- InvitéInvité
Je veux bien faire l'effort, de regarder en face, mais mon silence est mort, et le tien me glace. [orphée]
Sam 25 Déc 2010 - 23:16
(c) Lipstick b*tch &Hollow art. |
Se met-elle à ma place quelquefois,
Que faut-il que je fasse, pour qu'elle me voie,
Vivre l'enfer, mourir au combat,
Veux-tu faire de moi, ce que je ne suis pas?
ALDERIC & ORPHÉE. CHAPTER1.
« D’accord, pas de problème. Et désolé pour le dérangement. » L’étudiante m’adressa un sourire tandis qu’elle refermait la porte derrière moi, tandis qu’une profonde déception pouvait se lire sur mon visage dépité. Malgré tout, j’étais resté poli et courtois, remerciant le plus chaleureusement qu’il m’était possible l’inconnue, qui m’avait contemplé d’un air désolé. A présent, je devais me faire à l’idée. Elle n’était plus là. Tout l’espoir que j’avais placé dans cette ultime rencontre, un espoir peut être pour recoller les morceaux, venait de partir en éclats, laissant un goût amer dans ma bouche encore pâteuse de la cuite de hier soir. Je savais que prendre de l’alcool en soirée était déraisonnable, d’autant plus que j’étais incapable de le tenir. Il suffisait d’un ou deux verres pour que l’ivresse me gagne, un ou deux supplémentaires pour que je fasse ce que je ne ferais pas habituellement. A chaque fois que je me réveillais, le lendemain matin, avec une migraine horrible et les membres engourdis, incapable du moindre mouvement sans être pris de nausées, je me disais plus jamais. Plus jamais je ne me laisserai aller à de tels écarts. Et pourtant, inlassablement, je recommençais, comme si je n’avais pas retenu la leçon. Je n’en faisais qu’à ma tête, touchant davantage le fond. Comme si je n’étais pas déjà assez à la dérive comme ça. Et ma déception avait été encore plus grande que j’avais dû m’insuffler toute la volonté du monde pour arriver jusqu’ici, même dans un état précaire. Et j‘avais fait tout cela pour rien. J’aurais dû rester couché, parce que là, j’étais encore plus mal qu’au réveil. Quand on avait la gueule de bois un lendemain de cuite, on avait difficilement envie de faire quelque chose de sa journée. La plupart du temps, on restait couchés, en attendant que ça se passe, non sans avoir pris des cachets contre les maux de tête et les nausées. Je vous dis qu’ils feraient mieux d’inventer un cachet spécial gueule de bois, les laboratoires pharmaceutiques feraient un malheur au vu du nombre affolant de jeunes qui finissaient dans le caniveau après une fête. Seulement, cette invention géniale n’avait pas encore vu le jour, et on devait faire sans. C’était pénible, mais le prix à payer pour les excès. Que faut-il que je fasse, pour qu'elle me voie,
Vivre l'enfer, mourir au combat,
Veux-tu faire de moi, ce que je ne suis pas?
ALDERIC & ORPHÉE. CHAPTER1.
A présent, je ne savais pas où aller, ni quoi faire. J’avais des projets pour l’après-midi, mais il semblerait qu’ils aient tous été annulés par un stupide coup du sort. Je pourrais sortir pour aller à Norwich, ne serait-ce que pour squatter un moment le Dressing Pony tout en étant alerte, ne sait-on jamais, peut-être que pourrais faire quelques rencontres là bas. Mais le pub, généralement, était toujours bondé, occupé par les étudiants d’Hungcalf que je connaissais plus ou moins de vue. Rien de nouveau sous le soleil, donc, même si j’avouerais que l’expression est assez mal choisie au vu des fines gouttes de pluie qui s’écrasaient sur le campus. En soupirant, je rabattis la capuche de mon sweat sur ma tête. J’avais sans doute ridicule affublé de la sorte, mais c’était tout de même mieux que rien, je ne serais pas trempé rien qu’en voulant regagner l’autre bâtiment. Parce qu’à présent, je n’avais aucune envie de retourner m’enfermer dans l‘appart que je partageais désormais avec Isaac. J’avais un furieux besoin de compagnie à combler, sans doute pour alléger les effets de la déception qui m’habitait. Tout comme je pouvais me maudire moi-même. C’était de ma faute si j’étais dans une telle situation. Après tout, j’aurais très bien pu savoir qu’Orphée avait déménagé, si seulement j’avais pris la peine de prendre de ses nouvelles. Seulement, je ne l’avais pas fait. Tant pis pour moi. Je n’avais qu’à pas être aussi lâche, assumer aussi peu mes responsabilités, d’autant plus que j’étais le fautif dans toute cette histoire. Quoiqu’il en soit, depuis que je l’avais aperçue dans un des nombreux couloirs de l’université magique, j’avais nourri la folle idée d’aller la voir, ne serait-ce que pour savoir comment elle allait. Mais Orphée représentait trop de choses pour que le simple fait de lui rendre visite soit parfaitement anodin. Elle était l’un des nombreux éléments qui me rattachaient à mon passé tumultueux et éprouvant, l’un des vestiges de cette période difficile qui avait suivi la mort de mon frère et mon expulsion de la maison.
