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courage is not the absence of fear, it's the triumph over it (emma)
Jeu 7 Déc 2017 - 1:27
it's the triumph over it
Emma & Gareth
Bureau de Gareth Silverman, une semaine plus tôt, 16h25 ➤ Un rayon de soleil illumina la spacieuse pièce dont Gareth Silverman avait fait son repaire : hauts plafonds, murs tapissés de bibliothèques regorgeant de nombreuses dizaines de livres rigoureusement classés, et, au centre de la pièce, directement éclairé par le rayon, un vaste bureau habituellement orné d’une unique lampe, mais sur lequel l’on pouvait trouver aujourd’hui une pile de parchemins, une plume et un verre de cristal. Fatigué de sa journée, Gareth était attablé à son bureau, balayant du regard ce qui lui semblait être la cent-cinquantième copie de la journée. Comme pour se donner du courage, il prit une gorgée de son fidèle verre de Whisky Pur Feu et tenta tant bien que mal de se concentrer sur le ramassis d’inepties qu’il avait sous les yeux. S’il comptait parmi ses étudiants une poignée d’éléments brillants, force lui était de constater que l’écrasante majorité d’entre eux étaient à peu près aussi appliqués qu’une bande de lutins des Cornouailles, et il en faisait les frais à chaque fois qu’il posait les yeux sur les imbécilités qu’ils avaient l’audace de lui rendre lorsqu’il leur donnait un travail à faire. Passablement de mauvaise humeur, comme c’était souvent le cas ces derniers temps, Gary peinait à progresser dans sa correction, alors que trottait dans sa tête une seule et unique envie : finir cette bouteille de Whisky Pur Feu, rentrer chez lui et en ouvrir une autre, avec l’espoir que la journée de demain lui soit moins pénible. Il fut toutefois tiré de ses très ambitieuses rêveries par trois timides coups frappés à la porte de son bureau. Agacé d’être interrompu dans cette tâche déjà pénible, il consentit toutefois à lancer un « Oui ? » en direction de la porte. Celle-ci s’entrouvrit doucement et il aperçut une tête inconnue se faufiler avec incertitude dans l’entrebâillement. « Professeur Silverman ? », tenta, timidement, la jeune fille. « Mon bureau est ouvert aux étudiants de quinze à seize heures, mademoiselle, et il est seize heures vingt-cinq », lança Gareth en reportant son regard sur la copie qu’il était en train de corriger –bien qu’il fût fort tenté de tout simplement rayer le parchemin sur toute sa hauteur–, partant du principe qu’elle s’excuserait et repartirait en fermant la porte derrière elle. Mais au bout de quelques instants, alors que sa vision périphérique n’enregistrait rien de tout cela, il releva la tête pour s’apercevoir qu’elle était toujours là. Elle s’excusa effectivement, mais poursuivit ensuite sa phrase par une requête qui fit arquer un sourcil au professeur – la demoiselle cherchait apparemment à obtenir de lui des cours particuliers de Défense contre les forces du Mal. Il ne comprit pas grand-chose des raisons qu’elle avança, sans savoir si c’était parce que ses propos étaient confus ou si c’était plutôt lui qui l’était, mais cela n’influença en rien la réponse qu’il lui adressa. « Vous savez, Mademoiselle…, » « Blackwood », s’empressa-t-elle de répondre. « … Vous savez, Mademoiselle Blackwood, qu’il y a un moyen très simple d’obtenir les connaissances que vous convoitez – il s’agit de mon cours, que j’enseigne ici-même, et ce, toute l’année. Alors, étant donné que je ne vous ai absolument jamais vue, je suppose –corrigez-moi si je me trompe– que vous êtes dans l’une des deux situations suivantes : soit vous ne vous êtes pas inscrite audit cours, soit vous l’êtes, mais vous n’avez pas jugé utile de vous y rendre. Dans les deux cas, je crains bien que je ne puisse rien faire de plus pour vous aider. » Gary espéra que ses propos se montreraient suffisamment clairs pour que la demoiselle se retire définitivement de son bureau, mais il n’en fut rien : il eut droit, à nouveau, à une salve d’arguments, si bien qu’il finit par lever les mains dans l’espoir de pouvoir en placer une. « Très bien, j’y réfléchirai et je reviendrai vers vous. » Et, sans une parole supplémentaire, il retourna définitivement à ses rouleaux de parchemin.
