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L'ennui. [PV]
Dim 24 Jan 2010 - 19:19
•• MG & BONNIE
Qu’est-ce qu’un corps mort ? Un corps sans vie, un corps aux muscles détendus. Ou alors sont-ils tout crispés ? Bien qu’il ait tué et vu des morts, Marie avait oublié tout cela. Le sang est-il plus liquide qu’épais, pénètre t-il dans la terre grasse ou reste-il en surface ? Quand on meurt, notre visage reste t-il le même, ou les traits s’estompent-ils pour être remplacés par d’autres ? Un corps sans vie, c’est quoi déjà ? Et le sang, le goût du sang, son odeur ? Un goût de fer, mais étais-ce seulement ça ? Un mort n’a pas mal à la tête, un mort n’a plus de soucis, un mort se moque de pourrir, un mort ça se moque de tout. Et la mort, se moque t-elle de tout ? Marie n’avait aucune réponse, aucune certitude. Il se contentait de faire le mort. Avachi sur le sol, comme désarticulé, l’adolescent ne bougeait plus et ses cheveux noirs autour de son visage créaient une grande auréole sombre, faisant ressortir son teint de porcelaine si peu masculin. Ses grands yeux liquides comme le ciel étaient clos, sa respiration à peine percevable. Mais son nez sifflait légèrement, comme d’habitude, à chaque fois qu’il s’allongeait ou ne s’asseyait pas bien droit. Le mucus descendait dans toutes ses voies respiratoires, bloquant son nez, gênant ses poumons. Savez-vous que l’on ne respire que d’une narine à la fois ? Marie venait de percevoir cela et s’entendait, se sentait respirer de cette façon si étrange. Parfois il y avait des défauts, cela sautait, cela repartait. Marie avait toujours eu une respiration difficile. J’exagère. Pas depuis toujours. Depuis ses huit ans, seulement. Rien que ça. Dix ans. Une de ses côtes s’était cassée il y a un moment déjà, mais la cicatrisation s’était mal passée et depuis elle appuyait sur son poumon droit, de façon douloureuse. C’était comme si quelque chose appuyait sur sa poitrine et parfois, ça faisait mal, si mal ! Il craignait de devoir nager, à cause de cette côte. Ses poumons alors gonflés d’air sous l’eau pressaient tout son corps, attiré par la surface. Une douleur à en pleurer, à en chialer. Une douleur à laquelle on s’habituait, avec le temps. Chaque inspiration était une seconde de vie, chaque expiration un rapprochement de la mort. Les couloirs bougeaient tout autour de ce petit corps caillassé, veines de l’immense infrastructure d’Hungclaf. L’adolescent semblait attendre de se faire écraser par l’un d’eux, mais rien ne le toucha, comme si les pans de pierre ne voulaient trop l’approcher, trop le déranger. Il semblait dormir. Il semblait être mort. Sa respiration pourrait très bien être celle des murs. La fenêtre disparut, la lampe aussi. Plus rien. Le noir complet. Mais qu’importe, déjà ses yeux étaient clos. On voyait, d’une des poches de son jean brut, sortir sa longue baguette au bois sombre, alors que les trois premiers boutons de sa chemise noire étaient ouverts, laissant entrevoir le bout de ses doigts, Marie ayant glissés ses deux mains sous sa chemise jusqu’à sa fine gorge, de façon à se tenir à peu près chaud. Il ne s’était pas assez couvert comme d’habitude, et la base de ses ongles blanchissait de froid alors que ses lèvres, toujours si peu colorées, viraient au bleu violacé. Entre ses jambes se trouvait son sac, de sorte à être sûr qu’aucun mur ne le lui vole. Mais le froid ne le dérangeait pas. Le froid ne dérange pas un mort, le froid n’est pas une calamité. On s’y fait, surtout quand on a le cœur gelé.
Marie se sentait agréablement mal et souriait légèrement, d’une façon rare chez lui. La lumière revint, il ne savait comment. Et s’en fichait éperdument, comme tout le reste. Pourquoi était-il venu ici, déjà ? Ah, pourquoi… Un tel besoin de solitude que cela en devenait invivable, insoutenable… C’était le début de l’après-midi, il avait du temps devant lui, Marie. Du temps pour redevenir lui-même, pour fumer un peu, pour appeler chez lui ou sortir le dernier playboy ou bouquin sordide acheté, histoire de lire au calme. Marie aimait traîner par ici, ce n’était pas nouveau et quelques uns déjà avaient étés surpris de le trouver ici, mais souvent le damoiseau, muni de son sixième sens, cachait ses idioties avant que quelqu’un ne surgisse à l’autre bout du couloir ; Ou alors, il s’arrangeait pour que cela ne se sache pas. Et puis qui croirait quelqu’un disant que Marie, le prude et chaste Marie ! Lit playboy en fumant des cigares comme jamais votre père n’a rêvé s’en acheter ? Mais là étrangement, il n’avait pas envie de tout cela. L’avait surpris la pensée qu’il avait oublié comment c’était un mort, comment c’était de tuer, comment c’était le sang, et que pourtant, toujours subsistait ces étranges envies de meurtre, ces poussées de violence incompréhensibles pour les autres, bridées tant il pouvait jusqu’à la frustration. Il aurait pû venir ici pour crier, se défouler, mais en avait peur, là aussi. Avait peur de se lâcher. Alors Marie jouait le mort, cherchant ses sensations passées dans son imagination. La seule façon qu’il avait d’évacuer sa détresse hurlante. Il se sentait mal oui, très mal. Parce que arracher la vie d’un autre n’est pas quelque chose d’agréable, mais certaines choses, bien que détestables, sont obligatoires pour vivre, survivre. Il fallait tuer pour survivre, il fallait gagner des trophées pour montrer sa supériorité. Pourquoi se sentait-il obligé de faire ainsi ? Marie pouvait très bien faire de longues études,a voir un bon boulot, une belle famille en guise de trophées ! Pourquoi toujours se sentait-il obligé de s’enfoncer dans la douleur, qu’importe la façon de s’y morfondre ? Il n’aimait pourtant pas tuer, il n’aimait pas ça, c’était dégueulasse, du sang partout, du sang poisseux. Voilà, lui revenait la sensation, tout doucement, la sensation de la mort. Non, Marie n’est pas un désaxé, Marie n’est pas un pervers ou un fou en liberté, Marie n’aima pas tué, n’a jamais aimé cela, l’a toujours fait sous la contrainte. L’odeur de la poudre lui chatouille le nez, et pour rien au monde, il l’espère, cela ne se reproduira. Parce que faire mal aux autres, c’est dur à porter. Bien qu’il ne puisse s’en empêcher. Pourquoi donc ? Ce n’était pas une question d’éducation, sa mère avait tenté, de son vivant, de l’empêcher de faire comme ses aînés. Son père n’était pas un grand fan de violence non plus. Serais-ce dans son caractère d’être méchant ? Pourquoi ne prenait-il son pied que de cette façon ? Oui, bien évidemment lui aussi enviait les couples tout roses volant sur des petits nuages pailletés, mais préférait en rêver. Il n’avait jamais réussi a avoir de relation douce et agréable, toujours était-il dans l’optique d’une guerre, d’une bataille à mener, d’un ennemi à terrasser. C’était éprouvant pour lui, certes, mais surtout pour les autres. La vie est éprouvante, même quand on joue être mort.
Marie en avait marre de penser, alors sortit son téléphone portable et composa le numéro de son frère, bien que conscient qu’il n’arrivera pas à le joindre, Felipe passant son temps à gambader dans la forêt profonde, à tomber dans la boue et à casser son téléphone… A se rendre là où il n’y a pas de réseau, ou alors il est éteint ou oublié quelque part… Les bip se prolongeaient dans les tympans de Marie, déjà exaspéré que de devoir attendre. Finalement, il raccrocha avant de tomber ne serais-ce que sur la messagerie. Il s’était rallongé, et son regard mécontent, assombri par deux sourcils froncés, fixait son téléphone, tenu en haut de son bras tendu. Il lui restait… deux heures à rien faire. Comptons une demi-heure pour sortir des couloirs mouvants, et dix minutes pour rejoindre sa salle. Cela fait… Du temps à ne rien faire. Encore. Ses devoirs étaient faits, ses cours révisés, et franchement Marie n’avait pas grande envie d’aller se mêler aux autres de suite. Rien que ce matin, on l’avait poussé, insulté, on avait voulu lui foutre une beigne et un sort l’avait frôlé. Une mauvaise journée qui n’en finissait pas. Qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir lui tomber sur la gueule, encore ? Son bras retomba sur sa poitrine, serrant toujours son téléphone, et ses yeux cherchaient au plafond des réponses à des questions inexistantes. Un soupir lui échappa. Les couloirs bougèrent de nouveau.
Que faire dans toute cette solitude ? Il devait se distraire avant de sombrer dans les folies de son esprit, qu’il avait tendance à aggraver. Voyons, c’était un adolescent comme tous les autres, pourquoi se cherchait-il des explications malheureuses. Les autres aussi aimaient la violence. Il avait d’ailleurs encore comme preuve un grand bleu sur une de ses épaule, laissé, par une main généreuse.
