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Pour connaître quelqu'un, il faut écouter sa musique
Dim 28 Oct 2018 - 19:32
Ce matin, j'étais venue un peu plus tôt à l'université pour me rendre à l'infirmerie pour mon rendez-vous habituel. Bien de rien extraordinairement nouveau évidemment, mais puisque j'étais obligée de le faire, je le faisais. Cet cas stagnant de mon état me mit un peu du vague à l'âme. J'avais l'impression de faire du sur-place depuis quelques temps avec mon mental et mes peurs. Ce n'était pas vrai bien sûr, mais à cet instant, ce matin, j'étais en proie aux doutes. Sûrement était-ce aussi motivé par les températures qui commençaient à chuter drastiquement et qui me rappelait fatalement que j'allais bientôt tomber malade et devoir garder le lit durant des jours, si ce n'était pas des semaines.
Rien de bien réjouissant en somme.
Pourtant, ma vie avait repris son cours normal et tranquille. J'étais heureuse dans ma relation avec Levius, et bien soulagée de ne plus avoir de secret pour lui. J'étais comblée des amis fidèles sur lesquels je pouvais compter et ressentir aucune faille. J'avais pu reprendre avec passion et dévouement mes études en dragonologie, d'autant plus depuis mon voyage en Amazonie. Bref, j'étais à nouveau privilégiée, et je me sentais bien de manière générale.
Sans doute étais-je fatiguée de mal dormir, fatiguée de voir mes cicatrices qui s'obstinaient à rester sur ma peau et à ne pas réussir à les accepter totalement, fatiguée de ne sentir aucune véritable amélioration de mes peurs.
Je déambulais dans les couloirs, mon sac à dos sur mes épaules tout en réfléchissant, la lumière du soleil illuminant mon visage le temps que je passe devant les vitres. Une fois à nouveau devant les briques, l'ombre voilait mes traits et révélait mon état quelque peu abattu.
Du premier étage, je grimpais jusqu'au troisième dans un but bien précis. Puisque je ne désirais pas me rendre à la ferme et déranger Levius pour les quelques heures de libres que j'avais devant moi, j'allais me réfugier dans l'une de mes salles préférées : celle des cours de musique.
Plus les années passaient, et plus je me disais que j'aurai peut-être dû prendre musique en option facultative. Mais pour l'heure, je ne m'étais toujours pas décidée. Je ne cherchais pas à devenir un virtuose, et je n'avais aucune prétention dans la musique. Je savais également que si je jouais ou chantais, c'était avant tout pour évacuer ma peine, et mon amour perdu, qui me faisait encore souffrir malgré ma relation d'aujourd'hui. Si j'en venais à trop développer mon sens musical, Levius allait en souffrir, car il finira fatalement par comprendre que les mélodies ne lui étaient pas forcément dédiées. Je ne voulais pas de cette situation. Il me fallait guérir avant tout, ou tout du moins, soigner cette plaie qui était encore ouverte, avant d'oser véritablement me lancer.
Entrant dans la salle avec ma discrétion habituelle, prenant soin de refermer la porte derrière moi, je me rendais jusqu'au piano, retirait mon sac de mes épaules pour le poser aux pieds du banc devant l'instrument avant d'y prendre place. Relevant la protection, j'admirai les nombreuses touches blanches et noires. Un léger sourire apaisé apparut sur mon visage tandis que mes doigts se positionnèrent automatiquement sur les notes.
Sans avoir une idée d'air à jouer en particulier, je me laissais aller sur mes nombreuses connaissances du conservatoire, autodidactes ou encore de ma propre composition. J'ignorais combien de temps s'écoulait jusqu'à ce que j'en vienne à jouer la mélodie d'un film moldu que j'avais particulièrement apprécié. La mélodie prit possession de mes doigts qui se déplacèrent sur le clavier avec aisance, mes pieds appuyant sur les pédales lorsque la partition, que j'avais entièrement en tête, me le demandait. J'avais ce toucher délicat qui permettait aux notes de s'envoler et s'exprimer avec légèreté et émotion. Non je n'étais pas un virtuose, mais par la musique, je savais transmettre les émotions, c'était un fait indéniable, et c'était ce qui me libérait et me faisait du bien à l'instant.
@Jasper Ormerod
Rien de bien réjouissant en somme.
Pourtant, ma vie avait repris son cours normal et tranquille. J'étais heureuse dans ma relation avec Levius, et bien soulagée de ne plus avoir de secret pour lui. J'étais comblée des amis fidèles sur lesquels je pouvais compter et ressentir aucune faille. J'avais pu reprendre avec passion et dévouement mes études en dragonologie, d'autant plus depuis mon voyage en Amazonie. Bref, j'étais à nouveau privilégiée, et je me sentais bien de manière générale.
Sans doute étais-je fatiguée de mal dormir, fatiguée de voir mes cicatrices qui s'obstinaient à rester sur ma peau et à ne pas réussir à les accepter totalement, fatiguée de ne sentir aucune véritable amélioration de mes peurs.