Quelques jours et quelques renseignements auprès de ses collègues plus tard, il s’avéra que la jeune Blackwood en question était une étudiante brillante, assidue et volontaire, des traits de caractère que Gary ne pouvait qu’admirer, quand bien même il était toujours légèrement refroidi par le fait qu’elle n’avait pas jugé utile de s’inscrire à son cours au lieu de demander des traitements de faveur qu’il n’accordait jamais à ses propres étudiants. Il décida toutefois d’accorder le bénéfice du doute à la jeune Lufkin, avec pour raisonnement que si la première heure se passait de manière catastrophique, rien ne l’obligeait à renouveler l’expérience. C’est pourquoi, au terme de ces cogitations, Gareth fit parvenir un parchemin à l’étudiante : « Mademoiselle Blackwood, j’ai décidé d’accepter votre requête et je vous attends après-demain à dix-huit heures dans mon bureau. J’attends de vous une préparation et un comportement optimaux. G. Silverman »
Bureau de Gareth Silverman, aujourd’hui, 17h58 ➤ Plongé dans la rédaction d’une missive qu’il était censé avoir terminée depuis des jours, Gary sirotait d’un air absent son sempiternel verre de Whisky Pur Feu tout en fronçant les sourcils devant une phrase qu’il ne parvenait à formuler correctement. Il faillit sursauter en entendant frapper à la porte, vida le fond que contenait encore son verre avant de faire disparaître celui-ci d’un coup de baguette et de lancer : « Entrez ! » tout en se reconcentrant sur sa lettre. Lorsqu’il releva les yeux, il vit la petite brune dont il avait momentanément oublié le rendez-vous. Elle était plus que ponctuelle et, comme à son habitude, Gary était en retard, étant donnée sa fâcheuse tendance à ne jamais se remémorer ses rendez-vous avant l’heure de début de ceux-ci. « Ah, Mademoiselle Blackwood, c’est bien ça ? Installez-vous, j’arrive. » D’un coup de baguette, il fit apparaître deux fauteuils à l’autre bout de la pièce, avant de se replonger dans sa lettre. Cinq minutes passèrent dans un silence brisé uniquement par le grattement de sa plume sur le parchemin, au terme desquelles il se leva silencieusement et se dirigea vers le fauteuil libre en face de l’étudiante. « Alors, commençons par quelques consignes. Le but de ces sessions est de vous instruire, et efficacement. Autrement dit, j’attends de vous la plus grande rigueur et une préparation irréprochable de chaque leçon. Le strict minimum est de faire des efforts, et l’idéal serait d’effectuer des progrès. Si vous avez des questions, vous me les posez, même si vous n’êtes pas convaincue de leur pertinence. En échange, j’attends de vous d’être capable de répondre aux miennes. Si je constate la moindre négligence de votre part, je ne perdrai pas une minute supplémentaire de mon temps. Est-ce que tout est bien clair ? » Il se laissa ensuite aller contre le dossier de son fauteuil, et joignit les bout des doigts sous son menton. « Maintenant, dites-moi exactement en quoi je peux vous aider. Je n’ai pas compris grand-chose à votre discours l’autre jour. »
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Re: courage is not the absence of fear, it's the triumph over it (emma)
Jeu 14 Déc 2017 - 11:08
Courage is not the absence of fear,
it's the triumph over it
it's the triumph over it
Gareth & Emma
« You gain strength, courage, and confidence by every experience in which you really stop to look fear in the face. You are able to say to yourself, 'I lived through this horror. I can take the next thing that comes along. »
C’est le coeur lourd et l’esprit brumeux qu’elle se dirigeait vers le bureau du Professeur Silverman. Elle aurait tant aimé qu’il en fut autrement, mais il faut avouer que le sorcier ne s’était pas montré particulièrement favorable à sa requête la semaine passée. À raison ? Probablement… N’étant pas au fait de son emploi du temps, Emma s’était présentée en dehors de heures auxquelles il avait pour habitude de recevoir ses étudiants. Ainsi, les protestations hâtives et quasi méprisantes de Gareth avaient manqué de la fuir. Disons qu’il s’en était fallu de deux doigts. Néanmoins, cette sombre nuit d’automne n’avait cessé de la hanter, de la tourmenter. Ce sorcier avait beau être de mauvais poil, cela n’avait pas suffit à la freiner dans sa quête de réponses. D’ordinaire, l’étudiante aurait sollicité l’aide d’Evangeline Rosebury, mais redoutait terriblement que cette dernière n’en devine davantage qu’escompté. Pour une raison qui lui échappait, la Directrice des Lufkin avait toujours eu un… Don ? Pour anticiper ses moindres faits et gestes, pressentir ses songes voire achever ses phrases avant que les mots n’aient eu le temps de franchir ses lèvres. Légilimens ? Sans doute. Si tel était le cas, la Blackwood prendrait le pénible risque d’exposer son agresseur alors qu’elle lui avait fait la promesse de plus jamais reparler de sa tentative on ne peut plus meurtrière.
