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Ce n'est pas une thérapie, c'est un deuil || Nathaniel
Sam 16 Oct 2021 - 0:56
Le meilleur conseil est souvent le silence
Il avait été absent. Le jour le plus triste de la vie de la personne qui était sans doute le centre de son univers, il n'avait pu se libérer à cause d'obligations professionnelles. Et pourtant, Merlin, Dieu, Satan, n'importe quel être supérieur qui pouvait exister savait que s'il avait pu faire autrement, ça aurait été fait dans la minute. Clarence n'était pas le genre d'homme qui mettait ses rares amis sur le côté comme ça, surtout pas dans un jour aussi teinté de souffrance et de désespoir. Et pourtant, il avait été absent.
Qu'à cela ne tienne, il avait immédiatement, une fois ses obligations terminées, pris la route de la maison de son ami, que dis-je, de son meilleur et plus intime ami. Nathaniel Wakefield était très certainement pour lui la personne la plus importante, celle pour qui il ferait l'improbable, et surtout, celle pour qui il serait prêt à donner son coeur. Mais c'est une autre histoire que personne ne veut entendre pour le moment. Pour le moment, le grand britannique passe la porte d'entrée, en utilisant les clés données par le Wakefield pour ouvrir cette serrure qui avait été doublement fermée à clé.
Et une fois dans la grande demeure du juge, ce fut le silence qui le marqua le plus. le silence de la mort, celui de la tristesse, du deuil, et de la solitude. Si sur les trois premiers il ne pouvait faire la moindre chose, sur la solitude, il pouvait la briser. Et c'est d'ailleurs ce qu'il fit, parapluie en main, manteau noir tombant jusqu'à ses mollets et cheveux encore un peu mouillés par la pluie, qu'il pénétra dans le grand salon, allumé par un simple feu. La seule présence humaine était dans un fauteuil, assis. Clarence ne prononça mot et avança alors de quelques pas. C'est alors que son regard croisa celui d'un elfe de maison.
- Whisky.
Fut le seul mot prononcé par l'anglais et alors que l'elfe disparaissait pour accéder à la requête de l'ancien psychomage, Clarence vint s'asseoir sur le fauteuil situé en face du sien, dos à la cheminée qui fonctionnait déjà à plein régime. Le bon côté des choses serait qu'il n'aurait pas froid. Et ce n'est qu'une fois que l'elfe eut ramené la bouteille et deux verres que l'homme posa enfin un regard sur son ami. Il le jaugea du regard de nombreuses minutes, dans un silence des plus religieux avant de briser cette harmonie en ouvrant la bouteille et en servant deux verres.
- Quand tu le désireras, je t'écouterai. Mais ne comptes pas sur moi pour quitter cette demeure avant.
Fut la seule phrase prononcée à l'égard de Nathaniel. Si Clarence ne pouvait comprendre la douleur qu'il ressentait, il voyait bien que son plus proche ami était loin, très loin d'être dans son état normal. Ainsi, il récupéra son verre de whisky et le porta à ses lèvres, buvant une gorgée lentement, sans quitter le juge des yeux.
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@Nathaniel Wakefield
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Re: Ce n'est pas une thérapie, c'est un deuil || Nathaniel
Mer 20 Oct 2021 - 0:14
L'effrayant silence de la mort - 7 novembre 2020 - Manoir de Nathaniel Wakefield
Quel pitoyable spectacle que celui de la déchéance humaine. Abandonné à la détresse, submergé par la tristesse, mis à genoux par la souffrance. Rien ne semblait me sortir de la spirale dévastatrice de la douleur. Depuis la mort de Morgane, la vie ne semblait plus avoir aucune saveur. Persuadé que jamais je ne mériterai le bonheur. Que je paierai à vie le fait de l'avoir abandonnée, de n'avoir pu la sauver. Empêtré dans mon deuil, j'errai sans fin dans mon manoir, tournant en rond. Maudissant même ma hiérarchie pour m'obliger à prendre des jours de repos. Pourtant, qu'est-ce qui pouvait me sauver en dehors de mon travail? J'avais besoin d'être actif, de m'occuper l'esprit, de ne pas trop penser à ce que je venais de vivre. L'enterrement avait eu lieu hier et pourtant, j'avais l'impression qu'il venait de se terminer. Je revoyais les mêmes images encore et encore. Je revoyais les regards plein de pitié, j'entendais les paroles apaisantes, je ressentais la présence essentielle de mon frère et de mes proches. Mes proches, sans qui, sûrement, j'aurais cédé aux idées les plus noires. Effrayé de me laisser seul, Evan avait même passé la nuit chez moi. A deux, nous avions vidé ma cave, bouteille après bouteille. Euphorie alcoolisée, besoin de tout oublier. Résultat, le réveil fut brutal et douloureux. Ce soir, encore, je ressentais encore les effets de cette nuit d'ivresse. Avachi sur mon fauteuil, mon regard translucide était fixé sur le feu qui crépitait dans la cheminée. Le silence avait envahi le manoir. Un silence angoissant. Des bruits de pas dans le couloir qui menait au salon me firent à peine tendre l'oreille. Pas un mouvement pour trahir cette attention. Pas même un regard pour la silhouette