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Nice to meet you too || ALDERIC & ROMANE
Sam 30 Oct 2010 - 1:48
Romane s’écarta juste assez pour échapper à la volute de fumée soufflée dans sa direction, puis reprit sa place. Silver était vraiment sans-gêne, parfois. Reprenant l’écaillage de son vernis à ongle, elle se plongea dans ses pensées. Sa meilleure amie ne lui était d’aucune aide dans le cas présent. Elle savait pertinemment ce que la jeune fille ferait à sa place, mais elle ne se sentait pas assez sûre d’elle pour se mettre à agir comme Silver. C’était son plus gros problème, actuellement, le manque de confiance en elle. Si on oubliait son incapacité total à prendre une décision, qui semblait bien décidé à la tourmenter plus que de raison, depuis qu’elle était arrivée à Hungcalf. Mais dans l’immédiat, il fallait bien qu’elle la prenne, cette décision.
« bon, alors, je fais quoi ? »
« pourquoi tu t’obstines à ne pas vouloir y aller, tu voulais le rencontrer, alors vas-y. »
« c’est pas que je ne veux pas le rencontrer, c’est juste que … »
Que quoi, en fait ? Quel était le problème, concrètement ? Elle était juste terrifiée à l’idée de rencontrer quelqu’un avec qui elle n’avait correspondu que par mail, et dont elle ne connaissait que quelques bribes, infimes, de sa vie. Et après l’étrange expérience « Bonnie », sa peur était compréhensible. Et si il ne l’appréciait pas ? Et si ils étaient déçus ? Peut être que le problème venait d’elle, en fait. Quelle idée elle avait eu de s’embarquer dans cette aventure. Ce n’était pas réellement le moment d’avoir des regrets, même si le confort et les habitudes qu’elle avait en France lui manquait. Mais peu importe, il fallait qu’elle se montre courageuse.
« bon okay, j’y vais. qu’est-ce que je risque, au pire. si ça se passe mal, on arrêtera de se parler, et puis voilà ! »
« excellent état d’esprit, cap’tain ! »
Romane sauta du lit où elles étaient assises, se tordit une cheville mais se remit rapidement d’aplomb. Après avoir repris sa besace, elle quitta la chambre avec un dernier regard pour sa meilleure amie. Okay, tout allait bien se passer. Il n’y avait aucune raison que ça … foire. Mais avant tout, il fallait qu’elle retrouve leur point de rendez-vous. Ce qui, dans l’état actuel des choses, n’était pas une chose si aisée. Le château ressemblait à s’y méprendre à un vieux manoir écossais, de ceux où naissent les légendes de fantômes, drapés dans leurs vieux draps blancs et trainant à leur pied un boulet de prisonnier. Et évidemment, ce château recelait un nombre incalculable de couloirs, d’escaliers, de salles et passages secrets. Et il faudrait un peu plus de deux semaines à la jeune française pour s’y sentir comme chez elle, et s’y retrouver. Evidemment, elle tourna en rond pendant un bon moment. Elle allait probablement arriver en retard. Ca allait la mettre dans une situation gênante, forcément. Si ça se trouvait, Aldéric était du genre ponctuel, et ne supportait pas les retardataires. Et peut-être même qu’il détestait les filles timides, mal à l’aise, ou qui avaient tendance à parler beaucoup trop pour ne rien dire. En fait, il y avait de grandes chances pour qu’il ne l’apprécie pas. Et elle espérait que la réciproque ne soit pas vraie. Elle n’avait pas envie d’une déception supplémentaire. Allez, ma fille, sors moi ce balai du derrière et prends ton courage à deux mains, que diable, se mit-elle à penser tout haut. Un regard par-dessus son épaule lui fit remarquer qu’elle n’était pas seule dans le couloir, mais impossible de se rappeler si elle avait parlé en anglais ou en français. Génial. Mais il fallait qu’elle oublie ça, et qu’elle se focalise sur sa prochaine rencontre. L’adrénaline parcourait tout son corps. Dans un sens, elle était vraiment excitée et impatiente de faire la rencontre d’Aldéric. La plupart des relations qu’elle avait entamé avec les Hungcalfiens s’était soldée par des échecs. Il était temps de mettre une terme à cette malédiction, sans mauvais jeu de mots.
La porte de la salle était la même que celles des autres classes qui parsemaient le couloir de part et d’autre, mais pour Romy, elle lui semblait immense, et pratiquement insurmontable. Alors qu’il lui suffisait de pousser du bout du doigt le battant, qui n’était même pas clenché. La salle était très peu éclairée, les rideaux à moitié tirés. Seule une bougie, probablement magique, frappait la pierre froide de sa lueur et illuminait la poussière qui se baladait, en suspension. L’endroit semblait clairement abandonné, avec son large bureau noir recouvert de poussière, ses étagères où étaient entreposés pêle-mêle une multitude de parchemins que le temps faisait tomber en lambeau, et les toiles d’araignées qui tapissaient une bonne partie des murs. A moins que ce soit dans les habitudes des Anglais que de pousser les clichés à fond. La pièce aurait tout aussi bien pu abriter une sorcière moyenâgeuse que cela ne l’aurait pas étonné. Quoiqu’il en soit, l’endroit lui donnait clairement des frissons. La prochaine fois, si il y en avait une, elle choisira elle-même le lieu du rendez-vous et qu’importe si le château reste encore pour elle un lieu inconnu et étranger.
Terminant le tour de la salle, son regard tomba enfin sur la haute stature d’un étudiant nonchalamment assis sur l’une des chaises. Il lui tournait le dos, et ne semblait pas l’avoir entendu entrer. Ou alors, il l’ignorait royalement. C’était, malheureusement, une hypothèse à prendre en compte. Romane approcha, et se racla la gorge pour marquer sa présence. Le garçon se retourna vers elle. Était-ce les prémices d’un sourire qu’elle vit s’afficher sur ses lèvres ? En tout cas, il se leva dans sa direction et un rayon de soleil frappa son visage, qu’il esquiva rapidement, probablement gêné par l’éclat. Mais aucun doute n’était permis. Le jeune homme en face d’elle était bien Aldéric Van Achtoven. Elle s’avança un peu plus, et dans un anglais que l’angoisse rendait hésitant, elle le salua.
« hey, aldéric. je suis vraiment ravie de te rencontrer. »
Elle lui tendit une main pour accompagner ses paroles, avant de la rétracter brusquement. Mince, quel geste les coutumes anglaises nécessitaient-elles qu’elle fasse ? Elle savait que les Anglais ne se faisaient pas la bise, au contraire des Français. Peut-être l’accolade alors ? Ou le High-five. Ah non, le High-five, c’était les américains. Et bien tant pis, allons-y pour le serrage de mains ! Sa main s’avança de nouveau vers lui, et le sourire gêné qui fleurit sur ses lèvres était réellement de circonstance.
« bon, alors, je fais quoi ? »
« pourquoi tu t’obstines à ne pas vouloir y aller, tu voulais le rencontrer, alors vas-y. »
« c’est pas que je ne veux pas le rencontrer, c’est juste que … »
Que quoi, en fait ? Quel était le problème, concrètement ? Elle était juste terrifiée à l’idée de rencontrer quelqu’un avec qui elle n’avait correspondu que par mail, et dont elle ne connaissait que quelques bribes, infimes, de sa vie. Et après l’étrange expérience « Bonnie », sa peur était compréhensible. Et si il ne l’appréciait pas ? Et si ils étaient déçus ? Peut être que le problème venait d’elle, en fait. Quelle idée elle avait eu de s’embarquer dans cette aventure. Ce n’était pas réellement le moment d’avoir des regrets, même si le confort et les habitudes qu’elle avait en France lui manquait. Mais peu importe, il fallait qu’elle se montre courageuse.
« bon okay, j’y vais. qu’est-ce que je risque, au pire. si ça se passe mal, on arrêtera de se parler, et puis voilà ! »
« excellent état d’esprit, cap’tain ! »
Romane sauta du lit où elles étaient assises, se tordit une cheville mais se remit rapidement d’aplomb. Après avoir repris sa besace, elle quitta la chambre avec un dernier regard pour sa meilleure amie. Okay, tout allait bien se passer. Il n’y avait aucune raison que ça … foire. Mais avant tout, il fallait qu’elle retrouve leur point de rendez-vous. Ce qui, dans l’état actuel des choses, n’était pas une chose si aisée. Le château ressemblait à s’y méprendre à un vieux manoir écossais, de ceux où naissent les légendes de fantômes, drapés dans leurs vieux draps blancs et trainant à leur pied un boulet de prisonnier. Et évidemment, ce château recelait un nombre incalculable de couloirs, d’escaliers, de salles et passages secrets. Et il faudrait un peu plus de deux semaines à la jeune française pour s’y sentir comme chez elle, et s’y retrouver. Evidemment, elle tourna en rond pendant un bon moment. Elle allait probablement arriver en retard. Ca allait la mettre dans une situation gênante, forcément. Si ça se trouvait, Aldéric était du genre ponctuel, et ne supportait pas les retardataires. Et peut-être même qu’il détestait les filles timides, mal à l’aise, ou qui avaient tendance à parler beaucoup trop pour ne rien dire. En fait, il y avait de grandes chances pour qu’il ne l’apprécie pas. Et elle espérait que la réciproque ne soit pas vraie. Elle n’avait pas envie d’une déception supplémentaire. Allez, ma fille, sors moi ce balai du derrière et prends ton courage à deux mains, que diable, se mit-elle à penser tout haut. Un regard par-dessus son épaule lui fit remarquer qu’elle n’était pas seule dans le couloir, mais impossible de se rappeler si elle avait parlé en anglais ou en français. Génial. Mais il fallait qu’elle oublie ça, et qu’elle se focalise sur sa prochaine rencontre. L’adrénaline parcourait tout son corps. Dans un sens, elle était vraiment excitée et impatiente de faire la rencontre d’Aldéric. La plupart des relations qu’elle avait entamé avec les Hungcalfiens s’était soldée par des échecs. Il était temps de mettre une terme à cette malédiction, sans mauvais jeu de mots.
