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T'es mignon, je te l'ai déjà dit ? - Ilias & Hyacinthe
Mar 7 Aoû 2018 - 14:10
Le bar en question n’était pourtant pas si récent que ça, d’après ce qu’on m’avait dit cela faisait environ un an qu’il avait été ouvert, et même si je connaissais un des co-propriétaires depuis Ilvermorny, il ne m’était jamais venu à l’idée de rentrer dans cet endroit, qui se remarquer de loin dans la rue avec le flamboyant drapeau arc-en-ciel au-dessus de la porte. Le Rainbow Club, un endroit de tolérance où toute la communauté gay pouvait se retrouver, une communauté à laquelle je ne savais pas encore que j’y appartenais il y a encore quelques mois. Tout avait été si rapide, cette nuit avec Sky, que j’avais oublié mais qu’il m’avait rappelé, cette prise de conscience de mes sentiments envers Caleb, la peine ressentie lors du mariage de ce dernier, cette sensation de vide et d’abandon qui ne me quittait plus depuis plusieurs semaines maintenant. Alors un jour, j’avais pris mon courage à deux mains pour entrer dans ce lieu si mystique à mes yeux. J’y étais allé en essayant de me faire discret, je ne voulais pas trop que ça se sache. C’était tout nouveau pour moi et je ne savais pas à quoi m’attendre, serait-ce comme ce que j’avais déjà pu voir dans ces boites carrés que les nomajs appelaient télévision, c’est-à-dire des hommes à moitié nus avec des paillettes et certains se déguisant en femme ? C’était un peu ma crainte, il fallait bien l’avouer, timide comme j’étais de nature, je ne me voyais pas rester longtemps dans ce genre de lieu, pas au début en tout cas. Mais après tout peut-être était-ce tout simplement plus « normal » ? Sullivan, que je connaissais depuis Ilvermorny n’était pas efféminé bien au contraire, il était assez large d’épaule et pourtant il n’y avait pas plus gay que lui, il n’y avait qu’à voir le nombre de conquête qu’on lui connaissait, ou encore son presque mariage avec l’ancien professeur de théâtre pour le savoir. Il n’avait jamais caché ses goûts, et je me demande parfois comment je n’ai pas réussi à ouvrir les yeux plus tôt, étant ami avec lui. Pourtant, il avait fallu que je rencontre Caleb et que l’alcool me pousse à passer la nuit avec Sky pour me rendre compte que j’avais le même type d’attirance. Caleb lui n’était pas comme ça, il était marié, avec une jolie femme, et c’était comme ça. J’aurai peut-être dû m’adresser à Sullivan d’ailleurs pour qu’il me guide un peu dans cette communauté nouvelle pour moi, mais je ne me voyais pas aborder le sujet, et j’avais peur – il fallait bien que je l’avoue – qu’il ne me drague. S’il l’avait fait je ne sais même pas comment j’aurai réagi. Et Sky se cachait bien trop pour qu’on puisse en parler. Alors j’avais poussé la porte du Rainbow, et finalement, à part l’omniprésence de garçons, rien ne changeait par rapport aux autres bars. Nerveux, je m’étais approché du bar, où un de mes camarades summerbee assurait le service. J’avais été étonné de le voir là, mais après tout c’était un travail comme un autre, ça ne voulait rien dire de ses préférences et je n’osais lui demander une chose aussi indiscrète. J’étais tendu, sur le qui-vive, et j’avais sursauté quand un garçon m’avait abordé. Il était plutôt mignon, un peu plus âgé que moi, et les cheveux d’un brun sombre, tout comme son regard. Ténébreux. Il ne me semblait pas le connaître et après qu’il m’ait offert un premier verre, j’apprenais qu’il n’avait pas été à Hungcalf, mais qu’il était rentré dans le monde du travail directement, il travaillait au service du Hibou postal d’Inverness. Donovan qu’il s’appelait. L’alcool aidant, je me détendais, et la timidité me quittait. Au troisième verre, je ne repoussais pas sa main quand elle s’était posé sur ma cuisse, et au quatrième, ma main rejoignait la sienne. Après le cinquième verre, il me proposa, vu le bar fermait bientôt, de prendre un dernier verre chez lui, juste à côté. Et je l’avais suivi, pour finir dans son lit. Sauf que cette fois, j’avais conscience de tout, l’alcool ne m’avait retiré aucun souvenir. Quand je m’étais réveillé le lendemain, nu, à côté de Donovan dans la même tenue, j’avais paniqué. J’avais fui, pris de remords, comme si je l’avais trompé. Caleb. Et cette pensée me ramena à ma douleur. Une douleur sourde qui ne voulait pas quitter mon esprit. J’étais rentré chez moi, et même si j’étais parvenu à oublier Caleb le temps d’une nuit, la douleur revenait, plus forte. Alors, de désespoir, j’avais pris ma baguette et avais prononcé les mots fatidiques. Oubliettes Donovan, la nuit passée avec lui, et la douleur s’en allaient, pour le moment… mais dès lors, ce manège fut fréquent, et les oubliettes que je me lançais occasionnait de drôles de trous de mémoire…
Ainsi ce soir, alors que je sortais au Rainbow, l’endroit n’ayant pas totalement disparu de mon esprit mais les souvenirs restant enfermés dans la brume du sortilège, je ne reconnus pas le serveur, alors que lui me connaissait bien. Je l’avais dragué, à quelques reprises. Il m’avait gentiment dit non, à chaque fois, me voyant soir après soir repartir avec un mec différent ou parfois le même, qui ne faisait pas attention à mes pertes de mémoire et mettait ça sur le compte de l’alcool. Ainsi, j’avais déjà passé 3 nuits chez Donovan, même si à chaque fois je l’oubliais. Ce soir il n’était pas là. Mais Ilias, le serveur summerbee, était là. La nuit était certes tombé mais la chaleur était toujours présente, lourde et poisseuse, alors j’avais opté pour un bermuda en lin blanc, avec un marcel en fin tissu d’un rose effacé, dévoilant juste ma peau légèrement bronzé. Je m’accoudais au bar et m’adressai à lui, comme si je parlais à un inconnu, alors que je le voyais souvent.