familière qui venait de faire son entrée. Je l'avais reconnu à ses pas. Je savais qui il était. Le laissant demander un whisky à Tolky, qui m'agaçait à me surveiller d'un air inquiet - surement à la demande d'Evan -, je ne bougeais pas plus. Il n'y avait rien de l'homme qu'il connaissait par coeur face à lui. Une pâle copie. Le teint trop pâle, les yeux meurtris, la silhouette avachie, les phalanges encore douloureuses de ces excès de colère qui m'avaient pris le soir de la mort de Morgane. Alors que Clarence se décidait à m'adresser la parole, mon regard vide se leva pour croiser le sien. Une colère sourde couvait dans mes iris glaciales. Si l'homme de raison comprenait les raisons de son absence, l'homme meurtri et en deuil ne voyait pas plus loin que ce simple fait: il n'était pas là à l'enterrement. Mon meilleur ami. L'homme qui me connaissait le mieux. Que je connaissais depuis presque aussi longtemps que mon propre frère. Il était mon âme soeur, mon frère de coeur et il revêtait tant d'importance à mes yeux que son absence m'était tout simplement insupportable. "Tu n'étais pas là." déclarai-je d'une voix rauque, impassible. Pas besoin d'en dire plus, il comprendrait. Soufflant doucement, je détournai le regard pour le reposer sur le feu de cheminée. "Je n'ai pas besoin de toi, va-t-en." murmurai-je sur un ton mordant. C'était injuste, je le savais. C'était la colère qui parlait. La colère et l'immense tristesse que je ressentais. Et si mes mots l'intimaient de sortir de chez moi, mon attitude toute entière lui hurlait de rester. Un appel au secours déguisé. Si j'étais simplement capable de réfléchir normalement, j'aurais su que jamais Clarence ne lâcherait le morceau. Parce que c'était ainsi entre nous. Promesse silencieuse conclue entre nous des années plus tôt, celle de ne jamais laisser tomber l'autre. Quoi qu'il arrive. Peu importait les obstacles, rien ne pourrait nous arrêter quand il s'agissait de protéger l'autre. Parce c'était ainsi qu'on se comportait avec son frère de coeur.
@Alexander Gold
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Re: Ce n'est pas une thérapie, c'est un deuil || Nathaniel
Mer 20 Oct 2021 - 0:34
Le meilleur conseil est souvent le silence
Le regard fixé sur l'homme de loi, Clarence ne bougeait pas. Telle une statue ou le sphinx en personne, il observait le centre de son univers, dévasté par la mort de sa femme. Clarence avait été aux premières loges pour assister à la descente aux enfers de ce couple mais également de la sienne, intérieure, alors qu'il avait tenté tout ce qu'il avait pu pour la sauver. Sa mort était tout autant l'échec de Nathaniel que le sien, et il ne se le pardonnerait très certainement jamais. Cependant, les états d'âme de Clarence n'étaient rien par rapport à la souffrance et la détresse émotionnelle de son ami, ainsi, c'est un masque de neutralité totale qui fit face au regard sourd de colère du Wakefield.
- Non.
Un simple mot. Nathaniel n'attendait certainement pas de réponse, mais le psychomage qu'était Clarence à ses heures perdues connaissait parfaitement ce genre de situation, et si sur des parfaits inconnus, il arrivait à gérer sans problème, alors sur la personne qu'il connaissait certainement mieux que lui même, il ne ferait pas le moindre faux pas, pas alors qu'il avait été absent au moment le plus douloureux de sa vie. Ce soir, c'était la première étape du deuil, mais également du début de sa thérapie, dont il allait avoir cruellement besoin dans les jours, les semaines, les mois à venir.
Ainsi, quand la demande de départ du Juge se fit entendre, Clarence croisa les jambes, en buvant son whisky, défiant l'autorité du maître de maison. Tolky lui était dans un coin, observant silencieusement. Le psychomage ne fit aucune remarque sur sa présence, il comprenait l'inquiétude de l'elfe de maison, il ne pouvait lui reprocher quoique ce soit. Ce n'est qu'après une bonne minute de silence et une gorgée de whisky avalée que le plus grand des deux reprit la parole.
- Maintenant que nous savons tous les deux que je ne quitterai cet endroit que sous la contrainte et que tu seras incapable de m'y forcer, passons à autre chose. Quand était-ce la dernière fois que tu as avalé la moindre nourriture qui ne contenait pas d'alcool ?
Clarence était toujours aussi professionnel, mais en même temps, le son de sa voix trahissait cette inquiétude, la même que pour tous les proches du Wakefield. La mort de sa femme était une épreuve très difficile à surmonter et personne n'avait le droit de la traverser seul. Sa présence serait donc obligatoire et non négociable, ne serait ce que vis à vis de sa femme morte et de la promesse qu'il avait faite à son frère de coeur il y a de cela des années. Jamais il ne l'abandonnerait. Jamais.
- Tu sais comme moi comment cela va se terminer Nate. Peu importe l'issue, je ne quitterai pas cet endroit, je ne te laisserai pas seul, et encore moins, je ne te laisserai faire de choses que tu regretteras par la suite.
