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Zenesme • That's How it Happens Empty Re: Zenesme • That's How it Happens

Jeu 14 Juin 2018 - 22:17
Le temps semblait s'être figé, pourtant tout allait à vive allure. Tout n'était que capharnaüm dans sa tête, un bruit sans fin qui n'avait pas de sens ni de direction ; le film était juste là pour briser le silence de la salle, alors que les battements de son coeur et sa respiration semblaient étouffer tous les bruits. Esme venait de serrer sa main et il ne savait pas comment réagir. Son regard était simplement braqué sur l'écran qu'il ne regardait pas. Zeno comprenait que ce simple geste qu'il avait lancé venait de compliquer beaucoup de choses. Parce qu'il n'avait pas su se dire non, il ne savait pas abandonner. Comme un lâche ou comme une mauvaise herbe tenace, il ne parvenait juste pas à abandonner totalement sa relation avec elle, même s'il essayait. Il n'était pourtant pas mécontent de la vie qu'il menait ou de sa situation actuelle ; il voulait juste plus. Il la voulait elle. Mais comment la voulait-il ? A chaque fois qu'il la revoyait, ses sentiments refaisaient surface et gagnaient même en puissance. Comme si ces mois à se déchirer et s'éviter n'avaient finalement pas tant changé son affection. Quelque part, Zeno voulait croire au destin et à ce genre de conneries. Le fait de l'avoir recroisée à plusieurs reprises quand aucun d'eux ne s'y attendait en disait beaucoup mais surtout, ce bal. Ce fameux bal où, entre toutes les femmes présentes ce soir là, c'était elle qu'il avait choisie. Son allure, ses cheveux, sourire, sa posture, son odeur, sa voix, sa peau, tout l'avait attiré. Il n'avait pas pensé que c'était elle, mais il avait bien fait le lien. Il y avait pensé. Elle lui ressemble. L'ironie avait voulu que ce soit elle justement sous ce masque, bousculant ainsi ses convictions et ses sentiments échoués qui une fois de plus, retournaient se perdre au large, dans un océan de doutes et de désirs inavoués.

Il cligna des yeux et son regard bifurqua légèrement sur le côté, signe qu'il avouait ne plus prêter attention au film, mais il n'osait toujours pas la regarder. Il pouvait sentir qu'elle l'observait, qu'elle attendait mais il ne réagissait pas. Son visage pivota également, mais il ne la regardait toujours pas. Peut-être que seules quelques secondes s'écoulèrent, ou peut-être s'agissait-il de minutes. Il n'en savait rien et n'y prêtait pas attention. Intérieurement, il luttait pour ne pas se laisser embarquer davantage dans cette galère qu'il savait déjà en piteux état. Par sécurité, mais surtout par souci d'honnêteté ; il n'était plus avec Esme. Il était allé, de lui-même, vers Fiona. Et pourtant sa conscience lui jouait des tours. Il l'avait toujours su, et même Grayson lui avait déjà dit ; c'était Esme qu'il désirait, pas une autre, même s'il essayait. Malgré tout, il voulait avancer ou tout du moins, il avait voulu. Son regard, enfin, se releva pour croiser celui d'Esme.

Juste la regarder ainsi, dans l'obscurité, dans cette bulle intime, était suffisant pour bouleverser toutes les valeurs qu'il défendait. Lui le mec droit, honnête, sincère, fiable, sur qui on pouvait compter et qui ne mentait jamais, avait juste envie pour la première fois de tout foutre en l'air et se laisser aller. D'être un connard, juste un salaud qui n'en a rien à foutre des conséquences ou de décevoir, qui se fiche de ce que son entourage puisse penser. Même Esme. Comment, cependant, faisait-elle pour autant garder son emprise alors qu'ils s'étaient évités pendant des mois ? Il n'arrivait pas à se laisser aller, car il ne voulait pas la blesser également. Pouvaient-ils réellement rester amis, rien de plus ? L'étreinte de la main de Zeno se resserra davantage et il ouvrit légèrement les lèvres, semblant vouloir dire quelque chose. Il hésita un instant, puis prononça quatre petits mots au même moment qu'une musique sourde reprenait dans le film, couvrant sa voix. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres et son regard se posa sur leurs mains, avant qu'il ne sente comme une sorte d'inquiétude le gagner. Il n'avait rien du braillard débordant d'assurance. Non, Zeno avait juste ce regard défaitiste malgré un sourire un peu bancal, manquant cruellement d'assurance.
Probablement la peur d'être rejeté.
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Zenesme • That's How it Happens Empty Re: Zenesme • That's How it Happens