Excuse-moi, tu pourrais me servir un Magic on the Beach s’il te plait ? (je prenais une pause) Tu es nouveau ici ? Je vois que les patrons ont du goût à l’embauche …
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Re: T'es mignon, je te l'ai déjà dit ? - Ilias & Hyacinthe
Mer 8 Aoû 2018 - 2:11
T'es mignon, je te l'ai déjà dit ?
L'ambiance cosy et toujours aussi festive du Rainbow Club a toujours le don de réconforter et de calmer Ilias. Le jeune homme, de nature anxieuse, oublie totalement le stress lorsqu'il se trouve à sa place, là, derrière le bar, et qu'il sert cocktails, soda et autres bières aux clients, dont certains sont presque devenus comme une famille pour lui tant ils viennent souvent. S'exprimer, respirer, tout semble plus facile pour Lily, ici. Et puis, Coyote est un peu un mentor et un exemple pour toute la communauté LGBTQ+ alors c'est toujours agréable d'évoluer sous son regard strict mais bienveillant.
Il a du monde, comme toujours dans le club. C'est ici que la communauté LGBTQ+ se sent le plus à l'aise, après tout ; trainer dans les boîtes principalement hétéros, ça va deux minutes. Déjà, c'est plus facile de pécho ici, et en plus de ça, il n'y a aucun jugement dans ce club ; si le Rainbow Club avait un slogan, il rappellerait bizarrement une grande chaîne de fast food internationale (venez comme vous êtes, pala pa pa pa~ ). Et puis, entre nous, les boîtes gays sont tellement plus amusantes. Le Rainbow n'est pas l'un de ces clubs où on croise quotidiennement des drag queens et autre strip-teasers, mais l'ambiance est toujours au rendez-vous. Pour Ilias, la soirée commence tranquillement, il discute avec quelques habitués, rejette gentiment les avances de certains nouveaux qui tentent le coup sur lui. Il est tellement à l'aise avec son job qu'il mélange les alcools et les diluants presque machinalement, toujours avec efficacité.
Et puis, une nouvelle tête familière entre dans le nightclub. Ilias voit Hyacinthe assez souvent ; d'une part, il est un summerbee, alors les deux se croisent fréquemment dans la salle commune, et d'autre part ce n'est pas du tout la première fois que le jeune homme met les pieds au Rainbow. Depuis quelques temps il vient régulièrement, et repart souvent au bras d'inconnus. Mais Ilias s'inquiète un peu, tout de même ; Hyacinthe a toujours l'air un peu perdu, presque hagard, quand il entre dans le nightclub, un peu comme si c'était la toute première fois qu'il y mettait les pieds. Lily met ça sur le compte de la timidité - d'après ce qu'il a compris, Hyacinthe a toujours été assez réservé comme garçon. Mais enchaîner les conquêtes, d'un coup, comme ça... Ilias le sait d'expérience, ce genre de comportement soudain est souvent signe d'un mal-être.
Hyacinthe s'accoude au bar, et Lily s'attend à ce qu'il se détende devant lui (ils se voient souvent, après tout) mais non, le jeune homme s'adresse à lui comme s'ils ne s'étaient jamais rencontré. Il demande un Magic on the Beach, comme toujours, et Ilias acquiesce avant de se mettre au boulot. Cependant, il s'arrête subitement de bouger quand Hyacinthe tente gentiment de flirter avec lui, tout en lui demandant s'il est nouveau ici. Interloqué, Ilias hausse le sourcil gauche : ce n'est pas la première fois que Hyacinthe a un comportement étrange ici, il a toujours l'air un peu distrait et tête en l'air, mais là... « Je savais pas que c'était si facile de m'oublier, » dit-il, le sarcasme clair dans la voix. Il s'adoucit un peu tout de même, quand il ajoute : « Tu plaisantes, rassure-moi ? Ça fait plusieurs fois que je te sers un Magic. Je ne m'étais pas rendu compte que les dernières fois que t'étais ici, tu t'es bourré la gueule au point de, de, de m'oublier. » Il est si perturbé par les paroles de son interlocuteur que son bégaiement refait une apparition discrète. C'est très étrange tout de même. Ilias n'est qu'un barman, mais il prend toujours le temps de discuter un peu avec les clients, et en général on ne l'oublie pas si vite... De plus, avec le nombre de fois où lui et l'autre summerbee se sont vu, c'est vraiment bizarre qu'il l'oublie de la sorte. Il va surveiller le cas Hyacinthe d'un peu plus prêt quand même. Juste au cas où...