Je déambulais dans les couloirs, mon sac à dos sur mes épaules tout en réfléchissant, la lumière du soleil illuminant mon visage le temps que je passe devant les vitres. Une fois à nouveau devant les briques, l'ombre voilait mes traits et révélait mon état quelque peu abattu.
Du premier étage, je grimpais jusqu'au troisième dans un but bien précis. Puisque je ne désirais pas me rendre à la ferme et déranger Levius pour les quelques heures de libres que j'avais devant moi, j'allais me réfugier dans l'une de mes salles préférées : celle des cours de musique.
Plus les années passaient, et plus je me disais que j'aurai peut-être dû prendre musique en option facultative. Mais pour l'heure, je ne m'étais toujours pas décidée. Je ne cherchais pas à devenir un virtuose, et je n'avais aucune prétention dans la musique. Je savais également que si je jouais ou chantais, c'était avant tout pour évacuer ma peine, et mon amour perdu, qui me faisait encore souffrir malgré ma relation d'aujourd'hui. Si j'en venais à trop développer mon sens musical, Levius allait en souffrir, car il finira fatalement par comprendre que les mélodies ne lui étaient pas forcément dédiées. Je ne voulais pas de cette situation. Il me fallait guérir avant tout, ou tout du moins, soigner cette plaie qui était encore ouverte, avant d'oser véritablement me lancer.
Entrant dans la salle avec ma discrétion habituelle, prenant soin de refermer la porte derrière moi, je me rendais jusqu'au piano, retirait mon sac de mes épaules pour le poser aux pieds du banc devant l'instrument avant d'y prendre place. Relevant la protection, j'admirai les nombreuses touches blanches et noires. Un léger sourire apaisé apparut sur mon visage tandis que mes doigts se positionnèrent automatiquement sur les notes.
Sans avoir une idée d'air à jouer en particulier, je me laissais aller sur mes nombreuses connaissances du conservatoire, autodidactes ou encore de ma propre composition. J'ignorais combien de temps s'écoulait jusqu'à ce que j'en vienne à jouer la mélodie d'un film moldu que j'avais particulièrement apprécié. La mélodie prit possession de mes doigts qui se déplacèrent sur le clavier avec aisance, mes pieds appuyant sur les pédales lorsque la partition, que j'avais entièrement en tête, me le demandait. J'avais ce toucher délicat qui permettait aux notes de s'envoler et s'exprimer avec légèreté et émotion. Non je n'étais pas un virtuose, mais par la musique, je savais transmettre les émotions, c'était un fait indéniable, et c'était ce qui me libérait et me faisait du bien à l'instant.
@Jasper Ormerod
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Re: Pour connaître quelqu'un, il faut écouter sa musique
Dim 28 Oct 2018 - 23:36
La couverture du livre se rabat dans un bruit lourd qui arrache un soupir d'agacement à la fille d'en face. Pour toute réponse, Jasper lui lance un regard noir, genre "refais ça et je te bouffe". Puis, petit sourire malin au coin des lèvres, il se lève, replace l'ouvrage là où il l'a trouvé, dans la section médicomagie de la bibliothèque, aka son domaine depuis maintenant plus de deux ans, et sort de l'endroit. Il vient de se faire deux bonnes heures de révisions sur la guérison de l'amnésie, s'étant promis un petit tour au piano en récompense. Le grymm prend l'escalier, adresse un signe de la main à quelques-uns de ses potes qu'il croise en sens inverse, faisant implicitement comprendre qu'il ne les suivra pas de suite, et emprunte le couloir qui mène jusqu'à la salle de musique. Mais diantre ! Quel est ce bourdonnement qui vient troubler la perspective d'une bonne séance d'épanouissement musical ?! Enfin... en s'approchant, c'est de moins en moins un bourdonnement, et de plus en plus une jolie caresse. Celui ou celle qui occupe la place tant convoitée a au moins le mérite de bien jouer.
Jasper décide tout de même d'entrer ; avec quelques regards convaincants, il réussira peut-être à dégager l'obstacle entre lui et le piano. Bon, évidemment, il y en a plusieurs, mais ce piano-ci est unanimement considéré comme le meilleur. En passant la porte, il aperçoit une tignasse châtain, légèrement courbée sur le clavier, concentrée. Son dos oscille au rythme des notes, ses doigts se posent avec grâce sur les touches, plaçant les quelques altérations du morceau avec grande justesse. La mélodie dit quelque chose au jeune homme, mais impossible de se rappeler d'où elle vient... Un film moldu, très certainement. Le visage de la mystérieuse pianiste lui est révélé alors qu'elle glisse dans une modulation en mineur. Des traits fatigués, qui ne camouflent pourtant pas la beauté candide de son visage. Sans savoir exactement pourquoi, à la vue de cette fille, Jasper sent quelque chose en lui s'adoucir. Il n'a plus envie de la chasser, préférant écouter ce qu'elle a à dire à travers la musique. L'ancien serpentard s'adosse contre le mur et affiche son sourire d'agneau, celui qui fait fondre et qu'il sait si bien utiliser. Je ne l'avais jamais entendue comme ça avant, il lui dit, profitant d'une pause - ou d'un arrêt ? - de la part de l'étudiante. Tu peux me rappeler le titre ? La provenance de cette rengaine ne lui était toujours pas revenue.