J’avais longtemps réfléchi avant de prendre cette décision. Je ne savais toujours pas quoi faire, et cette inaction commençait sérieusement à m’emmerder. En fait, j’avais plusieurs options, et aucune ne me paraissait assez satisfaisante. J’avais déjà éliminé la première, qui consistait à aller sonner directement à son ancienne chambre. À glaner ça et là quelques renseignements, j’avais fini par savoir à quel étage elle habitait, avant de me faire gentiment rembarrer par la nouvelle locataire, qui n’avait pas su m’indiquer la nouvelle adresse d’Orphée. A force de persévérance, deux longues heures plus tard, après avoir croiser quelques individus ignorants de la nouvelle situation d’Orphée, j’avais enfin réussi à extirper l’information tant convoitée à l’une des connaissances de la demoiselle. Elle habitait désormais dans l’immeuble de Norwich, et son colocataire n’était autre que Lust Whitaker. Ironie du sort. Je n’avais plus qu’à espérer que ça ne soit pas lui qui m’ouvre la porte. Je devais probablement être fou pour désirer quand même aller faire un saut à leur appartement, quand bien même je savais qu’il était habité par un Whitaker, le cousin de Tatiana qui de plus est, mais l’envie de voir Orphée était plus forte.
Ce fut quand je me retrouvai sur le palier, en face de la porte, le bout de papier m’ayant servi à noter l’adresse serré dans ma poigne que je mesurai l’ampleur du problème. Qu’allais-je lui dire? Parce qu’il était évident que je n’avais rien à dire. Même trois ans après la fin de notre relation de couple. Tant pis. J’improviserai, comme d’habitude. Fermement, j’assénai trois coups à la porte, malgré l’existence de la sonnette sur le côté. Anxieux, j’attendais qu’on daigne bien m’ouvrir. Plus les secondes passaient, et plus le suspense devenait insupportable. Enfin, j’entendis des pas dans le couloir derrière la porte, et le cliquetis du verrou qu’on ouvrait. La tête brune d’Orphée apparut dans l’embrasure de la porte. Je m’efforçais de sourire, conscient que je débarquais probablement comme un cheveu sur la soupe. Je m’éclaircis pitoyablement la gorge, l’air gêné. « Hey, salut. » J’avoue, en guise d’intro, je pouvais largement mieux faire. Mais était-ce le trac qui m’ôtait de la sorte tous mes moyens? « Je euh…je ne te dérange pas? » Après tout, j’étais en droit de poser la question. Si ça se trouvait, elle avait déjà des invités. Dans ce cas, je ne pourrais pas la retenir plus longtemps, même si je n’étais pas vraiment disposé à essuyer une nouvelle déception. Trop, c’est trop. A présent venait l’étape la plus difficile: se justifier, chose que je n’ai jamais été capable de faire sans opposer d’arguments creux et minables, étant assez nul pour plaider ma propre cause. « Cela peut te paraître plutôt étrange, surtout qu’on n’a pas vraiment eu l’occasion de se voir…plus sérieusement, dirons nous. Mais…» Par Merlin…Pourquoi fallait-il que je dissipe toujours mon malaise dans la tchatche? Si c’était pour dire des conneries, autant ne rien dire du tout, non? Je ne faisais que de me rendre ridicule, et ça, c’était vraiment une claque pour mon orgueil. Tant pis. Si je voulais que les choses s’arrangent un tant soit peu, je devais faire preuve d’humilité. « Mais, j’avais envie de venir te voir. Savoir comment tu allais. Bref, prendre de tes nouvelles. » Voilà, on y arrive. C’était si dur que ça, d’être sincère, honnête avec soi-même, sans user de mensonges et de voies détournées pour sauver sa peau? A présent s’ouvrait une autre étape difficile: attendre sa réponse, et l’accepter, quoiqu’elle puisse être. Positive, ou non.
