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En dépit du bon sens. Elliot
Mar 30 Nov 2010 - 23:20
(c) Mimi & pushy_up@Livejournal
Et tu tombes les filles,
Qu'elle pleure, tu t'en fiches pas mal
Une nuit, une heure,
Une seconde de bonheur,
Comme toutes ces pillules que t'avales
JOSEPHINE & ELLIOT. CHAPITRE 1.
Je resserrai un peu plus mon châle de laine autour de mes épaules, accélérant légèrement le pas. Seuls mes talons claquaient sur la dalle froide, on n’entendait plus que ma respiration haletante et saccadée. Mon souffle se faisait court. Je n’avais guère été sportive, préférant de loin entraîner mes neurones, chose dont beaucoup de mes camarades ont dû faire abstraction. Je n’aimais pas les rues de Norwich, encore moins quand j’avais la quasi certitude que quelque chose de peu plaisant allait se passer. Au bout de mes doigts se consumait une cigarette, la dame blanche avait été réduite de moitié tandis que j’exhalai son poison mortel. J’étais enveloppée de son cocon âcre et odorant, et je ne me sentais pas protégée pour autant. Le temps s’égrenait, impitoyable, me rapprochant davantage d’une catastrophe que je devinais inéluctable. C’était peut-être la raison pour laquelle je voulais rentrer chez moi le plus rapidement possible. Enfin…L’appartement que je partageais depuis mon arrivée avec Leodagan. Le vent froid de Décembre souffla un cran plus fort, soulevant un tas de feuilles mortes. Je frissonnai, enfonçant un peu plus mon bonnet sur ma tête. Mes boucles d’un blond cendré s’en échappaient en mèches folles, rendues électriques par la laine noire. D’un coup de talon j’écrasai le mégot au sol, avant de m’en éloigner de quelques pas supplémentaires. Il fallait que je fume, toujours plus. J’avais pourtant réussi à arrêter pendant ma grossesse et même après, ne souhaitant pas empoisonner Jules avec ces saloperies. Et pourtant, j’en avais besoin. Depuis que j’étais séparée de mon fils, j’en étais à un paquet par jour. Une clope après le petit-dej’, avant d’aller en cours. Une clope à chaque intercours, puis au midi. Rebelote l’après midi. N’en parlons pas quand je faisais mes devoirs. Je les fumais coup sur coup, de façon à m’occuper les mains, à déstresser après les cours, pour chercher l’inspiration. La moindre occasion était bonne pour m’empoisonner les poumons. Je n’avais jamais vraiment fumé auparavant, pourtant. Depuis que j’étais à Hungcalf, ma consommation de clopes avait augmenté de façon exponentielle.
Je soupirai de dépit en constatant que mon paquet était vide. Et merde! Je devais bien avoir un paquet quelque part dans l’appart. Raison de plus pour rentrer plus vite. D’autant plus que de légers flocons de neige commençaient à tomber du ciel dense et lourd. Je frissonnai encore une fois, ma veste était bien trop légère pour cette époque ci de l’année. il faut dire que j’avais fait l’effort de laisser tomber le jean pour oser mettre une petite robe en dentelle noire, qui m’arrivait à mi-cuisses. C’est dans ces moments là que je regrettais mes élans de bravoure. Quand on connaissait l’atmosphère de débauche constante qui régnait à Norwich, il ne serait guère étonnant que je fasse une mauvaise rencontre. L’air était devenu plus dense, davantage irrespirable. Seigneur. Pas maintenant! Je ne savais que trop bien ce qui allait se produire ensuite. La sensation était familière, et pourtant inéluctable. Dans quelques secondes, j’allais me figer, presque en transe, un immense frisson allait parcourir ma peau, en électriser chaque pore. Ma respiration se fit plus lourde encore, si toutefois cela était possible. Mon cœur, lui, calma sa course folle, le temps sembla même ralentir. Je sentais le mur de pierres froides contre mon dos écorché, ses lèvres me murmuraient des obscénités à l’oreille. Je me débattais mais rien n’y faisait, ma force ne faisait pas le poids face à la sienne. Sa bouche venimeuse dessinait des langues de feu sur ma peau pâle tandis que les effluves d’alcool me montaient aux narines. Je fermais les yeux, prête à affronter ce destin qui semblait être devenu le mien. Ses mains avides parcouraient mon corps que peu d’hommes avaient eu l’occasion de toucher, la neige tomba davantage dru, le froid était glacial et pourtant je brûlais de l’intérieur, un brasier immense me déchirait les entrailles tandis qu’une vive douleur avait jailli de celles-ci. Je revins brusquement à la réalité, figée. Je clignai des yeux, l’esprit légèrement embrumé. Je secouai mes cheveux, dans lesquels s’étaient fichés quelques flocons de neiges, lesquels, j’avais l’impression, étaient plus nombreux que tout à l’heure.
J’avais le cœur battant, le souffle court. Mes yeux ne pouvaient pas me tromper, ce que je considérais comme étant une anomalie non plus. J’avais vu quelque chose qui allait se produire incessamment sous peu, quelque chose de mal. Je devais rentrer. Je n’avais que trop traîné. Je remis mon écharpe autour de mon cou, laquelle en avait profité pour se faire la malle. En temps ordinaire, une simple cigarette aurait suffi à faire passer cette nervosité qui m’avait soudainement prise, mais comme je n’avais plus de clopes je devais bien faire sans. Mais au lieu de tracer ma route comme j’aurais dû le faire, je me surpris à regarder autour de moi, contemplant avec émerveillement la neige qui commençait à maculer le sol sombre. Demain, avec un peu de chance, il en sera tombé dix centimètres. Mais la réalité de ma vision me revint en mémoire. J’avais ressenti chaque sensation, avec un réalisme plutôt édifiant. Un instant, j’avais cru que ma mémoire faisait des siennes. Etienne s’invita un instant dans mon esprit torturé, mais je le renvoyais d’où il venait. Il n’avait vraiment plus rien à faire dans mon présent, ce n’était qu’un fantôme. Un putain de fantôme. Soudain, un vacarme assourdissant se fit entendre un peu devant moi, tandis qu’une ombre se dessinait dans l’obscurité environnante. Un lot de poubelles venaient de tomber, déversant leur contenu sur le trottoir. Je fronçais les sourcils, tentant d’en savoir plus sur la créature qui j’étais sûre se dirigeait à ma rencontre. Je me redressai brusquement, bien que la peur se lisait dans mes yeux gris. Il n’y avait peut-être pas de quoi s’inquiéter, c’était sûrement un chat qui était responsable d’un tel déluge. Pourtant, mon