Appliquée et ponctuelle, elle avait patienté quelques secondes dans les couloirs de l’université, se balançant d’un pied à l’autre avec l’intention d’adoucir les irritantes oscillations de son corps par de profondes inspirations et expirations. C’est finalement une main timide et peu assurée qui frappa doucement à la porte de la succursale. « Ah, Mademoiselle Blackwood, c’est bien ça ? Installez-vous, j’arrive. » Emma se contenta d’acquiescer poliment d’un signe de tête. Était-il véritablement nécessaire de lui préciser quel était son prénom ? Certains enseignants ne se permettaient pas ces familiarités-ci et il lui semblait que le Professeur Silverman était de ceux qui n’en aurait que faire. Maladroitement, elle prit place dans l’un des fauteuils que Gareth attira jusqu’à elle. La présente situation était relativement inconfortable : cette interminable et dérangeante quiétude, le bruissement délicat d’une plume sur un parchemin ambré et cet homme qui ne lui accordait pas la moindre attention, pas le moindre regard. C’était sans doute cela qui l’embarrassait le plus, l’encourageait à se mordiller la lèvre inférieure ou à jeter des regards anxieux aux quatre coins de la pièce jusqu’à ce son regard accroche l’une des bibliothèques.
Elle s’égara de longues minutes dans la contemplation des innombrables ouvrages qui jonchaient les étagères de la pièce. La vaste majorité d’entre elles comptaient d’épais recueils, plus ou moins abstraits ou attrayants, qu’elle avait eu l’opportunité de parcourir lors de ces années à Poudlard. Ce qu’elle cherchait du regard, c’était un titre accrocheur, un paramètre, aussi minime soit-il, qui lui permettrait de tisser un lien avec les créatures démoniaques qu’elle avait affronté, qu’ils avaient affronté, cette nuit-là. Car, Emma était venue à la rencontre de Gareth pour une raison bien particulière… Affronter l'Ennemi Sans Visage. Un document qui éveilla en elle de douloureux souvenirs. Les réponses à cette épreuve se trouvaient-elles entre ces pages ? Une voix masculine et sévère la fit tressaillir, l’arrachant brusquement à sa scrupuleuse analyse. L’énumération des conditions rigoureuses et attentes exigeantes de l’enseignant la libérèrent de ses pensées. Mentalement, elle listait chacune de ses revendications:
1. Se préparer minutieusement
2. Persévérer coûte que coûte
3. Faire part de ses interrogations
« Oui, très clair. » répondit-elle finalement d’une voix douce, s’avançant craintivement jusqu’au bord de son fauteuil alors que son interlocuteur esquissait un mouvement de recul.
