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(kames); fine line
Mar 15 Mai 2018 - 0:04
kenna & james
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Une colère sourde te bouffe les entrailles, brûlant tout sur son passage. T'as passé une journée de merde. Vraiment. Ça avait mal commencé dès le réveil -tu t'étais pris les pieds dans le tapis, Maon avait failli boucher le lavabo et Zeno t'avait rendue dingue avec sa musique de bon matin- et ça n'avait fait qu'empirer -une sale note en sciences po, une déchirure dans ton jean, une remarque désobligeante de Finn. T'étais arrivée épuisée et en rogne pour faire ton shift à la Taverne du Troll. Ton t-shirt d'employé enfilé, t'avais enchaîné les pintes et les cocktails, t'avais fait tournoyer les shakers, et ça t'avait apaisée pour un temps. Jusqu'à ce qu'il se pointe au bras d'une sublime jeune femme aux cheveux colorés et aux yeux bleus comme un ciel d'été. Grande, fine, avec un énorme sourire, t'en avais été folle de jalousie dès le moment où t'avais posé les yeux sur elle. Tu la connais pas. Tu sais rien d'elle. Pourtant tu la détestes comme si c'était la responsable de la mort de tes parents. T'avais failli briser plusieurs verres en les regardant rire comme ça. Tu t'étais fait du mal pour rien, à rester au bar, en face d'eux, à les regarder les observer les jalouser. C'était monté comme de la bile et ça t'avait rendue malade. Et maintenant t'es dans la rue, les pavés brillant de la pluie de la matinée, le corps bouillonnant de rage. T'as qu'une seule envie : retrouver ton punchingball et te défouler jusqu'à t'en faire saigner les phalanges. Il fait gris, un vrai temps écossais. Tu te sens seule. T'as mal. Tes pas te mènent vers l'Emporium, comme par hasard, comme pour chercher du réconfort. Tu pousses la porte du fleuriste, et tout de suite, l'odeur de terre humide et de fleurs t'enveloppe dans son étreinte. Ça te détend. Un peu. Tu pousses plus loin, jusque dans l'arrière boutique, là où le Suicide Squad a installé son QG. Et qui tu vois, au milieu des fleurs ? James. Tu grinces des dents. Fallait qu'entre tous les membres du Squad, ce soit sur lui que tu tombes ? Tu balances ton sac à tes pieds sans aucune délicatesse, signe étouffé de ta rancœur à peine contenue. « Ça va, t'as passé une bonne journée ? » Et au ton de ta voix et aux éclairs dans tes yeux, y a aucun doute qu'il ferait mieux de répondre non.
@james grimm
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Re: (kames); fine line
Mer 16 Mai 2018 - 15:48
De bonne humeur, j’étais de très bonne humeur. Ma journée n’aurait pas pu être plus excellente. Tout à commencer le matin, en me levant tôt j’avais pu faire une razzia sur les croissants au beurre tout juste sorti du feu, finaliser mon devoir en histoire de la magie grâce à la découverte inattendue d’un livre qui m’avait échappé jusqu’à maintenant, et pour une fois, il n’y avait pas foule à la salle de bain. A midi, il s’était arrêté de pleuvoir, et j’avais pu profiter d’un petit rayon de soleil en mangeant mon sandwich aux crudités avant que le temps d’écosse ne reprenne ses droits. Seul nuage noir à l’horizon, ma défaite à Super Mario Kart dans l’après-midi. Largement compensée par la superbe Fiona qui s’était révélée aussi talentueuse qu’enthousiasme pour le projet Arcadia. On s’était bien marré à monter des plans sur la comète autourd’une bière, plusieurs bières en fait. Franchement, je me sentais plein, comme un vieillard au crépuscule de sa vie y jetant un oeil bienveillant ou un ours entamant son deuxième pot de miel. Euphorique, c’était le terme. Et comme j’étais rarement dans d’aussi bonnes dispositions, j’ai décidé d’en profiter avec mes amis du Suicide Squad plutôt que de m’enfermer un soir de plus dans un livre passionnant. Tout naturellement, je me suis donc dirigé vers vers l’Emporium.