intuition me souffla que c’était sûrement plus gros qu’un chat. « Il y a quelqu’un? » lançai-je simplement à la cantonade. Un nuage de buée se forma autour de mes lèvres endolories d’autant de gerçures, tandis que je restais attentive au moindre bruit. Le cœur battant à tout rompre, j’aurais pourtant dû détaler, mais je ne fis que de m’approcher du danger. J’aperçus une silhouette titubante. Un homme ivre, sans nul doute. Ma vision me revint en mémoire. Un homme. De l’alcool. Un corps à corps. Tout du moins, j’ai cru sentir une haleine alcoolisée. J’esquissai quelques pas en arrière, me rendant compte de mon erreur. Mais trop tard, je venais de reconnaître la personne. « Elliot? C’est toi? » Tout à coup, j’eus l’impression qu’un poids s’était ôté de mes épaules. Ce n’était qu’Elliot, un ami de Lufkin. Un des rares étudiants d’Hungcalf que j’aimais bien. C’est pour dire combien il était exceptionnel, à mes yeux. N’écoutant que mon courage, je me précipitai à sa rencontre, prête à l’aider. « Attends, bouge pas. Reste où tu es, je viens t’aider. » Grave erreur. J’aurais pourtant dû retenir la leçon. Qu’un homme ivre n’était pas forcément capable de se contrôler. C’est à croire que j’étais incapable d’apprendre de mes erreurs. Pourtant, ce n’était pas faute d’avoir été avertie…
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Re: En dépit du bon sens. Elliot
Mer 1 Déc 2010 - 0:34
I don't wanna be your friend
I just wanna be your lover
No matter how it ends
No matter how it starts
Forget about your house of cards
Je relève ma tête, ferme les yeux. J’apaise ses tourments, l’espace d’un instant. J’ouvre mes paupières lourdes, mes yeux écarlates, l’héroïne se disperse dans mes veines, je la sens, j’aime ce sentiment, cette passivité. Mes mains tâte le sol salis des toilettes du club, je ne veux pas me relever, je cherche mes clopes avide de sentir cette fumée dans mes poumons. Lent et ravageant orgasme. J’attrape mon paquet d’allumette, craque le bout de bois sur le béton et m’allume. La musique, me semble une douce berceuse, lointaine, agréable. Je ne compte plus les secondes, moi, enfant perdu dans les bras de cette obscure héroïne. Je veux me relever, retourner danser, sentir ses absurdités contre mon corps, les touchers, mes douces amantes. J’agrippe le robinet, me tire vers le haut. Mes jambes, lourdes cherchent leurs appuis. Je regarde mes mains, seules véritables appuis de ma carcasse. Vague reflet dans le miroir. J’esquisse un sourire, je me trouve si beau sous ses attribues, ceux que m’apporte la drogue. Je me sens confiant, fébrile de retourner dans cette foule. Je mets un pas devant l’autre, lentement, mon regard fixé sur mes pieds. Je ne prends pas la peine de ranger mes outils, j’ai pris l’héroïne que j’ai remise dans ma poche. Je croise un étudiant qui entre dans la toilette. Il m’observe, son regard sur la cuillère posée au sol. Je lui esquisse un sourire fier et continu mon chemin vers l’extase. Je ris, j’observe mes amis, les salues, la route vers le bar semble plus courte que prévue. J’enfonce mon ventre contre le comptoir de bois. Je cris après le serveur. « Hey, hey! J’peux avoir une bière?! » Il m’observe, voit bien que mon état est lamentable. Je suis devenu le patin de ce doux liquide qui remplit mes veines. Le serveur refuse. Il m’avait déjà servit quelques verres et ne voulait pas ramasser les corps morts. Moi. Mon poing se dresse, s’éclate contre le comptoir de bois. « T’es qu’un con. Tu le sais ça? » J’ai envie de lui cracher au visage, mais je retourne vers mon cercle intime, je demande alors à Max d’aller me chercher une bière, mais ce soir personne ne semble me prendre au sérieux. « Bishop, t’as assez bu pour ce soir. » Je l’observe, j’esquisse un sourire narquois. « Mais t’es qui toi putain pour me dire que j’ai assez bu, hein? » Je sens mes mains appuyées sur son torse, je le vois tomber sur les gens qui dansent et rapidement, je le vois revenir vers moi. Je vois son poing atteindre mon visage, le mien répondant instinctivement. Les gens veulent nous séparés, mais moi, je crache sur eux, je veux me battre, lui casser sa gueule de faux ami. « Toi! Dehors! » Le serveur s’adresse à moi d’un ton autoritaire, les gens s’arrêtent de danser pour observer le macabre spectacle que je leur offrais. «Vas te faire foutre. » Je recule, mes pas se dirigent vers l’extérieur du club. Je leurs offres des doigts d’honneur, l’air triomphant. Je titube, ne sachant pas où aller, j’observe mon entourage. Lumière faible, tout était flou, la neige tombait sur mes bras nus. Je n’avais pas froid, je ne sentais rien. Je n’avais d’ailleurs pas sentis le coup de Max qui avait déchiré ma lèvre inférieure. Je goutais le sang salé dans ma bouche. Effaçait le surplus d’hémoglobine sur mon visage et m’avança dans le froid, dans la noirceur de Norwich.
« Elliot? C’est toi? » J’ai l’impression que cette voix lointaine me réveille d’un long sommeil. J’ouvre les yeux, je suis dans cette ruelle, titubant entre les poubelles, me faisant un chemin dans l’ombre. Je restai silencieux, ma lèvre douloureuse bousillait mes paroles. « Hein? Quoi? » Je perçu sa silhouette, fine, féminine, délicieuse. Je tombe sur la neige, je sens le froid qui me percute comme une aiguille. « Attends, bouge pas. Reste où tu es, je viens t’aider. » Je reconnu sa voix, celle de la belle Joséphine. Je ne bougeai pas, laissant mes genoux dans la neige, immobile. Je sentis ses petites mains m’agripper. Mon poids, le cadavre que j’étais, se laissait porter par la belle française, ce qui eut l’effet de nous refaire tomber tous deux dans la neige. J’appuie mon dos contre le mur froid, je ris, je m’esclaffe. « Oh, putain j’ai trop bu! » J’observe mon amie, qui ne semble pas apprécier se retrouver dans la neige, moi le froid m’indiffère. Mon corps a chaud, une chaleur incontrôlable. J’allume une clope, observe la jupe de la belle, mon sourire s’agrandit. « Tu fais quoi toute seule comme ça? Les ruelles sont dangereuses la nuit. Tu veux que je te raccompagne ? » Douce ironie, j’étais le prédateur, celui dont elle devait se méfier. Et moi, l’air niait, j’attisais les braise de mon envie, de cette violente envie de tout détruire. Ma douce, tu es ma victime pour la nuit, ne me refuse pas ce plaisir charnel, tu pourrais le regretter.
