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Scream it wide, just plead your head to love or cry. ◊ Meteora.
Ven 10 Sep 2010 - 21:47
Il est parti. Il t'a laissé seule. Il a fait comme si rien n'importait. Comme si votre amour n'était qu'une faille qu'on élargissait à chaque dispute, à chaque rupture, à chaque évènement tragique. Ses yeux, ses beaux yeux noisette habituellement rieurs, avaient perdu tout éclat, toute joie de vivre. Ils ne reflétaient plus que la faiblesse d'un être qui se croyait désormais vulnérable grâce à l'amour, l'admiration qu'elle vouait à son époux, son amant mais aussi celui qui aurait du être le père de son adorable petite fille, décédée avant de n'avoir eu le temps de pousser son premier cri. On la lui avait arrachée trop tôt et d'une façon cruelle comme si on avait voulu punir Bonnie d'un crime. Était-ce par rapport à son engagement soudain ? Sa décision de garder un enfant à seulement dix-neuf ans ? La jeune femme n'aurait pu le dire. Elle savait seulement qu'on s'acharnait une fois de plus sur son cœur meurtri. Tapie dans la pénombre de la salle d'étude, Bonnie demeurait silencieuse et immobile. Ses mains fébriles tenaient une feuille de papier blanc qu'elle s'obstinait à relire encore une fois, comme pour s'imprégner des mots si douloureux écrits dans un anglais impeccable. Chaque boucle, chaque lettre s'apparentaient à une torture sans fin qui dévorait progressivement la silhouette brune. Lentement, elle passa une main nerveuse et tremblante dans ses longs cheveux bruns tandis que ses yeux fixaient encore et toujours la lettre qui lui déchirait le cœur . Il était parti loin d'elle. Il voulait prendre le temps de réaliser ce qui s'était passé. Il regrettait de l'avoir fait souffrir. Il se sentait coupable et responsable de sa fausse couche. Mais pourquoi la culpabilité le rongeait autant, se demandait sans cesse Bonnie, pourquoi ? Durant leur voyage de noces à Paris, elle n'avait cessé de le consoler, de lui dire qu'elle l'aimait plus que tout, qu'ils auraient d'autres enfants et que tout irait bien tant qu'ils seraient ensemble, tous les deux. Sa propre souffrance n'était alors qu'un détail relégué au second plan, un détail qui ne méritait pas d'enfoncer son cher et tendre encore plus profondément. Pourtant, elle s'était sentie mal, très mal. Il ne l'avait jamais vu pleurer le soir dans leur lit, dans la salle de bain ou même quand l'Australienne décidait d'errer seule dans les rues de la capitale française. Mais visiblement, rien n'aurait pu le réconforter. Il préférait s'exiler pendant un temps, loin d'elle, loin de tout. Et cette pensée lui arracha une douleur, comme si on enfonçait lentement une fine lame tranchante dans sa poitrine. Bonnie se sentait dès lors vacillante, faible, à bout de souffle telle une flamme prête à s'éteindre au moindre mouvement. Ses mains posèrent délicatement la lettre sur ses genoux tandis qu'elle laissait finalement ruisseler sur ses joues des larmes de tristesse. Elles venaient s'écraser sur cette feuille de papier qui ne pouvait malheureusement remplacer un contact physique. Cette peau chaude lui manquait, ces baisers passionnés lui manquaient. Son sourire, son regard bienveillant, ses étreintes, leurs étreintes d'un soir n'étaient plus que de vagues souvenirs, de vagues sensations. L'amour que la Grymm lui portait s'avérait destructeur, jamais elle n'aurait pensé que ce sentiment ravageur la conduirait à tel état, à une telle situation qui devenait peu à peu insoutenable, invivable. Bonnie se sentait nue sans son époux. Et pire, elle se sentait vide sans cette petite fille qui avait été son obsession pendant ces six derniers mois. La douleur d'une telle perte démangeait encore son bas-ventre comme s'il avait du mal à se faire à cette idée. Même si la jeune femme avait dissimulé cet arrondi au public faisant comme si de rien n'était, jamais elle n'oublierait ces petits coups de pieds qui s'étaient faits ressentir quelques moins auparavant. Oui, le fœtus avait bougé quelques semaines auparavant avant de définitivement disparaître comme il était arrivé, dans la douleur. Assise par terre contre le mur de la salle d'étude, Bonnie laisse tomber sa tête en arrière, ses larmes couvrant son visage habituellement enjoué. Chaque pensée, chaque geste, la ramenait à Ceasar ou à son bébé ce qui provoquait une nouvelle crise de larmes incessante. Ainsi, elle était condamnée pendant un temps, un long temps, à pleurer, comme pour se libérer d'un poids, comme pour trouver un répit, un appui. Cet appui, Bonnie le possédait ou du moins, pensait le détenir. Il fallait qu'elle voit quelqu'un, une personne qui la résonnerait, qui l'aiderait à ne pas commettre une erreur qu'elle regretterait par la suite. Breeony aurait