Sam 16 Juin 2018 - 19:27

That's how it happens
Au fond, c'était inévitable. Dès le départ, quelque chose en elle l'avait prédit, dès qu'elle était montée le voir dans la salle de musique, ce fameux jour où elle avait lu le Chineur ; mais, trop occupée à essayer de nier toute attraction envers lui, elle avait fait taire tous les indices et s'était bandée les yeux. Ils avaient tout simplement bâillonné leurs cœurs, certes avec les meilleures intentions du monde, mais ça n'avait pas suffi. La vérité surgissait maintenant, alors que leurs mains s'entrelaçaient, et que leurs regards n'allaient pas tarder à se croiser : c'était couru d'avance. L'attraction était toujours là, des deux côtés. Peu importait, finalement, les banalités échangées, les popcorns partagés avec un faux détachement et les blagues innocentes à l'heure des bandes annonces : au plus profond d'eux-mêmes, ils avaient su que ce petit jeu ne pouvait pas durer indéfiniment, et qu'une fois la lumière éteinte, leurs chances de survie dans le merveilleux monde du déni seraient écrasées.

Comme c'était dangereux. Pour elle, qui avait prévu de le garder à distance, de l'aimer de loin en essayant de poursuivre sa vie, de se détoxifier de sa jalousie destructrice. Pour lui, qui avait une nouvelle copine, de nouveaux engagements. Mais bien évidemment, le danger ne faisait que rajouter du piment. Esme avait fait son choix. Elle lui tenait la main parce qu'elle avait accepté, parce qu'elle avait écouté ses sentiments au-dessus de sa raison. Et pour l'instant, bien que consciente de l'enjeu de cette étreinte, elle ne regrettait rien. Car elle se sentait forte, indépendamment de cette main dans laquelle la sienne se réfugiait : elle savait qu'elle ne tomberait pas d'être lâchée, cette fois. Elle voulait assumer. Arrêter de se cacher. Alors, quand enfin Zeno tourna la tête vers elle, elle lui sourit. Quand elle lut les quatre mots sur ses lèvres... elle se figea.

C'était incompréhensible. Elle savait qu'il n'avait pas cessé de l'aimer, elle en avait pris conscience lors de leur dernière entrevue. Elle était aussi très au courant de la passion muette qu'elle lui vouait encore. Mais quelque chose la bloquait pour lui rendre ses mots. Soudain éjectée de leur bulle temporelle, elle se retrouvait suspendue au-dessus de la scène, comme dotée d'une clairvoyance infinie. Elle ne pouvait pas le lui dire. Aussi longtemps que passait Esme à voyager dans le passé, à le ressasser encore et encore, elle savait distinguer ce qu'il fallait reproduire de ce qu'il fallait mieux abandonner. Zeno faisait partie du passé. Son amour pour lui, telles les neiges éternelles, ne disparaîtrait sûrement pas, mais leur relation ne pouvait pas se répéter, pas maintenant, pas comme ça. Si elle le lui disait aussi, si elle prononçait à son tour les quatre mots, leur effet serait semblable à celui de la pierre de résurrection, cette relique introuvable à l'action imparfaite. Leur idylle, tout comme les personnes ressuscitées à l'aide de la pierre, reviendrait à la vie, mais ne serait qu'une ombre incomplète, l'imitation d'un vestige.