La porte de la salle était la même que celles des autres classes qui parsemaient le couloir de part et d’autre, mais pour Romy, elle lui semblait immense, et pratiquement insurmontable. Alors qu’il lui suffisait de pousser du bout du doigt le battant, qui n’était même pas clenché. La salle était très peu éclairée, les rideaux à moitié tirés. Seule une bougie, probablement magique, frappait la pierre froide de sa lueur et illuminait la poussière qui se baladait, en suspension. L’endroit semblait clairement abandonné, avec son large bureau noir recouvert de poussière, ses étagères où étaient entreposés pêle-mêle une multitude de parchemins que le temps faisait tomber en lambeau, et les toiles d’araignées qui tapissaient une bonne partie des murs. A moins que ce soit dans les habitudes des Anglais que de pousser les clichés à fond. La pièce aurait tout aussi bien pu abriter une sorcière moyenâgeuse que cela ne l’aurait pas étonné. Quoiqu’il en soit, l’endroit lui donnait clairement des frissons. La prochaine fois, si il y en avait une, elle choisira elle-même le lieu du rendez-vous et qu’importe si le château reste encore pour elle un lieu inconnu et étranger.
Terminant le tour de la salle, son regard tomba enfin sur la haute stature d’un étudiant nonchalamment assis sur l’une des chaises. Il lui tournait le dos, et ne semblait pas l’avoir entendu entrer. Ou alors, il l’ignorait royalement. C’était, malheureusement, une hypothèse à prendre en compte. Romane approcha, et se racla la gorge pour marquer sa présence. Le garçon se retourna vers elle. Était-ce les prémices d’un sourire qu’elle vit s’afficher sur ses lèvres ? En tout cas, il se leva dans sa direction et un rayon de soleil frappa son visage, qu’il esquiva rapidement, probablement gêné par l’éclat. Mais aucun doute n’était permis. Le jeune homme en face d’elle était bien Aldéric Van Achtoven. Elle s’avança un peu plus, et dans un anglais que l’angoisse rendait hésitant, elle le salua.
« hey, aldéric. je suis vraiment ravie de te rencontrer. »
Elle lui tendit une main pour accompagner ses paroles, avant de la rétracter brusquement. Mince, quel geste les coutumes anglaises nécessitaient-elles qu’elle fasse ? Elle savait que les Anglais ne se faisaient pas la bise, au contraire des Français. Peut-être l’accolade alors ? Ou le High-five. Ah non, le High-five, c’était les américains. Et bien tant pis, allons-y pour le serrage de mains ! Sa main s’avança de nouveau vers lui, et le sourire gêné qui fleurit sur ses lèvres était réellement de circonstance.
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Re: Nice to meet you too || ALDERIC & ROMANE
Lun 1 Nov 2010 - 0:00
(c) Hollow art. |
We are the nobodies
Wanna be somebodies
We're dead, they'll know just who we are
ALDERIC & ROMANE. CHAPTER1.
Wanna be somebodies
We're dead, they'll know just who we are
ALDERIC & ROMANE. CHAPTER1.
Quoique je puisse faire, j’improvisais. Je décidais tout sur un coup de tête, et qu’importent les conséquences. Je pouvais bien gérer tout ça plus tard. Je ne m’emmerdais pas à tout planifier, à tout décider. Je m’y prenais toujours à la dernière minute, même si c’était horripilant. L’avenir était une immense question à laquelle je me refusais d’y répondre, tout du moins dans l’immédiat. Ce n’était ni plus ni moins qu’une notion floue, aux contours indistincts, potentiellement absurde. J’ignorais ce que j’allais être dans dix ans, de toute manière, nul ne pouvait y répondre, la vie était tellement incertaine et tout pouvait changer du jour au lendemain, d’un foutu claquement de doigts. Une fois, on m’avait dit qu’il n’y avait pas de destin, que nous seuls étions à-même de choisir ce que nous allions devenir. Nous nous construisions dès l’enfance, nous préparions le terrain pour l’adulte que nous serions demain. Nos choix avaient des conséquences, plus ou moins graves. Et il ne fallait pas être particulièrement doué en divination pour comprendre que j’avais complètement foutu ma vie en l’air, en me laissant allègrement avoir par le déterminisme social alors que j’aurais pu m’extraire de la masse des jeunes issus de familles pauvres et sans avenir si je l’avais voulu. Le bilan, en soi, n’avait rien de brillant. Tout était pareil, rien n’avait changé, tout semble s’être figé dans le marbre, immuable, éternel. J’étais incapable de résoudre par moi-même mes problèmes, incapable d’aller de l’avant. Je mourrais à petit-feu, mes tentatives pour survivre étaient aussi dérisoires que vaines. Helena avait raison. Je n’était plus qu’une putain d’épave qu’on ne pouvait même plus renflouer. Je me laissais sombrer, et j’avais déjà touché le fond.
J’aurais pu bosser, occuper mon temps intelligemment, comme tout élève responsable et scrupuleux l’aurait fait. Je n’étais rien de tout cela, alors je glandais, tout en me balançant sur une chaise, pieds sur la table, clope au bec et bras derrière la tête. Je fredonnais un air de mon invention, m’intoxiquant dans les volutes de fumée âcre qui m’arrachaient les poumons et la gorge. Je n’avais pas le droit de fumer dans une salle de classe vide, mais ce n’était pas ça qui allait me faire arrêter, bien au contraire. Après tout, Gainsbourg n’avait-il pas brûlé un vrai billet sur scène? Machinalement, je jouais avec mon briquet, m’amusant à faire apparaître et disparaître la flamme d’un tour de molette. Mes prunelles ambrées se posèrent en l’espace d’un instant sur le plafond haut et poussiéreux. Cela se voyait que la pièce avait été abandonnée depuis belle lurette, la saleté y avait repris ses droits. Voilà un lieu bien incongru pour donner rendez-vous à une jeune fille rencontrée sur internet. L’endroit ayant été laissé à l’abandon, j’avais la certitude que nous ne serions pas dérangés. Pour une fois, j’étais plus ou moins sobre. Je n’étais plus étourdi par les effluves de marijuana, ni l’esprit embué par l’alcool. Je fumais juste à outrance, fidèle à mes habitudes, comme pour combler un manque qui n’allait pas tarder à se manifester. Je me sentais toujours aussi vide, sans vie, morne, du fait de l’écoulement du temps, ma superbe avait pris cher. J’étais sans cesse à la recherche de nouvelles expériences, ne serait-ce que pour me donner l’illusion d’être en vie. L’adrénaline me manquait, les sensations fortes également. Tout semblait s’être atténué, voire anéanti. Le sexe, la drogue, l’alcool, la fête, les filles, tout ceci avait perdu de son intensité, me faisant oublier pourquoi j’étais tombé là dedans si jeune. Toutes ces activités étaient dépourvues de leur essence même, de leur justification. Si encore je le faisais pour quelque chose, cela aurait sans doute eu un sens. Allez savoir pourquoi j’ai accepté de rencontrer Romane. Certainement parce qu’il s’agissait d’une nouvelle expérience, quelque chose susceptible de m’extirper de l’ennui profond qui était mien depuis des lustres.
Pour moi, les autres n’existaient pas. Ils n’étaient que des fantômes, errant dans les murs de notre bonne vieille fac. J’étais moi aussi un de ces monstres d’une pâleur ectoplasmique, et comble de l’ironie, j’étais hanté par mes vieux démons. Bien entendu, il y avait des âmes qui m’appelaient, mais elles demeuraient rares, je m’attachais peu aux gens, ayant bien souvent été déçu. Plus aucun fil ne m’attachait à l’appareil de la vie, on m’avait débranché depuis longtemps. Je n’avais que quelques relations qui battaient de l’aile. J’aimais ma copine, à en crever, mais cela ne me suffisait pas pour me sentir en vie. J’étais vivant que lorsque nous ne faisions qu’un, pour mourir à nouveau sitôt après. Et plus je l’aimais, plus je crevais, je m’étais enfermé dans un cercle vicieux et destructeur dont je n’envisageais pas la sortie prochaine. Mon propre amour me rongeait de l’intérieur, et pourtant, c’était la seule putain de certitude que j’avais. J’aimais Breeony, comme je n’avais jamais aimé personne. Et c’est ça qui faisait mal, m’étant toujours refusé au sentiment amoureux. Elle était mon obsession, la seule personne susceptible de me détruire si elle en avait envie. Plus qu’une obsession, une lubie étrange, elle était mon exception, la seule putain d’exception qui allait immanquablement confirmer la règle. Je l’aimais, oui, mais à en perdre la raison. Elle était devenue une de ces drogues que je consommais à outrance, elle avait tantôt les mêmes effets délétères, tantôt euphorisants. Elle avait réussi à créer rapidement une dépendance identique à celle de mes foutues cigarettes, à la différence près qu’avec elle je n’étais jamais rassasié, j’en voulais toujours plus. Je soupirai, tout en tirant une nouvelle latte sur ma cigarette, l’achevant du même coup. Je l’écrasai sur la table en bois puis laissai le mégot en plan, tout en me disant que je récupérerais les pièces à conviction de mon crime en sortant. J’ignorais pourquoi j’avais pensé à Bree, là, maintenant, tout de suite. Peut-être étais-je en train de culpabiliser en donnant rendez-vous à une autre, une étrangère qui plus est. Quoiqu’il en soit, tout en me laissant aller à mes sinistres divagations, Romane était arrivée, dans toute sa discrétion. Le voilà mon rendez-vous, et à présent, je ne savais même pas comment la saluer.