Codage par Libella sur Graphiorum
@Nathaniel Wakefield
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Re: Ce n'est pas une thérapie, c'est un deuil || Nathaniel
Lun 25 Oct 2021 - 23:56
L'effrayant silence de la mort - 7 novembre 2020 - Manoir de Nathaniel Wakefield
L'absence de Clarence à l'enterrement avait été remarquée. Par tous ceux qui connaissaient la profondeur de notre amitié. Par ceux qui savaient qu'il faisait partie de mon entourage proche. Et surtout qu'il avait été présent les dernières heures de vie de Morgane. Toute la culpabilité ressentie après sa mort - celle de ne pas avoir su la sauver, je l'endossais de tout son poids. Il n'y était pour rien, il avait fait de son mieux. Si je ne pouvais lui en vouloir, il n'en était pas de même pour moi-même. Par contre, ma colère, ma tristesse, mon empathie naturelle, tout me poussait à haïr l'homme qui m'avait laissé tomber en ce jour si funeste. Alors, tel le poison qu'on crache au visage de l'ennemi, je lui balançais la vérité avec une voix venue d'outre-tombe. Mais il semblait que j'avais oublié à qui j'avais affaire. L'anglais en face de moi me répondit d'un mot, sans chercher à fuir, sans chercher à éluder la question. Rien que la vérité froide et cruelle. Il ne le niait pas. Parce qu'il n'aurait servi à rien de le nier. De toute manière, sa réponse ne m'intéressait pas. Qu'il s'en aille, qu'il me laisse périr à petit feu, qu'il me laisse m'empêtrer dans ma détresse. Je n'avais pas besoin de lui. Du moins c'était ce que mon esprit embué et alcoolisé pensait. Mon coeur et mon âme, eux, se languissaient d'une compagnie familière et fraternelle. Ne m'abandonne pas. Sa question me fit lever les yeux au ciel, tandis que je soupirais d'un air agacé. Qu'est-ce qu'il croyait? Que je notais tout ce que je mangeais depuis 5 jours? "Je ne sais pas... Enfin... Je ne m'en souviens plus, mais est-ce vraiment important? Je n'ai pas faim de toute façon. Et ce n'est certainement pas toi qui vas m'y forcer." Réponse classique, logique. Pour être honnête je ne me souvenais plus d'avoir mangé quelque chose depuis la mort de Morgane. Peut-être avais-je grignoté un peu, tout au plus. L'appétit semblait m'avoir quitté au même titre que toute joie ou humour. Ne restait que la noirceur. Je sentais la colère monter peu à peu en moi, détruisant toute autre émotion au passage, se renforçant au contact de mon immense tristesse. Alors quand mon ami de toujours répéta qu'il ne partirait pas, qu'il ne me laisserait pas seul, mon coeur rayonna... Mais ma colère bondit. Je me levais du fauteuil - non sans mal, le regard de glace s'assombrissant. Le désignant, ma voix se fit aussi tranchante qu'une lame. Faire mal. Faire souffrir autant que je souffrais. "Vous êtes tous pareils. Toi, mon frère, les autres. A vous inquiéter et à me renvoyer votre pitié. Je veux juste être seul, SEUL. Vous ne comprenez pas! Vous ne pouvez rien faire. RIEN. Qu'on me LAISSE TRANQUILLE." Le souffle court, le coeur battant un peu trop vite - à cause de l'alcool et du manque de sommeil -, je faillis perdre l'équilibre en faisant un pas en avant et je me rattrapais de justesse à la table à côté du fauteuil. Tant d'émotions se bousculaient dans mon esprit. Tant de voix. Tant de visions qui, quand je les laissais prendre le contrôle, me rendaient vulnérable et faible. Un homme brisé. Un voyant incapable de voir la souffrance de sa propre femme. Un voyant brisé qui se laissait noyé à petit feu. Appuyé sur la table, je finis par relever la tête pour poser mes iris de glace dans celles de l'ancien psychomage. Epuisé. Détruit. Help. "Si tu savais comme je souffre..." Ma voix se brisa alors que je rompais le contact visuel. J'en tremblais, autant de fureur que de tristesse. Des larmes rageuses au coin des yeux.
@Alexander Gold
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Re: Ce n'est pas une thérapie, c'est un deuil || Nathaniel
Mar 26 Oct 2021 - 0:14
Le meilleur conseil est souvent le silence
Le silence de la tristesse est semblable à celui de la mort. Une phrase qui restera à jamais gravée dans l'esprit de Clarence, qui comprenait maintenant mieux que quiconque ce qu'elle signifiait. Si la colère sourde de l'homme de loi l'empêchait d'être silencieux à l'instar de la grande Faucheuse qui récupère les âmes, de manière injuste et aléatoire, une fois retombée, il ne restait que le silence du désespoir et de la tristesse. Clarence avait tout vu, la rencontre, l'amour, l'euphorie, puis la descente aux Enfers, qu'il avait tenté, en vain de stopper. devenir le héros de cette histoire, l'ami qui intervient pour éviter une perte inestimable. Mais il n'avait été que le raté qui avait regardé souffrir la femme de son meilleur ami.
Alors, à la réponse du Wakefield, le psychomage claqua la langue, suffisamment bruyamment pour signifier son mécontentement, et un haussement de sourcil survint par la suite. " Je ne parierai pas sur ça Nathaniel." Oh que non il ne parierai pas. Si son ami devait ingérer quelque chose pour absorber cet alcool, pour redevenir un peu plus lui même, ou ne serait ce que pour s'assurer de survivre au lendemain, il usera de la magie si nécessaire pour le forcer. "Crois moi sur parole que je suis prêt à finir à Azkaban avec un Impérium pour te faire avaler quelque chose, alors tu as intérêt à manger quelque chose dans cette soirée." Le ton était sans appel de la part de Clarence. Mais visiblement, sa colère prenait à nouveau le dessus.