Marie se sentait agréablement mal et souriait légèrement, d’une façon rare chez lui. La lumière revint, il ne savait comment. Et s’en fichait éperdument, comme tout le reste. Pourquoi était-il venu ici, déjà ? Ah, pourquoi… Un tel besoin de solitude que cela en devenait invivable, insoutenable… C’était le début de l’après-midi, il avait du temps devant lui, Marie. Du temps pour redevenir lui-même, pour fumer un peu, pour appeler chez lui ou sortir le dernier playboy ou bouquin sordide acheté, histoire de lire au calme. Marie aimait traîner par ici, ce n’était pas nouveau et quelques uns déjà avaient étés surpris de le trouver ici, mais souvent le damoiseau, muni de son sixième sens, cachait ses idioties avant que quelqu’un ne surgisse à l’autre bout du couloir ; Ou alors, il s’arrangeait pour que cela ne se sache pas. Et puis qui croirait quelqu’un disant que Marie, le prude et chaste Marie ! Lit playboy en fumant des cigares comme jamais votre père n’a rêvé s’en acheter ? Mais là étrangement, il n’avait pas envie de tout cela. L’avait surpris la pensée qu’il avait oublié comment c’était un mort, comment c’était de tuer, comment c’était le sang, et que pourtant, toujours subsistait ces étranges envies de meurtre, ces poussées de violence incompréhensibles pour les autres, bridées tant il pouvait jusqu’à la frustration. Il aurait pû venir ici pour crier, se défouler, mais en avait peur, là aussi. Avait peur de se lâcher. Alors Marie jouait le mort, cherchant ses sensations passées dans son imagination. La seule façon qu’il avait d’évacuer sa détresse hurlante. Il se sentait mal oui, très mal. Parce que arracher la vie d’un autre n’est pas quelque chose d’agréable, mais certaines choses, bien que détestables, sont obligatoires pour vivre, survivre. Il fallait tuer pour survivre, il fallait gagner des trophées pour montrer sa supériorité. Pourquoi se sentait-il obligé de faire ainsi ? Marie pouvait très bien faire de longues études,a voir un bon boulot, une belle famille en guise de trophées ! Pourquoi toujours se sentait-il obligé de s’enfoncer dans la douleur, qu’importe la façon de s’y morfondre ? Il n’aimait pourtant pas tuer, il n’aimait pas ça, c’était dégueulasse, du sang partout, du sang poisseux. Voilà, lui revenait la sensation, tout doucement, la sensation de la mort. Non, Marie n’est pas un désaxé, Marie n’est pas un pervers ou un fou en liberté, Marie n’aima pas tué, n’a jamais aimé cela, l’a toujours fait sous la contrainte. L’odeur de la poudre lui chatouille le nez, et pour rien au monde, il l’espère, cela ne se reproduira. Parce que faire mal aux autres, c’est dur à porter. Bien qu’il ne puisse s’en empêcher. Pourquoi donc ? Ce n’était pas une question d’éducation, sa mère avait tenté, de son vivant, de l’empêcher de faire comme ses aînés. Son père n’était pas un grand fan de violence non plus. Serais-ce dans son caractère d’être méchant ? Pourquoi ne prenait-il son pied que de cette façon ? Oui, bien évidemment lui aussi enviait les couples tout roses volant sur des petits nuages pailletés, mais préférait en rêver. Il n’avait jamais réussi a avoir de relation douce et agréable, toujours était-il dans l’optique d’une guerre, d’une bataille à mener, d’un ennemi à terrasser. C’était éprouvant pour lui, certes, mais surtout pour les autres. La vie est éprouvante, même quand on joue être mort.
Marie en avait marre de penser, alors sortit son téléphone portable et composa le numéro de son frère, bien que conscient qu’il n’arrivera pas à le joindre, Felipe passant son temps à gambader dans la forêt profonde, à tomber dans la boue et à casser son téléphone… A se rendre là où il n’y a pas de réseau, ou alors il est éteint ou oublié quelque part… Les bip se prolongeaient dans les tympans de Marie, déjà exaspéré que de devoir attendre. Finalement, il raccrocha avant de tomber ne serais-ce que sur la messagerie. Il s’était rallongé, et son regard mécontent, assombri par deux sourcils froncés, fixait son téléphone, tenu en haut de son bras tendu. Il lui restait… deux heures à rien faire. Comptons une demi-heure pour sortir des couloirs mouvants, et dix minutes pour rejoindre sa salle. Cela fait… Du temps à ne rien faire. Encore. Ses devoirs étaient faits, ses cours révisés, et franchement Marie n’avait pas grande envie d’aller se mêler aux autres de suite. Rien que ce matin, on l’avait poussé, insulté, on avait voulu lui foutre une beigne et un sort l’avait frôlé. Une mauvaise journée qui n’en finissait pas. Qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir lui tomber sur la gueule, encore ? Son bras retomba sur sa poitrine, serrant toujours son téléphone, et ses yeux cherchaient au plafond des réponses à des questions inexistantes. Un soupir lui échappa. Les couloirs bougèrent de nouveau.
- MG_« Hm hm hm… »
Que faire dans toute cette solitude ? Il devait se distraire avant de sombrer dans les folies de son esprit, qu’il avait tendance à aggraver. Voyons, c’était un adolescent comme tous les autres, pourquoi se cherchait-il des explications malheureuses. Les autres aussi aimaient la violence. Il avait d’ailleurs encore comme preuve un grand bleu sur une de ses épaule, laissé, par une main généreuse.
- InvitéInvité
Re: L'ennui. [PV]
Mer 27 Jan 2010 - 21:26
HATING THAT FEELING RUSHING THROUGH MY VEINS AGAIN.
- « Les être de l’eau, plus connus sous le nom de « sirènes », sont des créatures dont l’apparence varie presque autant que celle des humains. On les trouve principalement autour des grands lacs en Grèce, en Ecosse et en ... ».
Damn. Jamais un cours de défenses contre les forces du mal n’avait paru aussi long. Ordinairement, cette discipline suscitait toujours de l’enthousiasme chez la plupart des élèves et les leçons se révélaient être riches d’enseignements. Mais pas cette fois. Assise au deuxième rang, les yeux dans le vide, Bonnie Arton scrutait sa feuille depuis un bon moment. Enfin, depuis le début du cours, quoi. Elle se moquait éperdument des êtres de l’eau et ne chercherait jamais à en apercevoir, contrairement à bon nombre de ses camarades, passant la plupart de leur temps à espérer rencontrer des créatures immondes et terrifiantes dans l’unique but de bien se faire voir du professeur. La jeune femme ne s’adonnait jamais à ce genre de pratiques ; à vrai dire, quand on s’appelait Bonnie Arton, il suffisait d’un battement de cils et d’un beau sourire pour avoir l’équipe éducative dans sa poche. Bref. Là n’était pas la question. Un silence d’or régnait sur la salle de défenses contre les forces du mal. Pas un bruit, ni une mouche n’osait rompre cette ambiance studieuse. Seuls les grattements des stylos sur les parchemins se faisaient entendre. Magnifique pour un professeur, n’est-ce pas ?
- « Miss Arton…Je me doute que vos activités nocturnes demandent beaucoup d’efforts physiques, d’après ce que je peux entendre dans les couloirs, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut vous passer de notes. »
La jeune australienne sortit de sa rêverie et plongea la tête dans sa feuille, stylo en main. Se faire reprendre dans une matière qu’elle appréciait, Bonnie en avait horreur. Mais ce n’était pas de sa faute si depuis quelques temps, d’autres préoccupations prenaient le pas progressivement sur son esprit, comme si elle découvrait quelque chose de nouveau pour la première fois. Un besoin, une obsession. Et elle n’était jamais rassasiée. Son nom ? L’amour. Ça vous consume petit à petit, sans vous laisser le moyen de lutter ne serait-ce qu’une petite minute. Pendant des années, trois ans plus exactement, Bonnie cherchait par tous les moyens à fuir ce sentiment en couchant avec n’importe qui, avant de jeter sa conquête le lendemain matin. Seulement, elle avait fait la connaissance d’un Lufkin très apprécié de la gente féminine, Ceasar Bougrov. Une relation purement charnelle s’était peu à peu immiscée entre les deux jeunes gens mais rien de bien sérieux. Jusqu’au moment ou une violente dispute éclata, suite à une histoire de jalousie maladive, révélant au grand jour le peu de sentiments qu’ils commençaient à ressentir pour l’autre. La Grymm mit du temps avant de reconnaitre son attachement profond pour le Lufkin parce qu’elle refusait d’y croire à nouveau. Ou plutôt, elle ne voulait pas que le même schéma se reproduise encore une fois. Parce que si Bonnie Arton passait pour cette fille intouchable redoutablement séductrice, peu savaient qu’à l’âge de seize ans, la réalité en avait décidé autrement. A ce moment-là, la jeune femme « sortait » avec un Serdaigle dénommé Marie Leatherborrow, pour qui ses sentiments étaient très forts. En apparence, personne ne les imaginait entretenir une relation amoureuse assez...particulière. Marie la malmenait aussi bien physiquement que mentalement, ce à quoi la jeune australienne n’osait pas riposter parce qu’elle l’aimait. Et il a fallu qu’ils couchent ensemble. Un désastre, un échec total. Encore et toujours la violence, la douleur. Oh, elle avait essayé d’employer la douceur mais un garçon comme Marie ne connaissait pas cette méthode ; il prenait plaisir à faire souffrir les autres, il ne voyait que ça. Depuis, Bonnie vouait une aversion profonde pour la violence mais s’arrangeait toujours pour en taire les origines. Lorsqu’elle s’aperçut que Marie suivait lui aussi des cours à Hungcalf, la jeune femme crut vivre un nouveau cauchemar. Et non. Au lieu de l’attaquer physiquement, il le faisait moralement par le biais d’un chantage auquel la Grymm se sentait obligée de se plier. En fait, elle n’avait pas le choix. Sauf que maintenant qu’elle « sortait » avec Ceasar, la jeune femme souhaitait y mettre un terme définitif. Hors de question que ce maigrichon ruine son couple.
En entendant retentir la sonnerie de fin des cours, Bonnie se précipita vers la sortie, résignée à aller voir Marie. Ce chantage devait prendre immédiatement fin et il n’aurait pas son mot à dire. Un brouhaha insupportable s’élevait des couloirs, à présent bien remplis par les étudiants de Hungcalf. Avant de se faire engloutir par la foule, la Grymm se réfugia dans les escaliers menant au deuxième étage, sans savoir réellement ou aller. Enfin si, elle espérait retrouver Ceasar dans la salle commune des Lufkins ou ils pourraient peut être passer un moment en tête à tête. Mais rien ne lui avait dit que son petit ami se trouvait à cet endroit. Tant pis, Bonnie verrait bien ; ses cours à présent terminés, il était temps de s’accorder une petite pause avant de reprendre ses devoirs. Cependant, en passant à proximité des couloirs coulissants, la jeune femme se souvint de Marie. Il traînait souvent ici, d’après ses souvenirs, du moins à Poudlard. Peut être avait-il gardé cette vieille habitude…Elle se revoyait, venant le voir dans cette partie du château en permanence déserte, et le câliner, comme l’aurait fait n’importe quelle petite amie. Et lui, il se contentait de la repousser violemment, en lui disant de le laisser lire en paix. A chaque fois. A cette pensée, Bonnie ne put s’empêcher de déglutir. La simple idée de le revoir et de lui parler de ce chantage la rendait de plus en plus nerveuse ; et s’il la malmenait à nouveau ? La jeune femme soupira et prit son courage à deux mains, direction les couloirs coulissants, déserts. Qui aimait venir se reposer ici, franchement ? On était en permanence maltraité par les murs, vous laissant parfois des séquelles. Oui bon, Bonnie exagérait un peu.
