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Ashley} Mourning is hard to wear ¤ 10 février 2017
Mar 28 Fév 2017 - 13:50
Mourning is hard to wear ¤ 10 février 2017
Or is it guilt? It’s too painfull. What Iam I supposed to do ? How… I havent’ spoke to him since…
ft. Séraphina Blackwood & Ashley Penwood
Il est mort… Tu ne sais pas comment, tu n’as pas osé demander à Mina et Lucy quand tu as appris la nouvelle après l’épreuve. A dire vrai, tout ce que tu as pu faire, c’est t’écrouler et pousser un hurlement terrible jusqu’à ce que tes cordes vocales te lâchent. Tu les as tellement abîmées qu’aujourd’hui, quinze jours après son décès, tu n’as toujours pas retrouvé ta voix. Tu parles encore comme une vieille casserole rouillée. Tu n’es pas retournée en cours, non plus, même si tes camarades, à commencer par Coleen, t’incitent à le faire, disant que ça te fera du bien. Mais non. Tu en es incapable. Tout ce que tu arrives à faire, c’est à te lever pour aller aux petits coins et boire un peu d’eau. De temps en temps, tu manges un morceau de pain que t’amène ton amie avec d’autres denrées. Mais tu n’en regardes aucune, tu as perdu goût à tout. Aujourd’hui, pourtant, tu te lèves. Tu as besoin de voir Lucy, de parler avec elle. D’un côté, tu lui en veux. Après tout, elle a tourné le dos à Alphonse pour sortir avec Adrian. De l’autre… Tu es encore plus fautive qu’elle, depuis Noël que tu évitais ton frère. Un sourire amer se dessine sur ton visage blême alors que tu enfiles les premiers vêtements qui te tombent sous la main. Tu attaches tes cheveux en un chignon mal fait. Tu t’en fous, ils sont crades, de toute façon… Et tu quittes ton dortoir pour te diriger vers celui des jaunes. La nuit est tombée dehors. L’heure du couvre-feu est sans doute déjà passée, mais tu t’en moques. Tu avances sans prendre de précautions particulières. Et là, arrivée devant la porte, tu ne sais pas quoi faire. Alors tu frappes et tu attends que quelqu’un t’ouvre la porte. Avec un peu de chance, une personne que tu connais…
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Re: Ashley} Mourning is hard to wear ¤ 10 février 2017
Mar 28 Fév 2017 - 15:30
Il était tard dans la nuit très tard. Et manque de chance je n'avais pas vu l'heure passer... J'avais travaillé toute la journée dans les serres sur les propriétés du Chou mordeur de Chine, à écrire mon rapport et le temps que je lève les yeux de mes notes... Il faisait déjà nuit! Le couvre-feu était levé depuis un long moment et si je ne voulais pas une énième remontance sur "l'importance de respecter le couvre-feu bla" je devais faire profil bas. Faisant profil bas, j'entrepris de me diriger vers les dortoirs... Tout le château baignait dans un silence rassurant et mon étourderie était en passe de passer inaperçue. C'est alors que j'arrivais devant la porte que Mabelle me souffla: "Tu n'es pas seul". Aie. Adieu rêves de discrétion. Je me raidis et fermais les yeux en attendant l'inévitable... Une seconde, deux secondes, cinq... Interloqué, j'ouvris les yeux. Une silhouette à la tignasse brune se tenait devant la porte. Elle ne ressemblait en aucun cas à un membre du corps enseignant. Je me détendis un peu sans pour autant comprendre la situation. Y'avait-il d'autres représentants de l'espèce de tête en l'air à laquelle j'appartiens? L'inconnue entreprit alors de frapper à la porte. Voilà qui devenait de plus en plus bizzare. Je regardais ma montre: 1: 35 AM. Normalement tout le monde dort à cette heure là. Parmi toutes les hypothèses qui me vinrent à l'esprit, celle du nouvel élève perdu me semblait la plus plausible. Bon je n'ai pas pour habitude de jouer les bons samaritains... Mais je n'allais pas non plus laisser quelqu'un dans un couloir en pleine nuit. D'autant plus que je devais passer par ledit couloir. J'entrepris alors de m'approcher de l'inconnue d'une heure et demie du matin. Arrivé à sa hauteur, je l'interpellais: "Bonsoir, vous vous êtes perdue?"