Son raclement de gorge m’arracha l’ombre d’un sourire. Son visage était à moitié dissimulé par la pénombre et la faible lueur de la bougie qui se consumait lentement lui donnait un air mystérieux, presque mystique. Elle était encore plus belle que sur les rares photos que j’avais vues d’elle, sa beauté était à la fois sombre et intrigante. La coutume française -car il me semblait qu’elle venait de cette contrée pas si lointaine- exigeait qu’on se salue en se faisant la bise. J’allais tout naturellement le faire, peu habitué à cette habitude, nous autres, flegmatiques britanniques, préférions une simple poignée de mains. Le High-five c’était seulement avec les potes, pas avec une demoiselle. « hey, aldéric. je suis vraiment ravie de te rencontrer. » Pourquoi semblait-elle aussi mal à l’aise? Je l’impressionnais, peut-être? Je faisais toujours cet effet là, sur les gens. Mais peut-être que les circonstances étaient différentes. Je vivais le choc des cultures en direct, et cela me troublait légèrement. Dans l’esprit de ne rien montrer, j’affichais le sourire de circonstance. Je lui rendis sa poignée de main, avant de me permettre de la narguer légèrement. « Tu as réussi à trouver l’endroit finalement. Tu n’as pas trop eu de difficultés? » Une façon comme une autre d’engager la conversation. J’avisai d’un regard l’antre dans lequel je m’étais retiré, car il ne s’agissait ni plus ni moins que de cela. Je lâchai un soupir légèrement blasé, ignorant moi-même qu’il existait un tel endroit avant de l’avoir découvert quelques temps auparavant, avant de la jauger du regard, le plus innocemment du monde. « Excuse-moi pour l’endroit plus que craignos, mais ici nous ne risquerions pas d’être dérangés. Au pire, si ça ne te plaît pas, on peut toujours aller ailleurs. » Je voulais la tester. J’étais curieux de connaître son opinion sur la question. Serait-elle une de ces personnes aisément dérangées par le caractère lugubre de l’endroit, ou au contraire saurait-elle s’en accommoder sans rechigner? Croyez le ou non, ce genre de questions en apprenaient plus sur les gens que les sempiternelles interrogations du type d’où tu viens? Tu fais quoi dans la vie? Quels sont tes passions? C’était un bon vieux truc de psy, ni plus, ni moins.
- InvitéInvité
Re: Nice to meet you too || ALDERIC & ROMANE
Mar 16 Nov 2010 - 11:31
La question n’était pas de savoir si elle avait peur. La question était de savoir si cette peur était le fruit d’un manque flagrant de courage. En théorie, elle ne risquait pas grand-chose. Au pire, il y avait toujours sa fidèle baguette, bien calée dans la ceinture de son jean. Mais elle avait pris le risque d’accorder sa confiance à Aldéric, et elle espérait ne pas avoir commis là une trop grosse erreur. En quelques semaines, grâce aux bruits de couloirs, et aux récits rapportés par Quinn ou Bonnie, elle s’était bien rendue compte que les étudiants d’Hungcalf n’étaient pas le genre d’agneaux qu’elle avait l’habitude de côtoyer à Edeulys. Certes, les Français n’étaient pas des anges. Mais il y avait une sorte de vulgarité sordide dans la débauche de leurs voisins d’Outre-manche. A moins que ce ne soit de nouveau sa manie de voir le mal partout qui flouait sa vision des choses. Soudain, la pièce lui parut encore plus sombre et étroite, et le corps d’Aldéric bien trop proche, alors qu’en étendant son bras, il aurait à peine pu caresser son souffle. Comment pouvait-on autant se méfier des gens et se jeter si facilement dans la gueule du loup ? La faute à une mauvaise éducation, probablement. Elle voulait croire en la bonté des gens, mais on lui avait appris à faire attention. Sa propre nature, naïve et optimiste, était à l’encontre de tout ce que ses parents lui avaient enseignés. « tu es une de castille, rien ne doit t’effrayer, tu dois être forte et montrer au monde ce dont tu es capable. » Les paroles de son père résonnèrent dans son crâne, bien vite couvertes par la voix douce de sa mère. « il y a des gens mauvais sur terre. écoute ton cœur, laisse le te guider, mais n’oublie jamais que c’est en accordant une trop grande confiance que notre ancêtre s’est conduite elle-même à sa perte. » Mais Romane n’était pas courageuse, et elle tenta d’échapper aux voix dans sa tête. On ne pouvait espérer un esprit clair lorsque l’on avait été sous l’influence de trop nombreuses personnes à la forte personnalité. Parfois, la jeune fille s’imaginait être un robot à qui l’on avait donné deux ordres différents et qui, dans l’incapacité de choisir, se court-circuitait. Un jour ou l’autre, elle savait qu’elle pèterait les plombs. En attendant, suivant les conseils de sa mère, son cœur lui dictait de faire confiance au jeune homme qui lui faisait face. Non pas parce qu’elle n’avait pas le choix, maintenant qu’elle se trouvait devant lui, dans cette petite pièce loin de tout, et même dans cette situation, on a toujours le choix, mais parce qu’elle préférait le penser. Lorsque l’on n’a pas le choix, on n’a pas à choisir, et cette absence de décision libérait son esprit d’un poids, et lui permettait de se concentrer sur l’instant présent. Et sur Aldéric.
Au contraire de Romane, il avait l’air bien sûr de lui. Mais même le plus timide des sorciers auraient eu l’air d’avoir de l’assurance face à la jeune française. Elle avait beau tenter de paraître forte -c’était désormais les paroles de son père qui se répercutaient dans son esprit,- mais il y avait toujours quelque chose, comme ce tremblement dans la voix, ou sa façon de battre des cils trop rapidement, qui donnait un aspect comique à l’ensemble. Et la désagréable sensation d’être en dehors de son corps et d’assister à la scène, impuissante, n’arrangeait rien. Elle ne pouvait qu’imaginer l’image pathétique qu’elle renvoyait à Aldéric. Seigneur, faites qu’il parle et qu’il brise ce silence ! Ses vœux, aussi incroyable que cela puisse lui paraître, furent exaucés avant même qu’elle ait fini de les formuler. Aldéric prit sa main dans la sienne, la serra un instant avant de la relâcher et de reprendre sa place initiale. De ses lèvres s’échappa la question la plus banale qui puisse exister, mais Romane crut y déceler une pointe de moquerie. A moins que ce ne soit elle qui délire, une fois de plus.
« tu as réussi à trouver l’endroit finalement. tu n’as pas trop eu de difficultés ? »
Romane pencha la tête sur le côté sans cesser de le fixer, interrogative. Oui, il se moquait d‘elle. A moins évidemment qu‘il ne connaisse rien au fonctionnement étrange de son château. Mais elle décida de ne s‘en formaliser.
« vous avez un château très amusant. j‘ai cru que je n‘arriverais jamais à sortir de certaines pièces. mais je suis là, maintenant. »
Et elle accompagna ses paroles d‘un sourire, plus franc que les précédents, afin de faire comprendre au jeune homme qu‘elle ne se moquait pas, elle. Les langues avaient toujours été l‘un des nombreux problèmes de Romane, d‘autant plus maintenant qu‘il fallait qu‘elle en use quotidiennement : une maladresse dans sa prononciation faisait passer la moindre constatation pour une critique moqueuse et incisive. Ce qui l‘avait de nombreuses fois mise dans des situations qu‘elle n‘avait absolument pas cherché.
Un soupir s’exhala des lèvres d’Aldéric et elle suivit son regard alors qu’il survolait la pièce. Avec le recul, l’endroit lui semblait moins lugubre. Elle se rendait compte qu’elle avait vu pire dans ce château, surtout à cet étage, étrangement. Des salles si noires que le désespoir envahissait quiconque y posait un pied. Elle avait croisé un fantôme aussi, mais moins chic que ceux que l’on pouvait trouver en France. Chic n’était peut-être pas le mot. Elle se plongea un instant dans ses pensées, avant de porter son dévolu sur Aristocratique. Aldéric la sortit une nouvelle fois de là.
« excuse-moi pour l’endroit plus que craignos, mais ici nous ne risquerions pas d’être dérangés. au pire, si ça ne te plaît pas, on peut toujours aller ailleurs. »
Il n’avait pas encore fini sa phrase qu’elle secouait énergiquement la tête.
« non, non, c’est très bien ! c’est … différent de ce que j’ai l’habitude de côtoyer, mais j’aime bien … plus ou moins. j’ai l’impression de me retrouver dans un vieux film de vampires, c’est amu… vous ne cachez pas de vampires dans vos caves, n’est-ce pas ? »
Romane refusait de montrer une image de petite fille capricieuse et gâtée, qui n'arriverait pas à s'accommoder à une petite salle sombre, mais ce n’était pas un problème, elle savait être conciliante. Et puis, c’était vrai, elle trouvait amusant cette façon de découvrir le château en se donnant des petits rendez-vous secrets comme celui-ci. Il fallait savoir vivre dangereusement, parfois ! Mais sa dernière question la faisait moins rire. Des fantômes à la limite, mais des vampires … On n’était pas à Frumstorm, que diable !
Au contraire de Romane, il avait l’air bien sûr de lui. Mais même le plus timide des sorciers auraient eu l’air d’avoir de l’assurance face à la jeune française. Elle avait beau tenter de paraître forte -c’était désormais les paroles de son père qui se répercutaient dans son esprit,- mais il y avait toujours quelque chose, comme ce tremblement dans la voix, ou sa façon de battre des cils trop rapidement, qui donnait un aspect comique à l’ensemble. Et la désagréable sensation d’être en dehors de son corps et d’assister à la scène, impuissante, n’arrangeait rien. Elle ne pouvait qu’imaginer l’image pathétique qu’elle renvoyait à Aldéric. Seigneur, faites qu’il parle et qu’il brise ce silence ! Ses vœux, aussi incroyable que cela puisse lui paraître, furent exaucés avant même qu’elle ait fini de les formuler. Aldéric prit sa main dans la sienne, la serra un instant avant de la relâcher et de reprendre sa place initiale. De ses lèvres s’échappa la question la plus banale qui puisse exister, mais Romane crut y déceler une pointe de moquerie. A moins que ce ne soit elle qui délire, une fois de plus.
« tu as réussi à trouver l’endroit finalement. tu n’as pas trop eu de difficultés ? »
Romane pencha la tête sur le côté sans cesser de le fixer, interrogative. Oui, il se moquait d‘elle. A moins évidemment qu‘il ne connaisse rien au fonctionnement étrange de son château. Mais elle décida de ne s‘en formaliser.
