralement reléguées au second plan, perdant certes une fille mais gagnant une assise, un recoin de pouvoir ou une alliance avec un autre clan. Ces contrats étaient bien plus stables que les ententes idéologiques ou commerciales, d’ailleurs – si les héritiers étaient un tant soit peu appréciés par leurs géniteurs. Autrement, ils devenaient d’inutiles otages.
Evan s’abreuvait des paroles d’Alice, l’œil brillant de la concentration posé sur les traits de sa fiancée avec force pour tenter d’ignorer la surcharge sensorielle qui le guettait. Ici, nul besoin de neurodivergence pour se distraire : il y avait tout pour envahir les sens, en commençant par les voix qui s’emmêlaient aux sons chauds des cuivres. Les trompettes se faisaient grelottantes, presque, comme l’accent perdu d’une ancienne soprano dont l’amplitude vocale aurait été taxée par les années. Le tintement des objets divers tenait lieu de percussions là où le batteur sur scène faisait un travail admirable de ponctuer la musique de ses cymbales et caisse claire – en guise de second rythme, les verres qui s’entrechoquaient entre eux, sur les comptoirs, un fracassé au sol par une main baladeuse ayant provoqué un sursaut. Partout, un royal capharnaüm pour l’oreille, et les yeux se régalaient eux aussi du spectacle : un maelstrom de couleurs encombrait le regard. En cela, son Américaine faisait office d’une curieuse apparition, rare silhouette blanche (aime-dé-air) parmi l’assemblée bigarrée. Et si le duelliste aurait aimé pouvoir dire qu’il ne voyait qu’elle, il n’était pas à ce point smooth talker – ou si, il l’était bien, mais savait l’affirmation trop tirée par les cheveux pour que la saurienne s’y méprenne. (wise smooth talker.)
En guise de dernier affront aux sens, les senteurs de friture de l’extérieur se glissaient jusqu’à eux, mêlées au sucre des cocktails tropicaux qu’affectionnaient visiblement plusieurs client.es de l’endroit. « Fiiiine. » Le bretteur se redressa, sa haute carcasse dépassant de plusieurs centimètres le client moyen de l’endroit, et il suivit l’Américaine alors qu’elle se faufilait entre les corps, ponctuant certains d’une accolade alors que d’autres n’avaient droit qu’à un rôle de figurant en guise d’obstacle temporaire à leur quête d’encas. « Don’t take your eyes off of me, the crowd is pretty wild and thirsty for poor infortunate souls like yours, tonight. » Evan rit de bon coeur, le passant du pantalon tiré par la petite silhouette devant lui, ponctuant son amusement d’un léger « lass do you think this is my first rodeo? »
Si le Calédonien avait cru avoir droit à un instant de répit dehors, ses espoirs auraient été rapidement déçus – mais le cadet des Wakefield aimait le bruit, et n’avait jamais dédaigné un peu de chaos (surtout lorsqu’il en était lui-même la cause). Rapidement, il retrouva la démarche qu’il avait adoptée lors de son emploi dans un pub londonien, des années auparavant : on apprenait à naviguer entre corps et objets sans arrière-pensée. Une habileté particulière était requise pour bouger les membres au bon endroit. Tantôt, le torse se faisait accent aigu pour mieux esquiver une main lancée trop vite par un fêtard, et d’autres il fallait enjamber un corps mort (une bouteille, allons, dans quel genre d’endroit vous croyez-vous) pour ne pas trébucher et renverser son plateau rempli (sinon c’est pas drôle). Il la suivit, entre tournants acérés d’une habituée aux raccourcis et à éviter les plus grands bras du fleuve de la foule.
Curieux de tout, comme s’il découvrait la ville pour la première fois alors qu’il y avait passé plusieurs semaines, Evan ouvrit la bouche pour demander au vendeur de rue quelque information sur ses beignets avant qu’Alice ne s’emparât de son poignet pour mieux les faire transplaner. Surpris par l’attitude cavalière de la jeune femme vis-à-vis du secret magique, il lui adressa un sourcil inquisiteur. « Fine, I won’t say anything – because you really are very pretty in those clothes and you’re feeding me. Your two best qualities, after the five others I wouldn’t dare name just yet. » Sans plus de cérémonie, il entama le beignet, le gras se mêlant au sucre entêtant et valsant dans sa bouche alors qu’il émettait une complainte étouffée de satisfaction. « Saints, I could marry you right here and now. Or maybe I should marry that vendor, this is too good to be true ». Ses mains maculées de l’huile de la friteuse fouillaient avec gourmandise dans le cône tâché de graisse doucereuse, sans aucune patience ni sens de la mesure. Il n’était pas ainsi, le Calédonien, et s’il savait être patient (parfois) ((rarement)) lorsqu’il le fallait, sa nature profonde était celle de quelqu’un qui s’enthousiasmait pour un rien et se précipitait sur tout. Portant sans vergogne ses doigts à sa bouche (ça, ou s’essuyer sur ses pantalons, et la demoiselle n’apprécierait certainement pas qu’il gâche l’ensemble qu’elle lui avait prévu), son regard se porta sur la ville. « It’s like a tentacular beast swallowed the Pokeby’s entire technicolor collection », s’émerveilla le futur auror. « So now that one of my pressing needs has been filled, what do you have planned? Any more visits to make before we dance our feet to stumps? »
️ nightgaunt
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Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Sam 22 Mai 2021 - 17:15
Our personal mascarade
New Orleans ✧Samedi 20 février 2021. 21h
LookMake upmood
Sous leurs yeux à présent tout à fait éveillés, la ville semblait s’en donner à coeur joie, palpitante, vibrante d’énergie, de couleurs et de bruits pour leur signifier la puissance qui coulait dans ses rues-artères : créature urbaine aux palpitants et encéphalées multiples, Nola la tentaculaire s’étalait langoureuse et électrique sous leurs pieds, alors qu’elle emplissait leurs narines d’effluves contradictoires et tapissait leur palais de sucrosité et de gras jouissif. Elle avait croqué dans sa propre pitance sans plus de cérémonie, une trace de sucre glace s’étirant de la commissure de sa lèvre au milieu de sa joue, qu’elle ôta bien rapidement d’un revers de la main avant que ne lui vienne l’idée de savoir si elle avait meilleur goût une fois saupoudrée (c’est qu’il fallait qu’elle reste concentrée)
- First of all, I’m always very pretty, and don’t get use to be fed, paying people to do it for me is my one and only asset.
Elle gloussa en voyant l’expression de béatitude gustative qui traversa la face du sorcier, reprenant une bouchée à son tour, assaillie de souvenirs à chaque mastication, sollicitant ses papilles autant que sa mémoire pour déglutir : il y avait toutes ses fois où elle avait dû faire des caprices bruyants, Jacob à l’appui, pour avoir le droit à son gouter alors que leur père leur jurait qu’ils n’avaient pas le temps, que sa mère leur assénait qu’ils allaient lui boucher les artères et lui faire tomber ses jolis cheveux. Celles où un de ses cousins lui avait couru après sur plusieurs blocks en beuglant parce qu’elle lui avait chipé son beignet, couvert par les éclats de rire d’un Oscar déjà adulte qui n’avait plus le temps pour ces enfantillages lui même, et les savourait par contumace. Sweet summer child memory.
- Here and now, Merlin, I can’t tell if it’s a promise or a threat. And sorry, but he’s already happily married to a wayyy more handsome man than you, the god of Gumbo soup. No lie.
Tout à fait satisfaite de sa réplique, elle imita Evan aux manières animales en matière de pourléchage de doigts et de babines, acquiesçant à la comparaison. Ça et là, les lumières vibraient d’ondes magiques, se confondant parfois avec les feux de bengale moldus, et l’ensemble était hypnotique, à tel point qu’il n’aurait pas été compliqué de s’y perdre de longues minutes sans mot dire. S’installer sur le rebord du toit, regarder la foule en fleuve s’écouler joyeusement sous eux, la musique les assaillir de toutes parts au gré des orchestres ambulants, et profiter de l’instant présent. C’était tentant, il n’aurait pas fallu grand-chose pour qu’elle change ses plans à profit de celui-ci … Si il n’y avait pas quelqu’un qui les attendait de pied ferme, à quelques encablures de là.
- Actually, yes, one little visit to someone very special to me. She can’t wait to meet you, and I’m pretty sure you will love her.
Elle ne pouvait se faire trop précise, cela gâcherait probablement le plaisir de la rencontre. Elle dégota un mouchoir de tissu dans une des poches invisibles de son pantalon encore miraculeusement immaculé pour s’essuyer les doigts, le tendit au sorcier, puis se jucha sur le rebord surélevé de la terrasse. Là, elle n’avait presque pas à s’élancer pour atteindre la bouche de son vis-à-vis de la sienne, infusant les dernières poussières sucrées sur le bout de sa langue, sans lui laisser le temps d’avoir quoi que ce soit à en redire, l’intimant aussi vite de la suivre par une échelle de service qui descendait de l’autre coté de la ruelle. Il était agile, il avait déjà eu à passer ce genre d’obstacle avec un peu de poids supplémentaire sur les épaules, alors …
L’accès à l’arrière boutique du « Beau Bijou » n’avait pas été plus aisé que de quitter le premier bar dans lequel ils avaient atterri : Alice s’en était doutée, elle n’était pas venue depuis un bon moment, alors invariablement, des proches ou de simples connaissances qui l’agrippaient par les poignets, enfonçaient leurs visages dans son cou pour humer son parfum familier ou tenter de se faire entendre par dessus la musique assourdissante. Elle ne s’en émouvait pas, au contraire : ici, on se touchait, on se reniflait, bien loin des distanciations sociales attendues par l’étiquette barbante des puristes européens, ou des gens de la Haute, en général. La femme de chair et de sens qu’elle était avait besoin de ces effusions tactiles, parfois intrusives, mais oh combien indispensables. Elle ne s’était pour autant pas laisser distraire, pas trop, présentant Evan à ses interlocuteurs parfois, pas toujours, mais sans jamais lui lâcher la main alors qu’elle navigait jusqu’à un point connu d’elle seule, tout au bout de la grande salle, derrière une porte recouverte d’un simple rideau de perles de verre multicolore, qu’ils dépassèrent dans un bruissement clair. La musique se fit soudainement bien moins forte, comme étouffé par une chape invisible, et l’on entendait surtout les marmonnements d’une ou de plusieurs voix féminines. La pièce était en coude, et on ne pouvait deviner que par les ombres projetées par quelques bougies et lampes tempêtes clouées au mur qu’il n’y avait qu’une seule personne installée un peu plus loin.
- We are here !
Un grognement aigu, le bruit d’un meuble de bois qui craque alors que l’ombre se redresse et s’étale sur le sol. Alice avance un peu, invite le calédonien à faire de même. À mi chemin, ils se retrouvent, au milieu des meubles poussiéreux, des lianes d’aux en train de sécher et des fioles fumantes, face à une minuscule vieille dame aux lunettes en cul de bouteille, qui manqua de se cogner contre la boucle de ceinture d’Evan. Un premier chapelet de paroles en créole fendit l’air comme le début d’un sortilège ancien, la voix chevrotante de l’habitante des lieux s’élevant en direction du sorcier, forte, claire, mais parfaitement incompréhensible pour l’érudit néophyte dans ce dialecte.
- Mama, speak english please, I’m rusty and Evan doesn’t understand Creole.
- … I said, it just got crowded in here. Hello, mon Bijou, did you tell the donkeys that acts as your brothers that poor Mama Olivia is longing for their visits ?
- No Mama, but I will. *elle leva les yeux vers Evan avec un sourire amusé* Let me introduce you Olivia Dubois, my one and only grand mother. And favorite one, of course. Mama, this is …
- Oh I know who he is, thak you very much ma fille, they told me so much about him, pia pia pia, they just can’t shut it. *la vieille dame avait agité ses mains en forme de bec au dessus de sa tête avant de se mettre à glousser comme une enfant* I can’t see your face from here, young man, will you bend the knee to let me see you closer?
Alice leva les yeux discrètement au ciel, alors qu’Olivia empoignait d’autorité les épaules du géant pour lui faire perdre la moitié de sa taille, ses grands bracelets de couleur cliquetant près de ses oreilles alors que les doigts de l’ancêtre courraient sur une arcade, l’aile d’un nez, le creux d’une pommette, avec l’air de ne pas s’émouvoir une seconde de l’incongruité de son impérieuse requête.
LookMake upmood
Sous leurs yeux à présent tout à fait éveillés, la ville semblait s’en donner à coeur joie, palpitante, vibrante d’énergie, de couleurs et de bruits pour leur signifier la puissance qui coulait dans ses rues-artères : créature urbaine aux palpitants et encéphalées multiples, Nola la tentaculaire s’étalait langoureuse et électrique sous leurs pieds, alors qu’elle emplissait leurs narines d’effluves contradictoires et tapissait leur palais de sucrosité et de gras jouissif. Elle avait croqué dans sa propre pitance sans plus de cérémonie, une trace de sucre glace s’étirant de la commissure de sa lèvre au milieu de sa joue, qu’elle ôta bien rapidement d’un revers de la main avant que ne lui vienne l’idée de savoir si elle avait meilleur goût une fois saupoudrée (c’est qu’il fallait qu’elle reste concentrée)
- First of all, I’m always very pretty, and don’t get use to be fed, paying people to do it for me is my one and only asset.
Elle gloussa en voyant l’expression de béatitude gustative qui traversa la face du sorcier, reprenant une bouchée à son tour, assaillie de souvenirs à chaque mastication, sollicitant ses papilles autant que sa mémoire pour déglutir : il y avait toutes ses fois où elle avait dû faire des caprices bruyants, Jacob à l’appui, pour avoir le droit à son gouter alors que leur père leur jurait qu’ils n’avaient pas le temps, que sa mère leur assénait qu’ils allaient lui boucher les artères et lui faire tomber ses jolis cheveux. Celles où un de ses cousins lui avait couru après sur plusieurs blocks en beuglant parce qu’elle lui avait chipé son beignet, couvert par les éclats de rire d’un Oscar déjà adulte qui n’avait plus le temps pour ces enfantillages lui même, et les savourait par contumace. Sweet summer child memory.
- Here and now, Merlin, I can’t tell if it’s a promise or a threat. And sorry, but he’s already happily married to a wayyy more handsome man than you, the god of Gumbo soup. No lie.
Tout à fait satisfaite de sa réplique, elle imita Evan aux manières animales en matière de pourléchage de doigts et de babines, acquiesçant à la comparaison. Ça et là, les lumières vibraient d’ondes magiques, se confondant parfois avec les feux de bengale moldus, et l’ensemble était hypnotique, à tel point qu’il n’aurait pas été compliqué de s’y perdre de longues minutes sans mot dire. S’installer sur le rebord du toit, regarder la foule en fleuve s’écouler joyeusement sous eux, la musique les assaillir de toutes parts au gré des orchestres ambulants, et profiter de l’instant présent. C’était tentant, il n’aurait pas fallu grand-chose pour qu’elle change ses plans à profit de celui-ci … Si il n’y avait pas quelqu’un qui les attendait de pied ferme, à quelques encablures de là.
- Actually, yes, one little visit to someone very special to me. She can’t wait to meet you, and I’m pretty sure you will love her.
Elle ne pouvait se faire trop précise, cela gâcherait probablement le plaisir de la rencontre. Elle dégota un mouchoir de tissu dans une des poches invisibles de son pantalon encore miraculeusement immaculé pour s’essuyer les doigts, le tendit au sorcier, puis se jucha sur le rebord surélevé de la terrasse. Là, elle n’avait presque pas à s’élancer pour atteindre la bouche de son vis-à-vis de la sienne, infusant les dernières poussières sucrées sur le bout de sa langue, sans lui laisser le temps d’avoir quoi que ce soit à en redire, l’intimant aussi vite de la suivre par une échelle de service qui descendait de l’autre coté de la ruelle. Il était agile, il avait déjà eu à passer ce genre d’obstacle avec un peu de poids supplémentaire sur les épaules, alors …
L’accès à l’arrière boutique du « Beau Bijou » n’avait pas été plus aisé que de quitter le premier bar dans lequel ils avaient atterri : Alice s’en était doutée, elle n’était pas venue depuis un bon moment, alors invariablement, des proches ou de simples connaissances qui l’agrippaient par les poignets, enfonçaient leurs visages dans son cou pour humer son parfum familier ou tenter de se faire entendre par dessus la musique assourdissante. Elle ne s’en émouvait pas, au contraire : ici, on se touchait, on se reniflait, bien loin des distanciations sociales attendues par l’étiquette barbante des puristes européens, ou des gens de la Haute, en général. La femme de chair et de sens qu’elle était avait besoin de ces effusions tactiles, parfois intrusives, mais oh combien indispensables. Elle ne s’était pour autant pas laisser distraire, pas trop, présentant Evan à ses interlocuteurs parfois, pas toujours, mais sans jamais lui lâcher la main alors qu’elle navigait jusqu’à un point connu d’elle seule, tout au bout de la grande salle, derrière une porte recouverte d’un simple rideau de perles de verre multicolore, qu’ils dépassèrent dans un bruissement clair. La musique se fit soudainement bien moins forte, comme étouffé par une chape invisible, et l’on entendait surtout les marmonnements d’une ou de plusieurs voix féminines. La pièce était en coude, et on ne pouvait deviner que par les ombres projetées par quelques bougies et lampes tempêtes clouées au mur qu’il n’y avait qu’une seule personne installée un peu plus loin.
- We are here !
Un grognement aigu, le bruit d’un meuble de bois qui craque alors que l’ombre se redresse et s’étale sur le sol. Alice avance un peu, invite le calédonien à faire de même. À mi chemin, ils se retrouvent, au milieu des meubles poussiéreux, des lianes d’aux en train de sécher et des fioles fumantes, face à une minuscule vieille dame aux lunettes en cul de bouteille, qui manqua de se cogner contre la boucle de ceinture d’Evan. Un premier chapelet de paroles en créole fendit l’air comme le début d’un sortilège ancien, la voix chevrotante de l’habitante des lieux s’élevant en direction du sorcier, forte, claire, mais parfaitement incompréhensible pour l’érudit néophyte dans ce dialecte.
- Mama, speak english please, I’m rusty and Evan doesn’t understand Creole.
- … I said, it just got crowded in here. Hello, mon Bijou, did you tell the donkeys that acts as your brothers that poor Mama Olivia is longing for their visits ?
- No Mama, but I will. *elle leva les yeux vers Evan avec un sourire amusé* Let me introduce you Olivia Dubois, my one and only grand mother. And favorite one, of course. Mama, this is …
- Oh I know who he is, thak you very much ma fille, they told me so much about him, pia pia pia, they just can’t shut it. *la vieille dame avait agité ses mains en forme de bec au dessus de sa tête avant de se mettre à glousser comme une enfant* I can’t see your face from here, young man, will you bend the knee to let me see you closer?
Alice leva les yeux discrètement au ciel, alors qu’Olivia empoignait d’autorité les épaules du géant pour lui faire perdre la moitié de sa taille, ses grands bracelets de couleur cliquetant près de ses oreilles alors que les doigts de l’ancêtre courraient sur une arcade, l’aile d’un nez, le creux d’une pommette, avec l’air de ne pas s’émouvoir une seconde de l’incongruité de son impérieuse requête.
️ nightgaunt
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Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Dim 27 Juin 2021 - 17:45
Our personal mascarade
Nola ✧Samedi 20 février 2021. 21h
Le curieux animal en contrebas invitait à la contemplation autant qu’à ce que d’habiles paires de jambes se saisissent des crescendos mélodieux du jazz ambiant – pour se poser ou danser, tout était à écrire. Il y avait une langueur hypnotique dans l’air, qui se traduirait aussi bien en hanches roulantes que le long d’un grand dorsal pas tout à fait droit, trop occupé à s’appuyer contre un mur alors que les lèvres en accueillent d’autres au goût de friture et de miel. Qu’il serait aisé, de subir la splendeur du festival, se laisser aller à la chaleur moite de l’endroit et tacher de ses doigts les courbes appétissantes vêtues de blanc de la demoiselle. Hélas, Evan était un animal curieux et aisément enthousiasmé par l’inconnu. « So now that one of my pressing needs has been filled, what do you have planned? Any more visits to make before we dance our feet to stumps? » Le Calédonien la regarda porter ses doigts à sa bouche sans provocation, la langue occupée à saisir les dernières parcelles gustatives de la collation trop rapidement dilapidée. « Actually, yes, one little visit to someone very special to me. She can’t wait to meet you, and I’m pretty sure you will love her. »
La curiosité de l’auror en devenir était vivement piquée – était-ce le choix précis des mots de la sorcière, qui avait précisé l’importance mais pas la nature du lien? Quelqu’un d’important. Il n’avait véritablement rencontré de central qu’Oscar, et dans des circonstances tout sauf orthodoxes – les parents Hangbé et les autres frères étaient certes devenus des accointances polies de soirées et autres rassemblements typiques des milieux de la Haute britannique. À défaut de pouvoir s’apprivoiser dans un contexte moins guindé, il y avait de la méfiance à revendre de la part de l’Écossais, qui en était même venu au point de refuser l’invitation de l’Américaine aux célébrations de son clan en continent africain. Mardi Gras avait l’avantage de se profiler en guise d’excuse trop bien trouvée – bien sûr qu’il fallait rencontrer ses ami.es de jeunesse et piailler avec plaisir le long d’un piano à moitié accordé pour lui donner cet air subtil de fausset qui donnait de légers crochets aux mélodies pour mieux hameçonner leurs auditeurs. Rencontrer son univers lui paraissait tellement naturel, ainsi. Plutôt que de se sentir comme un étranger envahi(ssant) en terre inconnue, Evan se sentit transporté d’excitation à l’idée d’avoir accès à ces clefs de lecture dont il ne disposait pas réellement lorsqu’il s’agissait de déchiffrer sa fiancée.