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Re: Ashley} Mourning is hard to wear ¤ 10 février 2017
Mar 28 Fév 2017 - 15:41
Mourning is hard to wear ¤ 10 février 2017
Or is it guilt? It’s too painfull. What Iam I supposed to do ? How… I havent’ spoke to him since…
ft. Séraphina Blackwood & Ashley Penwood
Tu es tellement perdue dans ton chagrin, les larmes ruisselant sur tes joues parce que tu t’attendais presque à ce que la porte s’ouvre sur ton frère que tu n’entends pas la personne qui s’approche derrière toi. Du moins, pas jusqu’à ce qu’elle prenne la parole. Tu sursautes alors et te tournes vers elle, comme prise en faute. Sur le coup, tu n’as pas reconnu la voix de la jeune fille. Très jeune, d’ailleurs. Sans doute une première année à entendre le timbre. Lorsque tu te retournes et que tu distingues son visage, ses traits te semblent vaguement familiers. Parce que tu l’as déjà croisée dans les couloirs ici, à Hungcalf. Pour ceux de Poudlard, votre différence d’âge est trop grande pour que tu te souviennes vraiment d’elle.
« Je… Euh… Non, je ne suis pas perdue. Je venais voir mon f… » Tu t’interromps au moment même où tu te rends compte de l’énormité de ce que tu allais dire et te mords la lèvre. Non… Tu n’es pas là pour voir ton frère. Ton frère, il n’est plus là. Il est mort. Tu prends une grande inspiration tremblante avant de te racler la gorge et de reprendre la parole d’une voix toujours éraillée : « Je… Est-ce que Lucy ou Whilelmina est là ? » Difficile de croire, lorsque l’on t’entend parler que tu fais partie de la chorale de l’université. Mais c’est bien le cadet de tes soucis depuis ce funeste jour de janvier. Quant aux deux jeunes filles, si elles sont dedans, il est fort probable que cette jeune Summerbee n’en sache rien, puisqu’elle vient de l’extérieur de la salle commune. Ce que tu peux être bête, parfois…
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Re: Ashley} Mourning is hard to wear ¤ 10 février 2017
Mar 28 Fév 2017 - 17:49
À la seconde ou l'inconnue se retourna en sursaut, je vis un visage inondé de larmes. Était-elle blessée? À première vue ses vêtements ne présentaient aucune trace de sang et aucune contusion n'était visible. Je relevais alors mes yeux, mon regard croisant le sien. Et c'est instant que l'évidence me frappa: ses yeux exprimaient une peine indicible. Du regret, de la haine peut être? Je ne saurais dire.
Alors que j'écoutais sa courte explication, je me revoyais quelques années en arrière, devant mon miroir, deux rivières en guise de joues, les yeux remplis de vide. Je fis vite taire la petite voix qui m'incitait à la prudence. Cette personne avait besoin d'aide! Je lui offris alors de me suivre. J'ouvrais la porte du dortoir sans même m'en apercevoir. La salle commune offrait plein de canapés et de fauteuils en tous genres, et je l'assis dans le premier qui passait à m'a portée. Une fois l'inconnue, quoi que son visage me disait vaguement quelque chose, se fut installée dans la pillé de coussins qui servait de rembourrage, je lui dis:
"Elles ne sont pas là ce soir j'ai entendu quelque chose à propos d'une soirée clandestine. Mais qu'est-ce qui t'arrive? Attends bouge pas je vais te chercher un verre d'eau!" Je courus jusqu'au lavabo le plus proche et revins à la hate vers l'inconnue non sans attraper au passage au couverture aux (immondes?) reflets saumon mais le temps n'était pas aux pinaillages.