Au détour d’un couloir, les yeux noirs de la Grymm se posèrent sur une silhouette longiligne étendue, comme profitant d’un moment de répit. Son cœur se serrait au fur et à mesure qu’elle avançait à pas lents, ses talons résonnants sur le parquet. C’était lui. Aucun doute. Sans prendre le temps de réfléchir, Bonnie accéléra légèrement le rythme de ses pas pour arriver à sa hauteur. Elle le toisait d’un regard plein de mépris, comme si elle s’était préparée à ce qui l’attendait.
« Il faut qu’on parle. »
Sa gorge nouée, la jeune femme laissa tomber son sac au sol. La peur l’envahissait à mesure qu’elle l’observait. Mais pourquoi donc ? Il n’avait esquissé aucun mouvement violent. Du moins, pour le moment.
- « Ce chantage doit prendre fin. Tu n'as plus la même emprise sur moi qu'il y a trois ans. Enfonce-toi ça dans la tête. »
- InvitéInvité
Re: L'ennui. [PV]
Jeu 28 Jan 2010 - 23:23
Étrangement, quelqu’un vint briser sa solitude. Quelqu’une plus précisément, au son des talons claquant sur le sol d’un pas vif et léger. Un pas qu’il connaissait, un pas qu’il épiait et attendait, un pas qui faisait partie du passé, du présent. Du futur ? Oh, certainement. Marie resta toutefois inerte. Pourquoi se relever trop vite ? Il savait qui c’était, savait dans qu’elle état elle serait ! Et s’en délectait d’avance. C’était quelqu’un au visage rond, avec des yeux ronds aux iris rondement foncés. Noirs, marron? Marie avait du mal à retenir la couleur exacte des yeux de ceux qu’ils côtoyaient. Il passa rapidement un doigt sur ses gencives, tic songeur datant de sa plus précoce enfance, et se redressa au son de sa voix. Il avait cet air dépareillé qui lui collait à la peau, un dandysme voulu dans la négligence. Avec son regard qu’on ne savait par quel bout prendre, qui pouvait tout exprimer. Étais-ce de la joie, de la fatigue, de la ruse ou du rire ? Elle voulait parler. Marie retins quelques piques, préférant le dédain du silence à la chaleur de sa voix. Il avait hérité de forts accents colombiens qui lui déplaisaient fortement. Parce que cette si belle langue, ce pays si chaud d’où il venait l’empêchait d’avoir des mots encore plus dur qu’il ne voudrait qu’ils soient. Parce que blesser, blesser avec des mots demande un langage, une voix, une précision de ton. Hélas, le langage était là, mais le ton encore à travailler. Jamais il n’égalerait ces grands froids que l’on voit dans les films américains. Ils sont souvent slaves, ces grand froids. Une langue barbare qui par sa beauté laisse inerte. Mais devant lui se tenait silhouette encore plus démunie que lui ; une pauvre enfant devenue âgée avec le temps, qu’il savait fragile, délicate, faite de porcelaine alors que lui avait été fait de bourre et de bois, par les mains d’une ouvrière. Pas de pinceaux délicats pour peindre ses traits, son s’était contenté de lui coller deux cailloux bleus sur son rond visage et d’un trait grossier lui tracer des lèvres tordues. Oh, qu’elle était cruelle, cette démoniaque femme ! De se tenir devant lui, le surplombant et le regardant par-delà sa gorge, avec ses traits fins tracés avec soin ! L’envie de lui arracher cette peau qu’il devinait si douce le reprit. Il rangea son téléphone dans sa poche, sans la quitter de ses yeux de chasseur, tentant de faire disparaître sa difficile respiration. Il ne devait avoir de faille. Son corps, ce chien, ce fusil, cette arme se devait de ne présenter aucun défaut quand devant une proie il se trouvait, pour alimenter la peur, la sensation d’angoisse… Ce dans quoi absolument voulait-il mettre Bonnie. Fragile, si douce, si opposée à lui… Il avait envie de la manger toute crue, pour se l’approprier, pour s’approprier sa faiblesse. Sa rondeur. Sa beauté. Sa tendresse. Parce qu’il en manquait cruellement. Il cligna lentement des yeux, la regardant de tout son être blasé et frissonna. De la revoir là, brisant sa quiétude. La rage déjà s’annonçait.
La superbe Brune, haute de toute sa fierté de femme, reprit la parole, tentant de se montrer convaincante, mais il y avait une pointe de désespoir, d’inquiétude tourmentant son esprit qui se faisait sentir. Parce qu’importe ce qui s’était passé, qu’importe ses maladresses et ses stupidités, il l’avait aimé, l’avait connue du mieux qu’il le pouvait et savait, sentait quels sentiments la traversaient. C’en était fini du temps où il la repoussait, agacé par sa proximité étroite avec son corps, qu’avec son corps. Sur un plan spirituel, ils ne s’étaient jamais trouvés et c’était à se demander s’ils avaient véritablement cherchés. Marie ne savait pas quelle était la couleur préférée de Bonnie, le parfum qu’elle mettait ou combien d’enfant elle aimerait avoir, si déjà elle en désirait. Elle ne devait pas en savoir plus. Qu’inconnus. Et en tant qu’inconnue, elle n’avait pas à s’adresser à lui de cette façon. Se redressant lestement sur ses deux membres inférieurs, reprenant de la hauteur et de la ferveur, Marie resta néanmoins sur place, l’enroulant en son regard courroucé. Il se montrait fâché, outré parce qu’il l’était. Quel était ce ton froid et sec qu’elle tentait de prendre ? Lui faisait-elle la morale, la leçon ? Quel chantage ? Celui de leur secret ? Ah ! Mais c’était aussi le sien, et il en faisait ce qu’il voulait, point c’est tout. Pourquoi cesser d’avoir emprise sur elle ? C’était son seul jouet ici. Il s’ennuyait, il lui fallait un exutoire à tout ce qu’il se laissait subir. C’était si simple avec Bonnie ! Bonnie la faible. Bonnie seule en tête à tête avec sa méchanceté. Bonnie perdue d’avance. Il croisa les bras, menton baissé mais regard franc, perçant, dérangeant. Sourire dévoilant ses canines, sourire déjà triomphant. La victoire ne faisait aucun de doute. Une femme contre un seul homme !
Une exclamation pleine de reproche et d’étonnement. Il se pencha légèrement en avant, se mordant la lèvre inférieure, toujours tout sourire. Il se tenait si tordu, tout plié comme un meuble Ikea alors qu’elle était droite comme un piquet ! Souple, agile, serpent, vipère, goujat ! Son regard se baissa, puis remonta tout le long de la silhouette de Bonnie, semblant la juger et la mépriser. Un pas en avant. Il ramassa son sac et le mit sur son épaule.
Un autre. Il n’allait pas vers elle, mais restait collé aux murs, qui à son passage semblaient frissonner, attirés par tout son être. Il glissait de façon irrespectueuse, bassin en avant, bras caressant la pierre. Et de sa poche, arme visible, dépassait toujours sa baguette d’un bois foncé, furieusement brandie comme prête à lancer sorts et maléfices. Et passant à côté d’elle, avec un regard agacé, las, Marie de sa très belle voix s’y adressa.
Et il la dépassa par l’arrière, s’éloigna lentement, toujours contre son mur. Parler, non mais qu’est-ce qu’elle espérait, vraiment ? Avait-elle songé ne serais-ce qu’un moment qu’ils pourraient s’entretenir sérieusement ? Il avait prit un tond e voix doux, charmeur qui passait pour moqueur tant il parlait lentement, articulant bien comme s’il s’adressait à une débile parfaite. Ce dont il voulait donner l’impression. Aurait-elle la force de le rattraper, de se saisir de lui, ou resterait-elle sur place, se mettrait-elle à pleurer ? Le son des sanglots, une mélodie si triste, qui l’émouvait tant… Jamais il n’y résistait. Et il avait honte de s’adoucir devant des larmes, alors Marie s’énervait, criait, hurlait. Il ne voulait pas qu’on pleure en sa présence, parce que cela lui serrait tant le cœur, lui faisait tellement mal à lui qui pourtant si rarement avait besoin de s’épancher d’une telle façon. Il ne voulait pas qu’elle pleure, non. Sinon qu’est-ce qu’il se sentirait triste, Marie. Vous croyez que c’était un monstre sans sentiments ? Quelle grossière erreur, tout comme ce serait de croire qu’en fait, c’est un grand sensible se cachant derrière une épaisse carapace. Les clichés ne sont pas bons, mais tout le monde pense en tant que cliché. Les blondes sont connes, les russes boivent beaucoup, Marie est débile profond et Bonnie est une femme forte. A moins que Bonnie soit débile profonde et Marie homme fort.
La superbe Brune, haute de toute sa fierté de femme, reprit la parole, tentant de se montrer convaincante, mais il y avait une pointe de désespoir, d’inquiétude tourmentant son esprit qui se faisait sentir. Parce qu’importe ce qui s’était passé, qu’importe ses maladresses et ses stupidités, il l’avait aimé, l’avait connue du mieux qu’il le pouvait et savait, sentait quels sentiments la traversaient. C’en était fini du temps où il la repoussait, agacé par sa proximité étroite avec son corps, qu’avec son corps. Sur un plan spirituel, ils ne s’étaient jamais trouvés et c’était à se demander s’ils avaient véritablement cherchés. Marie ne savait pas quelle était la couleur préférée de Bonnie, le parfum qu’elle mettait ou combien d’enfant elle aimerait avoir, si déjà elle en désirait. Elle ne devait pas en savoir plus. Qu’inconnus. Et en tant qu’inconnue, elle n’avait pas à s’adresser à lui de cette façon. Se redressant lestement sur ses deux membres inférieurs, reprenant de la hauteur et de la ferveur, Marie resta néanmoins sur place, l’enroulant en son regard courroucé. Il se montrait fâché, outré parce qu’il l’était. Quel était ce ton froid et sec qu’elle tentait de prendre ? Lui faisait-elle la morale, la leçon ? Quel chantage ? Celui de leur secret ? Ah ! Mais c’était aussi le sien, et il en faisait ce qu’il voulait, point c’est tout. Pourquoi cesser d’avoir emprise sur elle ? C’était son seul jouet ici. Il s’ennuyait, il lui fallait un exutoire à tout ce qu’il se laissait subir. C’était si simple avec Bonnie ! Bonnie la faible. Bonnie seule en tête à tête avec sa méchanceté. Bonnie perdue d’avance. Il croisa les bras, menton baissé mais regard franc, perçant, dérangeant. Sourire dévoilant ses canines, sourire déjà triomphant. La victoire ne faisait aucun de doute. Une femme contre un seul homme !