« vous avez un château très amusant. j‘ai cru que je n‘arriverais jamais à sortir de certaines pièces. mais je suis là, maintenant. »
Et elle accompagna ses paroles d‘un sourire, plus franc que les précédents, afin de faire comprendre au jeune homme qu‘elle ne se moquait pas, elle. Les langues avaient toujours été l‘un des nombreux problèmes de Romane, d‘autant plus maintenant qu‘il fallait qu‘elle en use quotidiennement : une maladresse dans sa prononciation faisait passer la moindre constatation pour une critique moqueuse et incisive. Ce qui l‘avait de nombreuses fois mise dans des situations qu‘elle n‘avait absolument pas cherché.
Un soupir s’exhala des lèvres d’Aldéric et elle suivit son regard alors qu’il survolait la pièce. Avec le recul, l’endroit lui semblait moins lugubre. Elle se rendait compte qu’elle avait vu pire dans ce château, surtout à cet étage, étrangement. Des salles si noires que le désespoir envahissait quiconque y posait un pied. Elle avait croisé un fantôme aussi, mais moins chic que ceux que l’on pouvait trouver en France. Chic n’était peut-être pas le mot. Elle se plongea un instant dans ses pensées, avant de porter son dévolu sur Aristocratique. Aldéric la sortit une nouvelle fois de là.
« excuse-moi pour l’endroit plus que craignos, mais ici nous ne risquerions pas d’être dérangés. au pire, si ça ne te plaît pas, on peut toujours aller ailleurs. »
Il n’avait pas encore fini sa phrase qu’elle secouait énergiquement la tête.
« non, non, c’est très bien ! c’est … différent de ce que j’ai l’habitude de côtoyer, mais j’aime bien … plus ou moins. j’ai l’impression de me retrouver dans un vieux film de vampires, c’est amu… vous ne cachez pas de vampires dans vos caves, n’est-ce pas ? »
Romane refusait de montrer une image de petite fille capricieuse et gâtée, qui n'arriverait pas à s'accommoder à une petite salle sombre, mais ce n’était pas un problème, elle savait être conciliante. Et puis, c’était vrai, elle trouvait amusant cette façon de découvrir le château en se donnant des petits rendez-vous secrets comme celui-ci. Il fallait savoir vivre dangereusement, parfois ! Mais sa dernière question la faisait moins rire. Des fantômes à la limite, mais des vampires … On n’était pas à Frumstorm, que diable !
- InvitéInvité
Re: Nice to meet you too || ALDERIC & ROMANE
Jeu 9 Déc 2010 - 12:06
Je comprenais parfaitement le malaise de ceux qui arrivaient à Hungcalf pour la première fois. L’impression d’avoir échoué dans un dépotoir, florilège de la dégénérescence humaine. Je n’étais qu’une pièce sur ce vulgaire échiquier, un des rouages de cette machine folle. Et pourtant, je n’aimais pas cette fac, je n’aimais pas Norwich. Je n’aimais pas Oxford non plus, trop de souvenirs y étaient rattachés. Ma vie était ici. Mes amis aussi. Ma petite-amie également. J’étais enchaîné à ces lieux, condamné à y errer jusqu’à la fin de mes études, plongeant plus ou moins allégrement dans la débauche environnante. Je ne pouvais décemment pas donner tort à ces français qui fronçaient les sourcils en voyant à quel genre d’étudiants ils avaient affaire. Des gueules d’ange dissimulant bien des démons. Le meilleur du pire était présent entre ces murs: prostituées, junkies, dealers, amateurs de poker et de jeux de hasard. Mieux valait ne pas entrer trop pur, chaste et innocent à Hungcalf, il était impossible d’en sortir indemnes. Cela se voyait que la française n’avait jamais été confrontée à l’horreur d’un tel monde. Ses traits étaient doux et innocents, sa beauté presque mystique semblait intacte. L’innocence se lisait dans son regard sombre, une innocence qui ne serait que trop vite pervertie. Le contraste entre elle et moi était édifiant. J’ignorais quelles épreuves de la vie elle avait dû traverser, mais son visage ne semblait pas en être marqué. Tandis que je l’étudiais, sans arrière-pensée aucune, je n’isolais aucun indice susceptible de la détacher de la masse. Elle s’y était engouffrée, s’y était parfaitement fondue. La seule différence tangible étant peut-être finalement cette candeur qui était absente des autres élèves. Elle serait donc l’exception qui confirmerait la règle, elle tomberait bien vite sur des individus peu recommandables qui la feront plonger dans l’enfer de la poudre blanche, l’on pouvait se dire qu’on resterait en dehors de tout ça, qu’on ne craquerait pas, que tout cela n’était pas pour nous, mais tôt ou tard l’on finissait par retourner sa veste et cela finissait immanquablement dans les larmes. Aucun retour en arrière n’était alors possible.
Pourtant, Hungcalf n’avait pas été le détonateur de ma propre dégénérescence. Il s’agissait juste là de ma propension à noircir le tableau. Cette vie était la mienne depuis tellement longtemps. Pourtant, un jour, même si cela pouvait paraître absurde eu égard de tout ce que j’ai pu faire de mal dans ma vie, j’avais été quelqu’un de bien. Je n’avais fait que de remplacer une addiction par une autre. Les jeux vidéo avait succédé à la drogue et aux filles. Je n’aimais pas l’alcool, même s’il n’était pas rare que je me laisse malgré tout enivrer, parfois même à outrance. Je savais les ravages qu’il pouvait faire, à la fois sur l’être humain et dans les familles. La mienne avait éclaté à cause de cette saloperie, non contente d’être jalonnée de tant de drames. La nature humaine était déjà suffisamment atroce en soi, il était inutile d’y ajouter un quelconque catalyseur. Au fond, je l’enviais, Romane, d’avoir su se préserver de tout cela. J’enviais ceux qui étaient encore capables de prendre de la distance vis-à-vis de tout cela. Si l’on voulait sombrer dans la caricature bête et méchante, manichéenne à souhait, j’étais l’incarnation du mal tandis qu’elle était l’allégorie du bien. Et mon penchant vicieux me poussait à la tester, à la disséquer, mentalement, cela allait de soit pour tenter de comprendre ce qu’elle était pour essayer de repérer l’instant T où ma vie s’est mise à foirer de la sorte. Sans nul doute, la belle française allait être un bon cas d’école. Je n’avais pu m’empêcher d’ironiser sur la situation, sur l’endroit incongru où nous nous étions retrouvés. Sa première réaction ferait ma première impression. « vous avez un château très amusant. j‘ai cru que je n‘arriverais jamais à sortir de certaines pièces. mais je suis là, maintenant. » Il n’y avait pas que notre château qui était amusant, me surpris-je à penser. Son accent français à couper au couteau était aussi fort distrayant, et peut-être même davantage. Et s’il y avait eu un semblant de sarcasme dans ses propos, je ne l’avais pas relevé, me disant que de toute manière, l’ironie passait mal d’une langue à une autre. Ah, les pièces d’Hungcalf. Toute une histoire. Les personnes qui avaient été à l’origine de tels pièges étaient certes des génies mais complètement dingues. « Et encore. » avais-je ajouté, un léger sourire venant ourler mes lèvres. « Tu n’as encore rien vu. » moi-même je ne connaissais pas tous les secrets que recelait l’université magique, quand bien même j’y serais resté quatre ans. Je ne me sentais aucunement l’âme d’un explorateur, je ne l’avais jamais été à Poudlard, et quand bien même j’en aurais eu envie, cette lubie serait partie en même temps que Jimmy.
Cette pièce semblait être une curiosité de plus sur la liste. Et encore. Tout était relatif. Au vu d’autres lieux, ce vieux bureau, quoique délabré et un peu glauque paraissait presque banal. Je me saisis de ma baguette magique qui était juste à côté de moi, l’ayant sortie pour travailler mes sorts, au calme. Autant dire que ma résolution de me mettre à travailler avait vite tourné court. J’allumais quelques bougies supplémentaires, ne serait-ce que pour ajouter davantage de luminosité à la pièce. J’avais tout simplement l’impression de veiller les morts dans une telle pénombre, et je n’aimais pas cette idée. Je pouvais mieux la voir à présent. Elle semblait encore plus éclatante en pleine lumière, et n’avait pas perdu de son mystère. Ceci n’avait donc pas été qu’une illusion d’optique. Je m’amusai de la voir secouer la tête avec tant de naturel et d’énergie. Encore une différence notable avec nous autres, français. Du point de vue de nos voisins d’outre manche, nous avions la réputation d’être coincés, peu enclins à montrer nos émotions. Le légendaire flegme britannique. Cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas laissé aller à un tel enthousiasme, en fait je ne me rappelais pas en avoir fait preuve de cette façon un jour. Mon propre contentement se transmettait par un simple sourire. La fraîcheur de la jeune femme était communicative et me faisait du bien. « non, non, c’est très bien ! c’est … différent de ce que j’ai l’habitude de côtoyer, mais j’aime bien … plus ou moins. j’ai l’impression de me retrouver dans un vieux film de vampires, c’est amu… vous ne cachez pas de vampires dans vos caves, n’est-ce pas ? » Et sa voix résonna dans la pièce, comme un millier de clochettes qui tintinnabulaient, quand bien même elle parlerait de quelque créature de Frankenstein particulièrement sordide. Bien plus que ces histoires de vampires, j’avais retenu un seul de ses propos: cette pièce était bien différente de ce qu’elle avait l’habitude. Autrement dit, elle ne vivait pas dans la poussière, son cadre de vie devait être agréable, presque idyllique. Rien à voir avec l’immeuble sordide et insalubre où j’avais vécu toute mon enfance. Au vu de ses fringues, de sa manière de s’exprimer, de sa candeur presque immaculée, elle avait dû vivre dans une prison dorée. Pourquoi la prison? Simplement parce qu’un profond malaise émanait d’elle. Je ne saurais dire quoi pour le moment, ainsi je décidai de continuer mon investigation.