Evan accueillit ses lèves avec gourmandise, mais la voilà qui filait à nouveau, et il ne put que la suivre à travers un dédale de ruelles inconnues pour mieux rencontrer les berges d’un nouvel établissement. Le Beau Bijou était rempli d’une nouvelle marée humaine, mais qui se déclinait en autant de couleurs tape à l’œil et plaisantes au regard affamé de coloris du Calédonien – la même qu’au rez-de-chaussée du bar où ils avaient atterri, ou presque. On entendait toujours les notes chaudes et trainantes du jazz qui semblaient râcler l’air humide, mais elles passaient à travers le filtre des conversations enthousiastes de l’intérieur. Le Carnaval. Mythique événement dont la rareté provoquée par son caractère annuel suffisait à lui assurer une place de choix parmi les calendriers des touristes, et dont la récurrence promettait traditions familières aux locaux. Il souriait à pleine bouche aux inconnu.es qui disparaissaient rapidement, remplacé.es par d’autres. Les noms se confondaient entre eux, avec de curieuses sonorités francophones aux subtilités aplaties depuis des générations de métissages linguistiques, au point où le patronyme d’un certain général français avait été presque entièrement modifié pour ne plus lui ressembler du tout. Evan trouvait l’ensemble aussi charmant que dans ses souvenirs, et eut le cœur en liesse de pouvoir reconnaître quelques rares mots de créole, appris lors de ses propres errances sudistes.
Rien ne l’avait toutefois préparé à ce que ses tympans tenteraient de déchiffrer, les mots parfaitement indéchiffrables que prononça une femme visiblement âgée mais malicieuse, à l’apparence tellement agencée à l’ensemble du décor poussiéreux et éclectique de la pièce qu’immobile, on ne l’aurait pas immédiatement remarquée. L’auror assista à l’échange entre les Américaines avec un sourire amusé aux lèvres, se questionnant sur leur relation – Mama? Une grand-mère, certainement, ou une de ces matriarches qui prenaient une partie du fardeau de la responsabilité d’élever, protéger et chérir les enfants du voisinage. It takes a village. Le sourire d’Evan s’élargit lorsque la jeune femme la lui présenta, confirmant son lignage. Fasciné, il fixait les traits anciens de la minuscule sorcière (plus petite encore qu’Alice, c’était digne de mention), tentant de voir les ressemblances dans ses yeux, peinant à imaginer la digne et séduisante Pearl Hangbé dans un décor similaire. Y trouva une dose de réconfort, peut-être?
Ainsi, « on » l’avait avertie de son identité – pas les frères d’Alice, apparemment, puisque les canassons (her words madam, not mine) ne s’étaient pas présentés en terre néo-orléane depuis un certain temps. Curieux, il observait la vieille femme gesticuler et rire comme si elle était la seule au courant d’une excellente blague. « I can’t see your face from here, young man, will you bend the knee to let me see you closer? » Son meilleur sourire aux lèvres, Evan s’avança vers elle. « Madam, for a lady as sharp as you, I’d bend both knees and also my neeeee – ck », la phrase amputée par la surprenante poigne de fer de la sorcière sur ses épaules – comment avait-elle pu l’atteindre si aisément? L’échine à demi pliée, les genoux fléchis, il subit en silence l’inspection de la matriarche le long de ses traits, avec une incertitude tout à fait amusée inscrite en plein visage. Le Calédonien avait toujours apprécié l’excentricité chez autrui, et ne se formalisait pas de grand-chose, sauf de ces hérétiques osant conjuguer glaçons et houblon. Après quelques instants d’enquête digitale de la part de Mama Olivia, les cérulés du cadet s’égarèrent le long de ses traits anciens. « You said it had gotten crowded in here. Do you usually receive people one at a time? » Sweet summer child, she’s got friends on the other side.
Le curieux animal en contrebas invitait à la contemplation autant qu’à ce que d’habiles paires de jambes se saisissent des crescendos mélodieux du jazz ambiant – pour se poser ou danser, tout était à écrire. Il y avait une langueur hypnotique dans l’air, qui se traduirait aussi bien en hanches roulantes que le long d’un grand dorsal pas tout à fait droit, trop occupé à s’appuyer contre un mur alors que les lèvres en accueillent d’autres au goût de friture et de miel. Qu’il serait aisé, de subir la splendeur du festival, se laisser aller à la chaleur moite de l’endroit et tacher de ses doigts les courbes appétissantes vêtues de blanc de la demoiselle. Hélas, Evan était un animal curieux et aisément enthousiasmé par l’inconnu. « So now that one of my pressing needs has been filled, what do you have planned? Any more visits to make before we dance our feet to stumps? » Le Calédonien la regarda porter ses doigts à sa bouche sans provocation, la langue occupée à saisir les dernières parcelles gustatives de la collation trop rapidement dilapidée. « Actually, yes, one little visit to someone very special to me. She can’t wait to meet you, and I’m pretty sure you will love her. »
La curiosité de l’auror en devenir était vivement piquée – était-ce le choix précis des mots de la sorcière, qui avait précisé l’importance mais pas la nature du lien? Quelqu’un d’important. Il n’avait véritablement rencontré de central qu’Oscar, et dans des circonstances tout sauf orthodoxes – les parents Hangbé et les autres frères étaient certes devenus des accointances polies de soirées et autres rassemblements typiques des milieux de la Haute britannique. À défaut de pouvoir s’apprivoiser dans un contexte moins guindé, il y avait de la méfiance à revendre de la part de l’Écossais, qui en était même venu au point de refuser l’invitation de l’Américaine aux célébrations de son clan en continent africain. Mardi Gras avait l’avantage de se profiler en guise d’excuse trop bien trouvée – bien sûr qu’il fallait rencontrer ses ami.es de jeunesse et piailler avec plaisir le long d’un piano à moitié accordé pour lui donner cet air subtil de fausset qui donnait de légers crochets aux mélodies pour mieux hameçonner leurs auditeurs. Rencontrer son univers lui paraissait tellement naturel, ainsi. Plutôt que de se sentir comme un étranger envahi(ssant) en terre inconnue, Evan se sentit transporté d’excitation à l’idée d’avoir accès à ces clefs de lecture dont il ne disposait pas réellement lorsqu’il s’agissait de déchiffrer sa fiancée.
Evan accueillit ses lèves avec gourmandise, mais la voilà qui filait à nouveau, et il ne put que la suivre à travers un dédale de ruelles inconnues pour mieux rencontrer les berges d’un nouvel établissement. Le Beau Bijou était rempli d’une nouvelle marée humaine, mais qui se déclinait en autant de couleurs tape à l’œil et plaisantes au regard affamé de coloris du Calédonien – la même qu’au rez-de-chaussée du bar où ils avaient atterri, ou presque. On entendait toujours les notes chaudes et trainantes du jazz qui semblaient râcler l’air humide, mais elles passaient à travers le filtre des conversations enthousiastes de l’intérieur. Le Carnaval. Mythique événement dont la rareté provoquée par son caractère annuel suffisait à lui assurer une place de choix parmi les calendriers des touristes, et dont la récurrence promettait traditions familières aux locaux. Il souriait à pleine bouche aux inconnu.es qui disparaissaient rapidement, remplacé.es par d’autres. Les noms se confondaient entre eux, avec de curieuses sonorités francophones aux subtilités aplaties depuis des générations de métissages linguistiques, au point où le patronyme d’un certain général français avait été presque entièrement modifié pour ne plus lui ressembler du tout. Evan trouvait l’ensemble aussi charmant que dans ses souvenirs, et eut le cœur en liesse de pouvoir reconnaître quelques rares mots de créole, appris lors de ses propres errances sudistes.
Rien ne l’avait toutefois préparé à ce que ses tympans tenteraient de déchiffrer, les mots parfaitement indéchiffrables que prononça une femme visiblement âgée mais malicieuse, à l’apparence tellement agencée à l’ensemble du décor poussiéreux et éclectique de la pièce qu’immobile, on ne l’aurait pas immédiatement remarquée. L’auror assista à l’échange entre les Américaines avec un sourire amusé aux lèvres, se questionnant sur leur relation – Mama? Une grand-mère, certainement, ou une de ces matriarches qui prenaient une partie du fardeau de la responsabilité d’élever, protéger et chérir les enfants du voisinage. It takes a village. Le sourire d’Evan s’élargit lorsque la jeune femme la lui présenta, confirmant son lignage. Fasciné, il fixait les traits anciens de la minuscule sorcière (plus petite encore qu’Alice, c’était digne de mention), tentant de voir les ressemblances dans ses yeux, peinant à imaginer la digne et séduisante Pearl Hangbé dans un décor similaire. Y trouva une dose de réconfort, peut-être?
Ainsi, « on » l’avait avertie de son identité – pas les frères d’Alice, apparemment, puisque les canassons (her words madam, not mine) ne s’étaient pas présentés en terre néo-orléane depuis un certain temps. Curieux, il observait la vieille femme gesticuler et rire comme si elle était la seule au courant d’une excellente blague. « I can’t see your face from here, young man, will you bend the knee to let me see you closer? » Son meilleur sourire aux lèvres, Evan s’avança vers elle. « Madam, for a lady as sharp as you, I’d bend both knees and also my neeeee – ck », la phrase amputée par la surprenante poigne de fer de la sorcière sur ses épaules – comment avait-elle pu l’atteindre si aisément? L’échine à demi pliée, les genoux fléchis, il subit en silence l’inspection de la matriarche le long de ses traits, avec une incertitude tout à fait amusée inscrite en plein visage. Le Calédonien avait toujours apprécié l’excentricité chez autrui, et ne se formalisait pas de grand-chose, sauf de ces hérétiques osant conjuguer glaçons et houblon. Après quelques instants d’enquête digitale de la part de Mama Olivia, les cérulés du cadet s’égarèrent le long de ses traits anciens. « You said it had gotten crowded in here. Do you usually receive people one at a time? » Sweet summer child, she’s got friends on the other side.
️ nightgaunt
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Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Mer 14 Juil 2021 - 19:48
Our personal mascarade
New Orleans ✧Samedi 20 février 2021. 21h
LookMake upmood
Sans s’en formaliser outre mesure, Alice avait laissé sa grand-mère prendre Evan en mains, Littéralement. De gestes habiles et à la fois incongrus, les doigts de la vieille dame passaient d’un versant à l’autre de son visage, jusqu’à son cou, enfin, dans un mouvement fluide et sans une once de gêne. A la chaleur moite qui les entourait, s’ajouta la douceur des doigts de l’ancêtre sur la peau couturée, jusqu’à ce qu’elle les ôte, apparemment satisfaite, marmonnant quelques commentaires pour elle-même (non), avant de se décider à répondre à la question du sorcier, non sans un aparté préalable… Ou pas.
- Your back is a mess, your mattress is probably despicable. You can call me Mama, Madam is for the tourists. And the cheeky ones, hey, Wilbur ?
Elle claque la langue en direction du vide, un peu derrière Evan, et une volée de bracelets cliquète non loin de son oreille alors qu’elle le relâche, le laissant se redresser d’un doigt sous son menton volontaire, alors que la vieille dame s’approchait de son engeance éloigné pour l’enlacer avec force. Le Calédonien ne s’en émouvrait probablement pas, il avait du comprendre depuis longtemps que le contact physique faisait partie d’une éducation et d’une tradition familiale immuable, les peaux collisionnant tant en amour qu’en temps de guerre.
- Ah, ma Jolie, so many people, you’re blessed. This one, too. I always told you, Doomed are the ones who…
- enter a room alone, yeah, I know, but he doesn’t.
Les yeux vitreux de la grand-mère s’écarquillèrent un peu de surprise, avant qu’elle n’éclate de rire, à nouveau, un ricanement sans méchanceté qui s’éteignit dans une quinte de toux remarquable. D’un raclement de gorge, Olivia reprit son souffle pour se détourner d’eux un instant, récupérant dans une boite de bois d’ébène un longue cigare aux liserés luisants, qu’elle craqua d’un coup de crocs et alluma du bout du doigt. Alice observa un instant le spectacle étrange que devait être la doyenne et ses comportements erratiques. Elle en avait l’habitude, la coquetterie excentrique de son aïeule faisait partie intégrante de son univers, tout comme le besoin de la réancrer un peu de le présent, au cours d’une conversation, sans quoi elle avait tendance à se … disperser. Alors elle se rapprocha de la vieille dame, effleurant ses doigts des siens en répétant, doucement. Parce que si Olivia était presque aveugle, elle n’était certainement pas sourde.
- You don’t answer his question Mama, and Evan doesn’t know about all your … friends.
- Ah, Friends, what a joke ! Some of them are a pain in the ass, not even close to a nice compagny. * elle s’interrompit soudainement, deux secondes, trois, avant de tourner la tête vers Evan en se mordant la lèvre, comme prise à défaut* Not yours, dear, of course, they are the sweetest.
- Mama …
- Fine, first of all, let me tell you that Chidi says you Hi, and that you look fantastic in this costume. And Caroline read your letters.You will have to talk about it with her one day. Later.
Alice rougit, un peu, mais Olivia ne lui laissa pas le temps de répondre que, déjà, elle tournait la tête vers Evan, le fixant de ses yeux presque blancs et au regard pourtant si intense.
- Dear, I’m in touch with a lot of people who care about you, a lot. Especially two of them, I suppose that they learnt you will be there tonight. You know, I’m not quite sure of how it goes up there, but they are always on time. Always.
La plus jeune des Hangbés couvait le calédonien d’un œillade curieuse et, malgré tout, un peu inquiète : Elle avait pu mentionner, parfois, à demi mot, que les pratiques familiales pouvaient être pour le moins perturbantes pour les néophytes, sans véritablement entrer dans le détail. Les rumeurs allaient déjà de bon train sur la famille américano-nigériane, certaines exacerbant la réalité à grand coup de nécromancie, d’autres la sous-estimant en ne parlant que d’attrape nigaud pour moldus crédules. La vérité, elle, se cachait quelque part entre les deux, infusée par des années, des décennies, des ères séculaires de traditions orales que l’on se transmettait, surtout entre femmes d’ailleurs. Au babillage cryptique de la vieille dame, Alice tenta d’offrir à son fiancé le début d’une grille de lecture.
- Mama Olivia is … she is a high priestess. Voodoo one, which means that she is able to talk to … People that we cannot see anymore. Dead people. * l’hésitation étira le silence quelques secondes avant qu’elle ne reprenne* Feel free to believe it or not, of course, but you could be surprised of how insightful she could be…
- Don’t talk for me, Chérie, I’m not some kind of crazy old lady with imaginary friends. We were waiting for you two, and She has been there for a long time. Errr, my german is awfull, but It seems to be important to be told this way for her. Du bist immer noch wunderschön, mein süßer Kleiner*. She is so glad to see you’re well. Do you want a drink, my children ?
Alice n’avait pas la certitude de la personne qui accompagnait Evan dans l’arrière boutique de sa grand-mère, mais elle avait une idée, un pressentiment qui venait de l’habitude : il fallait un amour fou, puissant, souvent familiale et magique pour transcender les règles de l’au-delà. Alors si en plus, Elle parlait en allemand… Elle serra un peu plus les doigts d’Evan dans les siens. Pour le soutenir, ou lui éviter de s’enfuir en courant … Ou un peu les deux. Olivia, elle, souriait, tranquillement, pas le moins perturbé du monde, puisqu’après tout, tout cela existait depuis toujours, dans le sien. Tout juste attendait elle qu’Evan lui retourne la politesse.
LookMake upmood
Sans s’en formaliser outre mesure, Alice avait laissé sa grand-mère prendre Evan en mains, Littéralement. De gestes habiles et à la fois incongrus, les doigts de la vieille dame passaient d’un versant à l’autre de son visage, jusqu’à son cou, enfin, dans un mouvement fluide et sans une once de gêne. A la chaleur moite qui les entourait, s’ajouta la douceur des doigts de l’ancêtre sur la peau couturée, jusqu’à ce qu’elle les ôte, apparemment satisfaite, marmonnant quelques commentaires pour elle-même (non), avant de se décider à répondre à la question du sorcier, non sans un aparté préalable… Ou pas.
- Your back is a mess, your mattress is probably despicable. You can call me Mama, Madam is for the tourists. And the cheeky ones, hey, Wilbur ?
Elle claque la langue en direction du vide, un peu derrière Evan, et une volée de bracelets cliquète non loin de son oreille alors qu’elle le relâche, le laissant se redresser d’un doigt sous son menton volontaire, alors que la vieille dame s’approchait de son engeance éloigné pour l’enlacer avec force. Le Calédonien ne s’en émouvrait probablement pas, il avait du comprendre depuis longtemps que le contact physique faisait partie d’une éducation et d’une tradition familiale immuable, les peaux collisionnant tant en amour qu’en temps de guerre.
- Ah, ma Jolie, so many people, you’re blessed. This one, too. I always told you, Doomed are the ones who…
- enter a room alone, yeah, I know, but he doesn’t.
Les yeux vitreux de la grand-mère s’écarquillèrent un peu de surprise, avant qu’elle n’éclate de rire, à nouveau, un ricanement sans méchanceté qui s’éteignit dans une quinte de toux remarquable. D’un raclement de gorge, Olivia reprit son souffle pour se détourner d’eux un instant, récupérant dans une boite de bois d’ébène un longue cigare aux liserés luisants, qu’elle craqua d’un coup de crocs et alluma du bout du doigt. Alice observa un instant le spectacle étrange que devait être la doyenne et ses comportements erratiques. Elle en avait l’habitude, la coquetterie excentrique de son aïeule faisait partie intégrante de son univers, tout comme le besoin de la réancrer un peu de le présent, au cours d’une conversation, sans quoi elle avait tendance à se … disperser. Alors elle se rapprocha de la vieille dame, effleurant ses doigts des siens en répétant, doucement. Parce que si Olivia était presque aveugle, elle n’était certainement pas sourde.
- You don’t answer his question Mama, and Evan doesn’t know about all your … friends.
- Ah, Friends, what a joke ! Some of them are a pain in the ass, not even close to a nice compagny. * elle s’interrompit soudainement, deux secondes, trois, avant de tourner la tête vers Evan en se mordant la lèvre, comme prise à défaut* Not yours, dear, of course, they are the sweetest.
- Mama …
- Fine, first of all, let me tell you that Chidi says you Hi, and that you look fantastic in this costume. And Caroline read your letters.You will have to talk about it with her one day. Later.
Alice rougit, un peu, mais Olivia ne lui laissa pas le temps de répondre que, déjà, elle tournait la tête vers Evan, le fixant de ses yeux presque blancs et au regard pourtant si intense.
- Dear, I’m in touch with a lot of people who care about you, a lot. Especially two of them, I suppose that they learnt you will be there tonight. You know, I’m not quite sure of how it goes up there, but they are always on time. Always.
La plus jeune des Hangbés couvait le calédonien d’un œillade curieuse et, malgré tout, un peu inquiète : Elle avait pu mentionner, parfois, à demi mot, que les pratiques familiales pouvaient être pour le moins perturbantes pour les néophytes, sans véritablement entrer dans le détail. Les rumeurs allaient déjà de bon train sur la famille américano-nigériane, certaines exacerbant la réalité à grand coup de nécromancie, d’autres la sous-estimant en ne parlant que d’attrape nigaud pour moldus crédules. La vérité, elle, se cachait quelque part entre les deux, infusée par des années, des décennies, des ères séculaires de traditions orales que l’on se transmettait, surtout entre femmes d’ailleurs. Au babillage cryptique de la vieille dame, Alice tenta d’offrir à son fiancé le début d’une grille de lecture.
- Mama Olivia is … she is a high priestess. Voodoo one, which means that she is able to talk to … People that we cannot see anymore. Dead people. * l’hésitation étira le silence quelques secondes avant qu’elle ne reprenne* Feel free to believe it or not, of course, but you could be surprised of how insightful she could be…
- Don’t talk for me, Chérie, I’m not some kind of crazy old lady with imaginary friends. We were waiting for you two, and She has been there for a long time. Errr, my german is awfull, but It seems to be important to be told this way for her. Du bist immer noch wunderschön, mein süßer Kleiner*. She is so glad to see you’re well. Do you want a drink, my children ?
Alice n’avait pas la certitude de la personne qui accompagnait Evan dans l’arrière boutique de sa grand-mère, mais elle avait une idée, un pressentiment qui venait de l’habitude : il fallait un amour fou, puissant, souvent familiale et magique pour transcender les règles de l’au-delà. Alors si en plus, Elle parlait en allemand… Elle serra un peu plus les doigts d’Evan dans les siens. Pour le soutenir, ou lui éviter de s’enfuir en courant … Ou un peu les deux. Olivia, elle, souriait, tranquillement, pas le moins perturbé du monde, puisqu’après tout, tout cela existait depuis toujours, dans le sien. Tout juste attendait elle qu’Evan lui retourne la politesse.
️ nightgaunt
* tu es toujours aussi beau, mon tout petit
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Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Mer 4 Aoû 2021 - 23:17
Our personal mascarade
Nola ✧Samedi 20 février 2021. 21h
Evan s’était laissé ausculter par les doigts de l’ancêtre, dont le contact digital semblait chercher à voir autant qu’à sentir. Habillé d’un silence relativement amusé tout du long de son inspection, le Calédonien avait souri lorsque la matriarche avait parlé de son dos, n’osant lui répliquer que c’était aux excellentes charpentes de bois d’un hôtel du sud des États-Unis qu’il devait ses grands dorsaux défigurés. Malgré le caractère étrange de leur interaction, le futur auror n’était pas tout à fait décontenancé, appréciant l’extravagance lorsqu’il la croisait bien davantage que ce qui se fondait dans le moule. Curieux, il observait les gestes de la vieille sorcière, la façon qu’elle avait de s’adresser à l’air ambiant comme à des interlocuteurs secrets – une technique que plusieurs de ses professeurs de théâtre avaient épousé avec enthousiasme. Doomed are the ones who enter a room alone. Le duelliste suivit l’échange entre la prêtresse vaudou et sa petite fille, incertain de savoir comment réagir aux rires tonitruants de la Louisianaise. Les volutes du lourd cigare embaumaient l’air, et Evan plissa les paupières pour continuer de discerner les traits plissés de l’Américaine à travers la fumée âcre.