Mon accablé n'avait pas changé d'endroit. Elle s'était contenté de m'attendre. J'entrepris alors de lui tendre le verre d'eau et je la recouvris de la laide-mais-providentielle couverture. À présent j'hésitais sur la suite des opérations. Devais-je la laisser seule et partir à la recherche des filles ou bien ne serait-il point plus sage de rester à son chevet? Dans le doute, je la décision de rester fut prise. Lucy et Whilelmina finiraient bien par revenir de toute manière. Dieu seul sait dans quel état.
"ça va?" demandais-je. Je me maudis sur le champ pour l'idiotie de ma question. Bien sur que ça va pas. Décidément je n'en ratais pas une...
Alors que j'écoutais sa courte explication, je me revoyais quelques années en arrière, devant mon miroir, deux rivières en guise de joues, les yeux remplis de vide. Je fis vite taire la petite voix qui m'incitait à la prudence. Cette personne avait besoin d'aide! Je lui offris alors de me suivre. J'ouvrais la porte du dortoir sans même m'en apercevoir. La salle commune offrait plein de canapés et de fauteuils en tous genres, et je l'assis dans le premier qui passait à m'a portée. Une fois l'inconnue, quoi que son visage me disait vaguement quelque chose, se fut installée dans la pillé de coussins qui servait de rembourrage, je lui dis:
"Elles ne sont pas là ce soir j'ai entendu quelque chose à propos d'une soirée clandestine. Mais qu'est-ce qui t'arrive? Attends bouge pas je vais te chercher un verre d'eau!" Je courus jusqu'au lavabo le plus proche et revins à la hate vers l'inconnue non sans attraper au passage au couverture aux (immondes?) reflets saumon mais le temps n'était pas aux pinaillages.
Mon accablé n'avait pas changé d'endroit. Elle s'était contenté de m'attendre. J'entrepris alors de lui tendre le verre d'eau et je la recouvris de la laide-mais-providentielle couverture. À présent j'hésitais sur la suite des opérations. Devais-je la laisser seule et partir à la recherche des filles ou bien ne serait-il point plus sage de rester à son chevet? Dans le doute, je la décision de rester fut prise. Lucy et Whilelmina finiraient bien par revenir de toute manière. Dieu seul sait dans quel état.
"ça va?" demandais-je. Je me maudis sur le champ pour l'idiotie de ma question. Bien sur que ça va pas. Décidément je n'en ratais pas une...
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Re: Ashley} Mourning is hard to wear ¤ 10 février 2017
Mer 1 Mar 2017 - 23:46
Mourning is hard to wear ¤ 10 février 2017
Or is it guilt? It’s too painfull. What Iam I supposed to do ? How… I havent’ spoke to him since…
ft. Séraphina Blackwood & Ashley Penwood
Comme un pantin, tu suis la demoiselle dans la salle commune des Summerbee. Des tas de souvenirs t’assaillent à peine un pied posé dans les lieux. Tu chancelles sans même t’en rendre compte et l’adolescente t’installe dans un fauteuil duquel tu ne bouges plus. Rien. Pas un orteil, pas un cil, rien. Tu es comme figée sur le mode pause alors que tu attends qu’elle te réponde. Et, lorsque c’est fait, tu la regardes sans comprendre. Une fête ? Vraiment ? Si cela ne t’étonne pas de la part de Mina la fêtarde, un peu plus de Lucy. Après, ta jeune amie a peut-être voulu changer les idées de la plus âgée du groupe ? Ou alors peut-être s’agit-il d’une autre Lucy et d’une autre Mina ? Si ça se trouve, la jeune fille a mal compris les prénoms que tu as donnés. Si elle est en première année, comme tu en as l’impression, elle ne connait peut-être pas tout le monde, encore. Après tout, Hungcalf renferme des jeunes gens sur dix années d’étude !