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Re: T'es mignon, je te l'ai déjà dit ? - Ilias & Hyacinthe
Mer 8 Aoû 2018 - 15:11
L’ambiance est vraiment sympa dans ce bar, mais si seulement je pouvais m’en souvenir ça serait beaucoup mieux. Si je n’avais pas ces pertes de mémoire je me serai alors souvenu que le garçon qui m’a fait un clin d’œil quand je suis arrivé dans le bar, le blondinet aux yeux bleus qui parlait avec un autre blond, avait été une aventure d’une nuit, une nuit mouvementé où j’avais très peu dormi. Il avait alors dit vouloir me revoir, prêt à tenter d’autres expériences, mais apparemment il avait déjà trouvé un nouveau mignon. Si je m’en étais souvenu , je m’en serai peut-être formalisé mais là ce n’était pas le cas et je m’étais contenté de lui répondre par un sourire. Je n’étais bon qu’à ça vu mon état. Le sortilège de l’Oubliette avait ses inconvénients : à forte dose, il occasionnait des pertes de mémoire intempestives mais aussi un air hagard et vitreux, comme si toute vie et toute étincelle avaient quitté le regard de la personne oubliettée. Si j’avais fait attention j’aurai pu le voir quand je me regardais dans le miroir, mais je n’en avais pas conscience. Alors forcément, quand je m’étais accoudé au bar je n’avais pas reconnu Ilias, le peu que je savais sur lui était qu’on était de la même maison et ça s’arrêtait là, comme si la brume avait envahi tout le reste. C’était triste n’est-ce pas ? Alors tout ce que j’avais réussi à faire c’était à l’aborder en le dragouillant un peu, même si ce n’était pas mon genre, mais mon état second me permettait de passer au-dessus de ma timidité. Pourtant, ma petite phrase fait réagir le serveur qui s’interrompt dans la préparation de mon cocktail. L’oublier ? Comment ça l’oublier ? Voudrait-il dire qu’il s’est déjà passer quelque chose entre nous ? Même si ça avait été le cas j’aurai été bien incapable de m’en souvenir, ce qui me mit assez mal à l’aise. Je ne savais pas comment interpréter ses paroles surtout vu son ton sarcastique. Ouf, ce n’était donc pas un de ses anciens amants, même si ça ne l’aurait pas dérangé vu son beau visage. Je ne voulais plus revivre un épisode comme avec Sky, quand nous avions passé une nuit ensemble et qu’il m’en avait voulu de ne pas m’en être souvenu. Quel gêne ce jour-là ! Même si l’avoir appelé par un autre prénom avait été encore plus gênant.
Eh bien écoute, à croire que si, tu dois les doser un peu trop fort tes cocktails je crois. Pourtant je me serai souvenu d’un mec comme toi… A moins que tu n’aies rêvé de moi et qu’à force tu as cru que j’étais venu plusieurs fois ici ?
Bon d’accord, mes pauvres tentatives pour me sortir de là étaient pour le moins ridicule, mais je ne savais pas trop quoi lui dire moi. Je devais lui dire que j’avais des pertes de mémoire ? Car oui, je m’en étais rendu compte quand même, malgré mes effacements de mémoire, je savais très bien que je m’étais infligé ça moi-même, et que je l’avais fait … pour lui… Rien que d’y penser me faisait mal et malgré mon sourire apparent, mes yeux se brouillèrent un peu, les larmes montant contre mon bon vouloir. J’essayais de le cacher comme je le pouvais.
Allez, fais moi ton meilleur Magic et je suis sûr que je ne t’oublierai pas. Qu’il soit I-NOU-BLI-ABLE ! Comme toi peut-être.
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Re: T'es mignon, je te l'ai déjà dit ? - Ilias & Hyacinthe
Ven 17 Aoû 2018 - 20:42
T'es mignon, je te l'ai déjà dit ?
Dans un premier temps, Hyacinthe ne semble pas comprendre ce que veut dire Ilias ; il a l'air totalement confus, le pauvre, mais ça ne fait que rendre la situation un peu plus étrange : ce n'est donc pas une erreur de la part du Summerbee, il n'a vraiment pas le souvenir de l'avoir vu bosser ici plusieurs fois. Ilias le voit se creuser la tête un peu, sans résultat visiblement, puisqu'il insiste, disant qu'il ne le reconnait vraiment pas, et que ses cocktails étaient peut-être un peu trop chargés. Ilias hausse un sourcil interrogateur à cette remarque : déjà, ses cocktails sont toujours parfaits, parce que s'il y a bien une chose de positive que ses toc lui ont donné, c'est bien la précision. Il n'y a jamais une goutte d'alcool en trop dans ses cocktails, merci bien... Mais il se retient de faire une remarque. Il est observateur, Ilias : il n'est pas un ami proche de Hyacinthe, mais ils sont dans la même maison depuis longtemps, et il voit bien qu'il y a quelque chose qui cloche dans le comportement de Hyacinthe ; son flirt maladroit en est une preuve de plus. Il essaye de changer de sujet en flirtant gentiment comme ça, mais ce comportement est très transparent aux yeux d'Ilias. Pour l'instant il ne veut pas pousser Hyacinthe dans ses retranchements, alors il retient ses réflexions interrogatrices. « Tu viens tellement souvent que je ne pourrais pas rêver de te voir plus, mon grand, » dit-il gentiment. « T'es un excellent client depuis quelques temps, mon porte-monnaie te remercie ! » rajoute-t-il, un sourire au coin témoignant de son humour un peu blasé. Il reste sur ses gardes, tout de même, son regard scrutant discrètement le visage de son interlocuteur pour observer la moindre de ses réactions. Parfois, un regard ou un frémissement de la lèvre en dit plus que les mots.