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Re: En dépit du bon sens. Elliot
Mer 1 Déc 2010 - 22:27
Elliot puait l’alcool, cela se sentait à des kilomètres. J’exagérais peut-être quelque peu, mais finalement, qu’il titubât autant ne me paraissait plus aussi étrange, bien au contraire, cela n’était même pas étonnant. En fait, je me demandais carrément comment il avait pu faire pour parvenir ici en un seul morceau. L’ivresse colorait ses joues d’un rouge cerise, tandis que dans ses yeux clairs se lisait une certaine folie que je peinais encore à identifier. Mon ami n’était plus le même, cela se voyait, cela se sentait. On pouvait même dire que j’aurais plus de difficultés à gérer la situation que prévu, n’ayant jamais été confrontée à un ivrogne…Ivrogne. Le mot me fit froid dans le dos. Un frisson glacé me parcourut d’ailleurs l’échine, tandis que mon sang se figeait. J’étudiai un moment le profil du Lifkin, essayant de me remémorer la dernière fois où je n’avais vu dans un état pareil. Mais l’évidence s’imposa à moi, cruelle et malgré tout pathétique. Elliot n’avait jamais été dans un tel état de dégénérescence devant mes yeux. C’était certes un junkie à la con, qui baisait presque tout ce qui bouge et qui menait un train de vie que je réprouvais fortement, mais pour moi il avait fait des efforts, même si parfois j’avais l’impression qu’il était légèrement défoncé, lors de quelques unes de nos entrevues, je ne m’en étais jamais formalisée, puisqu’il avait toujours été correct avec moi. Mais cette fois-ci, c’était différent. Voir mon ami, en qui j’avais placé tant de confiance aussi rapidement venait de me tromper, aussi bête que cela puisse paraître. Je ne prenais jamais ce genre de promesses à la légère, et le voir dans un état pareil m’attristait autant que ça me révulsait. Mais regardez le, cet amas de chair et de sang, incapable de tenir debout sans aide, tellement pinté qu’il ne marchait même plus droit. Mais regardez le s’effondrer au sol tel un château de cartes. Et le voilà qui m’entraînait dans sa chute.
Et voilà qu’il s’esclaffait, se complaisant dans sa déchéance. Quant à moi, je m’étais écorchée le genou sur la pierre froide et pourtant tranchante. Un léger filet de sang formait déjà une auréole sombre sur mon collant que j’avais filé dans la manœuvre. Un cri surpris s’était échappé de ma gorge tandis que j’étais à présent agenouillée au sol, mains dans la neige. « Oh, putain j’ai trop bu! » Sa voix rauque m’arracha quelques frissons, tandis que je laissais son regard inquisiteur étudier ma silhouette grelottante. Un flocon de neige s’abîma sur mes lèvres rosées que j’attrapai d’un coup de langue, avant de secouer mes cheveux pleins de neige. Ma main trembla légèrement tandis que j’allai constater d’un peu plus près les dégâts, ignorant les élucubrations rocambolesques du Lufkin aviné. Je levai les yeux vers le ciel sombre, implorant une aide divine que je sollicitais pourtant en vain chaque jour qui passe. « Tu fais quoi toute seule comme ça? Les ruelles sont dangereuses la nuit. Tu veux que je te raccompagne ? » Je le fixais de mon regard éteint et mélancolique, ne sachant pas vraiment quoi répondre. Je me mordillai la lèvre inférieure, tout en frissonnant. Mais je ne saurais dire si je tremblais du froid où à cause du regard de prédateur qui semblait s’abandonner le long de mes longues jambes, se fixant finalement sur le bas que ma jupe venait de dévoiler. L’odeur caractéristique du tabac vint me chatouiller les narines, ravivant mon envie de tabac. Sans demander son avis à Elliot, je me penchais légèrement vers lui pour prendre la cigarette qu’il venait de coincer entre ses lèvres pour en tirer une taffe. Tout en expirant la fumée âcre, je fermai les yeux brièvement avant d’oser le regarder en face. La lâche que j’étais n’avait pas voulu voir sa déchéance, elle avait fermé les yeux sur ce qu’il était. J’avais été assez idiote pour croire qu’Elliot n’était pas ça. Mais c’était une partie de lui qu’on ne pouvait ignorer tant elle était importante. C’était un aspect intrinsèque à sa personne qui pourtant me révulsait au plus haut point. Délicatement, je lui remis la cigarette entre ses lèvres.
Je finis par me relever, non sans élégance, tout en m’époussetant légèrement. Un fin filet de sang me coulait à présent le long de ma jambe. Il fallait que je rentre de toute urgence. D’autant plus que la neige était de la partie, encore plus forte que tout à l’heure. Ignorant le regard vitreux que me lançait le Lufkin, je lui saisis le bras sans ménagement, tirant dessus de toutes mes pauvres forces. Elliot ne bougea pas. « Allez Elliot, putain, bouge! On ne va pas y passer la nuit ! » Ma voix tout à coup parut moins rassurée, quelque peu méfiante. A dire vrai, l’état de mon ami me faisait peur. J’ignorais de quel genre de réactions il pouvait se rendre capable en étant dans un état aussi second. « C’est vraiment gentil comme proposition, mais honnêtement je pense que tu n’es pas en état de rentrer chez toi par toi-même, alors d’ici à me raccompagner… » Je paniquais. Je ne savais pas comment me sortir de cette situation des plus sordides. Je n’osais plus toucher Elliot, je n’avais pas oublié son regard quand il s’était posé sur moi tout à l’heure. Un regard tellement indigne de l’Elliot que je connaissais. « Sérieusement Elliot, rentre chez toi. » Je me rendis finalement compte de l’absurdité de mon injonction. Bien sûr qu’Elliot était incapable de rentrer chez lui sans trébucher tous les cinq minutes. Je me fustigeais en silence, mes yeux gris sondant la silhouette livide du junkie. Je m’approchai de lui encore une fois, dans un énième élan de bravoure. S’il croyait que j’allais l’abandonner à son triste sort, c’était mal me connaître. Je n’abandonnais jamais, on pourrait même dire que cela relevait de l’inconscience pure et simple. De la stupidité dans son aspect le plus fondamental. Je m’abaissai pour être à la hauteur du Lufkin. Je passai un de ses bras autour de mes épaules frêles. « Tiens toi à moi. Allez! Relève toi! » Je me sentais fléchir sous le poids du junkie, mon regard se faisant de plus en plus implorant, balayant les alentours à la recherche d’une âme esseulée qui daignera me venir en aide. Mon cœur était au bord de l’éclatement tant il battait fort, un sanglot naquit du fond de ma gorge. Quelques larmes salées jaillirent de mes yeux sombres. Définitivement impuissante, je me laissai choir à ses côtés, adossée au mur, recroquevillée sur moi-même. J’agrippai finalement sa main gelée, la serrant fort dans la mienne. Je le devinais bien loin d’ici, mais je voulais lui témoigner ma présence. « Je suis là Elliot, je suis là. » Je répétais ma litanie inlassablement, comme si au fond, j’espérais qu’Elliot, mon Elliot, revienne, et chasse pour de bon l’inconnu qui gisait dans la neige, à mes côtés.