- InvitéInvité
Re: Je veux bien faire l'effort, de regarder en face, mais mon silence est mort, et le tien me glace. [orphée]
Jeu 30 Déc 2010 - 11:49
A deux pas d'ici j'habite |
Alors c’était à cela que je ressemblais. La peau diaphane, des poches gigantesques et violettes, sous les yeux que même le fond de teint ne pourrait pas cacher. Une petite mine de poupée de cire. De petits yeux ronds perdus. Ainsi voilà à quoi je ressemblais après une nuit passée à vomir pour au final s’être endormie sur la cuvette des toilettes. J’en avais même gardé une marque rouge écrevisse sur mon visage pâle. Je ne ressemblais à rien. J’avais ingurgité je ne sais plus combien de verres d’alcool mais il me semble que j’en avais bu bon nombre. Et la cocaïne absorbée laissait sur moi sa marque. Un mince filet de sang venait de faire son apparition quand bien même je venais juste de relever la tête. Ça ne pouvait pas se passer comme ça. Voilà deux semaines que je me mettais a saigner du nez. C’était horrible, je ne savais pas quoi faire et en aucun cas je ne voulais en parler à Lust. Par chance il n’était jamais là quand cela se produisait. Mais j’étais perdue, il n’y avait aucun doute sur ça. Je ne prenais presque plus mes cours, j’avais tendance à m’endormir pendant que les professeurs nous faisaient part de leur long monologue interminable. Je ne sortais presque plus pour voir mes amis, au final je les avais plus ou moins perdu après ce qu’il s’était passé et eux aussi avaient leurs problèmes. Je restais donc à l’appartement en compagnie de ma nouvelle amie dénommé cocaïne.
Le temps est parfois étrange, tant tôt il s’écoule à une vitesse ahurissante, tant tôt il passe d’une façon beaucoup trop lente. J’avais réussi à me lever tant bien que mal, à me débarbouiller, à m’habiller et tout ce qu’une fille aurait pu faire pour que le temps passe plus vite. J’étais souvent fixée devant l’heure qu’affichait le micro-onde, ne sachant jamais trop quoi faire, ni trop ou aller. Je restais plantée là, fixe et immobile, telle une statue de cire. Je m’étais perdue en chemin et personne ne m’avais jamais retrouvée. J’étais portée disparue mais c’était comme si personne ne me cherchait. Invisible. Invisible aux yeux de tous, même à ceux de mon frère, même lui n’était pas foutu de remarquer que mon cas s’était aggravé depuis la dernière fois.. Que d’un rail toutes les semaines j’étais passée à un rail tous les deux jours, puis tous les jours, jusqu’à deux ou trois fois par jour, alors autant dire que j’étais un zombie. Je me sentais abandonnée comme jamais. Et Lust ayant d’autres occupations bien plus intéressantes que celles de jouer à la baby-sitter rentrait de plus en plus tard, parfois jamais ou très peu. J’étais seule, je suis seule, partout où je vais je suis seule, horriblement seule.