- MG_« Huh ! Pardon ? »
Une exclamation pleine de reproche et d’étonnement. Il se pencha légèrement en avant, se mordant la lèvre inférieure, toujours tout sourire. Il se tenait si tordu, tout plié comme un meuble Ikea alors qu’elle était droite comme un piquet ! Souple, agile, serpent, vipère, goujat ! Son regard se baissa, puis remonta tout le long de la silhouette de Bonnie, semblant la juger et la mépriser. Un pas en avant. Il ramassa son sac et le mit sur son épaule.
- MG_« Voyons, Bonnie… »
Un autre. Il n’allait pas vers elle, mais restait collé aux murs, qui à son passage semblaient frissonner, attirés par tout son être. Il glissait de façon irrespectueuse, bassin en avant, bras caressant la pierre. Et de sa poche, arme visible, dépassait toujours sa baguette d’un bois foncé, furieusement brandie comme prête à lancer sorts et maléfices. Et passant à côté d’elle, avec un regard agacé, las, Marie de sa très belle voix s’y adressa.
- MG_« … On pourrait papoter des heures, tu ne comprendrais rien, avec ton demi neurone de belette et l’autre qui est blond. Je n’ai pas envie de perdre mon temps avec des gens qui n’ont rien dans le ciboulot, preciosa mía… Desconsolado ! »
Et il la dépassa par l’arrière, s’éloigna lentement, toujours contre son mur. Parler, non mais qu’est-ce qu’elle espérait, vraiment ? Avait-elle songé ne serais-ce qu’un moment qu’ils pourraient s’entretenir sérieusement ? Il avait prit un tond e voix doux, charmeur qui passait pour moqueur tant il parlait lentement, articulant bien comme s’il s’adressait à une débile parfaite. Ce dont il voulait donner l’impression. Aurait-elle la force de le rattraper, de se saisir de lui, ou resterait-elle sur place, se mettrait-elle à pleurer ? Le son des sanglots, une mélodie si triste, qui l’émouvait tant… Jamais il n’y résistait. Et il avait honte de s’adoucir devant des larmes, alors Marie s’énervait, criait, hurlait. Il ne voulait pas qu’on pleure en sa présence, parce que cela lui serrait tant le cœur, lui faisait tellement mal à lui qui pourtant si rarement avait besoin de s’épancher d’une telle façon. Il ne voulait pas qu’elle pleure, non. Sinon qu’est-ce qu’il se sentirait triste, Marie. Vous croyez que c’était un monstre sans sentiments ? Quelle grossière erreur, tout comme ce serait de croire qu’en fait, c’est un grand sensible se cachant derrière une épaisse carapace. Les clichés ne sont pas bons, mais tout le monde pense en tant que cliché. Les blondes sont connes, les russes boivent beaucoup, Marie est débile profond et Bonnie est une femme forte. A moins que Bonnie soit débile profonde et Marie homme fort.
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Re: L'ennui. [PV]
Sam 6 Fév 2010 - 13:28
- Le simple frémissement des couloirs coulissants rassurait de moins en moins Bonnie, parcourue soudainement d’un frisson qui la fit trembler de tout son être. De la peur ? De la crainte ? Probablement. Faire face à Marie de la sorte et lui tenir ce genre de propos en employant un ton sec et sévère allait se payer. Parce que oui, Bonnie partait perdante. Elle venait presque le supplier pour qu’il la laisse en paix. Sauf que son égo était probablement trop démesuré pour pouvoir s’adonner à ce genre de pratiques. Soyons logique, elle ne reconnaitrait jamais, ô grand jamais, qu’elle se trouvait bel et bien en situation de faiblesse. Et pourtant, la jeune femme se devait d’accepter tout ce qu’on lui proposait en échange de ce silence tant attendu, et tout cela, sans discuter.
En voyant Marie se relever et afficher un air plutôt contrarié et surpris, la jeune femme ne put s’empêcher de déglutir et de regarder à droite et à gauche, dans l’espoir de trouver quelqu’un qui les regarderait et qui interviendrait au moindre geste suspect. Mais non. On se moquait de Bonnie Arton, de ses problèmes. Beaucoup se tenaient à cette réputation qu’on lui avait attribuée, un peu contre son gré. Certes, l’australienne n’apparaissait pas comme quelqu’un de très aimable et d’amical et pourtant, avec un peu de jugeote, on réussissait tout de même à déceler une pointe de fragilité. Mais seuls les plus intelligents parvenaient à faire ce constat. Les autres se contentaient simplement de reprendre ce qu’on disait d’elle, à savoir son succès auprès de la gente masculine et ce terrible caractère de peste. Bref. Le jeune homme la toisait d’un regard méprisant, tout comme la Grymm l’avait fait quelques minutes auparavant. Allons bon, allait-il parler au lieu de la regarder de la sorte ? Pour toute réponse, Bonnie se mit à fixer le bout de ses chaussures et reprit son sac pour le mettre sur l’épaule. Elle ignorait comment se tenir, se comporter. Devait-elle se montrer douce à son égard, ou bien le mépriser et le considérer comme un moins que rien, tout comme la plupart des étudiants d’Hungcalf ? Non. Trop de souvenirs étaient encore présents et les nier serait purement ridicule et immature. Il n’avait pas été uniquement ce jeune homme dur et sévère puisqu’ils s’étaient aimés sincèrement, aussi étrange que cela puisse paraître. Alors elle ne jouerait pas à ce jeu qu’elle savait périlleux. Lorsque la jeune femme releva légèrement la tête, elle put apercevoir Marie glisser le long des murs, d’une façon plutôt intrigante mais qui lui était propre. Il allait partir et la snober, c’est ça ? Agacée, Bonnie se passa une main dans ses longs cheveux bruns, habitude prise dès son plus jeune âge lorsqu’elle se sentait énervée, gênée, triste. Marie passa près d’elle et daigna enfin ouvrir la bouche, afin de prononcer quelques paroles qui eurent le don de faire doucement rire la Grymm.
- « … On pourrait papoter des heures, tu ne comprendrais rien, avec ton demi-neurone de belette et l’autre qui est blond. Je n’ai pas envie de perdre mon temps avec des gens qui n’ont rien dans le ciboulot, preciosa mía… Desconsolado ! »
Pour toute réponse, la jeune femme se contenta de hausser les sourcils. Il réagissait comme un gamin, pas étonnant. Parce qu’il croyait sérieusement que ces paroles l’atteindraient ? Qu’elle se mettrait à pleurer alors qu’on la traitait d’idiote ? Et bien non. Bonnie avait connu cent fois pire. Au contraire, ce discours eut le don de d’accentuer cet agacement déjà présent en elle. Et tandis qu’il s’échappait progressivement vers l’arrière, la jeune femme ne cillait pas d’un œil. Aurait-elle oublié le but de sa visite ? Non. A vrai dire, elle cherchait juste la bonne réaction à adopter. Le provoquer ? L’attendrir ? Finalement, sans même prendre le temps de réfléchir, Bonnie parvint à rattraper Marie et fit le tour de la silhouette longiligne, pour lui faire face. Lui adressant un sourire à la fois gêné et tendre, la Grymm osa un mouvement en avant, comme pour se rapprocher de lui. Délicatement, elle mit un bras autour de son cou, avant d’y ajouter l’autre.
- « Si tu réfléchissais un peu, tu t’apercevrais que régler cette histoire immédiatement serait plus simple que de t’enfuir et de m’éviter…Parce que je viendrai encore et toujours te voir pour stopper ce petit jeu ridicule. Je ne compte pas te supplier, alors dis moi seulement ce que je dois faire. Parce que te connaissant, il y aura certainement une contrepartie, en échange de ton silence, non ? »
Toujours en souriant, la jeune femme retira ses deux bras et se mit à scruter Marie droit dans les yeux, comme si elle attendait de pied ferme cette réponse. Ce petit jeu ne s’apparentait pas à de la provocation contrairement à ce que l’on pourrait penser. A vrai dire, si Bonnie faisait tout ça, c’était pour essayer d’attendrir le jeune homme et ainsi éviter une réaction trop excessive du jeune homme. Mais rien ne disait qu'il ne la repousserait pas comme il l'eut fait lorsqu'ils étaient encore ensemble. Le pire, ce que Bonnie redoutait le plus, serait un refus de la part du Lufkin. Après tout, il semblait aimer torturer la Grymm, presque sous ses ordres. Néanmoins, la jeune femme se fit plus pressante, voulant absolument connaitre l'issue de cette discussion.
- « Alors ? »
Toujours bien droite, Bonnie ne put s'empêcher de déglutir. Peut être qu'il serait judicieux de s'enfuir. Maintenant.