Pas de mots, pas de résurrection. Esme tremblait. Elle ne voulait pas faire de mal à Zeno. Comme victime d'un stupéfix tous les écrous de son corps semblaient impeccablement vissés. Elle voulait dire non de la tête, s'excuser. Elle voulait aussi, dans le même temps, se blottir contre lui jusqu'à la fin du film. Elle ne fit aucune de ces deux choses, et continua juste à le regarder, jusqu'à ce que cette vision ne fût trop douloureuse. Alors elle prononça : "We both have to move on". Zeno ne savait pas à quel point elle avait envie de céder à ses pulsions. Elle qui était si droite, une abonnée aux sages décisions, venait de formuler exactement l'inverse de ce qu'elle voulait, par fidélité à ses convictions. Mais avait-elle seulement eut raison ? Elle n'osait pas imaginer le mal qu'elle était en train de lui faire, et refusait d'écouter le sien, de nouveau concentrée sur le film. Le rejet était-il vraiment la meilleure décision, quand il causait tant de peine ?
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Dernière édition par Esme Conyngham le Dim 17 Juin 2018 - 20:32, édité 2 fois
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Zenesme • That's How it Happens Empty Re: Zenesme • That's How it Happens

Sam 16 Juin 2018 - 21:18
Ah, Zeno. Lui et ses sentiments, ses peurs débiles et ses incohérences. Beaucoup pensaient qu'il avait été Gryffondor puis Wright à cause de sa grande gueule et de son tempérament agressif. Pouvaient-ils seulement deviner que c'était davantage lié à ses mille et unes peurs infondées qu'il affrontait constamment et tout autant de faiblesses qu'il n'assumait pas ? Esme le savait. Esme savait combien il pouvait être fragile et que derrière cette grande gueule, il y avait un homme qui doutait énormément de lui et de ses capacités. Un perfectionniste insatisfait, un amoureux craintif, un débutant sur bien des plans. Il n'était pas stupide ni ignare mais bien maladroit et incertain. Sa relation avec Esme avait été passionnelle et lorsque les mots avaient commencés à se barder de piques et d'acide, il avait répondu de la même manière au lieu de la rassurer. Il n'avait pas aidé à solidifier leurs bases et à la supporter comme il aurait dû. Ce n'était qu'une fois leurs routes séparées qu'il avait réalisé combien il l'aimait toujours et qu'elle demeurait irremplaçable.

Il l'avait su. Il s'y était attendu. C'était pour ça qu'il ne la regardait pas. Il ne voulait pas entendre ses mots et subir son regard en même temps. Il déglutit péniblement et la main qui enlaçait celle d'Esme sembla se détendre. Lentement alors, ses doigts se défirent des siens et c'est là qu'il s'aperçut combien ses paroles l'avaient impacté ; sa main tremblait légèrement. Pourtant, son visage était fermé. Complètement fermé. Il n'affichait aucune expression particulière ; ni peine ni désespoir. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'Esme allait voir ou sentir ses tremblements, ou peut-être était-ce déjà le cas ; il retira alors sa main tout en se redressant sur son siège, son regard se reposant sur l'écran pour regarder le dernier quart d'heure du film.

« I know. »

Ce furent les seuls mots qu'il accepta de prononcer. Sans la regarder. Sans assumer. Il ne voulait rien laisser paraître mais intérieurement, il avait bien envie de hurler. Il voulait se lever et renverser les sièges, frapper quelqu'un ou simplement, plus simplement, s'énerver sur Esme et lui dire qu'il en avait rien à foutre de ce qu'elle pensait et que là maintenant, il avait juste envie de l'aimer. Mais il ne faisait rien. Juste assis, à fixer l'écran sans même s'intéresser au film. Il aurait dû le savoir que s'isoler avec elle dans une pièce sombre à regarder un film le mènerait inexorablement vers un dérapage. Il savait qu'il n'était pas assez fort pour lui résister.
Alors le film se termina en silence, sans que Zeno ne lui adresse un seul regard ou une seule parole. Il ne savait pas comment elle avait passé les dernières minutes du film, ne savait pas si elle avait pleuré ou si elle avait pu apprécier la fin en silence, si elle l'avait regardé ou autre. Seul ce poids écrasant sur sa poitrine avait retenu l'attention de Zeno. Dès les premières secondes du générique cependant, il revint un peu à la réalité. Il tourna la tête pour observer rapidement les gens qui se levaient et commençaient à partir. D'autres restaient pour échanger leurs premières impressions. Normalement. La vie continuait. Les gens avançaient. Ce fut pour cette raison qu'il enfila sa veste et attrapa son paquet de popcorn, qui mine de rien avait bien diminué grâce à Esme, avant de se relever. Il attrapa un popcorn pour le manger et, une fois debout, se tourna vers elle.