Lorsqu’elle revient, tu n’as pas bougé d’un iota. A peine as-tu cligné des yeux. La jeune fille te tend un verre d’eau, que tu attrapes sans le boire et pose sur toi une couverture dont tu ne regardes même pas la couleur. Tu bats légèrement des paupières alors qu’elle te demande si ça va. De nouveau, tu la regardes sans comprendre avant de dire : « Mon frère… Il est à Summer… était à Summerbee. Il est… Mort pendant la première épreuve. » Ton ton est haché. Les mots ont du mal à sortir. Parler d’Alphonse au passé, c’est terrible pour toi. Tu te rends compte que la perte de ta mère a été une épreuve nettement plus facile pour toi. Tes pensées s’envolent un instant vers Ophélia et la façon dont elle a vécu la mort de Sofia et le coma de Dolly. Peut-être pourra-t-elle t’aider un peu à gérer ton chagrin ?
- Spoiler:
- [Mina quittant le forum et ayant décidé que sa miss n'avait jamais existé, je suis partie du principe que tu avais mal compris le prénom, et que tu parlais d'une autre Lucy. Sinon, ça imposait de modifier nos posts^^ désolée pour la petite attente]
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Re: Ashley} Mourning is hard to wear ¤ 10 février 2017
Ven 3 Mar 2017 - 15:22
« Mon frère… Il est à Summer… était à Summerbee. Il est… Mort pendant la première épreuve. » Ah merde. À l’annonce de cette nouvelle, le temps semble s’arrêter. Et l’espace d’un flash lumineux, me voici revenue au temps de l’orphelinat quand Suzanne s’était une fois blottie contre moi lors d’un orage. Elle qui d’habitude était si forte, éclatait en sanglots dans mes bras. Ce fut cette nuit-là que je sus pour sa mère et la mort tragique qui, sans crier gare, l’avait foudroyé d’un seul coup. « Ce n'est pas juste » me hurlait-telle entre deux sanglots. « Mère était une femme pieuse qui aidait son prochain ! Jamais ! Tu m’entends ? Jamais elle n’a manqué une messe… maman… ». Tantôt elle laissait aller son chagrin, tantôt elle fulminait contre ce destin impur. Elle n’avait alors cesse de me marteler de (faibles) coups de poing durant de longues minutes en hurlant un flot d’obscénités sans fin. Et lorsque, à bout de souffle, sa colère retombait enfin, c’était pour repartir en larmes de plus belle. Je suis resté sans rien dire à la serrer contre moi, jusqu’à ce qu’elle se calme enfin. Voire mon amie craquer à ce point m’avait vraiment bouleversé.
Cela faisait trois ans depuis le décès de la mère de Suzanne. Je croyais qu’elle était dotée d’une force de caractère incroyable, qu’elle avait pris sur elle pour s’occuper de son petit frère et qu’elle avait accepté courageusement la mort de sa mère… Il n’en était rien. En fait, Suzanne a juste pris une immense agrafeuse et a maladroitement colmaté les milliards de déchirures de son cœur. Mais ces sutures de fortune étaient fragiles et ce n’était qu’une question de temps avant que la pression accumulée fasse sauter le tout. Cette nuit-là, je me suis fait le serment de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour lui permettre d’avancer, de s’en remettre. Durant les années qui ont suivi, nous sommes devenues très proches. Et à force de rire, de bonne humeur de patience et de pleurs, Suzanne a pu s’en remettre. Mais ça ne l’a pas empêché de me laisser tomber comme tous les autres… Je me souviens encore du gout amer qu’a laissé la trahison dans ma gorge. Quelle brulure, quelle torture ce fut.