Je me balançai une fois de plus sur la chaise, pieds sur la table. L’allégorie même de la nonchalance. Ce n’était certes pas poli d’adopter telle posture à un rendez-vous, ni même en toute circonstances. Mais rappelez-vous, j’étais en train de la tester. « Vampires? » demandai-je finalement, un sourcil perplexe s’arquant de concert. Je ne croyais pas à toutes ces créatures du diable. Déjà que mon esprit trop rationnel avait refusé l’existence, reniant ma nature même, imaginer qu’il puisse exister des loups garous et des vampires, c’était trop pour moi. Ce n’est pas faute d’avoir subi un cours de défense contre les forces du mal sur ces créatures. Parce que s’il fallait croire aux vampires et aux fées, pourquoi ne pas s’attendre à tout moment à voir débarquer le monstre de Mary Shelly? « J’en sais rien. » finis-je par murmurer. « Je ne crois pas aux vampires. » Mon ton s’était ferme, catégorique. Dracula, ce n’était que du cinéma. Les seuls vampires susceptibles d’exister sur cette foutue planète, c’étaient des chauve-souris. Rien de bien méchant. Mon regard ambré s’ancra dans les prunelles sombres de la française. «Cela peut paraître incroyable… » Je finis par m’interrompre, créant involontairement du suspens, en fait, il ne s’agissait ni plus ni moins que de me laisser le temps de remettre de l’ordre dans mes idées. J’inspirai profondément, prêt à révéler une information que peu de personnes savaient. Oui, à une inconnue. Parfaitement. « Mais j’avais déjà du mal à croire en l’existence de la magie. Quand je suis arrivé à Poudlard, à ma toute première année d’études, j’ai mis longtemps à me faire à l’idée. Tout ce que je voyais me paraissait irréel, surréaliste. J’ai presque failli mourir d’une crise cardiaque quand je suis passé à travers un fantôme pour la première fois. Pour moi, tout ceci n’existait que dans les films, Poltergeist, ce n’était pas la réalité. » Je ne savais dans quel genre de débat je m’engageais, mais qu’importe. Cela aura au moins le mérite de ne pas laisser de blancs inopportuns et embarrassants. Il fallait dire que ma réalité était bien trop différente, peut-être même encore plus sordide que ces histoires de mages en capuche noire. Mon regard se fit mélancolique un instant, tandis que les souvenirs se faisaient chaque seconde un peu plus nombreux, puis il finit par se perdre sur les traits fins et délicats de Romane. « Pour répondre à ta question ma belle, il n’y a pas plus de vampires qu’il existe de zombies. Laisse Dracula à ses légendes, ce n’est pas demain la veille que tu te feras mordre le cou par une créature envoûtante et mortelle. » Un sourire plus franc s’invita alors sur mes lèvres, tandis qu’une faible lueur d’amusement s’était allumée dans mes yeux.
Pourtant, Hungcalf n’avait pas été le détonateur de ma propre dégénérescence. Il s’agissait juste là de ma propension à noircir le tableau. Cette vie était la mienne depuis tellement longtemps. Pourtant, un jour, même si cela pouvait paraître absurde eu égard de tout ce que j’ai pu faire de mal dans ma vie, j’avais été quelqu’un de bien. Je n’avais fait que de remplacer une addiction par une autre. Les jeux vidéo avait succédé à la drogue et aux filles. Je n’aimais pas l’alcool, même s’il n’était pas rare que je me laisse malgré tout enivrer, parfois même à outrance. Je savais les ravages qu’il pouvait faire, à la fois sur l’être humain et dans les familles. La mienne avait éclaté à cause de cette saloperie, non contente d’être jalonnée de tant de drames. La nature humaine était déjà suffisamment atroce en soi, il était inutile d’y ajouter un quelconque catalyseur. Au fond, je l’enviais, Romane, d’avoir su se préserver de tout cela. J’enviais ceux qui étaient encore capables de prendre de la distance vis-à-vis de tout cela. Si l’on voulait sombrer dans la caricature bête et méchante, manichéenne à souhait, j’étais l’incarnation du mal tandis qu’elle était l’allégorie du bien. Et mon penchant vicieux me poussait à la tester, à la disséquer, mentalement, cela allait de soit pour tenter de comprendre ce qu’elle était pour essayer de repérer l’instant T où ma vie s’est mise à foirer de la sorte. Sans nul doute, la belle française allait être un bon cas d’école. Je n’avais pu m’empêcher d’ironiser sur la situation, sur l’endroit incongru où nous nous étions retrouvés. Sa première réaction ferait ma première impression. « vous avez un château très amusant. j‘ai cru que je n‘arriverais jamais à sortir de certaines pièces. mais je suis là, maintenant. » Il n’y avait pas que notre château qui était amusant, me surpris-je à penser. Son accent français à couper au couteau était aussi fort distrayant, et peut-être même davantage. Et s’il y avait eu un semblant de sarcasme dans ses propos, je ne l’avais pas relevé, me disant que de toute manière, l’ironie passait mal d’une langue à une autre. Ah, les pièces d’Hungcalf. Toute une histoire. Les personnes qui avaient été à l’origine de tels pièges étaient certes des génies mais complètement dingues. « Et encore. » avais-je ajouté, un léger sourire venant ourler mes lèvres. « Tu n’as encore rien vu. » moi-même je ne connaissais pas tous les secrets que recelait l’université magique, quand bien même j’y serais resté quatre ans. Je ne me sentais aucunement l’âme d’un explorateur, je ne l’avais jamais été à Poudlard, et quand bien même j’en aurais eu envie, cette lubie serait partie en même temps que Jimmy.
Cette pièce semblait être une curiosité de plus sur la liste. Et encore. Tout était relatif. Au vu d’autres lieux, ce vieux bureau, quoique délabré et un peu glauque paraissait presque banal. Je me saisis de ma baguette magique qui était juste à côté de moi, l’ayant sortie pour travailler mes sorts, au calme. Autant dire que ma résolution de me mettre à travailler avait vite tourné court. J’allumais quelques bougies supplémentaires, ne serait-ce que pour ajouter davantage de luminosité à la pièce. J’avais tout simplement l’impression de veiller les morts dans une telle pénombre, et je n’aimais pas cette idée. Je pouvais mieux la voir à présent. Elle semblait encore plus éclatante en pleine lumière, et n’avait pas perdu de son mystère. Ceci n’avait donc pas été qu’une illusion d’optique. Je m’amusai de la voir secouer la tête avec tant de naturel et d’énergie. Encore une différence notable avec nous autres, français. Du point de vue de nos voisins d’outre manche, nous avions la réputation d’être coincés, peu enclins à montrer nos émotions. Le légendaire flegme britannique. Cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas laissé aller à un tel enthousiasme, en fait je ne me rappelais pas en avoir fait preuve de cette façon un jour. Mon propre contentement se transmettait par un simple sourire. La fraîcheur de la jeune femme était communicative et me faisait du bien. « non, non, c’est très bien ! c’est … différent de ce que j’ai l’habitude de côtoyer, mais j’aime bien … plus ou moins. j’ai l’impression de me retrouver dans un vieux film de vampires, c’est amu… vous ne cachez pas de vampires dans vos caves, n’est-ce pas ? » Et sa voix résonna dans la pièce, comme un millier de clochettes qui tintinnabulaient, quand bien même elle parlerait de quelque créature de Frankenstein particulièrement sordide. Bien plus que ces histoires de vampires, j’avais retenu un seul de ses propos: cette pièce était bien différente de ce qu’elle avait l’habitude. Autrement dit, elle ne vivait pas dans la poussière, son cadre de vie devait être agréable, presque idyllique. Rien à voir avec l’immeuble sordide et insalubre où j’avais vécu toute mon enfance. Au vu de ses fringues, de sa manière de s’exprimer, de sa candeur presque immaculée, elle avait dû vivre dans une prison dorée. Pourquoi la prison? Simplement parce qu’un profond malaise émanait d’elle. Je ne saurais dire quoi pour le moment, ainsi je décidai de continuer mon investigation.
Je me balançai une fois de plus sur la chaise, pieds sur la table. L’allégorie même de la nonchalance. Ce n’était certes pas poli d’adopter telle posture à un rendez-vous, ni même en toute circonstances. Mais rappelez-vous, j’étais en train de la tester. « Vampires? » demandai-je finalement, un sourcil perplexe s’arquant de concert. Je ne croyais pas à toutes ces créatures du diable. Déjà que mon esprit trop rationnel avait refusé l’existence, reniant ma nature même, imaginer qu’il puisse exister des loups garous et des vampires, c’était trop pour moi. Ce n’est pas faute d’avoir subi un cours de défense contre les forces du mal sur ces créatures. Parce que s’il fallait croire aux vampires et aux fées, pourquoi ne pas s’attendre à tout moment à voir débarquer le monstre de Mary Shelly? « J’en sais rien. » finis-je par murmurer. « Je ne crois pas aux vampires. » Mon ton s’était ferme, catégorique. Dracula, ce n’était que du cinéma. Les seuls vampires susceptibles d’exister sur cette foutue planète, c’étaient des chauve-souris. Rien de bien méchant. Mon regard ambré s’ancra dans les prunelles sombres de la française. «Cela peut paraître incroyable… » Je finis par m’interrompre, créant involontairement du suspens, en fait, il ne s’agissait ni plus ni moins que de me laisser le temps de remettre de l’ordre dans mes idées. J’inspirai profondément, prêt à révéler une information que peu de personnes savaient. Oui, à une inconnue. Parfaitement. « Mais j’avais déjà du mal à croire en l’existence de la magie. Quand je suis arrivé à Poudlard, à ma toute première année d’études, j’ai mis longtemps à me faire à l’idée. Tout ce que je voyais me paraissait irréel, surréaliste. J’ai presque failli mourir d’une crise cardiaque quand je suis passé à travers un fantôme pour la première fois. Pour moi, tout ceci n’existait que dans les films, Poltergeist, ce n’était pas la réalité. » Je ne savais dans quel genre de débat je m’engageais, mais qu’importe. Cela aura au moins le mérite de ne pas laisser de blancs inopportuns et embarrassants. Il fallait dire que ma réalité était bien trop différente, peut-être même encore plus sordide que ces histoires de mages en capuche noire. Mon regard se fit mélancolique un instant, tandis que les souvenirs se faisaient chaque seconde un peu plus nombreux, puis il finit par se perdre sur les traits fins et délicats de Romane. « Pour répondre à ta question ma belle, il n’y a pas plus de vampires qu’il existe de zombies. Laisse Dracula à ses légendes, ce n’est pas demain la veille que tu te feras mordre le cou par une créature envoûtante et mortelle. » Un sourire plus franc s’invita alors sur mes lèvres, tandis qu’une faible lueur d’amusement s’était allumée dans mes yeux.