Et voilà qu’il poursuivait avec cette question embarrassante. « Maintenant, dites-moi exactement en quoi je peux vous aider. Je n’ai pas compris grand-chose à votre discours l’autre jour. » Fuyant son regard dur, elle déclara sur un ton aussi ferme que possible : « Dans un premier temps, j’aimerais bénéficier de l’étendue de vos connaissances sur de possibles créatures… Malfaisantes, au sein du château. Il me semble avoir été attaquée par un spectre ou une ombre le soir d’Halloween ? Je ne saurais dire… » Elle ne cherchait en aucun cas à l’induire en erreur, simplement à éluder certains faits qui lui échappaient encore. Cette étrange veillée d’octobre lui avait laissé bien des entailles, à commencer par cette vilaine cicatrice au creux de sa paume, stigmate qu’elle s’efforçait de dissimuler. Légèrement angoissée à l’idée que le Professeur Silverman puisse entreprendre un examen plus détaillé, elle poursuivit hâtivement ses explications. « Dans un second temps, j’espérais que vous auriez quelques instants à m’accorder afin de mettre en pratique ce que j'aurais appris à vos côtés. Je… J’ai besoin d’apprendre à me défendre de manière plus efficace. » confia-t-elle quelque peu embarrassée. Qui sait ce qu’il serait advenu si Alarik ne l’avait pas tiré d’affaire alors que des monstres violents et menaçant s’attaquaient à elle ? Malgré ses souffrances, Emma ne pouvait, cependant, tenir cet étudiant mystérieux éloigné de ses pensées, se tourmentant pour lui un peu plus chaque jour alors qu’il paraissait esquiver toute rencontre avec elle.
« Mais, je ne suis pas venue les mains vides Professeur Silverman. J’ai effectué quelques recherches avant de venir à votre rencontre. » révéla-t-elle en faisant apparaître une dizaine de parchemins griffonnés entre ses doigts. Parcourant silencieusement ses notes, elle s’immobilisa une seconde. Adressant un coup d’oeil alarmé en direction de l’enseignant, Emma mit discrètement l’un de ses écrits de côté. Avait-il remarqué sa brève hésitation ? Elle espérait, du fond du coeur, que ce n’était pas le cas. Confuse et incertaine, elle lui présenta plutôt les observations qui correspondaient à ses déclarations passées. Une calligraphie élégante, des annotations précises et quelques informations à élucider. L’homme qui lui faisait face ne tarderait pas à comprendre là où elle souhaitait l’orienter. Un sorcier malfaisant était-il condamné à dévaster, blesser voire tuer lors de son passage dans l’autre monde ? Un esprit avait-il la faculté de créer des perturbations au point de porter atteinte à un vivant ? Et surtout, comment se préserver en cas d’agression ? Tant de questions soigneusement recensées sur le parchemin que Gareth détenait désormais entre ses mains.
Appliquée et ponctuelle, elle avait patienté quelques secondes dans les couloirs de l’université, se balançant d’un pied à l’autre avec l’intention d’adoucir les irritantes oscillations de son corps par de profondes inspirations et expirations. C’est finalement une main timide et peu assurée qui frappa doucement à la porte de la succursale. « Ah, Mademoiselle Blackwood, c’est bien ça ? Installez-vous, j’arrive. » Emma se contenta d’acquiescer poliment d’un signe de tête. Était-il véritablement nécessaire de lui préciser quel était son prénom ? Certains enseignants ne se permettaient pas ces familiarités-ci et il lui semblait que le Professeur Silverman était de ceux qui n’en aurait que faire. Maladroitement, elle prit place dans l’un des fauteuils que Gareth attira jusqu’à elle. La présente situation était relativement inconfortable : cette interminable et dérangeante quiétude, le bruissement délicat d’une plume sur un parchemin ambré et cet homme qui ne lui accordait pas la moindre attention, pas le moindre regard. C’était sans doute cela qui l’embarrassait le plus, l’encourageait à se mordiller la lèvre inférieure ou à jeter des regards anxieux aux quatre coins de la pièce jusqu’à ce son regard accroche l’une des bibliothèques.
