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I want to see you crystal clear [soren/jack]
Lun 9 Oct 2017 - 22:15
soren & jaclyn Des éclaboussures écarlates. Un sentiment de peur. De l’écarlate à nouveau. Des bruits de pas dans la nuit, de respiration haletante. Des muscles qui se tendent. Un flash de rouge. Et plus rien. C’était ce que Jack avait vu lorsque son épaule était venu se cogner par inadvertance contre un grand homme blond, il y a quelques temps déjà, dans une allée du campus. Elle ne se souvenait même plus de quand c’était, ni où, ni du moment de la journée, mais l’homme, lui, était resté gravé dans sa mémoire en détail jusqu’à la moindre pore de son nez ou pli de ses doigts. Elle avait été plongée dans un profond malaise, si bien que le temps qu’elle s’en remette il était déjà parti. Ce n’était pas d’avoir une vision inopinée qui la mettait mal à l’aise, ça lui arrivait de temps à autre, c’était la force de cette dernière. Elle avait quelque chose de terrifiant, rien de visible car elle ne voyait souvent pas de chose très claire, mais une émotion sombre, mortifère, dangereuse. Les jours qui avaient suivi, il lui suffisait d’y repenser ne serait-ce qu’un instant pour qu’elle sente son coeur s’emballer soudainement et qu’elle doive calmer sa respiration. Soit l’homme qu’elle avait croisé cachait quelque chose, quelque chose de vraiment pas net, soit il était en danger. Mais un sentiment diffus l’orientait sur la première proposition. Jack n’avait pas arrêté d’y repenser. Elle voulait savoir, elle détestait rester ainsi dans l’ignorance. Elle était restée à l’affût lors de ses promenades dans le campus, pendant un temps du moins, en espérant l’apercevoir quelque part. Mais rien. Et elle n’avait aucune information pour aller jusqu’au bout de son entêtement. Donc elle avait un peu laissé tomber. Or s’il y avait bien une règle à ce monde qui tournait généralement n’importe comment selon elle, c’était que le meilleur moyen de trouver quelque chose, c’est d’arrêter de le chercher. C’était cette règle cruelle de l’univers, elle pensait, qui l’empêchait de découvrir qui était son père. Car elle n’arrivait pas à arrêter de le chercher. Par contre, c’était bel et bien en ce jour où l’homme blond ne traînait plus que très lointainement dans ses pensées que leurs chemins allaient venir à se croiser. Tout cela dû au hasard. Enfin, au hasard… C’était un fait connu que Jack était probablement l’une des personnes les plus bordéliques et tête en l’air du monde sorcier, ou peut-être même de la terre. C’était ainsi qu’elle avait réussi à perdre la moitié de ses affaires scolaires, et notamment de son attirail pour les potions, en à peine un mois de classe. Elle devait donc passer son samedi après-midi à Myrddin Wyllt afin de se procurer à nouveau tout ce qui lui manquait, alors qu’elle aurait préféré faire autre chose. Mais allons bon, elle s’accommodait de ce shopping improvisé. Jack n’était pas efficace. Elle traînait à travers les magasins en regardant chaque petit détail, en passant son regard à travers chaque bocal, et en touchant le moindre petit objet. Autant dire qu’une mésaventure lui arriverait probablement un jour vu tous les trucs louches qui traînaient dans les recoins les plus sombres des boutiques sorcières. Mais bon, cela serait pour une autre fois. Cette fois-ci, rien ne lui était arrivé, elle était sortie de la dernière boutique et se baladait maintenant dans le quartier après avoir fait envoyer tout son nouvel attirail dans sa chambre universitaire. Elle se laissa un moment pour apprécier les bruits des voix résonnant dans la rue, les lumières rougeâtres du jour qui baissait et cette légère mélancolie de la déambulation solitaire, puis finalement s’engouffra dans le premier pub venu. Il y avait déjà du monde, pour une heure pareille, elle ne doutait pas que plus tard dans la soirée on pourrait à peine bouger un bras à l’intérieur. Mais comme d’habitude par contre, elle dénotait. Avec son pantalon rouge à motifs bariolés, son chemisier à volant de grand-mère ainsi que ses sabots à talons hauts style seventies qui auraient très bien pu être portés par une version drag queen de Robert Plant, elle égayait la salle, d’une certaine manière. Elle regarda à peine autour d’elle et fila au comptoir commander une bièreaubeurre. Histoire de se désaltérer, voyez. Le temps que celle-ci arrive, elle se tourna pour s’adosser contre le comptoir et détailler la salle du regard. Histoire de voir si elle connaissait quelqu’un ; et puis même, elle aimait bien observer les gens. Soudain, son regard fut attiré par un homme de l’autre côté du comptoir. Son sang se glaça avec une telle force que le barman dû lui répéter trois fois qu’il avait servi sa boisson avant qu’elle ne lui lance un regard. C’était l’homme de l’autre fois, elle n’avait pas l’ombre d’un doute là-dessus. Ses doigts agrippèrent sa chope de bière avec détermination. Elle n’allait pas passer cette chance de satisfaire sa curiosité, il y avait quelque chose de pas clair là-dessous et elle voulait savoir quoi. Enfin, cela c’était ce qu’elle se disait à elle-même pour se convaincre qu’elle agissait parfaitement logiquement. En vérité, Jack se sentait aussi irrésistiblement fasciné par la potentialité du danger, de s’approcher de quelque chose de sombre. Elle avait toujours eu cette part de noirceur en elle qui était attiré comme un aimant par tout ce qui était semblable. D’où les sciences occultes, la magie ancienne… Mais elle devait y aller finement. Il ne s’agissait pas d’aller voir l’homme pour lui dire “hey, tu as l’intention de tuer quelqu’un, genre, dans un futur proche ? ou tu l’as déjà fait peut-être ?”, ou quoi que ce soit dans ce style. Jack se dirigea vers lui avec un léger sourire et posa sa chope et ses fesses juste à côté. Elle plongea son regard dans le sien en plissant les yeux, avant de soulever un sourcil. “Dis, on se connaît, non ?” Drôle de manière de s’adresser à un inconnu, vous me direz, mais il ne fallait pas trop en demander à Jack non plus. Elle n’était pas très douée pour les enjolivements de la politesse et de la bienséance. Selon son expérience, ce n’était un frein pour les autres que pendant un court moment. Enfin, la plupart du temps. Et s’il décidait de se barrer, là, devant elle, et de lui filer entre les doigts, elle risquait de regretter peut-être son manque de politesse. Mais cela se saurait depuis longtemps si elle réfléchissait ainsi avant d’agir... "i know there's a place you walked where love falls from the trees. my heart is like a broken cup, I only feel right on my knees." (@the who // beerus) I want to see you crystal clear |