lumos maxima
@Abigail Dowell
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Re: Pour connaître quelqu'un, il faut écouter sa musique
Lun 29 Oct 2018 - 12:04
Concentrée à évacuer tout ce que je ressentais, je n'avais pas pris garde que je n'étais plus seule dans la pièce. C'était pourtant une évidence de songer à ne plus être seule à un moment donné alors que j'étais en plein université et non pas dans un lieu isolé. Mais cette logique m'échappait lorsque j'étais en proie aux mélodies qui s'imposaient à mon esprit. Alors, lorsqu'un passage piano et un silence m'obligèrent à suspendre la note, la voix d'un inconnu retenti dans mon dos. Je sursautais tant et si bien que mes dix doigts vinrent s'écraser lourdement sur le clavier, brisant soudainement l'osmose mélodique en une cacophonie sourde qui dura un instant. Alors que les sons divers et brusques s'envolèrent, je me tournais dans la direction du jeune homme qui m'avait épié jusque-là. Soudainement très mal à l'aise, je me mis à rougir en enfonçant ma tête dans mes épaules. Reposant rapidement mes mains sur mes cuisses, comme si je venais de me faire électrocuter par l'instrument, je fuyais le regard de l'inconnu, essayant de trouver une échappatoire. Son compliment m'était ainsi passé au-dessus à cause de la surprise, mais pas sa question. J'eus la politesse de lui répondre de ma voix fluette d'adolescente alors qu'avec mon attitude, assise sur le banc du piano, je ressemblais à une petite fille qui venait de se faire gronder.
- Je heum… Una Mattina, de Ludovico Einaudi… c'est dans… c'est la musique d'un film moldu.
Comme honteuse d'avouer que je regardais des films moldus, je baissais un peu le menton. Pourtant, ma nature de sang-mêlé et le fait d'avoir été élevée dans les deux univers me permettait davantage d'être fière de connaître le monde moldu que d'en avoir honte. Mais je savais que certains sorciers de l'université restaient très obtus vis-à-vis des non mages. Ce qui m'échappaient évidemment, mais pour l'heure, je n'avais guère envie de recevoir les brimades d'un jeune inconnu que j'avais pu déranger à mon insu. Car mon but n'avait jamais été de déranger qui que ce soit ou d'attirer l'attention. Bien au contraire, je m'appliquais depuis plus de vingt ans à rester transparente aux yeux de mon entourage.
Après un instant, je remuais nerveusement sur le petit banc jusqu'à me relever et me pencher en avant pour attraper mon sac. Fixant une dernière fois le jeune homme, je soupirai rapidement, comme pour me donner le courage de reprendre la parole.
- Je suis désolée, je ne voulais pas te déranger… j'imagine que tu as besoin de la place.
Je fis un pas sur le côté pour m'éloigner du piano, comme si je l'invitais à y venir car je lui cédais ma place. Mais sans nul doute que j'allais davantage reculer tandis qu'il allait s'avancer, puis le contourner jusqu'à la porte d'entrée de la salle et m'enfuir à toutes jambes.
- Je heum… Una Mattina, de Ludovico Einaudi… c'est dans… c'est la musique d'un film moldu.
Comme honteuse d'avouer que je regardais des films moldus, je baissais un peu le menton. Pourtant, ma nature de sang-mêlé et le fait d'avoir été élevée dans les deux univers me permettait davantage d'être fière de connaître le monde moldu que d'en avoir honte. Mais je savais que certains sorciers de l'université restaient très obtus vis-à-vis des non mages. Ce qui m'échappaient évidemment, mais pour l'heure, je n'avais guère envie de recevoir les brimades d'un jeune inconnu que j'avais pu déranger à mon insu. Car mon but n'avait jamais été de déranger qui que ce soit ou d'attirer l'attention. Bien au contraire, je m'appliquais depuis plus de vingt ans à rester transparente aux yeux de mon entourage.
Après un instant, je remuais nerveusement sur le petit banc jusqu'à me relever et me pencher en avant pour attraper mon sac. Fixant une dernière fois le jeune homme, je soupirai rapidement, comme pour me donner le courage de reprendre la parole.
- Je suis désolée, je ne voulais pas te déranger… j'imagine que tu as besoin de la place.
Je fis un pas sur le côté pour m'éloigner du piano, comme si je l'invitais à y venir car je lui cédais ma place. Mais sans nul doute que j'allais davantage reculer tandis qu'il allait s'avancer, puis le contourner jusqu'à la porte d'entrée de la salle et m'enfuir à toutes jambes.