C’est en arrivant que je me suis rendu compte que j’étais le premier. Pour tuer le temps, j’ai attrapé ma Gameboy Color avant de m’installer dans mon spot préféré au milieu des fleurs sur un pouffe que j’avais acheté chez Ikea. Direction Space Invaders III. J’entamais mon 18ème stage lorsque j’ai entendu le son caractéristique de la clochette à l’entrée. Du coin l’oeil j’ai cru reconnaitre Kenna. Ce qui me couta une vie et les super triple missile que j’avais stack pour le prochain Boss. Pourvu que je choppe un autre power-up ou la partie se terminerait plutôt que prévue.
« Ça va, t'as passé une bonne journée ? »
Oui c’était bien Kenna. Si je n’avais pas été aussi absorbé par mon jeu, j’aurais peut être fait plus attention à son ton. Mais entièrement dédié à violer ce boss qui m’avait rien fait. Je me suis contenté d’une réponse de zombi.
« Euh ouais… Excellente même… Je finis… mon boss et on en parle si tu veux… Dois y avoir deux bières… dans le frigo. Tu veux bien ? »
Hola ! Il faut que je me reconcentre. Le 6ème boss est loin d’être une partie de rigolade et j’ai presque failli loupé un cycle de dégâts.
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Re: (kames); fine line
Mer 23 Mai 2018 - 22:24
kenna & james
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Avec tout le raffut que tu fais, il jette juste un regard vers toi, gardant les yeux rivés sur sa Gameboy, que tu te mets à haïr au plus haut point. Tes émotions flambent, tes entrailles prises dans un incendie que rien n'arrêtera. Tu sais que c'est mal Kenna, tu le sais mais tu laisses la colère et la rancœur t'envahir parce que tu sais pas comment affronter ces sentiments qui te sont tellement étrangers. Tu sais que ton mécanisme d'auto-défense, aussi défectueux qu'il soit, il marche comme ça. Crises de jalousie, colères flamboyantes qui s'éteignent dans un océan de larmes. Trop-plein d'émotions qui a besoin d'un exutoire. Il te calcule pas, il te demande même de servir des bières, et y a pas que la colère qui brûle dans tes veines. Y a la douleur d'un cœur brisé, la peine de sentiments bafoués. La peur de le perdre, profonde, glaçante. T'as l'impression qu'il te file entre les doigts et ça te fait perdre tous tes moyens. Il a mis les formes, alors tu vas quand même chercher les bières, manquant d'arracher la porte du frigo, manquant de briser les bouteilles, tes mains qui tremblent et tu sais pas si c'est de peur ou de haine. T'as envie de pleurer de hurler et ça fait trop mal, de pas savoir quoi faire, de pas oser. Faut dire que ta grande gueule, pour exprimer ce que tu penses, y a pas de souci, mais quand il s'agit de parler de ce que tu ressens, y a plus personne. La langue d'argent légendaire a perdu ses talents. Tu t'affales à côté de lui, tu décapsules les bouteilles et tu poses la sienne à ses pieds. Une rasade, un regard en coin. Il lâchera pas sa Gameboy, tu le sais. Ça sert à rien de lui parler pendant une partie. Mais c'est peine perdue, tête de mule comme t'es. « Ok donc tu me calcules pas à la taverne, tu me calcules pas ici, c'est quoi ton problème James ? » T'as du mal à garder le tremblement hors de ta voix. Tu maudis la faiblesse de tes cordes vocales et celle de ton myocarde, la trahison de ton corps est inévitable.
@james grimm
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Re: (kames); fine line
Sam 26 Mai 2018 - 18:03
Je surf des pixels, pris par la fièvre de patterns que je connais par coeur, j’oublie le monde, ma conscience est réduit à 6 points digitaux. Je prend corps avec ce vaisseau, crachant mon attirail de lasers. J’entend à peine le boucan que provoque mon amie, elle est loin, je suis dans une bulle à part, un espace où le temps s’arrête. Un dernier sourire, victorieux, carnassier, s’empara de moi avant l’explosion finale. La consécration, j’ai fini ce boss avec un power 2. Satisfait, j’active la pause pour retourner à la réalité. Se sent Kenna posait ma bouteille à mes pied. Depuis quand est-elle si près ? Je sens son parfum, Jasmin et agrume, entrecoupé de restes de tabac, d’alcool et de sueurs de la journée. Bizarrement je me suis habitué à cette odeur, c’est une odeur de labeur mais surtout celle de mon amie. C’est une odeur que j’ai appris à aimer. Mais je la sens surtout lasse, à bout. Je m’étonne qu’elle ne cale pas sa tête sur mon épaule comme il lui arrive parfois de faire lorsqu’on est tout les deux. A la place, je vacille sous ses paroles.