Et voilà qu’il s’esclaffait, se complaisant dans sa déchéance. Quant à moi, je m’étais écorchée le genou sur la pierre froide et pourtant tranchante. Un léger filet de sang formait déjà une auréole sombre sur mon collant que j’avais filé dans la manœuvre. Un cri surpris s’était échappé de ma gorge tandis que j’étais à présent agenouillée au sol, mains dans la neige. « Oh, putain j’ai trop bu! » Sa voix rauque m’arracha quelques frissons, tandis que je laissais son regard inquisiteur étudier ma silhouette grelottante. Un flocon de neige s’abîma sur mes lèvres rosées que j’attrapai d’un coup de langue, avant de secouer mes cheveux pleins de neige. Ma main trembla légèrement tandis que j’allai constater d’un peu plus près les dégâts, ignorant les élucubrations rocambolesques du Lufkin aviné. Je levai les yeux vers le ciel sombre, implorant une aide divine que je sollicitais pourtant en vain chaque jour qui passe. « Tu fais quoi toute seule comme ça? Les ruelles sont dangereuses la nuit. Tu veux que je te raccompagne ? » Je le fixais de mon regard éteint et mélancolique, ne sachant pas vraiment quoi répondre. Je me mordillai la lèvre inférieure, tout en frissonnant. Mais je ne saurais dire si je tremblais du froid où à cause du regard de prédateur qui semblait s’abandonner le long de mes longues jambes, se fixant finalement sur le bas que ma jupe venait de dévoiler. L’odeur caractéristique du tabac vint me chatouiller les narines, ravivant mon envie de tabac. Sans demander son avis à Elliot, je me penchais légèrement vers lui pour prendre la cigarette qu’il venait de coincer entre ses lèvres pour en tirer une taffe. Tout en expirant la fumée âcre, je fermai les yeux brièvement avant d’oser le regarder en face. La lâche que j’étais n’avait pas voulu voir sa déchéance, elle avait fermé les yeux sur ce qu’il était. J’avais été assez idiote pour croire qu’Elliot n’était pas ça. Mais c’était une partie de lui qu’on ne pouvait ignorer tant elle était importante. C’était un aspect intrinsèque à sa personne qui pourtant me révulsait au plus haut point. Délicatement, je lui remis la cigarette entre ses lèvres.
Je finis par me relever, non sans élégance, tout en m’époussetant légèrement. Un fin filet de sang me coulait à présent le long de ma jambe. Il fallait que je rentre de toute urgence. D’autant plus que la neige était de la partie, encore plus forte que tout à l’heure. Ignorant le regard vitreux que me lançait le Lufkin, je lui saisis le bras sans ménagement, tirant dessus de toutes mes pauvres forces. Elliot ne bougea pas. « Allez Elliot, putain, bouge! On ne va pas y passer la nuit ! » Ma voix tout à coup parut moins rassurée, quelque peu méfiante. A dire vrai, l’état de mon ami me faisait peur. J’ignorais de quel genre de réactions il pouvait se rendre capable en étant dans un état aussi second. « C’est vraiment gentil comme proposition, mais honnêtement je pense que tu n’es pas en état de rentrer chez toi par toi-même, alors d’ici à me raccompagner… » Je paniquais. Je ne savais pas comment me sortir de cette situation des plus sordides. Je n’osais plus toucher Elliot, je n’avais pas oublié son regard quand il s’était posé sur moi tout à l’heure. Un regard tellement indigne de l’Elliot que je connaissais. « Sérieusement Elliot, rentre chez toi. » Je me rendis finalement compte de l’absurdité de mon injonction. Bien sûr qu’Elliot était incapable de rentrer chez lui sans trébucher tous les cinq minutes. Je me fustigeais en silence, mes yeux gris sondant la silhouette livide du junkie. Je m’approchai de lui encore une fois, dans un énième élan de bravoure. S’il croyait que j’allais l’abandonner à son triste sort, c’était mal me connaître. Je n’abandonnais jamais, on pourrait même dire que cela relevait de l’inconscience pure et simple. De la stupidité dans son aspect le plus fondamental. Je m’abaissai pour être à la hauteur du Lufkin. Je passai un de ses bras autour de mes épaules frêles. « Tiens toi à moi. Allez! Relève toi! » Je me sentais fléchir sous le poids du junkie, mon regard se faisant de plus en plus implorant, balayant les alentours à la recherche d’une âme esseulée qui daignera me venir en aide. Mon cœur était au bord de l’éclatement tant il battait fort, un sanglot naquit du fond de ma gorge. Quelques larmes salées jaillirent de mes yeux sombres. Définitivement impuissante, je me laissai choir à ses côtés, adossée au mur, recroquevillée sur moi-même. J’agrippai finalement sa main gelée, la serrant fort dans la mienne. Je le devinais bien loin d’ici, mais je voulais lui témoigner ma présence. « Je suis là Elliot, je suis là. » Je répétais ma litanie inlassablement, comme si au fond, j’espérais qu’Elliot, mon Elliot, revienne, et chasse pour de bon l’inconnu qui gisait dans la neige, à mes côtés.
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Re: En dépit du bon sens. Elliot
Lun 6 Déc 2010 - 16:22
- « Tu ne devrais pas être là. » Cet instant de lucidité, l’espace d’une seconde où, je ne suis plus un monstre. Cet instant déjà disparu. Mes yeux vitreux posés contre Joséphine. Elle ne bouge pas, m’observe. « Sérieusement Elliot, rentre chez toi. » Une épave, une épave… Voilà ce que j’étais devenu. Ce sang qui n’était plus le mien, ce liquide qui me pourrissait de l’intérieur. Je me voyais au loin, comme si ce corps, allongé sur le sol, n’était pas le mien. Je refuse de bouger. Incapable et surtout trop défoncé pour me sortir de ce marasme. J’observe la belle Joséphine qui s’approche de moi. Mon visage livide affiche un mince sourire. Je sais que je vais déraper, je sens toute cette violence qui grimpe en moi, lentement… Vicieuse. « Tiens-toi à moi. Allez! Relève-toi!» Ma belle, comprends que je suis condamné, qu’il est impossible de m’aider et toi, comme toutes les autres, tu vas tomber avec moi. Mon regard est brumeux, obscurcie par la drogue qui perlent dans mes veines. Je cherche à me défaire de son emprise, mais sa poigne est ferme, enivrante. La drogue devient mon moteur, elle devient ma perte. Perte de raison. Je ne cherche plus à réfléchir, à quoi bon? « Je suis là Elliot, je suis là. » Sa voix est lointaine, presque inexistante. Mon corps s’était laissé, inerte, alors que Joséphine tentait de me soulever. C’était elle qui s’était appuyée contre moi, petit corps chaud contre ma carcasse. Elle sait que je ne suis pas moi… Ou du moins, c’est la première fois qu’elle me voit dans cet état de décrépitude. Tu te laisses tomber contre le mur, tu tombes avec moi ma belle. Tu ne pourras plus te relever. Je sentais sa main contre la mienne, mes phalanges gelées et cadavérique. Je ne pouvais ressentir que la chaleur de sa main contre le mienne. J’écrasai ma cigarette contre le sol, soufflant la fumée dans l’air frais de la nuit.