« You don’t answer his question Mama, and Evan doesn’t know about all your … friends. » La sollicitude teintée de l’agacement légèrement impatient qu’éprouvaient certainement tous les petits enfants à l’égard des lignées plus vieilles tira un sourire à Evan, qui ne pouvait se décider – Alice se contentait-elle d’encourager la prêtresse dans ses lubies excentriques, ou croyait-elle véritablement que les multiples grigris et autels du Beau Bijou renfermaient les clefs vers de mystérieux amis de l’au-delà? Malgré ses affinités avec les sortilèges, le musicien demeurait un relatif sceptique : il n’avait jamais été du genre à chercher le pouvoir dans l’invisible, convaincu que l’environnement qu’il avait sous les yeux constituait un terrain de jeu exceptionnellement riche et qui méritait d’être exploré bien plus que les mystérieuses dimensions magiques chères aux arcanistes. « Not yours, dear, of course, they are the sweetest. » Lorsque Mama Olivia s’adressa à lui, Evan eut envie de rétorquer qu’il n’avait pas l’habitude de s’imposer des présences désagréables (n’en déplaise à son patriarche), mais l’ancêtre était déjà occupée à marmonner d’autres bribes de conversations avec des esprits imaginés. La mention de l’oncle et de la tante de sa fiancée eut le mérite de le secouer légèrement dans les convictions qu’il se construisait comme un château de cartes érigé à la va-vite, bien que même un aveugle aurait souligné qu’Alice était ravissante (comme toujours) dans son costume.
Lorsque Olivia s’adressa à lui de nouveau, Evan avait plissé les lèvres, le cœur protégé d’un scepticisme qu’il préférait entretenir, maintenant qu’il semblait que la matriarche était décidée à s’intéresser à ses morts. Ses mortes. Le visage fermé, il avait voulu initier un mouvement de recul, échapper à cette curieuse famille qui souhaitait toujours s’insinuer là où elle ne l’aurait pas dû, faisant fi de ce que les autres ressentaient ou de la fragile précarité de leur propre équilibre. « We were waiting for you two, and She has been there for a long time. » She. Ses mortes. Sa morte. Laquelle? Celle qui lui fendrait le cœur, ou celle dont il avait peu à peu oublié les étreintes, jusqu’à ne plus tout à fait connaître son parfum sans devoir plonger le nez dans une penderie préservée par des sortilèges? « My german is awful. » Ses mortes. Sa morte. On lui avait dit. On lui avait certainement dit, la matriarche avait dû lire le damné dossier, elle aussi. Le Calédonien recula d’un pas, que même la pression affectueuse d’Alice n’aurait su calmer. « Little one. » Le sobriquet affectueux et ironique que lui avait décerné Liese, lorsque son fils cadet avait dépassé les statures de tous les autres membres de sa famille, à peine entré dans l’adolescence. Evan se libéra des doigts d’Alice, ignorant l’offrande d’une boisson de Mama Olivia pour mieux avancer dans la pièce. It’s a trick. It has to be a trick.
Toute sa vie, il avait fui – ses responsabilités, son destin familial, la douleur du deuil de son épouse, l’insuffisance de sa relation paternelle. Par habitude, sans réfléchir, il traversa la pièce de quelques enjambées, cherchant la sortie que l’émotion lui avait fait oublié. Désorienté par la peur et un espoir qu’il ne voulait pas admettre. It has to be a trick. Ses pas le menèrent à un autel, qu’il eut envie de vider de son contenu. Le duelliste fixait chaque détail comme s’il avait pu trouver le mensonge, y voir la clef pour pouvoir la brandir sous le nez de Mama Olivia et lui faire admettre que ce n’était qu’un attrape-nigaud pour touristes crédules, mais son regard céruléen se posa sur un bouquet de renoncules. Les fleurs alpines que sa mère avait toujours préférées. Celles-là même dont il avait fleuri la tombe de Morgane, à l’automne. How can’t it be a trick … Ses doigts se crispèrent autour de ses coudes, et, d’un souffle presque inaudible, il murmura « Mama … » C’était ridicule. Il était ridicule, cette mise en scène était absolument grotesque et il s’adressait à un mur décoré de chiffons et de figurines ossuaires. Personne ne l’écoutait, mis à part la grand-mère qui devait visiblement se payer sa tête et Alice, qui le traiterait de nigaud une fois qu’ils rejoindraient la rue à nouveau, il était un imbécile et méritait ce tour cruel et – « Ist diese Frau ein Scharlatan? Sind Sie hier? » Gêné de parler ainsi à un espace vide, l’auror pivota, cherchant du regard une autre trace dans l’arrière-boutique, un signe, n’importe quoi – et sur une table basse, un origami en papier du même genre que ceux que Liese appréciait plier lors de ses journées de fatigue, proclamant que son esprit s’usait bien moins que ses blanches mains. « Nathaniel wusste es. Er hat dich gesehen. Er versuchte. Weißt du das, Mama? » Sa voix se brisa. Les larmes aux yeux, le Calédonien n’accordait aucune attention aux deux sorcières, trébuchait sur ses mots, bâclait le vif allemand autrichien de sa mère en hachurant ses phrases. « Ich versuche es. Ich bleibe. Ich weiß nicht, was ich sagen soll. Ich wünschte, du wärst hier. Merlin, ich wünschte du hättest uns nicht verlassen. Du warst ... Merlin. Ich habe mich mein ganzes Leben allein gefühlt. Ich vermisse dich. » Les lèvres pincées, il attendait une réponse, cherchait d’un regard erratique une autre trace, un autre signe. Show yourself.
Evan s’était laissé ausculter par les doigts de l’ancêtre, dont le contact digital semblait chercher à voir autant qu’à sentir. Habillé d’un silence relativement amusé tout du long de son inspection, le Calédonien avait souri lorsque la matriarche avait parlé de son dos, n’osant lui répliquer que c’était aux excellentes charpentes de bois d’un hôtel du sud des États-Unis qu’il devait ses grands dorsaux défigurés. Malgré le caractère étrange de leur interaction, le futur auror n’était pas tout à fait décontenancé, appréciant l’extravagance lorsqu’il la croisait bien davantage que ce qui se fondait dans le moule. Curieux, il observait les gestes de la vieille sorcière, la façon qu’elle avait de s’adresser à l’air ambiant comme à des interlocuteurs secrets – une technique que plusieurs de ses professeurs de théâtre avaient épousé avec enthousiasme. Doomed are the ones who enter a room alone. Le duelliste suivit l’échange entre la prêtresse vaudou et sa petite fille, incertain de savoir comment réagir aux rires tonitruants de la Louisianaise. Les volutes du lourd cigare embaumaient l’air, et Evan plissa les paupières pour continuer de discerner les traits plissés de l’Américaine à travers la fumée âcre.
« You don’t answer his question Mama, and Evan doesn’t know about all your … friends. » La sollicitude teintée de l’agacement légèrement impatient qu’éprouvaient certainement tous les petits enfants à l’égard des lignées plus vieilles tira un sourire à Evan, qui ne pouvait se décider – Alice se contentait-elle d’encourager la prêtresse dans ses lubies excentriques, ou croyait-elle véritablement que les multiples grigris et autels du Beau Bijou renfermaient les clefs vers de mystérieux amis de l’au-delà? Malgré ses affinités avec les sortilèges, le musicien demeurait un relatif sceptique : il n’avait jamais été du genre à chercher le pouvoir dans l’invisible, convaincu que l’environnement qu’il avait sous les yeux constituait un terrain de jeu exceptionnellement riche et qui méritait d’être exploré bien plus que les mystérieuses dimensions magiques chères aux arcanistes. « Not yours, dear, of course, they are the sweetest. » Lorsque Mama Olivia s’adressa à lui, Evan eut envie de rétorquer qu’il n’avait pas l’habitude de s’imposer des présences désagréables (n’en déplaise à son patriarche), mais l’ancêtre était déjà occupée à marmonner d’autres bribes de conversations avec des esprits imaginés. La mention de l’oncle et de la tante de sa fiancée eut le mérite de le secouer légèrement dans les convictions qu’il se construisait comme un château de cartes érigé à la va-vite, bien que même un aveugle aurait souligné qu’Alice était ravissante (comme toujours) dans son costume.
Lorsque Olivia s’adressa à lui de nouveau, Evan avait plissé les lèvres, le cœur protégé d’un scepticisme qu’il préférait entretenir, maintenant qu’il semblait que la matriarche était décidée à s’intéresser à ses morts. Ses mortes. Le visage fermé, il avait voulu initier un mouvement de recul, échapper à cette curieuse famille qui souhaitait toujours s’insinuer là où elle ne l’aurait pas dû, faisant fi de ce que les autres ressentaient ou de la fragile précarité de leur propre équilibre. « We were waiting for you two, and She has been there for a long time. » She. Ses mortes. Sa morte. Laquelle? Celle qui lui fendrait le cœur, ou celle dont il avait peu à peu oublié les étreintes, jusqu’à ne plus tout à fait connaître son parfum sans devoir plonger le nez dans une penderie préservée par des sortilèges? « My german is awful. » Ses mortes. Sa morte. On lui avait dit. On lui avait certainement dit, la matriarche avait dû lire le damné dossier, elle aussi. Le Calédonien recula d’un pas, que même la pression affectueuse d’Alice n’aurait su calmer. « Little one. » Le sobriquet affectueux et ironique que lui avait décerné Liese, lorsque son fils cadet avait dépassé les statures de tous les autres membres de sa famille, à peine entré dans l’adolescence. Evan se libéra des doigts d’Alice, ignorant l’offrande d’une boisson de Mama Olivia pour mieux avancer dans la pièce. It’s a trick. It has to be a trick.
Toute sa vie, il avait fui – ses responsabilités, son destin familial, la douleur du deuil de son épouse, l’insuffisance de sa relation paternelle. Par habitude, sans réfléchir, il traversa la pièce de quelques enjambées, cherchant la sortie que l’émotion lui avait fait oublié. Désorienté par la peur et un espoir qu’il ne voulait pas admettre. It has to be a trick. Ses pas le menèrent à un autel, qu’il eut envie de vider de son contenu. Le duelliste fixait chaque détail comme s’il avait pu trouver le mensonge, y voir la clef pour pouvoir la brandir sous le nez de Mama Olivia et lui faire admettre que ce n’était qu’un attrape-nigaud pour touristes crédules, mais son regard céruléen se posa sur un bouquet de renoncules. Les fleurs alpines que sa mère avait toujours préférées. Celles-là même dont il avait fleuri la tombe de Morgane, à l’automne. How can’t it be a trick … Ses doigts se crispèrent autour de ses coudes, et, d’un souffle presque inaudible, il murmura « Mama … » C’était ridicule. Il était ridicule, cette mise en scène était absolument grotesque et il s’adressait à un mur décoré de chiffons et de figurines ossuaires. Personne ne l’écoutait, mis à part la grand-mère qui devait visiblement se payer sa tête et Alice, qui le traiterait de nigaud une fois qu’ils rejoindraient la rue à nouveau, il était un imbécile et méritait ce tour cruel et – « Ist diese Frau ein Scharlatan? Sind Sie hier? » Gêné de parler ainsi à un espace vide, l’auror pivota, cherchant du regard une autre trace dans l’arrière-boutique, un signe, n’importe quoi – et sur une table basse, un origami en papier du même genre que ceux que Liese appréciait plier lors de ses journées de fatigue, proclamant que son esprit s’usait bien moins que ses blanches mains. « Nathaniel wusste es. Er hat dich gesehen. Er versuchte. Weißt du das, Mama? » Sa voix se brisa. Les larmes aux yeux, le Calédonien n’accordait aucune attention aux deux sorcières, trébuchait sur ses mots, bâclait le vif allemand autrichien de sa mère en hachurant ses phrases. « Ich versuche es. Ich bleibe. Ich weiß nicht, was ich sagen soll. Ich wünschte, du wärst hier. Merlin, ich wünschte du hättest uns nicht verlassen. Du warst ... Merlin. Ich habe mich mein ganzes Leben allein gefühlt. Ich vermisse dich. » Les lèvres pincées, il attendait une réponse, cherchait d’un regard erratique une autre trace, un autre signe. Show yourself.
️ nightgaunt
(1) Is this woman a charlatan? are you here?
(2) Nathaniel knew. He saw you. He tried. You know that, mum?
(3) I'm trying. I'm staying. I don't know what to say. I wish you were here. Merlin, I wish you hadn't left us. You were ... Merlin. I've felt alone my whole life. Since you’ve been gone.
- InvitéInvité
Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Dim 8 Aoû 2021 - 16:04
Our personal mascarade
New Orleans ✧Samedi 20 février 2021. 21h
*Sword from the stone*
Alice se tenait un peu à l’écart, le coude calé dans sa main opposée, suivant du regard les cent pas effectués par le grand calédonien affecté par les premiers échanges avec sa très chère aïeule. Elle avait déjà vu Mama Olivia œuvrer auprès de nombreux vivants convoqués par leurs défunts, mais elle n’avait jamais trouvé de pattern, de procédure pré formatée pour ce genre d’introduction : Sa grand-mère semblait faire à la tête du client, après avoir détaillé son visage du bout des doigts, et elle ne doutait pas une seule seconde de la clairvoyance de la vieille dame. Malgré tout, elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter, un peu, d’une telle entrée en matière et, surtout, de la réaction d’Evan face à de telles révélations : Il ne savait pas qu’On l’attendait, ce soir, et elle-même n’en était pas intimement persuadée, avant d’entendre les premiers mots de la propriétaire des lieux. L’identité de leur première invitée, en revanche, ne l’avait pas surprise (family first, always), elle avait remarqué quelques menus détails inédits dans la décoration de la pièce, et cela ne pouvait être que l’œuvre de l’influence de cette dernière. Alors elle s’était installée dans l’un des crapauds de velours carmin dans un recoin de la pièce, s’était faite toute petite, plus qu’à l’ordinaire encore, jouant avec la flamme d’une longue bougie blanche, la lumiere projetant des ombres mordorées sur ses pommettes de chatte. Ce moment n’était pas le sien, elle n’était qu’une spectatrice d’un instant bien particulier…
Elle avait retenu sa respiration quand Evan avait fini par s’arrêter de bouger, faisant vibrer ses cordes vocales en quelques syllabes gutturales, comme coincées au fond de sa gorge. La maïeutique des émotions, voilà ce qu’impliquait la science de Mama Olivia, qui observait le sorcier par derrière ses verres épais, un vague sourire sur les lèvres. L’Aïeule l’avait laissé béguéter, elle qui était le Baye des âmes du très haut et des très bas depuis si longtemps, elle savait laisser l’agneau tituber un instant avant de l’oindre du balsamique de sa voix où l’outretombe venait caresser les fils encore intacts des moires.
- She is here, Child. You’re an Empath, I can feel it, so close your eyes. You don’t need them to see her, to acknowledge her presence by you side…
D’un mouvement de la main, la sorcière avait éteint les lumières, toutes, ou presque, ne laissant que la lueur de quelques bougies et les flammes vacillantes, dont celle que tenait sa petite-fille entre ses doigts. Là, elle s’était emparée de ceux du Calédonien, dans ses petites mains pareilles à des serres aux ergots rêches. We are all birds here.
- Do you hear her ? She is whispering. It’s soft. Comforting. She has a beautiful voice, it sounds like she’s singing. Ich liebe euch beide, meine Söhne. Ich liebe deinen Vater. Ich bereue nichts, meine Zeit mit dir ist das Wertvollste, was ich habe.
Alice ne comprenait pas l’allemand, mais les changements dans la mélodie des intonations de sa grand-mère lui donnèrent des frissons. Ce n’était pas vraiment sa voix, à elle, il n’y avait plus l’écorché du tabac, ni le souffle court des vieilles personnes. Tout était plus lisse, plus délicat, aussi, plus jeune. Trop jeune, songea t’elle, se mordant fort la lèvre, alors que l’humidité remontait à ses yeux plus vite qu’elle ne l’avait présagé. Dans la pénombre, elle ne pouvait voir les trais de son fiancé, mais elle devinait les mouvements de balancier de sa grand-mère, ses mains liées à celles du sorcier. Elle ne pensait pas que la séance commencerait si tôt, si vite, à peine avaient ils passé le pas de la porte, mais l’évidence la frappait à présent au visage à mesure qu’une odeur qui ne lui était pas familière, à elle, emplissait à présent la pièce, et que la flamme de sa bougie se mit à vaciller alors qu’elle retenait sa respiration : Evan était attendu, depuis trop longtemps, et les femmes de sa vie n’avaient aucune raison de patienter plus que nécessaire. Les bonnes manières n’avaient plus vraiment de sens, quand la notion de temporalité elle-même n’était plus qu’un concept. Du bout des doigts, elle chatouillait la flamme qui lui léchait les ongles sans morsure, élément familier qui s’enroulait paresseusement autour de l’épiderme sombre, indifférent à la scène qui se jouait quelques pas plus loin.
- Ich habe dich nie verlassen. Ich bin hier, ich bin immer hier gewesen. Es tut mir leid, dass ich nicht stark genug für dich bin, um zu fühlen, jeden Tag, jeden Tag. Sie waren nie allein. Du wirst nie allein sein, mein lieber Junge. Mein Singvogel.
Olivia s’était tue, un instant, reprenant sa respiration comme après un effort, relevant le nez vers le plafond dans un long soupir, avant de glousser, répondant à une plaisanterie qu’il n’y avait qu’elle pour entendre. Elle se mit à chantonner, doucement, une chanson sans parole, une mélodie lénifiante. Alice devina une berceuse, étouffa un hoquet de sanglot. Décidément, elle n’avait pas prévu que cela la touche comme ça. Une odeur de Patchouli pénétra sans ses narines pour en tapisser le moindre millimètre de paroi, et elle écrasa une larme au coin de ses yeux en soufflant doucement.
- I’m okay, aunty Caroline, I just… I thought I was used to it.
*Sword from the stone*
Alice se tenait un peu à l’écart, le coude calé dans sa main opposée, suivant du regard les cent pas effectués par le grand calédonien affecté par les premiers échanges avec sa très chère aïeule. Elle avait déjà vu Mama Olivia œuvrer auprès de nombreux vivants convoqués par leurs défunts, mais elle n’avait jamais trouvé de pattern, de procédure pré formatée pour ce genre d’introduction : Sa grand-mère semblait faire à la tête du client, après avoir détaillé son visage du bout des doigts, et elle ne doutait pas une seule seconde de la clairvoyance de la vieille dame. Malgré tout, elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter, un peu, d’une telle entrée en matière et, surtout, de la réaction d’Evan face à de telles révélations : Il ne savait pas qu’On l’attendait, ce soir, et elle-même n’en était pas intimement persuadée, avant d’entendre les premiers mots de la propriétaire des lieux. L’identité de leur première invitée, en revanche, ne l’avait pas surprise (family first, always), elle avait remarqué quelques menus détails inédits dans la décoration de la pièce, et cela ne pouvait être que l’œuvre de l’influence de cette dernière. Alors elle s’était installée dans l’un des crapauds de velours carmin dans un recoin de la pièce, s’était faite toute petite, plus qu’à l’ordinaire encore, jouant avec la flamme d’une longue bougie blanche, la lumiere projetant des ombres mordorées sur ses pommettes de chatte. Ce moment n’était pas le sien, elle n’était qu’une spectatrice d’un instant bien particulier…
Elle avait retenu sa respiration quand Evan avait fini par s’arrêter de bouger, faisant vibrer ses cordes vocales en quelques syllabes gutturales, comme coincées au fond de sa gorge. La maïeutique des émotions, voilà ce qu’impliquait la science de Mama Olivia, qui observait le sorcier par derrière ses verres épais, un vague sourire sur les lèvres. L’Aïeule l’avait laissé béguéter, elle qui était le Baye des âmes du très haut et des très bas depuis si longtemps, elle savait laisser l’agneau tituber un instant avant de l’oindre du balsamique de sa voix où l’outretombe venait caresser les fils encore intacts des moires.
- She is here, Child. You’re an Empath, I can feel it, so close your eyes. You don’t need them to see her, to acknowledge her presence by you side…
D’un mouvement de la main, la sorcière avait éteint les lumières, toutes, ou presque, ne laissant que la lueur de quelques bougies et les flammes vacillantes, dont celle que tenait sa petite-fille entre ses doigts. Là, elle s’était emparée de ceux du Calédonien, dans ses petites mains pareilles à des serres aux ergots rêches. We are all birds here.
- Do you hear her ? She is whispering. It’s soft. Comforting. She has a beautiful voice, it sounds like she’s singing. Ich liebe euch beide, meine Söhne. Ich liebe deinen Vater. Ich bereue nichts, meine Zeit mit dir ist das Wertvollste, was ich habe.
Alice ne comprenait pas l’allemand, mais les changements dans la mélodie des intonations de sa grand-mère lui donnèrent des frissons. Ce n’était pas vraiment sa voix, à elle, il n’y avait plus l’écorché du tabac, ni le souffle court des vieilles personnes. Tout était plus lisse, plus délicat, aussi, plus jeune. Trop jeune, songea t’elle, se mordant fort la lèvre, alors que l’humidité remontait à ses yeux plus vite qu’elle ne l’avait présagé. Dans la pénombre, elle ne pouvait voir les trais de son fiancé, mais elle devinait les mouvements de balancier de sa grand-mère, ses mains liées à celles du sorcier. Elle ne pensait pas que la séance commencerait si tôt, si vite, à peine avaient ils passé le pas de la porte, mais l’évidence la frappait à présent au visage à mesure qu’une odeur qui ne lui était pas familière, à elle, emplissait à présent la pièce, et que la flamme de sa bougie se mit à vaciller alors qu’elle retenait sa respiration : Evan était attendu, depuis trop longtemps, et les femmes de sa vie n’avaient aucune raison de patienter plus que nécessaire. Les bonnes manières n’avaient plus vraiment de sens, quand la notion de temporalité elle-même n’était plus qu’un concept. Du bout des doigts, elle chatouillait la flamme qui lui léchait les ongles sans morsure, élément familier qui s’enroulait paresseusement autour de l’épiderme sombre, indifférent à la scène qui se jouait quelques pas plus loin.