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Re: L'ennui. [PV]
Dim 7 Fév 2010 - 20:36
Elle ne voulait pas s’en aller, ne voulait pas le laisser tranquille et tenait bon, malgré ses mots venimeux, qui piquent les oreilles mais aussi le cœur. De nouveau Marie entendit ses chaussures claquer contre la pierre du sol, le poursuivant. Quel courage avait-elle ! Que se passait-il ? Avait-elle tant grandi pendant ces années écoulées que son courage s’en était décuplé ? Avant, Bonnie serait restée sur place, tête baissée, désolée de son comportement et d’avoir osé le déranger. Marie aurait préféré qu’elle reste ainsi. Ou pas. S’il y avait bien quelque chose qu’il reprochait à la Bonnie passée, c’était son manque de combativité. Jamais il ne s’était pris une gifle, jamais un mot plus haut que l’autre. Parfois des reproches, qu’elle retirait dès qu’il prenait son air si sévère, si terrible. Lui aurait aimé qu’elle le heurte, parfois. Pour se sentir vivre, pour pouvoir aller plus loin, toujours plus loin. Répliquer, frapper. Consumer. Tuer. Marie se laissa rattraper, curieux de voir jusqu’où avait-elle gagné en assurance. Étrangement, son cœur battait un peu plus fort, surpris de tant de hardiesse. Agréablement surpris. Aurait-elle corrigé les défauts qui tant énervaient Marie ? Il voulait voir, tout en ne voulant rien savoir. Parce qui jamais Bonnie était devenue si forte jusqu’à le défier, que deviendrait-il ? Son oiseau lui échapperait-il ? Serait-il incapable alors de la tenir, de la critiquer, de la malmener ? Non, Marie ne voulait pas qu’elle devienne forte, Marie voulait qu’elle reste faible ! Pour lui, pour lui faire plaisir, pour qu’il continue de la retenir, de l’empêcher d’avancer. Pour qu’elle reste près de lui. Pour que jamais elle ne parte, ne s’en aille. Oui, Marie redoutait l’instant où elle comprendrait qu’elle n’a pas à avoir peur de lui, l’instant où elle couperait définitivement les liens qu’il avait si difficilement tissés entre eux. Séduire la superbe Arton avait été si difficile ! Lui qui ne partait de rien. Elle qui alors était tout. Et qui à un moment, avait été tout pour lui. Qu’importe ce que les autres ont pu voir de cela. Qu’importe ce que Bonnie avait perçu de lui, de son amour plus petit que sa haine. Et au moment où il redoutait qu’elle ne s’éloigne, elle passa ses bras autour du cou de Marie, resté comme pierre, silencieux et dur. Il écouta ses mots qui sortaient de sa bouche souriante. Elle était tristement belle, avec ses cheveux bruns et son visage rond. Tristement belle, oui. Parce qu’elle ne lui appartenait plus. Marie ne sentait plus son odeur sur elle, Marie savait qu’elle en avait connu des dizaines après lui, toute trace sur elle de lui-même s’était estompée. Ne restait plus que les souvenirs qui à leur tour se faisaient de plus si en plus tenus. Cela avait-il été si horrible, cette nuit d’il y a si longtemps ? La connaissait-il autant qu’il pensait la connaître ? Marie la découvrait sous un autre jour cette fois, et se demandait encore quelle dose de courage avait-elle dû économiser pour en venir jusque là. Et elle semblait si bien le connaître… Parlait déjà de marché, parce qu’il en avait l’habitude lui. Elle voulait vite en finir avec tout ça.
Avec lui. Et cette pensée le rendit triste, très triste.
Il n’était qu’un boulet pour elle tout comme il lui donnait l’impression qu’elle était qu’un simple poids pour lui. Mais si elle l’était, déjà s’en serait-il débarrassé sans une seule once de regret ! Les bras de Bonnie avaient quitté son fin cou, comme si le contact physique avait brûlé les chairs de Bonnie. Lui avait baissé les yeux, regardant l’une des mains de la demoiselle qui se balançait mollement dans le vide, songeur. Il était hors de question que de mettre fin au chantage. Il était hors de question de la laisser tranquille… Il voulait la faire encore plus souffrir, pour avoir osé penser qu’une simple discussion suffirait à tout arranger. Surtout si vite. Non, jamais. Son regard resta baissé, et aucune réaction ne vint quand pourtant elle le relança, de sa voix de sirène. Oui, il pouvait faire quelque chose, avec le courage qu’elle avait. Pour mieux la mettre par terre. Lui offrir quelque chose, quelque chose de précieux, quelque chose qu’elle offre à tant de monde. Difficilement, Marie s’empêcha de rire de tous ses crocs, sans pouvoir empêcher qu’un rictus mauvais ne se forme sur ses lèvres. Il y avait des rumeurs courant sur Bonnie et Ceasar. Certes, Ceasar était une de ses très bonnes connaissances. Et peut-être que les rumeurs n’étaient que des rumeurs, et qu’il n’y avait rien de sérieux là-dedans. Mais qu’importe, il avait tant de tours dans son sac. Marie était si retors, si délicieux dans son rôle de méchant que semer la zizanie lui semblait être d’une trop grande facilité. Puis ce qu’il allait lui faire comprendre ne ferait pas arranger les choses, bien qu’il donnerait l’impression que oui, cela ferait tout changer.
Marie en quelques fractions de seconde trouva comment présenter les choses, sans aller trop vite pour que Bonnie ne se doute de rien. Elle tentait de l’attendrir, le jeune homme n’était pas dupe. Et il ferait comme si elle avait réussi. Sa tête se redressé, mais son regard évita les sombres yeux de la magnifique, bien que ne restant pas fixe sur un seul point de l’univers. Il se mordit les lèvres, passa une main dans ses cheveux déjà ébouriffés. Ses sourcils étaient froncés, comme si toujours la colère et l’embêtement étaient là, alors qu’il ne restait plus que la froide ruse et l’envie de profiter. La laisser filer, jamais. Ne plus jamais la faire chanter, plutôt crever. Surtout que quelqu’un d’autre le faisait chanter à son tour. Il se sentirait con s’il libérait Bonnie de son emprise.
Il passa sa main sur tout le bras de la demoiselle, toujours se mordant les lèvres. Ses doigts s’arrêtèrent, tenant un instant ceux de la désirée, juste le temps qu’il se souvienne l’effet que cela lui faisait, quand dans ses cheveux elle les passait dans ses cheveux, dans sa nuque, dans son dos, sur sa bouche, sur son torse… C’était suffisant pour qu’il déglutisse, faisant aller sa pomme d’Adam dans toute sa gorge, signe imperceptible d’émotion. Puis, il lâcha le tout et sembla se reprendre, comme s’il s’était relâché sans le vouloir.
Sa voix, qui alors qu’il avait prononcé son prénom s’était fait douce et inquiète avait repris son ton mauvais et sans appel. Mais il espérait qu’elle ferait appel, renchérirait, comprendrait le piste qu’il lui donnait. Et qu’elle lui donnerait. Une fois, et tout sera fini. Une fois, et il disparaîtra. Une fois… Et elle sera perdue. Marie, là sur le moment, priait intérieurement pour qu’elle aille directement dans le panneau. Une nuit lui suffirait. Ou une journée, qu’importe. Tout ce qu’il voulait, c’était un instant où dans ses bras nus elle s’endormirait. Un temps pour savourer sa victoire, un temps pour porter son odeur, un temps pour peut-être prendre sa réussite en photo, puis ensuite aller courir vers Ceasar. Faire comme s’il ne savait rien, laisser par hasard traîner un indice, se prendre quelques coups dans la gueule, et elle encore plus. Tant pis pour le secret, il fera son idiot, il fera son méchant. Et en même temps, penser à être si abrupt et trompeur contre Bonnie le faisait se sentir incroyablement mal. C’est qu’elle était si douce, si gentille et que lui ne comprenait pas d’où lui venait cet incroyable désir que de détruire tout ce qui lui semblait beau et fragile en elle. Elle voulait faire sa maligne, et bien il lui apprendrait à être rusée, à ses dépens. Marie baissa de nouveau ses yeux, les clos un moment en soupirant et se retourna, poursuivant sa marche dans l’autre sens du couloir. Et si elle ne comprenait pas, si elle refusait, si elle sentait que quelque chose clochait où si elle préférait rester sous sa tutelle et ne pas encore une fois finir entre ses bras ? Eh bien tant pis ! Le chantage continuerait. Aussi simple que bonjour, dirons-nous. Marie fut surpris de sa propre méchanceté, et se demanda s’il était vraiment humain pour s’en prendre d’une façon aussi horrible à celle qu’un jour il avait aimé et qui encore aujourd’hui le passionnait. L’amour n’est pas beau, l’amour est mauvais. L’amour est un art où tout est permis, et duquel on peut se venger de mille façons.
Avec lui. Et cette pensée le rendit triste, très triste.
Il n’était qu’un boulet pour elle tout comme il lui donnait l’impression qu’elle était qu’un simple poids pour lui. Mais si elle l’était, déjà s’en serait-il débarrassé sans une seule once de regret ! Les bras de Bonnie avaient quitté son fin cou, comme si le contact physique avait brûlé les chairs de Bonnie. Lui avait baissé les yeux, regardant l’une des mains de la demoiselle qui se balançait mollement dans le vide, songeur. Il était hors de question que de mettre fin au chantage. Il était hors de question de la laisser tranquille… Il voulait la faire encore plus souffrir, pour avoir osé penser qu’une simple discussion suffirait à tout arranger. Surtout si vite. Non, jamais. Son regard resta baissé, et aucune réaction ne vint quand pourtant elle le relança, de sa voix de sirène. Oui, il pouvait faire quelque chose, avec le courage qu’elle avait. Pour mieux la mettre par terre. Lui offrir quelque chose, quelque chose de précieux, quelque chose qu’elle offre à tant de monde. Difficilement, Marie s’empêcha de rire de tous ses crocs, sans pouvoir empêcher qu’un rictus mauvais ne se forme sur ses lèvres. Il y avait des rumeurs courant sur Bonnie et Ceasar. Certes, Ceasar était une de ses très bonnes connaissances. Et peut-être que les rumeurs n’étaient que des rumeurs, et qu’il n’y avait rien de sérieux là-dedans. Mais qu’importe, il avait tant de tours dans son sac. Marie était si retors, si délicieux dans son rôle de méchant que semer la zizanie lui semblait être d’une trop grande facilité. Puis ce qu’il allait lui faire comprendre ne ferait pas arranger les choses, bien qu’il donnerait l’impression que oui, cela ferait tout changer.
Marie en quelques fractions de seconde trouva comment présenter les choses, sans aller trop vite pour que Bonnie ne se doute de rien. Elle tentait de l’attendrir, le jeune homme n’était pas dupe. Et il ferait comme si elle avait réussi. Sa tête se redressé, mais son regard évita les sombres yeux de la magnifique, bien que ne restant pas fixe sur un seul point de l’univers. Il se mordit les lèvres, passa une main dans ses cheveux déjà ébouriffés. Ses sourcils étaient froncés, comme si toujours la colère et l’embêtement étaient là, alors qu’il ne restait plus que la froide ruse et l’envie de profiter. La laisser filer, jamais. Ne plus jamais la faire chanter, plutôt crever. Surtout que quelqu’un d’autre le faisait chanter à son tour. Il se sentirait con s’il libérait Bonnie de son emprise.
- MG_« Bonnie… »
Il passa sa main sur tout le bras de la demoiselle, toujours se mordant les lèvres. Ses doigts s’arrêtèrent, tenant un instant ceux de la désirée, juste le temps qu’il se souvienne l’effet que cela lui faisait, quand dans ses cheveux elle les passait dans ses cheveux, dans sa nuque, dans son dos, sur sa bouche, sur son torse… C’était suffisant pour qu’il déglutisse, faisant aller sa pomme d’Adam dans toute sa gorge, signe imperceptible d’émotion. Puis, il lâcha le tout et sembla se reprendre, comme s’il s’était relâché sans le vouloir.