Je tente de me relever, observe mon amie qui n’est devenue qu’une proie, qu’un pion dans mon jeu d’échec. J’appuie ma main glaciale contre le mur de pierre, soulève ma carcasse. Ma belle, tu n’aurais jamais du me confier ses secrets de ta vie, car ses dans ses moments qu’ils te feront le plus mal. Tu ne me connais pas, tu ne sais pas à quel point je suis un monstre lorsque, l’alcool et la drogue s’emparent de moi. J’esquisse un sourire, narquois et arrogant alors que je me tiens sur deux jambes faibles. Lis toute cette haine et tout ce dédain dans mon regard. « C’est bon, j’suis pas un gamin, tu devrais plutôt t’occuper du tiens… » Ma langue claqua machinalement dans mon palais. Et voilà, je sens son regard posé sur moi, mais je me sens trop bien. Faire mal aux autres pour expier ta souffrance. Nell l’avait vécu, elle avait été le témoin de soirée trop arrosée où j’étais devenu un monstre. Personne ne méritait cette méchanceté, personne et surtout pas Joséphine ne méritait cette violence. Joséphine se leva, alors que je posai mes deux bras autour d’elle. Mon sourire, mon odeur d’alcoolique devait la dégouté. Je l’a retenais prisonnière contre ce mur de pierre. Je m’approche, je sens son odeur, je sens la peur monter en elle et… Ça m’excite. Je souris, ma conscience morale bien enterrée au fond de moi. « Allez, fais pas ta prude. J’vais pas te faire de mal… » J’étais incohérent, tentant en otage la belle Joséphine, mon regard de violence posé sur elle, mes paroles qui se voulais rassurantes, se révélaient terrifiantes. Ma main gauche se glissa contre sa joue froide, ma main droite effleurait sa jupe. J’observais la peu dans son regard, cette peur jouissive. Ce contrôle que j’exerçais sur elle. « Tu as le même regard qu’elle. » Lui murmurais-je à l’oreille lorsque, ma main attrapa son bras avec la force d’un alcoolique. Mon autre main se baladait toujours sur les cuisses de Joséphine. Je portai mes lèvres près de son cou, soufflant une brise machiavélique contre sa peau. « Le même regard qu’elle. » répétais-je. J’attrapai son visage entre mes doigts et la força à me regarder dans les yeux. Croises mon regard, regarde le monstre que tu côtoies en cours, à qui tu t’es confié. Mes mains sales se ballade sur son corps, contemplent sa proie et je me vois au loin. Je finis par remonter sa jupe, approchant mon corps contre le sien. « Elle est morte devant mes yeux… » Murmurais-je à son oreille, poursuivant mon chemin sur son corps. « Vous êtes toutes des putains, toi… Et le reste de ta famille… De la pourriture. » Mon cœur se crispait, mais anesthésié par l’alcool, je ne voyais plus la portée de mes mots. Mon amie, qui s’était confié à moi, et moi qui te crachais cette insanité au visage. Je suis désolé. Je n’ai plus de contrôle. Je perds le contrôle. Je suis devenu ce monstre que je redoutais tant.
- InvitéInvité
Re: En dépit du bon sens. Elliot
Sam 11 Déc 2010 - 16:21
Je voulais ressentir sa chaleur, mais j’étais face à un bloc glacé et tremblant. Je sentais ses doigts gelés enlacés aux miens. Quand soudain, il se relevait, comme si de rien n’était, comme s’il n’était jamais tombé. C’était de la pure folie, d’autant plus qu’il tenait à peine debout. Finalement, j’aurais préféré qu’il se rasseye. Je comprenais tout ce qui était en train de se passer. Mais je ne voulais pas l’admettre, le déni plus fort que jamais. Elliot ivre était une chose, qu’il jette aux orties notre amitié en était une autre. Se rendait-il seulement compte du mal qu’il me faisait en étant ainsi? Probablement pas. Hormis ces larmes qui roulaient sur mes joues déjà blessées par le froid mordant, mon visage s’efforçait de rester impassible et indifférent, j'avais un certain standing à conserver. Malgré la haine et le mépris apparaissant dans son regard clair. Pas toi Elliot, dis moi pas que tu vas partir toi aussi. Je t’en supplie. « C’est bon, j’suis pas un gamin, tu devrais plutôt t’occuper du tiens… » Mes yeux vides et plein de larmes le fixèrent un moment. Bien sûr que ses mots m’avaient blessée, au plus profond de moi-même. Mais j’assumais les conséquences de mon erreur, et la tête haute! Je retenais un sanglot supplémentaire, tout comme la gifle qui menaçait de partir. Je voulais le frapper, pour ce qu’il venait de dire, pour lui remettre les idées en place. Un rire cynique s’échappa de mes lèvres rosées, rire que je regrettai instantanément mes mots. J’allais sûrement aggraver mon cas, mais qu’importe, mon côté moralisateur reprenait le dessus. « T’es pas un gamin. » affirmai-je, avec assurance. Ma voix trembla violemment. Mes larmes menaçaient de rouler à nouveau sur mes joues. « Non, tu n’es pas un gamin, bien sûr que non! » Cynisme, quand tu nous tiens. « Mais regarde toi Elliot, t’as pas pigé dans quel état tu étais? Et tu n’es pas un gamin? Tu n’es même pas foutu de t’occuper de toi, si tu n’étais pas un gamin, si tu avais un tant soit peu de plomb dans la cervelle, si tu n’étais pas aussi con, tu n’en serais même pas arrivé là! Tu ne serais pas un putain de junkie! » Ma colère trop longtemps refoulée lui explosa à la figure, quand bien même je ne serais même pas sûre qu’il soit en mesure de réfléchir. De comprendre. De reprendre le contrôle sur son âme désaxée. Mes paroles ne l’auraient exorcisé en rien, bien au contraire, tout au mieux, ils n’auront fait que d’attiser la colère du monstre qui était en lui. Et qui, petit à petit, dévorait l’âme de mon ami. Dieu, que je détestais cette créature!