- InvitéInvité
Re: Nice to meet you too || ALDERIC & ROMANE
Sam 15 Jan 2011 - 1:40
- Spoiler:
- je me rends compte que les dialogues ne sont pas très distincts des actions vu que je les mets en gras, donc si ça te gêne ou quoi que ce soit, je peux mettre de la couleur, dis moi juste :)
Ses yeux étaient … Elle les sentait se balader sur son visage, scruter ses traits, flotter sur son corps, la disséquer dans son ensemble. Non pas d’une manière qui aurait pu paraître inconvenante, mais plutôt comme lorsque l’on se retrouve face à quelque chose de totalement inconnu, et qu’on tente de se faire une opinion sans être influencé par la première impression. Romane ignorait ce qu’Aldéric pouvait bien penser d’elle. Son visage restait impassible, et ses yeux, bien que vif, semblaient renfermer sur eux-mêmes, comme si son esprit était en proie à un débat intérieur, et dont la jeune fille se sentait violemment exclus. Parce qu’on pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert, elle supportait mal qu’on lui fasse des mystères, et attendait de chacun qu’on la traite sur un pied d’égalité. Mais évidemment, elle ne dirait rien, se contentant de se torturer intérieurement, se demandant ce qu’il pouvait bien penser d’elle. Dans un sens, elle se doutait qu’il devait lui trouver un certain intérêt quelconque. Elle imaginait mal Aldéric faire la conversation à quelqu’un qu’il trouvait totalement insignifiant. Au contraire, il serait parti depuis longtemps. Dans son incapacité totale à analyser et connaître les gens en profondeur, cette affirmation lui apparaissait comme un phare au milieu de la nuit. Il ne la trouvait pas insignifiante, à défaut, probablement, de la trouver intéressante.
Pourtant, elle n’arrivait pas à le regarder dans les yeux. La faute à sa trop bonne éducation, probablement. Il y avait cette histoire comme quoi les yeux étaient le miroir de l’âme, et par conséquent, que fixer trop longtemps quelqu’un était particulièrement impoli. C’était une habitude qu’elle avait prise, elle fixait les lèvres plutôt que le regard, ce qui lui donnait un air un peu distant, un peu stupide, c’était selon. En l’occurrence, pour l’instant, elle se contentait de rester en face de lui, croisant et décroisant les jambes afin de trouver une position convenable et confortable. Elle aurait aimé l’imiter, s’asseoir face à lui, dans une attitude nonchalante, à peine calculée, être juste face à lui, comme deux personnes égales, mais elle ne pouvait s’empêcher de se demander, dans un dernier sursaut vaniteux, superficiel, si elle était plus présentable debout ou assise. Elle se sentait comme une élève fautive faisant face au professeur qui la réprimandait, mais décider de s’asseoir créerait forcément une intimité qu’elle n’était pas sûre de vouloir si vite. Et une intimité qu’elle ne souhaitait pas imposer à Aldéric. Aussi se contenta-t-elle de sa position verticale, discutant comme si de rien n’était, de l’étrange château dans lequel elle étudierait jusqu’à la fin de l’année.
« et encore. »
L’affirmation, vague et mystérieuse, fut ponctuée par Romane d’un Oh interrogateur et presque angoissé. Elle prenait conscience de tout ce que contenait cette phrase. Littéralement, tu n’es pas au bout de tes peines, ma belle, et le château te réserve encore bien des surprises. Des surprises que la jeune française n’était pas sûre d’apprécier. Elle suivit du regard les gestes qu’il fit pour allumer quelques bougies supplémentaires. Un léger frisson avait parcouru son échine au moment où il avait empoigné sa baguette. Ce léger mouvement l’avait soudain fait redescendre sur Terre. Le schéma était drôlement simple : lui, elle, la pièce noire, loin de tout, de tout secours. Soudain, l’imagination de la jeune femme s’était mis en branle, et tous les scénarios catastrophes qu’elle s’inventait enfant pour se donner l’illusion que sa vie était palpitante lui revinrent en mémoire. Aldéric n’avait rien à voir avec les monstres qui étaient censés vivre sous les lits des petits enfants. Il n’était pas particulièrement grand, ou poilu, ses canines n’étaient pas proéminentes et il ne crachait pas du feu. Le danger était ailleurs. Un danger de ceux dont les parents mettent en garde une fois la puberté passée. Se rendant compte que dans un réflexe elle avait empoigné le manche de sa baguette qui dépassait de sa poche arrière, elle reprit ses esprits, la prit et la posa sur le bureau où Aldéric avait posé ses pieds. S’était-il rendu qu’elle avait perdu pendant un instant le contrôle de son esprit ? Avait-il aperçu son mouvement brusque en direction de sa baguette ? Elle espérait sincèrement que non. Calmement, elle tira une chaise jusqu’à elle et s’assit face à lui. Juste histoire d’expliquer pourquoi elle avait ôté sa baguette de la poche de son jean. Aldéric continua pourtant la conversation, comme si de rien n’était. Peut-être était-il trop poli pour relever quoi que ce soit. Mais elle se doutait bien que s’il avait remarqué ce quoi que ce soit, il garderait ce détail bien au chaud dans sa mémoire.
« vampires ? »
Romane se retint d‘imiter la créature terrifiante, empêchant ses index de venir mimer des canines sortant de sa bouche. Elle n‘était pas avec ses amis. Il la trouverait définitivement bizarre si elle se laissait aller à ce genre de choses. Bizarre ou immature ? Quel était le pire, en fait ?
« j’en sais rien. »
Dommage. Ne restait plus qu‘à Romy de se renseigner en profondeur sur les créatures qui peuplaient les environs du château.
« je ne crois pas aux vampires. »
Elle arqua un sourcil. Comment ne pouvait-on pas croire aux vampires ? Que des Moldus décident de l‘ignorer, cela restait compréhensible. Mais en tant que sorciers … Elle faillit l‘interrompre pour lui rappeler la rumeur selon laquelle un vampire rôderait dans les parages, mais ses bonnes manières prirent le dessus.
« cela peut paraître incroyable … mais j’avais déjà du mal à croire en l’existence de la magie. quand je suis arrivé à poudlard, à ma toute première année d’études, j’ai mis longtemps à me faire à l’idée. tout ce que je voyais me paraissait irréel, surréaliste. j’ai presque failli mourir d’une crise cardiaque quand je suis passé à travers un fantôme pour la première fois. pour moi, tout ceci n’existait que dans les films, poltergeist, ce n’était pas la réalité. »
Ses yeux s‘écarquillèrent tellement qu‘elle crut qu‘elle ne réussirait jamais à refermer ses paupières. Oubliant le fait qu‘il venait carrément de lui faire part d‘un souvenir, d‘un sentiment concret, se laissant aller à des confidences, elle ne retenait que la surface du commentaire. Elevée dans un environnement sorcier, elle ne s‘était jamais demandée ce qu‘on pouvait ressentir lorsqu‘en se réveillant un matin, on découvrait un monde qui relevait de l‘imaginaire jusqu‘à présent. Cela devait être si effrayant ! S‘avançant un peu sur son siège, à la recherche d‘une position confortable, elle se racla un instant la gorge avant de parler. Mise en confiance par cette confidence, elle se préparait elle aussi à dévoiler une part de son passé.
« donc tu es un né moldu … ? enfin, ça n‘a pas vraiment d‘importance, seulement, je ne m‘étais jamais mise à la place de quelqu‘un n‘avait pas élevé dans ce monde. ce doit être une sensation des plus désagréables et … dans un sens, je crois que je la comprends. je … je n‘étais pas censée allée à beauxbâtons, enfin, je n‘étais pas censée être une sorcière. c‘est une longue histoire qui ne mérite pas d‘être racontée, mais mon destin était d‘être une cracmole, et lorsque j‘ai reçu ma lettre, je n‘y ai pas cru non plus. j‘ai été élevée dans un monde sorcier avec l‘assurance que je n‘en ferais jamais partie. je ne souhaite à personne de vivre ce que j‘ai vécu. »
Sa voix avait tremblé sur les derniers mots, et elle ferma les yeux pour empêcher une larme de couler. Non pas que le souvenir soit particulièrement triste, mais lorsqu‘elle devait se livrer à un inconnu, il lui arrivait de fondre en larmes. La peur du jugement était si forte et elle, si faible. Heureusement, ses yeux restèrent sec et elle put de nouveau faire face à Aldéric, les joues légèrement rosies par l‘adrénaline qu‘une telle confession avait libéré dans son organisme.
« pour répondre à ta question ma belle, il n’y a pas plus de vampires qu’il existe de zombies. laisse dracula à ses légendes, ce n’est pas demain la veille que tu te feras mordre le cou par une créature envoûtante et mortelle. »
« je crois aux vampires, mais je préfèrerais que les zombies restent dans leurs tombes. quant à la perspective de me faire mordre, elle ne m‘enchante guère. je ne suis pas une petite américaine idiote, edward cullen ne m‘aura pas avec ses répliques mielleuses. »
Elle lâcha la dernière phrase avec un grand sérieux, mais se permit un léger rire, juste histoire de montrer que oui, c‘était une blague. Mais au fond d‘elle, elle goûtait la saveur du « ma jolie » d‘Aldéric. Ces anglais semblaient avares de compliments, aussi n‘en laisserait-elle passer aucun.
