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sonate au clair de lune + abigail [Terminé]
Mer 28 Nov 2018 - 1:42
Sonate au clair de lune
Abigail + Evan
« Nobody knows, nobody knows; And I was dancing in the rain I felt alive and I can't complain. »
Une lumière tamisée éclairait la chambre du professeur somnolant qui, le nez traînant sur une partition reposant sur son bureau, dodelinait de la tête. Sa masse de cheveux couleur d'aube menaçait de tremper dans son encrier et sa main avait échappé la plume avec laquelle il composait un nouvel air pour la chorale, une petite partition amusante qui, malgré sa simplicité sonore, requérerait une grande dextérité de la part de ses pianistes. Morphée l'avait emporté doucement, l'enlaçant de ses tendres bras et le transportant dans ceux, non moins accueillants, de la barmaid qui résistait délicieusement à ses avances depuis quelques jours. Un sourire narquois ornant sa bouche fine, elle promenait ses doigts fins sur sa poitrine lorsque - BANG. Le bruit assourdissant de mille coups de tonnerres (ou ce qui s'y apparentait pour l'Écossais endormi qui cuvait tranquillement son vin) se fit entendre et il se réveilla en sursaut, renversant sa chaise, son encre sur sa cravate préférée et finissant cul par dessus tête au sol. Si je trouve la carcasse de démonzémerveille qui a fait ce vacarme je lui fais passer le reste de la nuit la tête dans un tuba ...!!
Maugréant, il attrapa sa baguette et se passa machinalement une main dans les cheveux avant de franchir les quelques mètres séparant ses appartements de la salle de musique. Il était très rare qu'il entende des bruits provenant de la salle, qui était au demeurant bien insonorisée (et heureusement, car les étudiants qui l'utilisaient pour se pratiquer n'étaient pas tous des virtuoses ...), mais le professeur était convaincu qu'il y trouverait la source du vacarme. Ses longs doigts se refermèrent sur la poignée de la porte, qu'il ouvrit à la volée, un air furieux peignant ses traits.
« C'est quoi ce bordel?! »
Peut-être avez-vous déjà entendu parler de ces guerriers des Highlands sonnant la charge contre leurs ennemis, courant, le visage grimé et les yeux, sauvages, ou imaginé ces ulfhednar vikings avançant sans armure au combat, hurlant comme des banshees. Le grand homme roux n'avait rien de son sang froid habituel - et incarnait l'image sauvage de ses ancêtres, lorsqu'il posa le regard sur la scène qui l'accueillait. Une étudiante inconnue lui faisait face, debout au milieu d'un océan de cuivres jonchés au sol. Courroucé de voir le mauvais traitement accordé aux précieux instruments, il traversa la pièce en quelques pas de ses longues jambes, toisant de haut l'étudiante. Le regard confus et plein de gêne qu'elle lui adressait calma ses ardeurs, Evan n'ayant rien d'un professeur cruel mais détestant tout de même au plus haut point de se faire réveiller - surtout alors qu'il faisait un rêve aussi agréable. Haussant un sourcil, il croisa les bras et pointa les corps morts du menton. « Eh bien? »
Maugréant, il attrapa sa baguette et se passa machinalement une main dans les cheveux avant de franchir les quelques mètres séparant ses appartements de la salle de musique. Il était très rare qu'il entende des bruits provenant de la salle, qui était au demeurant bien insonorisée (et heureusement, car les étudiants qui l'utilisaient pour se pratiquer n'étaient pas tous des virtuoses ...), mais le professeur était convaincu qu'il y trouverait la source du vacarme. Ses longs doigts se refermèrent sur la poignée de la porte, qu'il ouvrit à la volée, un air furieux peignant ses traits.
« C'est quoi ce bordel?! »
Peut-être avez-vous déjà entendu parler de ces guerriers des Highlands sonnant la charge contre leurs ennemis, courant, le visage grimé et les yeux, sauvages, ou imaginé ces ulfhednar vikings avançant sans armure au combat, hurlant comme des banshees. Le grand homme roux n'avait rien de son sang froid habituel - et incarnait l'image sauvage de ses ancêtres, lorsqu'il posa le regard sur la scène qui l'accueillait. Une étudiante inconnue lui faisait face, debout au milieu d'un océan de cuivres jonchés au sol. Courroucé de voir le mauvais traitement accordé aux précieux instruments, il traversa la pièce en quelques pas de ses longues jambes, toisant de haut l'étudiante. Le regard confus et plein de gêne qu'elle lui adressait calma ses ardeurs, Evan n'ayant rien d'un professeur cruel mais détestant tout de même au plus haut point de se faire réveiller - surtout alors qu'il faisait un rêve aussi agréable. Haussant un sourcil, il croisa les bras et pointa les corps morts du menton. « Eh bien? »
(c) DΛNDELION
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Re: sonate au clair de lune + abigail [Terminé]
Mer 28 Nov 2018 - 9:11
Mon casque Bose sur les oreilles, j'écoutais la musique d'ambiance qui défilait tout en observant les étoiles derrière la fenêtre, bien au chaud, protégée par les murs de l'université. Depuis cet été je n'avais plus de chambre ici, pourtant aujourd'hui j'avais passé tout mon temps en cours ou en révision. Tant et si bien que je n'avais pas vu les heures défiler, perdue dans mes recherches en dragonologie. Je tournais en rond dans ces dites recherches, et je n'arrivais pas, malgré mes contacts, à trouver des explications probantes à mon problème.