Créature qui venait de m’encercler de ses bras puissants. Si quelques instants auparavant j’avais désiré cette étreinte, à présent la perspective de me retrouver entre ses bras me dégoûtait. Il puait l’alcool et le tabac, il puait la déchéance. L’humanité puait et il en était un bien sinistre représentant. Je sentais la chaleur de son corps, qui contrastait fortement avec la pierre glacée qui m’écorchait le dos. « Allez, fais pas ta prude. J’vais pas te faire de mal… » J’aurais voulu me fier à ces mots. Croire qu’effectivement il ne me ferait pas mal. Mais c’est fini, Elliot. Tu as définitivement brisé la confiance que j’avais placé en toi. Plus jamais je ne te verrai de la même manière. Tu n’es qu’un monstre. Un putain de monstre. Je n’aurais jamais dû m’entêter de la sorte, à vouloir te donner une chance. Tu es pourri Elliot, comment j’aurais pu oser croire qu’il y avait quelque chose de bien en toi? Ma diatribe silencieuse sitôt achevée, mes yeux gris se fixèrent dans ses prunelles rendues glauques par l’alcool. Et voilà que ses doigts gelés effleuraient mes joues rosées, tandis que son autre main…Ne pas y penser Joséphine, ne pas y penser! J’étais prisonnière de mon cauchemar, j’étais l’esclave de ma vision. Vision qui me revenait intégralement en mémoire. Les mots, les sensations, les odeurs…Tout y était, avec une morbide exactitude. Il me révulsait, mais je le désirais également. J’étais folle. Etais-je atteinte du syndrôme de Stockholm pour désirer mon bourreau de cette façon? Je ne savais plus quoi penser, ballottée entre l’affection que j’éprouvais encore pour le Lufkin et qui s’obstinait à rester malgré…ça et la peur que j’éprouvais en me retrouvant confrontée à son côté sombre, qui était inhérent à chaque être humain. « Tu as le même regard qu’elle.Le même regard qu’elle » La peur ne me rendait pas hystérique. Elle ne me paralysait pas non plus de la tête aux pieds. La peur me plongeait dans une profonde catatonie, rendait mon regard vide et lointain, mes émotions ayant allègrement foutu le camp. Je ne ressentais plus rien, même pas du chagrin, alors que ces mots, d’ordinaire m’auraient blessée. Je fixais les yeux d’Elliot avec la plus grande indifférence, le visage impassible. Ses mains faisant naître des dizaines de frissons sur ma peau blême. Des frissons malsains.
J’étais proche de lui, maintenant plus que jamais. J’avais cessé de pleurer, c’était à croire que mes larmes s’étaient d’elles-mêmes taries. « Elle est morte devant mes yeux…Vous êtes toutes des putains, toi… Et le reste de ta famille… De la pourriture. » Mon père, un criminel. Ma mère, une traînée. Et moi de même. J’avais enfanté bien trop tôt. Je ne supportais plus le regard de mes voisins quand je me promenais dans la rue avec Jules. Je savais bien ce qu’ils pensaient tous. Que je n’étais qu’une pute. Que je m’étais faite baiser par le premier venu, qui m’avait alors mise en cloque. Oui, je sais ce que tu penses, Elliot, de toutes ces choses que je t’ai dites. Je sais que tu penses que je suis une mauvaise graine. Mais tu vois mon ami, je ne suis pas la fille de Frédéric De Beaulieu pour rien. Son sang pourri coulait en moi, ce même sang qui se retrouvait en Jules. Les De Beaulieu étaient pourris, il est vrai. Mais ne te rendais-tu pas compte de ta propre pourriture, qui suintait de tes pores abjectes? Ne voyais-je pas le monstre qui habitait en toi, quand bien même je me serais surprise à désirer ton enveloppe charnelle? Ton corps à présent contre le mien, et qui faisait trembler chacune des molécules qui me composaient de désir. Ces lèvres que je voulais embrasser. Ce corps que je voulais toucher, découvrir. Mais je ne peux pas finir comme ça, à me faire baiser dans une ruelle déserte et sombre. Je méritais mieux que de finir ainsi. Je méritais mieux que lui, ami indigne qui avait trahi toute ma confiance. Je me hissai alors sur la pointe des pieds, de façon à ce que mes lèvres n’effleurent son oreille, tandis que je lui murmurais ces mots venimeux, mes doigts jouant avec les boutons de sa chemise, les défaisant un à un. Sans nul doute jouais-je à un jeu dangereux. « Tu sais Elliot, la différence entre toi et moi? C’est que moi j’ai conscience de la pourriture qui m’habite. » Et mes lèvres déposèrent alors quelques baisers papillons dans son cou, mes doigts persistant à jouer avec les boutons de sa chemise, défaite de moitié.
Créature qui venait de m’encercler de ses bras puissants. Si quelques instants auparavant j’avais désiré cette étreinte, à présent la perspective de me retrouver entre ses bras me dégoûtait. Il puait l’alcool et le tabac, il puait la déchéance. L’humanité puait et il en était un bien sinistre représentant. Je sentais la chaleur de son corps, qui contrastait fortement avec la pierre glacée qui m’écorchait le dos. « Allez, fais pas ta prude. J’vais pas te faire de mal… » J’aurais voulu me fier à ces mots. Croire qu’effectivement il ne me ferait pas mal. Mais c’est fini, Elliot. Tu as définitivement brisé la confiance que j’avais placé en toi. Plus jamais je ne te verrai de la même manière. Tu n’es qu’un monstre. Un putain de monstre. Je n’aurais jamais dû m’entêter de la sorte, à vouloir te donner une chance. Tu es pourri Elliot, comment j’aurais pu oser croire qu’il y avait quelque chose de bien en toi? Ma diatribe silencieuse sitôt achevée, mes yeux gris se fixèrent dans ses prunelles rendues glauques par l’alcool. Et voilà que ses doigts gelés effleuraient mes joues rosées, tandis que son autre main…Ne pas y penser Joséphine, ne pas y penser! J’étais prisonnière de mon cauchemar, j’étais l’esclave de ma vision. Vision qui me revenait intégralement en mémoire. Les mots, les sensations, les odeurs…Tout y était, avec une morbide exactitude. Il me révulsait, mais je le désirais également. J’étais folle. Etais-je atteinte du syndrôme de Stockholm pour désirer mon bourreau de cette façon? Je ne savais plus quoi penser, ballottée entre l’affection que j’éprouvais encore pour le Lufkin et qui s’obstinait à rester malgré…ça et la peur que j’éprouvais en me retrouvant confrontée à son côté sombre, qui était inhérent à chaque être humain. « Tu as le même regard qu’elle.Le même regard qu’elle » La peur ne me rendait pas hystérique. Elle ne me paralysait pas non plus de la tête aux pieds. La peur me plongeait dans une profonde catatonie, rendait mon regard vide et lointain, mes émotions ayant allègrement foutu le camp. Je ne ressentais plus rien, même pas du chagrin, alors que ces mots, d’ordinaire m’auraient blessée. Je fixais les yeux d’Elliot avec la plus grande indifférence, le visage impassible. Ses mains faisant naître des dizaines de frissons sur ma peau blême. Des frissons malsains.