Et me voici, 8 ans plus tard, confronté à une parfaite inconnue qui vit à peu de chose près les mêmes tourments que ma prétendue « amie » d’autres fois … Je recule d’un pas, pour ne pas céder au maelstrom de sentiments qui m’assaillent. D’un côté je sais ce qu’elle ressent, je voudrais lui parler, la consoler, venir en aide de toute mon âme. Pourquoi ? Parce que je sais ce que c’est la tristesse, je l’ai vécue, sous une autre forme certes mais au final, je veux juste l’aider par pur altruisme. Et peut-être aussi que je possède moi aussi encore quelques agrafes qui n’attendent que de sauter. Peut-être que dans ce malheur je vois quelqu’un qui serait enfin à même de me comprendre et par la même occasion une opportunité de rompre ma solitude, ne serait-ce que brièvement. Mais d’un autre côté…
Je n’ai aucune garantie de ce qui va se passer pour la suite. C’est immonde ce que je vais avouer mais j’ai peur. J’ai envie de partir, de prétendre ne rien avoir vu quitte à passer pour une sadique de première. Ce n’est pas le fait qu’elle puisse me rejeter si je m’ouvre à elle qui m’effraie, mais bien l’inverse ! Mettons que j’essaie de la consoler, que ça ne marche pas et qu’elle me laisse là en plan bah ça va je peux vivre avec. Mais mettons que ça ait marché, qu’on devienne super proches ou simplement amies… et qu’un jour… cette personne me laisse aussi tomber. Je me connais : dès que je m’attache à quelqu’un c’est à vie et plus jamais je ne veux revivre de telles trahisons. J’ai toujours entretenu avec la plus grande majorité des gens que j’ai côtoyés des rapports strictement professionnels justement pour cette raison…
Oui enfaite j’ai sérieusement envie de m’enfuir au loin. D’aller chercher Lucy ! ça semble une bonne idée après tout elle ne peut pas être bien loin. C’est elle que mon accablée cherche avant tout ! Un deuxième pas en arrière… Je peux survivre seule, l’enfer c’est les autres…
« C’est ainsi que tu veux être ? Une esclave de tes peurs ? »
Non bien sûr mais faut comprendre que là…
« Ben voyons ! Depuis toujours tu fuis. Tu te caches derrière tes excuses, tu te mens et renies la réalité ! Ashley, je suis cette voix qui crie depuis toujours dans ton être. Celle que tu n’écoutes jamais et pourtant tu sais que j’ai raison. En ce moment même, nous ne sommes que des coquilles vides, bonnes à simplement interagir avec les autres. Pourquoi persister à laisser cette solitude nous dévorer ? Au nom de la survie ? Pathétique ! C’est cette isolation qui nous tuera à la longue ! Le temps de la survie est révolu, Ash. À présent, brise ces chaines qui te retiennent, et laisse faire ton instinct ! »
Les paroles de la voix résonnent dans ma tête comme une vérité absolue. Alors je m’avance vers la fille. Sans dire un mot. J’ai le ventre si serré que j’ai l’impression que je vais vomir. Et si elle ne voulait pas de moi ? Et si tout ceci était vain ? Mais je tiens bon. Je finis de parcourir les derniers centimètres qui me séparent d’elle et je la prends dans mes bras. Pour la consoler tout simplement. J’ignore totalement comment elle va interpréter ceci. Mais j’ai le sentiment d’avoir fait le bon choix.
Cela faisait trois ans depuis le décès de la mère de Suzanne. Je croyais qu’elle était dotée d’une force de caractère incroyable, qu’elle avait pris sur elle pour s’occuper de son petit frère et qu’elle avait accepté courageusement la mort de sa mère… Il n’en était rien. En fait, Suzanne a juste pris une immense agrafeuse et a maladroitement colmaté les milliards de déchirures de son cœur. Mais ces sutures de fortune étaient fragiles et ce n’était qu’une question de temps avant que la pression accumulée fasse sauter le tout. Cette nuit-là, je me suis fait le serment de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour lui permettre d’avancer, de s’en remettre. Durant les années qui ont suivi, nous sommes devenues très proches. Et à force de rire, de bonne humeur de patience et de pleurs, Suzanne a pu s’en remettre. Mais ça ne l’a pas empêché de me laisser tomber comme tous les autres… Je me souviens encore du gout amer qu’a laissé la trahison dans ma gorge. Quelle brulure, quelle torture ce fut.
