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lies (fb. avril)
Sam 14 Juil 2018 - 12:48
Les mots accusateurs ne cessaient de résonner dans son esprit. Tu paieras pour tes péchés. Pourtant, la grecque c’était confessée, encore et encore. Dans tous les pays qu’elle avait visité, elle qui n’était pas croyante pour deux galions avait appris à s’en remettre à cet être supérieur qui devait lui offrir son salut : c’était insensé et pourtant elle se sentait comme soulagée d’un poids et ce même si c’était temporaire. Une fois arrivée en Europe, elle n’avait pas perdu cette habitude. Une prière maladroite dans la langue paternelle, un signe de croix qui lui permettait seulement de se fondre dans la masse et elle se redressa du banc de bois sombre sur lequel elle avait pris place. Malgré les années, Astrée gardait toujours ces habitudes de fugitive, ne pas se faire remarquer, soigner les détails, être irréprochable, à chaque instant. Elle était dans une fuite constante même si Inverness l’avait accueillie comme un véritable foyer. Pardonne-moi μπαμπάς. Murmure-t’elle d’une voix douce sans se préoccuper des regards étonnés qui s’étaient tournés vers elle. A qui parlait-elle réellement ? Elle seule le savait. Un soupir, un regard autour d’elle et elle quitte l’église d’un pas qui se voulait discret.
Le mois de mai était bien entamé, avec lui la douceur avait repris ses droits sur l’Écosse. L’étudiante profitait d’un instant de répit pour se retrouver loin de l’agitation de l’université. Le funeste anniversaire venait d’être fêté et sur son poignet, Astrée sentait palpiter ce nom qu’elle aurait tant aimé légitimement porter. Comme chaque année, les journaux sorciers américains avaient rendu hommage à ce juge qui avait tant fait pour la cause sorcière au MACUSA et il n’y avait pas un seul torchon à ragots pour oublier de faire allusion à l’héritière du juge, cet enfant qui avait disparu aussi vite qu’il avait pris place dans la lumière. Malgré elle, elle ne pouvait s’empêcher de lire ces lignes assassines, ces lignes qui lui donnaient l’impression de repartir des années en arrière alors qu’il était encore là.
Mensonges. Il n’y avait que son père pour encore profiter de cette aura, malgré la fuite de sa source incommensurable de richesse il profitait des rumeurs pour s’enrichir. Si elle n’avait pas tant de pitié pour cet homme brisé par le besoin, si elle n’avait pas si peur de voir son avenir réduit à néant par la révélation de ce mensonge, Astrée aurait démenti il y a bien des années. Mais l’ambition la rongeait et lui faisait perdre la notion de bien et de mal. Personne n’en n’avait souffert n’est-ce pas ? Elle préférait le croire plutôt que de se laisser noyer par les remords.
L’ombre d’une silhouette entre dans son champ de vision et Astrée sent son teint pâlir lorsqu’elle reconnait la jeune femme qui lui fait face, un air revanchard sur son visage d’ange : Oh well… La brune se doutait bien que ce moment pouvait arriver. Elle avait facilement reconnu Avril dans les couloirs de Hungcalf malgré les années, mais elle avait espéré que le moment où elles devraient se confronter l’une à l’autre ne viendrait pas si rapidement. « Bonjour Av… » Elle reste impassible Astrée mais une multitude d’émotions se presse sous son masque de porcelaine : « Ca fait longtemps huh ? » Elle aurait pu la prendre dans ses bras, faire comme si ces années passées loin l’une de l’autre n’étaient qu’un mirage, mais elle savait bien qu’Avril la haïssait à cette instant précis. Tu es ma personne Était-ce seulement encore le cas ? La brune, dans sa fuite inlassable en était même arrivée à délaisser cette âme soeur pour qui elle aurait tout fait à une époque.
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Re: lies (fb. avril)
Lun 16 Juil 2018 - 19:57
Bientôt, nous organiserons une réception. Pour fêter ton retour.Mensonge. Malgré tout l’amour que tu portes à ton patriarche tu sais qu’il n’en est rien. S’il tient à cette réception, c’est bien pour trouver un bon parti qui te passera la bague au doigt. Tu ne lui en veux pas. Tu connais ces problèmes. L’argent ne rentre plus et l’économie s’effondre, et ça depuis toujours. Tout va bien. Si seulement… Tu feras ce qui sera nécessaire, comme tu l’as toujours fait. Sourire avec innocence. Danser comme si ta vie en dépendait pour oublier l’avenir que tu voyais déjà tout tracé. Le démon s’emparera de l’âme d’un innocent et ton père retrouvera sa grâce d’antan. J’ai hâte d’y être. Je t’aime. – te contentes-tu de répondre avant de poser le bout de papier fripé sur ton bureau, à côté des livres poussiéreux que tu as emprunté à la bibliothèque. Les examens approchent mais tu n’as pas la tête à bouquiner. Danser. C’est tout ce qui te fait vibrer. Si seulement ta cheville arrêtait de faire des siennes, tu serais déjà sur le parquet à l’heure qu’il est. Tu jettes un regard presque haineux à ta malléole encore boursouflée et tapes rageusement sur le coin de ton matelas. Quelques semaines. C’est le temps de repos que le médecin t’a recommandé de suivre pour retrouver ton niveau. Quelle connerie. Le corps humain n’est pas fait pour subir un tel rythme. A d’autres ! Tu excelles. Tu te dois d’exceller. Alors tu patientes, le cœur au bord de l’âme. Le temps guérira tes blessures. Nouvelle connerie. Elles sont si profondes en toi. Elles font parties de toi. Depuis toujours et à jamais. Cette cheville, c’est superficiel. Ton âme est déjà perdue. Tu détailles attentivement chaque latte qui constitue le plafond. Ta respiration se calme à mesure que tu observes ces bouts de bois usés. C’est étrangement relaxant. Ça ne dure pas puis que tu finis par te redresser, en alerte. T’as besoin de prendre l’air. Tu étouffes dans cette chambre. Tu attrapes ton sac et claques la porte sans dire un mot à ta colocataire ne lui offrant qu’un sourire sincère au passage. Inverness. Tu déambules, agile et légère, sur les dalles irrégulières qui décomposent la rue. Ta cheville ne compte plus. Tu t’enivres des parfums qui se heurtent les uns contre les autres juste devant toi. C’est agréable. Pendant un instant tu ne penses plus à rien. Un bref instant. puis soudain, le vide s’installe. astrée. elle ne t’a pas vu. pas encore. pincement au cœur. elle est si belle. ta lune. Ton âme-sœur. huit années ont passé et son aura te transperce toujours en plein cœur. comme à l’époque. sa prestance. grande inspiration. Vos regards se croisent et se captivent. Véritable choc entre la lune et le soleil. Deux entités n’en ayant formé qu’une qui s’apprivoisent après des années d’ignorance. un abandon. ton ange a arrêté de croire en vous quand toi tu n’as jamais douté. c’est certainement ça qui a été le plus douloureux. pas un mot. pas un regard. tes iris se figent. c’est douloureux de la voir là, devant toi. C’est pourtant toi qui a parcouru tous ses kilomètres pour la revoir. Bonjour Av. Alors c’est tout ? Tu ne réponds pas, te contentant juste de la détailler de bas en haut. Les années ne lui ont pas fait défauts, loin de là. bordel. En vérité, tu n’as qu’une envie : la prendre dans tes bras et rattraper ce foutu temps perdu mais tu en es incapable. Pas après ce silence. T’as besoin de savoir. ça fait longtemps huh ? un rire presque jaune franchit tes lèvres. J’ai arrêté de compter, après quelques années – souffles-tu en haussant les épaules, nonchalante. La remarque est froide mais t’échappe malgré toi. Cette fille t’a brisé le cœur et la blessure est encore ouverte même huit ans après. Je peux savoir où tu étais ? comme si elle était partie faire une course. La réalité est toute autre. Elle s’est juste enfuie, du jour au lendemain abandonnant votre trio, t’abandonnant toi. Sa part d’ombre.