Laissant échapper un léger soupir par mes narines, je me détournais de la fenêtre, déambulant alors dans les couloirs de l'école sans but aucun. Les insomnies étaient fréquentes depuis l'accident à la fin juin, mais il était plus rare que je sois encore sur le campus lorsque ça arrivait. J'avais été prise de court, alors je m'adaptais comme je le pouvais. Trop insécurisée pour oser sortir dans le noir jusqu'au portail afin de pouvoir transplaner chez moi, je préférais passer une nuit blanche, ou à dormir dans un couloir. Je n'avais personne ici chez qui crécher. Et quand bien même Aaron ou Nora auraient pu être ici, je n'avais pas envie de les déranger.
De mes errances, mes pas me menèrent jusqu'à la salle de musique. Sans surprise s'il en est pour ceux qui me connaissent, je restais néanmoins quelque peu dubitative devant la porte. Devais-je vraiment passer le pas ? J'essayais de me persuader qu'ici, j'étais en sécurité. Ironie du sort en sachant que mon attaque avait eu lieu dans la forêt que je pouvais observer dehors. Chassant mes idées sombres de mon esprit, je me décidais à franchir le pas et entrer dans la salle vide.
Je n'avais jamais eu cours ici. J'appréciais la musique, elle m'habitait, à sa manière, depuis que j'étais enfant, mais ma timidité et mon manque d'ambition dans ce domaine m'avaient poussé à ne pas m'inscrire en option musicale, ni même au sein de la chorale. Je n'étais pas une personne qui aimait être le centre d'intérêt, je préférais être dans mon coin, discrète et invisible. Douée en plus, j'aurai fatalement fini par attirer les regards. Voilà pourquoi mes talents musicaux, je les gardais pour mon entourage très proche. Sans être une virtuose du piano et de la guitare, ma maitrise n'était plus à discuter, même si j'avais conscience qu'il fallait que je continue à travailler pour encore m'améliorer. Car il était toujours possible de faire mieux. Il en allait de même pour ma voix.
Prenant place au hasard dans la salle, assise non loin de certains instruments exposés, je prenais mon téléphone pour en arrêter la musique puis retirer mon casque de sur mes oreilles, reposant le tout dans mon sac muni d'un sortilège d'extension.
Mes yeux bruns foncés se promenèrent sur l'ensemble de la salle tandis que, assez à l'aise pour le faire, je commençais à entamer une mélodie que je connaissais. Bien que triste, aux paroles lourdes de sens à mon cœur, je n'arrivais pas à me défaire de cet air cette nuit, à croire que la mélancolie c'était emparée de moi. Sans doute un effet secondaire de ma fatigue avancée.
- Je voulais t'aimer
Plus que tout
Plus que mes doutes
Plus que le temps
Celui qui pousse à se mentir
A faire semblant
A faire fausse route
Plus que mes doutes
Je voulais t'aimer
Plus que moi même
Plus qu'il n'en coûte
Plus noir
Plus grand
Passionnément
A ton sourire
A nos enfants
A notre couple
Plus que mes doutes
Et je passe mon cœur
Dans...
Je sursautais en voyant une ombre bouger au fond de la salle. Le regard rivé sur ce que je venais de voir, je m'interrompais totalement, immobile, j'osais à peine respirer. Avais-je imaginé ce mouvement ou y avait-il véritablement quelqu'un… ou quelque chose ?
Après un court instant qui c'était étiré comme une guimauve à mon esprit, j'osais me relever, lentement et sans bruit, avec mille précautions. Ma respiration était comme une fumée épaisse qui venait embrumer l'intérieur de ma tête. Je sentais la peur monter en moi, déclenchement de l'alarme incendie qui me poussera à agir plutôt qu'à rester plantée là comme un radis.
Un nouveau mouvement se fit sur ma gauche, brusque, je pouvais entendre sa respiration rauque. Je bondissais en arrière, la panique s'emparant de moi. Mais mes pieds, mon dos et mon bras rencontrèrent quelque chose de solide, mais d'instable.
Le fracas qui s'en suivi eu pour effet d'avorter toute cette frayeur qui naissait en moi. Fermant les paupières, je me penchais légèrement en me recroquevillant, comme si ce geste futile allait aider à estomper le bruit, mes oreilles furent assourdies par le bruit métallique qui semblait ne pas vouloir s'arrêter. Ainsi immobile durant de longues secondes, même après la détonation sonore engendrée par ma maladresse, je mis du temps à hasarder un mouvement à nouveau. Dégainant ma baguette rosée d'un geste incertain, j'invoquais un Lumos assez puissant pour éclairer la zone de crime. Les cuivres que j'avais poussés dans ma fuite s'étaient tous effondrés les uns sur les autres, s'éparpillant autour de moi. Me mordant les lèvres, je m'entendais souffler.