Elle s’égara de longues minutes dans la contemplation des innombrables ouvrages qui jonchaient les étagères de la pièce. La vaste majorité d’entre elles comptaient d’épais recueils, plus ou moins abstraits ou attrayants, qu’elle avait eu l’opportunité de parcourir lors de ces années à Poudlard. Ce qu’elle cherchait du regard, c’était un titre accrocheur, un paramètre, aussi minime soit-il, qui lui permettrait de tisser un lien avec les créatures démoniaques qu’elle avait affronté, qu’ils avaient affronté, cette nuit-là. Car, Emma était venue à la rencontre de Gareth pour une raison bien particulière… Affronter l'Ennemi Sans Visage. Un document qui éveilla en elle de douloureux souvenirs. Les réponses à cette épreuve se trouvaient-elles entre ces pages ? Une voix masculine et sévère la fit tressaillir, l’arrachant brusquement à sa scrupuleuse analyse. L’énumération des conditions rigoureuses et attentes exigeantes de l’enseignant la libérèrent de ses pensées. Mentalement, elle listait chacune de ses revendications:
1. Se préparer minutieusement
2. Persévérer coûte que coûte
3. Faire part de ses interrogations
« Oui, très clair. » répondit-elle finalement d’une voix douce, s’avançant craintivement jusqu’au bord de son fauteuil alors que son interlocuteur esquissait un mouvement de recul.
Et voilà qu’il poursuivait avec cette question embarrassante. « Maintenant, dites-moi exactement en quoi je peux vous aider. Je n’ai pas compris grand-chose à votre discours l’autre jour. » Fuyant son regard dur, elle déclara sur un ton aussi ferme que possible : « Dans un premier temps, j’aimerais bénéficier de l’étendue de vos connaissances sur de possibles créatures… Malfaisantes, au sein du château. Il me semble avoir été attaquée par un spectre ou une ombre le soir d’Halloween ? Je ne saurais dire… » Elle ne cherchait en aucun cas à l’induire en erreur, simplement à éluder certains faits qui lui échappaient encore. Cette étrange veillée d’octobre lui avait laissé bien des entailles, à commencer par cette vilaine cicatrice au creux de sa paume, stigmate qu’elle s’efforçait de dissimuler. Légèrement angoissée à l’idée que le Professeur Silverman puisse entreprendre un examen plus détaillé, elle poursuivit hâtivement ses explications. « Dans un second temps, j’espérais que vous auriez quelques instants à m’accorder afin de mettre en pratique ce que j'aurais appris à vos côtés. Je… J’ai besoin d’apprendre à me défendre de manière plus efficace. » confia-t-elle quelque peu embarrassée. Qui sait ce qu’il serait advenu si Alarik ne l’avait pas tiré d’affaire alors que des monstres violents et menaçant s’attaquaient à elle ? Malgré ses souffrances, Emma ne pouvait, cependant, tenir cet étudiant mystérieux éloigné de ses pensées, se tourmentant pour lui un peu plus chaque jour alors qu’il paraissait esquiver toute rencontre avec elle.
« Mais, je ne suis pas venue les mains vides Professeur Silverman. J’ai effectué quelques recherches avant de venir à votre rencontre. » révéla-t-elle en faisant apparaître une dizaine de parchemins griffonnés entre ses doigts. Parcourant silencieusement ses notes, elle s’immobilisa une seconde. Adressant un coup d’oeil alarmé en direction de l’enseignant, Emma mit discrètement l’un de ses écrits de côté. Avait-il remarqué sa brève hésitation ? Elle espérait, du fond du coeur, que ce n’était pas le cas. Confuse et incertaine, elle lui présenta plutôt les observations qui correspondaient à ses déclarations passées. Une calligraphie élégante, des annotations précises et quelques informations à élucider. L’homme qui lui faisait face ne tarderait pas à comprendre là où elle souhaitait l’orienter. Un sorcier malfaisant était-il condamné à dévaster, blesser voire tuer lors de son passage dans l’autre monde ? Un esprit avait-il la faculté de créer des perturbations au point de porter atteinte à un vivant ? Et surtout, comment se préserver en cas d’agression ? Tant de questions soigneusement recensées sur le parchemin que Gareth détenait désormais entre ses mains.