Un bon morceau de l’après-midi c’était déjà écoulé quand n’ayant rien d’autre à faire je m’étais décidée à me droguer à nouveau afin que la journée s’achève plus rapidement. J’avais tout préparé, tout était prés, le rail bien droit et surtout bien dosé, c’est dingue comme un seul petit faux pas pouvait si facilement causer votre perte. Tout était près, il ne me restait plus qu’à poser mon nez au dessus de la fine ligne de poudre blanche et d’aspirer un grand coup en pensant que ça allait me faire du bien. C’était autant vrai que faux. Je penchais ma tête au dessus de mon rail quand on frappa trois coups bien distincts à la porte. J’appuyais me doigts contre mes tempes, espérant que la personne repartirait, avant de regretter immédiatement ma pensé. La drogue avait fait de moi, une personne malsaine, tout ce que je ne voulais pas être. J’étais dépendante de la pire cochonnerie qui existait sur terre, et j’étais prête à laisser attendre une personne qui pouvait mettre chère sur le pallier, pour un simple rail de coke. J’étais un monstre. Au final j’en avais tout de même absorbé la moitié, laissant trainer le reste sur la table, de toute façon personne ne s’attardait vraiment ici. Hormis quand il y avait Lust et il n’était pas là. Ça serait donc bref et rapide. Je déverrouillais la porte, avant de l’entre-ouvrir doucement, avec un air serein qui au fond n’était qu’un masque. Avant d’apercevoir un doux visage que je n’avais pas osé voir de si près depuis fort longtemps. « Hey, salut. » Aldéric. Il était là, lui, planté devant ma porte et dire que quelques instants plus tôt j’aurais pu le louper si j’avais décidé d’absorber toute cette poudre dans mon organisme. « Je euh…je ne te dérange pas? » J’affichais un mince sourire sur mon visage. Ô grand jamais il ne m’aurait dérangé, jamais. Il représentait tellement pour moi, et même si ces derniers temps nous n’avions pas été proches pour le moins du monde, il restait tout de même quelqu’un d’important pour moi. Mon premier amour, et il savait tellement de chose que la plupart ignorait. Il avait eu se rôle d’amant et de confident dans ma vie, toute une année à l’aimer avait été pour moi merveilleux, tout ce qu’il m’avait apporté.. Puis un jour tout c’était fini, pas une histoire de lit, ou d’amour, au fond je ne savais même pas pourquoi il était parti. Il ne m’avait pas dit qu’il ne m’aimait plus. Il avait essayé de me faire comprendre, qu’il était mal pour moi, qu’il ne me mènerait nulle part.. Sauf qu’il avait oublié certainement que je l’aimais et que le reste m’importait si peu. Mon cœur avait appris à l’oublier ou du moins à effacer l’amour pur et chaste que je lui portais pour n’en faire qu’un songe, un rêve. Se dire qu’il n’y aurait jamais plus rien. Que toute cette histoire était fini. « Cela peut te paraître plutôt étrange, surtout qu’on n’a pas vraiment eu l’occasion de se voir…plus sérieusement, dirons nous. Mais…» Nous étions toujours sur le pas de la porte. Je m’attardais sur son visage qui avait changé avec le temps, mûri. Qu’il était beau, et cette façon de parler qui ne lui était fidèle qu’à lui. Du genre écoute j’essaie de me racheter mais je ne sais pas quoi dire alors si tu pouvais m’aider ça serait cool. Tu vas pas m’aider c’est ça.. Faut que je me débrouille. Il m’avait fait rire des la première fois ou nous nous étions parlés. Et il n’avait pas changé, du moins pas dans sa façon de s’exprimer. « Mais, j’avais envie de venir te voir. Savoir comment tu allais. Bref, prendre de tes nouvelles. » C’était tellement mignon. Tout ça pour si peu, juste pour moi. Après tant d’années passées sans se voir, sans s’adresser le moindre mot, il était là devant moi. Et tout ce chemin pour savoir comment moi j’allais. « C’est.. Je ne sais pas quoi dire. » Et pour ça c’était plus que vrai. Que dire quand l’homme que vous avez aimé pendant plus d’un an, que vous avez fait semblant d’oublier pendant un temps similaire, se retrouve devant vous pour seulement prendre des nouvelles. J’en étais chamboulée, émerveillée aussi.. Par tout ce courage dont moi je n’aurais jamais osé faire preuve.. Jamais je n’aurais osé lui parler, même pour lui adresser rien qu’un simple bonjour, je n’aurais pas pu. Beau, courageux. Non il n’avait pour le moment pas changé, à moins que ce ne soit le fait que je sois encore un tant soit peu moi, mon ancienne moi avec son bon gros cœur d’artichaut qui aurait craqué rien que parce qu’on lui offrait une rose. Ou encore parce qu’on aurait traversé la rue sous des trombes de pluie juste pour l’embrasser une dernière fois. Au fond j’étais encore cette petite fille qui croyait au prince charmant, sauf qu’au passage je m’étais faite mettre au pied du mur et l’effet procuré m’avait fait tout drôle. Ça avait été juste trop brusque, ce viol, la drogue, toutes ces horreurs. « Je.. Viens.. Y a du café si tu veux, tu vas au moins rentrer prendre un verre ou quelque chose. Enfin tu as du faire du chemin pour me trouver et ça n’a pas du être de