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Re: lies (fb. avril)
Mar 17 Juil 2018 - 1:09
Le regard des deux sorcières se croisent et c’est comme si les astres entraient en collision : une éclipse, le soleil et la lune l’un face à l’autre. Elle était tentée de sourire Astrée, la douceur de cette rencontre aurait dû réchauffer son coeur. Mais, en dépit des apparences, il n’y avait rien de doux dans ces retrouvailles. Ces instants étaient glaçants : malgré elle, Astrée jaugea Avril du regard, à la fois soufflée par la beauté de sa douce et blessée de la sentir si lointaine. A quoi s’attendait-elle ? Les battements du coeur de la grecque sont douloureux dans sa poitrine et le sifflement pressant de l’urgence vrille ses oreilles comme si elle savait qu’avec son soleil venait la troisième pièce de l’échiquier. Avec le réconfort de la présence de son âme-soeur se rapprochait le danger du Cerbère.
Le rire d’Avril est amer, Astrée peut y deviner toutes les notes de rancoeur, malgré les années elle se souvenait parfaitement. « J’ai arrêté de compter, après quelques années. » L’étudiante se crispe légèrement mais son visage reste impassible : « Touché. » Répond t’elle dans un murmure sourd. Un léger sourire sarcastique se glisse au coin de ses lèvres tandis qu’elle jette un regard autour d’elles. La grecque n’était pas friande des scènes en public, elle avait trop oeuvré à se faire discrète pour que les accents rageurs d’une dispute attire l’attention sur elles, sur elle surtout. Doucement égoïste, elle avait appris au fil des années qu’il fallait l’être pour survivre. Pourtant, Avril était sa faiblesse, depuis toujours : celle pour qui elle aurait tout brulé, tout mis à feu et à sang et qui pourtant se tenait face à elle comme une étrangère.
« Je peux savoir où tu étais ? » Elle avait le droit de savoir, non ? Astrée lui devait bien ça après tout. Mais la brune, malgré toute la bonne volonté du monde n’aurait même pas su quoi répondre : elle aurait pu énumérer tous les pays qu’elle avait investit puis quitté mais cela n’aurait eu aucun sens à l’oreille de l’américaine. Parce que ce voyage était vide de sens si on oubliait l’héritage. Alors, elle élude, elle gagne du temps. Elle connait les règles : elle sait maintenant qu’on n’échappe jamais au jeu alors elle place ses pions, elle avait toujours été douée pour jouer de toute façon. « Je t’offre un thé ? » Si l’histoire devait se révéler au grand jour, ce ne serait certainement au milieu du Inverness moldu, pas tant qu’elle ne serait pas à l’abri des oreilles indiscrètes. L’appartement de l’Academy Street, même s’il n’était pas le plus calme du monde, ne pouvait être que plus sûr, Astrée y avait trouvé refuge plus d’une fois. Le clocher de l’église sonne les dix-sept heures, bientôt la rue grouillerait de monde, Astrée n’aimait ni la foule ni le bruit car parmi eux risquait toujours de se glisser l’arme qui donnerait le coup de grâce à sa fuite. « J’habite pas loin. » Ajoute-t’elle comme pour se justifier auprès de la brune . Comme si lui ouvrir cette part de sa vie pouvait faire oublier les huit longues années où elle s’était évertuée à faire de son existence un souvenir, un mirage qui s’étiole et disparait petit à petit.
Elle lit dans le regard de la sorcière un mélange d’incompréhension et d’indignation : elle aurait besoin de plus pour lâcher l’affaire, Astrée le savait. « Tu pourras me poser toutes les questions que tu veux. Mais pas ici. » Elle concède à demi, en serrant doucement les mâchoires. Difficile après tout ce temps de se mettre à nue. Elle était froide Astrée, comme elle l'avait toujours été, elle avait l'air insensible mais elle sentait le sens taper dangereusement dans ses tempes. Cachant son trouble derrière son masque elle fait volte face et invite d’un geste de la tête Avril à la suivre. On ne tourne jamais le dos à l’ennemi Susurrait son esprit de survie mais jamais elle ne considèrerait Avril comme telle : elle lui faisait confiance malgré tout. Malgré les mensonges, malgré le silence et la fuite. Elle avait eu peur, voilà tout. Peur que Gaïa soit plus forte, trop forte pour leur duo de toujours. Si elle n’était pas prête à l’avouer ce n’était pas faute de s’en être rendue compte, des années plus tôt.