Il ne bougea pas de son fauteuil. Il buvait tranquillement son whisky, pour bien montrer que ses démonstrations de colère ne l'atteignaient pas le moins du monde, alors qu'intérieurement il ne voulait qu'une chose, l'étreindre et lui hurler qu'il était désolé, désolé de ne pas avoir été présent, désolé de l'avoir laissé mourir, désolé de tout ça, et que s'il pouvait donner sa propre vie pour la sauver elle, il n'hésiterait pas une seule seconde, pour son bonheur à lui, parce qu'il ne vivait que pour son bonheur à lui. Mais non. Il ne prononça pas un seul mot. Il le regarda tituber, puis se rattraper de justesse. Une inspiration prise, il se leva à son tour, le regardant dans les yeux. Puis une simple phrase.
- Je ne peux malheureusement que l'imaginer, et rien que de le faire me rend malade.
Et sans annoncer quoique ce soit, il récupéra le corps à moitié conscient du Wakefield pour l'étreindre contre lui, avec toute la force dont il était capable. Une étreinte qui voulait dire tant de chose, mais qui voulait avant tout tenter un simple réconfort. Réconforter le centre de son univers, celui sans qui, rien de tout cela n'aurait été possible dans sa vie. Et c'est toujours dans cette étreinte fraternelle qu'il continua.
- Mange quelque chose avec moi Nate. S'il te plaît.
Codage par Libella sur Graphiorum
@Nathaniel Wakefield
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Re: Ce n'est pas une thérapie, c'est un deuil || Nathaniel
Mar 23 Nov 2021 - 22:57
L'effrayant silence de la mort - 7 novembre 2020 - Manoir de Nathaniel Wakefield
L'homme qui osait me tenir tête, l'homme qui me faisait face, était probablement celui qui me connaissait le mieux. Celui qui me connaissait presque intimement. A l'aube de ses premiers entraînements de legilimens, mon meilleur ami avait eu accès à mon esprit. Privilège que peu de personnes pouvaient se vanter d'avoir eu. Les quelques curieux qui avaient tenté d'accéder au labyrinthe de mes pensées s'étaient retrouvé face à un esprit tellement complexe et particulier qu'ils en étaient ressortis plus confus encore. Clarence, lui, était le seul capable de s'y repérer. Et même si cela faisait des années que l'Anglais n'avait pas eu le loisir de le faire, je ne doutais pas qu'il en serait capable encore aujourd'hui. Mû par le chagrin et la détresse, je m'agaçais de l'entendre me parler de se nourrir correctement. Quel intérêt pourrais-je bien avoir à avaler quoi que ce soit? Je n'avais envie de rien. Ma réponse ne lui convenait pas. Il s'agaçait lui aussi. Mais je ne l'écoutais pas. Mes yeux levés au ciel. "Je suis curieux de te voir essayer." que je répliquais d'un ton rauque, presque moqueur. Je n'étais pas moi-même. Et la colère reprit le dessus. La colère cruelle et sourde, qui déchirait les entrailles et assombrissait les cœurs, la colère qui cachait la tristesse et la détresse, et s'essoufflait alors que la faiblesse du corps reprenait le dessus. Manquant de perdre mon équilibre, je ne dus mon salut qu'à un réflexe de m'appuyer sur la table à côté du fauteuil. Détruit. Perdu. Je lâchais ma détresse en quelques mots douloureux. Il comprendrait. Il trouverait la solution, pas vrai? Pour recoller les morceaux et réparer mon cœur brisé? C'était un docteur, non? Ses mots de consolation firent leur chemin jusque dans mon esprit embrumé. Mais ce qui me sauva réellement fut l'étreinte qui suivit. Je n'étais pas spécialement tactile et d'ordinaire, je fuyais les contacts prolongés de ce genre. Pas ce soir. Mon corps tout entier réclamait un soutien indéfectible, la chaleur d'un ami, la force dont je manquais cruellement actuellement. Je n'avais plus la force de me dégager. Mon front posé sur son épaule, je le laissais me soutenir, me porter pratiquement. Le parfum familier de mon plus ancien ami m'apaisait et mon rythme cardiaque diminua peu à peu jusqu'à redevenir normal. Je me sentais vide. Désespérément vide. "Bien.... Tu as gagné." soufflais-je tout contre lui. L'âme vaincue. L'âme blessée et douloureuse. Me dégageant doucement de son étreinte, je rejoignais mon fauteuil avec son aide, avant d'attraper un shortbread - des gâteaux qui venaient d'apparaître sur la table, sûrement grâce à mon petit Tolky. Chaque bouchée était une victoire autant qu'une souffrance. Mon corps réclamait encore de l'alcool, pas de nourriture solide. Alors j'y allais tout doucement. "J'aimerais tant que tu puisses faire disparaître ma douleur." Mon ton était presque suppliant. Je savais que c'était impossible. Que je devrais vivre avec cette douleur. Et ça me détruisait à petit feu. Mais je devais le dire. Tandis que des pensées plus ou moins sombres traversaient mon esprit, mes iris bleues translucides se posèrent à nouveau dans celles de mon ami. "Je... J'aurais du le voir.... J'aurais pu l'aider et je ne l'ai pas fait, Clarence. Elle n'avait pas mérité cette souffrance... Tout est de ma faute." Ma voix, rauque, cachait mal la détresse émotionnelle que je ressentais. Toute ma vie, j'avais appris à cacher mes émotions, à revêtir un masque de parfaite indifférence pour ne pas souffrir. Mais tout était en train de voler en éclat. Et j'ignorais même si j'étais capable de m'en sortir. Si j'avais droit à un avenir serein. Plus rien n'avait de sens.