(c) DΛNDELION
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Re: courage is not the absence of fear, it's the triumph over it (emma)
Sam 23 Déc 2017 - 23:40
it's the triumph over it
Emma & Gareth
L’angoisse apparente que dégageait la jeune femme n’échappa pas à Gareth, qui ne sut trop si celle-ci était due à ses manières peu amènes à lui, ou plutôt aux raisons qui l’avaient poussée à venir solliciter son aide. Dans un cas comme dans l’autre, il ne pouvait faire grand-chose pour y remédier – il n’était pas du genre à adresser de grands sourires paternels à ses étudiants pour que ceux-ci fussent plus à l’aise, car il se savait sévère sans être malveillant, et estimait qu’il était ensuite du ressort de ses interlocuteurs de se montrer capables de percevoir cette nuance. Il préféra donc se concentrer sur les paroles de l’étudiante plutôt que de chercher à analyser ses émotions les plus profondes, et ne tarda pas à hausser un sourcil lorsqu’il entendit ses premières phrases. Il ne l’interrompit pas une seule fois, se contentant de noter mentalement les informations quelque peu brumeuses qu’elle lui fournissait, et ne tarda pas à chercher dans les recoins de sa mémoire à quelles créatures elle pouvait bien faire référence. S’il crut d’abord à quelque chose de tout à fait anodin, comme un esprit frappeur particulièrement enthousiaste à l’occasion d’Halloween –pensée qui ne manqua pas de susciter un certain agacement à l’égard d’Emma, car il va sans dire que l’idée de lui consacrer son temps pour de pareilles futilités était loin de le ravir–, il se ressaisit ensuite en se rappelant qu’il avait décidé d’accorder jusqu’au bout le bénéfice du doute à la jeune Lufkin, et que cette décision avait été motivée par sa réputation d’élève sérieuse et intelligente. Jusqu’à preuve du contraire, elle n’était donc pas assez stupide pour se laisser embobiner par un esprit frappeur au point d’aller lui demander des leçons particulières – vue la presque terreur qu’il avait l’air de susciter chez elle, elle n’aurait pas fait cette demande sans une bonne raison. Il hocha légèrement la tête en signe d’acquiescement lorsqu’elle finit de lui exposer ses motivations, et tendit silencieusement une main expectative lorsqu’elle fit apparaître une pile parchemins devant lui.
S’il avait pu, quelques minutes auparavant, donner à l’étudiante une impression de dédain et d’indifférence, Gareth était désormais des plus attentifs, et son regard perçant était rivé avec la plus grande concentration sur Emma. Celle-ci ne s’en rendait probablement pas compte, étant donné qu’elle était occupée à parcourir ses nombreuses notes. Probablement était-ce là la raison pour laquelle, après avoir lancé un très bref regard dans sa direction, sans pour autant croiser le sien, elle dissimula, dans ce qu’elle pensait être un geste imperceptible, l’une de ses pages d’annotations. La scène n’était évidemment pas passée inaperçue auprès de Gary, mais il ne fit aucune réflexion, se contentant d’attraper les parchemins qu’elle avançait vers sa main tendue. Aussitôt, il se mit à parcourir les phrases qui s’étendaient sous son regard d’abord perplexe, puis dubitatif. Il devait être arrivé aux deux tiers de sa lecture lorsqu’il releva soudain les yeux en direction d’Emma, dont l’appréhension marquait les traits fins. L’expression du professeur était maintenant grave, et toute trace d’agacement, même dormant, avait disparu de son visage. Il tassa la pile sur ses genoux pour en aligner correctement toutes les pages, puis l’y posa sans y jeter un regard supplémentaire. Une brève hésitation passa sur son visage lorsqu’il ouvrit la bouche pour prendre la parole, comme s’il cherchait ses mots, mais sa voix s’éleva ensuite avec sa fermeté habituelle, et s’il ne s’était pas départi de sa sévérité, il semblait toutefois moins froid et manifestement perturbé par sa lecture. « Je crois savoir où vous voulez en venir avec tout ceci », dit-il en désignant d’une main les parchemins empilés sur ses genoux, « et je peux déjà vous dire que ce n’est pas de ce côté-là que vous allez trouver vos réponses. » Il s’interrompit brièvement, l’air pensif, soucieux de fournir une explication claire et convaincante. « Les fantômes ne représentent