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Re: lies (fb. avril)
Mer 18 Juil 2018 - 16:10
Dis-moi mon astre. Qu’ai-je fait pour que tu m’abandonnes du jour au lendemain, sans un mot ? Dis-moi, quel était le motif pour que tu arraches ce bout de charbon à peine battant de ma poitrine, toi qui le savais déjà si meurtri ? Je t’ai confié ma vie. Toi, tu m’as menti. Rien n’a compté, hein ? Je t’applaudis. Tu as joué à la perfection. Ma perfection. Des années de rancœur à t’époumoner devant des souvenirs. Evaporés. Des questions de plus en plus nombreuses à mesure que tu cherchais à comprendre. putain de cercle vicieux. T’as pas arrêté de la chercher. Jamais. Tu es ma personne. T’y croyais toi. Envers et contre tout. Première question. La brune fuit ton regard. Autre vestige du jeu que vous entreteniez à l’époque. Le regard parle. Les yeux disent tout. Ne jamais se laisser scinder l’âme par un regard si le contrôle n’est pas total. Autrefois tu pouvais lire librement dans ses iris. Vieux pincement au cœur. « Je t’offre un thé ? » Une tentative de s’échapper ? Pas encore. Pas après toutes ses années. Elle te doit huit années de ta vie. Tu t’apprêtes à protester quand elle continue. « J’habite pas loin. » Depuis combien de temps ? Es-tu heureuse ? S’il te plait, dis-moi. Vos regards se sondent et ce sont tes doutes qui transparaissent. Ne m’abandonnent pas, une seconde fois. « Tu pourras poser toutes les questions que tu veux. Mais pas ici. » Tu comprends enfin. Ses iris caramel essuient la rue. Pas ici. Si avec le temps, le jeu semblait t’avoir tout pris tu n’en oubliais pas les règles les plus importantes. Ne jamais se montrer vulnérable. Jamais. Tu hoches la tête comme pour consentir à prolonger ces huit années encore quelques minutes. Ta main passe sur son bras quand elle se retourne et la pousse à de nouveau croiser ton regard. Pas plus. J’ai déjà trop attendu – lui cries silencieusement tes perles bleues. Les traits de la sorcière t’échappent une nouvelle et se perdent dans la foule de passants qui s’agglutinent peu à peu dans la rue. Elle marche quelques mètres devant toi mais tu ne la perds pas des yeux. Tu ne comptes plus le nombre de fois où tu as cru la voir ces dernières années. Même chevelure. Même démarche. Puis non, rien à voir. Jamais ton ange. Les rues se ressemblent et s’assemblent mais tu continues de suivre la cadence. Ton cœur s’accélère quelque peu quand tu manques de la perdre. Non. Pas cette fois. Heureusement elle est toujours là. Tu te demandes comme elle fait pour disparaître si facilement. comment a-t-elle fait pour t’échapper toutes ses années ? Que cherchait-elle à fuir ? Qu’est-ce que tu as manqué ? Elle t’indique une petite rue où tu t’insères sans dire un mot même si actuellement chaque nouvelle syllabe te brule les lèvres. Academy street. Tu n’es pas ici depuis longtemps, pourtant tu es persuadée d’être passée devant cette rue des centaines de fois. si tu avais su. « Juste devant mes yeux… » souffles-tu, ce qui pousse Astrée à s’arrêter pour te regarder. « Non, je me parlais à moi-même… » avoues-tu, cette fois-ci avec une pointe d’amertume dans la voix. T’a-t-elle déjà vu elle ? A Hungcalf ? Dans ces rues ? Tu vas bientôt tout savoir. Une porte que tu franchis vite et devant toi apparait un escalier qui donne sur une sorte d’arche close. Astrée te devance et l’ouvre à l’aide d’une formule. Drôle de pratique. Tu ne mets que quelques secondes ensuite avant d’entrer dans l’appartement. wow. tu n’aurais pas pu l’imaginer autrement. Cosy, classe, somptueux. Comme elle. Tes yeux se laissent émerveiller par la décoration, qui te rappelle étrangement celles que vous partagiez à Ilvermorny. Un léger sourire se dessine sur tes lèvres à cette simple pensée puis se ternit de nouveau, en un simple éclair. Tu n’oublies pas pourquoi tu es là. « Depuis combien de temps vis-tu ici ? » souffles-tu en constatant la présence de cadres, vides. Ton regard vient ensuite chercher le sien. Tu n’as pas envie de lutter. Tu veux qu’elle se souvienne qui tu es. Doucement. Simplement. Tu es ma personne.
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Re: lies (fb. avril)
Ven 20 Juil 2018 - 17:04
Un instant, Astrée se dit qu’Avril ne va pas la suivre, que l’ange, blessé dans son orgueil préfèrera balayer du revers de ses ailes sa tentative de se faire pardonner. Mais, il y a cette lueur suppliante au fond de ses pupilles azur et elle suit rapidement les pas de la grecque dans la ville. Le trajet n’est pas long, mais Astrée presse quand même le pas, mal à l’aise et pressée de rejoindre l’atmosphère reposante de l’appartement qu’elle occupait. « Juste devant mes yeux…. » Le murmure de la brune atteint les oreilles de la jeune femme qui se fixe immédiatement se tournant légèrement vers sa compagne : « Que dis-tu ? » Demande-t’elle doucement en fronçant doucement les sourcils, interrogatrice. « Non, je me parlais à moi-même… » Un haussement d’épaules plus tard, Astrée reprend son chemin jusqu’à l’appartement dans lequel elle vivait. Pas besoin de se retourner pour savoir qu’Avril la suivait, elle reconnaitrait le son de ses pas entre mille malgré la foule qui commençait à s’agglutiner dans la rue. Un instant, elle se demandait ce qu’il aurait été de sa vie si elle n’avait pas fuit, que seraient-elles toutes les deux aujourd’hui ? L’enfer n’aurait il pas fini par avoir raison d’elles ?
L’ombre du 67 Academy Street apparait bientôt et il n’en faut pas plus à Astrée pour s’engouffrer dans la résidence suivie de près par Avril. Elle dépose son manteau et son sac sur un porte manteau avant d’indiquer à son amie de la suivre d’un signe de tête : « Installe-toi je t’en prie, fais comme chez toi. » Indique-t’elle avec un léger sourire qui se voulait avenant. Tandis que la sorcière prenait place, elle se dirigeait vers la cuisine : « Thé vert ? Thé noir ? » La question paraissait innocente mais il n’y avait rien de naïf dans les paroles de la brune, c’était une simple question mais dans l’esprit de la sorcière c’était le début d’une reconquête. Elles avaient perdu des années, mais
« Depuis combien de temps vis-tu ici ? » Ses mains se crispent légèrement sur le plateau qu’elle amène avec précaution jusqu’à la petite table basse autour de laquelle Avril s’était assise. « Quelques années. » Elle sait que ces mots vont blesser son ange et elle se concentre faussement sur l’eau qui chauffe pour ne pas croiser ses iris accusateurs. Quelques années, cinq exactement à Inverness, le temps avait filé à toute allure sans même que la sorcière ne puisse s’y accrocher. Et elle se sent soudain vidée Astrée. Des années à faire semblant, à se créer cette image discrète et sage, bien loin des éclats d’Ilvermorny, bien loin de la grandeur de l’Amérique : elle était tombée de son trône, ou plutôt, elle l'avait brulé. S’asseyant sur un fauteuil face à Avril elle croise les jambes et s’étire légèrement pour remplir les deux tasses. « J’ai aménagé à Inverness il y a près de cinq ans, après quelques années passées à errer, elle marque une légère pause buvant une gorgée du thé brulant comme pour humidifier sa gorge serrée, à travers le monde. » Astrée suit le regard d’Avril qui s’attarde dans la pièce et, avant de reprendre la parole, calmement : « Nous sommes sept ici, nous sommes plutôt chanceuses, les autres sont de sortie visiblement. » S’expliquent par cette phrase les différences de décoration plutôt marquées entre les différentes pièces : si le salon était ressemblait plutôt à la grecque dans sa décoration et son atmosphère, la cuisine était typiquement digne d’un regroupement d’étudiant tandis que chaque chambre portait la marque de son habitant. La cohabitation n’était pas facile tous les jours, mais Astrée était finalement heureuse de cet endroit, c’était comme la famille à laquelle elle n’avait jamais eu droit : dysfonctionnelle, comme elle finalement, mais réelle.