Et puis peu à peu, Ilias voit la détresse mal dissimulée sur le visage de Hyacinthe. Il essaye de garder son calme, de se reprendre en se cachant derrière quelques paroles ; il réclame un cocktail inoubliable, son ton se veut enjoué mais Ilias ne se laisse pas avoir : des gens tristes, il en a vu des tonnes s'échouer au bar, le coeur lourd et l'âme désespérée. C'est un bar LGBTQ+ ici, et certaines personnes n'ont pas la chance d'avoir des familles ouvertes d'esprits, alors ils viennent se confier ici et se répandent parfois en larme. Ilias voit les yeux brillants de tristesse de Hyacinthe, et il sait qu'il doit faire quelque chose pour le réconforter au mieux. Il reste silencieux un instant, donne le temps à Hyacinthe de choisir entre retenir ses larmes ou les laisser couler librement sur ses joues. Il finit de mixer le Magic on the Beach, qu'il sert au Summerbee, avant de se servir un simple verre d'eau. D'un regard, il indique à un collègue qu'il sera occupé avec Hyacinthe, et son collègue, compréhensif et habitué, hoche la tête et accélère le rythme. Enfin, Ilias s'accoude au bar pour se rapprocher un peu de Hyacinthe. « Hey, Zahra, » dit-il doucement, le terme affectueux glisse accidentellement sur sa langue. « Peut-être que tu ne te souviens pas de moi, mais à force de te voir, j'me suis un peu attaché à toi. » Ici, les clients réguliers deviennent de vrais amis ; le Rainbow, c'est une grande famille. Il sirote son eau, pour se donner le temps de réfléchir à ses mots. « Je vois bien que ça va pas fort ; j'vais pas t'obliger à parler, mais si t'as besoin, j'suis là. Personne va te juger, ici. » Il parait que c'est plus facile de se confier à quelqu'un qu'on connait peu, qu'à un proche.
- Google Traduction:
- Zahra (arabe) : Fleur (je trouvais ça mignon pour Hyahya )
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Re: T'es mignon, je te l'ai déjà dit ? - Ilias & Hyacinthe
Sam 18 Aoû 2018 - 14:35
Il faut avouer que depuis quelques temps je me sens complètement perdu. Comme si des fragments entiers de mes souvenirs s’évanouissaient tout seul. Je savais très bien qu’il pouvait s’agir d‘un des effets secondaires de l’usage intempestif du sortilège Oubliette, et pourtant, je ne pouvais m’empêcher de l’utiliser, un peu trop fréquemment. Se souvenir était douloureux, comme si ces souvenirs étaient autant de bareaux d’une cage d’acier de laquelle je ne pouvais sortir, comme si chaque bribe de mémoire était une lame fine et cruelle qui s’insinuait entre mes côtes pour atteindre un cœur déjà trop faible et trop douloureux. Alors je préférais ne garder en tête que le plaisir, je m’oubliais la nuit, et le jour j’effaçais la douleur. Certains seraient tombés dans la drogue ou l’alcool, mais ce n’était pas vraiment mon truc, même si ma fréquentation fréquente du Rainbow était en train d’entraîner ma capacité à supporter l’alcool. Pourtant, malgré mes venues régulières, je ne me souviens pas du serveur, et apparemment ça ne lui plait pas. Je me sens bête, comme le jour où j’avais oublié la nuit passée avec Sky. Pourtant Ilias reste gentil, il doit avoir l’habitude du genre de mec complètement désespéré comme moi dans cet endroit.
Je viens si souvent que ça ? Bientôt tu vas me dire que j’ai une carte d’abonnement que ça ne m’étonnerait même pas. Vu ce que je te rapporte, tu pourrais peut-être m’offrir une danse un de ces soirs ?