« Not bad. Wasn't the movie of the year, but it was nice. »

Autant continuer. Les banalités, les masques, les mensonges ; les apparences. Au moins jusqu'à ce que leur route, à nouveau, se sépare.
Il offrit un sourire, certes un peu forcé, mais qui se voulait amical.

« Though the singer was a real douche, wasn't he ? »

Il n'attendit pas sa réponse avant de lui tourner le dos et commencer à s'éloigner pour sortir de leur rangée. Encore quelques minutes à tenir.
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Zenesme • That's How it Happens Empty Re: Zenesme • That's How it Happens

Dim 17 Juin 2018 - 21:54

That's how it happens
Elle n'avait pas voulu être témoin de sa réaction : percevoir ne serait-ce qu'une poussière de douleur chez le jeune homme l'aurait probablement fait sombrer. Esme gardait tout juste le cap, le regard fixé devant, sur ce grand écran qui racontait leur tragédie. Mais dans sa main, c'était l'absence, le vide incommensurable qu'avait laissé son gouvernail en fuyant de son étreinte. Zeno venait seulement de la lâcher, mais elle voulait déjà le toucher à nouveau ; comment avait-elle fait pour vivre des mois sans lui ? Comme une droguée, elle se retrouvait réaccoutumée en une soirée à la substance qu'elle avait réussie à laisser derrière elle pendant des mois. "I know". L'entendre lui répondre la rassura. Bien sûr qu'il savait. Elle n'était pas la seule à l'entendre, la voix de la raison. Mais Zeno, contrairement à elle, n'avait pas su résister à ses sentiments. Ou peut-être, justement, avait-il su mettre de côté sa raison : Esme ne savait plus. Elle ne distinguait plus le bien du mal, puisque le fait d'avoir suivi la morale et de l'avoir repoussé, au fond, s'était révélé être un acte malhonnête envers ses propres émotions. Peut-être aurait-elle dû répondre à ses mots d'amour, aussi infertiles soient-ils, pour lui montrer qu'il n'était pas seul. Par solidarité amoureuse.

We have to move on. C'était facile à dire. N'était-ce pas ce qu'ils avaient essayé de faire, durant les neuf mois écoulés ? Esme était assaillie par le doute ; elle regrettait ses actes autant qu'elle était rassurée d'avoir su lui résister. Perdue, elle se recentra sur le film. Ce furent les funérailles du chanteur. Tous les membres du groupe étaient présents, sauf la pianiste, qui jouait un morceau de Debussy, seule chez elle, tandis qu'on enterrait son amant. Le soir même, le groupe se retrouvait, et répétait quelques chansons, comblant les parties chantées par davantage d'instruments, sans parler. La semaine d'après, tous leurs contrats étaient rompus, et en moins d'une minute, les personnages vieillirent d'un an. La fin du film mettait en scène le couple formé par la pianiste et le batteur, dans l'anonymat. Esme ne savait plus quoi penser ; elle était heureuse que la pianiste ait su rebondir. Qu'elle se soit formé un autre avenir, drastiquement différent de celui qui se profilait pour elle au départ. Mais était-il possible de s'en satisfaire entièrement ?

Les lumières s'allumèrent sans qu'elle n'ait trouvé de réponse à sa question. La brune enfila doucement sa veste, mais Zeno, manifestement pressé, était déjà debout à côté d'elle, prêt à partir. Elle le suivit tandis qu'il leur frayait un chemin parmi le flot de spectateurs, tous ayant retrouvé leur langue. Elle attendit qu'ils soient tous les deux sortis dans le couloir pour lui répondre, heureuse de pouvoir continuer sur une discussion normale, bien que sonnant un peu faux. "I'd say his decisions were despicable, but he was just drawn to be this way". Elle voulait être juste dans son jugement, même s'il ne s'agissait que d'un personnage. "I want to understand him, I guess... His death was heart-breaking, too", lui confia-t-elle, encore happée par la fin du film, bien qu'elle ait eu plus de mal pour la suivre. "Anyway, I really hope you didn't get bored", lui dit-elle avec un sourire, tête levée vers lui. Elle se sentait bête de lui parler ainsi, d'éluder l'incident. Il y avait un décalage entre eux. Le jeune homme lui posait ces questions uniquement pour éviter une situation gênante, mais elle y répondait avec un véritable enthousiasme. Elle n'avait, au fond, qu'une crainte, une peur gigantesque qui émergeait en elle : qu'ils se quittent là-dessus. Cela représenterait un pas en arrière beaucoup trop conséquent. Pourtant, bonnes manières obligeaient, elle ne pouvait tout simplement pas obliger Zeno à rester plus longtemps à ses côtés.