- InvitéInvité
Re: Pour connaître quelqu'un, il faut écouter sa musique
Mar 30 Oct 2018 - 12:44
Le sursaut dissonant qu'il avait provoqué chez la jeune femme fit sourire le Grymm. En la voyant tourner au rouge pivoine, il maintint son expression rassurante, pour qu'elle ne se sente pas davantage brusquée, et attendit patiemment qu'elle reprenne ses esprits pour lui répondre. Se faisant toute petite sur le banc, déconcertée par une simple question, elle était sans doute la personne la plus timide que Jasper n'a jamais croisée. Le nom du morceau ne lui dit pas grand-chose, et pourtant, il devait tout de même avoir débloqué sa mémoire, puisque Jasper finit par retrouver sa provenance : Intouchables. Et alors que ce film lui revenait en tête - il était même allé le voir avec ses grands-parents pendant les vacances de Noël, alors qu'il avait treize ans -, il ne put s'empêcher de remarquer une sorte de gêne du côté de la pianiste. Elle avait eu l'air d'hésiter à lui avouer la nature du morceau. Jasper se dit que c'était peut-être par rapport au blason Grymm qu'il portait fièrement sur la poitrine : elle avait sûrement dû le confondre avec un sang-pur qui serait venu lui chercher des noises.
Toujours est-il qu'il n'avait pas été assez rapide, et que la jeune femme s'était levée, lui cédant la place. Je suis désolée, je ne voulais pas te déranger… j'imagine que tu as besoin de la place. À ces mots, Jasper laissa s'échapper un petit rire. Elle était désolée ? C'était lui qui faisait irruption dans la pièce, mais elle s'excusait de l'avoir dérangé ? C'était collector. Clairement, il ne s'agissait plus pour Jasper de récupérer le piano, mais de réussir à l'y faire rester. Il n'y avait eu aucune lutte, la facilité avec laquelle elle s'en allait était simplement ridicule, et Jasper ne voulait pas être le tyran qui obtenait ce qu'il voulait en un claquement de doigts, pas aux yeux d'une femme aussi inoffensive que celle qui lui faisait face. Quelque chose me dit que t'avais pas fini de jouer, s'enquit-il. Sur ces mots, il s'installa sur le banc du piano et plaça ses mains sur les premiers accords. Il était intimement convaincu qu'elle serait trop polie pour lui foutre un vent et partir dans son dos. Alors, pour la faire rester, et aussi pour lui prouver qu'elle n'avait rien à craindre, il entama à son tour le morceau de Ludovico Einaudi. Il jouait les premiers accords avec douceur et sincérité, et développait une certaine amplitude dans le geste lors des envolées, donnant ainsi au morceau une couleur différente. Réussirait-il, par la musique, à la faire rester ?
lumos maxima
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Re: Pour connaître quelqu'un, il faut écouter sa musique
Mer 31 Oct 2018 - 12:48
Malgré le regard apparemment doux et avenant de l'étudiant, je ne pouvais m'empêcher de me sentir un peu comme une proie entre les griffes du prédateur. J'étais bonne musicienne et bonne chanteuse, je le savais et je n'avais pas à rougir du talent inné que j'avais, néanmoins, j'étais toujours discrète à ce sujet. Alors ainsi m'exposer, c'était pour moi très gênant. Qui plus est, ce que je venais de jouer était la mélodie de mon cœur, c'était une transmission de mes pensées et de mes émotions. Certains écrivaient, d'autres faisaient du sport, moi j'évacuais par la musique la plupart du temps. De ce fait, j'avais la sensation étrange et désagréable de m'être livrée à un parfait inconnu.
Mais ses paroles me retinrent tandis que je reculais encore d'un pas en l'observant s'installer sur le banc que je venais de lui céder. Baissant à nouveau un peu le regard, je répondais timidement. Il y avait des gens pour qui je réussissais à maitriser mon malaise tant bien que mal, et d'autre où c'était un exercice bien plus difficile. Ce jeune homme faisait apparemment partie de la seconde possibilité.
- Non effectivement, je n'avais pas terminé… mais ce n'est pas important.
Ça ne l'était pas, j'avais pu jouer assez longtemps pour me sentir à présent mieux et avoir l'impression de m'être correctement défoulée sur le clavier de l'instrument. Il manquait peut-être cette délectation de fin de séance, lorsque le silence retombe délicieusement, comme après un jour de pluie. Mais j'y survivrais.
J'allais faire volte-face lorsque la même mélodie s'éleva alors en s'échappant des cordes frappées du piano, suivant les instructions des doigts agiles du Grymm. Intriguée par cette sincérité que je ressentais dans sa musique, je restais alors, à l'observer comme une voyeuse à la fenêtre de quelqu'un. C'étaient les mêmes notes, pourtant, c'était différent. Car nous étions des personnes différentes. Mais à l'évidence, j'avais l'impression d'être tombée sur quelqu'un qui pouvait sûrement comprendre ma sensibilité musicale, puisque nous avions, apparemment, la même, de prime abord.
Osant m'approcher tranquillement, je venais poser mes mains sur le haut du piano en observant les mains du musicien se déplacer sur les touches blanches et noires. J'attendais avec patiente et délice la fin de son récit musical avant d'oser reprendre la parole, toujours timide.
- Tu pratiques depuis longtemps ?
Inutile de lui dire que c'était beau et que j'étais admirative. Le simple fait que j'étais restée le signifiait. Qui plus est, j'étais presque certaine qu'il le savait lui-même. Un pianiste de cette trempe savait ce qu'il jouait, et à quel point.