Le sourire d’Ilias pourtant est bien moins enjoué que le mien. Alors que j’essaie de me cacher derrière une façade, habitude nouvelle que je n’avais pas auparavant, lui semble blasé d’être face à ce genre de personne. C’est comme si je m’évertuais à briser toutes les belles choses qui essayaient de m’entourer. Comme si j’étais un homme maudit, dont la malédiction serait de décevoir quiconque l’approcherait, décevoir les autres et au final rester seul comme toujours. C’était sûrement pour cela que Caleb s’était finalement marié, qu’il n’avait jamais répondu à mes signaux, qu’il n’avait jamais vu tout l’amour que je pouvais éprouver pour lui. Comment aurait-il pu à un seul moment avoir de l’affection pour moi, je n’étais que déception et honte, un pauvre animal blessé qu’il valait mieux achever plutôt que d’essayer désespérément de sauver. J’étais condamné. Penser à cela, plus la musique bien trop douce et émotive en fond – il était encore trop tôt pour les musiques qui bougeaient vraiment - avait suffi à me faire monter les larmes aux yeux. Que faire ? Continuer à me battre sans but, à cacher cette douleur, ou la laisser s’exprimer ? Mon cœur saigne bien trop pour savoir quoi choisir et avant d’avoir pu réprimer cet élan de faiblesse, une larme coule le long de ma joue, moment que choisit Ilias pour revenir vers moi, m’appelant d’un terme dont j’ignore le sens mais qui semble doux et tendre. Je ne suis pas habitué à une telle douceur, d’ordinaire, les hommes qui sont mielleux avec moi ne souhaitent qu’une chose : m’avoir dans leur lit. Mais je sens dans sa voix que ce n’est pas son cas, sinon il aurait depuis longtemps répondu à mes flirts maladroits. Je prends une gorgée du cocktail avant de répondre.
Personne ne va me juger ? Je connais assez peu ce milieu, mais tout le monde juge tout le monde. Regarde ce mec là-bas, pour lui je suis sans un faible, une mauviette, auquel il faudrait un vrai mec pour apprendre les choses de la vie. Je le sens. Je ne suis assez bien pour personne. Pas étonnant qu’ils m’ont tous abandonné …
La peur de l’abandon, toujours là, comme une épée de Damoclès qui trône fièrement et avec sadisme au-dessus de mon crâne…
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Re: T'es mignon, je te l'ai déjà dit ? - Ilias & Hyacinthe
Dim 2 Sep 2018 - 22:49
T'es mignon, je te l'ai déjà dit ?
Tout le monde a sa façon de gérer les moments difficiles. Ilias, lui, a sombré dans la drogue, l'alcool et le sexe très tôt ; c'était une façon pour lui d'oublier le véritable merdier qu'était sa vie, et depuis c'est tout simplement devenu son quotidien. A ce niveau là, cette vie est même devenue une nécessité : voler, tricher, vendre des produits illicites, c'est sa façon à lui de mettre un peu de piment dans sa vie, parce que sa vraie addiction, c'est l'adrénaline. Il n'a peut-être pas réellement le caractère du délinquant de base : il est traumatisé, dépressif et anxieux, c'est un ancien Poufsouffle et actuellement un Summerbee, il adore les animaux mignons et les jolies fleurs. De base, Ilias est quelqu'un de doux. Mais régulièrement, il a ce besoin de faire des conneries, de vivre dangereusement et de s'oublier un peu. Peut-être que Hyacinthe ressent ce besoin, lui aussi ; peut-être que c'est pour ça qu'il est devenu un client régulier du Rainbow. Mais tout de même, son comportement reste étrange. Il demande s'il vient vraiment si souvent que ça, et il ajoute qu'Ilias devrait lui offrir une danse pour le remercier de sa clientèle. Le jeune barman laisse ses lèvres s'étirer en un sourire en coin : il est mignon, Hyacinthe, dans ses tentatives de séduction qu'il sait inutiles. Mais c'est innocent, gentil, alors Ilias joue le jeu. Ses paroles restent un peu bizarre quand même. « T'étais peut-être complètement torché à la sortie du club, mais quand même, tu te souviens bien être arrivé non ? On voit ta bouille régulièrement depuis quelques temps. » Il fait mine de réfléchir, puis il ajoute : « Si tu restes jusqu'à la fin de mon service, un de ses quatre, peut-être que je t'offrirais une danse. Peut-être. » C'est drôle, de jouer avec la clientèle de la sorte.
Mais l'humeur de Hyacinthe devient rapidement de moins en moins joueuse et de plus en plus triste. Ca arrive, qu'un client déprime ; on a tous besoin de se confier, et parfois, on ne peut le faire qu'auprès d'un inconnu. La musique douce en fond et l'atmosphère qui se calme est propice aux confidences ; reste à voir si Hyacinthe se sent prêt à avouer tout ce qu'il a sur le coeur. Ilias n'aime pas voir qui que ce soit dans cet état, il ne veut voir personne vivre avec un mal-être pesant sur le coeur. D'après les larmes discrètes du jeune homme en face de lui, ce dernier a vraiment quelque chose qui le taraude depuis un bout de temps. Ilias reste doux avec lui, mais le Summerbee hésite encore, il a du mal à croire les paroles du barman. Il semble persuadé qu'il n'est assez bien pour personne. Ilias reconnait quelques aspect de sa propre personnalité en Hyacinthe. « Regarde autour de toi. Tout le monde est si différent, ici... C'est ce qui m'a plu en premier, la première fois que j'suis venu ici. » Il boit une gorgée d'eau avant de reprendre : « On est tous si différent que ce serait hypocrite de se juger les uns les autres. Et puis, on cherche pas tous la même chose non plus. Ce type ne te trouve peut-être pas à son goût, et alors ? On s'en fout de lui, autant qu'il se fiche de nous. Y a que les gens qui t'apprécient pour ce que tu es qui doivent compter, pour toi, compris, Zahra ? » C'est peut-être un peu hypocrite de la part d'Ilias de faire la leçon à Hyacinthe, quand il n'est même pas capable d'appliquer ces leçons à sa propre vie, mais il aime bien réconforter les autres pour enterrer ses propres soucis. « T'es pas rien, t'es toi, et c'est déjà beaucoup. Parfois, la vie fait chier, et on a besoin de se reposer sur quelqu'un ; j'suis certain que ton entourage serait prêt à t'écouter. Et puis si tu veux, si c'est plus facile, j'suis là. » Il hausse les épaules et finit son verre d'eau, avant de poser son regard dans celui du jeune homme en face de lui.