Pourtant, elle n’arrivait pas à le regarder dans les yeux. La faute à sa trop bonne éducation, probablement. Il y avait cette histoire comme quoi les yeux étaient le miroir de l’âme, et par conséquent, que fixer trop longtemps quelqu’un était particulièrement impoli. C’était une habitude qu’elle avait prise, elle fixait les lèvres plutôt que le regard, ce qui lui donnait un air un peu distant, un peu stupide, c’était selon. En l’occurrence, pour l’instant, elle se contentait de rester en face de lui, croisant et décroisant les jambes afin de trouver une position convenable et confortable. Elle aurait aimé l’imiter, s’asseoir face à lui, dans une attitude nonchalante, à peine calculée, être juste face à lui, comme deux personnes égales, mais elle ne pouvait s’empêcher de se demander, dans un dernier sursaut vaniteux, superficiel, si elle était plus présentable debout ou assise. Elle se sentait comme une élève fautive faisant face au professeur qui la réprimandait, mais décider de s’asseoir créerait forcément une intimité qu’elle n’était pas sûre de vouloir si vite. Et une intimité qu’elle ne souhaitait pas imposer à Aldéric. Aussi se contenta-t-elle de sa position verticale, discutant comme si de rien n’était, de l’étrange château dans lequel elle étudierait jusqu’à la fin de l’année.
« et encore. »
L’affirmation, vague et mystérieuse, fut ponctuée par Romane d’un Oh interrogateur et presque angoissé. Elle prenait conscience de tout ce que contenait cette phrase. Littéralement, tu n’es pas au bout de tes peines, ma belle, et le château te réserve encore bien des surprises. Des surprises que la jeune française n’était pas sûre d’apprécier. Elle suivit du regard les gestes qu’il fit pour allumer quelques bougies supplémentaires. Un léger frisson avait parcouru son échine au moment où il avait empoigné sa baguette. Ce léger mouvement l’avait soudain fait redescendre sur Terre. Le schéma était drôlement simple : lui, elle, la pièce noire, loin de tout, de tout secours. Soudain, l’imagination de la jeune femme s’était mis en branle, et tous les scénarios catastrophes qu’elle s’inventait enfant pour se donner l’illusion que sa vie était palpitante lui revinrent en mémoire. Aldéric n’avait rien à voir avec les monstres qui étaient censés vivre sous les lits des petits enfants. Il n’était pas particulièrement grand, ou poilu, ses canines n’étaient pas proéminentes et il ne crachait pas du feu. Le danger était ailleurs. Un danger de ceux dont les parents mettent en garde une fois la puberté passée. Se rendant compte que dans un réflexe elle avait empoigné le manche de sa baguette qui dépassait de sa poche arrière, elle reprit ses esprits, la prit et la posa sur le bureau où Aldéric avait posé ses pieds. S’était-il rendu qu’elle avait perdu pendant un instant le contrôle de son esprit ? Avait-il aperçu son mouvement brusque en direction de sa baguette ? Elle espérait sincèrement que non. Calmement, elle tira une chaise jusqu’à elle et s’assit face à lui. Juste histoire d’expliquer pourquoi elle avait ôté sa baguette de la poche de son jean. Aldéric continua pourtant la conversation, comme si de rien n’était. Peut-être était-il trop poli pour relever quoi que ce soit. Mais elle se doutait bien que s’il avait remarqué ce quoi que ce soit, il garderait ce détail bien au chaud dans sa mémoire.
« vampires ? »
Romane se retint d‘imiter la créature terrifiante, empêchant ses index de venir mimer des canines sortant de sa bouche. Elle n‘était pas avec ses amis. Il la trouverait définitivement bizarre si elle se laissait aller à ce genre de choses. Bizarre ou immature ? Quel était le pire, en fait ?
« j’en sais rien. »
Dommage. Ne restait plus qu‘à Romy de se renseigner en profondeur sur les créatures qui peuplaient les environs du château.
« je ne crois pas aux vampires. »
Elle arqua un sourcil. Comment ne pouvait-on pas croire aux vampires ? Que des Moldus décident de l‘ignorer, cela restait compréhensible. Mais en tant que sorciers … Elle faillit l‘interrompre pour lui rappeler la rumeur selon laquelle un vampire rôderait dans les parages, mais ses bonnes manières prirent le dessus.
« cela peut paraître incroyable … mais j’avais déjà du mal à croire en l’existence de la magie. quand je suis arrivé à poudlard, à ma toute première année d’études, j’ai mis longtemps à me faire à l’idée. tout ce que je voyais me paraissait irréel, surréaliste. j’ai presque failli mourir d’une crise cardiaque quand je suis passé à travers un fantôme pour la première fois. pour moi, tout ceci n’existait que dans les films, poltergeist, ce n’était pas la réalité. »
Ses yeux s‘écarquillèrent tellement qu‘elle crut qu‘elle ne réussirait jamais à refermer ses paupières. Oubliant le fait qu‘il venait carrément de lui faire part d‘un souvenir, d‘un sentiment concret, se laissant aller à des confidences, elle ne retenait que la surface du commentaire. Elevée dans un environnement sorcier, elle ne s‘était jamais demandée ce qu‘on pouvait ressentir lorsqu‘en se réveillant un matin, on découvrait un monde qui relevait de l‘imaginaire jusqu‘à présent. Cela devait être si effrayant ! S‘avançant un peu sur son siège, à la recherche d‘une position confortable, elle se racla un instant la gorge avant de parler. Mise en confiance par cette confidence, elle se préparait elle aussi à dévoiler une part de son passé.
« donc tu es un né moldu … ? enfin, ça n‘a pas vraiment d‘importance, seulement, je ne m‘étais jamais mise à la place de quelqu‘un n‘avait pas élevé dans ce monde. ce doit être une sensation des plus désagréables et … dans un sens, je crois que je la comprends. je … je n‘étais pas censée allée à beauxbâtons, enfin, je n‘étais pas censée être une sorcière. c‘est une longue histoire qui ne mérite pas d‘être racontée, mais mon destin était d‘être une cracmole, et lorsque j‘ai reçu ma lettre, je n‘y ai pas cru non plus. j‘ai été élevée dans un monde sorcier avec l‘assurance que je n‘en ferais jamais partie. je ne souhaite à personne de vivre ce que j‘ai vécu. »
Sa voix avait tremblé sur les derniers mots, et elle ferma les yeux pour empêcher une larme de couler. Non pas que le souvenir soit particulièrement triste, mais lorsqu‘elle devait se livrer à un inconnu, il lui arrivait de fondre en larmes. La peur du jugement était si forte et elle, si faible. Heureusement, ses yeux restèrent sec et elle put de nouveau faire face à Aldéric, les joues légèrement rosies par l‘adrénaline qu‘une telle confession avait libéré dans son organisme.
« pour répondre à ta question ma belle, il n’y a pas plus de vampires qu’il existe de zombies. laisse dracula à ses légendes, ce n’est pas demain la veille que tu te feras mordre le cou par une créature envoûtante et mortelle. »
« je crois aux vampires, mais je préfèrerais que les zombies restent dans leurs tombes. quant à la perspective de me faire mordre, elle ne m‘enchante guère. je ne suis pas une petite américaine idiote, edward cullen ne m‘aura pas avec ses répliques mielleuses. »
Elle lâcha la dernière phrase avec un grand sérieux, mais se permit un léger rire, juste histoire de montrer que oui, c‘était une blague. Mais au fond d‘elle, elle goûtait la saveur du « ma jolie » d‘Aldéric. Ces anglais semblaient avares de compliments, aussi n‘en laisserait-elle passer aucun.
- InvitéInvité
Re: Nice to meet you too || ALDERIC & ROMANE
Ven 21 Jan 2011 - 19:28
J’avais bien vu cette lueur craintive dans son regard, et il me semblait alors que la perspective de se retrouver nez à nez avec un vampire n’était qu’une goutte d’eau dans l’océan. Non, elle craignait toute autre chose. Et elle n’avait pas foncièrement tort. Hungcalf recelait malheureusement d’êtres encore moins recommandables que ces vampires qui hantaient jusque nos rumeurs. Le danger était ailleurs, et immédiat qui plus est. À sa place, j’aurais davantage craint d’être attaqué par un junkie défoncé que par un vampire assoiffé de sang…Une bête question de probabilités, en somme. D’autant plus que Romane était une jeune fille, fragile qui plus est. Non, vraiment, il ne valait mieux pas qu’elle croise le chemin d’un humanoïde à la libido exacerbée. Néanmoins, je me gardai bien de préciser ces quelques détails sordides, ne voulant pas plus l’effrayer qu’elle ne l’était déjà. Cela étant, j’exagérais quelque peu, les risques n’étaient pas si importants que je pouvais bien le penser. J’étais juste paranoïaque, il était inutile que la française le devienne également et par ma faute qui plus est.
Vraiment, Romane n’était pas au bout de ses peines. D’autant plus que je venais de lui avouer ma répugnance à être sorcier. Je n’avais jamais voulu de ces pouvoirs, j’avais peur de ce que j’étais capable de provoquer d’une simple formule et armé d’un simple bout de bois, je préférais les mathématiques, l’histoire et la philosophie, j’étais bien trop rationnel pour réussir dans une filière magique. Disserter sur la révolution des gobelins était à mon sens une absurdité, j’avais davantage l’impression de rédiger un récit d’heroïc fantasy plutôt qu’un devoir strictement académique. Plus les jours passaient et plus j’avais l’impression d’être tombé sur la tête, tant tout ce que je voyais me paraissait…fou. Etais-je l’un des rares sorciers à ne pas être ravi de sa condition? Cela se pourrait, au vu de l’expression choquée qu’elle arbora alors. « donc tu es un né moldu … ? enfin, ça n‘a pas vraiment d‘importance, seulement, je ne m‘étais jamais mise à la place de quelqu‘un n‘avait pas élevé dans ce monde. [...] j‘ai été élevée dans un monde sorcier avec l‘assurance que je n‘en ferais jamais partie. je ne souhaite à personne de vivre ce que j‘ai vécu. » je grimaçai légèrement au terme né moldu. Je n’aimais pas vraiment cette qualification, quoiqu’il était bien entendu hors de question que je renie mes origines. À entendre les élèves issus de famille sorcières, être issu de personnes dépourvues de toute essence magique était une ignominie, comme si naître sorcier, au fond, était la norme. Mais mes idéaux anarchistes me faisaient envisager le problème sous un tout autre angle. Bien sûr que non, être né de parents moldus n’était pas une tare, une anormalité. Bien au contraire, cela était à mes yeux la garantie de pouvoir sortir du moule, m’affranchir de la masse. Je n’entrais pas dans le carcan inhérent aux familles de sorciers. Voilà pourquoi j’étais si fier de mes origines, pourquoi je n’ai jamais courbé l’échine face aux insultes. Mon sang souillé était ma fierté dans ce monde magique qui ne tolérait pas la demi-mesure, la pseudo-rébellion dont on me taxait sans cesse n’était pas un caprice d’enfant gâté désireux de s’affranchir des règles posées, bien au contraire, cette rébellion m’était intrinsèque, elle battait dans mes veines depuis toujours. Comme si l’opposition perpétuelle allait être mon leitmotiv, mon manque flagrant de docilité ma ligne de conduite. Cultiver telle originalité n’était pas un fléau, bien au contraire. C’était une bénédiction.