- MG_« Tu n’as plus rien à m’offrir. J’ai déjà tout pris. »
Sa voix, qui alors qu’il avait prononcé son prénom s’était fait douce et inquiète avait repris son ton mauvais et sans appel. Mais il espérait qu’elle ferait appel, renchérirait, comprendrait le piste qu’il lui donnait. Et qu’elle lui donnerait. Une fois, et tout sera fini. Une fois, et il disparaîtra. Une fois… Et elle sera perdue. Marie, là sur le moment, priait intérieurement pour qu’elle aille directement dans le panneau. Une nuit lui suffirait. Ou une journée, qu’importe. Tout ce qu’il voulait, c’était un instant où dans ses bras nus elle s’endormirait. Un temps pour savourer sa victoire, un temps pour porter son odeur, un temps pour peut-être prendre sa réussite en photo, puis ensuite aller courir vers Ceasar. Faire comme s’il ne savait rien, laisser par hasard traîner un indice, se prendre quelques coups dans la gueule, et elle encore plus. Tant pis pour le secret, il fera son idiot, il fera son méchant. Et en même temps, penser à être si abrupt et trompeur contre Bonnie le faisait se sentir incroyablement mal. C’est qu’elle était si douce, si gentille et que lui ne comprenait pas d’où lui venait cet incroyable désir que de détruire tout ce qui lui semblait beau et fragile en elle. Elle voulait faire sa maligne, et bien il lui apprendrait à être rusée, à ses dépens. Marie baissa de nouveau ses yeux, les clos un moment en soupirant et se retourna, poursuivant sa marche dans l’autre sens du couloir. Et si elle ne comprenait pas, si elle refusait, si elle sentait que quelque chose clochait où si elle préférait rester sous sa tutelle et ne pas encore une fois finir entre ses bras ? Eh bien tant pis ! Le chantage continuerait. Aussi simple que bonjour, dirons-nous. Marie fut surpris de sa propre méchanceté, et se demanda s’il était vraiment humain pour s’en prendre d’une façon aussi horrible à celle qu’un jour il avait aimé et qui encore aujourd’hui le passionnait. L’amour n’est pas beau, l’amour est mauvais. L’amour est un art où tout est permis, et duquel on peut se venger de mille façons.
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Re: L'ennui. [PV]
Mer 10 Fév 2010 - 15:09
- Les minutes s’écoulaient progressivement et ni l’un ni l’autre n’avait convenu à un accord, concluant l’histoire, au plus grand désespoir de Bonnie. Son unique obsession était de sortir de ces couloirs et d’éviter Marie, tout en se disant qu’enfin, elle serait débarrassée et pourrait vivre sa relation amoureuse avec Ceasar le plus naturellement possible. Mais non. L’attitude de Marie, son discours, ses gestes, ralentissaient les négociations, agaçant la Grymm. Il devait comprendre qu’elle ne lui appartenait plus, aussi bien son cœur que son corps et que, désormais, il fallait trouver une autre à qui soumettre une souffrance intolérable comme Marie le faisait avec elle. Parce que n’être qu’un simple objet divertissant représentait une humiliation et un poids pour la jeune femme. Personne ne se permettait de la manipuler ainsi parce qu’on savait qu’une vengeance finirait par arriver un jour ou l’autre. Là, c’était purement différent. Marie connaissait trop bien Bonnie pour savoir qu’il avait toujours exercé ce pouvoir, cette supériorité qui obligeait la jeune Arton à se plier aux moindres de ses exigences. Mais tout avait une fin.
Lorsque ses bras s’étaient décidés à quitter le cou de Marie, Bonnie constata avec amusement que son ex petit ami avait fini par baisser les yeux. Ainsi, l’avait-elle attendri ? Lui, si dur, si insensible, se serait-il laissé faire ? Bonnie eut un doute. Parce que Marie était très doué pour manipuler les gens et pour jongler avec les différentes expressions du visage. Et l’australienne en avait horreur. Parce qu’elle ignorait sur quel pied danser quand ils se parlaient. Finalement, il se décida à relever la tête et se mit à multiplier les tics qui témoignaient sa colère, comme un enfant l’aurait fait. La Grymm trouva cette image forte attendrissante, mais ne cillait toujours pas d’un œil. Lorsqu’il prononça son prénom d’une voix si douce, la jeune femme se souvint de ce que cela lui faisait, trois ans auparavant. Elle frissonnait à chaque fois, provoquant un désir immédiat de le prendre dans ses bras, ce que lui brisait en rien de temps, juste en la repoussant. Et puis, contre toute attente, il laissa sa main parcourir le bras frissonnant de Bonnie, avant de mêler ses doigts aux siens, comme avant. Un instant, la jeune femme voulut le repousser, en lui faisant comprendre que tout cela allait trop loin. Mais il n’en fut rien. Ce contact lui rappelait tellement de souvenirs à la fois douloureux et agréables que la jeune femme ne savait que penser. Retirer sa main aurait sans doute vexé Marie et gêné Bonnie. Tout avait été tellement éprouvant, tumultueux que le moindre toucher les perturbait. Lorsqu’il se sépara des doigts de Bonnie, la jeune femme passa une main tremblante dans ses cheveux, comme secouée et obligée de revenir soudainement à la réalité. Elle n’accorda pas le moindre regard à Marie, de peur de vouloir lui signifier quelque chose. Comme si elle regrettait leur rupture. Ou pas.
« Tu n’as plus rien à m’offrir. J’ai déjà tout pris. »
Tout en fronçant les sourcils, la demoiselle ne sut que répondre face à cette déclaration. Que voulait-il lui dire ? Qu’il la laissait partir, sans contrepartie ? Impossible. Il avait forcément une raison, un dernier petit chantage pour la faire davantage souffrir, la voir s’écrouler en larmes, jouir de son influence, de son pouvoir sur cette petite chose un peu trop fragile. Et progressivement, des questions s’enchaînaient et s’accumulaient dans son esprit, à la recherche de cette dernière condition qui la libèrerait enfin. Bonnie eut soudain une illumination, et s’immobilisa, comme choquée par la découverte qu’elle venait de faire. Il ne lui avait pas tout pris. Elle lui avait pris, ou plutôt volé quelque chose de précieux, d’important. Cette chose pour laquelle beaucoup se damneraient. Cette chose qu’elle donnait presque à qui voulait. Et lui le voulait, sans aucune concession, d’après ce que la jeune femme en comprenait. Dès lors, elle se remémora cette nuit, leur première nuit, qui apparaissait à la Grymm comme un désastre, un moment douloureux, vexant, humiliant. Et pour cette fois-ci, un effort, une contrepartie était de mise, pour se faire pardonner. Elle le laisserait la guider, se soumettre à la façon dont il en avait envie. Des images défilaient dans son esprit, les représentant en plein ébat. Son corps se présentait au sien tel un obstacle à franchir, un ennemi à vaincre, un objet capricieux repoussant violemment les moindres initiatives de celui qui voulait la posséder. Et puis, après de longues et interminables étreintes, elle s’endormirait dans un soupir, essoufflée mais satisfaite. Enfin heureuse d’avoir réparé l’erreur commise à l’âge de seize ans et d’être libre, débarrassée de cette situation devenant trop étouffante. Au petit matin, elle se retrouverait blottie contre ce corps masculin et observerait son amant dormir, comme si tout paraissait normal. Comme si elle était encore cette adolescente amoureuse. Et puis, elle fermerait les yeux, en souriant, avant de se souvenir que la réalité était bien différente. Elle n’aimait plus Marie, avait donné son corps et son cœur à un autre, Ceasar. Et elle déglutirait. Parce qu’elle ressentirait de la culpabilité. Coupable d’avoir cédé à une telle condition. Coupable d’avoir ressenti du plaisir pendant cette nuit-là. Coupable d’avoir trompé Ceasar. Coupable de lui faire du mal, inconsciemment. Les larmes aux yeux, elle quitterait la chambre, honteuse et dégoûtée d’être aussi naïve, cruelle et plus que tout, de porter cette odeur, ces traces qui la trahiraient forcément un jour ou l’autre. Et l’issue en serait chaotique, Bonnie le savait. Et pourtant, il fallait lui céder ce caprice, pour en finir, une fois pour toute. Sa culpabilité serait telle qu’elle chercherait par tous les moyens de fuir Ceasar, au moins pour une journée. Le reste, grâce à son mensonge, son talent de manipulation, s’effacerait progressivement, et personne n’en saurait rien. Du moins, elle l’espérait, et le désirait plus que tout.
- « Tu me demandes de le tromper ? De me laisser guider par tes mains et tes gestes ? Je ne devrais pas, je le sais. Mais si ça doit terminer notre histoire, alors c’est d’accord. Pas un mot, et je te promets de rattraper ce désastre. »
Elle avait adopté un ton ferme, sec, dur et pourtant, on sentait que sa confiance en elle la quittait progressivement. Anxieuse, la jeune femme se mordit les lèvres, tout en fermant les yeux, essayant de réaliser une fois pour toute qu'elle commettait l'irréparable, qu'elle était cruelle, immature, insensible, garce, manipulatrice. A qui la faute ? A lui, bien sûr.