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Re: T'es mignon, je te l'ai déjà dit ? - Ilias & Hyacinthe
Mar 11 Sep 2018 - 17:01
Je dois vraiment avoir l’air ridicule, un pauvre gamin comme moi, pourtant j’ai déjà 22 ans, mais je drague comme un bleu, de manière bien trop lourde pour être pris au sérieux, ce qui doit expliquer la facilité déconcertante avec laquelle certains prédateurs se sont emparés de moi cet été, à croire que je ne cherchais que ça. Une pauvre brebis qui s’est jeté d’elle-même dans l’enclos des loups, il y a de quoi rire n’est-ce pas ? Tout ça pour oublier le loup, le seul qui compte véritablement. Et puis je dois vraiment donner une mauvaise impression à Ilias, après tout, il m’affirme que je suis un habitué du bar mais je suis dans une de ces phases où les souvenirs ont du mal à remonter à la surface, comme des gouttes d’eau qui glisseraient sur une surface parfaitement hydrophobe. C’en est presque pathétique, mais mon addiction à l’Oubliette a fait des dégâts dont j’ai encore du mal à me rendre copte. Il me faudra sûrement plusieurs mois de sevrage et une médication avancée pour me sortir de là. Mon comportement semble l’interpeler suffisamment pour qu’il insiste davantage… Il est peut-être temps de jouer franc jeu non ?
Depuis plusieurs mois ? Bon je vais être honnête, mes souvenirs sont assez flous, et ce n’est pas vraiment l’alcool qui cause ces pertes de mémoire… L’addiction que j’ai développé est un peu plus forte que ça … (je baisse les yeux honteux, avant de les relever, plus rieurs suite à sa phrase) Tiens le pour dit, je vais rester jusqu’à la fin de ton service rien que pour ça alors !
La musique a changé, elle est plus calme, plus douce, et me pousse à me confier, me plonge dans le drame et le malheur, un état qui me semble être devenu mon quotidien depuis quelques mois … Un état du quel je ne parviens jamais à sortir, comme s’il s’agissait d’un profond puits au fond duquel je suis coincé, sans espoir de sortie, aux parois de pierre lisses empêchant toute escalade. Et le temps fait pleuvoir dans ce puits, jusqu’à ce qu’un jour je m’y noie si je ne fais pas suffisamment attention. Alors à un moment, trop c’est trop, et je ne peux retenir ce trop-plein de tristesse, et les larmes coulent d’elles-mêmes, discrètes mais présentes. Alors j’écoute le serveur, pour me concentrer sur autre chose et parce qu’il a l’air de savoir écouter et conseiller. Un vrai serveur en somme.
Tu es un optimiste j’ai l’impression… mais tu as sûrement raison, c’est peut-être aussi pour ça qu’apparemment je viens si souvent ici, pour qu’on me prenne comme je suis… Ou peut-être pour m’assumer tel que je suis aussi. Je m’en fous de ce mec là-bas mais … il y en a un à qui je veux plaire, et je n’ai pas l’impression que ça soit possible… Je ne sais pas si je compte pour lui, et ça me tue …
Je mets enfin des mots sur mes soucis : je ne sais pas si je compte pour Caleb, et c’est en train de me dévorer. Il est marié, et même si je sais que ce n’est pas d’amour, j’ignore ce qu’il pense de moi, j’ignore même s’il pense à moi. Ilias se propose pour m’écouter. Alors je vais parler. Parfois c’est plus facile de se confier à un inconnu, on a moins peur du regard de l’autre. Niamh m’avait écouté, et maintenant c’était son tour.
Je suis amoureux d’un homme marié. Mais il l’ignore. Il ne sait rien. Et je ne sais pas quoi faire, alors pour arrêter de souffrir, je m’oubliette. Et je viens ici, pour trouver un mec pour une nuit. Pour penser à autre chose. Oublier. M’oublier…
Je suis pathétique. Alors je m’écroule à moitié sur le bar, en sanglots.
⊹ Al-kīmiyā.“Le seul alchimiste capable de tout changer en or est l'amour. L'unique sortilège contre la mort, la vieillesse, la vie routinière, c'est l'amour.”✻ .thanatos
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Re: T'es mignon, je te l'ai déjà dit ? - Ilias & Hyacinthe
Jeu 25 Oct 2018 - 23:32
T'es mignon, je te l'ai déjà dit ?