« Je… » Elle hésite un instant, son regard s’arrêtant sur le tatouage qui ornait son poignet, avant de reposer la tasse sur sa coupelle : « Je suis contente de te voir Av, réellement. » Pour ce que ça valait du moins elle espérait que Avril ne prendrait pas cet aveu comme une tentative de détourner son attention. J’espère que tu pourras un jour me pardonner Sun… Je t’en prie car je ne le pourrais moi-même.
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Re: lies (fb. avril)
Sam 21 Juil 2018 - 17:05
Souviens-toi mon astre quand nos deux âmes pensaient contrôler le monde. Doux souvenirs. Le lune et soleil qui régnaient en maître sur l’univers. Comment tu as pu tout oublier ? M’oublier, moi ? Qu’est-ce qui t’a poussé à le faire ? Je veux que tu me dises tout. N’omets rien. Pas un détail. Oh oui, achèves-moi. Dis-moi que ces huit années à te chercher n’ont pas servi à rien. Je t’en prie. J’étouffe.« Installe-toi je t’en prie, fais comme chez toi » te souffle ton astre. Ce sourire. Tu n’as pas oublié l’effet qu’il pouvait avoir sur toi. Tu es ma personne. Tu te contentes de suivre ton chemin jusqu’au canapé du salon. « Thé vert ? Thé noir ? » Si tu n’étais pas partie, tu n’aurais même pas à poser la question. Toujours ce goût amer entre les lèvres. Tu lui en veux. Tu lui en veux de ne pas connaître le thé que tu aimes. « Thé noir » souffles-tu comme une confidence, tentant de masquer l’amertume sur tes traits angéliques. La jeune grecque s’efface pour aller préparer vos mets et toi, tu en profites pour observer autour de toi. La dernière fois que vous vous êtes vues, l’environnement était, à s’y méprendre, un peu similaire. L’ambiance était plus légère. Rien ne présageait que c’était la dernière fois que tu te perdais dans ces éclats de rire comme vous aviez l’habitude de partager. Tu lui en veux. Tu lui en veux d’avoir craché sur ces souvenirs. Tu tentes de rester calme. Mon astre. Dis-moi. La première question fuse. Depuis combien de temps t’es-tu installée ici mon ange ? Elle dépose le thé sur la table et s’assoies en face de toi. Ces yeux ne croisent pas les tiens. Pas une seule seconde. Puis la sentence tombe. Quelques années. Quelques années ? Tu ne veux pas réagir. Tu ne veux pas lui donner cette satisfaction de te toucher, sauf que c’est le cas. elle te plante en plein cœur. Tes doigts tremblent et tu te mords la lèvre inférieure, jusqu’à sentir le goût âpre du sang dans ta bouche, pour ne pas crier. C’est douloureux. Pas une lettre. Pas un signe de vie. T’as longtemps cru que ton astre s’était éteint. Merde. Tu te contentes de garder le silence, t’emparant de la tasse qu’elle te tend. Ses mains sont dans le même état que les tiennes. Elle continue. « J’ai aménagé à Inverness il y a près de cinq ans, après quelques années à errer » un silence. Vos lèvres caressent le liquide brulant comme pour échapper quelques secondes au vide qui s’était créée entre vous. « A travers le monde » Tu poses ta tasse sur la table basse et hoches machinalement la tête. Où étais-tu ? Qu’est-ce qui t’a mené ici ? Quelque chose ? Quelqu’un ? Ces questions qui se perdent dans le silence. T’as peur des réponses. Toi qui voulais la briser de tes reproches, tu te retrouves incapable de lui susurrer un mot. Heureusement la belle rompt de nouveau le silence. « Nous sommes sept ici, nous sommes plutôt chanceuses, les autres sont de sortie visiblement. » Tu souris. T’aurais pensé au destin si t’avais pas dû attendre huit putains d’années pour revoir son sourire. « La chance, c’est de t’avoir trouvé sans que tu ne puisses à aucun moment t’échapper… non ? » Un nouveau pic. La parfaite illustration de ton âme blessée et meurtrie. Nouvelle gorgée de thé et l’air blessée de ton âme-sœur qui te torture le cœur un peu plus. Elle lance un regard sur son poignet. Tu ne vois pas de quoi il s’agit… « Je… Je suis contente de te voir Av, réellement. » Tu sens ta gorge se serrer. Pas maintenant. Tu te mords la langue maintenant. Tu ne peux pas pleurer. Pas après tout ça. « Je t’ai cherché partout. Pendant des années. » souffles-tu tentant de contenir ce qu’il te restait de dignité face à la grecque. « T’as juste disparu du jour au lendemain. » Tu ne lui apprends rien mais tu te donnes le droit de lui rappeler. Tu avales des gorgées en brulantes du thé pour empêcher ton âme d’imploser. « Je veux comprendre. Pourquoi du jour au lendemain j’ai juste cessé d’exister pour toi » lances-tu l’implorant du regard. nouveau choc entre la lune et le soleil. ton astre. Impossible de tenir un quelconque jeu face à elle. Elle t’a brisé et les blessures sont encore trop profondes. Tu es partie. Je n’ai rien pu faire.