- InvitéInvité
Re: L'ennui. [PV]
Mer 17 Fév 2010 - 19:22
Comme prévu, elle ne s’avoua pas vaincue, ne se doutant pas qu’en le retenant ainsi, qu’en refusant de le voir partir sans rien donner en retour, ce serait lui le gagnant. Il ne lui avait pas laissé le choix, en même temps. Continuer de la poursuivre par leur passé commun, ou trouver nouveau prétexte à l’embêter. Et étrangement, elle avait compris à quoi il voulait l’amener, mais acceptait ce fait. N’aimait-elle pas assez Ceasar pour oser décider de le tromper avec une telle aisance ou la troublait-il tant qu’elle ne savait comment se défendre autrement qu’en lui cédant un peu trop vite, de façon à gâcher son plaisir ? Il n’avait plus aucune envie de l’embrasser comme par le passé, de la serrer contre lui, de lui répéter à quel point il aimait la douceur de sa peau, ses pieds si jolis, ses cheveux bruns si doux, son air mutin de fée coquine ! Elle se montrait déjà battue, déjà au sol ! A quoi bon s’acharner sur un ennemi déjà mort ? Merde, il n’avait quand même pas déjà gagné ? Bonnie était donc si désespérée, si lasse de jouer ? C’était la façon la plus simple qu’elle avait de le faire souffrir, de l’énerver. Lui, Marie. De se rendre sans résistance, de refuser d’être un jouet capricieux justifiant les coups qu’il lui porterait. En se montrant vide et docile. Lui qui aimait tant qu’on lui résiste, pour encore plus sentir le goût de la victoire une fois acquise après une trop longue et harassante bataille ! Mais c’était par là qu’ils devaient passer. L’étreinte abominable dont Marie avait quelque peu peur. Il n’était pas fait pour aimer, et de perdre sur ce front–là le hantait, expliquant son célibat prolongé d’une autre façon que par son égoïste caractère. Autant finir ce qu’il avait si bien commencé, autant finir cette fin programmée, détruire ce corps après en avoir avalé l’âme. Ainsi, plus de Bonnie. Oh non, c’était un scénario trop noir. Comment pourrait-il continuer de la hanter, son jouet préféré bien que déjà cassé, si jamais elle disparaissait ? Qu’elle se reprenne, qu’elle soit forte face aux obstacles montés par l’âme débile de Marie. Qu’elle retrouve un peu de vie ! Elle qui pensait terminer leur histoire de cette façon. Pour en commencer une autre, avec un nouveau protagoniste dans le tas. Ceasar ! Il l’appréciait, le colombien. Mais voilà ; jamais la haine ne meurt face à l’amitié, surtout si faible. S’il s’agissait d’Alexandrie, certes il n’oserait rien demander à Bonnie ! – bon Dieu ! Son cœur se soulevait rien qu’à penser à elle, le voilà qui a la nausée que de trop aimer – Mais voilà, sa trop chère amie n’était pas dans le coup. Tant mieux pour lui.
Bonnie avait adopté un ton froid, sec, mais son corps, ses mimiques ne suivaient pas. Elle semblait agitée, ce que pouvait comprendre Marie, qui tentait de garder son masque si peu usité –celui de l’homme en proie à une vive émotion- bien qu’il était difficile de ne pas laisser place à celui de l’agacement, émotion qui dominait tout son être en ce moment même. Tout comme il dominait la brune devenue si fade tout à coup. Lui était agacé de voir qu’elle avait tant changé, et qu’elle était devenue bien plus faible. Lui qui croyait que son ancienne amante était devenue ne serais-ce qu’un peu plus forte. Quelle déception. Mais il y avait une chose positive : par sa simple phrase, par cette acceptation de lui appartenir, Marie allait être forcé de dire la vérité pour encore rajouter au malaise de Bonnie. Cela ne lui était pas arrivé depuis tant de temps que sa langue lui était tout à coup pataude et lâche. A ne faire que mentir, on oublie comment manier la vérité. Mais que faire d’autre que montrer sa grande faiblesse pour mieux l’apitoyer et être sûr de la mettre sous son joug ? Ah, et profitons de ce grand moment, où pour une fois Marie et Bonnie sont d’accord. Ils faut que de nouveau, ils partagent leur couche. Quoique leur but soit un peu trop différent pour que l’on dise que leur entente est parfaite sur ce coup-là. Marie roula des yeux, croisant ses bras sur sa poitrine, avant de regarder Bonnie, tout d’abord avec une expression perdue, suppliante. Il avait envie de lui dire « je t’ai rien demandé poufiasse, c’est comme ça que tu témoignes ton amour à Ceasar ? En le trompant avec le premier venu ? Pute, moi qui croyais qu’avec le temps, tu apprendrais à faire marcher ton cerveau… Je joue avec toi et tu ne le remarques pas ! Oh, tu m’énerves, voilà. Tu me frustres, et ton corps j’en veux pas, il doit s’être usé à force de passer de mains en mains ! ». Mais ce fut bien autre chose qui sortit. Son visage aussi changea, ne reflétant que la vérité. Sa colère née de sa peur et de sa frustration.
Quel flot de parole. Marie se surprenait lui-même. Et se surprenait plus parce qu’il avait du mal lui-même à croire ses dires. Mais tout était vrai. Peut-être étais-ce un peu déformé, mais cela n’était pas fait exprès. Pour une fois. Son regard avait fui Bonnie, se réfugiant sur le sol, sa tête légèrement tournée vers l’ailleurs, le vide dans ce couloir nu. Sa voix ne s’était pas brisée, il ne s’était pas mit à pleurer. Parce qu’on ne lui avait pas apprit à pleurer non plus. Et parce que pleurer ne servait à rien. Tout à coup son regard remonta, encore plus noir que d'habitude. Un regard brûlant, en colère. Il aurait voulu se taire, qu’est-ce qu’il lui avait prit ? C’était ce qu’il avait voulu mais en même temps… En même temps… C’était si déstabilisent que de se mettre à nu ! Ses mains, ses grandes mains sans réfléchir s’agrippèrent aux épaules de Bonnie. Il la serrait fort, très fort, il recommençait à lui faire du mal. Vif, son visage s’approcha de celui de Bonnie. Il voulait qu'elle oublie ce qu'il venait de dire, cet excès de tendresse qu'il avait avoué vouloir. Quelle honte, Marie, QUELLE HONTE ! Finalement, il était faible lui aussi, faible que de réclamer cela, que de vouloir cela, ce truc pour les guimauves.
Il l’embrassa. Mais pas comme une guimauve. Oui, il la voulait dans son lit. Cessons de mentir.
Bonnie avait adopté un ton froid, sec, mais son corps, ses mimiques ne suivaient pas. Elle semblait agitée, ce que pouvait comprendre Marie, qui tentait de garder son masque si peu usité –celui de l’homme en proie à une vive émotion- bien qu’il était difficile de ne pas laisser place à celui de l’agacement, émotion qui dominait tout son être en ce moment même. Tout comme il dominait la brune devenue si fade tout à coup. Lui était agacé de voir qu’elle avait tant changé, et qu’elle était devenue bien plus faible. Lui qui croyait que son ancienne amante était devenue ne serais-ce qu’un peu plus forte. Quelle déception. Mais il y avait une chose positive : par sa simple phrase, par cette acceptation de lui appartenir, Marie allait être forcé de dire la vérité pour encore rajouter au malaise de Bonnie. Cela ne lui était pas arrivé depuis tant de temps que sa langue lui était tout à coup pataude et lâche. A ne faire que mentir, on oublie comment manier la vérité. Mais que faire d’autre que montrer sa grande faiblesse pour mieux l’apitoyer et être sûr de la mettre sous son joug ? Ah, et profitons de ce grand moment, où pour une fois Marie et Bonnie sont d’accord. Ils faut que de nouveau, ils partagent leur couche. Quoique leur but soit un peu trop différent pour que l’on dise que leur entente est parfaite sur ce coup-là. Marie roula des yeux, croisant ses bras sur sa poitrine, avant de regarder Bonnie, tout d’abord avec une expression perdue, suppliante. Il avait envie de lui dire « je t’ai rien demandé poufiasse, c’est comme ça que tu témoignes ton amour à Ceasar ? En le trompant avec le premier venu ? Pute, moi qui croyais qu’avec le temps, tu apprendrais à faire marcher ton cerveau… Je joue avec toi et tu ne le remarques pas ! Oh, tu m’énerves, voilà. Tu me frustres, et ton corps j’en veux pas, il doit s’être usé à force de passer de mains en mains ! ». Mais ce fut bien autre chose qui sortit. Son visage aussi changea, ne reflétant que la vérité. Sa colère née de sa peur et de sa frustration.
- MG_« Ce n’est pas rattrapable, Bonnie. Merde. On dit souvent que les première fois sont catastrophiques, que la deuxième fois c’est toujours mieux. Mais y a pas eu de deuxième fois ! Y a eu que dalle, je me suis senti tellement mal que j’ai pas voulu retenter… J’veux pas que tu te laisses guider par mes mains ou mes gestes. J’veux… J’voulais que tu me montres comment t’aimer. Mais à la place t’as crié, t’as eu l’air horrifié. Comme si j’étais qu’un monstre. J’ai toujours eu l’impression d’être qu’un monstre à tes côtés. Et j’te repoussais parce que je savais pas quoi faire, j’me sentais si monstrueux. Je suis pas habitué au contact physique, j’ai pas appris à aimer ça. Et toi tu comprenais pas. Tu comprends jamais rien de toute façon. Je suis un soldat, Bonnie. Je suis voué à crever une arme à la main, défiguré par une volée de balles, une mine, un couteau. Faut sans cesse me guider, me dire quoi faire. Quand on crie, ça m’excite, pas toujours dans le bon sens. J’perds la tête, j’deviens violent. Parce que c’est comme ça qu’on m’a élevé. Dans les cris. Et t’as jamais compris ça ! Suffit de me guider, de dire ce qu’on veut de moi. J’ai jamais désobéi à ma mère, ni à mon père. Parce que eux, ils m’ont jamais crié dessus. Quand j’me montrais violent, ma mère me foutait une claque et puis voilà, c’était terminé. Elle m’expliquait ce que j’avais mal fait, et puis voilà, c’était terminé. Et toi t’as jamais rien fait comme ça. Et puis voilà, c’est pas terminé. »
Quel flot de parole. Marie se surprenait lui-même. Et se surprenait plus parce qu’il avait du mal lui-même à croire ses dires. Mais tout était vrai. Peut-être étais-ce un peu déformé, mais cela n’était pas fait exprès. Pour une fois. Son regard avait fui Bonnie, se réfugiant sur le sol, sa tête légèrement tournée vers l’ailleurs, le vide dans ce couloir nu. Sa voix ne s’était pas brisée, il ne s’était pas mit à pleurer. Parce qu’on ne lui avait pas apprit à pleurer non plus. Et parce que pleurer ne servait à rien. Tout à coup son regard remonta, encore plus noir que d'habitude. Un regard brûlant, en colère. Il aurait voulu se taire, qu’est-ce qu’il lui avait prit ? C’était ce qu’il avait voulu mais en même temps… En même temps… C’était si déstabilisent que de se mettre à nu ! Ses mains, ses grandes mains sans réfléchir s’agrippèrent aux épaules de Bonnie. Il la serrait fort, très fort, il recommençait à lui faire du mal. Vif, son visage s’approcha de celui de Bonnie. Il voulait qu'elle oublie ce qu'il venait de dire, cet excès de tendresse qu'il avait avoué vouloir. Quelle honte, Marie, QUELLE HONTE ! Finalement, il était faible lui aussi, faible que de réclamer cela, que de vouloir cela, ce truc pour les guimauves.