J’étais proche de lui, maintenant plus que jamais. J’avais cessé de pleurer, c’était à croire que mes larmes s’étaient d’elles-mêmes taries. « Elle est morte devant mes yeux…Vous êtes toutes des putains, toi… Et le reste de ta famille… De la pourriture. » Mon père, un criminel. Ma mère, une traînée. Et moi de même. J’avais enfanté bien trop tôt. Je ne supportais plus le regard de mes voisins quand je me promenais dans la rue avec Jules. Je savais bien ce qu’ils pensaient tous. Que je n’étais qu’une pute. Que je m’étais faite baiser par le premier venu, qui m’avait alors mise en cloque. Oui, je sais ce que tu penses, Elliot, de toutes ces choses que je t’ai dites. Je sais que tu penses que je suis une mauvaise graine. Mais tu vois mon ami, je ne suis pas la fille de Frédéric De Beaulieu pour rien. Son sang pourri coulait en moi, ce même sang qui se retrouvait en Jules. Les De Beaulieu étaient pourris, il est vrai. Mais ne te rendais-tu pas compte de ta propre pourriture, qui suintait de tes pores abjectes? Ne voyais-je pas le monstre qui habitait en toi, quand bien même je me serais surprise à désirer ton enveloppe charnelle? Ton corps à présent contre le mien, et qui faisait trembler chacune des molécules qui me composaient de désir. Ces lèvres que je voulais embrasser. Ce corps que je voulais toucher, découvrir. Mais je ne peux pas finir comme ça, à me faire baiser dans une ruelle déserte et sombre. Je méritais mieux que de finir ainsi. Je méritais mieux que lui, ami indigne qui avait trahi toute ma confiance. Je me hissai alors sur la pointe des pieds, de façon à ce que mes lèvres n’effleurent son oreille, tandis que je lui murmurais ces mots venimeux, mes doigts jouant avec les boutons de sa chemise, les défaisant un à un. Sans nul doute jouais-je à un jeu dangereux. « Tu sais Elliot, la différence entre toi et moi? C’est que moi j’ai conscience de la pourriture qui m’habite. » Et mes lèvres déposèrent alors quelques baisers papillons dans son cou, mes doigts persistant à jouer avec les boutons de sa chemise, défaite de moitié.
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Re: En dépit du bon sens. Elliot
Ven 17 Déc 2010 - 0:33
I did my best, it wasn't much
I couldn't feel, so I tried to touch
I've told the truth, I didn't come to fool you
And even though it all went wrong
Muzicons.com
I couldn't feel, so I tried to touch
I've told the truth, I didn't come to fool you
And even though it all went wrong
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- Je sombrais lentement. Je me laissais glisser sur cette pente venimeuse. Cette décadence, douce, qui imperméabilisait mes souffrances. Elle se tenait devant moi, elle ne résistait pas à mes avances sordides, elle était une poupée de chiffon entre mes mains sales. Et elle, ne résistait plus, elle jouait à ce jeu, défaisant les boutons de ma chemise. Défaisant le peu d’humanité qu’il me restait. « Tu sais Elliot, la différence entre toi et moi? C’est que moi j’ai conscience de la pourriture qui m’habite. » Sans même que je ne me rende compte de quoi que ce soit, mon bras s’était élancé, mon poing avait atteint le visage de Joséphine, le visage de mon amie, qui s’était confiée à moi. Sans me reculer, au contraire, appuyant mon corps contre le sien, j’attrapai son visage de ma main. Mes doigts ancrés dans sa chair. Je n’avais pas frappé fort, pas assez pour lui faire perdre conscience, juste assez pour lui faire prendre conscience qu’elle avait en face d’elle un monstre. « Regardes moi. » Mes doigts ancrés dans son visage, je pose son regard contre le mien. « Regardes moi. » Je sens le vent sur ma poitrine. Je suis trop loin pour sentir le froid, ce monstre ayant prit le contrôle de mon corps. « Tu crois que je ne sais pas que je suis un monstre? Tu crois que je n’en ai pas conscience? » Je regarde son corps que je désirais, son corps qui ne pouvait pas résister à la force de mes bras. Ce corps qui serait mien si je le souhaitais. Son corps que je pouvais écraser d’une seule main. « Tu crois que je désire ton corps salie? Hein? Tu crois que je pourrais te baiser dans cette ruelle, maintenant, tu crois que ça ferait de moi, un véritable monstre? » Les mots, je ne les entendais plus. Je vociférais cette haine, elle qui ne le méritait pas. Pourtant, elle était mon salue, mon exutoire et je me foutais bien des dommages collatéraux. « J’vais pas te baiser, tu ne mérites même pas ça… » Ma main lâcha le visage de Joséphine, qui toisait toujours mon regard arrogant. Ce sourire démoniaque accroché à mes lèvres. Je l’observais, elle qui me détestais de tout son âme. Mon poing s’élança de nouveau, je frappai le mur de pierre, tout près du visage de Joséphine. Mes jointures ensanglantées se glissèrent doucement sur le visage de la belle, mon sang sur sa peau. « Tu ne mérites pas qu’on te baise dans une ruelle, tu sais à quel point c’est pathétique ça… » Je reculai finalement mon visage, mon corps titubant un peu vers l’arrière. Je crachai sur le sol, jetant un bref coup d’œil à ma blessure que je ne sentais plus. « Tu me fais pitié. » Dis-je alors. Cette phrase ne s’adressait pas à elle, cette phrase s’adressait à moi. Ce combat que j’avais engagé contre moi. Contre cette pourriture qui m’envahissait. Mon corps tremblait sous le poids de cette guerre. La victime, c’était Joséphine, victime de ce monstre en moi. Celui que j’avais créé pour me protéger de l’extérieur. Elle, elle avait vue en moi, elle avait lue en moi, tout le désespoir qui m’habite. Je cherchai ses parcelles de vie, là où l’urgence se trouvait. Je voulais sentir la vie en moi, quitte à blessé les autres. J’avais besoin de me sentir en vie. De pousser la limite à l’extrême. Je me laissais sombrer, plus personne ne pouvait m’aider. Sauves toi, Joséphine. Vas t’en avant que je pousse la limite encore plus loin.