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Re: lies (fb. avril)
Dim 22 Juil 2018 - 22:03
« La chance, c’est de t’avoir trouvé sans que tu ne puisses à aucun moment t’échapper… non? » Hit. Astrée serre légèrement les mâchoires en reprenant une gorgée de thé. Il ne fallait pas donner l’impression d’être blessée : c’était un pas en arrière et on ne reculait pas dans ce jeu. Pourtant les yeux de la grecque hurlaient au pardon. Ne me regarde pas avec ces yeux je t’en prie, chaque larme qui se prépare dans ton regard résonne comme le plus mortel des sortilèges. Avait-elle envie de dire, mais elle reste silencieuse, c’était mieux pour elles deux. Car elle avait peur de faire une nouvelle erreur et Avril avait visiblement besoin de vider son sac. « Je t’ai cherché partout. Pendant des années. » Elle ressent la douleur de son ange et elle perd pieds malgré l’air froid de son visage. « T’as juste disparu du jour au lendemain. » Astrée se souvenait parfaitement de ce dernier repas partagé. Alors que pour Avril ce n’était qu’un repas parmi d’autres, elle savait. Elle savait que ces derniers rires échangés, ces doux regards, ces paroles sans importance scelleraient la fin d’une ère. « Je veux comprendre. Pourquoi du jour au lendemain j’ai juste cessé d’exister pour toi. » Si la brune pouvait savoir à quel point c’était faux. Astrée, ne sachant même pas par où commencer pour tenter de rattraper ces huit années reprit quelques gorgées de thé avant d’avouer, d’une voix douce : « J’ai essayé de tenir, de résister, mais il faut croire que de nous deux, t’étais de loin la plus forte. » Ce n’était pas une tentative maladroite de gonfler l’égo d’Avril, c’était un fait, quiconque connaissait la grecque savait à quel point elle aimait se raccrocher aux faits, surtout lorsqu’elle était en fâcheuse posture. Elle se souvenait de la promesse que cette dernière avait dû faire à Gaïa : trois semaines. C'était son délai, et elle avait tenu, Astrée n'avait pas été aussi forte. « J’ai fait mes erreurs, j’ai eu peur, j’étais même terrifiée. » Elle secoue la tête en reposant, peut-être un peu trop brutalement pour paraître totalement calme, la tasse sur le plateau. Elle voulait lui montrer, elle voulait lui prouver que malgré les apparences, elle n’était pas à envoyer au bucher : du moins pas sans avoir avancé tous les éléments. « Mais j’ai pas oublié. » Elle se lève du fauteuil comme un automate et disparait quelques instants dans le couloir le temps d’atteindre sa chambre, son jardin secret, et d’en ressortir avec une petite boite de bois entre les mains. D’un geste sec, elle ouvre la boite et la laisse choir sur le canapé à côté d’Avril, libérant son contenu à la vue de la sorcière. « Jamais. » A l’intérieur, des lettres jamais envoyées. Brésil, Inde, Norvège, toutes adressées à la même personne. Toutes débutés par la même accroche My dearest sun… Toutes signées de sa main, toutes restées à l’étape de journal intime car elle n’avait pas eu le courage de les envoyer. Pourtant elle expliquait tout des raisons de sa fuite, elle s’excusait, à chaque fois de ne pas avoir eu le courage de lui dire en face, elle racontait ses aventures, des plus exceptionnelles au plus banales, elle pleurait, beaucoup sur ces mots qu’elle aurait aimé lui conter à haute voix. A chaque fois elle appelait un hibou, à chaque fois elle le congédiais aussi vite en pensant à ce qu’il adviendrait d’elle si ce n’était pas Avril qui ouvrait la missive. Ou même si elle lui en voulait trop pour comprendre et préférait prendre le parti des enfers, comme elles avaient de tout temps du le faire. Au fil des années, les lettres s’étaient espacées, mais elles existaient toujours, parfois, Astrée ressortait cette boite, comme pour se punir un peu plus de sa fuite. Puis, elle renfermait ses larmes avec les lettres : pour avancer un peu plus encore. « Écoute… Je vais t’expliquer, tout, te dire toute la vérité. Ensuite tu décideras ce que tu penses de moi, mais pas avant d’avoir tout entendu, deal ? » Demande-t’elle en dardant un regard détaché sur le visage de son amie. Elle était prête à s’expliquer, même si avec ses aveux venait le risque de voir son secret révélé au grand jour.
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Re: lies (fb. avril)
Mar 24 Juil 2018 - 16:30
« J’ai essayé de tenir, de résister, mais il faut que de nous deux, t’étais de loin la plus forte. » Quelle connerie. Quand t’es partie, j’me suis juste laissé couler. Après tout à quoi ça servait ? T’étais plus là. J’avais plus envie de rire, de manger, de respirer. C’est comme si t’avais juste pris une partie de moi et qu’tu t’étais juste barrée avec. Comme ça. Sans rien dire. Tu sais que j’ai pleuré ? Bordel, je pleure jamais.Excepté pour samwell, mais c’est tout.Sinon, jamais. Mon ange, tu m’as déchiré le cœur et j’ai sombré. Donc non, j’suis pas forte et tu l’aurais su si tu t’avais pas mis les voiles. Silence toujours assourdissant. Tes lèvres caressent le liquide encore chaud. Tu écoutes attentivement les propos de ta grecque. Si tu décroches ne serait-ce qu’une instant tu sais que tu pourrais flancher. Tu t’es déjà trahi. Elle a vu. Ta détresse. Ta souffrance. Un seul regard a suffi. Comme avant. et ça ne l’a pas laissé indifférente en témoigne la vitesse avec laquelle sa tasse se retrouve devant toi, sur la table basse. Ton astre est toujours là. « J’ai fait mes erreurs, j’ai eu peur, j’étais même terrifiée. » De quoi avais-tu peur mon ange ? Je ne comprends pas. Nous étions ensemble. Je n’aurais jamais laissé personne toucher un seul de tes cheveux ? ou alors celle que tu fuyais, c’était moi ? « Mais j’ai pas oublié. » Tes yeux la suivent te faussant compagnie le temps de quelques secondes. Ne t’en vas pas. Elle ne met pas longtemps à te rejoindre avec, ce que tu peux deviner être, une boite entre ses mains. Tu fronces les sourcils. Donnes moi tous tes secrets. Les doigts fins de la grecque ouvrent l’écrin et le jette à côté de toi. Qu’est-ce que c’est mon ange ? Ton âme ? Tu hésites un moment. Tu as peur de ce que tu pourrais y découvrir. mon ange, guide moi. « Jamais » Tu prends une grande inspiration et t’empares d’une première lettre. My dearest sun… Bordel, que c’est… douloureux. Tes traits se déforment et ton corps t’abandonne. Des gouttes salées coulent maintenant sur tes joues de porcelaine. Que… Tu ne vois plus rien. Astrée. Tout est embrumé. « Je suis désolée » ; « je devais le faire » ; « Gaïa » sont les seuls mots que tu parviens à percevoir. Gaïa, qu’est-ce que la sorcière a à voir avec tout ça ? « Ecoute… Je vais t’expliquer, tout, te dire toute la vérité. Ensuite tu décideras ce que tu penses de moi, mais pas avant d’avoir tout entendu, deal ? » Tu fermes les yeux un instant et déposes ladite lettre sur la table basse devant toi. C’est trop. Tu passes tes mains tremblantes au niveau de ton visage pour essuyer tes larmes. Tu t’en veux. Tu t’en veux d’avoir craqué… seulement les réponses que tu attends depuis des années semblent être à porter de mains. Tu lèves enfin le regard en direction de ton astre. Ce n’est plus de la rancœur qui perle dans tes yeux azurs, juste une reconnaissance pour ce qu’elle s’apprête à t’apprendre. Tu attrapes la lettre que tu tenais et la repose avec les autres dans la boite que tu fermes. Tu y jettes un dernier regard et la tends à la grecque à bout de force. Je te fais confiance. Nous aurons le temps pour ça. Maintenant, « Dis-moi, mon ange.. » Je n’attends que ça depuis huit ans.