qu’une pâle empreinte de la personne qu’ils étaient avant de mourir – cela implique qu’ils sont incapables d’évolution et que, même après des siècles, ils ne peuvent développer de nouvelles ambitions. Ils ne peuvent, en réalité, pratiquement rien acquérir par rapport à ce qu’ils étaient avant leur décès. Par conséquent, pour qu’un fantôme soit dangereux, il faudrait qu’il l’ait été de son vivant, et envers quelqu’un avec qui il aurait encore des comptes à régler après sa mort. Le seul scénario possible ici serait que quelqu’un ait eu pour but de personnellement vous faire du mal, qu’il soit décédé depuis, et que vous blesser lui ait tenu à cœur à tel point qu’il serait revenu, ce qui traduirait une détermination considérable. »
Plongé dans ses pensées, Gareth se gratta la nuque, avec l’impression grandissante que quelque chose clochait dans cette histoire. Il avait l’intime conviction qu’un, voire plusieurs aspects avaient été passés sous silence par Emma, et que cela l’empêchait d’avoir une vision claire de la situation. Des créatures peu ou invisibles, il en connaissait quelques-unes ; des créatures malveillantes, il en connaissait un nombre d’autant plus grand. Mais dès lors qu’il s’agissait de combiner les deux caractéristiques, qui plus est dans l’enceinte du château, Gary se devait bien d’admettre qu’il était confus. Et même en ignorant la composante spatiale du problème, ne lui venaient à l’esprit que des créatures plutôt dangereuses que volontairement malveillantes, de la même façon que l’on ne songerait jamais à qualifier de bienveillant un alligator ou un grizzli. Des brutes facilement identifiables, donc, bien plus que des créatures insidieuses et mal intentionnées. Dans la majorité des cas, les plus malveillants restaient les sorciers et les maléfices que ceux-ci pouvaient lancer pour tourmenter leurs congénères – mais là, on parlait d’une forme de magie dont Gary espérait qu’Emma n’avait pas eu à la confronter, fût-ce à Hungcalf ou en-dehors. Quoi qu’il en soit, il avait besoin d’en savoir plus, car il avait beau se triturer les méninges, il ne trouvait pas d’explication convaincante au problème de l’étudiante. « Pour être tout à fait honnête, je ne saurais vous dire à quoi vous avez eu affaire en me basant sur les informations que vous m’avez fournies, dont une partie me semble d’ailleurs un peu incohérente. Je n’ai pas la prétention de connaître la liste complète des créatures qu’abrite cette université, mais je peux vous garantir qu’ici, nous ne sommes pas à Poudlard où des directeurs un peu fous jugent bon d’abriter des bestioles potentiellement mortelles à quelques mètres des étudiants. Êtes-vous sûre que votre mésaventure a eu lieu à Hungcalf ? » Le ton du professeur n’avait rien d’accusateur ; Gareth avait l’impression que, si Emma lui cachait quelque chose, c’était que ce qu’il se tramait était bien plus sérieux que ce qu’elle laissait entendre, et qu’elle craignait de s’attirer des ennuis s’il venait à découvrir de quoi il retournait réellement. Elle n’était pas la première à tenter d’obtenir des informations sans dévoiler l’entièreté de ses motivations, et Gary n’était pas né de la dernière pluie. Mais s’il ne souhaitait pas brusquer ni effrayer l’étudiante, il n’en désirait pas moins arrêter de tourner autour du pot. « Si vous voulez que je vous aide, Mademoiselle Blackwood, je vous invite à appliquer ma consigne de toute à l’heure, et de répondre à mes questions. Si vous craignez ma réaction face à ces réponses, demandez-vous d’abord si ce qui vous effraie le plus, c’est moi, ou la chose qui vous a poussée à venir me voir. Tout ceci ne fonctionnera jamais si je ne peux pas compter sur votre franchise – et je vous suggère d’en faire preuve en commençant, par exemple, par me donner le parchemin que vous semblez tant tenir à cacher. Je suppose qu’il n’est pas sans rapport avec ceux que vous m’avez donnés. » À nouveau, il tendit la main en direction d’Emma, comme pour appuyer ses paroles. Le visage de Gareth était imperturbable, mais en regardant de plus près, l’on aurait pu y déceler une pointe de satisfaction face à la surprise qu’il avait indubitablement provoquée chez la jeune femme.
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