Alors qu'ils se dirigeaient vers les portes du cinéma, voyant les bras de Zeno encombrés des popcorns, l'étudiante passa devant lui pour lui tenir la porte. "Let me hold your h..." commença-t-elle. Stop. Ses paupières étaient closes, elle grimaçait. Elle les rouvrit d'un coup, et planta ses grands yeux dans ceux du Wright. "The door. Let me hold the door", corrigea-t-elle. Son inconscient avait parlé. Un merveilleux lapsus. N'était-ce pas la dernière chose dont ils avaient besoin ? Esme ne savait pas quoi faire : elle voulait rire, pleurer, se cacher dans la poubelle la plus proche, prendre un billet d'avion pour l'Islande. Elle se contenta de faire ce qu'elle avait promis : lui tenir la porte, et sortir après lui de l'endroit, pour se retrouver dans les rues d'Inverness.
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Zenesme • That's How it Happens Empty Re: Zenesme • That's How it Happens

Lun 18 Juin 2018 - 19:41
Ô combien il était difficile de garder la face en ce genre de situation. Il pouvait être un excellent acteur dans ses cours de théâtre, faire gober n'importe quelle connerie au premier plouc qu'il croisait, il y avait certaines émotions qui étaient bien plus dures à étouffer qu'à imiter. Feindre l'indifférence ou le bien-être alors qu'il était aux antipodes de ces émotions s'avérait être un véritable challenge. Mais il tenait bon, il n'abandonnait pas. Zeno gardait la face, quoiqu'il arrive, en toute circonstance.
Seulement arrivés aux portes, Esme le devança. Elle passa devant lui pourir ouvrir la porte et Zeno s'arrêta, un peu perplexe. Il l'observa, ayant bien entendu ce lapsus, mais ne jugea pas nécessaire de le relever. Hold your hand ? Si elle le voulait vraiment, peut-être n'aurait-elle pas dû le repousser. Un peu amer, Zeno ne fit pas de remarque à ce sujet et se contenta de passer la porte qu'elle tenait, se retrouvant ainsi dehors. Lorsqu'il passa à côté d'elle, même, il ne lui adressa pas un regard. Un froid soudain s'était installé, une distance, une muraille que Zeno venait de bâtir par mesure de sécurité.

« It wasn't boring, no worries. But y'know, I don't think the singer was bad. »

Il se retourna vers Esme et esquissa un geste en direction du cinéma. Le ton de sa voix était un peu plus dans l'émotion que prévu.

« Perhaps no one listened to the guy. Perhaps he wanted to change but because the others didn't want to see that, he just ended up alone and fucked up on his own. »

Son regard se planta dans celui d'Esme. Une partie de lui était révoltée, quand l'autre voulait s'enterrer dans un trou et ne pas en sortir.

« He deserved a second chance. »

Parlait-il de lui, ou du chanteur ? Il ne le savait pas trop lui-même. Mais dans les deux cas, il croyait en ses propres paroles. Il y eut comme un flottement, un instant de silence durant lequel ses paroles s'écrasaient encore contre eux, renforçant cette muraille bâtie à l'arrachée.

« Not just with the pianist. With everyone. »

Léger soupir. Tout le monde ? Fort heureusement, il n'était pas seul, contrairement à ce personnage.