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Re: lies (fb. avril)
Lun 30 Juil 2018 - 0:16
Avril prend la boite, en sort une lettre et Astrée voit son visage se tordre et les pleurs emplir son regard d’azur : « Pleure pas mon ange… S’il te plait… » Le murmure est à peine dissociable des bruits ambiants et Astrée stoppe le geste qui aurait dû réconforter sa soeur de coeur. Elle n’osait pas la grecque, pas après les erreurs qu’elle avait fait. Alors, elle garde sa posture de reine des glaces, se détachement qui l'a toujours caractérisée, cette froideur qui pouvait être prise pour de l’arrogance. « Dis moi, mon ange… » Elle croise les jambes et appuie ses avants bras sur ses genoux, les yeux perdus dans le vague elle se trouve déjà loin de l’appartement écossais : quelque part en Caroline du Sud, de l’autre côté de l’océan. « Elle s’appelait Karen, Karen Joy, c’était le grand amour de mon père : d’après lui je lui ressemblais comme deux gouttes d’eau. » La brune caresse avec douceur le tatouage qui orne depuis quelques années son poignet : Joy, quelques lettres qui la laisse encore attachée à cette vie qu’elle a abandonné. « J’avais douze ans quand il l’a rencontrée, treize quand elle est morte : un cancer, la magie ne peut rien contre ces saletés. » Elle serre les dents, l’odeur aseptisée de l’hôpital reste bloquée dans ses narines. « Et… Tu te souviens comme c’était compliquée pour nous à l’époque ? » Sa confidente, sa soeur, la seconde partie de son âme, Avril avait toujours tout su de la vie d’Astrée, jusqu’aux dernières galères. « Je voulais pas faire de mal. » Les mots la brulent : c’était un discours de coupable, elle était coupable, elle le savait. « Le Juge m’a vue un jour à l’hôpital, et il a cru voir sa fille, j’en ai profité… Personne ne devait en souffrir. » Dans la bouche de la sorcière les mots semblent encore plus âpres, comme si, récitant son histoire avec détachement, elle légitimait ses actes. Pourtant, ses mains ne cessaient de s’agiter dans des sursauts saccadés l’obligeant à les enfouir entre ses cuisses comme une enfant apeurée. « Mon père était dans le coup, il a sous entendu que… » Elle secoue la tête, l’histoire officielle, Avril la connaissait. Son héritage, le Juge, l’héritière de son nom et de sa fortune. La seule descendante de la lignée : l’histoire avait alimenté les journaux pendant des semaines. « Toute cette histoire d’héritage quand Robert est mort… C’était du vent. Un mensonge monté de toute pièce pour ne plus souffrir de la faim et du froid. Du vent pour obtenir ce à quoi j’avais droit… » N’avait-elle pas du sang royal Astrée ? Comment une princesse pouvait elle terminer dans un appartement miteux des banlieues sorcières ? A force d’être obligée de manger un jour sur deux et de voir son père se tuer à la tâche chaque jour et chaque nuit pour lui apporter mieux, Astrée avait fini par haïr tous ceux qui avaient plus. Cette jalousie l’avait consumée, et son égo l’avait menée à sa perte : elle avait fait trop d’erreurs pour que son mensonge soit solide. « Et je ne sais pas comment, enfin, j’ai du faire trop d’erreurs, Gaïa a compris le fin mot de l’histoire : elle menaçait de tout révéler… » Elle baisse la tête, pour la première fois, elle partageait le poids du secret avec quelqu’un : elle espérait seulement que cela ne la mènerait pas à sa perte… « Il fallait que je parte pour ne pas sombrer… » Conclut-elle d’une voix qui se voulait neutre. Mais son visage était tordu par les émotions, et des larmes commencent à perler au coin de ses yeux. « Je sais que ça n’excuse rien, que j’aurais pas dû partir sans rien dire, je sais que t’aurais compris : je t’en prie Av pardonne moi… » Les pleurs l’empêchent de continuer, se bloquant dans sa gorge et l’empêchant quelques secondes de respirer. Elle s’étouffe, elle manque d’air, elle tousse et passe une main rageuse sous ses yeux pour faire disparaitre les larmes : elle ne doit pas pleurer. « J’ai merdé Av, je crois que j’ai jamais autant merdé. » Les mots sont crus, mais il n’y avait pas de quoi enjoliver la situation, elle avait fui pour éviter de tout perdre, elle ne se rendait compte que maintenant que cela n’avait finalement servi à rien.
