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anxiety (gareth)
Dim 8 Mai 2022 - 0:17
Vendredi 5 mai, 11h30
I don't know who I am
Everybody telling me they can't believe I can
Feel so depressed and unimpressed
And be so stressed when I'm so blessed
I got it all and they got less
(Frank Carter & The Rattlesnakes)
@Gareth Lyons
I don't know who I am
Everybody telling me they can't believe I can
Feel so depressed and unimpressed
And be so stressed when I'm so blessed
I got it all and they got less
(Frank Carter & The Rattlesnakes)
@Gareth Lyons
Depuis son arrivée en août, Murphy ne fréquentait la salle des professeurs que sur des horaires précis. Installée en tant qu'infirmière, elle ne pouvait être présente en même temps que les enseignants, puisque les périodes de relâche pour ces derniers correspondaient à celles des étudiants, qui profitaient généralement de ces moments de creux pour aller lui rendre visite à l'infirmerie, se plaignant de petits bobos et/ou cherchant à être excusés du prochain cours. De toute façon, que ferait une simple infirmière dans l'antre des professeurs ? Elle n'était pas assez importante pour se rendre en ce lieu pour faire autre chose que se servir une tasse de thé, et avait certainement acquis le statut de "sauvage" chez ses collègues. Réservée, mal à l'aise dans ce nouveau travail qui différait énormément de son ancien poste à Sainte Marie, elle parlait peu et communiquait le plus souvent pas des sourires timides et polis.
Cela n'avait pas vraiment changé depuis qu'elle avait pris la nouvelle casquette d'assistante en médicomagie. Toujours infirmière le reste du temps, elle divisait son temps entre son infirmerie et la salle de classe de médicomagie appliquée, et n'avait pas pris beaucoup d'assurance entre temps (c'était plutôt le contraire). Le temps n'avait pas vraiment modifié son sentiment d'être une intrue parmi tous les enseignants plus diplômés les uns que les autres. Ainsi, Murphy passait le moins de temps possible dans cette pièce intimidante. La disparition de son mari l'avait encore plus éloignée de cette salle, les regards insistant ou pleins de pitié de ses collègues l'angoissaient et l'empêchaient d'aller de l'avant, comme elle se l'était promis.
Ce matin-là, cependant, les examens de fin d'année approchaient et, avec eux, la date butoir de rendu des notes. Avec sa situation personnelle chaotique, l'Ecossaise n'avait pas eu le temps de se pencher sur les travaux de ses étudiants, et avait accumulé un retard monstre dans ses corrections. Elle avait donc choisi de corriger ses copies sur la grande table de la salle des professeurs, afin d'être dérangée le moins possible (en dehors des quelques minutes de pause entre les périodes du matin, où les collègues venaient discuter autour d'une tasse de café).
Bizarrement, elle avait l'impression d'avancer relativement vite. C'était assez étonnant, sachant qu'elle n'avait corrigé que peu de copies dans sa vie, et n'avait pas pu acquérir la vitesse allant de pair avec l'expérience. Les devoirs des premières années étaient moins détaillés, plus simplistes que ceux des étudiants de MAGIC, voilà certainement où se trouvait l'explication de sa vitesse exceptionnelle. Quand, vers onze heures, Murphy ouvrit le premier rouleau de parchemin de la dissertation de 4ème années sur les différentes pathologies se cachant derrière des vertiges, l'assistante comprit que le plus facile était derrière elle. Alors, elle s'était servi une nouvelle tasse de thé aromatisée à la fraise, afin que l'odeur réconfortante l'aide à se concentrer sur les pattes de mouches de @Juliet Blackthorn.
En revenant à sa place, elle sourit poliment au professeur d'histoire de la magie, qui semblait lire de telles inepties qu'il en venait à s'interroger sur l'utilité de son enseignement. Au moins, la Blackthorn avait rédigé un devoir tout à fait correct. D'une écriture ronde rendue ovale par les heures de correction et la nécessité d'aller vite, la médicomage décerna un efforts exceptionnels à son élève. Après avoir roulé le devoir et l'avoir déposé à sa gauche, Murphy attrapa un deuxième rouleau à sa droite et le déroula. La longueur du devoir et le manque de paragraphes de ce dernier lui donna des sueurs froides, et elle tendit machinalement la main vers son mug de thé encore chaud, en quête de motivation. Ce fut malheureusement le dos de sa main et non sa paume qui entra en contact avec la tasse, cependant, et cette dernière tomba à la renverse, le thé à la fraise se déversant immédiatement sur la table, s'approchant très vite des parchemins du professeurs Lyons. "Oh non !" Vite, elle se redressa, et releva la tasse, mais c'était déjà trop tard, le malheur était fait. Une partie de ses parchemins était trempée, et un ou deux devoirs d'histoire commençaient à absorber le liquide encore tiède. "Par Merlin, je suis désolée !" Elle se précipita sur une serviette en papier pour essayer de nettoyer le désordre sur la table.