- Bon ben crotte…
En réalité, je m'en voulais terriblement. J'avais un énorme respect des objets, la preuve en était que mon sac à dos datait de mon entrée à Poudlard. Je n'avais jamais abimé aucun livre de ma vie, et Merlin savait à quel point je lisais beaucoup, et les instruments… Rayer un instrument relevait du meurtre pour moi. J'allais tout ranger lorsqu'une voix si tonnante et retentissante s'éleva dans la salle de classe, ayant pour effet de m'immobiliser à nouveau. Sans doute devais-je être encore plus lumineuse que mon Lumos tant j'avais pâli en une fraction de seconde.
Ce professeur, de musique, je ne le connaissais pas, et lui non plus… il était clair qu'en cet instant précis, je n'étais pas là où je devrais être. Une élève sans cours musical dans une salle de musique, entourée par des instruments en cuivre qui n'avaient pas à être jonchés sur le sol. Son approche rapide eut pour effet d'enfoncer ma tête dans mes épaules à l'instar d'une tortue. Déjà petite, car mesurant qu'un petite mètre cinquante-cinq, je ne devais plus qu'en faire cinquante lorsqu'il s'adressa à moi en observant la scène d'une œillade particulièrement contrariée.
Mes yeux s'agrandirent alors que j'essayais de lui faire face, accentuant les traits adolescent de mon visage. En cet instant, je ressemblais à une enfant, et non pas une adulte qui avait sa place à Hungcalf. En le voyant croiser les bras et attendre une réponse de ma part, je me mis à cligner frénétiquement des paupières. Tout en répondant, mon bras droit, celui qui tenait ma baguette, se mit en mouvement tout seul.
- P… pardonjesuisnavréejevaistoutrangerexcusezmoicenétaitquunmalheureuxaccident.
J'avais baffouillé. Comment pouvait-il en être autrement ? Mon ton était timide, mais ma voix était naturellement fluette, comme celle d'une jeune fille. Sentant mon sang battre à mes tempes, mon coup de baguette avait eu pour effet de relever les cuivres et de les faire retourner à leurs places initiales, non sans qu'ils s'entrechoquent les uns aux autres. En les entendant, je fermais mon œil droit en grimaçant, laissant voir mes dents. Non seulement je n'aimais pas abimer les instruments, mais voilà que le manque de maitrise de ma baguette me jouait des tours. Avant mon accident, ce ne serait jamais arrivé.
Me raclant nerveusement la gorge, pour essayer vainement de m'éclaircir la voix, je reprenais.
- Voilà, ni vu, ni connu. Ho…
Agitant une dernière fois ma baguette rosée, je lançais un Reparo sur les cuivres qui redevinrent comme neufs. Risquant un sourire maladroit, je fixais le professeur de mon allure innocente.
Impertinente, je ne l'étais en aucun cas, et je n'en avais pas l'air. Ma remarque avait simplement été pour détendre l'atmosphère, moi avant tout. Réflexe de survie dans une situation qui me mettait mal à l'aise et qui donc, pouvait annoncer mon décès prochain. J'aurai aimé faire un nouveau pas en arrière, remettre de la distance entre l'homme, que dis-je ? Le viking, et moi, mais je n'en fis rien, craignais de renverser à nouveau quelque chose.
Et si ma confrontation avec le loup-garou m'avait bien appris une chose, c'est que je voulais et devais faire face. Même si actuellement je ressemblais davantage à un chaton devant un bulldozer, je faisais face.
Laissant échapper un léger soupir par mes narines, je me détournais de la fenêtre, déambulant alors dans les couloirs de l'école sans but aucun. Les insomnies étaient fréquentes depuis l'accident à la fin juin, mais il était plus rare que je sois encore sur le campus lorsque ça arrivait. J'avais été prise de court, alors je m'adaptais comme je le pouvais. Trop insécurisée pour oser sortir dans le noir jusqu'au portail afin de pouvoir transplaner chez moi, je préférais passer une nuit blanche, ou à dormir dans un couloir. Je n'avais personne ici chez qui crécher. Et quand bien même Aaron ou Nora auraient pu être ici, je n'avais pas envie de les déranger.
De mes errances, mes pas me menèrent jusqu'à la salle de musique. Sans surprise s'il en est pour ceux qui me connaissent, je restais néanmoins quelque peu dubitative devant la porte. Devais-je vraiment passer le pas ? J'essayais de me persuader qu'ici, j'étais en sécurité. Ironie du sort en sachant que mon attaque avait eu lieu dans la forêt que je pouvais observer dehors. Chassant mes idées sombres de mon esprit, je me décidais à franchir le pas et entrer dans la salle vide.