tout repos non ? » Je l’invitais alors à entrer, ouvrant un peu plus la porte avant de la refermer derrière lui. Et de le suivre jusqu’au salon. « Je t’en pris fait comme chez toi.. Et par pitié ne fait pas attention au bordel, il y a eu une fête hier et on a pas encore tout rangé.. » C’est fou cette manie qu’on avait tous les deux à se cacher derrière de la parlote pour simplement effacer ce mal être qui pouvait parfois nous subjuguer ou occuper le silence quand aucun de nous ne savait quoi dire. Ou même pour cacher un genre de mensonge, ou bien préserver de quelque chose. Aldéric savait très bien que je n’avais jamais aimé spécialement les fêtes exceptionnellement les soirées ou bals costumés où tout le monde se rendait. Mais les soirées où l’alcool était roi et la drogue sa reine, tout ceci était proscrit pour moi. Certes j’avais toujours l’excuse : LUST, mais pourquoi lui mentir. Il connaissait ce monde, bien mieux que certains, j’avais toujours pu lui parler sans qu’il trahisse ma confiance et je lui accordais encore malgré le mal qu’il y avait pu y avoir dans notre relation. Il restait tout de même une personne digne de confiance, et de toute façon à qui d’autre pourrai-je le dire, sans pour autant me trahir. « Tu veux boire quelque chose ? » Je restais figée entre le meuble où se trouvait les verres et le frigo. Tout en faisant un tour d’horizon, l’appartement était dans un bordel monstre. Des bouteilles à moitié vide, à moitié pleine, étaient dispersées un peu partout dans la pièce, des verres par ci et par là, certains cassés d’autre encore potable. Et je voyais mon rail de coke sur la table, au milieu de tout se remue ménage.. « Et sinon toi ça va ? On m’a dit tellement de chose sur toi.. » J’attrapais un verre, histoire d’avoir quelque chose dans les mains pour ne pas torturer mes doigts, je stressais sans même savoir pour quoi.. Peut-être avais-je peur qu’il remarque alors ce que j’étais devenue, qu’il franchisse à nouveau le pas de la porte mais que cette fois-ci il ne revienne plus pour de bon. Qu’il se fasse une raison que je n’étais plus l’Orphée qu’il avait connu. Qu’il ne m’adresse même plus un regard lors des rares fois où nous nous croisions. J’avais peur qu’il disparaisse de ma vie, même s’il n’avait pas été forcément présent cette dernière année, il n’en reste pas moins que je n’avais pas oublié les un an passé à ses côtés.
- InvitéInvité
Re: Je veux bien faire l'effort, de regarder en face, mais mon silence est mort, et le tien me glace. [orphée]
Ven 14 Jan 2011 - 10:34
C’était réellement la première fois que je la voyais depuis des mois. Des années, dirais-je même. Je l’avais seulement aperçue de loin, dans les couloirs, entre deux cours. Je n’arrivais pas à croire que pendant toute cette période, nous n’avons jamais pu consacrer ne serait-ce que cinq minutes de notre temps à nos retrouvailles. Retrouvailles qui, à mesure que les jours, puis les mois passaient, se faisaient de plus en plus hypothétiques. J’avais fini par l’oublier, tout du moins, pendant un certain temps. Car son souvenir s’imposait à moi sitôt qu’elle apparaissait, pour disparaître encore quelques jours plus tard. Dans cette incessante partie de cache-cache, l’un a bien fini par trouver l’autre. L’instant fatidique était arrivé, et je me retrouvais à présent sur le seuil de sa porte, tout du moins, l’appartement qu’elle partageait avec Lust Whitaker. Bon sang. Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt? Cela avait bien dû faire le tour de la ville que le Grymm avait une nouvelle colocataire, surtout s’il organisait en ces lieux ces fêtes dont il avait le secret, paraît-il. Oui, j’en aurais forcément entendu parler si j’avais été plus attentif aux rumeurs. Seulement, à force d’en entendre de toutes sortes, plus ou moins incongrues, j’avais fini par ne plus du tout y prêter attention. Je m’étais fermé aux rumeurs comme je me fermais plus généralement au monde qui m’entoure. « Je.. Viens.. Y a du café si tu veux, tu vas au moins rentrer prendre un verre ou quelque chose. Enfin tu as du faire du chemin pour me trouver et ça n’a pas du être de tout repos non ? » Mes prunelles ambrées s’attardèrent quelques instants sur sa silhouette chétive. Sa peau bien trop pâle. Son teint terne, ces cernes violacées qui se dessinaient sous ses yeux. Je me plongeai dans son regard azur, quelques secondes seulement. Cela me suffit pour remarquer ses prunelles anormalement dilatées. Combien de fois les miennes l’avaient été? Je ne comptais même plus les fois où je m’étais retrouvé dans un état second, consécutivement à mes prises de drogues dures. Je ne comptais même plus ces moments passés sous silence en raison de ces mêmes stupéfiants, ces instants de ma vie qui ne se résumaient qu’à un foutu point d’interrogation. Ces mêmes instants que j’avais définitivement perdus et qu’il m’était impossible de me réapproprier, ils avaient disparu dans les limbes de ma mémoire, dissous dans je ne sais quel verre d’alcool.