parfaitement convenu mais la Grymm ne souhaitait pas importuner son amie, sa conscience, une fois de plus avec les mêmes problèmes. Seule Meteora, son amie de toujours, pouvait parfaitement la comprendre. Elle seule pouvait lui apporter un réconfort sincère. A cette pensée, la jeune femme se redressa furieusement et laissa ses mains se poser brusquement sur l'un des bureaux, le visage ruisselant de larmes. Comment...Comment avait-elle pu faire ça, elle aussi ? Pourquoi avait-elle tenté de mettre fin à ses jours ? Voulait-elle achever Bonnie après la perte d'un mari et d'une fille ? Voulait-elle voir son amie de toujours ne jamais se remettre d'un tel décès ? L'Australienne ne savait plus quoi penser tant elle souffrait, tant elle pleurait à présent pour les trois êtres les plus chers à son cœur meurtri. Alors, prise d'un élan de rage, Bonnie ramassa la lettre désormais humide et froissée et se mit à la tenir contre elle tandis qu'elle se dirigeait pas à pas en direction de la sortie. Le couloir semblait désert, privé de présence humaine. Un calme déstabilisant régnait sur cette partie du château, calme que Bonnie ne voulait pas perturber. Elle se mordit la lèvre inférieure, s'obligeant à ne pas pleurer et avança lentement dans la pénombre, tenant toujours contre elle cette lettre destructrice. Ses pas se dirigeaient presque automatiquement vers l'infirmerie, là ou son amie reposait dans un de ces horribles lits blancs qui rappelaient à la brune ceux de l'hôpital moldu ou on lui avait annoncé la perte de son fœtus. Bonnie entra instinctivement dans l'infirmerie après avoir déverrouillé la porte à l'aide d'un alohomora tout simple. Son visage pâle, ses yeux écarquillés et brillants semblaient connaître parfaitement cet endroit morbide ou la jeune femme avait parfois passé quelques nuits. Un instant, elle s'arrêta, pivota sur ses talons et se rua furieusement sur le lit de son ami étendue. « Pourquoi tu as fait-ça, hurla-t-elle, les yeux baignés de larmes, sans se soucier une seule seconde des autres occupants, pourquoi ? Tu voulais m'achever toi aussi ? Des monstres, vous êtes tous des monstres. » Et dans un énième sanglot, Bonnie se laissa tomber sur le lit aux côtés de son amie, la lettre se posant délicatement sur le sol. |
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Re: Scream it wide, just plead your head to love or cry. ◊ Meteora.
Jeu 14 Oct 2010 - 12:38
Une ombre, une silhouette fragile se dessinait devant moi. L'image se condensait de plus en plus sans atteindre pourtant la précision grossière de la réalité, et je pus enfin voir, délimitée par la bordure de la glace comme un portrait par son cadre, une tête de jeune femme, ou plutôt de jeune fille, d'une beauté dont la beauté mortelle n'est que l'ombre. Comme pour prendre congé de moi-même, je m’accoudai sur la cheminée en face de ce grand miroir où se projetait la clarté d’une lumière artificielle ; Je regardai cet espèce de spectre qui se reflétait dans la glace brisée, cette enveloppe de ma pensée que je ne devais plus apercevoir, avec une curiosité mélancolique, je m’approchai de ce que je compris être mon triste reflet. Je glissai faiblement ma main sur le fantôme pâle et glacé où la beauté se mêle à l'horreur, argile scellée au front d'un cachet fatal, masque convulsé d'une âme douce et tendre ! Cette sinistre image devait disparaître, à jamais! Pour moi : vivante, je devais la plonger dans les ténèbres éternelles, et bientôt je l'aurai oublié comme le rêve d'une nuit d'orage. Un grondement véhément se fit entendre dans ma lourde tête, la mort m’appelait à elle. Glissant mes doigts oblongues sur le rebord du miroir, j’écoutais le rythme du morceau qui grondait sourdement à travers la salle brumeuse. Faiblement, je fis glisser mes traits cristallins de poupée vers la fenêtre. Le rideau de la nuit était tombé entre nous et le décor de l'univers ! Le lac radieux étincelait, le ciel semblait taillé dans un seul saphir ; une splendeur de beauté revêtait toutes choses. Ma main, osseuse, fourbe, commandée par mon esprit malhonnête s’immisça dans la poche de ma veste pour en ressortir un sachet transparent où j’avais subtilement stocké de la cocaïne. Lorsque fébrilement, je fis glisser la poudre de neige dans la vodka, aux allures d’eau trop épaisse que je tenais à la main, une voix percuta mon tympan bourdonnant. « Arrête ça.. Meteo, arrête ça je t’en prie.. »