Mais ses paroles me retinrent tandis que je reculais encore d'un pas en l'observant s'installer sur le banc que je venais de lui céder. Baissant à nouveau un peu le regard, je répondais timidement. Il y avait des gens pour qui je réussissais à maitriser mon malaise tant bien que mal, et d'autre où c'était un exercice bien plus difficile. Ce jeune homme faisait apparemment partie de la seconde possibilité.
- Non effectivement, je n'avais pas terminé… mais ce n'est pas important.
Ça ne l'était pas, j'avais pu jouer assez longtemps pour me sentir à présent mieux et avoir l'impression de m'être correctement défoulée sur le clavier de l'instrument. Il manquait peut-être cette délectation de fin de séance, lorsque le silence retombe délicieusement, comme après un jour de pluie. Mais j'y survivrais.
J'allais faire volte-face lorsque la même mélodie s'éleva alors en s'échappant des cordes frappées du piano, suivant les instructions des doigts agiles du Grymm. Intriguée par cette sincérité que je ressentais dans sa musique, je restais alors, à l'observer comme une voyeuse à la fenêtre de quelqu'un. C'étaient les mêmes notes, pourtant, c'était différent. Car nous étions des personnes différentes. Mais à l'évidence, j'avais l'impression d'être tombée sur quelqu'un qui pouvait sûrement comprendre ma sensibilité musicale, puisque nous avions, apparemment, la même, de prime abord.
Osant m'approcher tranquillement, je venais poser mes mains sur le haut du piano en observant les mains du musicien se déplacer sur les touches blanches et noires. J'attendais avec patiente et délice la fin de son récit musical avant d'oser reprendre la parole, toujours timide.
- Tu pratiques depuis longtemps ?
Inutile de lui dire que c'était beau et que j'étais admirative. Le simple fait que j'étais restée le signifiait. Qui plus est, j'étais presque certaine qu'il le savait lui-même. Un pianiste de cette trempe savait ce qu'il jouait, et à quel point.
- InvitéInvité
Re: Pour connaître quelqu'un, il faut écouter sa musique
Mer 31 Oct 2018 - 19:20
Le grymm n'éprouvait aucune difficulté à donner vie aux notes. Il avait cette facilité à incorporer ses propres émotions dans chaque accord, créant ainsi une musique sincère, ce qui pouvait s'avérer étonnant quand on le connaissait dans la vie de tous les jours, souvent enthousiaste mais jamais démesuré. Le piano était pour lui l'endroit où la passion s'exprimait. Comme si certains sentiments, coincés au fond de lui, ne pouvaient s'échapper que par ses doigts, et s'évaporer dans l'écho de l'instrument. Une sorte d'expiation nécessaire à l'étudiant, plus qu'il n'aurait su l'avouer. Alors que le morceau se terminait, il commençait à se demander si la jeune femme était restée l'écouter, quand il l'aperçut du coin de l’œil, sa main se posant délicatement sur le dessus du piano. Le dernier accord raisonna quelques secondes, puis Jasper retira doucement le pied de la pédale de droite, pour le poser à terre et tourner la tête vers celle qui lui tenait encore compagnie. Depuis que je suis gosse, lui répondit-il, sans plus de détails. Et toi ?, demanda-t-il à son tour. Oh, il se doutait bien qu'elle devait avoir commencé longtemps avant aussi, ou sinon, elle était extrêmement douée.
C'est dingue, il la regardait, et elle avait encore l'air tendue, apeurée. Sans faciliter les choses pour elle, Jasper se décala sur le banc, lui laissant une place. Il tapota l'espace vide, espérant démontrer qu'il n'allait pas la manger. Il avait décidé de confronter la timidité de la brune en la poussant à faire ce qui semblait lui faire peur, à savoir, apparemment, de l'approcher lui. C'était comme ça, paraissait-il, que l'on traitait les phobies, et ça en était peut-être une. C'est gentil de te sacrifier pour moi, mais je m'amuserais plus si tu me jouais un truc. En attendant, Jasper fit danser ses doigts sur le clavier quelques instants, produisant un jingle entre suspense et ridicule, le tout en dodelinant de la tête. Comment pouvait-elle refuser après cette petite intro ? Ok, je t'écoute, fit-il. Il ne lui laissait clairement plus le choix. En quelques minutes, Jasper s'était improvisé en coach de développement personnel auprès de cette parfaite inconnue. Avait-il des devoirs à faire pour la semaine ? Très certainement. Mais bon, avec un peu d'imagination, il se pouvait très bien qu'il compte cela comme recherche pour une éventuelle thèse sur le thème "timidité et musicothérapie". Enfin bref, il avait trouvé une occupation qui semblait l'amuser pour ce début de soirée.
lumos maxima
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Re: Pour connaître quelqu'un, il faut écouter sa musique
Jeu 1 Nov 2018 - 12:55
C'était intriguant de voir à quel point la musique semblait pouvoir libérer certaine personne, comme moi. Les soulager et les faire s'exprimer des choses si profondément enfouies qu'elles sont pour ainsi dire insoupçonnées. C'est dans cette attention là que j'écoutais le jeune homme et que j'accueillais la mélodie qu'il me confiait. Car c'était bien ce qui nous arrivait, malgré nous. Nous nous confions l'un à l'autre, sans pour autant générer la moindre parole. Ça avait ce côté étrange et presque romantique que je ne vivais pour ainsi dire qu'avec Levius. La comparaison me frappa tandis que la dernière note s'envola et que je l'entendais me répondre avec évidence. Avec un léger sourire aux coins des lèvres, je prenais la parole à mon tour après une rapide réflexion.