Je lui adressai alors un sourire encourageant, quand bien même le souvenir dont elle venait de me faire part semblait la rendre triste. Son regard brillait d’une lueur étrange, tandis qu’une profonde douleur semblait émaner d’elle. Peut-être que son malaise se trouvait là, dans cette enfance passée à se demander si elle serait acceptée quelque part un jour. L’angoisse de l’attente, les incertitudes, la différence. C’était tellement dur à vivre pour un enfant. J’étais moi aussi passé par là mais pour une toute autre raison. « je crois aux vampires, mais je préfèrerais que les zombies restent dans leurs tombes. quant à la perspective de me faire mordre, elle ne m‘enchante guère. je ne suis pas une petite américaine idiote, edward cullen ne m‘aura pas avec ses répliques mielleuses. » Sa dernière remarque m’arracha l’ombre d’un sourire. Pour moi, Edward Cullen était une raison de plus pour ne pas croire aux vampires. Rien à faire, je n’adhérais pas au mythe des buveurs de sang. « Tu sais ce qui me chagrine le plus dans toute cette histoire? » Il n’était plus question de Twilight. Dracula venait de se transformer en chauve-souris et s’envolait dans la nuit, le plus loin possible de nous. « C’est l’intolérance dont certaines personnes peuvent faire preuve. » Je me remis correctement, c’est-à-dire les quatre pieds de la chaise bien ancrés au sol. J’étais las de me balancer. Une lassitude de plus qui venait de rejoindre les nombreuses autres. Des lassitudes qui formaient un tout. « Je…Je comprends ce que tu as pu vivre, en quelques sortes. » Je m’apprêtais à mon tour à lui confier un autre souvenir. Pourquoi ma haine de la magie était tellement profonde, tellement viscérale. Je me frottais nerveusement les tempes, tout comme j’essayais de rassembler mes souvenirs, aussi douloureux fussent-ils. « Mon père n’a jamais manifesté la moindre fierté à mon égard. À ses yeux, je n’étais qu’une raclure, un être à mépriser. » la haine brûlait dans mes prunelles ambrées, tandis que la colère commençait à monter en moi, en vagues successives. Je serrai les poings. « Il y a bien d’autres raisons à toute cette haine qu’il éprouvait à mon égard, et le fait que je sois un foutu sorcier en était une parmi tant d’autres. Mon père n’a jamais accepté ma différence, à ses yeux j’étais tout simplement un monstre, quelqu’un dont il fallait se méfier, qu’il ne fallait pas approcher. Il a eu peur que je m’en prenne à ma mère, à mes frères et sœurs. À lui-même peut-être. Et sûrement ses craintes étaient justifiées. » Oui, peut-être qu’il avait eu raison de se méfier ainsi de moi. J’étais un être violent et instable, j’étais dangereux. J’avais été un délinquant. Un putain de casseur. « En tout cas…Il m’a méprisé à partir du moment où il a su que j’allais étudier à Poudlard. Qu’il existe un institut destiné à former les jeunes sorciers était tout simplement une ignominie. D’années en années, à mesure que ma puissance augmentait, tout du moins en théorie, il craignait de plus en plus ce dont je pouvais être capable. Il n’a été tranquille qu’au moment où j’ai été en âge de partir de la maison, je crois bien. » Mes dernières paroles s’évanouirent dans un murmure rauque, tandis que je venais de me perdre une fois de plus dans mes souvenirs. Le rejet, la peur de l'autre, à cause d'une bête différence. La connerie humaine, en somme.
Vraiment, Romane n’était pas au bout de ses peines. D’autant plus que je venais de lui avouer ma répugnance à être sorcier. Je n’avais jamais voulu de ces pouvoirs, j’avais peur de ce que j’étais capable de provoquer d’une simple formule et armé d’un simple bout de bois, je préférais les mathématiques, l’histoire et la philosophie, j’étais bien trop rationnel pour réussir dans une filière magique. Disserter sur la révolution des gobelins était à mon sens une absurdité, j’avais davantage l’impression de rédiger un récit d’heroïc fantasy plutôt qu’un devoir strictement académique. Plus les jours passaient et plus j’avais l’impression d’être tombé sur la tête, tant tout ce que je voyais me paraissait…fou. Etais-je l’un des rares sorciers à ne pas être ravi de sa condition? Cela se pourrait, au vu de l’expression choquée qu’elle arbora alors. « donc tu es un né moldu … ? enfin, ça n‘a pas vraiment d‘importance, seulement, je ne m‘étais jamais mise à la place de quelqu‘un n‘avait pas élevé dans ce monde. [...] j‘ai été élevée dans un monde sorcier avec l‘assurance que je n‘en ferais jamais partie. je ne souhaite à personne de vivre ce que j‘ai vécu. » je grimaçai légèrement au terme né moldu. Je n’aimais pas vraiment cette qualification, quoiqu’il était bien entendu hors de question que je renie mes origines. À entendre les élèves issus de famille sorcières, être issu de personnes dépourvues de toute essence magique était une ignominie, comme si naître sorcier, au fond, était la norme. Mais mes idéaux anarchistes me faisaient envisager le problème sous un tout autre angle. Bien sûr que non, être né de parents moldus n’était pas une tare, une anormalité. Bien au contraire, cela était à mes yeux la garantie de pouvoir sortir du moule, m’affranchir de la masse. Je n’entrais pas dans le carcan inhérent aux familles de sorciers. Voilà pourquoi j’étais si fier de mes origines, pourquoi je n’ai jamais courbé l’échine face aux insultes. Mon sang souillé était ma fierté dans ce monde magique qui ne tolérait pas la demi-mesure, la pseudo-rébellion dont on me taxait sans cesse n’était pas un caprice d’enfant gâté désireux de s’affranchir des règles posées, bien au contraire, cette rébellion m’était intrinsèque, elle battait dans mes veines depuis toujours. Comme si l’opposition perpétuelle allait être mon leitmotiv, mon manque flagrant de docilité ma ligne de conduite. Cultiver telle originalité n’était pas un fléau, bien au contraire. C’était une bénédiction.
Je lui adressai alors un sourire encourageant, quand bien même le souvenir dont elle venait de me faire part semblait la rendre triste. Son regard brillait d’une lueur étrange, tandis qu’une profonde douleur semblait émaner d’elle. Peut-être que son malaise se trouvait là, dans cette enfance passée à se demander si elle serait acceptée quelque part un jour. L’angoisse de l’attente, les incertitudes, la différence. C’était tellement dur à vivre pour un enfant. J’étais moi aussi passé par là mais pour une toute autre raison. « je crois aux vampires, mais je préfèrerais que les zombies restent dans leurs tombes. quant à la perspective de me faire mordre, elle ne m‘enchante guère. je ne suis pas une petite américaine idiote, edward cullen ne m‘aura pas avec ses répliques mielleuses. » Sa dernière remarque m’arracha l’ombre d’un sourire. Pour moi, Edward Cullen était une raison de plus pour ne pas croire aux vampires. Rien à faire, je n’adhérais pas au mythe des buveurs de sang. « Tu sais ce qui me chagrine le plus dans toute cette histoire? » Il n’était plus question de Twilight. Dracula venait de se transformer en chauve-souris et s’envolait dans la nuit, le plus loin possible de nous. « C’est l’intolérance dont certaines personnes peuvent faire preuve. » Je me remis correctement, c’est-à-dire les quatre pieds de la chaise bien ancrés au sol. J’étais las de me balancer. Une lassitude de plus qui venait de rejoindre les nombreuses autres. Des lassitudes qui formaient un tout. « Je…Je comprends ce que tu as pu vivre, en quelques sortes. » Je m’apprêtais à mon tour à lui confier un autre souvenir. Pourquoi ma haine de la magie était tellement profonde, tellement viscérale. Je me frottais nerveusement les tempes, tout comme j’essayais de rassembler mes souvenirs, aussi douloureux fussent-ils. « Mon père n’a jamais manifesté la moindre fierté à mon égard. À ses yeux, je n’étais qu’une raclure, un être à mépriser. » la haine brûlait dans mes prunelles ambrées, tandis que la colère commençait à monter en moi, en vagues successives. Je serrai les poings. « Il y a bien d’autres raisons à toute cette haine qu’il éprouvait à mon égard, et le fait que je sois un foutu sorcier en était une parmi tant d’autres. Mon père n’a jamais accepté ma différence, à ses yeux j’étais tout simplement un monstre, quelqu’un dont il fallait se méfier, qu’il ne fallait pas approcher. Il a eu peur que je m’en prenne à ma mère, à mes frères et sœurs. À lui-même peut-être. Et sûrement ses craintes étaient justifiées. » Oui, peut-être qu’il avait eu raison de se méfier ainsi de moi. J’étais un être violent et instable, j’étais dangereux. J’avais été un délinquant. Un putain de casseur. « En tout cas…Il m’a méprisé à partir du moment où il a su que j’allais étudier à Poudlard. Qu’il existe un institut destiné à former les jeunes sorciers était tout simplement une ignominie. D’années en années, à mesure que ma puissance augmentait, tout du moins en théorie, il craignait de plus en plus ce dont je pouvais être capable. Il n’a été tranquille qu’au moment où j’ai été en âge de partir de la maison, je crois bien. » Mes dernières paroles s’évanouirent dans un murmure rauque, tandis que je venais de me perdre une fois de plus dans mes souvenirs. Le rejet, la peur de l'autre, à cause d'une bête différence. La connerie humaine, en somme.