- Ich habe dich nie verlassen. Ich bin hier, ich bin immer hier gewesen. Es tut mir leid, dass ich nicht stark genug für dich bin, um zu fühlen, jeden Tag, jeden Tag. Sie waren nie allein. Du wirst nie allein sein, mein lieber Junge. Mein Singvogel.
Olivia s’était tue, un instant, reprenant sa respiration comme après un effort, relevant le nez vers le plafond dans un long soupir, avant de glousser, répondant à une plaisanterie qu’il n’y avait qu’elle pour entendre. Elle se mit à chantonner, doucement, une chanson sans parole, une mélodie lénifiante. Alice devina une berceuse, étouffa un hoquet de sanglot. Décidément, elle n’avait pas prévu que cela la touche comme ça. Une odeur de Patchouli pénétra sans ses narines pour en tapisser le moindre millimètre de paroi, et elle écrasa une larme au coin de ses yeux en soufflant doucement.
- I’m okay, aunty Caroline, I just… I thought I was used to it.
️ nightgaunt
- trad:
- Elle est là, mon enfant. Tu es un empathe, je peux le sentir, alors ferme les yeux. Tu n'as pas besoin de voir pour reconnaitre sa présence à tes cotés.
- L'entends tu ? Elle murmure. c'est si doux. Réconfortant. Elle a une belle voix, c'est comme si elle chantait. Je vous aime tous les deux, mes fils. J'aime votre père. Je ne regrette rien, le temps auprès de vous est ce que j'ai de plus précieux.
- Je ne t'ai jamais quitté. Je suis là, j'ai toujours été là. Je suis désolée de ne pas être assez forte pour que tu le sentes, chaque jour, tous les jours. Tu n'as jamais été seul. Tu ne seras jamais seul, mon petit garçon chéri. Mon oiseau chanteur.
- ça va, tante Caroline. je ... Je pensais juste avoir l'habitude de tout ça ...
- InvitéInvité
Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Ven 20 Aoû 2021 - 13:06
Our personal mascarade
Nola ✧Samedi 20 février 2021. 21h
Do you hear her? Ses yeux étaient clos, fermés avec une intense ferveur, à la fois pour retenir les larmes embuant son regard clair et pour se plier aux consignes de la matriarche dont il avait été prêt à rejeter les dons du revers de la main. Le Calédonien avait une oreille de musicien entraîné, sensible aux vibrations, extralucide dans les variations musicales que pouvaient apporter les notes, les voix, les émotions. Tendue avec une énergie de galérien. Le silence. Ou plutôt, l’explosif vacarme de l’extérieur, qui parvenait à se faufiler entre les murs et par les quelques espaces de ventilation. Il entendait le rythme entêtant des percussions, la chaleur rauque des cuivres, aurait voulu leur hurler de se taire, que tout le monde cesse d’exister pour qu’il puisse entendre sa mère – car c’était pour cela qu’elle demeurait silencieuse, n’est-ce pas? Il tendait l’oreille, il la tendait tellement fort qu’il se la serait arrachée, n’était-ce pas ainsi qu’on entendait les morts, alors? She is whispering. Non, Evan n’entendait rien. Qu’ils se taisent dehors, qu’ils arrêtent, pitié, avant qu’elle ne s’en aille à nouveau et le laisse seul. Tellement seul. It sounds like she’s singing.
Le géant sourit sans en avoir conscience. Liese avait toujours chanté, le pas joyeux et la voix qui aimait se fendre de notes pour le plaisir, sans souci de performance ni de qualifier ses talents à l’aune de la monétarisation. Liese avait eu une âme d’artiste, sans la pression qui venait si souvent avec elle. Elle aimait sans malice – les gens, les choses, les états. « Du bereust nichts, aber was ist mit uns, Mama? Wir vermissen Dich so sehr. Auch zu Vater, auch wenn er nie darüber spricht. » Devon dédaignait les sujets émotifs avec son cadet – peut-être Nathaniel avait-il eu droit à un traitement différent, comme souvent. Leur patriarche s’était toujours refusé à s’étendre sur le sujet du décès de Liese, après les premiers mois du deuil. Le cadet adolescent avait fini par se convaincre que ses parents avaient vécu un mariage de convenances comme tant de sang purs avant eux, comme son frère et Morgane – et que la mort de Liese avait fini par être oubliée et laissée derrière par Devon Wakefield.
Je ne t'ai jamais quitté. Je suis là, j'ai toujours été là. Je suis désolée de ne pas être assez forte pour que tu le sentes, chaque jour, tous les jours. Le Calédonien ouvrit la bouche, voulut retirer ses paroles comme un enfant égoïste trop pressé d’exprimer ses émotions réalisant que d’autres psyché émotives pouvaient exister autour de lui – la réalisation de l’adulte, que les parents vivaient eux aussi un univers complexe de sentiments, qui ne se réconciliaient pas toujours avec leur statut de géniteur. Mais Liese attendait depuis trop longtemps, profitant enfin d’un réceptacle en la personne de la grand-mère d’Alice. Tu n'as jamais été seul. Tu ne seras jamais seul, mon petit garçon chéri. Mon oiseau chanteur. Un sanglot étranglé s’arracha à sa gorge. Ses jambes allaient le lâcher. Lentement, il tendit une main contre un mur pour éviter que le sol ne se dérobe sous ses pieds.
Le dos callé contre un mur, il gardait les yeux fermés comme Olivia le lui avait dit, craignant soudain qu’elle ne disparaisse s’il les ouvrait à nouveau. Ses doigts se replièrent contre ses jambes. « Wirst du gehen, wenn ich aufhöre, mit dir zu reden? Ich weiß nicht, was ich dich fragen soll ... ich vermisse dich so sehr. Weißt du, dass ich eine Zeitlang in Wien gelebt habe? Sie machen ehrlich gesagt besseren Kaffee als dort, wo Sie herkommen. » Le doctorant rit face à la stupidité de sa question, l’incongruité de ce qu’il disait à son tour après plus de quinze ans sans lui parler, à elle. Un rire cristallin fendit l’air. Léger. Reconnaissable entre mille. Evan ouvrit les yeux, paniqué, et regarda Mama Olivia. « Did you – was that you? », demanda l’étudiant à l’ancêtre, qui lui sourit et fit non de la tête. « Und sie machen bessere Musik, aber die Frauen sind hier schöner. » La transition s’était faite sans tache, entre la prêtresse et lui. Evan l’entendait – avait cessé de tendre l’oreille, car c’était avec l’âme qu’on parlait aux défunts. Le musicien ricana, un rire de connivence et de familiarité, comme s’il venait d’entendre une blague qu’on lui avait répété cent fois depuis l’enfance.
Une de ses mains s’était refermée sur sa poitrine. « Das ist Alice », prononça le géant en désignant sa fiancée, ouvrant les yeux pour lui jeter un regard. Leurs prunelles embuées se répondirent, et il sourit tendrement à l’Américaine. « Es kam nicht ganz so, wie Vater es wollte. » Un autre rire. Celui qu’elle lui décernait jadis, lorsqu’il se montrait naïf. « Oh? Du scheinst sehr vernarrt in jemanden zu sein, der das Gegenteil von dem tut, was sein Vater will. Vielleicht solltest du ihm mehr Kredit geben. » Evan leva les yeux au ciel, présentant une mine d’enfant pas sage face à lui. « You know you’re unpleasant when you’re right? », souleva l’auror, tentant d’inclure Alice sans perdre une once d’attention décernée à Liese, qui rit à nouveau. « Takes one to know one. » Il souriait. Il souriait si fort que ses joues allaient céder sous ses muscles. « That it does. » Un silence. Evan projeta un regard lourd sur la pièce, son cœur se tordant d’une inquiétude – il ne savait comment réagir face à la présence ou l’absence. Ses mortes. Sa morte. « Is she with you? »
Do you hear her? Ses yeux étaient clos, fermés avec une intense ferveur, à la fois pour retenir les larmes embuant son regard clair et pour se plier aux consignes de la matriarche dont il avait été prêt à rejeter les dons du revers de la main. Le Calédonien avait une oreille de musicien entraîné, sensible aux vibrations, extralucide dans les variations musicales que pouvaient apporter les notes, les voix, les émotions. Tendue avec une énergie de galérien. Le silence. Ou plutôt, l’explosif vacarme de l’extérieur, qui parvenait à se faufiler entre les murs et par les quelques espaces de ventilation. Il entendait le rythme entêtant des percussions, la chaleur rauque des cuivres, aurait voulu leur hurler de se taire, que tout le monde cesse d’exister pour qu’il puisse entendre sa mère – car c’était pour cela qu’elle demeurait silencieuse, n’est-ce pas? Il tendait l’oreille, il la tendait tellement fort qu’il se la serait arrachée, n’était-ce pas ainsi qu’on entendait les morts, alors? She is whispering. Non, Evan n’entendait rien. Qu’ils se taisent dehors, qu’ils arrêtent, pitié, avant qu’elle ne s’en aille à nouveau et le laisse seul. Tellement seul. It sounds like she’s singing.
Le géant sourit sans en avoir conscience. Liese avait toujours chanté, le pas joyeux et la voix qui aimait se fendre de notes pour le plaisir, sans souci de performance ni de qualifier ses talents à l’aune de la monétarisation. Liese avait eu une âme d’artiste, sans la pression qui venait si souvent avec elle. Elle aimait sans malice – les gens, les choses, les états. « Du bereust nichts, aber was ist mit uns, Mama? Wir vermissen Dich so sehr. Auch zu Vater, auch wenn er nie darüber spricht. » Devon dédaignait les sujets émotifs avec son cadet – peut-être Nathaniel avait-il eu droit à un traitement différent, comme souvent. Leur patriarche s’était toujours refusé à s’étendre sur le sujet du décès de Liese, après les premiers mois du deuil. Le cadet adolescent avait fini par se convaincre que ses parents avaient vécu un mariage de convenances comme tant de sang purs avant eux, comme son frère et Morgane – et que la mort de Liese avait fini par être oubliée et laissée derrière par Devon Wakefield.
Je ne t'ai jamais quitté. Je suis là, j'ai toujours été là. Je suis désolée de ne pas être assez forte pour que tu le sentes, chaque jour, tous les jours. Le Calédonien ouvrit la bouche, voulut retirer ses paroles comme un enfant égoïste trop pressé d’exprimer ses émotions réalisant que d’autres psyché émotives pouvaient exister autour de lui – la réalisation de l’adulte, que les parents vivaient eux aussi un univers complexe de sentiments, qui ne se réconciliaient pas toujours avec leur statut de géniteur. Mais Liese attendait depuis trop longtemps, profitant enfin d’un réceptacle en la personne de la grand-mère d’Alice. Tu n'as jamais été seul. Tu ne seras jamais seul, mon petit garçon chéri. Mon oiseau chanteur. Un sanglot étranglé s’arracha à sa gorge. Ses jambes allaient le lâcher. Lentement, il tendit une main contre un mur pour éviter que le sol ne se dérobe sous ses pieds.
Le dos callé contre un mur, il gardait les yeux fermés comme Olivia le lui avait dit, craignant soudain qu’elle ne disparaisse s’il les ouvrait à nouveau. Ses doigts se replièrent contre ses jambes. « Wirst du gehen, wenn ich aufhöre, mit dir zu reden? Ich weiß nicht, was ich dich fragen soll ... ich vermisse dich so sehr. Weißt du, dass ich eine Zeitlang in Wien gelebt habe? Sie machen ehrlich gesagt besseren Kaffee als dort, wo Sie herkommen. » Le doctorant rit face à la stupidité de sa question, l’incongruité de ce qu’il disait à son tour après plus de quinze ans sans lui parler, à elle. Un rire cristallin fendit l’air. Léger. Reconnaissable entre mille. Evan ouvrit les yeux, paniqué, et regarda Mama Olivia. « Did you – was that you? », demanda l’étudiant à l’ancêtre, qui lui sourit et fit non de la tête. « Und sie machen bessere Musik, aber die Frauen sind hier schöner. » La transition s’était faite sans tache, entre la prêtresse et lui. Evan l’entendait – avait cessé de tendre l’oreille, car c’était avec l’âme qu’on parlait aux défunts. Le musicien ricana, un rire de connivence et de familiarité, comme s’il venait d’entendre une blague qu’on lui avait répété cent fois depuis l’enfance.
Une de ses mains s’était refermée sur sa poitrine. « Das ist Alice », prononça le géant en désignant sa fiancée, ouvrant les yeux pour lui jeter un regard. Leurs prunelles embuées se répondirent, et il sourit tendrement à l’Américaine. « Es kam nicht ganz so, wie Vater es wollte. » Un autre rire. Celui qu’elle lui décernait jadis, lorsqu’il se montrait naïf. « Oh? Du scheinst sehr vernarrt in jemanden zu sein, der das Gegenteil von dem tut, was sein Vater will. Vielleicht solltest du ihm mehr Kredit geben. » Evan leva les yeux au ciel, présentant une mine d’enfant pas sage face à lui. « You know you’re unpleasant when you’re right? », souleva l’auror, tentant d’inclure Alice sans perdre une once d’attention décernée à Liese, qui rit à nouveau. « Takes one to know one. » Il souriait. Il souriait si fort que ses joues allaient céder sous ses muscles. « That it does. » Un silence. Evan projeta un regard lourd sur la pièce, son cœur se tordant d’une inquiétude – il ne savait comment réagir face à la présence ou l’absence. Ses mortes. Sa morte. « Is she with you? »
️ nightgaunt
- traduction:
- « Tu ne regrettes rien mais et nous, maman? Tu nous manques tellement. Même à Père, même s'il n'en parle jamais. »
« Partiras-tu, si j'arrête de te parler? Je ne sais pas quoi te demander ... il me manque tellement de choses à ton sujet. Sais-tu que j'ai vécu à Vienne, un temps? Ils font franchement de meilleurs cafés que d'où tu viens. »
Et ils font de la meilleure musique, mais les femmes sont plus belles chez nous.
« Est-ce que - est-ce que c'était vous? »
« Je te présente Alice. »
« Les choses ne se sont pas exactement passées comme Père le voulait. »
Oh? Tu sembles bien entiché, pour quelqu'un qui fait le contraire de ce que son père veut. Peut-être que tu devrais lui donner plus de crédit.
« Tu sais que tu es déplaisante quand tu as raison? »
C’est celui qui le dit qui l’est.
« Ça oui. »
« Est-elle avec toi? »
- InvitéInvité
Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Ven 20 Aoû 2021 - 15:14
Our personal mascarade
New Orleans ✧Samedi 20 février 2021. 21h
*Sword from the stone*
Elle ne parlait pas un traitre mot d’allemand. Pas une goutte, rien, et pourtant, elle avait l’impression d’être capable de comprendre ce qu’Evan et sa grand-mère, ou plutôt ce qu’Evan et Liese se disaient. Il y avait quelques mots qui rappelaient l’anglais, de temps à autre, mais surtout, il y avait les intonations chaudes, bien que chargées d’émotions, de chacun, qui traduisaient tout l’amour que se portaient les interlocuteurs. Le visage du cadet qui avait changé de couleurs, presque de forme, jusqu’à une complexion juvénile qu’elle lui ignorait : Eva n’avait pas trente ans, mais bien quelque chose se rapprochant de la moitié de cela, dévorant la fin de ses phrases comme si les mots étaient comptés, et qu’importait, sa mère finirait par comprendre. Les mères savent ce que pensent leurs petits. Elle avait observé les membres de sa grand-mère se dénouer, aussi, à mesure que le sorcier s’habituait à l’exercice. Il lui était surement bien plus facile de connecter les deux âmes à présent qu’il en avait compris le mécanisme, et embrassé l’étrange situation. Ils étaient dans leur bulle à présent, et l’américaine se retrouvait comme à l’extérieur de cet instant qui n’appartenait qu’à eux. Cela ne la dérangeait pas, elle connaissait les règles de ce jeu étrange, et les observait avec tendresse. Tout ce qu’il vivait, elle l’avait déjà expérimenté, des années auparavant, avec d’autres êtres chers. Ce temps là était aussi fugace que capricieux, ce qui le rendait plus précieux encore, et elle aurait été bien mal disposée à réclamer de l’attention à cet instant précis.
« Das ist Alice »
Elle releva le nez de la contemplation de la flamme, croisa le regard luisant et humide de son fiancé : il était beau, comme ça. Elle lui rendit son sourire, écarquilla un petit peu les yeux en entendant, fugace, le rire de la défunte, pour la première fois. C’était surement là la manière qu’elle aurait de la saluer, avant de retourner à sa progéniture. Le serpent à plumes se remémora le visage doux et candide de sa défunte belle-mère, dont une photographie ornait un arbre généalogique qu’elle avait du apprendre par cœur, des mois auparavant. Elle avait aimé son sourire, le même que son fils. Que Ses fils, elle avait eu l’occasion de le voir affleurer parfois aux lèvres de l’ainé, aussi, en de rares occasions. Un sourire doux et confiant. Un sourire qui vous fait tomber amoureuse.
D’un mouvement du bout des doigts, elle attira un verre de métal poli et la bouteille annexe, versant la quantité idoine et proportionnée d’alcool pour s’occuper l’estomac et les papilles, sucre liquoreux bienvenue. Son regard passait d’Evan à sa grand-mère, à d’autres endroits de la pièce, un peu au hasard, pas totalement cela étant : elle n’était pas experte, à la manière de son aieule, loin s’en fallait, mais la force de l’habitude lui permettait de présumer de la présence d’autres visiteurs. Elle prit une gorgée de vin épais, et la caudalie tapissa son palais de tanins bruts et épais, tachant sa bouche pour la rougir un peu plus encore à chaque gorgée. Il y avait de l’impatience entre les murs de chaux blanchie, mais pas que. Alors elle ferma les yeux, à son tour. Sentit le vent caresser sa nuque, alors que les portes et les fenêtres étaient closes. Tous n’auraient pas voix au chapitre ce soir, mais l’une d’entre elles aurait la primeur.
« Is she with you? »
- Of course she is.
C’était sorti tout seul, comme une évidence, comme si le pronom lui-même ne pouvait désigner qu’une seule personne dans tout l’autre-monde. Olivia ricana, invitant son engeance à poursuivre, alors que Liese contemplait encore amoureusement son fils à travers son regard presque aveugle. Machinalement, Alice dénoua ses jambes repliées, rasant les murs et les meubles dans la quasi-pénombre, la main à la dérive, mais guidée par une volonté qui n’était pas uniquement la sienne. Elle trouva la clé, d’abord, le métal rendu rugueux par l’oxydation. Et puis, la boite. Amusant, elle pensait avoir égaré l’une comme l’autre lors d’une chasse aux trésors avec Jacob, deux décennies plus tôt. Elle remonta le mécanisme du nombre exact de tours nécessaires. Cela fait, elle s’approcha du Wakefield, prenant sa main doucement pour y déposer l’ancienne relique. Quand elle retira ses doigts, le ressort poussa le rouage, et le capuchon s’ouvrit sur le petit sujet qui pivotait sur un pied, la pirouette rendue rigide avec l’âge de l’artefact. La musique, elle, en revanche, était intacte, et emplit l’air alors que toute la pièce retenait sa respiration. Alice baissa la tête à ses pieds, et sa main droite cacha son annulaire gauche, comme un reflexe pudique.
- … I’ll leave you alone.
- I’m quite sure she wants you to stay, ma chérie.
*Sword from the stone*
Elle ne parlait pas un traitre mot d’allemand. Pas une goutte, rien, et pourtant, elle avait l’impression d’être capable de comprendre ce qu’Evan et sa grand-mère, ou plutôt ce qu’Evan et Liese se disaient. Il y avait quelques mots qui rappelaient l’anglais, de temps à autre, mais surtout, il y avait les intonations chaudes, bien que chargées d’émotions, de chacun, qui traduisaient tout l’amour que se portaient les interlocuteurs. Le visage du cadet qui avait changé de couleurs, presque de forme, jusqu’à une complexion juvénile qu’elle lui ignorait : Eva n’avait pas trente ans, mais bien quelque chose se rapprochant de la moitié de cela, dévorant la fin de ses phrases comme si les mots étaient comptés, et qu’importait, sa mère finirait par comprendre. Les mères savent ce que pensent leurs petits. Elle avait observé les membres de sa grand-mère se dénouer, aussi, à mesure que le sorcier s’habituait à l’exercice. Il lui était surement bien plus facile de connecter les deux âmes à présent qu’il en avait compris le mécanisme, et embrassé l’étrange situation. Ils étaient dans leur bulle à présent, et l’américaine se retrouvait comme à l’extérieur de cet instant qui n’appartenait qu’à eux. Cela ne la dérangeait pas, elle connaissait les règles de ce jeu étrange, et les observait avec tendresse. Tout ce qu’il vivait, elle l’avait déjà expérimenté, des années auparavant, avec d’autres êtres chers. Ce temps là était aussi fugace que capricieux, ce qui le rendait plus précieux encore, et elle aurait été bien mal disposée à réclamer de l’attention à cet instant précis.
« Das ist Alice »
Elle releva le nez de la contemplation de la flamme, croisa le regard luisant et humide de son fiancé : il était beau, comme ça. Elle lui rendit son sourire, écarquilla un petit peu les yeux en entendant, fugace, le rire de la défunte, pour la première fois. C’était surement là la manière qu’elle aurait de la saluer, avant de retourner à sa progéniture. Le serpent à plumes se remémora le visage doux et candide de sa défunte belle-mère, dont une photographie ornait un arbre généalogique qu’elle avait du apprendre par cœur, des mois auparavant. Elle avait aimé son sourire, le même que son fils. Que Ses fils, elle avait eu l’occasion de le voir affleurer parfois aux lèvres de l’ainé, aussi, en de rares occasions. Un sourire doux et confiant. Un sourire qui vous fait tomber amoureuse.