- Une vingtaine d'années.
J'avais commencé très tôt, mes parents avaient très rapidement découvert mon talent et ils avaient pensé, à juste titre, que m'inscrire au conservatoire allait m'aider à me sociabiliser et à m'ouvrir. C'était là-bas que j'avais fait la connaissance de Levius. L'objectif de nos parents fut alors tout à fait satisfait, et aujourd'hui encore.
Le voyant se pousser d'une fesse sur le banc et tapoter sur l'espace nouvellement libre, je sentais mon cœur rater quelque battement dans ma poitrine. Je n'aimais guère m'approcher des gens de la sorte, bien que je puisse être une personne câline. C'était différent lorsqu'il s'agissait d'un étranger. Toutefois, il y avait bien trop de points communs, en tout cas en apparence, pour que j'hésite trop longtemps. Il avait une apparence tout aussi juvénile que la mienne malgré nos âges respectifs, il jouait de la musique depuis longtemps et il savait transmettre des émotions. Pour l'heure, j'étais davantage intriguée par ce sorcier que de me laisser emporter par ma timidité.
Ainsi, après un petit temps d'hésitation, je reposais mon sac à terre, à l'un des pieds du piano puis je venais prendre place, en gardant une distance aussi respectable que possible sur le banc. Une fesse à moitié dans le vide donc, je réfléchissais donc. Les joues rouges, je n'avais pas pour habitude de me donner en spectacle. Posant ma main droite sur le clavier, je réfléchissais tandis que mes doigts tapotaient nerveusement sur les touches blanches, sans générer de son, jusqu'à ce qu'une idée me vienne.
Me positionnant convenablement, devant l'instrument, j'osais appuyer sur les notes avec cette même application, apparemment innée chez moi. Cette fois-ci, la mélodie fut plus entraînante. D'abord lente et calme mais non pas moins technique, je laissais mes doigts se déplacer comme si je caressais les touches plutôt que de jouer véritablement. Le tempo devint un peu plus rapide après une lente introduction, démontrant alors toute mon agilité, mon dos et mes épaules se mouvant au rythme du morceau que je jouais. Concentrée, mais non pas moins tranquille, je fixais le piano comme si j'en oubliais presque la présence du Grymm, emportée peut-être dans un univers bien à moi.
Une fois la dernière note aigue posée, je m'interrompais, restant immobile quelques secondes, avant de me ramasser à nouveau sur le banc comme si je m'apprêtais à recevoir une gifle. En remuant légèrement, la tête enfoncée dans mes épaules, je m'éclaircissais la gorge.
- Si tu veux t'amuser alors, amusons nous. À ton tour.
- Une vingtaine d'années.
J'avais commencé très tôt, mes parents avaient très rapidement découvert mon talent et ils avaient pensé, à juste titre, que m'inscrire au conservatoire allait m'aider à me sociabiliser et à m'ouvrir. C'était là-bas que j'avais fait la connaissance de Levius. L'objectif de nos parents fut alors tout à fait satisfait, et aujourd'hui encore.
Le voyant se pousser d'une fesse sur le banc et tapoter sur l'espace nouvellement libre, je sentais mon cœur rater quelque battement dans ma poitrine. Je n'aimais guère m'approcher des gens de la sorte, bien que je puisse être une personne câline. C'était différent lorsqu'il s'agissait d'un étranger. Toutefois, il y avait bien trop de points communs, en tout cas en apparence, pour que j'hésite trop longtemps. Il avait une apparence tout aussi juvénile que la mienne malgré nos âges respectifs, il jouait de la musique depuis longtemps et il savait transmettre des émotions. Pour l'heure, j'étais davantage intriguée par ce sorcier que de me laisser emporter par ma timidité.
Ainsi, après un petit temps d'hésitation, je reposais mon sac à terre, à l'un des pieds du piano puis je venais prendre place, en gardant une distance aussi respectable que possible sur le banc. Une fesse à moitié dans le vide donc, je réfléchissais donc. Les joues rouges, je n'avais pas pour habitude de me donner en spectacle. Posant ma main droite sur le clavier, je réfléchissais tandis que mes doigts tapotaient nerveusement sur les touches blanches, sans générer de son, jusqu'à ce qu'une idée me vienne.
Me positionnant convenablement, devant l'instrument, j'osais appuyer sur les notes avec cette même application, apparemment innée chez moi. Cette fois-ci, la mélodie fut plus entraînante. D'abord lente et calme mais non pas moins technique, je laissais mes doigts se déplacer comme si je caressais les touches plutôt que de jouer véritablement. Le tempo devint un peu plus rapide après une lente introduction, démontrant alors toute mon agilité, mon dos et mes épaules se mouvant au rythme du morceau que je jouais. Concentrée, mais non pas moins tranquille, je fixais le piano comme si j'en oubliais presque la présence du Grymm, emportée peut-être dans un univers bien à moi.