@Alexander Gold
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Re: Ce n'est pas une thérapie, c'est un deuil || Nathaniel
Jeu 25 Nov 2021 - 13:55
Le meilleur conseil est souvent le silence
- Laisse ta curiosité au placard pour ce soir, tu t'éviteras une nouvelle désillusion.
Rétorqua-t-il presque du tac au tac, alors que son calme apparent était une belle façade, qu'il protégeait par son immobilisme et son verre de whisky pur feu en main. Voir ainsi l'homme qu'il aimait du profond de son être était un calvaire sans nom, mais il ne pouvait lui avouer. Il n'avait jamais pu. Il s'était toujours contenté d'être le plus fidèle, le plus proche ami, celui qui connaissait tout, qui pouvait répondre à tout et qui serait toujours là. Toujours, sauf à l'enterrement de sa femme. Forcément.
Il laissa passer l'orage de la colère chez Nathaniel. Il le laissa cracher son venin, qui ne vint pas l'atteindre le moins du monde. C'était sans doute le côté psychomage qui avait pris le dessus le temps de cette haine, pour rationnaliser le tout et comprendre que ce n'était pas destiné contre lui personnellement, mais que la colère ressentie était contre lui même. Puis un mouvement, il se leva, pour venir le récupérer et le prendre dans ses bras, le soutenir presque complètement alors qu'il pouvait manquer de tomber à chaque instant. Une victoire par la suite, il allait manger. A peine ses mots furent prononcés que l'elfe de maison avait déjà fait apparaitre des gâteaux pour son maître. Une victoire pour Clarence, qui cacha ses réflexions taquines, ce n'était clairement pas le moment de jouer à ça avec un homme désespéré et souffrant de la perte de son épouse.
- Je peux te faire dormir d'un sommeil sans rêves, mais c'est tout ce que je serai en mesure de faire pour toi. Le reste, tu devras travailler avec un psychomage, autre que moi pour aller mieux.
Il avait été doux dans sa manière de parler, mais une fois encore, il ne laissait pas l'option à Nath de s'échapper. Il allait devoir aller en consultation, ce n'était même pas une option. Pour aller mieux, pour réussir à s'en sortir, il allait devoir parler, faire sortir tout ce qu'il y avait en lui et ça, il ne pouvait le faire avec Clarence, pas en consultation officielle. Cependant, quand le juge commença à s'auto flageller de mots assassins et de pensées noires, le psychomage l'arrêta immédiatement.
- Stop. Tu l'as vu. Tu as vu sa descente aux enfers, j'étais là aussi Nathaniel. Nous avons tous été incapable de faire quoique ce soit. J'ai retourné Ste mangouste et récupéré tous les mages pour avoir leurs avis, j'ai organisé des réunions, pour trouver une solution. Tu le sais aussi bien que moi. Alors non, ce n'est pas de ta faute, je ne vais pas te laisser prendre ce poids. Cette maladie nous a tous battus, tous. Sans exception. Redis ça encore une fois, et je te promet que je te gifle.
Fit il, tout à fait sérieux, alors qu'il se posa de nouveau sur son fauteuil, qu'il avait rapproché par magie de celui de nathaniel. Il prit à son tour un gateau qu'il mangea tranquillement, regardant par la même occasion le Juge. Sa tristesse explosait et il cherchait sans cesse un moyen de la réduire, mais si peu de temps après la mort de sa femme, même lui savait que c'était impossible. C'était un épisode obligatoire à passer.