Parfois, avec un peu d'insistance plus ou moins discrète, on finit par obtenir ce qu'on cherche. C'est une leçon qu'Ilias a appris avec le temps - peut-être a-t-il fréquenté un peu trop de Serpentard et de Grymm, mais que voulez-vous, il faut croire qu'il s'entend bien avec les rusés. A la base, Ilias, ancien Poufsouffle (et fier de l'être), est supposé être un bon ami, attentif, observateur, loyal. Dans l'imaginaire collectif, un bon Poufsouffle est quelqu'un de tout doux, tout mignon et un peu naïf. Ilias, lui, n'a pas le temps avec ces niaiseries. Quand il voit que quelque chose ne va pas, il le flaire à vingt kilomètres à la ronde, et surtout il n'avale pas du tout toutes les excuses censées être rassurantes. Il tire les vers du nez des autres, que ce soit par la violence ou dans une délicatesse un peu trop sournoise. Il n'est peut-être pas très proche de Hyacinthe, mais avec les années de cohabitations dans la même maison, il s'est habitué à le voir d'une certaine humeur ; alors il sait que quelque chose cloche. A force de question plus ou moins innocentes et assez insistantes, il finit par apprendre que Hyacinthe est addict à quelque chose, mais à quoi ? Il s'y connait en drogues, dures comme douces, il sait bien qu'il y en a un nombre interminable qui ont come effet secondaire de donner des trous de mémoires. "J'vais pas te juger là-dessus, crois-moi," lâche-t-il, un petit rire dans la voix ; les addictions, c'est son domaine. "Je sais pas à quoi t'es accro, mais dans tous les cas, reste prudent quand même..." les conséquences, Ilias les connait bien. Il a vécu une sale période, quelques années plus tôt ; aujourd'hui il a appris à se calmer et à gérer sa consommation, mais ça n'a pas toujours été le cas. Un sourire amusé prend place sur son visage quand Hyacinthe décide de rester jusqu'à la fin du service d'Ilias. "Reste si tu veux, mais rappelle-t-toi que je n'ai rien promis," répond-il, taquin. Le jeu, c'est pratique pour détendre l'atmosphère.
Ilias, professionnel jusqu'au bout des ongles, camoufle à la perfection l'éclat de rire qui voulait sortir de sa gorge quand Hyacinthe dit qu'il est sûrement optimiste. Optimiste pour les autres, peut-être ; Ilias ne souhaite pas le malheur d'autrui et encourage même les autres à se dépasser, à être la meilleure version d'eux-mêmes. Mais optimiste pour lui-même, certainement pas. Il y a en Ilias un fond de pessimisme désabusé qui naît quand on a déjà assez vécu d'épreuves merdiques dans la vie. Il n'attend plus grand-chose de sa propre existence ; il s'estimerait déjà très chanceux si les choses pouvaient rester telles qu'elles sont actuellement : vendre de la came à des types tout aussi désespérés que lui, vivre dans une toute petite chambre dans une coloc chelou, bosser dans un bar LGBT, se défoncer et baiser à tout va pour oublier la dépression et les toc, c'est déjà bien. C'est très bien, même. Il se sort de ses pensées rapidement pour porter toute son attention sur Hyacinthe. Le jeune homme admet alors qu'il vient ici pour être lui-même ; il se fout des autres, il veut plaire à un gars en particulier, mais ça lui semble impossible. Ilias reste silencieux, sentant que le gros de la confession arrive ; en effet, Hyacinthe avoue alors être amoureux d'un homme marié qui ne sait rien de ses sentiments, et que pour moins en souffrir, il s'oubliette. Bien vite, Ilias se retrouve avec un Hyacinthe effondré devant lui. Surpris et submergé par la nouvelle, Ilias prend des décisions rapides ; il sort de sa place derrière le bar pour rejoindre rapidement Hyacinthe. Il lui serre l'épaule, tentant d'offrir par ce contact simple autant de réconfort que possible, puis il le tire doucement jusqu'à la porte de service. Derrière, dans l'espace réservé au staff, il l'entraîne jusqu'à une petite porte qui donne sur une ruelle à l'extérieur.
Ici, dans l'air frais et le silence de la nuit, il sera peut-être plus facile pour Hyacinthe de lâcher prise une bonne fois pour toute et de pleurer un coup, sans se sentir observé ni jugé. "Hey," Ilias murmure. Son coeur se serre un peu pour le Summerbee ; les sentiments, c'est vraiment la merde, songe-t-il, et il fait bien d'en rester aussi éloigné que possible. Il passe un long moment sans rien dire, le temps que Hyacinthe déverse ses émotions un bon coup ; il se contente de lui passer une main le long du dos en un mouvement répétitif qui se veut apaisant. Au bout de quelques minutes, Ilias sort son paquet de clope, un briquet ; il s'en grille une, pour se calmer, pour faire descendre la pression que lui transmettent les émotions de Hyacinthe. "J'suis désolé. Par rapport au gars. Les sentiments, tout ça, c'est, c'est, c'est jamais facile à gérer..." Ugh, j'suis vraiment maladroit. Il tire un coup sur sa clope, expire doucement. "T'es dans une situation difficile et franchement pas agréable, c'est vrai, et ça doit être très dur à vivre. Tu te fous vachement la pression par rapport à ça, j'imagine." les coups de stress, soudain, la culpabilité, l'envie, la douleur. L'amour. Un bon gros cocktail explosif, tout ça, c'est certain. "Mais Hyacinthe... Oubliette, c'est vraiment un sort dangereux - fin, tu le sais déjà. A trop l'utiliser, tu finiras par oublier des choses vraiment importantes qui comptent pour toi." Oubliette, un sort qui, lorsque mal utilisé ou lancé sous le coup d'une émotion forte et de façon irréfléchie, peut avoir des répercussions graves et irréversibles. Ilias se demande jusqu'où Hyacinthe est allé, avec ce sort... Combien de fois l'utilise-t-il ? A-t-il déjà oublié quelque chose de plus important que quelques soirées aux Rainbow ?