« Ok donc tu me calcules pas à la taverne, tu me calcules pas ici, c'est quoi ton problème James ? »
Ce n’est pas les mots mais le ton qui m’ébranle, des nuages noirs annonciateurs de tempêtes. Qu’es-je bien pu encore faire ? Elle ne m’a jamais facilité la tâche. Nous étions amis autrefois, avant qu’elle ne débloque. Nous nous sommes retrouvés, comme un frère et une soeur trop longtemps séparés. Mais depuis quelque temps, elle recommence à se comporter comme, comme… une fille ? Celles que je n’ai jamais réussi à comprendre, celles avec qui je n’arrives jamais à parler. Ces filles avec qui je n’ai et ne serait peut être jamais ami. Ces filles décrites dans aucun des bouquins que j’ai pu lire. Ces filles la…
Je creuse ma mémoire, mes dernières actions. C’est elle que je suis allé voir cet après-midi pourtant. Pas une des autres filles. J’ai peut être été un peu brusque ? Mais pas plus que d’habitude quand je suis en grande conversation. Je me sens au milieu d’un lac gelé, l’instant où la glace se crispe sous mon poids. Je sais déjà que tous mes choix sont des impasses. Pourtant c’est avec l’énergie du désespoir que je répond.
« Je ne comprend pas K ? Je n’ai pas de… problèmes avec toi… Je… Je ne t’ai pas… ignoré… enfin je ne crois pas » Je butte sur chaque mots, je patauge dans mes explications. Que dire d’autre ?
Je suis là, les bras ballants, accrochés à ma gameboy. Je n’esquisse pas un geste alors qu’elle est à quelque centimètres de moi, je ne sais pas quoi faire pour l’apaiser, ça n’a jamais été mon truc. Si proche et pourtant si loin.
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Re: (kames); fine line
Sam 26 Mai 2018 - 21:36
kenna & james
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James. Tu l'as appelé James. Tu blêmis. T'as franchi la ligne rouge, t'as déclenché la bombe, pas de retour en arrière possible. Une déclaration de guerre dans les prunelles, une envie de paix dans les veines. Tu sais pas pourquoi tu t'énerves comme ça, pourquoi tu poses pas les choses à plat, simplement, calmement, comme ta grand-mère t'a appris à faire. Mais t'es pas ta grand-mère. Oh ça non. Elle c'est la force calme, les yeux bleus et le silence qui cloue sur place. Toi t'es la tempête tropicale, les yeux noirs et la violence qui terrasse. Toi tu sais pas exprimer tes sentiments, tu sais pas prendre de recul. Toi t'exploses en plein vol, détruisant tout sur ton passage. Toi t'enfouis tout au plus profond de tes entrailles, tu préfères la confrontation à l'acceptation de ce que tu ressens. Pourquoi c'est si compliqué ? T'as envie de pleurer. Tu vois qu'il se creuse les méninges, qu'il se repasse le film de la journée et qu'il voit toujours pas pourquoi tu lui en veux. Bien sûr qu'il voit pas. Il sait pas. Il devinera jamais. Les mecs c'est comme ça, faut tout leur épeler, tout leur expliquer, afficher ses intentions en signes néon. « T'es vraiment trop con. » C'est un murmure, presque délicat, presque affectueux. Et tu réalises que t'as raison, qu'il est vraiment trop con. Tu fronces les sourcils, les veines qui brûlent de nouveau, le sang qu'est plus que flammes, les yeux enfiévrés d'une rage que tu sais pas où diriger. Contre toi, contre lui, contre le monde entier. T'aimerais bien que ton cœur s'enflamme aussi, se mette à brûler, à se consumer, plus que des cendres en quelques minutes. Mais non. T'as des larmes au coin des yeux et tu sais pas si c'est de tristesse, de douleur, de désespoir, de rage. T'as mal et tu sais pas ce que tu peux y faire. « Mais putain t'es vraiment trop con J ! » Tes deux mains sur lui et tu pousses, tes cinquante kilos tout mouillés contre son ossature bien plus imposante, tes poings qui viennent frapper et tes larmes qui commencent à couler sans même que tu les sentes. T'es ridicule Kenna, t'as pas de forces, tu lui fais même pas mal. Mais t'es là et tu pleures et tu déverses tout ton désespoir sur le pull de ton meilleur ami, jusqu'à ce que y ait plus rien qui brûle et que tu t'effondres en larmes, épuisée.