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@Nathaniel Wakefield
- InvitéInvité
Re: Ce n'est pas une thérapie, c'est un deuil || Nathaniel
Mer 15 Déc 2021 - 23:26
L'effrayant silence de la mort - 7 novembre 2020 - Manoir de Nathaniel Wakefield
La colère était passée. L'orage qui avait grondé quelques minutes avait fini par courber l'échine, pour ne laisser place qu'à l'épuisement et la tristesse. Défaite. Auto-destruction d'un homme qui n'en était plus vraiment un. Juste une ombre de celui que j'avais été. Avant la tragédie. L'homme à mes côtés, mon ami de toujours, avait tout vu, avait été témoin de chaque étape cruciale de ma vie. Il était un pilier et un repère. Aujourd'hui, perdu dans l'océan de mes pensées morbides, j'avais plus que jamais besoin de lui. A bout de forces, épuisé de lutter envers et contre tous, je finis par céder une première fois. Dans ses bras, entouré de sa bienveillance et de son amitié, j'acceptais enfin de manger quelque chose. Et sans m'en rendre compte, je venais de faire un pas sur la voie de la guérison. Pour l'heure cependant, une simple bouchée de shortbread s'apparentait à une victoire. Le besoin de se sustenter ne parvenait pas à mon esprit, et pourtant, au fur et à mesure que je mâchais, je sentais mon estomac se contracter. Etait-ce parce qu'aucune nourriture solide n'y avait séjourné depuis plusieurs jours? Ou était-ce un signe que mon estomac recommençait à réclamer son dû? Sa réflexion sur le sommeil me tira de mon brouillard. Mon regard vide se posa sur lui. "Je veux bien, j'ai besoin de dormir." soufflais-je avant de reprendre, presque désolé. "Tu ne leur fais pas un cadeau, tu le sais? Tu me connais." Oh oui, il me connaissait. Les rares fois où il avait tenté une psychanalyse sur moi, ça ne s'était pas spécialement bien passé. Déjà parce qu'on se connaissait trop bien et parce que j'avais horreur de parler de moi tout simplement. Parler tout court, même. Mon père et mon frère étaient de plus grands bavards. Peu de mots, mais très efficaces. Pourtant, ce que me disait Clarence était vrai, il faudrait que je me fasse aider. Là encore, cela me demanderait un effort considérable, mais c'était nécessaire. Alors que je continuais à manger, je ne pus m'empêcher d'avoir des idées noires à nouveau. Repasser en boucle les derniers évènements. Essayer de comprendre pourquoi le destin s'était acharné contre elle, contre moi, contre nous. Le voyant que j'étais ne comprenait pas que le destin n'en faisait qu'à sa tête. Il était persuadé qu'il aurait du voir venir, qu'il aurait pu faire plus. Pour moi, c'était clair, tout était de ma faute. Instantanément, la voix de Clarence se fit dure et sévère. Et sa dernière phrase, même si ce n'était que des mots, m'avait fait le même effet que s'il m'avait vraiment gifler. Pris de court. Mes prunelles embrouillées vissées sur lui. Le teint livide. "Tu as raison, je sais, mais... Je..." Avant même que je ne puisse continuer, mon estomac se contracta une fois de trop et j'eus un haut le coeur terrible. Une fraction de seconde plus tard, le maigre contenu de mon estomac se retrouva à terre, alors que j'étais plié en deux. Tentant de reprendre mon souffle, j'offrais un pitoyable spectacle à mon meilleur ami. C'était à prévoir malheureusement. Aurais-je mangé trop vite? L'esprit vide, un blanc passa devant mes yeux et c'est au prix d'un effort véritable que je ne m'évanouissais pas. "Désolé..." Ma voix était particulièrement rauque. "Je n'aime pas que tu me voies comme ça..." finissais-je dans un souffle. Non, mon ami ne méritait pas de me voir dans cet état-là. Je ne méritais pas de m'être mis dans cet état-là. Mon corps exprimait ce que j'étais incapable de dire avec des mots. Toute la souffrance, toute la tristesse.
@Clarence Hastings
- InvitéInvité
Re: Ce n'est pas une thérapie, c'est un deuil || Nathaniel
Jeu 16 Déc 2021 - 0:07
Le meilleur conseil est souvent le silence
Pas de nouvelle pique de la part du juge, ni de volonté d'être dans la confrontation une fois de plus. C'était donc une victoire pour le psychomage, qui n'avait pas cessé d'être calme et neutre pendant tout l'échange. A aucun instant il aurait montré de signe de colère, c'était le meilleur moyen de montrer qu'il perdait patience et que donc, Nathaniel avait ce qu'il voulait. Il ne perdait pas patience, il allait l'aider, et cette étape du deuil, peu de monde aurait pu l'appréhender avec lui. Et Clarence se savait tout désigné. Ainsi, quand il lui proposa une potion pour le faire dormir, l'acceptation du juge aussi rapide lui fit plaisir.
- Je l'ai préparé avant de venir, je me doutais de l'état dans lequel je te retrouverai. Je suppose qu'Evan s'est retourné l'estomac avec toi ? Il avait quelle tête avant de quitter ton manoir ? Blanc comme un linge je suppose.
Fit alors le Hastings avec un petit sourire sur les lèvres, avant que la remarque sur les psychomages ne lui arrache un rire franc et que son sourire, timide au début ne devienne franc. Il tapota l'épaule de Nathaniel affectueusement, avant de le regarder dans les yeux.
- Je n'ai fais appel qu'à ceux qui seront capable de tenir plus de 3 séances avec toi, je n'ai pas envie de me retrouver à devoir faire le psy pour ton psy. Tu me donnes bien assez de travail comme ça.
Cet esprit bon enfant aurait pu durer, mais les pensées morbides et noires de Nate revinrent au galop et les mots prononcés furent de trop pour le psychomage qui devint beaucoup plus sévère avec son meilleur ami. Il ne pouvait pas le laisser dire des choses pareille et dans le ton de sa voix, il ne laissait même pas la place à un éventuel argumentaire en retour. Ce que comprit d'ailleurs le wakefield rapidement, et quand il tenta tout de même d'essayer d'étayer, son estomac le prit de cours et il se retrouva à genoux en train de vomir le plus de nourriture qu'il avait avalé. Clarence aurait du le voir venir.
- Tolky, peux tu aller me chercher de quoi nettoyer, je vais le faire moi même. Peux tu aussi aller chercher dans ma veste les deux potions que j'ai ramené s'il te plaît ? Merci.