Et me voici, 8 ans plus tard, confronté à une parfaite inconnue qui vit à peu de chose près les mêmes tourments que ma prétendue « amie » d’autres fois … Je recule d’un pas, pour ne pas céder au maelstrom de sentiments qui m’assaillent. D’un côté je sais ce qu’elle ressent, je voudrais lui parler, la consoler, venir en aide de toute mon âme. Pourquoi ? Parce que je sais ce que c’est la tristesse, je l’ai vécue, sous une autre forme certes mais au final, je veux juste l’aider par pur altruisme. Et peut-être aussi que je possède moi aussi encore quelques agrafes qui n’attendent que de sauter. Peut-être que dans ce malheur je vois quelqu’un qui serait enfin à même de me comprendre et par la même occasion une opportunité de rompre ma solitude, ne serait-ce que brièvement. Mais d’un autre côté…
Je n’ai aucune garantie de ce qui va se passer pour la suite. C’est immonde ce que je vais avouer mais j’ai peur. J’ai envie de partir, de prétendre ne rien avoir vu quitte à passer pour une sadique de première. Ce n’est pas le fait qu’elle puisse me rejeter si je m’ouvre à elle qui m’effraie, mais bien l’inverse ! Mettons que j’essaie de la consoler, que ça ne marche pas et qu’elle me laisse là en plan bah ça va je peux vivre avec. Mais mettons que ça ait marché, qu’on devienne super proches ou simplement amies… et qu’un jour… cette personne me laisse aussi tomber. Je me connais : dès que je m’attache à quelqu’un c’est à vie et plus jamais je ne veux revivre de telles trahisons. J’ai toujours entretenu avec la plus grande majorité des gens que j’ai côtoyés des rapports strictement professionnels justement pour cette raison…
Oui enfaite j’ai sérieusement envie de m’enfuir au loin. D’aller chercher Lucy ! ça semble une bonne idée après tout elle ne peut pas être bien loin. C’est elle que mon accablée cherche avant tout ! Un deuxième pas en arrière… Je peux survivre seule, l’enfer c’est les autres…
« C’est ainsi que tu veux être ? Une esclave de tes peurs ? »
Non bien sûr mais faut comprendre que là…
« Ben voyons ! Depuis toujours tu fuis. Tu te caches derrière tes excuses, tu te mens et renies la réalité ! Ashley, je suis cette voix qui crie depuis toujours dans ton être. Celle que tu n’écoutes jamais et pourtant tu sais que j’ai raison. En ce moment même, nous ne sommes que des coquilles vides, bonnes à simplement interagir avec les autres. Pourquoi persister à laisser cette solitude nous dévorer ? Au nom de la survie ? Pathétique ! C’est cette isolation qui nous tuera à la longue ! Le temps de la survie est révolu, Ash. À présent, brise ces chaines qui te retiennent, et laisse faire ton instinct ! »
Les paroles de la voix résonnent dans ma tête comme une vérité absolue. Alors je m’avance vers la fille. Sans dire un mot. J’ai le ventre si serré que j’ai l’impression que je vais vomir. Et si elle ne voulait pas de moi ? Et si tout ceci était vain ? Mais je tiens bon. Je finis de parcourir les derniers centimètres qui me séparent d’elle et je la prends dans mes bras. Pour la consoler tout simplement. J’ignore totalement comment elle va interpréter ceci. Mais j’ai le sentiment d’avoir fait le bon choix.
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