Une fois la dernière note aigue posée, je m'interrompais, restant immobile quelques secondes, avant de me ramasser à nouveau sur le banc comme si je m'apprêtais à recevoir une gifle. En remuant légèrement, la tête enfoncée dans mes épaules, je m'éclaircissais la gorge.
- Si tu veux t'amuser alors, amusons nous. À ton tour.
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Re: Pour connaître quelqu'un, il faut écouter sa musique
Ven 2 Nov 2018 - 19:36
Elle souriait ! On pouvait tout de même appeler ça une progression. Elle semblait un peu plus détendue qu'au départ, comme si le morceau avait servi à lui montrer que comme elle, il était humain. Enfin, humain-sorcier, mais la magie ne servait pas devant le piano. Jasper se disait parfois que la musique, lorsqu'elle devenait le messager des sentiments, était en fait la forme de magie que les moldus étaient capables de produire. Quelque chose qui relevait du sixième sens : le pouvoir d'extraire une pensée, une émotion de ce qui paraît pourtant être une simple vibration sonore. Une vingtaine d'années, elle dit simplement. Cela représentait toute sa vie, à lui. Si ça se trouve, elle avait les mains sur le piano à l'heure même où il avait été mis au monde. Mais quelle âge avait-elle, d'ailleurs ? Était-elle véritablement plus vieille que lui ? Les traits de son visage disaient autrement. Elle paraissait si jeune... On devait souvent lui faire remarquer, comme on lui rappelait souvent à lui ses propres airs enfantins, aux dîners de famille par exemple. C'est parce qu'il connaissait la rengaine, et qu'il savait qu'elle pouvait être lassante pour certaines personnes, qu'il ne posa aucune question sur l'âge de la brune.
Jasper la vit hésiter à le rejoindre quelques instants. Il s'attendait à ce genre de réticence, et fit un mouvement de la tête, l'incitant à se rasseoir, ce qu'elle fit quelques secondes plus tard. En dehors des relations médicomagiques, il était rare que le grymm s'intéresse à quelqu'un sans arrière pensée. Les quelques personnes avec qui c'était arrivé étaient par la suite devenus ses plus proches amis. Mais ça, il ne le réalisait pas. Dans sa tête, il était simplement en train de s'amuser. Il était le chat qui venait d'attraper la souris, et qui décidait soudain de ne pas la manger. Il l’observa se positionner devant le piano, trouver ses notes et se lancer dans une nouvelle mélodie. Le début fut très timide, mais pas moins maîtrisé. Et puis vint une libération progressive : l'étudiante courbée et fatiguée se changeait pour devenir plus joviale, dansait presque au rythme de ce qu'elle jouait, dévoilant un tout autre aspect d'elle-même. Jasper ne put retenir un léger rire alors qu'il la vit, de façon presque caricaturale, se rabougrir à la seconde où le morceau se terminait.
C'était maintenant au tour du jeune homme de jouer. Sans hésiter, il entama donc le morceau qu'il avait eu envie d'entendre à la seconde où son cours avait été terminé, une valse de Chopin. Lui aussi suivait la musique de tout le haut du corps, c'était naturel, spontané. Mais une fois le morceau fini, il se tenait plus droit encore que lorsqu’il l'avait commencé. Tu peux être fière de ce que tu joues, tu sais. Je suis content de ce que je joue, et j'ai moins d'expérience que toi au piano. Le tout, c'est de s'amuser. Il ne savait pas si elle appréciait de recevoir des conseils de la part d'un type lambda et plus jeune qu'elle, mais en tout cas, ça ne le gênait pas de les donner. Le morceau d'Intouchables lui revint alors en tête. T'es moldue aussi, alors ? Ça faisait toujours du bien de savoir que quelques personnes connaissaient aussi des sans-pouvoirs et partageaient un peu de cette culture.
lumos maxima
- InvitéInvité
Re: Pour connaître quelqu'un, il faut écouter sa musique
Dim 4 Nov 2018 - 16:30
Lorsqu'il entama l'une des valses de Chopin je ne pouvais m'empêcher de rire très légèrement. Aussi beaux soient-ils, ces morceaux classiques, j'en avais tant et si bien bouffé à la pelle que je ne pouvais plus les sentir. Néanmoins, je devais admettre que le talent du Grymm n'était plus à refaire, voilà pourquoi je l'écoutais avec un plaisir non dissimulé. C'étaient des compositions passablement techniques suivant lesquels, et je les avais travaillés, travaillés, et encore travaillés. À présent, j'en étais arrivé au point où je préférais largement composer moi-même ou me lancer des défis avec des partitions bien moins courantes. J'avais toujours eu du plaisir à réaliser des choses qui sortaient de l'ordinaire. Je réussissais plutôt bien avec ma bouille d'adolescente et ma passion débordante pour la dragonologie.