@james grimm
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Re: (kames); fine line
Lun 28 Mai 2018 - 16:11
Je me noyais en explication
Je la senti flancher une fois, deux fois. Elle est de ces petites personnes qui semblent fragiles au premier abord mais terriblement forte lorsque sonne le glas de la colère. Je n’avais pas encore croisé son regard que je me tendais comme une flèche. Je la connaissais trop bien, je savais déjà ce que j’y verrais. Puis soudain je les vis, brillant de rage, ces yeux étaient deux braises rougeoyantes. J’étais une chaloupe ballotée par une mer déchainée. Je sentis d’abord la brise de son courroux, presque un murmure avoué, Con ? très certainement, il me fallait fuir, loin, à l’abris de cet ouragan sur le point de me couler. Mais je n’avais nulle échappatoire. Puis resigné je la vis fondre sur moi et je me souvins d’un passage obscur dans un livre de roman : « Quand la tempête sonne, accroche-toi mon gars ». Sur le coup, j’avais trouvé cette réplique drôle de bon sens. Maintenant je l’embrassais, il n’y avait rien d’autres à penser, accroche-toi tout simplement.
Et je fis face, contenant ou déviant ses coups, souffrant avec elle. Peu à peu, je la pris en étau pour contenir sa rage et ses pleures naissants, elle ne se laissa pas faire, mais patiemment je fis jouer ma différence de force. Puis nous arrivâmes au point d’effondrement, celui où l’âtre se tarit par manque de ressources. Elle était là, au creux de ma poitrine, pleurant tout son soûl sur une raison que je ne m’expliquais pas. Je me contentais de passer ma main dans ses cheveux bouclés en psalmodiant quelque « doucement » pour apaisait les derniers vestiges de sa colère. Elle était bouillante entre mes bras et je sentais pêlemêle son souffle et ses larmes mais surtout son parfum, diable, que j’aimais ce parfum. Emmêlés comme nous l’étions, je sentis quelque chose s’agitait au creux de mon ventre. La sensation était insaisissable, comme une gêne avant de prendre la parole en public. Tandis que je sentais son corps tremblait contre moi, je pris cette pensée pour la décortiquer. De quoi avais-je honte ? De la faire pleurer ? Mise en colère ? Ou était-ce quelque chose de plus profond…. Elle était si près, ses mains s’accrochaient à moi tendrement, elle diffusait chaleur et… Je compris que j’aimais son contact, et cela me gênait. Une promiscuité jusque-là inexistante s’était opérée entre nous sans que je sache comment. Honteux, j’aurais dû me séparer d’elle ou cesser mes caresses réconfortantes pour tuer le moment, pourtant je n’en fis rien. J’avais encore plus peur de ce gouffre, un abime irrationnel qui séparerait notre étreinte… fraternel ? En étais-je encore là ? Et pour la première fois, je me suis abandonné quelque instant à cette étreinte. J’avais toujours rendu des câlins aimables ou polis à mes amies, je ne cherchais pas à les vexer mais ce n’était pas mon truc d’enlacer une femme, encore moins une amie, j’étais plutôt chamaillerie. La tendresse n’est pas facile à exprimer quand on en fait si peu largesse. Malgré moi, je me sentis me raidir comme un bloc de glace. Il aurait suffi d’un signe, qu’elle relève les yeux ou prononce mon nom pour que je fonde. A la place, je devins gourd, brisant sans le vouloir cet instant par ma gaucherie. Mes caresses cessèrent, laissant choir mes bras sur le côté comme des troncs morts. Je me vis m’agiter comme pour changer de position raclant ma gorge pour mettre un point final à ce lien naissant. L’impératif était maintenant de cacher les émotions que cette simple étreinte avait provoqué en moi, réveillant une contraction non désirable et parfaitement inacceptable de ma part envers une amie, une sœur…
« Je… Je suis désolé »
Par ces mots, j’ai chassé beaucoup de choses dans mon cœur. Je m’excusais de l’avoir mise en rage, de l’avoir fait pleurer mais je m’excusais de ma propre conduite, de mes sentiments et réactions mais par-dessous, et de manière totalement inconsciente, je m’excusais de ne pas avoir répondu à une simple réalité, d’avoir failli en tant qu’homme face à une femme méritante.