« You should listen to Whiskey Lullaby, by Brad Paisley and Alison Krauss. I have a feeling it sums up their relationship pretty well, sorta. »

Il attrapa deux popcorn qu'il enfourna entre ses lèvres, s'empêchant ainsi de déverser plus d'acidité que nécessaire sur Esme qui, malgré elle, n'avait pas voulu lui faire de mal. Zeno savait qu'il regretterait ses propres paroles mais sur le coup, cela lui faisait du bien. Ca le soulageait. Un peu. Légèrement.
Alors qu'il aurait pu lui proposer des popcorn, le paquet n'étant pas fini, il fit juste trois pas pour atteindre la poubelle et jeter ce qu'il restait. Même s'il essayait, ça ne passait pas ; bouche trop sèche et gorge serrée, l'émotion le prenait encore. Que devait-il faire pour se débarrasser de tout ça ?
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Zenesme • That's How it Happens Empty Re: Zenesme • That's How it Happens

Dim 24 Juin 2018 - 21:55

That's how it happens
Le fait que Zeno n’émette aucun commentaire au sujet de son lapsus rendit le moment encore plus gênant à passer pour la brune, qui fit mine de regarder ailleurs. Sa bourde allait donc être l’élément final de cette sortie improvisée, une sortie qui avait certes bien commencé, avant de finalement tourner au vinaigre, la faute à leur passé amoureux qui semblait ne jamais cesser de se rappeler à eux. Maintenant qu’ils avaient rejoint le clair de lune, Esme regrettait fort sa place à ses côtés, dans la salle de cinéma, là où elle pouvait piquer dans ses popcorns et plaisanter avec lui. Le premier moment agréable passé tous les deux depuis leur séparation, et même quelque temps avant. Un moment de complicité qui éveillait inlassablement sa nostalgie.

Zeno réagissait à sa petite analyse cinématographique, et elle écoutait attentivement, toutefois incapable de vraiment se concentrer sur son ressenti. Pourtant, au fur et à mesure que le discours du Wright semblait s’éloigner du sujet initial, elle prêtait oreille : était-elle parano ? Ou bien essayait-il de lui faire passer un message ? Esme avait pu remarquer le parallèle, bien que discret, qu’il était possible de faire entre leur ancien couple et celui dépeint à l’écran, et Zeno avait bien dû y penser aussi. C’est lorsqu’il la fixa dans les yeux qu’elle se figea sur place, surprise par l’aplomb de ses paroles : "He deserved a second chance". Très bien. Il avait changé de sujet, c’était clair. Incertaine de comment réagir, les pensées fusèrent dans la tête de la Lufkin. Ils s’étaient séparés d’un commun accord, et elle avait tout mis en œuvre pour avancer, dès les premiers mois, alors qu’il semblait avoir tourné la page beaucoup plus facilement qu’elle. Avait-il le droit de lui dire ça ? Même s’il ne parlait pas seulement d’eux, Esme ressentit les braises de l’injustice s’élever dans le creux de son estomac. Neuf mois après, c’était trop tard pour prétendre à une seconde chance. C’était totalement inconsidéré de sa part.

Avant même qu’Esme ne doive prendre une décision concernant l‘endroit où elle allait mener la conversation – qui aurait pu véritablement déraper sur tout autre chose qu’un simple débrifing post-séance, Zeno continua, recentrant superficiellement la réflexion sur le film : "Not just with the pianist. With everyone". Là-dessus, ils étaient d’accord. "I’m sure he did", répondit-elle. Puis elle décida tout de même de glisser : "He just woke up too late to ask for it", imitant le ton froid sur lequel il lui adressait la parole depuis quelques minutes, avec une amertume plus dissimulée cependant. En entendant sa suggestion musicale, elle se dit qu’un message se cachait sûrement dans les paroles, et qu’elle ne serait peut-être pas en mesure de l’écouter sans fondre en larmes. Elle acquiesça, et leva son regard vers lui, chose qu’elle n’avait pas vraiment osé faire depuis qu’ils étaient sortis du bâtiment. Depuis qu’elle l’avait repoussé, elle se sentait mal, et cette conversation, ou plutôt ce ridicule affrontement implicite, ne faisait que prolonger son malaise. Elle savait pourtant qu’ils pouvaient encore s’entendre, ils l’avaient prouvé en début de soirée ; poursuivre cet échange hargneux n’avait pas de sens. 