Mes yeux accrochèrent une silhouette que je pouvais reconnaître entre toutes, Leodagan, trônant au milieu d’une foule de junkies, je sentis son regard d’ange se poser sur mes courbes. J’arrêtai tout mouvement pour plonger mon regard brisé dans ses iris puissantes et lointaines, un sourire déchirant se dessina sur mes lèvres, un sourire emprunt d’une douleur exacerbée par la drogue. Je me retirai doucement, pour contempler avidement les cheveux lustrés et chocolat de cet être magnifique, son beau front pur comme un marbre grec, ses yeux azure, son nez d'une coupe si fine, sa bouche dont un sourire languissant montrait à demi ses canines livides et plus je m’approchais, plus il reculait, tendant une main fébrile vers lui, mes prunelles envahies par les larmes le priaient de ne pas m’abandonner mais c’était déjà trop tard, je me retrouvai au milieu de la foule, un cri effrayant glissa de ma gorge brûlante tandis que je me laissais bousculer par la foule qui gravitait autour de moi. Je me laissais emporter par l’euphorie que toutes ces substances chimiques, perfides messagers de la mort, m’avaient administrées. Ma vue était brouillée, mon sang incendiait ma bouche et brûlait mon épiderme, ma tête étrangement légère, semblait tanguer, mélangeant les quelques idées claires qu’il me restait dans mon crâne abreuvé de came. Mon coeur me semblait prêt à exploser. Guider par les battements sourds qui s’échappaient des platines, je me dirigeai au centre de la piste, pour me laisser voguer, emportée par cet amas de drogue qui épaississait mon sang bouillant. Le temps avait perdu toute signification. Je flottais, impuissante, dans un univers trouble et indistinct. Les larmes avaient envahis mes joues nacrées et mes yeux tremblants, cherchaient Leodagan qui avait disparu, et voila que sa voix brisée m’apparut, dans un faible murmure. « Pourquoi.. » La drogue m’avait emportée, mes paupières closes, je me laissais tanguer au son de cette mélodie indescriptible, je me laissai glisser sur le sol où je m’allongeai au milieu de la foule et sa voix couplée au rythme des battements de mon coeur, augmentait d’intensité de seconde en seconde et bientôt un cri d’une férocité animale fendit l’air.
« Pourquoi tu as fait-ça » Je me réveillai en sursaut. je me trouvais allongée au creux d’un lit, mes yeux se rivèrent dans un premier temps sur le plafond livide de l’infirmerie, avant de glisser mes prunelles sur la propriétaire de cette voix. Ma tendre Bonnie. Son regard brutal et embué de larmes me glaça. Je soupirai doucement m’emparant de sa main tremblante. « Chuuuute. Bonnie. Calme toi. » Je posai mes iris rassurantes sur ses joues baignées de larmes. Sa beauté ainsi accentuée par la douleur me semblait d’une intensité effrayante : cette perfection disparate, composée de beautés qui ne se trouvent pas ordinairement ensemble, la faisait plus que jamais ressembler à un ange, et rayonnait étrangement dans le fond blanchâtre de la pièce ; les fibrilles de ses prunelles se tordaient comme des vipères convulsives ; ses sourcils vibraient pareils à l'arc d'où vient de s'échapper la flèche mortelle ; La colère animait cette petite poupée. La ride blanche de son front faisait penser à la cicatrice d'un coup de foudre, et dans ses cheveux rutilants paraissaient flamber des flammes infernales ; la couleur caramel de sa peau donnait encore plus de relief à chaque trait de cette physionomie vraiment terrible. « pourquoi ? Tu voulais m'achever toi aussi ? Des monstres, vous êtes tous des monstres. » Mon regard ne la quitta pas. Sans dire un mot je la fixais avec tendresse et douceur. Mes prunelles fatiguées l’implorait de me pardonner. Ma douce amie, si essentielle à mon cœur, qui je le savais souffrait de la perte de son enfant. J’étais pourtant encore loin d’imaginer la dague que son époux lui avait enfoncé dans le cœur ce soir. Dans un énième sanglot, elle s’effondra sur moi, laissant glisser au sol une feuille de papier qui m’intrigua quelques instants. Allongée sur mon lit et partiellement sur moi, Bonnie laissait glisser sa souffrance sans retenue sur ses joues nacrée et avec une tendresse toute maternelle, Je caressai longuement ses boucles marrons et je m'efforçais, moi sa cadette, de calmer ses angoisses. « Je ne sais pas te répondre… Je suis tellement désolé. J’ai fait une erreur, je ne recommencerai pas. » D’une voix douce et magistrale, je venais d’avouer mes fautes, et comme toujours, Bonnie, sans ménagement, me remettait à ma place. Je l’aimais pour ça, pour sa franchise, sa droiture et cet attachement démesuré qu’elle avait pour moi et qui était totalement partagé. Et alors que je tentais de calmer ses sanglots en la berçant fébrilement, ses paroles résonnèrent en moi comme une musique insupportable. Je revins brutalement sur ses paroles, qu’entendait-elle par « tous ». Mon sang ne fit qu’un tour, mon cœur manqua un battement, mes yeux se rivèrent sur la lettre posée au sol nonchalamment et brusquement je compris la raison de la douleur de ma meilleure amie. Je stoppai tout mouvement avec effroi. Ceasar… qu’avais-tu fait pauvre inconscient !