Les garçons sont tous des idiots.
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Re: (kames); fine line
Lun 28 Mai 2018 - 22:01
kenna & james
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Y a ses bras autour de toi et sa voix et ses mains et tu fonds littéralement, coulée contre lui, corps contre corps, peine contre peine. Tu te doutes bien que ça doit lui faire du mal de te voir comme ça, mais t'y peux rien, faut que ça sorte. Ça te brise le cœur et ça te soulage à la fois, le mal et l'antidote, la douleur et le réconfort. Et entre ses bras tu te sens enfin chez toi. C'est étrange, toi qui généralement supporte mal le contact humain, les gestes d'affection trop banals, trop vides de signification. Là c'est différent. Là tu sens que t'en as besoin. Tu sens que c'est normal, que c'est naturel, que c'est comme ça que les choses devraient être et pas autrement. Tu sens ton cœur qui s'épanouit dans ta cage thoracique, un bouton de rose qui s'ouvre et prend toute la place, répandant un baume apaisant dans tout ton corps, calmant tes nerfs et réduisant tes démons au silence. Tu finis par plus penser à rien, bercée par ses mots et ses doigts dans tes boucles si désordonnées, tes mains toujours emmêlées dans son t-shirt, le corps pris dans le sien comme dans une toile. Le rythme de ta respiration se calque sur la sienne, et tu finis par te calmer tout à fait. Et comme si tu lui avais donné un signal, ses caresses s'arrêtent, ses bras tombent ballants à ses côtés. C'est terminé, le spectacle est fini, le rideau est tombé. Tu te dégages délicatement de son étreinte -ou lui de la tienne, tu sais pas vraiment-, t’essuies les larmes qui inondent encore tes joues, incapable de soutenir son regard pour l'instant. T'as pas l'habitude d'être faible devant témoins. Mais le regarder dans les yeux t'aurait peut-être évité de regarder son entre-jambe. Tes prunelles noires remontent vers les siennes et tu le regardes bêtement, complètement abasourdie. T'en oublies ta rage tes pleurs ta douleur, t'en oublies les excuses qu'il est en train de bafouiller et que t'arrives même pas à enregistrer, tu sais même pas pour quelles raisons il s'excuse, pour une ou pour toutes ? pour celle que tu viens si manifestement de voir ? Peu importe. « J ? » que tu souffles, la voix à peine plus haute qu'un murmure et les yeux de merlan frit. Il t'aurait annoncé qu'il bouffait des rats crus au petit dej que t'aurais tiré la même tête. T'es passée du blanc pâle au rouge écrevisse en moins de trente millièmes de secondes, tu sais plus où regarder où te mettre, t'as jamais été aussi gênée. Et flattée ? Non, quand même pas Kenna, enfin. Un frisson de dégoût te parcourt la colonne vertébrale sans que tu puisses rien y faire, détournant le regard pudiquement. La situation est devenue incroyablement embarrassante en un temps record.
@james grimm
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Re: (kames); fine line
Mar 29 Mai 2018 - 15:35
N’importe que je disparaisse.