D’un mouvement du bout des doigts, elle attira un verre de métal poli et la bouteille annexe, versant la quantité idoine et proportionnée d’alcool pour s’occuper l’estomac et les papilles, sucre liquoreux bienvenue. Son regard passait d’Evan à sa grand-mère, à d’autres endroits de la pièce, un peu au hasard, pas totalement cela étant : elle n’était pas experte, à la manière de son aieule, loin s’en fallait, mais la force de l’habitude lui permettait de présumer de la présence d’autres visiteurs. Elle prit une gorgée de vin épais, et la caudalie tapissa son palais de tanins bruts et épais, tachant sa bouche pour la rougir un peu plus encore à chaque gorgée. Il y avait de l’impatience entre les murs de chaux blanchie, mais pas que. Alors elle ferma les yeux, à son tour. Sentit le vent caresser sa nuque, alors que les portes et les fenêtres étaient closes. Tous n’auraient pas voix au chapitre ce soir, mais l’une d’entre elles aurait la primeur.
« Is she with you? »
- Of course she is.
C’était sorti tout seul, comme une évidence, comme si le pronom lui-même ne pouvait désigner qu’une seule personne dans tout l’autre-monde. Olivia ricana, invitant son engeance à poursuivre, alors que Liese contemplait encore amoureusement son fils à travers son regard presque aveugle. Machinalement, Alice dénoua ses jambes repliées, rasant les murs et les meubles dans la quasi-pénombre, la main à la dérive, mais guidée par une volonté qui n’était pas uniquement la sienne. Elle trouva la clé, d’abord, le métal rendu rugueux par l’oxydation. Et puis, la boite. Amusant, elle pensait avoir égaré l’une comme l’autre lors d’une chasse aux trésors avec Jacob, deux décennies plus tôt. Elle remonta le mécanisme du nombre exact de tours nécessaires. Cela fait, elle s’approcha du Wakefield, prenant sa main doucement pour y déposer l’ancienne relique. Quand elle retira ses doigts, le ressort poussa le rouage, et le capuchon s’ouvrit sur le petit sujet qui pivotait sur un pied, la pirouette rendue rigide avec l’âge de l’artefact. La musique, elle, en revanche, était intacte, et emplit l’air alors que toute la pièce retenait sa respiration. Alice baissa la tête à ses pieds, et sa main droite cacha son annulaire gauche, comme un reflexe pudique.
- … I’ll leave you alone.
- I’m quite sure she wants you to stay, ma chérie.
️ nightgaunt
- trad:
-bien sur qu'elle est là.
- je vais vous laisser seuls.
- Je suis à peu près sure qu'elle souhaite que tu restes, ma chérie.
- InvitéInvité
Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Ven 20 Aoû 2021 - 17:20
Our personal mascarade
Nola ✧Samedi 20 février 2021. 21h
L’intervention d’Alice le surprit, comme une évidence qu’il était le seul à ne pas comprendre, élève plus lent retardant le groupe. Le Calédonien se tut, le regard accroché à la démarche félidée de l’amphisbène, qui ne correspondait pas tout à fait aux balancements qu’il aimait tant suivre des yeux, avec, d’ordinaire, une mine entre réjouissement et suffisance. Mine. La sienne, oui, mais comment réconcilier ces émotions contraires et pourtant jumelles? Les siennes, toutes deux. Et lui, à elles – toutes deux. Ses cérulés suivirent le mouvement de l’Américaine, et il accepta la boîte qu’elle lui tendit, l’air rempli des notes douces qu’il reconnut comme un songe de jeunesse oublié. « I’ll leave you alone » et il l’ignora sans le vouloir, attention tendue avec violence vers une silhouette qu’il rêvait de revoir depuis des années. Invisible, comme sa mère. Silencieuse – mais cette musique …
Evan se releva, et peut-être était-ce idiot, à vrai dire, car alors, qui savait si elle n’avait pas été attachée à ses pas depuis le début? Ses mortes. Mais il ne pouvait pas lui faire face assis, plaida-t-il intérieurement, et un nouveau rire lui parvint. Un bruit de clochettes qui lui arracha une plainte, avec une malice tout à fait empreinte de gentillesse. « You were sitting the first time we met, darling. You could’ve stayed against the wall. » Les paroles anglaises se découpaient rudement, l’accent de l’Autrichienne ne s’étant pas acclimaté pendant les quelques années qu’elle avait passées à Londres avant son décès. Il se l’imagina, aveugle à ses contours que la mort lui refusait obstinément – son sourire prompt à l’amusement, le regard pétillant dans une attente d’histoires. Elle avait toujours eu l’air de vouloir sauter sur les histoires, Elena, ne cédait à la gravité que le minimum de contact avec ses surfaces – constamment prête à s’envoler dans une arabesque ou à lancer ses bras en l’air d’enthousiasme. Le meilleur des publics, avec une envie constante de raconter ses propres aventures avec la langue anglaise, brassant les environs de ses mains expressives pour accompagner ses prunelles étincelantes. Généreuse de son temps, de son attention et de ses secrets – et à présent, avec la fiancée de son époux, choisissant de la laisser comprendre leurs échanges.
« Elena … » et sa voix en suspens, qui ne se brisa pas, cette fois. Suspendue comme son épouse le faisait si souvent, épouser par la voix ses pas aériens à elle. Elle qui s’arrachait aux règles d’attraction, se moquait de sa lenteur comparée, à lui, ricanait sans méchanceté lorsqu’il se trompait de pied dans les chorégraphies qu’ils apprenaient dans leur salon conjugal pour rire. « You always said you wouldn’t come back to Scotland. » Nul reproche, et il triturait les coins de la boîte à musique, hochant la tête. « You were enough to me », murmura le Calédonien. « But after … I wanted to belong, again. » Pas à quelqu’un. Juste – appartenir, car il s’était trop appartenu, à lui. À son frère, à son père qui le lui rendait si mal. Ses éternelles fuites par en avant avaient fini par le mener chez lui. Caledonia. « You were never very good at being alone, mein liebe. You would’ve been lost without Jaï, in London. » Une nostalgie remplie de tendresse l’envahit, et il se contenta de hocher la tête. « I know. »
Le géant fit quelques pas dans la pièce, les doigts errant le long d’une étoffe soyeuse. Doucement, il la caressa, comme s’il pouvait toucher aux cheveux de son épouse par-delà les voiles d’outre-tombe, comme si elle pouvait sentir ses mains de musicien en sentir chaque courbe pour lui arracher un grognement satisfait. « Did I imagine you? In the meadow? » La clairière au sud du phare de Bona, où de discrètes volutes avaient semblé lui sourire dans l’air. « You mean when you were kissing a poor girl without realizing she had taken a love draught? » Evan pinça les lèvres. « Yes, that time, and no need to get back to those details, thank you very much. » Mais un sourire amusé s’était glissé sur la bouche de l’auror, qui présenta un regard penaud à l’air ambiant. « Don’t blame yourself, you always were charming after all. Easy to think she was smitten. » Si aisé, de lui parler – comme si hier encore, ils étaient installés dans leur salon approximatif qui leur servait aussi de cuisine et de bureau, à se raconter leurs journées et à se chamailler au sujet de qui devait sortir les poubelles. « Did you understand what I told you, then? »
« “This is not what you think, darling. In more ways than one.” We can’t all be clever as an all-seeing ghost, yes? »
« Well you are more clever than most, I would’ve thought it within reach of your intellect. »
« Yes, yes, I’m brilliant and all that – but you’re not being magnanimous at all. »
« Never was when you weren’t up to the challenge. »
« Oh is that punishment for that time you thought I cheated at Monopoly? I was the banker, I swear it was an accident – I didn’t mean to take that much money from the bank. » Ça lui revenait, comme un muscle ankylose qu’il avait presque oublié. Qu’il était facile de se souvenir ce que ça faisait, de l’avoir dans son quotidien – il ne songeait même pas au pire, à lui demander ce qui importait réellement, trop heureux d’échanger des répliques avec elle. Elena avait toujours eu l’air inoffensive. Douce comme une agnelle, avec le sourire débordant de gentillesse mais un humour capable de désarçonner ceux qui la sous-estimaient – et ils étaient légion. Elle avait eu l’air de la petite ballerine perdue à Londres, mais sous les longs cils se cachait une mauvaise perdante prompte à lui faire les yeux doux pour qu’il fasse la vaisselle et à lui désaccorder son piano de répétition par exprès. « Evan. » La voix sans appel. « I won’t be here for long. It’s not … there are different rules, for me. It’s harder. » Le Calédonien fit non de la tête, prompt à se jeter dans le déni. Non, ce n’était pas terminé – il pourrait revenir voir mama Olivia, n’est-ce pas? Consulter sa mère, s’élancer dans de passionnantes discussions avec elles, oublier leur départ. Sa morte. Ses mortes. « Please don’t go. »
« I’m never quite gone, darling. You’ve carried me all this time. I know it. Remember you’ve always had a big heart, mein liebe. Opening it up doesn’t mean you’ll forget me. » Les lèvres violemment pincées, Evan hocha la tête. Son regard traînait avec obstination sur le parquet. « I know you were there, that day. I saw you. Even if the others didn’t » Les funérailles auxquelles il n’avait su assister, incapable de faire face à sa peine. Il s’était perdu dans sa forme de rossignol, le petit cœur battant simplifiant ses émotions mais ne suffisant pas à atténuer la perte. Immobile, l’Écossais referma doucement la relique musicale, et un courant d’air éteignit les bougies brûlant près d’une fenêtre. La caresse lui parvint, lente, sensation du bout d’un doigt sur sa nuque avant que ne s’évanouisse toute autre sensation.
L’intervention d’Alice le surprit, comme une évidence qu’il était le seul à ne pas comprendre, élève plus lent retardant le groupe. Le Calédonien se tut, le regard accroché à la démarche félidée de l’amphisbène, qui ne correspondait pas tout à fait aux balancements qu’il aimait tant suivre des yeux, avec, d’ordinaire, une mine entre réjouissement et suffisance. Mine. La sienne, oui, mais comment réconcilier ces émotions contraires et pourtant jumelles? Les siennes, toutes deux. Et lui, à elles – toutes deux. Ses cérulés suivirent le mouvement de l’Américaine, et il accepta la boîte qu’elle lui tendit, l’air rempli des notes douces qu’il reconnut comme un songe de jeunesse oublié. « I’ll leave you alone » et il l’ignora sans le vouloir, attention tendue avec violence vers une silhouette qu’il rêvait de revoir depuis des années. Invisible, comme sa mère. Silencieuse – mais cette musique …
Evan se releva, et peut-être était-ce idiot, à vrai dire, car alors, qui savait si elle n’avait pas été attachée à ses pas depuis le début? Ses mortes. Mais il ne pouvait pas lui faire face assis, plaida-t-il intérieurement, et un nouveau rire lui parvint. Un bruit de clochettes qui lui arracha une plainte, avec une malice tout à fait empreinte de gentillesse. « You were sitting the first time we met, darling. You could’ve stayed against the wall. » Les paroles anglaises se découpaient rudement, l’accent de l’Autrichienne ne s’étant pas acclimaté pendant les quelques années qu’elle avait passées à Londres avant son décès. Il se l’imagina, aveugle à ses contours que la mort lui refusait obstinément – son sourire prompt à l’amusement, le regard pétillant dans une attente d’histoires. Elle avait toujours eu l’air de vouloir sauter sur les histoires, Elena, ne cédait à la gravité que le minimum de contact avec ses surfaces – constamment prête à s’envoler dans une arabesque ou à lancer ses bras en l’air d’enthousiasme. Le meilleur des publics, avec une envie constante de raconter ses propres aventures avec la langue anglaise, brassant les environs de ses mains expressives pour accompagner ses prunelles étincelantes. Généreuse de son temps, de son attention et de ses secrets – et à présent, avec la fiancée de son époux, choisissant de la laisser comprendre leurs échanges.
« Elena … » et sa voix en suspens, qui ne se brisa pas, cette fois. Suspendue comme son épouse le faisait si souvent, épouser par la voix ses pas aériens à elle. Elle qui s’arrachait aux règles d’attraction, se moquait de sa lenteur comparée, à lui, ricanait sans méchanceté lorsqu’il se trompait de pied dans les chorégraphies qu’ils apprenaient dans leur salon conjugal pour rire. « You always said you wouldn’t come back to Scotland. » Nul reproche, et il triturait les coins de la boîte à musique, hochant la tête. « You were enough to me », murmura le Calédonien. « But after … I wanted to belong, again. » Pas à quelqu’un. Juste – appartenir, car il s’était trop appartenu, à lui. À son frère, à son père qui le lui rendait si mal. Ses éternelles fuites par en avant avaient fini par le mener chez lui. Caledonia. « You were never very good at being alone, mein liebe. You would’ve been lost without Jaï, in London. » Une nostalgie remplie de tendresse l’envahit, et il se contenta de hocher la tête. « I know. »
Le géant fit quelques pas dans la pièce, les doigts errant le long d’une étoffe soyeuse. Doucement, il la caressa, comme s’il pouvait toucher aux cheveux de son épouse par-delà les voiles d’outre-tombe, comme si elle pouvait sentir ses mains de musicien en sentir chaque courbe pour lui arracher un grognement satisfait. « Did I imagine you? In the meadow? » La clairière au sud du phare de Bona, où de discrètes volutes avaient semblé lui sourire dans l’air. « You mean when you were kissing a poor girl without realizing she had taken a love draught? » Evan pinça les lèvres. « Yes, that time, and no need to get back to those details, thank you very much. » Mais un sourire amusé s’était glissé sur la bouche de l’auror, qui présenta un regard penaud à l’air ambiant. « Don’t blame yourself, you always were charming after all. Easy to think she was smitten. » Si aisé, de lui parler – comme si hier encore, ils étaient installés dans leur salon approximatif qui leur servait aussi de cuisine et de bureau, à se raconter leurs journées et à se chamailler au sujet de qui devait sortir les poubelles. « Did you understand what I told you, then? »
« “This is not what you think, darling. In more ways than one.” We can’t all be clever as an all-seeing ghost, yes? »
« Well you are more clever than most, I would’ve thought it within reach of your intellect. »
« Yes, yes, I’m brilliant and all that – but you’re not being magnanimous at all. »
« Never was when you weren’t up to the challenge. »
« Oh is that punishment for that time you thought I cheated at Monopoly? I was the banker, I swear it was an accident – I didn’t mean to take that much money from the bank. » Ça lui revenait, comme un muscle ankylose qu’il avait presque oublié. Qu’il était facile de se souvenir ce que ça faisait, de l’avoir dans son quotidien – il ne songeait même pas au pire, à lui demander ce qui importait réellement, trop heureux d’échanger des répliques avec elle. Elena avait toujours eu l’air inoffensive. Douce comme une agnelle, avec le sourire débordant de gentillesse mais un humour capable de désarçonner ceux qui la sous-estimaient – et ils étaient légion. Elle avait eu l’air de la petite ballerine perdue à Londres, mais sous les longs cils se cachait une mauvaise perdante prompte à lui faire les yeux doux pour qu’il fasse la vaisselle et à lui désaccorder son piano de répétition par exprès. « Evan. » La voix sans appel. « I won’t be here for long. It’s not … there are different rules, for me. It’s harder. » Le Calédonien fit non de la tête, prompt à se jeter dans le déni. Non, ce n’était pas terminé – il pourrait revenir voir mama Olivia, n’est-ce pas? Consulter sa mère, s’élancer dans de passionnantes discussions avec elles, oublier leur départ. Sa morte. Ses mortes. « Please don’t go. »
« I’m never quite gone, darling. You’ve carried me all this time. I know it. Remember you’ve always had a big heart, mein liebe. Opening it up doesn’t mean you’ll forget me. » Les lèvres violemment pincées, Evan hocha la tête. Son regard traînait avec obstination sur le parquet. « I know you were there, that day. I saw you. Even if the others didn’t » Les funérailles auxquelles il n’avait su assister, incapable de faire face à sa peine. Il s’était perdu dans sa forme de rossignol, le petit cœur battant simplifiant ses émotions mais ne suffisant pas à atténuer la perte. Immobile, l’Écossais referma doucement la relique musicale, et un courant d’air éteignit les bougies brûlant près d’une fenêtre. La caresse lui parvint, lente, sensation du bout d’un doigt sur sa nuque avant que ne s’évanouisse toute autre sensation.
️ nightgaunt
- traduction:
- « Tu étais assis lors de notre rencontre, chéri. Tu aurais pu rester contre le mur. »
« Elena … »
« Tu as toujours dit que tu ne reviendrais pas en Écosse. »
« Tu étais assez. Mais après ... j'ai voulu appartenir à ma famille, à nouveau. »
« Tu n'étais jamais doué pour rester seul, mon amour. Tu aurais été perdu, sans Jaï, à Londres. »
« Je sais. »
« Est-ce que je t'ai imaginée? Dans la clairière? »
« Tu veux dire pendant que tu embrassais une pauvre femme qui n'avait pas réalisé avoir avalé de l'amortencia? »
« Oui, cette fois-là, pas besoin de t'attarder sur les détails, merci. »
« Ne te blâme pas chéri, tu as toujours été charmant. As-tu compris ce que je t'avais dit, à l'époque? »
« "Ce n'est pas ce que tu penses, chéri. De deux façons plutôt qu'une". On ne peut pas tous avoir la prescience d'un fantôme, non? »
« Eh bien tu es plus intelligent que la moyenne, je pensais que c'était à portée de ton intellect. »
« Oui, oui, je suis brillant, tout ça - mais tu n'est pas du tout magnanime. »
« Je ne l'ai jamais été quand tu n'étais pas à la hauteur. »
« Est-ce que c'est une punition pour la fois où tu croyais que j'ai triché au Monopoly? J'étais le banquier, je te jure que c'était un accident - je n'ai pas fait exprès de prendre autant d'argent. »
« Evan. »
« Je ne serai pas là longtemps. Ce n'est pas ... les règles sont différentes, pour moi. C'est plus difficile. »
« Ne t'en va pas, s'il te plait. »
« Je ne suis jamais tout à fait partie, chéri. Tu m'as emmenée avec toi depuis le début. Souviens-toi que tu as toujours eu un grand coeur, mon amour. L'ouvrir davantage ne veut pas dire que tu m'oublies. »
« Je sais que tu étais là, ce jour-là. Je t'ai vu. Même si les autres n'ont pas remarqué. »
- InvitéInvité
Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Ven 20 Aoû 2021 - 18:49
Our personal mascarade
New Orleans ✧Samedi 20 février 2021. 21h
*Sword from the stone*
Il était étrange d’envisager comme le temps se ressentait différemment, selon les personnes, à un instant donné. Quand elle s’était remisée sagement dans son crapaud de velours, Alice avait laissé son regard se perdre dans le vague, ne s’accrochant à rien en particulier, laissant les émotions et les vibrations extérieures entre en collisions avec son propre palpitant. C’était quelque chose qu’elle ne faisait qu’entre les murs de la demeure séculaire qui, malgré son apparence de guingois, n’avait pas son pareil pour remettre les choses à leur véritable place, et la présence de l’ancêtre était de nature à repousser les esprits plus malveillants. Elle se sentait différente, dans la pénombre, s’ouvrant à cette expérience étrange qu’était le contact avec l’au-delà, même de loin, même en effleurant seulement sa surface. Elle ne s’y risquait pas sur le vieux continent, jamais, et encore moins seule : elle n’était pas assez expérimentée pour ce genre de cérémonies, et ce qui paraissait si simple et naturelle à la vieille aveugle relevait d’une maestria comme peu de mages en était capable. Alors elle accueillait, simplement, avant de laisser s’échapper les bribes de vies vécues bien avant la sienne, bric à brac de sons, d’images, d’odeurs même, parfois. Contrairement à ce que les touristes fantasmaient d’êtres incorporels rageurs et revanchards, les messages étaient bien souvent chargés d’amour et de tendresse, de profonde mélancolie, aussi, parfois. On ne gardait pas dent dure au trépas, surement avait on d’autres occupations. Bercée par quelques mélodies délicates et un piano lent, elle n’écoutait que d’une oreille distraite, se surprenant à ressentir une sorte de timidité face à l’intimité passée exposée du calédonien qui n’avait rien demandé, finalement. Pris de court par la situation inédite pour lui, peut être aurait il préféré qu’elle sorte de la pièce, mais tout à sa conversation avec feue son épouse, c’était comme si elle-même n’existait plus, plus évanescente encore que la morte. Il rappelait à leurs bons souvenirs des anecdotes dont elle ignorait l’existence, le contexte, mais elle n’arrivait pas à être frustrée, autre enseignement familial étrange. Il n’y eut que la dernière phrase de son fiancé qui la sortit de ses songes, levant son joli nez vers sa face entre inquiétude et dépit. Elena devait partir, vite, plus vite que Liese, ce n’était pas surprenant, mais pas agréable pour autant. Avant que la danseuse ne disparaisse, Alice s’était approchée d’Olivia, glissant son bras sous celui, rachitique et noueux, de la Vénérable. Elle tremblait, comme souvent quand elle aidait une âme non magique à s’exprimer. La jeunette pressa ses lèvres contre la tempe de la vieille dame, qui serra son bras avec une force démoniaque. Et puis, plus rien. Le silence, la pénombre, et surtout … Le vide. Il n’y avait plus qu’eux trois dans la pièce, et cela faisait bien trop peu, soudain.
C’est la Dubois qui reprit ses esprits (ha !), en premier, ôtant ses lunettes en cul de bouteille pour les essuyer au tissu de sa longue robe.
- Et bien, vous allez rester plantés là comme deux plantes vertes pendant longtemps ? J’ai d’autres clients, moi, après, et un de tes cousins doit m’emmener au barbecue des Lebossu, je dois encore me faire belle pour séduire le vieil Henry. A woman has needs ! Evan, my dear, you are splendid, and your deads are lovely, for real. It’s been a delight. My summer child, please, tell your mama I need to talk to her about omens. Bad ones. She has to be aware of some things. Oh, and send me one of your feather for a talisman, you’d be a doll. Voodoo one.