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Re: lies (fb. avril)
Mar 31 Juil 2018 - 18:09
Oh mon ange, qu’as-tu donc fait ? La statue grecque commence à conter son histoire. Karen Joy. Le nom de cette femme orne son poignet. Comme deux gouttes d’eau. Impossible. Elle a cette beauté singulière la brune, celle qu’on envie tout autant qu’on la hait. Des traits fins et mystérieux qui fendent un cœur. Elle a la Grèce piégée au fond de ses iris. Captivant. Fascinant. C’est cette singularité qui la rend unique… mais passons. Cancer. Goût amer au coin des lèvres. Aimer est une invitation à souffrir. Le grand amour n’épargne personne, même si tu aurais voulu que cette fois-ci il le fasse. Tu grimaces. Tu la ressens, cette douleur qui se dégage des traits tirés d’Astrée et ça t’fait mal au cœur. Tu peux tout me dire mon ange. Je suis là. Tu t’apprêtes à poser ta main sur la sienne maistu te retiens.Pas encore. Pas avant de savoir. Compliqué pour nous à l’époque. Evidemment, mon ange. Ton père et toi, vous n’aviez pas à vous plaindre à l’époque. La crise économique n’était pas celle qu’elle est devenue aujourd’hui. Tu n’avais besoin de rien. Pour Astrée, l’histoire était différente. Tu ne comptes plus les fois où tu l’as invité pour les vacances, persuadée que sans ton invitation elle rentrerait dans ce taudis où elle était obligée de séjourner. T’as toujours eu peur pour elle. T’aurais dû faire plus attention. T’as pas fait attention aux détails. Tu t’es laissé surprendre. Tu ne vois pas encore où elle veut en venir. Tu restes attentive. Je voulais pas faire de mal. Tu fronces les sourcils. A qui mon ange ? Elle ne parle pas de toi. Alors qui ? Le juge. Sa fille. J’en ai profité. Mince, t’es en train de faire le lien et ton cœur s’accélère. Alors tu… ? Tu restes pendue à ses lèvres. Tu veux en savoir plus. Tu veux surtout savoir comment toi, tu as pu te laisser tromper à ce point. Héritage. Ton palpitant s’arrête une seconde. Tu ne lâches pas ton âme sœur des yeux. A l’époque, tu rêvais qu’elle s’en sorte. T’aurais tout fait pour qu’elle ne vive plus sur le fil bancal où elle marchait. Bordel. Tu aurais fait la même chose pour ton père. Tu l’aurais fait pour elle. Tromper. Manipuler. Il y a toujours un prix à payer. Tu te hais de ne pas avoir pu la protéger. Tu fermes les yeux un moment. Tu ne comprends toujours pas ce qui a justifié sa fuite. Une seconde de silence et un nouvel ouragan qui s’abat sur toi. Gaïa. Evidemment. Ce monstre que tu as façonné de tes mains. Mains assassines. Ta mâchoire se crispe. L’élève a dépassé le maître. Cette salope t’a volé huit années de ta vie avec le seul être qui te complète parfaitement. Tu ne regrettes par une seconde de l’avoir laissé derrière toi il y a de ça quelques mois. Cet être est toxique. Bien plus que tu ne l’es. Tu comprends. Tu sais la pression que peut exercer sur toi un être comme Gaïa… t’aurais juste aimé qu’Astrée croit en vous. Tu l’aurais exterminé. T’as longtemps cru pouvoir la sauver. Perte de temps. La colère. Elle parcourt tes veines à une vitesse fulgurante. Comment t’as pu être si bête ? Tu prends une grande inspiration et te risques à croiser le regard de la grecque. Ses iris te transpercent le cœur. Ses traits transpirent la tristesse et le désarroi. Ses yeux sont imbibés de liquide qu’elle ne laisse pas s’échapper. Tu peux pleurer mon ange. Je t’en prie Av, pardonne moi. Mon ange. « Arrête » souffles-tu la gorge serrée. Difficilement, tu te lèves et marches vers elle. c’est ce que t’as toujours fait. marcher vers ton astre. Tu te laisses tomber sur les genoux juste devant elle et attrapes sa main qui camouflait jusque-là une partie de son visage. « Tu peux pleurer mon ange » souffles-tu tentant de scinder son âme en un regard. J’ai merdé Av, je crois que j’ai jamais autant merdé. Tes yeux se brouillent eux aussi et ce sont de nouvelles larmes qui coulent sur tes joues. et merde. Dans un réflexe presque animal , tu te jettes sur la douceur Grèce pour la serrer contre toi, la faisant tomber à genoux au passage elle aussi. « Tu aurais dû me le dire. » lui susurres-tu à l’oreille. Tes mains passent ensuite sur les joues de la belle pour la forcer à te regarder. « J’aurais tout fait pour toi. Je t’aurais protégé contre elle… tout comme je le ferais aujourd’hui. » lui avoues-tu le visage presque engourdi. « Tu es ma personne, tu te souviens ? . » Plus que des mots, une véritable promesse.
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Re: lies (fb. avril)
Ven 10 Aoû 2018 - 10:39
Les mots semblaient dévastateurs, arrachant à la grecque le peu de contrôle qu’il lui restait sur les traits de son visage habituellement impassibles mais qui étaient désormais mués d’une profonde tristesse. Elle ne voulait pas pleurer, elle ne devait pas être faible et pourtant avouer la vérité lui coutait plus qu’elle ne l’aurait pensé : parler de lui, parler d’elle, elle qui avait cherché à les rayer de sa vie durant des années… Le secret était si jalousement gardé qu’elle avait l’impression de se trahir en ouvrant son coeur. Pourtant Avril avait toujours été sa confidente, la seule en qui elle avait une confiance aveugle, personne n’avait jamais su tout ce qu’elle savait. Même Gaïa qui était, à l’époque, la troisième pièce de leur trio n’avait pas les faveurs des confidences de la grecque, toujours trop inquiète de la noirceur de l’âme de la blonde. Elle aurait dû se douter que c’était ce qui causerait sa perte mais elle était trop naïve. « Arrête » Elle n’entend pas l’injonction de son soleil, Astrée, mais elle voit bien, à travers ses doigts plaqués sur son visage, Avril qui s’approche un peu titubante et qui vient se laisser tomber face à elle : « Tu peux pleurer mon ange » Et quelques secondes plus tard, elle avait rejoint le sol aux côtés d’Avril qui la serrait contre elle. « Tu aurais dû me le dire. » Le murmure sonne comme le coup fatal, car elle n’y ressentait aucune haine, aucune rancune. Elle ne méritait pas son pardon. Quelques secondes, elle reste pantelante, incapable de répondre à l’étreinte de son amie, et finalement ses bras viennent entourer le frêle corps de la brune. « J’aurais tout fait pour toi. Je t’aurais protégé contre elle… tout comme je le ferais aujourd’hui. » Les larmes finissent par ses répandre sur les joues de la brune et sur les mains d’Avril qui tenait son visage. « Mon ange… » Souffle-t’elle la voix brisée par les larmes en tentant d’échapper au regard azur de la sorcière. « Tu es ma personne tu te souviens ? » Un léger sourire vient se glisser entre les pleurs et la brune serre doucement la main d’Avril dans la sienne : « Evidemment… Ma personne… » Cette promesse, elle ne l'avait jamais oublié même si la fuite et les années avaient relativement terni le soleil qu’apportait l’américaine dans sa vie. Elles étaient deux contre le monde à l’époque, les parfaites petites sorcières démoniaques d’Ilvermorny. « Je suis tellement désolée Av… » Reprend-elle dans un murmure, elles avaient perdu tant de temps à cause de sa fierté démesurée, de son manque de confiance chronique. Tentant de maitriser les tremblements de sa voix la grecque finit par passer ses mains sur son visage pour faire disparaitre les trainées de larmes et lève à nouveau le regard vers Avril : « Tu ne devrais pas pleurer pour moi mon ange… Je ne le mérite pas. » Supplie-t’elle doucement en faisant glisser avec douceur ses doigts sur la joue d’Avril pour effacer à son tour les marques de chagrin. Elle ne voulait plus de tristesse sur les traits de son soleil, elle s’était passée de sa lumière pendant bien trop longtemps pour la voir ternie par ses erreurs.