Comment contrôler l’incontrôlable ? Je ne l’avais pas voulu. C’était venu comme ça. Mais ce qui est fait ne peut être défait, c’est comme vouloir arrêter la course du soleil. Absurde. Pourtant cela ne m’empêcha pas d’égaler sa teinte cramoisie. Elle savait. Bien sûr qu’elle savait. Ça se voit ce genre de chose James. Mais qu’allait-elle donc bien penser de moi ? D’ailleurs que devais-je penser de moi ?
Elle se détourna. C’était mieux.
Pourtant je vis mon bras se tendre, tel un automate, il s’accrocha au sien. « Kenna ». C’était une supplique. Une plainte du cœur qui savait bien avant moi que je n’aurais supporté son départ. Ce n’était pas du courage, pas vraiment, plutôt de l’inconscience. Une réponse animale à un jeu mis en place bien avant notre naissance. Une nécessité absolue de conjurer son être.
Je n’avais pas de miroir.
Et pour tout l’or du monde je n’aurais souhaité y avoir accès. Je m’imaginais trop bien avec la mine d’un chien battu qui mendie le pardon. Pardon d’avoir pisser sur le parquet, pardon de ne pas avoir résister à cette pantoufle qui me faisait de l’œil. Pardon de montrer une affection inconsidérée. Je me suis plié à son jugement. J’étais coupable.
Pitié, reviens.
J’étais incertain sur la conduite à adopter. Je n’avais pas lâcher son bras. Au contraire, je l’ai attirée à moi en fondant mes doigts dans les siens. Doucement, j’ai passé mon autre main sur sa taille pour la faire basculer vers moi. J’ai plongé mes yeux dans les siens. Ils étaient plus clairs que d’habitude. Il fallait qu’on parle. Franchement, simplement. Apparemment, cela faisait longtemps qu’on ne l’avait pas fait. Il suffisait d’un mot, un seul, pour lancer la machine. Je me tus. Je n’aspirais qu’à reposer ma tête sur la sienne, retrouver l’instant perdu.
- InvitéInvité
Re: (kames); fine line
Mar 29 Mai 2018 - 23:21
kenna & james
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Sa main s'accroche à ton bras et tu dois déployer des trésors de sang-froid pour contenir le frisson de dégoût qui te chamboule de l'intérieur. Comment est-ce que tu peux être repoussée par ce contact alors qu'il y a quelques secondes à peine tu te laissais enlacer ? Tu sais pas. Tu sais pas comment tu fonctionnes, tu sais pas pourquoi tu réagis comme ça, mais parfois faut faire avec ce que la tête nous dit et tant pis si le cœur est à l'agonie. Y a ton prénom qui glisse de ses lèvres et tu peux pas résister, les yeux qui hésitent pas longtemps avant de retrouver le visage familier. Les regards qui s'entrechoquent, pitié contre pitié, douleur contre douleur. C'est dingue le mal qu'on se fait au nom d'un amour qu'est censé tout surpasser. Foutaises. Ceux qui pensent que l'amour guérit ont jamais été amoureux. Mais y a vos doigts qui s'entremêlent et ton cœur qui bat fort, un marteau qui se brise contre tes os, un ouragan qui balaye tout sur son passage. T'es bien là, main dans la main, t'as presque envie de retrouver le réconfort de son corps contre le tien. Son autre main se pose sur ta hanche et tout vole en éclats. Faut que tu te fasses violence pour pas avoir un mouvement de recul brutal. Il va pas t'agresser, il va pas te sauter dessus, tu le sais, mais le souvenir est encore trop frais. T'arrives pas à te sortir ça de la tête, partagée entre le fait qu'il te désire et ton aversion pour tout ce qui concerne l'intimité. Le gouffre qui s'ouvre entre vous est innommable. Entre les pulsions animales et les envies sentimentales. Vous sera-t-il jamais possible de trouver un terrain d'entente ? T'as peur, les larmes de tout à l'heure trop proches de l'affleurement, les nerfs à fleur de peau et l'envie d'en finir avec ces doutes ces questions ces idées à la con. Les yeux trop translucides et lui qui se tait, qui dit rien rien rien alors que t'es là à crever dans ton coin. « Qu'est-ce qui se passe J ? On fait quoi, là ? » C'est quoi ce bordel dans ma tête ? Explique-moi.