Docile, Alice acquiesça, rangeant l’information dans un coin de sa tête pour plus tard, serrant fort la frêle vieille dame contre son corps, avant que ce dernier ne lui tape sur les fesses comme seules les grands-mères peuvent se le permettre. L’Hangbé interrogea son fiancé du regard, avant de le guider vers la sortie, les mains prises par une besace de jute qui était apparue comme par magie sur le pas de la porte. Avant qu’ils ne ressortent dans le bar, elle l’arrêta dans son élan, les faisant transplaner dans un crac passant inaperçu dans le tumulte de la fête. Elle l’emmena plus loin, plus haut, là où l’air était plus frais, les étoiles plus visibles, mais la musique toujours présente. Autre toit blanc, autre perchoir pour les deux oiseaux de nuit. D’un mouvement de menton, elle l’avait invité à laisser pendre ses jambes dans le vide, le paysage urbain festif s’offrant à leurs yeux habitués à l’obscurité à présent. Elle laissa le silence flotter un instant, avant de se lancer, d’une voix douce.
- I supposed they will be there, but I could not be sure. I didn’t tell you anything because I did not want you to be disappointed. It’s even harder when they don’t show up.
Elle noua ses doigts aux siens et, doucement, les porta à sa bouche dans un baiser léger.
- … Are you okay ? We can have a break with good food, or get drunk quicky with mama’s bourbon, we can talk about, or go to dance… From now, the choice is yours…
Elle hésita un instant. Osa finalement.
- It was nice to meet them. They seemed to be fantastic. Both of them…
*Sword from the stone*
Il était étrange d’envisager comme le temps se ressentait différemment, selon les personnes, à un instant donné. Quand elle s’était remisée sagement dans son crapaud de velours, Alice avait laissé son regard se perdre dans le vague, ne s’accrochant à rien en particulier, laissant les émotions et les vibrations extérieures entre en collisions avec son propre palpitant. C’était quelque chose qu’elle ne faisait qu’entre les murs de la demeure séculaire qui, malgré son apparence de guingois, n’avait pas son pareil pour remettre les choses à leur véritable place, et la présence de l’ancêtre était de nature à repousser les esprits plus malveillants. Elle se sentait différente, dans la pénombre, s’ouvrant à cette expérience étrange qu’était le contact avec l’au-delà, même de loin, même en effleurant seulement sa surface. Elle ne s’y risquait pas sur le vieux continent, jamais, et encore moins seule : elle n’était pas assez expérimentée pour ce genre de cérémonies, et ce qui paraissait si simple et naturelle à la vieille aveugle relevait d’une maestria comme peu de mages en était capable. Alors elle accueillait, simplement, avant de laisser s’échapper les bribes de vies vécues bien avant la sienne, bric à brac de sons, d’images, d’odeurs même, parfois. Contrairement à ce que les touristes fantasmaient d’êtres incorporels rageurs et revanchards, les messages étaient bien souvent chargés d’amour et de tendresse, de profonde mélancolie, aussi, parfois. On ne gardait pas dent dure au trépas, surement avait on d’autres occupations. Bercée par quelques mélodies délicates et un piano lent, elle n’écoutait que d’une oreille distraite, se surprenant à ressentir une sorte de timidité face à l’intimité passée exposée du calédonien qui n’avait rien demandé, finalement. Pris de court par la situation inédite pour lui, peut être aurait il préféré qu’elle sorte de la pièce, mais tout à sa conversation avec feue son épouse, c’était comme si elle-même n’existait plus, plus évanescente encore que la morte. Il rappelait à leurs bons souvenirs des anecdotes dont elle ignorait l’existence, le contexte, mais elle n’arrivait pas à être frustrée, autre enseignement familial étrange. Il n’y eut que la dernière phrase de son fiancé qui la sortit de ses songes, levant son joli nez vers sa face entre inquiétude et dépit. Elena devait partir, vite, plus vite que Liese, ce n’était pas surprenant, mais pas agréable pour autant. Avant que la danseuse ne disparaisse, Alice s’était approchée d’Olivia, glissant son bras sous celui, rachitique et noueux, de la Vénérable. Elle tremblait, comme souvent quand elle aidait une âme non magique à s’exprimer. La jeunette pressa ses lèvres contre la tempe de la vieille dame, qui serra son bras avec une force démoniaque. Et puis, plus rien. Le silence, la pénombre, et surtout … Le vide. Il n’y avait plus qu’eux trois dans la pièce, et cela faisait bien trop peu, soudain.
C’est la Dubois qui reprit ses esprits (ha !), en premier, ôtant ses lunettes en cul de bouteille pour les essuyer au tissu de sa longue robe.
- Et bien, vous allez rester plantés là comme deux plantes vertes pendant longtemps ? J’ai d’autres clients, moi, après, et un de tes cousins doit m’emmener au barbecue des Lebossu, je dois encore me faire belle pour séduire le vieil Henry. A woman has needs ! Evan, my dear, you are splendid, and your deads are lovely, for real. It’s been a delight. My summer child, please, tell your mama I need to talk to her about omens. Bad ones. She has to be aware of some things. Oh, and send me one of your feather for a talisman, you’d be a doll. Voodoo one.
Docile, Alice acquiesça, rangeant l’information dans un coin de sa tête pour plus tard, serrant fort la frêle vieille dame contre son corps, avant que ce dernier ne lui tape sur les fesses comme seules les grands-mères peuvent se le permettre. L’Hangbé interrogea son fiancé du regard, avant de le guider vers la sortie, les mains prises par une besace de jute qui était apparue comme par magie sur le pas de la porte. Avant qu’ils ne ressortent dans le bar, elle l’arrêta dans son élan, les faisant transplaner dans un crac passant inaperçu dans le tumulte de la fête. Elle l’emmena plus loin, plus haut, là où l’air était plus frais, les étoiles plus visibles, mais la musique toujours présente. Autre toit blanc, autre perchoir pour les deux oiseaux de nuit. D’un mouvement de menton, elle l’avait invité à laisser pendre ses jambes dans le vide, le paysage urbain festif s’offrant à leurs yeux habitués à l’obscurité à présent. Elle laissa le silence flotter un instant, avant de se lancer, d’une voix douce.
- I supposed they will be there, but I could not be sure. I didn’t tell you anything because I did not want you to be disappointed. It’s even harder when they don’t show up.
Elle noua ses doigts aux siens et, doucement, les porta à sa bouche dans un baiser léger.
- … Are you okay ? We can have a break with good food, or get drunk quicky with mama’s bourbon, we can talk about, or go to dance… From now, the choice is yours…
Elle hésita un instant. Osa finalement.
- It was nice to meet them. They seemed to be fantastic. Both of them…
️ nightgaunt
- trad:
UC.
- InvitéInvité
Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Ven 20 Aoû 2021 - 20:34
Our personal mascarade
Nola ✧Samedi 20 février 2021. 21h
Evan avait fermé les yeux, tentant d’imprimer sur sa peau l’impression qu’avaient fait les doigts fantasmés d’Elena avant de quitter leur dimension mortelle. Les nerfs à vif, pour une âme qui s’était construite le long de deuils qui n’avaient pas été complétés. Il aurait voulu un avertissement, peut-être de quoi avoir des attentes, réfléchir à ce qu’il faudrait dire pour profiter de chaque instant à demi-passé avec les esprits de ses défuntes – mais il aurait fallu être bien naïf pour croire qu’il ne se serait pas enfui, prétextant mille raisons qu’il aurait construites avec autant de talent rhétorique qu’un procureur, finissant par convaincre ses interlocuteurs et probablement lui avec. Les mains obstinément serrées autour de la boîte à musique, l’Écossais demeurait figé comme s’il attendait une énième communication de l’au-delà, mais la voix d’Olivia le tira de ses pensées remplies de regrets. Il aurait dû cesser ses bêtises en parlant à Elena. Il ne lui avait même pas dit qu’il l’aimait, laissant filer son épouse sans un mot doux à son égard, que des sottises au sujet de leurs scènes de ménage amusantes et habituelles – rien de substantiel, que du vide comme on le dit à ceux avec lesquels on croit pouvoir passer toute sa vie.
Le Calédonien se contenta de suivre l’Américaine, tellement sonné qu’il aurait été incapable d’émettre la moindre plainte ou une quelconque belle parole dont elle commençait à avoir l’habitude. Rien dans la bouche, tout dans le cœur, de ces choses qu’il ne parvenait pas à dire car elles ne s’étaient pas encore faufilées sur le fil de sa conscience, pas tout à fait. Une impression d’être tellement incomplet, un morceau qui ne collait pas tout à fait au sien, à elle, mais qu’il avait envie de colmater avec ce qui lui passerait sous la main, pour qu’ils forment un tout – un tout imparfait, mais un tout à garder avec les mains contre soi, caché comme un secret inévitable. Le claquement du transplanage ne le tira pas davantage de son état second, le mouvement du déplacement magique lui tordant au contraire le ventre – il avait la nausée. Avec Alice, il s’était laissé aller, assis comme un gamin sur le haut du toit, les jambes pendant dans le vide qui demandaient, comme toujours et si tu tombais? et la ville-hydre, plus bas, battait son plein, avec les lumières multicolores en guise d’armada, mais il se sentait loin, tellement loin, comme si Elena et Liese avaient emporté une part de lui avec elles. Était-ce toujours ainsi? Pourraient-elles le fracturer, chaque fois, s’il y en avait des prochaines, et ne laisser derrière qu’un simulacre d’homme, un guignol à la tête vide incapable de traduire ses sentiments.
Lorsque la vipérine lionne rompit le silence, il eut envie de lui demander un instant de plus, de le laisser enterrer au fond de sa poitrine le manque qui s’était ouvert à nouveau, mêlé à la joie d’avoir pu leur parler. Il ne savait ce qui était préférable, entre faire son deuil pour de bon et s’accrocher à l’espoir de pouvoir interagir avec les défunts une fois leur trépas inscrit dans la trame du temps – mais pour cela fallait-il encore s’être réconcilié avec la mort, ce qui n’avait jamais été son cas. Un sourire absent orna ses lèvres au contact de la bouche d’Alice contre ses phalanges. « I wish I had known, to prepare myself, but .. It was good of you not to tell me. If you had, well … I wouldn’t have come. Can’t have it both ways, can I? » Un soupir. De sa main chaude, sa fiancée le réclamait parmi les vivants, et sa propre voix lui paraissait soudain caverneuse et étrangère. « This is normal to you. It’s foreign and strange to me. I need – » il ne savait pas, déboussolé, comme une balance dont les plateaux tanguaient entre deux poids. Le duelliste serra ses mains entre les siennes. « You’re lovely, lass. You were perfect – but I wasn’t ready, and I don’t think I’m ready to talk about it yet. » En temps normal, il fuirait – c’était la constante de sa vie, lorsque les émotions devenaient trop fortes et l’assaillaient. Quelque part, il en avait quand même envie, mais pas sans elle. « Can we choose in a minute? », demanda l’auror, attirant la sorcière à lui sans chercher à questionner les interrogations que se feraient peut-être Alice. Ses mains se lacèrent à sa taille, peu enclin à se soucier des occupants des autres toits, ou s’il y en avait, même. Il voulait fuir, mais quitte à disparaitre, il préférait se perdre en elle que la quitter.
Evan avait fermé les yeux, tentant d’imprimer sur sa peau l’impression qu’avaient fait les doigts fantasmés d’Elena avant de quitter leur dimension mortelle. Les nerfs à vif, pour une âme qui s’était construite le long de deuils qui n’avaient pas été complétés. Il aurait voulu un avertissement, peut-être de quoi avoir des attentes, réfléchir à ce qu’il faudrait dire pour profiter de chaque instant à demi-passé avec les esprits de ses défuntes – mais il aurait fallu être bien naïf pour croire qu’il ne se serait pas enfui, prétextant mille raisons qu’il aurait construites avec autant de talent rhétorique qu’un procureur, finissant par convaincre ses interlocuteurs et probablement lui avec. Les mains obstinément serrées autour de la boîte à musique, l’Écossais demeurait figé comme s’il attendait une énième communication de l’au-delà, mais la voix d’Olivia le tira de ses pensées remplies de regrets. Il aurait dû cesser ses bêtises en parlant à Elena. Il ne lui avait même pas dit qu’il l’aimait, laissant filer son épouse sans un mot doux à son égard, que des sottises au sujet de leurs scènes de ménage amusantes et habituelles – rien de substantiel, que du vide comme on le dit à ceux avec lesquels on croit pouvoir passer toute sa vie.
Le Calédonien se contenta de suivre l’Américaine, tellement sonné qu’il aurait été incapable d’émettre la moindre plainte ou une quelconque belle parole dont elle commençait à avoir l’habitude. Rien dans la bouche, tout dans le cœur, de ces choses qu’il ne parvenait pas à dire car elles ne s’étaient pas encore faufilées sur le fil de sa conscience, pas tout à fait. Une impression d’être tellement incomplet, un morceau qui ne collait pas tout à fait au sien, à elle, mais qu’il avait envie de colmater avec ce qui lui passerait sous la main, pour qu’ils forment un tout – un tout imparfait, mais un tout à garder avec les mains contre soi, caché comme un secret inévitable. Le claquement du transplanage ne le tira pas davantage de son état second, le mouvement du déplacement magique lui tordant au contraire le ventre – il avait la nausée. Avec Alice, il s’était laissé aller, assis comme un gamin sur le haut du toit, les jambes pendant dans le vide qui demandaient, comme toujours et si tu tombais? et la ville-hydre, plus bas, battait son plein, avec les lumières multicolores en guise d’armada, mais il se sentait loin, tellement loin, comme si Elena et Liese avaient emporté une part de lui avec elles. Était-ce toujours ainsi? Pourraient-elles le fracturer, chaque fois, s’il y en avait des prochaines, et ne laisser derrière qu’un simulacre d’homme, un guignol à la tête vide incapable de traduire ses sentiments.
Lorsque la vipérine lionne rompit le silence, il eut envie de lui demander un instant de plus, de le laisser enterrer au fond de sa poitrine le manque qui s’était ouvert à nouveau, mêlé à la joie d’avoir pu leur parler. Il ne savait ce qui était préférable, entre faire son deuil pour de bon et s’accrocher à l’espoir de pouvoir interagir avec les défunts une fois leur trépas inscrit dans la trame du temps – mais pour cela fallait-il encore s’être réconcilié avec la mort, ce qui n’avait jamais été son cas. Un sourire absent orna ses lèvres au contact de la bouche d’Alice contre ses phalanges. « I wish I had known, to prepare myself, but .. It was good of you not to tell me. If you had, well … I wouldn’t have come. Can’t have it both ways, can I? » Un soupir. De sa main chaude, sa fiancée le réclamait parmi les vivants, et sa propre voix lui paraissait soudain caverneuse et étrangère. « This is normal to you. It’s foreign and strange to me. I need – » il ne savait pas, déboussolé, comme une balance dont les plateaux tanguaient entre deux poids. Le duelliste serra ses mains entre les siennes. « You’re lovely, lass. You were perfect – but I wasn’t ready, and I don’t think I’m ready to talk about it yet. » En temps normal, il fuirait – c’était la constante de sa vie, lorsque les émotions devenaient trop fortes et l’assaillaient. Quelque part, il en avait quand même envie, mais pas sans elle. « Can we choose in a minute? », demanda l’auror, attirant la sorcière à lui sans chercher à questionner les interrogations que se feraient peut-être Alice. Ses mains se lacèrent à sa taille, peu enclin à se soucier des occupants des autres toits, ou s’il y en avait, même. Il voulait fuir, mais quitte à disparaitre, il préférait se perdre en elle que la quitter.
️ nightgaunt
- traduction:
- « J'aurais préféré savoir, pour me préparer, mais ... c'était mieux, que tu ne me le dises pas. Si j'avais su, eh bien ... je ne serais pas venu. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre, hein? »
« C'est normal pour toi, mais c'est étranger pour moi. J'ai besoin - »
« Tu était parfaite - mais je n'étais pas prêt, et je ne pense pas être prêt à en parler tout de suite. »
« Est-ce qu'on peut choisir dans une minute? »
- InvitéInvité
Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Ven 20 Aoû 2021 - 22:44
Our personal mascarade
New Orleans ✧Samedi 20 février 2021. 21h
*Sword from the stone*
Le calédonien n’était pas encore revenu, dérivant au sein de la barque de Charon, le regard penché dans l’eau du Tartare à la recherche de quelques visages connus. Ce n’était pas une véritable surprise, c’était le cas de bien des non-initiés, pour leur première expérience. Une séance soulevait le plus souvent plus de questions qu’elle en résolvait, et elle avait entendu bien des histoires de moldus ou sorciers occidentaux prêts à se ruiner pour traverser le miroir, encore et encore, et se perdre dans l’entre deux eaux dangereux. Alors la réaction, ou plutôt l’absence de réaction d’Evan, elle ne pouvait pas vraiment le prendre personnellement. Cela faisait énormément à digérer, elle ne pouvait pas faire autrement que d’être patiente, pour le ramener tout doucement hors des terres chtoniennes. Elle écarta une mèche derrière l’oreille du sorcier, lui soufflant sans hausser la voix, comme pour ne pas trop le heurter.
- It’s not normal, it can’t be. It should not be…
C’était viscéral, c’était perturbant, contre-nature, même, et pourtant, ce n’était pas impossible. Uniquement improbable. Tellement dérangeant, d’ailleurs, que la pratique était tabou sur tant de continents. Apprivoiser la mort était une philosophie en soi, loin de l’horreur qu’elle représentait chez les monothéistes de tout bord. Il n’y avait qu’à voir la détresse des voyants qui en présumaient les apparitions sans pouvoir rien y faire.
- one minute, two hours, I’m not going anywhere.
Elle s’enroula autour de son oiseau chanteur, se laissant entraver sans lutter, plutôt l’inverse. Elle formait un rempart entre lui et le reste du monde. Le reste des mondes. Elle
le laissa enfouir son nez entre son cou et sa chevelure parfumés, glissant ses doigts dans la nuque du géant, dessinant des arabesques sur sa peau moite. Les paupières closes, elle se laissait aller à la musique en contrebas, à la respiration lente du sorcier, sans plus rien dire, sans plus bouger. Elle était là. Présente. Stable. Il n’y avait plus d’écailles luisantes et d’ondulations fuyantes, rien qu’une femme, contre un homme. Contre son homme. Les minutes s’égrenèrent les unes après les autres, les airs joyeux se tarissaient pour se voir supplanter par le jazz de deuxième partie de soirée, plus lent, presque pensif, traduisant l’étrange état d’esprit du couple qui cherchait encore parfois comment s’appareiller. Finalement, elle lui avait proposé de revenir sur leurs pas, jusqu’au premier bar, celui des cousins. Le guisa jusqu’à l’un des mange-debouts, non loin de la scène où le groupe jouait les reprises les plus douces d’Aretha, Chet et autres divinités de la Soul. On leur avait servi de quoi boire sans s’hydrater, les avait laissé tranquilles jusqu’au l’extinction des feux : les nouvelles allaient vite parmi les Dubois, le blanc bec était allé voir Mama Olivia, ce n’était pas le moment d’aller le chatouiller, et la lionne qui lui servait à présent de compagne ne laisserait, de toute façon, plus une âme qui vive le tourmenter. La soirée s’était achevée dans la musique, sans qu’Evan, éteint, ne passe sur le devant de la scène…
***
London ✧ Lundi 22 février 2021. 7h30
Deux jours avaient passé depuis la soirée de Carnaval, et Alice n’était pas parvenue à lâcher Evan d’une semelle. Dans une coincidence heureuse, ni l’un ni l’autre n’avait de cours ce lundi-là, et l’américaine n’était sortie que pour s’acheter quelques vêtements et sous vêtements, peu encline à emprunter les dessus masculins peu flatteurs d’Evan sur sa silhouette gracile. C’était dentelle, organdi, ou rien. Ils commandaient leur nourriture par à coups, sans regard sur la diététique. Et ils parlaient. Beaucoup. Faisaient l’amour, souvent. C’était nouveau, c’était inédit, mais Alice n’aurait pu nier que ce n’était pas désagréable, malgré les moments d’absence du grand brun, quand son regard s’arrêtait sur un objet de sa garçonnière, et qu’une réminiscence le ramenait à la nuit des masques orléanais. Elle le laissait faire, guettait ses réactions, sans empressement. Des questions, il en avait surement beaucoup, et elle tâcherait de lui répondre, autant qu’elle en serait capable.
Assise sur le comptoir en déshabillé noir, elle tournait les pages de la gazette du sorcier qu’on leur avait fait parvenir par hibou, cherchant son signe parmi les douze de l’horoscope européen. Gémeaux : Journée peu productive, mais en apparence seulement. Il arrive que parfois, la paresse tombe en jour de paie.
*Sword from the stone*
Le calédonien n’était pas encore revenu, dérivant au sein de la barque de Charon, le regard penché dans l’eau du Tartare à la recherche de quelques visages connus. Ce n’était pas une véritable surprise, c’était le cas de bien des non-initiés, pour leur première expérience. Une séance soulevait le plus souvent plus de questions qu’elle en résolvait, et elle avait entendu bien des histoires de moldus ou sorciers occidentaux prêts à se ruiner pour traverser le miroir, encore et encore, et se perdre dans l’entre deux eaux dangereux. Alors la réaction, ou plutôt l’absence de réaction d’Evan, elle ne pouvait pas vraiment le prendre personnellement. Cela faisait énormément à digérer, elle ne pouvait pas faire autrement que d’être patiente, pour le ramener tout doucement hors des terres chtoniennes. Elle écarta une mèche derrière l’oreille du sorcier, lui soufflant sans hausser la voix, comme pour ne pas trop le heurter.
- It’s not normal, it can’t be. It should not be…
C’était viscéral, c’était perturbant, contre-nature, même, et pourtant, ce n’était pas impossible. Uniquement improbable. Tellement dérangeant, d’ailleurs, que la pratique était tabou sur tant de continents. Apprivoiser la mort était une philosophie en soi, loin de l’horreur qu’elle représentait chez les monothéistes de tout bord. Il n’y avait qu’à voir la détresse des voyants qui en présumaient les apparitions sans pouvoir rien y faire.