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Re: lies (fb. avril)
Jeu 23 Aoû 2018 - 16:02
Une bulle impénétrable se forme alors que le soleil et la lune s’épousent en une parfaite éclipse. Le temps, cette denrée si rare, semble s’êtrearrêté. autour de vous, plus rien ne semble bouger, ni exister. dans ton esprit, ce sont des années de questions sans réponse qui se sont enfin démêlées. saveur presque sucrée au coin des lèvres. elle n’a pas voulu t’abandonner. elle y a été obligé… et même si la pilule reste dure à avaler, la sentir prêt de toi te paraît, à l’instant présent, une première victoire. vous êtes si proches. tu ne t’étais plus sentie aussi proches de ton ange depuis des années. des années des recherches à courir après un fantôme, un rêve que tu ne pensais jamais toucher du doigt. Pourtant elle est là, devant toi, ses bras s’autorisant enfin à rendre les armes. Vos deux corps s’étreignent dans un parfait et somptueux dessin. tes mains frêles et tremblantes encadrent son visage désormais noyé par les larmes. Mon ange. elle lâche prise. enfin. son regard cherche cependant toujours un échappatoire que tu ne lui offres pas. je suis là et je ne compte aller nulle part - penses-tu assez fort pour qu’elle l’entende. T’en es persuadée. vous êtes liées. Pour toujours et à jamais. c’était le deal à l’époque non ? Evidemment… Ma personne… Personne. Ce mot qui a fait vivre votre histoire et qui raisonne encore aujourd’hui comme un pacte qui ne rompra jamais. huit ans après. cette même intensité dans le regard. rien n’a changé. Vous vous êtes juste perdues en route. Ces retrouvailles marquent une nouvelle ère. Les larmes qui coulent le long des joues de la brune te crèvent le cœur mais tu sais qu’elles sont nécessaires. Elle respire à nouveau. tu peux le sentir sur chaque parcelle de peau que tu touches. Depuis quand t’empêches-tu de vivre amour ? toute la tension contenue dans cette pièce il y a quelques instants se dissipe peu à peu. Des années de frustrations qui éclatent dans chaque coin. si intense. Je suis tellement désolée Av… Tu as envie de lui répondre. Ce n’est pas grave. Tu es là maintenant. Seulement tes larmes t’en empêchent. Elles te prennent à la gorge alors qu’elles coulent en abondance sur tes traits de porcelaine. comment es-tu censée exprimer quoi que ce soit si ton corps ne t’en laisse pas la chance ? Tu ne devrais pas pleurer pour moi mon ange…Je ne le mérite pas. Tu secoues la tête. Arrête de dire toutes ces bêtises mon ange. elle parvient à te calmer. Le contact de sa peau sur la tienne te fait sourire. une fraîcheur que tu avais oublié. les larmes s’amenuisent et vos regards s’accrochent l’un à l’autre comme de véritables enragés. J’te laisserais plus me quitter – lances-tu comme une promesse, un frêle sourire au coin des lèvres posant délicatement ton front contre le sien. Tu fermes les yeux un instant, pour ne plus penser, ne plus réfléchir, et presque comme si tu ne le contrôlais pas tes lèvres viennent se déposer sur sa joue à la commissure de sa bouche. Quelques centièmes de millimètres seulement. comme un souffle délicat. Comme avant tu aimais à te risquer. Parce que c’est ton astre et qu’elle t’est liée pour l’éternité. que l’une appartient à l’autre même si l’univers a choisi de vous séparer pour un moment. tu ouvres de nouveau les yeux, une toute autre expression au creux de l’âme. tu lui offres un sourire espiègle et te redresses. Ta main se tend dans sa direction. Il faut vivre mon ange, allons-y. Tu ne sais pas de quoi demain sera fait et là tu t’en moques.
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Re: lies (fb. avril)
Dim 23 Sep 2018 - 20:12
Les larmes sont amères et pourtant dans les bras de son soleil Astrée ne se sent pas aussi faible qu’elle aurait pu le croire. C’était comme si l’étreinte de son tout la couvrait tout entière transformant cette mise à nue en délivrance, en renouveau. Délestée de ce secret bien trop lourd à porter pour elle seule elle avait l’impression que ses ailes pouvaient se déployer à nouveau, elles qui avaient été pliées depuis trop longtemps dans son dos parvenaient finalement à s’étirer et à reprendre leur place. Il avait finalement suffit de la présence d’une personne pour que toute son âme, endormie par les tromperies et les mensonges parvienne à s’éveiller enfin.
Elles pleurent toutes les deux et pourtant cela faisait bien longtemps que l’harmonie n’avait pas autant régné dans le coeur de la brune. « Je te laisserais plus me quitter. » Les yeux de la grecque sont accrochés aux perles océaniques d’Avril, attirés comme magnétiquement par ce regard intense et ce sourire enchanteur. « Je ne partirai plus loin de toi, plus jamais. » Murmure-t’elle en réponse à la douce promesse de la brune. Après tout, en dehors de ce cauchemar de la faire souffrir à nouveau elle n’était pas sûre de survivre à un nouvel éloignement. Elle avait ouvert son coeur à la seule personne qui était capable de la comprendre et de supporter sa peine et de la faire se relever de ses chutes.
Front contre front elles reprennent chacune leur souffle, séchant de leurs soupirs béat les larmes de l’autre : cela faisait des années que la grecque n’avait pas été si heureuse, satisfaite, calme. Un frisson parcourt l’échine de la brune tandis que les lèvres de son adorée se glissent, comme un songe au coin de ses lèvres. Combien de fois s’étaient-elles toutes deux risquées à franchir cette limite qui n’appartenait qu’aux autres ? Car il n’y avait pas de limites entre elles, elles n’étaient qu’un, un tout qui se permettait toutes les démesures car elles pouvaient se l’autoriser : elles pouvaient tout lorsqu’elles étaient ensemble. Et ce jour là, peut être était-ce la distance, le temps depuis la dernière fois où leurs peaux étaient entrées en collision mais cela semblait plus fort que jamais.
Finalement, Avril se recule et c’est avec regret qu’Astrée voit s’éloigner son soleil. Mais elle sait qu’elle ne part pas bien loin et cela suffit à faire disparaitre les dernières larmes qui s’échappaient encore de ses yeux. Le sourire espiègle de l’américaine ne la trompe pas, malgré les années elle la connait encore par coeur. « Il faut vivre mon ange, allons-y. » Attrapant avec douceur la main de l’américaine Astrée se redresse et vient percuter le corps de cette dernière, l’enlaçant avec ardeur et venant enfouir son visage dans le cou de la sorcière s’enivrant de la douce odeur de sa chevelure tout en susurrant à son oreille : « Aide moi à apprendre mon ange. » Même si elle était prête à se laisser aller au doux chant de l’innocence et aux aubes du hasard la brune se perdait aisément dans la retenue et l’inquiétude quant à l’inconnu. Mais avec Avril, tout devenait plus simple et naturel : Astrée sentait qu’elle pouvait respirer à nouveau et ce n’était pas seulement l’écho du coeur de sa moitié tambourinant contre sa propre poitrine.
Elles étaient réunies, enfin, et maintenant plus rien ne pourrait se mettre en travers de leur chemin.
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