Je n'avais jamais eu cours ici. J'appréciais la musique, elle m'habitait, à sa manière, depuis que j'étais enfant, mais ma timidité et mon manque d'ambition dans ce domaine m'avaient poussé à ne pas m'inscrire en option musicale, ni même au sein de la chorale. Je n'étais pas une personne qui aimait être le centre d'intérêt, je préférais être dans mon coin, discrète et invisible. Douée en plus, j'aurai fatalement fini par attirer les regards. Voilà pourquoi mes talents musicaux, je les gardais pour mon entourage très proche. Sans être une virtuose du piano et de la guitare, ma maitrise n'était plus à discuter, même si j'avais conscience qu'il fallait que je continue à travailler pour encore m'améliorer. Car il était toujours possible de faire mieux. Il en allait de même pour ma voix.
Prenant place au hasard dans la salle, assise non loin de certains instruments exposés, je prenais mon téléphone pour en arrêter la musique puis retirer mon casque de sur mes oreilles, reposant le tout dans mon sac muni d'un sortilège d'extension.
Mes yeux bruns foncés se promenèrent sur l'ensemble de la salle tandis que, assez à l'aise pour le faire, je commençais à entamer une mélodie que je connaissais. Bien que triste, aux paroles lourdes de sens à mon cœur, je n'arrivais pas à me défaire de cet air cette nuit, à croire que la mélancolie c'était emparée de moi. Sans doute un effet secondaire de ma fatigue avancée.
- Je voulais t'aimer
Plus que tout
Plus que mes doutes
Plus que le temps
Celui qui pousse à se mentir
A faire semblant
A faire fausse route
Plus que mes doutes
Je voulais t'aimer
Plus que moi même
Plus qu'il n'en coûte
Plus noir
Plus grand
Passionnément
A ton sourire
A nos enfants
A notre couple
Plus que mes doutes
Et je passe mon cœur
Dans...
Je sursautais en voyant une ombre bouger au fond de la salle. Le regard rivé sur ce que je venais de voir, je m'interrompais totalement, immobile, j'osais à peine respirer. Avais-je imaginé ce mouvement ou y avait-il véritablement quelqu'un… ou quelque chose ?
Après un court instant qui c'était étiré comme une guimauve à mon esprit, j'osais me relever, lentement et sans bruit, avec mille précautions. Ma respiration était comme une fumée épaisse qui venait embrumer l'intérieur de ma tête. Je sentais la peur monter en moi, déclenchement de l'alarme incendie qui me poussera à agir plutôt qu'à rester plantée là comme un radis.
Un nouveau mouvement se fit sur ma gauche, brusque, je pouvais entendre sa respiration rauque. Je bondissais en arrière, la panique s'emparant de moi. Mais mes pieds, mon dos et mon bras rencontrèrent quelque chose de solide, mais d'instable.
Le fracas qui s'en suivi eu pour effet d'avorter toute cette frayeur qui naissait en moi. Fermant les paupières, je me penchais légèrement en me recroquevillant, comme si ce geste futile allait aider à estomper le bruit, mes oreilles furent assourdies par le bruit métallique qui semblait ne pas vouloir s'arrêter. Ainsi immobile durant de longues secondes, même après la détonation sonore engendrée par ma maladresse, je mis du temps à hasarder un mouvement à nouveau. Dégainant ma baguette rosée d'un geste incertain, j'invoquais un Lumos assez puissant pour éclairer la zone de crime. Les cuivres que j'avais poussés dans ma fuite s'étaient tous effondrés les uns sur les autres, s'éparpillant autour de moi. Me mordant les lèvres, je m'entendais souffler.
- Bon ben crotte…
En réalité, je m'en voulais terriblement. J'avais un énorme respect des objets, la preuve en était que mon sac à dos datait de mon entrée à Poudlard. Je n'avais jamais abimé aucun livre de ma vie, et Merlin savait à quel point je lisais beaucoup, et les instruments… Rayer un instrument relevait du meurtre pour moi. J'allais tout ranger lorsqu'une voix si tonnante et retentissante s'éleva dans la salle de classe, ayant pour effet de m'immobiliser à nouveau. Sans doute devais-je être encore plus lumineuse que mon Lumos tant j'avais pâli en une fraction de seconde.
Ce professeur, de musique, je ne le connaissais pas, et lui non plus… il était clair qu'en cet instant précis, je n'étais pas là où je devrais être. Une élève sans cours musical dans une salle de musique, entourée par des instruments en cuivre qui n'avaient pas à être jonchés sur le sol. Son approche rapide eut pour effet d'enfoncer ma tête dans mes épaules à l'instar d'une tortue. Déjà petite, car mesurant qu'un petite mètre cinquante-cinq, je ne devais plus qu'en faire cinquante lorsqu'il s'adressa à moi en observant la scène d'une œillade particulièrement contrariée.
Mes yeux s'agrandirent alors que j'essayais de lui faire face, accentuant les traits adolescent de mon visage. En cet instant, je ressemblais à une enfant, et non pas une adulte qui avait sa place à Hungcalf. En le voyant croiser les bras et attendre une réponse de ma part, je me mis à cligner frénétiquement des paupières. Tout en répondant, mon bras droit, celui qui tenait ma baguette, se mit en mouvement tout seul.