- one minute, two hours, I’m not going anywhere.
Elle s’enroula autour de son oiseau chanteur, se laissant entraver sans lutter, plutôt l’inverse. Elle formait un rempart entre lui et le reste du monde. Le reste des mondes. Elle
le laissa enfouir son nez entre son cou et sa chevelure parfumés, glissant ses doigts dans la nuque du géant, dessinant des arabesques sur sa peau moite. Les paupières closes, elle se laissait aller à la musique en contrebas, à la respiration lente du sorcier, sans plus rien dire, sans plus bouger. Elle était là. Présente. Stable. Il n’y avait plus d’écailles luisantes et d’ondulations fuyantes, rien qu’une femme, contre un homme. Contre son homme. Les minutes s’égrenèrent les unes après les autres, les airs joyeux se tarissaient pour se voir supplanter par le jazz de deuxième partie de soirée, plus lent, presque pensif, traduisant l’étrange état d’esprit du couple qui cherchait encore parfois comment s’appareiller. Finalement, elle lui avait proposé de revenir sur leurs pas, jusqu’au premier bar, celui des cousins. Le guisa jusqu’à l’un des mange-debouts, non loin de la scène où le groupe jouait les reprises les plus douces d’Aretha, Chet et autres divinités de la Soul. On leur avait servi de quoi boire sans s’hydrater, les avait laissé tranquilles jusqu’au l’extinction des feux : les nouvelles allaient vite parmi les Dubois, le blanc bec était allé voir Mama Olivia, ce n’était pas le moment d’aller le chatouiller, et la lionne qui lui servait à présent de compagne ne laisserait, de toute façon, plus une âme qui vive le tourmenter. La soirée s’était achevée dans la musique, sans qu’Evan, éteint, ne passe sur le devant de la scène…
***
London ✧ Lundi 22 février 2021. 7h30
Deux jours avaient passé depuis la soirée de Carnaval, et Alice n’était pas parvenue à lâcher Evan d’une semelle. Dans une coincidence heureuse, ni l’un ni l’autre n’avait de cours ce lundi-là, et l’américaine n’était sortie que pour s’acheter quelques vêtements et sous vêtements, peu encline à emprunter les dessus masculins peu flatteurs d’Evan sur sa silhouette gracile. C’était dentelle, organdi, ou rien. Ils commandaient leur nourriture par à coups, sans regard sur la diététique. Et ils parlaient. Beaucoup. Faisaient l’amour, souvent. C’était nouveau, c’était inédit, mais Alice n’aurait pu nier que ce n’était pas désagréable, malgré les moments d’absence du grand brun, quand son regard s’arrêtait sur un objet de sa garçonnière, et qu’une réminiscence le ramenait à la nuit des masques orléanais. Elle le laissait faire, guettait ses réactions, sans empressement. Des questions, il en avait surement beaucoup, et elle tâcherait de lui répondre, autant qu’elle en serait capable.
Assise sur le comptoir en déshabillé noir, elle tournait les pages de la gazette du sorcier qu’on leur avait fait parvenir par hibou, cherchant son signe parmi les douze de l’horoscope européen. Gémeaux : Journée peu productive, mais en apparence seulement. Il arrive que parfois, la paresse tombe en jour de paie.
️ nightgaunt
- InvitéInvité
Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Dim 29 Aoû 2021 - 0:00
Our personal mascarade
London ✧ Une gueule de bois lui aurait fait un effet moins désagréable. Depuis deux jours, l’Écossais tanguait entre sa présence vive et entière parmi ses congénères et les souvenirs qui l’envahissaient. Raccroché au réel par Alice, il s’était abandonné à la sorcière, le cœur en écharpe et la tête remplie d’échardes. Sa pensée était tachée de moments partagés avec sa mère et son épouse, mais il n’avait pas souhaité la solitude – pas entièrement. Par on ne savait quelle magie mystérieuse abreuvée aux berges de ces bras hydriques d’outre-tombe que Mama Olivia avait harnachés, son Américaine s’était glissée entre les murs fragiles de sa rétivité. Elle n’avait pas tenté de le retenir, alors il avait voulu rester. Le temps était universellement relatif, et il lui sembla avoir vécu deux existences en deux jours avec sa fiancée, les confessions tranquilles et teintées de rires que mouillaient parfois des larmes qui ne venaient pas jusqu’à couler. De tout son saoul, Evan avait parlé de sa mère. Pour Liese, il avait le mot vif mais économe, choisissant les plus beaux pour décrire les sourires malicieux dont l’Allemande saupoudrait ses interactions sociales – celui qu’elle avait légué à ses fils, même si l’aîné le traitait en trésor trop précieux pour être partagé à tout vent. Mais le cadet, le cadet – il avait toujours été généreux, le géant, avec des envies de pourfendre des dragons et de faire chanter les étoiles. Avare de retenue et dilapidant ses rires à tout vent comme un héritier peu soucieux de connaître le fond des caisses parentales.
Les paupières lourdes de sommeil et de traumatismes émotionnels qu’il n’avait jamais cherché à régler (bien que ses thérapies pour choc post-traumatiques s’en approchaient parfois dangereusement), le Calédonien glissa les doigts des deux côtés du lit pour confirmer l’absence de la belle. Le contraire aurait été surprenant, la fière Américaine prétextant souvent le soi-disant froid glacial et humide de Londres pour se lover contre lui avec une mine ronronnante de féline orgueilleuse mais satisfaite. Si Alice n’était pas installée contre lui, elle serait donc ailleurs.
Installée sur le comptoir comme une pièce de musée, elle lisait le journal sans égard pour les surfaces les plus confortables du logis – on les voyait partout, les traces de la veille. Les zones que les fiancés avaient réclamées pour enrouler leurs membres et leurs langues, se confier des secrets à l’oreille. Parler de leurs mères, car Evan avait posé des questions, lui aussi – sur la relation de Pearl et Malcolm, sur la proximité d’Alice avec ses parents. Il avait écouté, avait levé les yeux vers le ciel une quantité incalculable de fois en faisant référence à son propre paternel, cette créature quasi-mythologique qu’une aura entourait dans ses lieux de pouvoir – sans tout à fait réaliser que Devon bénéficiait de la même minutieuse économie dans les mots que son épouse défunte, lorsque son cadet en peignait le portrait. Sur Elena, il s’était tu, incertain de la manière d’aborder le sujet tabou – celle qu’il ne gardait que pour lui, à laquelle n’avaient accès que les rares qui avaient connu la danseuse.
« Morning, lass », lança l’auror à la jeune femme, attendant que la mer azurée de ses prunelles ne se détache du journal pour se poser sur ses cérulés. Il y avait un pli supplémentaire, au coin de leurs yeux – une familiarité qui s’était forgée depuis la soirée passée chez les morts. Une texture rugueuse au toucher, le genre qui donnait envie de se parsemer la peau de caresses pour voir ce que ça faisait. « Anything good then? » et il se glissa entre les jambes qu’Alice ouvrit pour poser un baiser tendre sur son nez avant de se servir un café. Le temps les rattraperait bien à la fin de la journée, malgré la (relative) flexibilité des horaires des doctorants, surtout dans son cas. En dixième année, il s’agissait surtout d’apporter les derniers correctifs méthodologiques à sa thèse, à grands renforts de Rose Coldridge lui passant un savon à chaque nouvelle version du document pour lui reprocher son utilisation accidentelle de guillemets français plutôt qu’anglais, et ne savait-il pas que l’on commençait la pagination introductive en chiffres romains plutôt qu’arabes, et qu’il valait mieux que ça, franchement, Evan?
« I wish we could stay here and ignore the world a little longer », souffla le Calédonien, l’exhalaison évanouie entre deux volutes du breuvage fumant. « But Dr Coldridge and I have an appointment for my thesis tomorrow and apparently getting lost in a lustful afternoon doesn’t count as a proper excuse for skipping school ». Le sourire aux lèvres à la pensée de la médicomage qui était toujours demeurée insensible à ses attitudes charmantes (outre pour le rosser), il se glissa à nouveau contre Alice. C’était confortable, prémonition ou présage d’une intimité possible à conquérir.
Les paupières lourdes de sommeil et de traumatismes émotionnels qu’il n’avait jamais cherché à régler (bien que ses thérapies pour choc post-traumatiques s’en approchaient parfois dangereusement), le Calédonien glissa les doigts des deux côtés du lit pour confirmer l’absence de la belle. Le contraire aurait été surprenant, la fière Américaine prétextant souvent le soi-disant froid glacial et humide de Londres pour se lover contre lui avec une mine ronronnante de féline orgueilleuse mais satisfaite. Si Alice n’était pas installée contre lui, elle serait donc ailleurs.
Installée sur le comptoir comme une pièce de musée, elle lisait le journal sans égard pour les surfaces les plus confortables du logis – on les voyait partout, les traces de la veille. Les zones que les fiancés avaient réclamées pour enrouler leurs membres et leurs langues, se confier des secrets à l’oreille. Parler de leurs mères, car Evan avait posé des questions, lui aussi – sur la relation de Pearl et Malcolm, sur la proximité d’Alice avec ses parents. Il avait écouté, avait levé les yeux vers le ciel une quantité incalculable de fois en faisant référence à son propre paternel, cette créature quasi-mythologique qu’une aura entourait dans ses lieux de pouvoir – sans tout à fait réaliser que Devon bénéficiait de la même minutieuse économie dans les mots que son épouse défunte, lorsque son cadet en peignait le portrait. Sur Elena, il s’était tu, incertain de la manière d’aborder le sujet tabou – celle qu’il ne gardait que pour lui, à laquelle n’avaient accès que les rares qui avaient connu la danseuse.
« Morning, lass », lança l’auror à la jeune femme, attendant que la mer azurée de ses prunelles ne se détache du journal pour se poser sur ses cérulés. Il y avait un pli supplémentaire, au coin de leurs yeux – une familiarité qui s’était forgée depuis la soirée passée chez les morts. Une texture rugueuse au toucher, le genre qui donnait envie de se parsemer la peau de caresses pour voir ce que ça faisait. « Anything good then? » et il se glissa entre les jambes qu’Alice ouvrit pour poser un baiser tendre sur son nez avant de se servir un café. Le temps les rattraperait bien à la fin de la journée, malgré la (relative) flexibilité des horaires des doctorants, surtout dans son cas. En dixième année, il s’agissait surtout d’apporter les derniers correctifs méthodologiques à sa thèse, à grands renforts de Rose Coldridge lui passant un savon à chaque nouvelle version du document pour lui reprocher son utilisation accidentelle de guillemets français plutôt qu’anglais, et ne savait-il pas que l’on commençait la pagination introductive en chiffres romains plutôt qu’arabes, et qu’il valait mieux que ça, franchement, Evan?
« I wish we could stay here and ignore the world a little longer », souffla le Calédonien, l’exhalaison évanouie entre deux volutes du breuvage fumant. « But Dr Coldridge and I have an appointment for my thesis tomorrow and apparently getting lost in a lustful afternoon doesn’t count as a proper excuse for skipping school ». Le sourire aux lèvres à la pensée de la médicomage qui était toujours demeurée insensible à ses attitudes charmantes (outre pour le rosser), il se glissa à nouveau contre Alice. C’était confortable, prémonition ou présage d’une intimité possible à conquérir.
️ nightgaunt
- traduction:
- uc
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Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Dim 5 Sep 2021 - 17:22
Our personal mascarade
Londres ✧tôt le matin (ou pas tant que cela)
*Sword from the stone*
La dame papelonnée ne leva pas tout de suite les yeux du papelard, mais le sourire néanmoins indiquait qu’elle avait entendu la salutation matinale. Avec une préscience qui avait plus de l’instinct que de la voyance, elle avait initié un mouvement de hanche pour lui laisser la place entre ses cannes galbées, claquant des mandibules pour simuler la morsure alors qu’il l’embrassait sur le bout du nez, délaissant sa bouche qui n’aurait pas été contre un baiser, elle aussi.
- World is burning, but hey, the new miss witch 2021 is from Bristol and, apparently, it’s a marvelous news.
Elle désigna la sorcière couronnée qui riait aux larmes sur la une, et agita elle-même la main en levant le menton, posture princière perchée sur le mobilier de cuisine. Les mauvaises langues diraient qu’il lui manquait une bonne vingtaine de centimètres pour faire une compétitrice crédible, mais les mauvaises langues, disait souvent sa mère, on les coupait en petits morceaux pour épaissir le gumbo. Sa mère, c’était toute une histoire, non, une épopée, une légende, qu’elle lui avait conté à grand renfort de gestes et d’imitations saisissantes. Elle lui avait raconté le couple que formait Malcolm et Pearl, entre diners mondains incroyables et espionnages diplomatiques, entre amour fiévreux et stratégies obscures. Mais il n’y avait pas que ça, il y avait Ekwensu, Oscar et Jacob aussi, et l’amour que ses parents portait, farouche, à chacun des membres de leur fratrie, malgré leurs différences flagrantes. Cela relevait peut être du miracle, mais de mémoire, elle n’avait jamais eu l’impression que ses parents eussent fait la moindre différence entre eux, ou plutôt, ils avaient toujours su valoriser les qualités de leurs enfants sans émettre la moindre comparaison entre eux. Parce que comparer les enfants Hangbé, c’était vouloir comparer les quatre éléments entre eux, et cela n’aurait probablement rien apporté de bon. A l’inverse, Pearl avait toujours su attiser l’instinct de protection et de fierté commune et réciproque : jamais les uns contre les autres, c’était eux contre le reste de monde, et à l’aune de la trentaine des plus jeunes d’entre eux, les détracteurs ne pourraient que convenir du succès de l’exercice. Quand d’autres se livraient à des guerres (froides ou non) fratricides, jamais ils n’avaient été plus soudés et complices, sous le regard presque attendri du paternel. « c’est un grand sensible, mon père », avait elle à un moment confié au Calédonien, au détour d’une anecdote quelconque. « Il n’a jamais été très bon pour asseoir son autorité, c’est un intellectuel, parfois un peu dans les nuages aussi. C’était pour cela aussi qu’il avait besoin d’une femme de poigne à ses cotés, sans quoi il n’aurait probablement pas su défendre ses intérêts avec autant d’efficacité et d’opiniâtreté. Ma mère lui a permis de conforter sa position, si ce n’était plus. Mon père… Il lui a offert une maison, plus qu’un toit. Une famille, plus qu’une alliance. En tout cas, c’est comme ça que lui, il le raconte.» C’était la première fois qu’elle lui racontait d’où elle venait, avec autant de détails. Les étés entre la chaleur sèche et écrasante du Nigéria et celle moite et engourdissante de la Nouvelle-Orleans. Les odeurs d’encens et de poussière dans chaque pièce, qui tranchaient avec les tentures luxueuses et les habits de lumière. La danse aux tambours nigériane et les cours de valse et de salsa, les écartelant entre deux continents, deux cultures, avec leurs rires et leurs souvenirs comme sutures à ce patchwork qui faisaient d’eux des citoyens du monde magique, chez eux partout comme nulle part.
D’un geste de la main, elle avait attiré une tasse à elle également, l’autre passant dans ses propres boucles dans un geste pensif, rendu un peu lent par le sommeil qui s’accrochait encore un peu à ses fibres musculaires.
- Coldridge ? Indeed, I guess the term lustful afternoon won’t be enough to wonvince her … What about « constructive procrastination with one of the most promising young witch of her generation » ?
Elle passa un bras autour des épaules larges du sorcier, sa poitrine pressée dans le dos de celui-ci. Ainsi perchée, elle faisait sa taille, ou presque, et elle pouvait poser son menton dans le creux de son cou, jouant du bout de son nez contre l’oreille de l’auror.
- Or we can send Jaina to distract her with some very important consideration about shoes or the dress for her wedding with hersexy bike in, like, one billion years ?
L’idée lui tira un petit ricanement, alors que ses doigts revenaient se perdre sur la ligne fine des salières dessinées du Calédonien. Sa peau était imprégnée de son parfum à elle, mélangé à son odeur de garçon, qui réveillait de nouvelles faims au creux de son ventre. Alors elle déposa un baiser, puis un autre sur sa nuque, avant de prendre un gorgée de café chaud. Si cela ne tenait qu’à elle, elle enverrait un message à Rose pour annuler le rendez vous du lendemain. Elle enverrait mille messages pour annuler toutes les obligations de la semaine. Pour finir de panser ses blessures à lui, et peut être accepter de dévoiler quelques unes de ses cicatrices, à elle, mais tout cela prenait du temps, qu’on ne leur laissait pas tant que cela, finalement.
- .. Do you want me to try to make scrambled eggs ?
*Sword from the stone*
La dame papelonnée ne leva pas tout de suite les yeux du papelard, mais le sourire néanmoins indiquait qu’elle avait entendu la salutation matinale. Avec une préscience qui avait plus de l’instinct que de la voyance, elle avait initié un mouvement de hanche pour lui laisser la place entre ses cannes galbées, claquant des mandibules pour simuler la morsure alors qu’il l’embrassait sur le bout du nez, délaissant sa bouche qui n’aurait pas été contre un baiser, elle aussi.
- World is burning, but hey, the new miss witch 2021 is from Bristol and, apparently, it’s a marvelous news.
Elle désigna la sorcière couronnée qui riait aux larmes sur la une, et agita elle-même la main en levant le menton, posture princière perchée sur le mobilier de cuisine. Les mauvaises langues diraient qu’il lui manquait une bonne vingtaine de centimètres pour faire une compétitrice crédible, mais les mauvaises langues, disait souvent sa mère, on les coupait en petits morceaux pour épaissir le gumbo. Sa mère, c’était toute une histoire, non, une épopée, une légende, qu’elle lui avait conté à grand renfort de gestes et d’imitations saisissantes. Elle lui avait raconté le couple que formait Malcolm et Pearl, entre diners mondains incroyables et espionnages diplomatiques, entre amour fiévreux et stratégies obscures. Mais il n’y avait pas que ça, il y avait Ekwensu, Oscar et Jacob aussi, et l’amour que ses parents portait, farouche, à chacun des membres de leur fratrie, malgré leurs différences flagrantes. Cela relevait peut être du miracle, mais de mémoire, elle n’avait jamais eu l’impression que ses parents eussent fait la moindre différence entre eux, ou plutôt, ils avaient toujours su valoriser les qualités de leurs enfants sans émettre la moindre comparaison entre eux. Parce que comparer les enfants Hangbé, c’était vouloir comparer les quatre éléments entre eux, et cela n’aurait probablement rien apporté de bon. A l’inverse, Pearl avait toujours su attiser l’instinct de protection et de fierté commune et réciproque : jamais les uns contre les autres, c’était eux contre le reste de monde, et à l’aune de la trentaine des plus jeunes d’entre eux, les détracteurs ne pourraient que convenir du succès de l’exercice. Quand d’autres se livraient à des guerres (froides ou non) fratricides, jamais ils n’avaient été plus soudés et complices, sous le regard presque attendri du paternel. « c’est un grand sensible, mon père », avait elle à un moment confié au Calédonien, au détour d’une anecdote quelconque. « Il n’a jamais été très bon pour asseoir son autorité, c’est un intellectuel, parfois un peu dans les nuages aussi. C’était pour cela aussi qu’il avait besoin d’une femme de poigne à ses cotés, sans quoi il n’aurait probablement pas su défendre ses intérêts avec autant d’efficacité et d’opiniâtreté. Ma mère lui a permis de conforter sa position, si ce n’était plus. Mon père… Il lui a offert une maison, plus qu’un toit. Une famille, plus qu’une alliance. En tout cas, c’est comme ça que lui, il le raconte.» C’était la première fois qu’elle lui racontait d’où elle venait, avec autant de détails. Les étés entre la chaleur sèche et écrasante du Nigéria et celle moite et engourdissante de la Nouvelle-Orleans. Les odeurs d’encens et de poussière dans chaque pièce, qui tranchaient avec les tentures luxueuses et les habits de lumière. La danse aux tambours nigériane et les cours de valse et de salsa, les écartelant entre deux continents, deux cultures, avec leurs rires et leurs souvenirs comme sutures à ce patchwork qui faisaient d’eux des citoyens du monde magique, chez eux partout comme nulle part.
D’un geste de la main, elle avait attiré une tasse à elle également, l’autre passant dans ses propres boucles dans un geste pensif, rendu un peu lent par le sommeil qui s’accrochait encore un peu à ses fibres musculaires.
- Coldridge ? Indeed, I guess the term lustful afternoon won’t be enough to wonvince her … What about « constructive procrastination with one of the most promising young witch of her generation » ?
Elle passa un bras autour des épaules larges du sorcier, sa poitrine pressée dans le dos de celui-ci. Ainsi perchée, elle faisait sa taille, ou presque, et elle pouvait poser son menton dans le creux de son cou, jouant du bout de son nez contre l’oreille de l’auror.
- Or we can send Jaina to distract her with some very important consideration about shoes or the dress for her wedding with hersexy bike in, like, one billion years ?
L’idée lui tira un petit ricanement, alors que ses doigts revenaient se perdre sur la ligne fine des salières dessinées du Calédonien. Sa peau était imprégnée de son parfum à elle, mélangé à son odeur de garçon, qui réveillait de nouvelles faims au creux de son ventre. Alors elle déposa un baiser, puis un autre sur sa nuque, avant de prendre un gorgée de café chaud. Si cela ne tenait qu’à elle, elle enverrait un message à Rose pour annuler le rendez vous du lendemain. Elle enverrait mille messages pour annuler toutes les obligations de la semaine. Pour finir de panser ses blessures à lui, et peut être accepter de dévoiler quelques unes de ses cicatrices, à elle, mais tout cela prenait du temps, qu’on ne leur laissait pas tant que cela, finalement.
- .. Do you want me to try to make scrambled eggs ?