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Re: anxiety (gareth)
Lun 6 Juin 2022 - 2:24
Gareth réprima un soupir, ses sourcils joints en une perpétuelle expression mi confuse mi irritée. Les copies du dernier devoir de ses élèves de 1ère année défilaient sous ses yeux fatigués, révélant à chaque page un nouveau niveau d'ineptie. La question des révoltes gobelines ayant été traitée en large et en travers pendant près d'un semestre, cette évaluation aurait dû être un jeu d'enfant. Au milieu de cet amas hétérogène, il y avait certes quelques excellentes copies qui se distinguaient du lot par leur qualité et leur sérieux, et Gareth reconnaissait là l'oeuvre de ses élèves les plus assidus. Malheureusement, une part plus importante semblait avoir été rédigée par des étudiants n'ayant jamais ouvert de manuel d'histoire de leur vie ou même, semblait-il, suivi un seul de ses cours. Si les confusions de noms ou les approximations de dates, aussi navrantes soient-elles, pouvaient encore bénéficier de son indulgence ; la méconnaissance des raisons sociales fondatrices de ce conflit historique était autrement plus inquiétante de par les effets qu'elle avait encore aujourd'hui sur le traitement des êtres magiques par la communauté sorcière. Gareth, bien que méfiant des politiques, avait suivi de près les récentes élections et constaté, à sa grande déception, le fort intérêt encore suscité par des discours conservateurs toujours prompts à élever le sorcier de sang pur au-dessus de tout autre être, magique ou non. Ce constat laissait toujours un arrière-goût amer dans la bouche de celui qui s'évertuait, par son travail, à combattre l'ignorance des nouvelles générations qui passaient la porte de sa salle de classe. Souvent déçu mais jamais démoralisé, Gareth ne s'en trouvait que davantage convaincu du caractère indispensable de sa mission d'enseignant.
La salle des professeurs était silencieuse comme la tombe, le seul bruit perceptible celui de la plume grattant le parchemin. En face de lui, la jeune assistante en médicomagie semblait elle aussi plongée dans ses copies. Gareth préférait de loin la présence discrète de la jeune femme à celle d'autres collègues, certes sympathiques, qui se seraient tout de suite lancés dans une tentative de combler le silence et de démarrer une conversation à laquelle il n'aurait participé qu'à contrecoeur. Si la correction de copies n'avait rien de nouveau pour l'enseignant chevronné qu'il était, il ne souffrait pas d'être dérangé dans ce travail qui nécessitait selon lui toute son attention. Il gardait encore le souvenir honteux de ces dernières semaines à Salem et des erreurs qui émaillaient alors ses corrections ; quand l'alcool et le chagrin embrumaient à part égale son esprit.
L'anniversaire de la mort d'Alma ne datait que de quelques jours, le souvenir aussi frais et douloureux qu'une blessure à vif. S'immerger dans son travail lui avait semblé une bien meilleure alternative que de rester cloitré à se morfondre dans sa chambre et à ruminer sur une époque bénie où il était encore un père et un mari. Mais la concentration commençait à flancher, les vieux démons refoulés à pointer le bout de leur nez malgré ses efforts. Les doigts qui ne tenaient pas la plume tressaillaient nerveusement, comme rêvant de se refermer autour du col d'une bouteille, bouteille qui lui apporterait un oubli bienvenu sur le moment mais dévastateur dans ses conséquences. Gareth contemplait l'idée de s'accorder une petite pause cigarette pour se calmer les nerfs quand sa collègue choisit ce moment pour renverser par mégarde le contenu de sa tasse de thé sur la table, éclaboussant au passage ses copies fraîchement corrigées. Gareth ne s'en alarma pas, se contentant d'éloigner les feuilles encore épargnées de la tasse incriminée. Le calme stoïque du plus âgé contrastait avec l'agitation de la jeune femme qui se jeta sur les parchemins déjà noyés, tentant vainement de les sauver de sa propre maladresse.
Avec une autorité empreinte de douceur, l'enseignant expérimenté fit un geste de la main pour stopper les mouvements paniqués de la jeune femme. « Ce n'est rien. » Gareth sortit calmement sa baguette et, sans un mot, la pointa vers les parchemins trempés pour faire ce que, dans sa panique, la jeune femme n'avait pas eu le réflexe de faire. Au bout de quelques secondes seulement, le sortilège de nettoyage avait fini d'éponger lesdites copies et il ne restait déjà plus de l'incident que la mine mortifiée de la jeune femme et un silence embarrassé. Gareth la fixa un instant, les sourcils toujours froncés. « Est-ce que tout va bien, mademoiselle Fraser ? » Si Gareth avait un semblant d'humour, il aurait peut-être trouvé de quoi rire de ce retournement de situation. Lui l'homme éprouvé qui commençait à peine à se remettre de la période la plus noire de sa vie, qui évitait comme la peste toute question à caractère privé et qui avait traversé un océan pour fuir les regards inquiets de ses proches ; lui n'était probablement pas le mieux placé pour questionner ainsi la jeune femme. Etait-ce la déformation professionnelle d'un enseignant habitué à être une oreille attentive aux problèmes de ses étudiants ou un simple réflexe de politesse, il n'en savait trop rien ; mais s'efforçait de présenter au regard mal à l'aise de la jeune femme l'apparence la moins intimidante possible.
@Murphy Fraser (désolée pour le retard )
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