- P… pardonjesuisnavréejevaistoutrangerexcusezmoicenétaitquunmalheureuxaccident.
J'avais baffouillé. Comment pouvait-il en être autrement ? Mon ton était timide, mais ma voix était naturellement fluette, comme celle d'une jeune fille. Sentant mon sang battre à mes tempes, mon coup de baguette avait eu pour effet de relever les cuivres et de les faire retourner à leurs places initiales, non sans qu'ils s'entrechoquent les uns aux autres. En les entendant, je fermais mon œil droit en grimaçant, laissant voir mes dents. Non seulement je n'aimais pas abimer les instruments, mais voilà que le manque de maitrise de ma baguette me jouait des tours. Avant mon accident, ce ne serait jamais arrivé.
Me raclant nerveusement la gorge, pour essayer vainement de m'éclaircir la voix, je reprenais.
- Voilà, ni vu, ni connu. Ho…
Agitant une dernière fois ma baguette rosée, je lançais un Reparo sur les cuivres qui redevinrent comme neufs. Risquant un sourire maladroit, je fixais le professeur de mon allure innocente.
Impertinente, je ne l'étais en aucun cas, et je n'en avais pas l'air. Ma remarque avait simplement été pour détendre l'atmosphère, moi avant tout. Réflexe de survie dans une situation qui me mettait mal à l'aise et qui donc, pouvait annoncer mon décès prochain. J'aurai aimé faire un nouveau pas en arrière, remettre de la distance entre l'homme, que dis-je ? Le viking, et moi, mais je n'en fis rien, craignais de renverser à nouveau quelque chose.
Et si ma confrontation avec le loup-garou m'avait bien appris une chose, c'est que je voulais et devais faire face. Même si actuellement je ressemblais davantage à un chaton devant un bulldozer, je faisais face.
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Re: sonate au clair de lune + abigail [Terminé]
Mer 28 Nov 2018 - 13:57
Sonate au clair de lune
Abigail + Evan
« Nobody knows, nobody knows; And I was dancing in the rain I felt alive and I can't complain. »
Dans un univers où les études, la carrière, le sang, la famille et les connexions déterminaient l'espace qu'occuperait un sorcier dans la durée et dans l'histoire, Evan avait lutté toute sa vie contre la destinée que lui prédisait son père et que lui indiquait son sang pur. Parfois, le professeur voyait cette même tourmente chez certains de ses étudiants qui échappaient à leurs obligations magiques le temps d'une pièce ou d'un mouvement. L'Écossais ne savait que trop bien l'effet réparateur que pouvait avoir l'art sur l'âme, et depuis son embauche, qui remontait à l'année précédente, il restait attentif aux excès émotifs pouvant avoir lieu dans sa classe. C'était également pour cela qu'il démontrait plus d'indulgence que son prédécesseur en ce qui concernait l'utilisation de la salle de répétition attenante à la salle des cours de théâtre et de musique. En vérité, plus d'un étudiant qui n'avait pas pris de cours de musique en option se glissait dans cette salle. Certains, parce qu'ils avaient préféré prendre des cours magiques servant davantage leur parcours académique et professionnel. D'autres, furtifs, venaient y pratiquer leur musique avec la timidité de l'art ayant besoin de s'exprimer mais craignant son public.
Il les appelait ses oiseaux.
Vous savez, ces oiseaux chanteurs qui s'appuient avec hésitation sur votre fenêtre entrouverte, chantant doucement dans l'espoir d'une miette, mais tendus comme la corde d'un arc, prêts à s'envoler au moindre geste. Evan ne leur parlait que bien peu, à ces artistes craintifs ne cherchant pas un public. Le professeur de musique les laissait pratiquer en paix, connaissant le baume à l'âme que devait représenter leurs pratiques musicales pour ces esprits timides. Il détailla l'étudiante du regard, et la catégorisa immédiatement.
Petit oiseau.
Le sorcier sentait la nervosité de l'étudiante aux traits presque adolescents, nervosité qui se répercutait en toute évidence sur ses membres. Une impression de douce maladresse se dégageait de la jeune femme, qui cafouilla une réponse à sa question avant de réparer les dégâts qu'elle avait causés. L'expression du professeur se radoucit alors qu'il ramassait une trompette dont il vérifia machinalement l'élasticité des pistons avant de la remettre à sa place. « Tout va bien, rien d'irréparable. Ne t'inquiète pas, je ne te collerai pas de retenue pour avoir fait tomber les instruments ... », dit-il de sa voix rieuse mais ferme. « ... Mais tu devrais peut-être songer à te promener avec du papier-bulles en guise de cape », compléta-t-il, lui adressant un clin d'oeil. Evan passa l'index et le pouce de sa main gauche sur ses sourcils, peinant encore à s'ancrer dans la réalité. Il tutoyait rarement les étudiants, sachant trop bien que la différence d'âge parfois négligeable entre ces derniers et leurs professeurs laissait souvent un besoin criant de garder les distances entre les groupes. Mais en de telles circonstances, enveloppé du pantalon tartan aux couleurs de sa famille écossaise qui lui servait de pyjama, la chemise désormais tachée d'encre et les cheveux en batailles, de derniers lambeaux de sommeil s'accrochant encore à lui, il pouvait bien se le permettre. « Lequel des pauvres instruments que tu as martyrisés utilisais-tu? »
Il les appelait ses oiseaux.