Retour à la réalité. Sa simple vision avait suffi à me laisser songeur, tant et si bien que j’avais été oublieux du temps qui passait. Ce temps précieux qui me filait chaque jour un peu plus entre les doigts. Tant et si bien que cela faisait peut-être bien cinq minutes que j’étais sur ce seuil, on aurait même pu croire que j’avais fini par prendre racine. « Excuse-moi. » murmurai-je simplement, oubliant momentanément les pupilles dilatées de la Summerbee. J’aurais bien le temps de lui poser quelques questions ultérieurement si besoin est. Finalement, j’entrai. Je n’allais pas passer le restant de ma vie sur le pas de cette porte, tout de même. « Je t’en pris fait comme chez toi.. Et par pitié ne fait pas attention au bordel, il y a eu une fête hier et on a pas encore tout rangé.. » Une fête. Ceci expliquait donc cela. La nuit avait sûrement été courte et mouvementée. Les lendemains de cuite, nous n’étions guère reluisants. La démarche de zombie était de rigueur, tout comme l’expression d’outre tombe qui allait de pair. De nombreuses fois, après une nuit d’excès et de débauche, quand je me retrouvais en tête à tête avec le miroir, il m’arrivait de soupirer putain, t’as vraiment abusé, mec! Mais je n’arrêtais pas pour autant, m’enfonçant toujours plus dans mes propres vices. La drogue, à outrance. L’alcool, plus modérément, puisque je n’aimais pas ça. Si je finissais hangover les lendemains de soirée, c’est parce que j’étais davantage défoncé que cuit. Quant au sexe, je n’avais pas à me plaindre. Certes, j’étais bien loin de la chasteté et de pouvoir rentrer dans les ordres, mais quand on regardait mon tableau de chasse, si je pouvais m’exprimer ainsi, l’on se rendait compte qu’il était bien moins garni que celui de bon nombre de mes copains, qui avaient certainement une vie sexuelle plus mouvementée que la mienne. Il se murmurait même depuis quelques temps que je serais devenu frigide, mais je n’avais jamais réellement eu le sang chaud, je choisissais avec soin mes conquêtes, voilà tout. Si au départ, le principe était jamais deux fois la même, au fil du temps c’était devenu l’exception. J’occupais mes soirées comme il se devait, certes, mais je ne faisais que de retrouver les filles dans les bras desquelles je me sentais bien. Breeony, Meteora et Capri avaient été les seules amantes régulières que j’avais jamais eu, et elles me suffisaient amplement.
Et à présent que c’était sérieux entre Breeony et moi, je ne ressentais pas le besoin d’aller voir ailleurs. Je me surprenais même en me montrant fidèle, jamais je n’aurais cru en être capable tant le terme engagement me faisait frémir. « Tu veux boire quelque chose ? » Mes prunelles ambrées se fixèrent encore une fois sur sa frêle silhouette. Je fronçai les sourcils alors que je remarquais son apparence figée. De tels agissements me paraissaient suspects. Comme si elle avait quelque chose à me cacher. Je m’avançai finalement dans la pièce. Jamais je n’aurais cru mettre les pieds ici un jour. C’était…grand. Mais je me doutais bien que la magie y était pour quelque chose. Après tout, la totalité des appartements de l’immeuble présentaient la même configuration, les mêmes dimensions. Si fête il y avait eu la veille, alors une cinquantaine de personnes ne pouvaient pas toutes tenir là dedans, à moins d’être très serrées. C’est dans ces moments là que la magie était pratique, bien que je n’appréciais guère y avoir recours. « Et sinon toi ça va ? On m’a dit tellement de chose sur toi.. » Elle allait finir par se rendre compte que je ne l’écoutais qu’à moitié, perdu dans mes pensées. Je ne l’ignorais pas par pure impolitesse, c’est juste que je n’arrivais pas à contrôler cet assaut de souvenirs et de pensées diverses, lesquelles semblaient aller en s’intensifiant. Mon regard se posa finalement sur la table basse, encore encombrée des vestiges de la fête d’hier soir. Je me crispai légèrement en remarquant le rail de coke perdu parmi tout ce fatras. Sûrement était-ce un des convives qui l’avait oublié là. Ou alors, c’était tout simplement son colocataire. Je fronçai finalement les sourcils. « Des rumeurs…Si seulement le quart de ce qui se disait sur moi était vrai. » Je ne pouvais