« Attends.. Qu’est-ce que tu entends par tous ? Qu’est-ce qu’il se passe ? » Je toisais la lettre qui ne pouvait être que l’œuvre du russe avec un dégout qui cachait une plantureuse rancœur. Mes pupilles plus sombres que l’ébène se plantèrent violemment sur le bout de papier. Une haine bien trop amer animait mon corps de poupée insensée, exaltée par le simple devoir de venger son double. Des spasmes, mélange subtil du dépit qui m’habitait et du froid, cruel messager de la mort, qui frappait mon épiderme, parcouraient tout le long de mon échine. « Ceasar… » Un murmure, un soufflement, un feulement d’animal, un sifflement ardent s’échappa de mes lèvres brûlantes. Je fixais toujours ce bout de papier qvec une folie presque animale, imaginant son auteur devant moi, tandis que je refermai mes bras autour de la demoiselle que je protégeais à l’instant avec plus de vivacité. La virulente vendetta avait empoisonné mon esprit de femme, la haine m‘enfermait loin du reste du monde, il me semblait sombrer dans les folies d’une mère vengeresse, d‘une sœur blessée, d‘une amie peinée.. L’amour protecteur que je portais à Bonnie m’apportait cette nuit une prestance presque démoniaque.
Mes yeux accrochèrent une silhouette que je pouvais reconnaître entre toutes, Leodagan, trônant au milieu d’une foule de junkies, je sentis son regard d’ange se poser sur mes courbes. J’arrêtai tout mouvement pour plonger mon regard brisé dans ses iris puissantes et lointaines, un sourire déchirant se dessina sur mes lèvres, un sourire emprunt d’une douleur exacerbée par la drogue. Je me retirai doucement, pour contempler avidement les cheveux lustrés et chocolat de cet être magnifique, son beau front pur comme un marbre grec, ses yeux azure, son nez d'une coupe si fine, sa bouche dont un sourire languissant montrait à demi ses canines livides et plus je m’approchais, plus il reculait, tendant une main fébrile vers lui, mes prunelles envahies par les larmes le priaient de ne pas m’abandonner mais c’était déjà trop tard, je me retrouvai au milieu de la foule, un cri effrayant glissa de ma gorge brûlante tandis que je me laissais bousculer par la foule qui gravitait autour de moi. Je me laissais emporter par l’euphorie que toutes ces substances chimiques, perfides messagers de la mort, m’avaient administrées. Ma vue était brouillée, mon sang incendiait ma bouche et brûlait mon épiderme, ma tête étrangement légère, semblait tanguer, mélangeant les quelques idées claires qu’il me restait dans mon crâne abreuvé de came. Mon coeur me semblait prêt à exploser. Guider par les battements sourds qui s’échappaient des platines, je me dirigeai au centre de la piste, pour me laisser voguer, emportée par cet amas de drogue qui épaississait mon sang bouillant. Le temps avait perdu toute signification. Je flottais, impuissante, dans un univers trouble et indistinct. Les larmes avaient envahis mes joues nacrées et mes yeux tremblants, cherchaient Leodagan qui avait disparu, et voila que sa voix brisée m’apparut, dans un faible murmure. « Pourquoi.. » La drogue m’avait emportée, mes paupières closes, je me laissais tanguer au son de cette mélodie indescriptible, je me laissai glisser sur le sol où je m’allongeai au milieu de la foule et sa voix couplée au rythme des battements de mon coeur, augmentait d’intensité de seconde en seconde et bientôt un cri d’une férocité animale fendit l’air.