Vous savez, ces oiseaux chanteurs qui s'appuient avec hésitation sur votre fenêtre entrouverte, chantant doucement dans l'espoir d'une miette, mais tendus comme la corde d'un arc, prêts à s'envoler au moindre geste. Evan ne leur parlait que bien peu, à ces artistes craintifs ne cherchant pas un public. Le professeur de musique les laissait pratiquer en paix, connaissant le baume à l'âme que devait représenter leurs pratiques musicales pour ces esprits timides. Il détailla l'étudiante du regard, et la catégorisa immédiatement.
Petit oiseau.
Le sorcier sentait la nervosité de l'étudiante aux traits presque adolescents, nervosité qui se répercutait en toute évidence sur ses membres. Une impression de douce maladresse se dégageait de la jeune femme, qui cafouilla une réponse à sa question avant de réparer les dégâts qu'elle avait causés. L'expression du professeur se radoucit alors qu'il ramassait une trompette dont il vérifia machinalement l'élasticité des pistons avant de la remettre à sa place. « Tout va bien, rien d'irréparable. Ne t'inquiète pas, je ne te collerai pas de retenue pour avoir fait tomber les instruments ... », dit-il de sa voix rieuse mais ferme. « ... Mais tu devrais peut-être songer à te promener avec du papier-bulles en guise de cape », compléta-t-il, lui adressant un clin d'oeil. Evan passa l'index et le pouce de sa main gauche sur ses sourcils, peinant encore à s'ancrer dans la réalité. Il tutoyait rarement les étudiants, sachant trop bien que la différence d'âge parfois négligeable entre ces derniers et leurs professeurs laissait souvent un besoin criant de garder les distances entre les groupes. Mais en de telles circonstances, enveloppé du pantalon tartan aux couleurs de sa famille écossaise qui lui servait de pyjama, la chemise désormais tachée d'encre et les cheveux en batailles, de derniers lambeaux de sommeil s'accrochant encore à lui, il pouvait bien se le permettre. « Lequel des pauvres instruments que tu as martyrisés utilisais-tu? »
(c) DΛNDELION
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Re: sonate au clair de lune + abigail [Terminé]
Mer 28 Nov 2018 - 18:44
Je voyais son visage se décontracter tandis que je gardais une expression nerveuse. Me détendre alors que j'avais été prise en flagrant délit ce n'était pas chose aisée pour moi. D'autant plus lorsqu'il s'agissait de musique, et de mes propres dégâts occasionnés. Discrète, j'étais une personne habituée à rester dans l'ombre et ne pas se faire remarquer. Rarement maladroite, il m'arrivait de l'être lorsque mon esprit était ailleurs, et les moments venus, je n'en ratais pas une, en général. La preuve. Baissant les yeux alors que je voyais le professeur vérifier l'état d'une trompette malmenée, mes épaules s'affaissèrent sous le poids d'une culpabilité évidente.
Sa remarque eut toutefois l'effet de me faire hausser un sourcil. Non pas que je craigne une retenue, au pire, elle m'aurait permis d'apprendre quelque chose et j'aurai passé du temps à faire autre chose que ce que j'avais déjà à faire. Mais enfermée dans un schéma frôlant la paranoïa avec ma timidité, j'appréhendais davantage les remontrances verbales ou physiques. Ce qui était idiot puisque je n'avais reçu aucun traumatisme de ce genre, mais par-dessus tout, j'abhorrais la violence sous toutes ses formes.
Et mon emploi du temps était extrêmement chargé, entre mes cours, ma thèse en Amazonie, mon travail au Rainbow et mes révisions. C'était un mal pour un bien puisque je voyais peu mon compagnon, ça rendait nos rencontres que plus belles et intenses. Ainsi, une retenue aurait sans doute été au détriment du reste. J'avais conscience qu'il me fallait lever le pied, mais à présent que j'avais mis le doigt dans l'engrenage, je ne pouvais plus faire marche arrière… finalement, j'étais peut-être une personne ambitieuse, sans en avoir trop l'air.
Comme toute autre réaction, je rougissais à sa plaisanterie et son clin d'œil en détournant une nouvelle fois le regard. Penaude, je me balançais nerveusement d'un pied sur l'autre de quelques légers mouvements.
- Je suis vraiment navrée, veuillez m'excuser…
Relever son tutoiement ne me dérangeait pas plus que cela. Après tout, monsieur Helsing faisait de même, nous étions devenus très proches lors de nos nombreux entretiens privés concernant la dragonologie… et Adoración et bien… il était clair qu'ensemble, nous avions finis par nous tutoyer avec la nature de la relation que nous avions entretenue. Alors, un enseignant de plus qui utilisait la même formulation, ça ne me déstabilisait pas. Il m'était toutefois impossible d'en faire de même, j'avais véritablement dû me faire violence avec l'espagnole.