Elle soupira, puis s’approcha légèrement de lui, et abandonna le ton plein de reproches qu’ils semblaient tous deux avoir choisi pour parler avec la douceur qui lui allait bien mieux. "I’ll listen to it. You've always had great music advice", affirma-t-elle en lui adressant un sourire sincère. Avec précaution, elle continua de s’avancer, pour saisir le bras du jeune homme par-dessus sa veste. La prise n’était pas nécessaire, mais elle souhaitait lui montrer que le contact n’était pas définitivement rompu. Dans le même mouvement, elle se hissa sur la pointe des pieds pour lui faire la bise. "I’m apparating somewhere near Hungcalf, if you want to go with me". Transplaner à deux était plus sûr, mais Esme lui proposait aussi en espérant qu’il la suive, et ainsi s’assurer qu’ils se quittaient en bons termes.

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Zenesme • That's How it Happens Empty Re: Zenesme • That's How it Happens

Lun 25 Juin 2018 - 0:08
Les éclats de leur relation étaient comme des bouts de verre plantés dans leur peau. Quand ils pensaient s'en être débarrassé, ils trouvaient toujours un nouvel éclat qui n'avait pas été douloureux jusqu'à présent. Zeno pensait avoir été fort, il avait été convaincu qu'il pouvait facilement aller de l'avant. Tant qu'elle le pleurait, il ne s'était pas inquiété. Mais maintenant qu'elle était celle qui voulait aller de l'avant, c'était comme s'il devait se préparer à la perdre à nouveau. Le deuil d'une relation qu'il ne voulait pas voir disparaître, par crainte de ne jamais pouvoir la retrouver. L'amour qu'il avait éprouvé pour elle avait été si fort, si beau, que personne ne les avais vus se déchirer. Et même lui n'avait pas voulu y croire. Too late ; ces mots allaient encore résonner longtemps dans son esprit.
Esme se rapprocha se lui et il regarda ailleurs, mâchoire serrée et visage fermé. Don't come any closer, voulait-il lui dire. Il déglutit et esquiva son regard alors qu'elle venait l'embrasser sur la joue. Sa poitrine sembla se déchirer à cet instant. En dépit de ce qu'il venait de lui dire, elle trouvait encore le moyen de garder la face et même de lui proposer de transplaner ensemble.

Comment lui dire qu'il n'en avait pas la force ? Qu'à chaque fois qu'il la revoyait et que tout semblait aller pour le mieux, il revenait vers elle dans l'espoir d'avoir plus ? Qu'il n'arrivait pas à la voir comme une amie car, en fin de compte, ils n'avaient jamais été amis avant de devenirs amants ? Il ne pouvait pas agir avec elle comme il agissait avec les autres filles. C'était impossible. Petit à petit, la colère le prenait. La colère de ne pas avoir su agir avant, d'être encore en retard, de ne pas pouvoir exprimer ses sentiments sans qu'ils se heurtent à un barrage. Le regard douloureux qui s'était lentement baissé vers le sol, Zeno ne parvenait même plus à la regarder.

La voix douce d'Esme ne l'avait pas apaisée, loin de là. Elle avait juste rendu les choses plus compliquées pour lui.

« Then was the right time at the ball when you ran away from me ? Or was it too early ? »

Il dégagea son bras un peu sèchement, toujours sans la regarder. Comme un gamin blessé, il avait juste envie d'aller dans un coin tranquille pour bouder en solitaire.

« I'll go for a walk. Alone. »

Il s'éloigna d'un pas.

« Have a good night. »

Et comme pour l'empêcher de le retenir, il fourra rapidement ses mains dans ses poches et tourna les talons pour s'enfuir. Partir. Partir, disparaître pour la soirée, ne pas la voir ni l'entendre. Il avait besoin de s'éclipser, de s'appitoyer sur ses sentiments heurtés et son amour propre qui n'encaissait pas le refus. Ce n'était pas la première fois qu'elle le refusait, concrètement ; mais c'était bien la première fois qu'ils passaient un bon moment ensemble, s'avouaient indirectement leur attirance mutuelle, mais qu'il était repoussé après une confession. Il devait sérieusement prendre le temps d'y penser ; abandonner tout espoir la concernant. Se défaire de ses sentiments. Peut-être même envisager de couper les ponts. Il n'en savait rien. Mais ce soir, il avait eu sa dose.
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