Il regarda alors l'elfe de maison, qui les regardait, a moitié caché derrière la porte menant vers les cuisines. Ce dernier hocha rapidement la tête et ramena de quoi nettoyer, n'insistant pas pour le faire, sachant que Clarence serait intraitable, et il se dépêcha de ramener les deux potions. Pendant ce temps, le psychomage aida son ami à se relever pour s'asseoir dans le canapé et lui donna la première potion.
- Bois ça, cela t'empêchera de vomir tripes et boyaux pendant 24 heures, tu pourras te nourrir correctement. J'aurai du commencer par ça, c'est ma faute. Et je t'ai déjà récupéré dans des états pires que ça Monsieur le Juge. Rappelle moi qui a fait son premier jour en tant que Président du Magenmagot en gueule de bois après s'être réveillé dans le canapé de son psychomage favori ? Je crois bien que c'est toi. Alors ne t'excuses pas et avale ça pendant que je nettoie.
Il ouvrit la fiole et lui tendit avant de récupérer la serpillère qu'il commença à agiter pour nettoyer le contenu de l'estomac de Nathaniel non sans retenir un haut le coeur. Une fois la tâche la plus dégoûtante effectuée, il reporta un regard sur son ami.
- On va aller te mettre au lit avant que je ne te donne la deuxième potion, tu ne vas pas dormir dans ton fauteuil. Tu penses pouvoir marcher, ou je vais devoir te porter comme une princesse ?
Codage par Libella sur Graphiorum
@Nathaniel Wakefield
- InvitéInvité
Re: Ce n'est pas une thérapie, c'est un deuil || Nathaniel
Jeu 6 Jan 2022 - 23:01
L'effrayant silence de la mort - 7 novembre 2020 - Manoir de Nathaniel Wakefield
L'épuisement était réel après plusieurs jours sans vraie nuit de sommeil. Et les quelques heures volées avaient été ponctuées de cauchemars et autres visions trop cruelles pour les affronter sereinement. L'esprit épuisé, le corps réduit à néant. Tel un mort-vivant naviguant à vue, j'avais traversé les secondes, les minutes et les heures qui avaient succédé le décès de mon épouse. Malgré la tristesse, malgré les rancœurs, malgré la colère, la fatigue avait eu raison de mes dernières réticences et des quelques éclats de colère. La perspective de pouvoir me reposer sereinement pour au moins quelques heures était salvatrice. Cela ne résoudrait rien sur le long terme, car la douleur serait toujours là à mon réveil, mais au moins, je pourrais repartir d'un bien meilleur pied. La remarque de Clarence sur Evan parvint presque à me faire sourire. "Pour être honnête? Je ne me souviens pas l'avoir vu partir. Mais je suppose qu'il ne devait pas être très frais." Ma voix était ailleurs, fiévreuse. Une très belle gueule de bois causée par un excès terrible d'alcool. Un trou noir monstrueux. J'étais tout bonnement incapable de me rappeler le contenu de nos discussions entre frères. Bien incapable de dire combien de bouteilles nous avions ravagées, ainsi que de l'heure à laquelle nous avons décidé d'arrêter. Je ne me souvenais même pas être allé me coucher. La proposition de rencontrer l'un des confrères de mon plus vieil ami, si elle ne m'enchantait pas, trouvait tout de même un écho en moi. Il y avait du vrai dans ses paroles. Et s'il faisait confiance à ces psychomages, alors je le suivrai volontiers. Je ferai cet effort. Ma réponse sembla beaucoup l'amuser, et la sienne m'arracha le premier vrai sourire de ma part depuis longtemps. Le Hastings me connaissait trop bien. "Je te donnerai mon avis sur eux." Essayant de suivre les conseils - ordres - du psychomage, je me nourrissais doucement. Inexorablement, malheureusement, mes pensées revenaient toujours aux visions les plus sombres de mon existence. Le deuil me revenait toujours en pleine face, et la culpabilité avec lui. La pensée terrible que j'avais failli à mon devoir d'époux. Celui de protéger l'être aimé. Même les voyants ne pouvaient tout voir. Clarence réagit immédiatement, ne me laissant pas le choix que de me prendre une gifle verbale bien méritée. Pas encore à genoux, je tentais de répliquer... pour m'avouer vaincu. Vaincu par mon propre état de santé. Vaincu par ce deuil qui me rendait malade. Malade de tristesse. Le contenu de mon estomac se répandit au sol, sans même que je ne l'ai vu venir. La seconde d'après, ma respiration se fit difficile. Reprendre un souffle volé par l'épuisement. J'entendis à peine Clarence s'adresser à mon elfe de maison. La petite créature, bien que prête à nettoyer, observa de ses deux grands yeux globuleux le psychomage avant d'hocher la tête pour répondre à sa demande. Incapable d'opposer une quelconque résistance, je me laissais faire pour me rassoir sur le canapé. Après m'être excusé pour ce comportement que je jugerai moi-même de profondément pathétique, j'acceptais la fiole de potion qu'il me tendait. Une grimace s'afficha sur mon visage tandis que je buvais le breuvage au goût particulièrement immonde. Ou était-ce l'abus d'alcool qui neutralisait les goûts? Les paroles qu'il m'adressa auraient pu me faire sourire si je n'étais pas aussi mal. Et il mentait. Je n'avais aucun souvenir d'avoir été aussi