Mais ce n'est qu'avec cette énonciation que je réalisais la tenue de l'homme devant moi, ne faisant que rajouter du poids à ma culpabilité. Sans doute l'avais-je réveillé, ou alors était-il extrêmement étrange à enseigner vêtu ainsi. Quoiqu'il en soit, je n'étais pas là pour juger, et à observer l'encre fraichement étalée sur sa chemise, le sursaut devait avoir été mémorable. À nouveau je me pinçais les lèvres, nerveuse et confuse.
- Vous… vous voudriez que je vous retire ça ?
Peut-être n'étais-je pas l'auteure de cet accident-ci, mais dans le bénéfice du doute, je préférais demander. Car, si en plus des instruments, j'avais taché par mégardes le vêtement de l'un de mes supérieurs, me voilà bien navrée. Et je le devenais d'autant plus alors qu'il me fallait avouer que le mauvais traitement que les cuivres avaient reçus n'était pas parce que j'avais cherché à les utiliser. J'avais bien trop peu de souffle pour prétendre pouvoir jouer d'un instrument à vent, qu'il soit en bois ou en cuivre.
Quelque peu fuyante, j'osais enfin faire un petit pas en arrière afin de retrouver un semblant de zone de confort tandis que je gardais ma baguette baissée, nous illuminant vaguement avec ce Lumos toujours activé. Mais je n'étais pas menteuse, je lui fis alors don de la vérité.
- Aucun, monsieur, je ne sais pas en jouer. Je… n'ai simplement pas regardé où je mettais les pieds.
Avouer que j'étais venue ici pour chanter m'étais difficile, d'autant plus à un inconnu. Je n'étais pas certaine de vouloir donner de ma voix à présent, car il était presque certain que si je le lui avais dit, il m'aurait demandé une démonstration. Réaction somme toute logique, je n'avais pas envie d'y être confrontée, je repoussais donc l'instant fatidique. Car je n'étais pas dupe, et je me doutais que les questions allaient continuer à pleuvoir jusqu'à ce que l'homme reçoive satisfaction, ce qui arriverait uniquement si je parlais de chant.
Sa remarque eut toutefois l'effet de me faire hausser un sourcil. Non pas que je craigne une retenue, au pire, elle m'aurait permis d'apprendre quelque chose et j'aurai passé du temps à faire autre chose que ce que j'avais déjà à faire. Mais enfermée dans un schéma frôlant la paranoïa avec ma timidité, j'appréhendais davantage les remontrances verbales ou physiques. Ce qui était idiot puisque je n'avais reçu aucun traumatisme de ce genre, mais par-dessus tout, j'abhorrais la violence sous toutes ses formes.
Et mon emploi du temps était extrêmement chargé, entre mes cours, ma thèse en Amazonie, mon travail au Rainbow et mes révisions. C'était un mal pour un bien puisque je voyais peu mon compagnon, ça rendait nos rencontres que plus belles et intenses. Ainsi, une retenue aurait sans doute été au détriment du reste. J'avais conscience qu'il me fallait lever le pied, mais à présent que j'avais mis le doigt dans l'engrenage, je ne pouvais plus faire marche arrière… finalement, j'étais peut-être une personne ambitieuse, sans en avoir trop l'air.
Comme toute autre réaction, je rougissais à sa plaisanterie et son clin d'œil en détournant une nouvelle fois le regard. Penaude, je me balançais nerveusement d'un pied sur l'autre de quelques légers mouvements.
- Je suis vraiment navrée, veuillez m'excuser…
Relever son tutoiement ne me dérangeait pas plus que cela. Après tout, monsieur Helsing faisait de même, nous étions devenus très proches lors de nos nombreux entretiens privés concernant la dragonologie… et Adoración et bien… il était clair qu'ensemble, nous avions finis par nous tutoyer avec la nature de la relation que nous avions entretenue. Alors, un enseignant de plus qui utilisait la même formulation, ça ne me déstabilisait pas. Il m'était toutefois impossible d'en faire de même, j'avais véritablement dû me faire violence avec l'espagnole.
Mais ce n'est qu'avec cette énonciation que je réalisais la tenue de l'homme devant moi, ne faisant que rajouter du poids à ma culpabilité. Sans doute l'avais-je réveillé, ou alors était-il extrêmement étrange à enseigner vêtu ainsi. Quoiqu'il en soit, je n'étais pas là pour juger, et à observer l'encre fraichement étalée sur sa chemise, le sursaut devait avoir été mémorable. À nouveau je me pinçais les lèvres, nerveuse et confuse.
- Vous… vous voudriez que je vous retire ça ?