- PS:
- Pardon pour le retard je serais plus régulière à partir de maintenant, c'était juste le temps de m'habituer au rythme de la prépa
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Re: T'es mignon, je te l'ai déjà dit ? - Ilias & Hyacinthe
Mar 30 Oct 2018 - 12:43
Je me demande parfois ce que je cherchais vraiment ce soir en venant ici, tout ne fait que me montrer que c’était une erreur. Déjà, de base, aller au Rainbow pour se remettre d’une peine amoureuse n’était sûrement pas la meilleure solution, et si en plus de ça on ajoutait le fait d’avoir une mémoire vacillante, c’était vraiment une mauvaise idée. Mais maintenant j’étais là, face à un serveur qui se souvenait de moi alors que je ne pouvais pas affirmer la même chose de mon côté. Et le fait qu’il ait mis si rapidement le doigt sur mon mal être ne faisait que renforcer ce dernier, je devais vraiment faire peine à voir, je n’étais pas très fier bien au contraire. Il est serveur, il doit avoir l’habitude de ce genre de clients un peu lourd qui vient boire un verre pour oublier ses soucis, t il n’a aucun mal à me tirer les vers du nez. Je ne fais pas longtemps mystère de ce qui ne va pas, et de mon « addiction ». Pour être plus tranquille, je lui promets de rester jusqu’à la fin de son service, comme ça on pourra parler plus calmement, sans tout ce brouhaha, et tous ces regards qui ne cessent de s’attarder sur moi et que je supporte de moins en moins. Alors je le laisse finir son service et servir les autres clients, lui avouant un mince sourire à sa petite taquinerie et finissant mon verre tranquillement. Après tout, je n’ai rien d’autre à faire ce soir, ce n’est pas comme si j’étais attendu loin de là.
Alors, quand Ilias finit son service, je me livre un peu plus. Je le trouve optimiste, comme si rien ne pouvait le toucher réellement. En ce moment précis j’aimerai être comme lui, ne pas être aussi émotif, contrôler mes émotions et voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, mais j’en suis incapable. Même l’usage abusif e l’oubliette ne parvenait pas à changer durablement mon humeur. Je savais au fond que c’était une solution provisoire et que j’allais devoir cesser un tel remède. La preuve en est mon effondrement quand je me mets à parler de Caleb. Rapidement, Ilias réagit et vient me réconforter, il me serre l’épaule et me pousse à le suivre pour sortir du bar, dans un lieu que je ne connais pas, réservé au personnel il me semble. Je sens surtout l’air frais qui sèche quelques unes de mes larmes sur mon visage quand nous sommes dehors. La fraîcheur m’a toujours plus ou moins calmé, ça me rappelle mon enfance au Canada, où les hivers sont froids et revigorants. Mes épaules tremblent un peu et e relâchent, comme si la pression tombait d’un coup. Ca me fait du bien de prendre l’air, et de savoir que je peux parler à quelqu’un, comme si j’avais retenu tout ça depuis bien trop longtemps. Le temps que je me calme, Ilias passe une main dans mon dos, jusqu’à ce que ma respiration reprenne un rythme plus normal. Je l’écoute alors qu’il s’allume une cigarette. Non les sentiments c’est sûr que ce n’est pas facile à gérer, surtout que c’est la première fois que j’en éprouve réellement, et malheureusement pour moi ils sont pour Caleb, qui ne sait même pas ce que je ressens pour lui. C’est particulièrement dur pour moi. Je découvre ce que c’est l’amour et en même temps la déception amoureuse, bien trop rapidement, comme si j’avais été un bébé et que l’on m’avait jeté à l’eau en s’attendant à ce que je sache nager immédiatement. Il me prévient des conséquences dangereuses de l’Oubliette, et je ne peux qu’être d’accord avec lui …
Je… Je sais que c’est un sortilège dangereux, mais c’est la seule façon que j’ai trouvé pour oublier la douleur, pour penser à autre chose… Au début ça marchait bien, je retrouvais le sourire et dernièrement ça suffit à peine à me rendre stone. Je suis hébété pendant quelques heures avant d’émerger du brouillard. Je ne sais pas si c’est en lien mais parfois j’ai des pertes de mémoire sans même avoir utiliser le sortilège…Regarde, je n’ai même pas su me souvenir de toi alors que je suis venu souvent ici cet été ! En général, je l’utilise après une nuit arrosée, juste après m’être enfui du lit du mec avec qui j’ai passé la nuit, pour l’oublier, et oublier mes soucis… Je ne sais pas quoi faire d’autre…Un matin, je me suis réveillé dans la rue, et j’avais oublié les trois journées précédentes…
Je marque une pause pour répondre au reste de ses questions.
Il ne sait pas que je l’aime. Et il est marié à une femme. Alors je dois sûrement n’avoir aucune chance… Pourtant, je me sens si proche de lui … C’est la première fois que je suis amoureux …
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