️ nightgaunt
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Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Dim 12 Sep 2021 - 23:01
Our personal mascarade
London ✧ Le bassin collé entre les jambes de la sorcière, le Calédonien glissa une main à la base de ses vertèbres pour rapprocher leurs bassins. Le besoin était instinctif et impérieux, depuis l’aveu de novembre et les rapprochements qui s’étaient ensuivis. Si les cœurs étaient timides et gardés, les corps, eux, savaient s’exprimer depuis leur rencontre ibérique, quérir chaleur et contact comme s’ils enfilaient une seconde peau. Le souffle près du cou de son Américaine, Evan regretta de devoir quitter le cocon intime tissé de souvenirs et des doigts des mortes accrochés à leurs consciences. Le loft était devenu un espace de transit, là où un pied se plantait fermement au sol parmi les vivants tandis que l’autre peinait à quitter la barque de Charon. Depuis leur retour, Evan s’était souvent retrouvé entre deux états, l’esprit ailleurs, encadré des paumes douces de ses mortes qui semblaient s’attacher à tous les pas qu’il prenait depuis leur départ néo-orléanais.
Heureusement pour l’intégrité de sa psyché, certaines obligations ne pouvaient être esquivées – et si Rose Coldridge avait accepté de lui consacrer du temps de thèse, elle n’accepterait certainement pas que le musicien lui pose un lapin pour cause de deuils inassouvis. « Coldridge ? Indeed, I guess the term lustful afternoon won’t be enough to wonvince her … What about « constructive procrastination with one of the most promising young witches of her generation » ? » Le bras de la sorcière autour de son torse, Evan offrit son sourire à l’appartement vide, les épaules se soulevant légèrement à l’idée de tenter cette réplique avec l’ex summerbee. « Aye lass, you don’t know that sly fox. Face of an angel, but she’d say it’s perfect cause we were supposed to see each other anyways », souligna le futur auror, non sans un pli d’amusement dans la voix. L’Irlandaise était un parfait mélange entre une mère-médicomage responsable et une reine de beauté propre sur elle, prête à faire usage de ses méninges pour son avancement professionnel ou son simple bon plaisir. 50% queen bee, 50% mama bear. Lorsque l’Américaine évoqua une solution de rechange en la personne de sa cousine, Evan lâcha un commentaire ironique sur la capacité de l’Ausonien à même affirmer à voix haute ses désirs, si vifs puissent-ils être. Ils seraient eux-mêmes arrière grands-parents avant que les deux anciens lions ne se décident à avouer leurs sentiments.
Les yeux fermés, son visage traça un arc de cercle pour offrir ses traits au ciel couvert du bâtiment alors que les lèvres d’Alice effleuraient son cou, et il se contenta d’émettre un grognement satisfait, les doigts venant se nouer à la base de la nuque de la sorcière, derrière lui. « .. Do you want me to try to make scrambled eggs? » À vrai dire, le violoniste avait eu une idée bien différente de petit déjeuner, mais l’amphisbène n’avait pas tort. Ils avaient vécu d’amour et d’eau fraiche depuis leur retour, et l’idée n’était séduisante que dans les mauvais romans à l’eau de rose. Les lèvres plissées d’amusement, Evan se détourna pour jeter un regard à la Grymm. « Only if you let me pour you cereal if you fail at it, for I surely won’t make any tasty eggs myself », admit le Calédonien en laissant la nymphe cueillir les oeufs dans le frigo partagé avec Aedan.
« She would’ve liked you », souffla Evan en profitant de l’intense concentration de la sorcière, qui semblait décidée à ne pas rater l’omelette improvisée. « My mum ». Alice avait vu une photographie de la mère et de ses fils, et il lui en avait parlé avec attention, une fois – de la tendresse de Liese, de sa bonté, de son envie de voir le bon chez autrui. De son étrange capacité à aimer son père, mariage de convenances devenu alliance amoureuse arrachée trop tôt. Evan avait contourné le plan de travail par réflexe, et y posa les avant-bras, les sourcils froncés encadrant un regard qui valsait entre ses mains et le vide, devant. « I – hope it wasn’t odd, to you. Maybe I should’ve spoken in german, when Elena came. I just … didn’t want to keep you out of it. Maybe I should have. I don’t talk about her because nobody in my life knew her, except for Jaï. » L’Allemande était trop précieuse pour que son portrait soit écorché avec des mots. Il aurait pu tenter de la décrire correctement, mais à quoi bon? Elena se comprenait seule, mais pas que – parce qu’elle avait su inspirer la chaleur chez autrui, parce qu’elle avait aimé rire, fort, tellement fort qu’on aurait cru que son rire de clochettes saurait faire trembler l’immeuble dans lequel ils avaient vécu, parce qu’elle était mauvaise perdante mais qu’elle lui avait toujours cédé le dé à coudre au Monopoly. Et comment la lui décrire, alors, en des phrases qui ne lui rendraient pas justice, à cette femme qui avait fait rugir son propre éclat, à lui, sans insulter sa mémoire? Il n’avait rien dit, alors, car rien ne convenait. Sauf les paroles annonçant le point final. I met my wife, then. She died. Tout avoué, sans révéler quoi que ce soit, le secret d’Elena jalousement gardé entre les battements du myocarde de l’époux laissé derrière. Qu’on avait lancé Alice dans les bras d’un veuf. « And words are useless. Could you hear her, when she was there? »
Heureusement pour l’intégrité de sa psyché, certaines obligations ne pouvaient être esquivées – et si Rose Coldridge avait accepté de lui consacrer du temps de thèse, elle n’accepterait certainement pas que le musicien lui pose un lapin pour cause de deuils inassouvis. « Coldridge ? Indeed, I guess the term lustful afternoon won’t be enough to wonvince her … What about « constructive procrastination with one of the most promising young witches of her generation » ? » Le bras de la sorcière autour de son torse, Evan offrit son sourire à l’appartement vide, les épaules se soulevant légèrement à l’idée de tenter cette réplique avec l’ex summerbee. « Aye lass, you don’t know that sly fox. Face of an angel, but she’d say it’s perfect cause we were supposed to see each other anyways », souligna le futur auror, non sans un pli d’amusement dans la voix. L’Irlandaise était un parfait mélange entre une mère-médicomage responsable et une reine de beauté propre sur elle, prête à faire usage de ses méninges pour son avancement professionnel ou son simple bon plaisir. 50% queen bee, 50% mama bear. Lorsque l’Américaine évoqua une solution de rechange en la personne de sa cousine, Evan lâcha un commentaire ironique sur la capacité de l’Ausonien à même affirmer à voix haute ses désirs, si vifs puissent-ils être. Ils seraient eux-mêmes arrière grands-parents avant que les deux anciens lions ne se décident à avouer leurs sentiments.
Les yeux fermés, son visage traça un arc de cercle pour offrir ses traits au ciel couvert du bâtiment alors que les lèvres d’Alice effleuraient son cou, et il se contenta d’émettre un grognement satisfait, les doigts venant se nouer à la base de la nuque de la sorcière, derrière lui. « .. Do you want me to try to make scrambled eggs? » À vrai dire, le violoniste avait eu une idée bien différente de petit déjeuner, mais l’amphisbène n’avait pas tort. Ils avaient vécu d’amour et d’eau fraiche depuis leur retour, et l’idée n’était séduisante que dans les mauvais romans à l’eau de rose. Les lèvres plissées d’amusement, Evan se détourna pour jeter un regard à la Grymm. « Only if you let me pour you cereal if you fail at it, for I surely won’t make any tasty eggs myself », admit le Calédonien en laissant la nymphe cueillir les oeufs dans le frigo partagé avec Aedan.
« She would’ve liked you », souffla Evan en profitant de l’intense concentration de la sorcière, qui semblait décidée à ne pas rater l’omelette improvisée. « My mum ». Alice avait vu une photographie de la mère et de ses fils, et il lui en avait parlé avec attention, une fois – de la tendresse de Liese, de sa bonté, de son envie de voir le bon chez autrui. De son étrange capacité à aimer son père, mariage de convenances devenu alliance amoureuse arrachée trop tôt. Evan avait contourné le plan de travail par réflexe, et y posa les avant-bras, les sourcils froncés encadrant un regard qui valsait entre ses mains et le vide, devant. « I – hope it wasn’t odd, to you. Maybe I should’ve spoken in german, when Elena came. I just … didn’t want to keep you out of it. Maybe I should have. I don’t talk about her because nobody in my life knew her, except for Jaï. » L’Allemande était trop précieuse pour que son portrait soit écorché avec des mots. Il aurait pu tenter de la décrire correctement, mais à quoi bon? Elena se comprenait seule, mais pas que – parce qu’elle avait su inspirer la chaleur chez autrui, parce qu’elle avait aimé rire, fort, tellement fort qu’on aurait cru que son rire de clochettes saurait faire trembler l’immeuble dans lequel ils avaient vécu, parce qu’elle était mauvaise perdante mais qu’elle lui avait toujours cédé le dé à coudre au Monopoly. Et comment la lui décrire, alors, en des phrases qui ne lui rendraient pas justice, à cette femme qui avait fait rugir son propre éclat, à lui, sans insulter sa mémoire? Il n’avait rien dit, alors, car rien ne convenait. Sauf les paroles annonçant le point final. I met my wife, then. She died. Tout avoué, sans révéler quoi que ce soit, le secret d’Elena jalousement gardé entre les battements du myocarde de l’époux laissé derrière. Qu’on avait lancé Alice dans les bras d’un veuf. « And words are useless. Could you hear her, when she was there? »
️ nightgaunt
- traduction:
- « Coldridge ? Effectivement, je pense que le terme "après-midi coquin" ne soit pas suffisant pour la convaincre ... que dirais-tu de "procrastination constructive avec une des sorcières les plus prometteuses de sa génération"? »
« Aye lass, tu ne connais pas la fine renarde. Le visage d'un ange, mais elle dirait que nous devions nous voir de toute manière. »
« ... aimerais-tu que j'essaie de faire des oeufs brouillés? »
« Seulement si tu me laisses te servir des céréales si tu échoues, je ne saurais pas te faire de bons oeufs, moi non plus. »
« Elle t'aurais aimée »
« Ma mère »
« Je - j'espère que ce n'était pas trop étrange, pour toi. Peut-être que j'aurais dû parler en allemand, lorsqu'Elena est venue. Je voulais juste ... ne pas te mettre à l'écart. Peut-être que j'aurais dû. Je ne parle pas d'elle, parce que personne ne la connaissait, à part Jaïna. »
J'ai rencontré mon épouse, à l'époque. Elle est mort.
« Et les mots sont inutiles. Pouvais-tu l'entendre, lorsqu'elle était là? »
- InvitéInvité
Re: « Di moin qui vous laimein, ma di vous qui vous yé » (evalice xi)
Lun 27 Sep 2021 - 17:46
Our personal mascarade
Londres ✧tôt le matin (ou pas tant que cela)
*Sword from the stone*
Elle était venue cogner sans violence de son poing le biceps du géant avant de se rendre jusqu’à réfrigérateur : elle n’était certes pas douée, et très modérément intéressée, par l’élaboration d’un petit déjeuner décent, mais à défaut, elle avait toujours eu d’excellents professeurs. Son père faisait des petits déjeuners au lit à chacun de ses enfants, une fois par an, le matin de leur anniversaire, jusqu’à ce qu’ils partent à Ilvermorny, et par la suite, chaque premier samedi de leur retour lors des vacances scolaires. Si le plateau était pour une seule personne, il y avait toujours quatre bouches à nourrir, chacun chapardant un bout de tartine à la star du jour, pour peu qu’il ou elle ne défende pas ardemment son butin. Les œufs étaient à la coque, et les morceaux de brioches toastés bien découpés et départis de leur croûte pour Ekwensu, alors qu’Oscar préférait les omelettes composées, et Jacob les œufs au plat qu’il terminait en léchant l’assiette. Elle, elle aimait ses œufs brouillés et baveux, avec du sel aux épices. Ces mêmes épices qu’elle offrait chaque hiver à Sébastian depuis l’année qui avait vu éclore puis mourir leur amourette, et durant laquelle il lui avait appris à manipuler le liquide en douceur dans la poêle brûlante jusqu’à obtenir la texture attendue. Elle était peut être au maximum de ses capacités, mais si il disposait des bons ustensiles et d’un peu de matière grasse, elle parviendrait sûrement à un résultat décent. Si non, elle accuserait le matériel, bien sur.
Tournant le dos au sorcier, elle avait allumé la gazinière et faisait réchauffer doucement le teflon avait d’y rajouter les œufs qu’elle ne battrait qu’une fois dans le contenant. Concentrée à sa tâche, mais attentive au souffle de celui derrière lui, elle avait tendu l’oreille alors qu’il se laissait aller à quelques confidences. Il n’avait pas vraiment parlé de ce qu’il avait vécu avec Mama Olivia quelques jours plus tôt, mais l’entre deux dans lequel il évoluait depuis était familier à la sorcière : si elle ne l’avait vécu qu’avec des membres de sa famille, certes précieux, mais plus lointains, elle savait qu’il fallait un petit moment avant de se remettre de ce genre de tête à tête, à fortiori quand il est impromptu. Ce sont cela qui sont les plus sincères néanmoins, lui avait toujours assuré l’aïeule aux yeux vitreux. C’est pour cette raison qu’elle l’avait laissé faire, à son rythme. Sa confidence lui tira un petit sourire, alors que le chant crépitant du gras brûlant venait remplir l’espace.
- I probably would have liked her too. She seemed both sweet and smart.
Que pouvait elle dire de plus ? Elle ne saurait de Liese que ce que son fils voudrait bien lui en dire et, peut-être, ce que d’hypothétiques enfants pourraient lui dérober de génétique. Malgré tout, le Wakefield semblait tenir en si haute affection sa figure maternelle qu’un adoubement, même fictionnel, était probablement une fin en soi. Elle racla du bout de la spatule un des recoins de sa brouillade alors qu’il continuait de parler. Il avait changé de place, mais elle ne pouvait pas le voir. Tout juste le sentir. Comme pour ne pas interrompre l’épanchement encore fragile, elle ne déviait pas le regard dans le sien. Parfois, c’était plus facile de parler, sans se sentir déshabiller du dedans par les prunelles du dehors.
- It was not. Weird, I mean.
Elle haussa les épaules, ses omoplates roulant sous le tissu fin de haut de nuit. Elle était on ne pouvait plus sincère, d’abord parce qu’elle était elle même rompue à l’exercice, ensuite parce que sa grand-mère l avait toujours appris qu’il était particulièrement impoli et injuste d’envier les morts, et surtout leurs places dans le coeur des vivants.
- You had a life before me, and that’s normal, you’re not a monk, it would be such a waste. *elle sourit, huma sa préparation et attira le poivre pour assaisonner généreusement* She is yours and you are kinda hers that’s ok. I’m not envious of other’s happiness or past. Mine was quite pleasant too. Gimme a plate.
On lui avait dit, aussi, que l’amour ne se divisait pas, il se multipliait, avec le temps et les destinataires. Mais peut être était ce encore un peu tôt pour en parler aussi ouvertement. C’était Caroline qui le lui avait murmuré quand, inquiète du gros ventre de sa tante, elle lui avait demandé si le bébé le volerait l’amour qu’elle offrait à sa nièce favorite, petite dernière trop accoutumée à son statut. Le ton était tranquille, et elle versa les œufs, au moins quatre chacun, ni plus ni moins, en petite montagne jaune pâle dans l’assiette creuse.
- I couldn’t hear her, she was talking to me, and I’m not gifted like my grand-ma. But I think I heard her laugh at some point, and I felt her presence. It’s not something I can really describe, maybe you would feel it if you meet one ofe my ghosts, one day.
Elle piqua une bouchée du bout de sa fourchette, gouta avant d’opiner du chef, l’air satisfaite, et d’en tendre une jumelle au sorcier.
- It’s eatable, My father wont disinherit me, See, I’m such a goot match, eggs everyday until our cholestrerol explodes.
Un peu d’humour et de légèreté, pour ne pas s’apesantir sur ce que cette soirée avait sacralisé entre eux. Et pourtant, il y avait quelque chose. Dans les gestes, dans les regards, dans la manière dont elle s’assura qu’il mange toute sa part, et que ses joues aient repris des couleurs avant de partir affronter l’implacable blonde studieuse.
L’amour ne se divise pas. Il se multiplie. Prends garde à toi, Famine, quand ton sang soudain se réchauffe, c’est que l’oiseau n’est plus très loin, et que l’oeuf que tu es ne contenait peut-être pas l’animal escompté.
*Sword from the stone*
Elle était venue cogner sans violence de son poing le biceps du géant avant de se rendre jusqu’à réfrigérateur : elle n’était certes pas douée, et très modérément intéressée, par l’élaboration d’un petit déjeuner décent, mais à défaut, elle avait toujours eu d’excellents professeurs. Son père faisait des petits déjeuners au lit à chacun de ses enfants, une fois par an, le matin de leur anniversaire, jusqu’à ce qu’ils partent à Ilvermorny, et par la suite, chaque premier samedi de leur retour lors des vacances scolaires. Si le plateau était pour une seule personne, il y avait toujours quatre bouches à nourrir, chacun chapardant un bout de tartine à la star du jour, pour peu qu’il ou elle ne défende pas ardemment son butin. Les œufs étaient à la coque, et les morceaux de brioches toastés bien découpés et départis de leur croûte pour Ekwensu, alors qu’Oscar préférait les omelettes composées, et Jacob les œufs au plat qu’il terminait en léchant l’assiette. Elle, elle aimait ses œufs brouillés et baveux, avec du sel aux épices. Ces mêmes épices qu’elle offrait chaque hiver à Sébastian depuis l’année qui avait vu éclore puis mourir leur amourette, et durant laquelle il lui avait appris à manipuler le liquide en douceur dans la poêle brûlante jusqu’à obtenir la texture attendue. Elle était peut être au maximum de ses capacités, mais si il disposait des bons ustensiles et d’un peu de matière grasse, elle parviendrait sûrement à un résultat décent. Si non, elle accuserait le matériel, bien sur.
Tournant le dos au sorcier, elle avait allumé la gazinière et faisait réchauffer doucement le teflon avait d’y rajouter les œufs qu’elle ne battrait qu’une fois dans le contenant. Concentrée à sa tâche, mais attentive au souffle de celui derrière lui, elle avait tendu l’oreille alors qu’il se laissait aller à quelques confidences. Il n’avait pas vraiment parlé de ce qu’il avait vécu avec Mama Olivia quelques jours plus tôt, mais l’entre deux dans lequel il évoluait depuis était familier à la sorcière : si elle ne l’avait vécu qu’avec des membres de sa famille, certes précieux, mais plus lointains, elle savait qu’il fallait un petit moment avant de se remettre de ce genre de tête à tête, à fortiori quand il est impromptu. Ce sont cela qui sont les plus sincères néanmoins, lui avait toujours assuré l’aïeule aux yeux vitreux. C’est pour cette raison qu’elle l’avait laissé faire, à son rythme. Sa confidence lui tira un petit sourire, alors que le chant crépitant du gras brûlant venait remplir l’espace.
- I probably would have liked her too. She seemed both sweet and smart.
Que pouvait elle dire de plus ? Elle ne saurait de Liese que ce que son fils voudrait bien lui en dire et, peut-être, ce que d’hypothétiques enfants pourraient lui dérober de génétique. Malgré tout, le Wakefield semblait tenir en si haute affection sa figure maternelle qu’un adoubement, même fictionnel, était probablement une fin en soi. Elle racla du bout de la spatule un des recoins de sa brouillade alors qu’il continuait de parler. Il avait changé de place, mais elle ne pouvait pas le voir. Tout juste le sentir. Comme pour ne pas interrompre l’épanchement encore fragile, elle ne déviait pas le regard dans le sien. Parfois, c’était plus facile de parler, sans se sentir déshabiller du dedans par les prunelles du dehors.
- It was not. Weird, I mean.
Elle haussa les épaules, ses omoplates roulant sous le tissu fin de haut de nuit. Elle était on ne pouvait plus sincère, d’abord parce qu’elle était elle même rompue à l’exercice, ensuite parce que sa grand-mère l avait toujours appris qu’il était particulièrement impoli et injuste d’envier les morts, et surtout leurs places dans le coeur des vivants.
- You had a life before me, and that’s normal, you’re not a monk, it would be such a waste. *elle sourit, huma sa préparation et attira le poivre pour assaisonner généreusement* She is yours and you are kinda hers that’s ok. I’m not envious of other’s happiness or past. Mine was quite pleasant too. Gimme a plate.
On lui avait dit, aussi, que l’amour ne se divisait pas, il se multipliait, avec le temps et les destinataires. Mais peut être était ce encore un peu tôt pour en parler aussi ouvertement. C’était Caroline qui le lui avait murmuré quand, inquiète du gros ventre de sa tante, elle lui avait demandé si le bébé le volerait l’amour qu’elle offrait à sa nièce favorite, petite dernière trop accoutumée à son statut. Le ton était tranquille, et elle versa les œufs, au moins quatre chacun, ni plus ni moins, en petite montagne jaune pâle dans l’assiette creuse.
- I couldn’t hear her, she was talking to me, and I’m not gifted like my grand-ma. But I think I heard her laugh at some point, and I felt her presence. It’s not something I can really describe, maybe you would feel it if you meet one ofe my ghosts, one day.
Elle piqua une bouchée du bout de sa fourchette, gouta avant d’opiner du chef, l’air satisfaite, et d’en tendre une jumelle au sorcier.
- It’s eatable, My father wont disinherit me, See, I’m such a goot match, eggs everyday until our cholestrerol explodes.
Un peu d’humour et de légèreté, pour ne pas s’apesantir sur ce que cette soirée avait sacralisé entre eux. Et pourtant, il y avait quelque chose. Dans les gestes, dans les regards, dans la manière dont elle s’assura qu’il mange toute sa part, et que ses joues aient repris des couleurs avant de partir affronter l’implacable blonde studieuse.
L’amour ne se divise pas. Il se multiplie. Prends garde à toi, Famine, quand ton sang soudain se réchauffe, c’est que l’oiseau n’est plus très loin, et que l’oeuf que tu es ne contenait peut-être pas l’animal escompté.
️ nightgaunt
RP Fini
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