« Pourquoi tu as fait-ça » Je me réveillai en sursaut. je me trouvais allongée au creux d’un lit, mes yeux se rivèrent dans un premier temps sur le plafond livide de l’infirmerie, avant de glisser mes prunelles sur la propriétaire de cette voix. Ma tendre Bonnie. Son regard brutal et embué de larmes me glaça. Je soupirai doucement m’emparant de sa main tremblante. « Chuuuute. Bonnie. Calme toi. » Je posai mes iris rassurantes sur ses joues baignées de larmes. Sa beauté ainsi accentuée par la douleur me semblait d’une intensité effrayante : cette perfection disparate, composée de beautés qui ne se trouvent pas ordinairement ensemble, la faisait plus que jamais ressembler à un ange, et rayonnait étrangement dans le fond blanchâtre de la pièce ; les fibrilles de ses prunelles se tordaient comme des vipères convulsives ; ses sourcils vibraient pareils à l'arc d'où vient de s'échapper la flèche mortelle ; La colère animait cette petite poupée. La ride blanche de son front faisait penser à la cicatrice d'un coup de foudre, et dans ses cheveux rutilants paraissaient flamber des flammes infernales ; la couleur caramel de sa peau donnait encore plus de relief à chaque trait de cette physionomie vraiment terrible. « pourquoi ? Tu voulais m'achever toi aussi ? Des monstres, vous êtes tous des monstres. » Mon regard ne la quitta pas. Sans dire un mot je la fixais avec tendresse et douceur. Mes prunelles fatiguées l’implorait de me pardonner. Ma douce amie, si essentielle à mon cœur, qui je le savais souffrait de la perte de son enfant. J’étais pourtant encore loin d’imaginer la dague que son époux lui avait enfoncé dans le cœur ce soir. Dans un énième sanglot, elle s’effondra sur moi, laissant glisser au sol une feuille de papier qui m’intrigua quelques instants. Allongée sur mon lit et partiellement sur moi, Bonnie laissait glisser sa souffrance sans retenue sur ses joues nacrée et avec une tendresse toute maternelle, Je caressai longuement ses boucles marrons et je m'efforçais, moi sa cadette, de calmer ses angoisses. « Je ne sais pas te répondre… Je suis tellement désolé. J’ai fait une erreur, je ne recommencerai pas. » D’une voix douce et magistrale, je venais d’avouer mes fautes, et comme toujours, Bonnie, sans ménagement, me remettait à ma place. Je l’aimais pour ça, pour sa franchise, sa droiture et cet attachement démesuré qu’elle avait pour moi et qui était totalement partagé. Et alors que je tentais de calmer ses sanglots en la berçant fébrilement, ses paroles résonnèrent en moi comme une musique insupportable. Je revins brutalement sur ses paroles, qu’entendait-elle par « tous ». Mon sang ne fit qu’un tour, mon cœur manqua un battement, mes yeux se rivèrent sur la lettre posée au sol nonchalamment et brusquement je compris la raison de la douleur de ma meilleure amie. Je stoppai tout mouvement avec effroi. Ceasar… qu’avais-tu fait pauvre inconscient !
« Attends.. Qu’est-ce que tu entends par tous ? Qu’est-ce qu’il se passe ? » Je toisais la lettre qui ne pouvait être que l’œuvre du russe avec un dégout qui cachait une plantureuse rancœur. Mes pupilles plus sombres que l’ébène se plantèrent violemment sur le bout de papier. Une haine bien trop amer animait mon corps de poupée insensée, exaltée par le simple devoir de venger son double. Des spasmes, mélange subtil du dépit qui m’habitait et du froid, cruel messager de la mort, qui frappait mon épiderme, parcouraient tout le long de mon échine. « Ceasar… » Un murmure, un soufflement, un feulement d’animal, un sifflement ardent s’échappa de mes lèvres brûlantes. Je fixais toujours ce bout de papier qvec une folie presque animale, imaginant son auteur devant moi, tandis que je refermai mes bras autour de la demoiselle que je protégeais à l’instant avec plus de vivacité. La virulente vendetta avait empoisonné mon esprit de femme, la haine m‘enfermait loin du reste du monde, il me semblait sombrer dans les folies d’une mère vengeresse, d‘une sœur blessée, d‘une amie peinée.. L’amour protecteur que je portais à Bonnie m’apportait cette nuit une prestance presque démoniaque.
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