@james grimm
- InvitéInvité
Re: (kames); fine line
Mer 30 Mai 2018 - 20:18
Elle tremble.
Je le sens sous mes doigts, dans son attitude et sa posture. Elle tremble sous mon contact. Soudain je me fixe. Le désir disparait et il ne reste que l’horreur de ce que je suis entrain de faire. Elle tremble car elle ne sait pas comment me repousser sans me vexer. C’est de notoriété publique que je tombe amoureux comme on change de chemise. Elle a de la tendresse pour moi, rien de plus. Pourquoi il a fallu que mon regard change ? Baah, ça sera une ou deux semaines malaisante, quelque moqueries de la part du groupe et un pot de nutella pour boucher mon coeur. Les paroles de K ne font que confirmer mes craintes. Je deviens plus rouge et que rouge, j’abandonne sa main et ses yeux comme s’ils étaient des tisons ardents.
« Rien, je.. je suis désolé… »
Je me relève d’un bloc, je ne peux pas soutenir son regard, son jugement. J’ai honte de moi. Elle est ma plus vieille amie et pourtant j’ai succombé à son charme dès que je me suis aperçu qu'elle était une femme. Mais qu’est-ce qui cloche chez moi ? Il faudrait peut être que je réclame un titre : champion de la friendzone. Je ne pense même pas à ranger ma gameboy. L’air est suffoquant. J’ai besoin de sortir. Je lâche un dernier pardon pour la route et je pars.
J’aurais dû rester à la bibliothèque ce soir.
- InvitéInvité
Re: (kames); fine line
Mer 30 Mai 2018 - 23:24
kenna & james
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Les plaintes dans la voix, l'envie de dire t'en va pas. Tu voudrais qu'il te donne des réponses, qu'il te dise qu'il t'aime ou que c'est des conneries tout ça, qu'il te dise que c'est un moment d'égarement ou un truc qu'il ressent depuis longtemps. Tu sais pas ce que t'attends, tu sais pas mais t'attends, un signe, un geste qui tuera le doute infâme qui a pris place dans ton cœur, un monstre tapi dans tes entrailles, ses morsures plus profondes à chaque respiration. Tes yeux noirs rivés sur les siens, t'es pendue à ses lèvres dans l'attente de la délivrance, mais y a rien, rien que du rejet et de la douleur, rien que la fuite sans préavis. L'impression que vous vous ratez, que vous êtes sur deux lignes parallèles condamnées à pas se croiser. Il se dégage se détourne, comme si tu lui brûlais les rétines, comme si c'était trop dur de te regarder en face. Et tu comprends plus rien Kenna, tu sais plus ce que t'as fait de mal ce que t'as fait de bien. Y a ses doigts qui glissent des tiens et t'as pas la force de le rattraper, les mains qui effleurent le tissu au passage et qui finissent par retomber sur tes genoux, inanimées. Il est debout, raide comme un piquet, le dos tourné et le regard par terre, la voix basse et les excuses faciles qui coulent comme un poison de ses lèvres. Cinq mots et le ton mal assuré, cinq mots et autant de flèches que tu sais pas contrer. La gameboy qui gît abandonnée sur le canapé, vestige d'un passé que vous pourrez jamais retrouver. Le son de ses pas qui s'éloigne au rythme de ton cœur qui se brise, sans cris, sans bruit, le corps qui s’effondre et les murailles qui tombent. T'as mal, l'envie de pleurer, de hurler, de te relever et de lui courir après. Les pensées éparpillés, les sentiments à l'arrêt. Le calme complet. La mer plate. Comme si on avait coupé le cordon, débranché la prise, éteint l’interrupteur. Y a plus rien qui connecte ton cerveau et ton cœur. T'es là toute seule, assise sur un vieux canapé au milieu d'une serre dont l'odeur a tendance à te rassurer, mais qui là te donne la nausée. Et puis d'un coup, la digue se rompt et les larmes se mettent à couler, silencieusement, les coudes sur les genoux et la tête dans les mains, avec une seule envie : avoir tout oublié demain.
@james grimm
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