Mais entre les doigts du jeune inconnu, je devais admettre que je découvrais Chopain d'une toute autre manière, ce qui n'était pas pour me déplaire. Il semblerait peut-être que cette rencontre aujourd'hui puisse être plus enrichissante que ce que j'aurai pu le penser initialement. J'étais consciente de la musique que je transmettais et des émotions que je voulais faire paraître, même si ce n'était sûrement pas dans la totalité. Mais j'en venais à me demander s'il en était de même pour le jeune sorcier collé à moi sur ce banc. Il semblait sûr de lui, peut-être même plaisantin ou avec une teinte de condescendance. Pourtant, ce n'était pas au diapason de sa musique. Il avait une véritable sensibilité, et je ne pouvais ainsi pas croire qu'il était totalement qu'insolent. Pour l'heure, il ne l'avait pas été avec moi en tout cas.
Dissimulant un fin sourire amusé, je répondais, toujours de ma voix légère et fluette.
- J'ai toujours été fière du travail que je fournis en musique. Simplement… je le garde pour moi en général.
Haussant les épaules comme si c'était une évidence, j'osais lever mes yeux sur le jeune homme pour le fixer un instant de mon regard sombre avant de les détourner bien vite pour retourner sur le clavier du piano. J'y trouvais un certain réconfort dont j'avais toujours besoin. Encore une fois, l'espèce de conseil camouflé que j'avais ressenti dans les mots de mon interlocuteur me démontrait qu'il ne semblait pas vouloir me faire de tort. Je savais me défendre bien sûr, mais j'abhorrais la violence sous toutes ses formes. Alors, lorsque le mot "aussi" fut prononcé dans sa question, j'osais relever mes prunelles sur lui, avant de hocher la tête.
- Par ma mère. Mon père est sorcier.
J'avais été élevée dans les deux mondes, c'était, à mon sens, une ivresse culturelle extrêmement riche. Hélas ce n'était pas l'avis partagé de tous les sorciers. J'étais fière de mes origines, et fière de la famille à laquelle j'appartenais. Je savais la chance que j'avais eue de grandir dans les conditions qui avaient été les miennes. Mais encore une fois, comme pour la musique, je ne m'en vantais pas.
Les yeux à nouveau posé sur l'instrument en face de nous, je redressais un peu mes épaules avant de pivoter le haut de mon corps en direction du garçon en lui tendant ma main droite.
- Je m'appelle Abigail Dowell.
Attendant qu'il réponde, ou non, à ma présentation, je souriais une nouvelle fois, les traits de mon visage semblant se détendre petit à petit avant que je ne reprenne.
- Tu joues d'un autre instrument ou seulement du piano ?
Mais entre les doigts du jeune inconnu, je devais admettre que je découvrais Chopain d'une toute autre manière, ce qui n'était pas pour me déplaire. Il semblerait peut-être que cette rencontre aujourd'hui puisse être plus enrichissante que ce que j'aurai pu le penser initialement. J'étais consciente de la musique que je transmettais et des émotions que je voulais faire paraître, même si ce n'était sûrement pas dans la totalité. Mais j'en venais à me demander s'il en était de même pour le jeune sorcier collé à moi sur ce banc. Il semblait sûr de lui, peut-être même plaisantin ou avec une teinte de condescendance. Pourtant, ce n'était pas au diapason de sa musique. Il avait une véritable sensibilité, et je ne pouvais ainsi pas croire qu'il était totalement qu'insolent. Pour l'heure, il ne l'avait pas été avec moi en tout cas.
Dissimulant un fin sourire amusé, je répondais, toujours de ma voix légère et fluette.
- J'ai toujours été fière du travail que je fournis en musique. Simplement… je le garde pour moi en général.
Haussant les épaules comme si c'était une évidence, j'osais lever mes yeux sur le jeune homme pour le fixer un instant de mon regard sombre avant de les détourner bien vite pour retourner sur le clavier du piano. J'y trouvais un certain réconfort dont j'avais toujours besoin. Encore une fois, l'espèce de conseil camouflé que j'avais ressenti dans les mots de mon interlocuteur me démontrait qu'il ne semblait pas vouloir me faire de tort. Je savais me défendre bien sûr, mais j'abhorrais la violence sous toutes ses formes. Alors, lorsque le mot "aussi" fut prononcé dans sa question, j'osais relever mes prunelles sur lui, avant de hocher la tête.
- Par ma mère. Mon père est sorcier.
J'avais été élevée dans les deux mondes, c'était, à mon sens, une ivresse culturelle extrêmement riche. Hélas ce n'était pas l'avis partagé de tous les sorciers. J'étais fière de mes origines, et fière de la famille à laquelle j'appartenais. Je savais la chance que j'avais eue de grandir dans les conditions qui avaient été les miennes. Mais encore une fois, comme pour la musique, je ne m'en vantais pas.
Les yeux à nouveau posé sur l'instrument en face de nous, je redressais un peu mes épaules avant de pivoter le haut de mon corps en direction du garçon en lui tendant ma main droite.
- Je m'appelle Abigail Dowell.
Attendant qu'il réponde, ou non, à ma présentation, je souriais une nouvelle fois, les traits de mon visage semblant se détendre petit à petit avant que je ne reprenne.
- Tu joues d'un autre instrument ou seulement du piano ?
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