empêcher une certaine aigreur d’apparaître dans ma voix. Tous ces bruits qui couraient sur moi, en finale, ne m’atteignaient pas. Au contraire, ils ne faisaient que de me blaser toujours plus. Je me frottai nerveusement les tempes. Par où commencer? Tant de choses s’étaient passées depuis…La dernière fois. Je me tournai finalement vers Orphée. « Tu sais…j’ai arrêté toutes ces conneries. » C’était probablement l’une des rares rumeurs qui ne circulaient pas à mon propos. La drogue. L’alcool. Le sexe. Je n’y trouvais plus mon compte. Je ne voulais plus m’y abîmer. Je voulais en finir avec tout ça, me sauver tant qu’il en était encore temps, bien que je n’avais aucun espoir, bien que je pensais être définitivement perdu. « Mais… » Je m’interrompis, presque honteux de ce que j’allais lui révéler alors. « Parfois, c’est trop dur. Tu sais, mon père vient de mourir et je ne vais pas bien. Je suis un foutu paumé, maintenant plus que jamais et… » Je ne comprenais pas pourquoi je lui racontais toutes ces choses. D’autant plus qu’elle devait sûrement s’en foutre. « Parfois, il m’arrive encore d’être faible. Mais ça, personne ne le sait. » Je baissai finalement le regard, penaud. Tentant d’ignorer royalement ce qui avait failli causer ma perte plus d’une fois, et ce dont j’avais encore besoin par intermittence, quand c’était trop dur. On ne pouvait pas oublier des années d’addiction d’un claquement de doigts. C’était humainement impossible. « Tu sais, j’aimerais vraiment redevenir celui que j’étais avant. Tout me paraissait alors tellement simple. » Et je savais qu’elle aussi, aimerait parfois que cet Aldéric revienne. Elle l’avait connu mieux que quiconque, mieux que moi-même je me connaissais à l’époque, c’est dire. Et je savais plus que tout qu’elle seule était capable de le ramener.
Retour à la réalité. Sa simple vision avait suffi à me laisser songeur, tant et si bien que j’avais été oublieux du temps qui passait. Ce temps précieux qui me filait chaque jour un peu plus entre les doigts. Tant et si bien que cela faisait peut-être bien cinq minutes que j’étais sur ce seuil, on aurait même pu croire que j’avais fini par prendre racine. « Excuse-moi. » murmurai-je simplement, oubliant momentanément les pupilles dilatées de la Summerbee. J’aurais bien le temps de lui poser quelques questions ultérieurement si besoin est. Finalement, j’entrai. Je n’allais pas passer le restant de ma vie sur le pas de cette porte, tout de même. « Je t’en pris fait comme chez toi.. Et par pitié ne fait pas attention au bordel, il y a eu une fête hier et on a pas encore tout rangé.. » Une fête. Ceci expliquait donc cela. La nuit avait sûrement été courte et mouvementée. Les lendemains de cuite, nous n’étions guère reluisants. La démarche de zombie était de rigueur, tout comme l’expression d’outre tombe qui allait de pair. De nombreuses fois, après une nuit d’excès et de débauche, quand je me retrouvais en tête à tête avec le miroir, il m’arrivait de soupirer putain, t’as vraiment abusé, mec! Mais je n’arrêtais pas pour autant, m’enfonçant toujours plus dans mes propres vices. La drogue, à outrance. L’alcool, plus modérément, puisque je n’aimais pas ça. Si je finissais hangover les lendemains de soirée, c’est parce que j’étais davantage défoncé que cuit. Quant au sexe, je n’avais pas à me plaindre. Certes, j’étais bien loin de la chasteté et de pouvoir rentrer dans les ordres, mais quand on regardait mon tableau de chasse, si je pouvais m’exprimer ainsi, l’on se rendait compte qu’il était bien moins garni que celui de bon nombre de mes copains, qui avaient certainement une vie sexuelle plus mouvementée que la mienne. Il se murmurait même depuis quelques temps que je serais devenu frigide, mais je n’avais jamais réellement eu le sang chaud, je choisissais avec soin mes conquêtes, voilà tout. Si au départ, le principe était jamais deux fois la même, au fil du temps c’était devenu l’exception. J’occupais mes soirées comme il se devait, certes, mais je ne faisais que de retrouver les filles dans les bras desquelles je me sentais bien. Breeony, Meteora et Capri avaient été les seules amantes régulières que j’avais jamais eu, et elles me suffisaient amplement.