profond dans les abimes de la détresse. Mais je ne répondis rien et continua à boire. Des secondes, peut-être plusieurs minutes passèrent avant que la voix de Clarence ne me sorte de mon état presque catatonique. Je sursautais même. Sa question, si elle ne m'arracha pas un rire franc, me fit sourire à travers mon mal-être. Le seul être au monde à pouvoir se moquer de moi aussi ouvertement était à mes côtés. Le seul qui n'avait pas peur de mes attitudes glaciales et de mon aura de juge. Mais en même temps, que restait-il de ce juge si respecté aujourd'hui? Une ombre. Je soupirais, avant de me redresser péniblement. "Si tu m'aides, je pense pouvoir me rendre jusqu'à ma chambre... cher Prince." M'appuyant sur lui pour marcher - il serait imprudent de transplaner dans mon état - je fis tout le parcours à ses côtés. Les escaliers me parurent interminables. Lente agonie. Presque inconsciemment, je détournais le regard quand nous passions devant la porte de la chambre dans laquelle était décédée mon épouse. Une fois ma chambre atteinte, les derniers pas nous guidèrent jusqu'à mon lit sur lequel je m'effondrais, épuisé. Mon regard se posa sur la silhouette longiligne de mon meilleur ami. "Tu vas rester cette nuit, n'est-ce pas?" demandais-je dans un souffle, le ton presque suppliant. La peur de me retrouver seul à nouveau, d'être abandonné. Il n'y avait bien qu'avec lui que je pouvais me montrer aussi vulnérable. Confiance aveugle.
@Clarence Hastings
- InvitéInvité
Re: Ce n'est pas une thérapie, c'est un deuil || Nathaniel
Mar 11 Jan 2022 - 22:17
Le meilleur conseil est souvent le silence
Ce regard fatigué, épuisé, détruit, qu'il pouvait avoir en face de lui le détruisait aussi intérieurement. Avant d'être psychomage, il était humain, et même si son travail prenait souvent le dessus sur son humanité, face à nathaniel, il ne pouvait faire autrement. C'était presque trop dur de le voir ainsi, souffrir de cette perte, alors qu'il aurait remué ciel et terre, donné son âme à un quelconque diable pour lui permettre de ne jamais avoir à faire face à ça. Mais la réalité était ainsi, et elle avait frappé violemment le Wakefield en plein visage, éclaboussant par la même occasion son entourage et accusant le coup à leur propre manière.
- Je n'ose même pas descendre dans ta cave à whisky. J'ose espérer que Tolky ne vous a pas laissé détruire les plus belles bouteilles.
Qu'il répondit alors dans un soupir avant que le sourire n'arrive sur ses lèvres. Il n'avait plus que ça en réserve pour le juge. Son ami de toujours n'était pas un patient, et sa seule présence en restant lui même était peut être tout ce dont Nathaniel avait besoin en cet instant. Surtout que de le voir ainsi, avant de se pencher en avant pour rendre le peu de nourriture qu'il avait avalé, forçant alors Clarence à sortir une première potion et lui tendre, l'observant du coin de l'oeil pour s'assurer que cette dernière était bien prise, déformation professionnelle. Il termina alors de nettoyer le carnage fait par Nate et lui proposa par la suite de l'aider à monter jusqu'à sa chambre, dans une tournure de phrase qui lui offrit un sourire, le premier qu'il vit enfin sur le visage de son meilleur ami. Et cela le réchauffait suffisamment pour le reste de la soirée.
- Une béquille pour la princesse, une.
Qu'il rétorqua alors dans un sourire, avant de le soulever et de passer un bras autour de ses hanches pour l'aider à monter les escaliers, un par un, ce qui fut sans aucun doute une épreuve presque plus difficile que de manger pour le Wakefield. Une fois arrivés, soit une bonne dizaines de minutes après, il se dirigea jusqu'à sa chambre, évitant de passer trop proche de celle dans laquelle son épouse avait quitté ce monde, et le déposa dans le lit, en sortant la fiole, qu'il ouvrit avant de lui déposer au bord des lèvres, ne lui laissant pas le choix pour le coup. Une fois que celle ci fut ingurgitée, il l'écouta tranquillement, sans bouger du chevet de son ami, toujours debout face à lui. Il hocha doucement la tête en silence dans un premier temps, regardant les effets de la potion sur son ami.
- Je ne quitterai pas ta chambre, tu as ma parole.
Et une fois que son ami fut enfin endormi, et qu'il soit certain qu'il n'allait pas se réveiller, il se dirigea jusqu'à une sorte de bureau, sur lequel il fit apparaître du papier et une plume, avant d'écrire un message au directeur de Ste Mangouste. Dans cet écrit, il s'excusait pour son absence à leur rendez vous du soir, mais une urgence personnelle l'avait tenu éloigné et il ne serait disponible que quelques jours plus tard, le temps de pouvoir s'occuper de nathaniel correctement. Il fit cacheter la lettre et appela Tolky pour qu'il la donne à un Hibou. Une fois cela fait, il s'installa dans un fauteuil, alluma une bougie à côté de lui, et sortit quelques feuilles de consultation, pour tout retravailler, tout en gardant du coin de l'oeil son ami.
Codage par Libella sur Graphiorum
FIN
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