Il l’embrassa. Mais pas comme une guimauve. Oui, il la voulait dans son lit. Cessons de mentir.
- InvitéInvité
Re: L'ennui. [PV]
Ven 19 Fév 2010 - 21:43
- A chaque fois, leur rencontre commençait d’une manière banale. A chaque fois qu’ils se parlaient, cela finissait forcément par tourner mal. Des mots, des insultes, des regrets fusaient dans tous les sens, les faisant se haïr encore plus qu’avant. Enfin, le terme « haïr » paraissait exagéré et inapproprié. Si un mot pouvait résumer la situation, Bonnie le saurait. Elle-même ne parvenait pas à définir correctement leur relation. Devait-elle le mépriser ? Le détester ? Ou bien au contraire, le traiter avec considération, comme elle l’aurait fait trois ans auparavant ? Non. Bien sûr que non. Bonnie refusait de vivre dans le passé, de commettre les mêmes erreurs, de redevenir cette adolescente un peu trop chétive et trop naïve. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, la naïveté ne l’avait pas quittée. La preuve. Marie pouvait encore faire ce qu’il voulait de Bonnie, la manipuler, la conduire ou il le désirait et tout ça sans que cette idiote ne s’en rende compte. Quelle cruauté, n’est-ce pas ? Ne vous méprenez pas, cette situation durait maintenant depuis bien des années. Si elle avait eu assez de cran, de caractère, Bonnie aurait dit « non » dès le début et dès lors, elle n’aurait jamais eu à se confronter à une telle histoire. A croire que Marie ne voulait pas la terminer. Et Bonnie se sentait comme prise au piège. En permanence.
Son esprit embué de pensées toutes aussi tordues les unes que les autres, Bonnie ne semblait pas prêter attentions aux grimaces qu’affichait le visage de Marie. Parce qu’elle regrettait sa proposition. Parce qu’elle savait qu’elle souffrirait aussi bien mentalement que physiquement. Parce que tout ça finirait par gâcher son amour, voilà pourquoi ! Elle perdait la tête. D’un côté, il fallait se battre contre Marie, son maudit chantage, sa complexité et de l’autre, il fallait aimer Ceasar, au point de risquer sa relation avec lui. Et tout ça à cause de Marie ! Ce prénom devenait subitement détestable, provoquant, jaloux, possessif, invivable. Elle allait exploser de rage, entrer dans une colère folle, craquer, se battre, ramper, supplier qu’on la laisse en paix, qu’on arrête de l’étouffer avec des propositions aussi sordides. De grâce. Le sang-froid que la Grymm contenait jusque là s’en allait progressivement, laissant place à un visage livide, marqué et crispé. Il fallait arrêter. Elle était à bout. Pourtant, la voix de Marie la fit sortir de ses pensées. Bonnie Arton n’était pas au bout de ses peines.
- « Ce n’est pas rattrapable, Bonnie. Merde. On dit souvent que les première fois sont catastrophiques, que la deuxième fois c’est toujours mieux. Mais y a pas eu de deuxième fois ! Y a eu que dalle, je me suis senti tellement mal que j’ai pas voulu retenter… J’veux pas que tu te laisses guider par mes mains ou mes gestes. J’veux… J’voulais que tu me montres comment t’aimer. Mais à la place t’as crié, t’as eu l’air horrifié. Comme si j’étais qu’un monstre. J’ai toujours eu l’impression d’être qu’un monstre à tes côtés. Et j’te repoussais parce que je savais pas quoi faire, j’me sentais si monstrueux. Je suis pas habitué au contact physique, j’ai pas appris à aimer ça. Et toi tu comprenais pas. Tu comprends jamais rien de toute façon. Je suis un soldat, Bonnie. Je suis voué à crever une arme à la main, défiguré par une volée de balles, une mine, un couteau. Faut sans cesse me guider, me dire quoi faire. Quand on crie, ça m’excite, pas toujours dans le bon sens. J’perds la tête, j’deviens violent. Parce que c’est comme ça qu’on m’a élevé. Dans les cris. Et t’as jamais compris ça ! Suffit de me guider, de dire ce qu’on veut de moi. J’ai jamais désobéi à ma mère, ni à mon père. Parce que eux, ils m’ont jamais crié dessus. Quand j’me montrais violent, ma mère me foutait une claque et puis voilà, c’était terminé. Elle m’expliquait ce que j’avais mal fait, et puis voilà, c’était terminé. Et toi t’as jamais rien fait comme ça. Et puis voilà, c’est pas terminé. »
Face à un tel déversement de paroles, Bonnie restait coi, bouche bée. Elle ne savait que dire, que faire, que penser. La colère qui montait progressivement en elle venait de s’éteindre soudainement. Enfin, non pas vraiment. Elle restait là, enfouie, mais se retrouvait étouffée par d’autres sentiments que Bonnie ne parvenait pas à définir. A un moment, elle eut envie de prendre Marie dans ses bras, de lui dire qu’il ne lui apparaissait pas comme un monstre, qu’elle l’avait aimé du mieux qu’elle pouvait, qu’il fallait lui pardonner ses maladresses d’adolescente égarée dans ses sentiments amoureux. Mais il n’en fut rien. Pour toute réponse, Bonnie baissa la tête et se mit à serrer ses dents, très fort. Comme si elle se retenait de fondre en larmes parce qu’elle se sentait coupable. C’était elle le monstre dans l’histoire, pas lui. Jamais elle n’avait cherché à écouter ses craintes, ses désirs, ses faiblesses. Marie ne ressemblait pas à n’importe quel garçon que Bonnie fréquentait à ce moment-là. Elle se doutait pertinemment qu’il ne réagirait pas comme un adolescent normal, qu’il cachait quelque chose. Et pourtant, la jeune femme l’avait aimé d’une manière normale, banale. Il ne méritait pas ça. En une fraction de secondes, Bonnie eut honte de son comportement. Leur relation n’avait été qu’un ramassis d’erreurs et de malentendus permanents. Tout ça à cause d’elle. Son regard fuyait désormais cette silhouette masculine tant la honte et la stupidité la rongeaient. Il réussissait parfaitement à la contrôler, à maîtriser ses sentiments, ses expressions. Dès lors, Bonnie ne représentait plus qu’un vulgaire jouet pour lui. Enfin, comme toujours.
Et puis, sans même s’apercevoir que Marie bougeait, Bonnie sentit deux mains se refermer durement sur ses épaules, ne lui laissant aucun aucune échappatoire. Elle voulut crier, encore, pour lui faire comprendre qu’elle avait mal, que son corps était fragile, comme une poupée en porcelaine. Mais elle restait silencieuse, incapable de prononcer des mots cohérents pour lui dire d’arrêter. Parce que même si Bonnie laissait faire, elle comprit que Marie ne comptait pas rester là, à l’observer de la sorte, les yeux remplis d’un regard noir. Et ses craintes s’avérèrent justes. Il l’embrassa, durement. Pétrifiée, la jeune femme n’osait esquisser le moindre mouvement, comme d’habitude. Contre toute attente, prolonger ce baiser et passer à l’acte maintenant ne la gênait absolument pas. Marie venait de raviver ce désir que Bonnie avait ressenti lors de la première fois. Restait à savoir si elle se montrerait assez bête pour refaire les mêmes erreurs. Mais paradoxalement, la colère qui s’était tapie au fond de son être quelques instants auparavant refaisait surface à mesure que ce baiser se prolongeait. Elle voulait pousser Bonnie à craquer, lui faire hurler des horreurs, faire mal à Marie tout comme lui le faisait. En bref, la rendre folle. Et puis, sans comprendre son geste, Bonnie porta un violent coup de genou au niveau de l’entrejambe de son ex-petit ami, lui faisant comprendre qu’il fallait la lâcher. Elle se dégagea de son étreinte, les yeux remplis de colère, de rage. Voilà, elle craquait, elle-même ne sachant pas vraiment ce qui lui prenait. Plus sa colère s’intensifiait, et plus Bonnie affichait un sourire, un visage charmeur, provocateur. Comme si tout allait bien. Elle se mit à tourner autour de Marie, détendue, d’un pas lent, ses talons raisonnant lourdement au sol. Et puis, vint le moment fatidique ou elle daigna ouvrir la bouche.
- « Alors…Comme ça je ne comprends jamais rien…Je t’ai mal aimé, c’est ça que tu signifies ? Pourtant, tu devrais savoir que j’ai tout donné, même si cela n’a pas toujours été à la hauteur. Et c’est facile, vraiment trop facile de me faire passer pour la méchante de service. J’ai vraiment essayé de te faire apprécier ma tendresse, en me montrant douce, parce que je me doutais qu’il s’était passé quelque chose et…Je voulais que tu oublies tout ça, à la fin ! Mais non, j’avais rien compris, comme tu l’as si bien remarqué. Et là, j’en ai marre, j’en ai assez que tu me le fasses payer, assez ! Je n’en peux plus de ton chantage, de ta supériorité, de tes sous-entendus, dis moi une fois pour toute que tu veux coucher avec moi, je suis prête à faire n’importe quoi pour que tu me foutes la paix. Parce que j’aime Ceasar, je l’aime plus que tout et je ne veux pas que tu sois là, à surveiller mes moindres faits et gestes, tu peux comprendre ça ? Je ne vais pas te supplier mais j’en ai grandement envie, crois-moi. C’est pour ça que je veux me rattraper et je te préviens, tu risques d’y laisser quelques séquelles. Parce que les choses ont changé depuis la dernière fois, que le lit, c’est mon domaine et que j’ai décidé d’être chiante. Je ne te laisserai pas faire. Je vais te repousser, te faire mal comme tu me l’as fait. Vraiment, tu devras faire preuve d’un peu de jugeote. »
C’était sorti, comme ça. Bonnie n’était pas parvenue à maitriser sa colère, ses émotions et venait de faire comprendre à Marie qu’elle lui donnerait son corps comme cet ennemi insaisissable. Après un moment d’hésitation, la jeune femme se jeta sur le Lufkin, et l’embrassa encore plus fort, avant de le repousser violemment une seconde fois. Elle lui adressa un regard noir avant de se retourner vers la sortie. Il la retiendrait s’il en avait envie. Elle s’en moquait.
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