- InvitéInvité
Re: En dépit du bon sens. Elliot
Jeu 23 Déc 2010 - 12:39
J’allais trop loin. J’étais trop franche. Et tout ceci allait finir par me perdre. Ce n’était pourtant pas faute de vouloir calmer Elliot, de le ramener à son état normal. Je ne demandais rien de plus à part retrouver mon ami. Il ne pouvait pas s’être noyé sous ces quantités d’alcool. Je ne voulais simplement pas y croire. Et pourtant, son poing partit, atterrissant en plein dans mon visage fragile. Heureusement que le mur était derrière moi, il m’avait empêchée de vaciller sous la violence du choc. Violence qui me choqua profondément. Violence à laquelle je n’aurais jamais cru être confrontée un jour. Je ne méritais pas ça. Mes yeux s’écarquillèrent tandis qu’une vive douleur se propageait depuis la pommette qu’il avait atteindre, douleur qui était telle que j’en avais les larmes aux yeux. Instinctivement, je portai ma main à ma joue meurtrie, qui, les jours suivants, allait s’orner d’une ecchymose. Cela ne serait plus qu’une blessure physique, ridicule à côté de la nouvelle meurtrissure de mon âme. Elliot venait de faire voler en éclats le peu de confiance qui me restait à son égard. Il venait d’engendrer en moi une profonde déception. Il aura beau vouloir réparer sa grossière erreur, je resterai sourde à ses prières, aussi suppliantes fussent-elles. Je venais de lui fermer la porte de mon cœur, de mon estime, et ce à double tour, à tout jamais. Je ne voulais plus en entendre parler, je voulais même jusqu’à l’oublier, si toutefois cela était possible, surtout quand on connaissait ma propension à me complaire dans le passé. Non content de m’avoir pulvérisé la joue, il était en train de broyer mon menton de sa poigne meurtrière et obscène. « Regardes moi. » Je voulais me débattre, me soustraire à son emprise, mais cela m’était impossible. Je n’eus pas d’autre choix à part le regarder en face, à voir la démence qui l’habitait en ce moment même. « Regardes moi. » réitéra-t-il, son haleine empestant l’alcool. Je soutenais son regard, péniblement, tentant de refouler tant bien que mal les larmes qui me brûlaient les yeux. Je ne voulais plus le regarder, c’était au dessus de mes forces. Sa trahison m’avait fait le même effet qu’un coup de poignard dans le dos. La même douleur, le même sang s’échappait de cette nouvelle plaie béante. « Tu crois que je ne sais pas que je suis un monstre? Tu crois que je n’en ai pas conscience? » Je tremblais. J’avais peur. Je voulais qu’il me lâche, qu’il cesse de me meurtrir davantage. Je priais le ciel mais il restait sourd. Mes larmes finirent par couler sur mes joues, tandis que mon visage se fermait. Je comprenais ma vision, à présent. Je comprenais d’où venait cette douleur. Et cela me révulsait encore plus que s’il avait mis à exécution son plan initial.
Je ne l’écoutais pas. Je ne l’écoutais plus. Mon cerveau venait de tout censurer, incapable d’enregistrer davantage. Je m’étais mise en veille, une façon comme une autre de me protéger de mon bourreau, même si cela signifiait être au bord de l’inconscience. Je peinais à rester consciente, je sentais le néant s’emparer de mon esprit, mes forces qui me quittait tandis que je luttais contre lui, contre ce démon plus fort qui voulait ma mort. Je me sentais misérable, impuissante, j’avais envie de crier pour attirer l’attention de quelqu’un mais j’en étais incapable. J’étais devenue muette, comme à chaque fois que je paniquais. Mais ma panique n’est pas fébrile, elle ne dérègle pas la machine trop bien rodée de ma gestuelle, elle ne fait pas dérailler ma voix. Mon souffle se faisait court, je pense que j’étais en train de suffoquer. « Pourquoi Elliot? » hurlai-je finalement, tout en me dégageant brusquement. Je m’étais éloignée de quelques pas, distance de sécurité oblige. Les larmes coulaient à présent sur mes joues, que je ne cherchais même plus à réprimer. Tout combat était inutile, j’en serais toujours la grande perdante. « Pourquoi tu me fais tout ça? Pourquoi à moi alors que je te faisais confiance? Tu penses que je ne suis pas assez détruite à ton goût, il faut peut-être que tu en rajoutes? » C’était à moi de ne plus me maîtriser. De laisser parler mon désespoir, mon cœur qui saignait abondamment. J’étais toujours éloignée de lui, je ne voulais pas m’en approcher. Je pouvais fuir mais je ne le ferai pas. Trop bonne, trop conne. Je ne voulais pas le laisser là, surtout pas dans l’état où il était. Il avait beau m’avoir frappée, il avait beau susciter en moi la peur et le dégoût, je n’arrivais pas à le détester, je m’y étais trop attachée. Je savais que ce n’était pas lui sous ce masque répugnant, jy croyais dur comme fer. Je me sentirais vraiment mal s’il lui arrivait quelque chose de grave après que je l’aie abandonner. Je m’obstinais à vouloir l’aider, tant pis si mon intégrité physique devait y passer. « Viens Elliot, viens avec moi. On rentre. » Nous n’allions pas rentrer à pied. Ces quelques minutes de marche ne feraient que nous enfoncer dans le cauchemar où nous étions tous les deux prisonniers. Il n’était peut-être pas en état de transplaner mais moi oui. Nous transplanerions donc chez lui avant que je ne transplane chez moi. Tout était bientôt fini Elliot. Tu t’effondreras comme une masse dans ton lit, et demain tu ne te souviendras de rien. Ce n’est pas toi qui devras vivre avec ça.
Je ne l’écoutais pas. Je ne l’écoutais plus. Mon cerveau venait de tout censurer, incapable d’enregistrer davantage. Je m’étais mise en veille, une façon comme une autre de me protéger de mon bourreau, même si cela signifiait être au bord de l’inconscience. Je peinais à rester consciente, je sentais le néant s’emparer de mon esprit, mes forces qui me quittait tandis que je luttais contre lui, contre ce démon plus fort qui voulait ma mort. Je me sentais misérable, impuissante, j’avais envie de crier pour attirer l’attention de quelqu’un mais j’en étais incapable. J’étais devenue muette, comme à chaque fois que je paniquais. Mais ma panique n’est pas fébrile, elle ne dérègle pas la machine trop bien rodée de ma gestuelle, elle ne fait pas dérailler ma voix. Mon souffle se faisait court, je pense que j’étais en train de suffoquer. « Pourquoi Elliot? » hurlai-je finalement, tout en me dégageant brusquement. Je m’étais éloignée de quelques pas, distance de sécurité oblige. Les larmes coulaient à présent sur mes joues, que je ne cherchais même plus à réprimer. Tout combat était inutile, j’en serais toujours la grande perdante. « Pourquoi tu me fais tout ça? Pourquoi à moi alors que je te faisais confiance? Tu penses que je ne suis pas assez détruite à ton goût, il faut peut-être que tu en rajoutes? » C’était à moi de ne plus me maîtriser. De laisser parler mon désespoir, mon cœur qui saignait abondamment. J’étais toujours éloignée de lui, je ne voulais pas m’en approcher. Je pouvais fuir mais je ne le ferai pas. Trop bonne, trop conne. Je ne voulais pas le laisser là, surtout pas dans l’état où il était. Il avait beau m’avoir frappée, il avait beau susciter en moi la peur et le dégoût, je n’arrivais pas à le détester, je m’y étais trop attachée. Je savais que ce n’était pas lui sous ce masque répugnant, jy croyais dur comme fer. Je me sentirais vraiment mal s’il lui arrivait quelque chose de grave après que je l’aie abandonner. Je m’obstinais à vouloir l’aider, tant pis si mon intégrité physique devait y passer. « Viens Elliot, viens avec moi. On rentre. » Nous n’allions pas rentrer à pied. Ces quelques minutes de marche ne feraient que nous enfoncer dans le cauchemar où nous étions tous les deux prisonniers. Il n’était peut-être pas en état de transplaner mais moi oui. Nous transplanerions donc chez lui avant que je ne transplane chez moi. Tout était bientôt fini Elliot. Tu t’effondreras comme une masse dans ton lit, et demain tu ne te souviendras de rien. Ce n’est pas toi qui devras vivre avec ça.
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