Et à présent que c’était sérieux entre Breeony et moi, je ne ressentais pas le besoin d’aller voir ailleurs. Je me surprenais même en me montrant fidèle, jamais je n’aurais cru en être capable tant le terme engagement me faisait frémir. « Tu veux boire quelque chose ? » Mes prunelles ambrées se fixèrent encore une fois sur sa frêle silhouette. Je fronçai les sourcils alors que je remarquais son apparence figée. De tels agissements me paraissaient suspects. Comme si elle avait quelque chose à me cacher. Je m’avançai finalement dans la pièce. Jamais je n’aurais cru mettre les pieds ici un jour. C’était…grand. Mais je me doutais bien que la magie y était pour quelque chose. Après tout, la totalité des appartements de l’immeuble présentaient la même configuration, les mêmes dimensions. Si fête il y avait eu la veille, alors une cinquantaine de personnes ne pouvaient pas toutes tenir là dedans, à moins d’être très serrées. C’est dans ces moments là que la magie était pratique, bien que je n’appréciais guère y avoir recours. « Et sinon toi ça va ? On m’a dit tellement de chose sur toi.. » Elle allait finir par se rendre compte que je ne l’écoutais qu’à moitié, perdu dans mes pensées. Je ne l’ignorais pas par pure impolitesse, c’est juste que je n’arrivais pas à contrôler cet assaut de souvenirs et de pensées diverses, lesquelles semblaient aller en s’intensifiant. Mon regard se posa finalement sur la table basse, encore encombrée des vestiges de la fête d’hier soir. Je me crispai légèrement en remarquant le rail de coke perdu parmi tout ce fatras. Sûrement était-ce un des convives qui l’avait oublié là. Ou alors, c’était tout simplement son colocataire. Je fronçai finalement les sourcils. « Des rumeurs…Si seulement le quart de ce qui se disait sur moi était vrai. » Je ne pouvais empêcher une certaine aigreur d’apparaître dans ma voix. Tous ces bruits qui couraient sur moi, en finale, ne m’atteignaient pas. Au contraire, ils ne faisaient que de me blaser toujours plus. Je me frottai nerveusement les tempes. Par où commencer? Tant de choses s’étaient passées depuis…La dernière fois. Je me tournai finalement vers Orphée. « Tu sais…j’ai arrêté toutes ces conneries. » C’était probablement l’une des rares rumeurs qui ne circulaient pas à mon propos. La drogue. L’alcool. Le sexe. Je n’y trouvais plus mon compte. Je ne voulais plus m’y abîmer. Je voulais en finir avec tout ça, me sauver tant qu’il en était encore temps, bien que je n’avais aucun espoir, bien que je pensais être définitivement perdu. « Mais… » Je m’interrompis, presque honteux de ce que j’allais lui révéler alors. « Parfois, c’est trop dur. Tu sais, mon père vient de mourir et je ne vais pas bien. Je suis un foutu paumé, maintenant plus que jamais et… » Je ne comprenais pas pourquoi je lui racontais toutes ces choses. D’autant plus qu’elle devait sûrement s’en foutre. « Parfois, il m’arrive encore d’être faible. Mais ça, personne ne le sait. » Je baissai finalement le regard, penaud. Tentant d’ignorer royalement ce qui avait failli causer ma perte plus d’une fois, et ce dont j’avais encore besoin par intermittence, quand c’était trop dur. On ne pouvait pas oublier des années d’addiction d’un claquement de doigts. C’était humainement impossible. « Tu sais, j’aimerais vraiment redevenir celui que j’étais avant. Tout me paraissait alors tellement simple. » Et je savais qu’elle aussi, aimerait parfois que cet Aldéric revienne. Elle l’avait connu mieux que quiconque, mieux que moi-même je me connaissais à l’époque, c’est dire. Et je savais plus que tout qu’elle seule était capable de le ramener.
- Contenu sponsorisé
|
|