Peut-être n'étais-je pas l'auteure de cet accident-ci, mais dans le bénéfice du doute, je préférais demander. Car, si en plus des instruments, j'avais taché par mégardes le vêtement de l'un de mes supérieurs, me voilà bien navrée. Et je le devenais d'autant plus alors qu'il me fallait avouer que le mauvais traitement que les cuivres avaient reçus n'était pas parce que j'avais cherché à les utiliser. J'avais bien trop peu de souffle pour prétendre pouvoir jouer d'un instrument à vent, qu'il soit en bois ou en cuivre.
Quelque peu fuyante, j'osais enfin faire un petit pas en arrière afin de retrouver un semblant de zone de confort tandis que je gardais ma baguette baissée, nous illuminant vaguement avec ce Lumos toujours activé. Mais je n'étais pas menteuse, je lui fis alors don de la vérité.
- Aucun, monsieur, je ne sais pas en jouer. Je… n'ai simplement pas regardé où je mettais les pieds.
Avouer que j'étais venue ici pour chanter m'étais difficile, d'autant plus à un inconnu. Je n'étais pas certaine de vouloir donner de ma voix à présent, car il était presque certain que si je le lui avais dit, il m'aurait demandé une démonstration. Réaction somme toute logique, je n'avais pas envie d'y être confrontée, je repoussais donc l'instant fatidique. Car je n'étais pas dupe, et je me doutais que les questions allaient continuer à pleuvoir jusqu'à ce que l'homme reçoive satisfaction, ce qui arriverait uniquement si je parlais de chant.
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Re: sonate au clair de lune + abigail [Terminé]
Jeu 29 Nov 2018 - 13:47
Sonate au clair de lune
Abigail + Evan
« Nobody knows, nobody knows; And I was dancing in the rain I felt alive and I can't complain. »
- Vous… vous voudriez que je vous retire ça ? Il baissa les yeux vers sa chemise blanche, dont il remarquait les taches la maculant pour la première fois - entre le réveil brutal et son départ précipité pour tancer le coupable, le professeur n'avait pas senti le vêtement se coller à sa peau, froid et humide. Moqueur, il se permit un rire. « Ah. Oui bon normalement ça ne me gênerait pas trop, mais c'est ma seule chemise blanche, et je piquais du nez dans une partition quand tu as décidé de voir si des cuivres pouvaient aussi servir d'instruments à percussion. C'était réussi, vraiment. » Le ton et le regard du professeur étaient amusés. La colère teintée d'urgence qu'il avait ressentie au choc du réveil brutal s'était dissipée, laissant place à la curiosité. En temps normal, il se serait probablement débarrassé de sa chemise - ou, selon son humeur, il l'aurait gardée et portée comme si de rien n'était, attendant de voir combien de personnes il croiserait avant que quelqu'un soulève l'évidence. Ma chemise est tachée?! Oh bien vous savez, c'est ma dernière cette semaine donc je vais lui faire passer la journée quand même , s'imaginait-il déjà dire à l'âme charitable.
Mais on n'attire pas un oiseau en faisant de grands gestes.
« Bref, je t'en serais bien reconnaissant », répondit-il, une expression aimable se dégageant de son regard vert. « Ces sorts n'ont jamais été ma force, malheureusement. » Un pieux mensonge, mais il voyait bien la culpabilité dans les yeux de l'étudiante - si le fait de lui enlever cette tache pouvait dédramatiser la situation pour elle, Evan se prêterait volontiers au jeu. Immobile, il la laissa s'exécuter et en profita pour détailler ses traits. Non, définitivement pas une de ses étudiantes. Il n'était pas professeur depuis assez longtemps à Hungcalf pour connaître tous les étudiants, surtout ceux qui n'avaient pris aucun cours d'art en option. Dans la pénombre uniquement brisée par sa baguette illuminée, il glissa un coup d'œil rapide vers les autres instruments, dont il devinait les contours davantage qu'il ne les voyait. Il passait tellement de temps dans cette pièce qu'il aurait pu y circuler dans l'obscurité la plus totale, connaissant la moindre arête, la plus petite courbe des instruments avec lesquels il enseignait. Il caressa d'un long doigt la surface du piano, sa main lui échappant presque en glissant.
- Aucun, monsieur, je ne sais pas en jouer. Je… n'ai simplement pas regardé où je mettais les pieds. On ne devenait pas professeur sans savoir reconnaître une demi-vérité quand on en entendait une - les étudiants débordaient de talent pour les proférer, après tout. Il n'avait pas été en reste à sa propre époque, d'ailleurs. Son sourire s'élargit, languide et amusé. Il fit un geste bref de sa baguette, laissant s'échapper des dizaines de globes lumineux qui, dans un ballet aérien, éclairèrent la grande salle dans laquelle ils se tenaient. Le grand roux se passa une main dans les cheveux, tentant d'y remettre un semblant d'ordre. « Lequel étais-tu venue utiliser, dans ce cas ... ? » Il laissa sa question en suspens, attendant de l'étudiante qu'elle lui révèle son identité.
(c) DΛNDELION
- InvitéInvité
Re: sonate au clair de lune + abigail [Terminé]
Ven 30 Nov 2018 - 9:12
Le professeur ne semblait pas avoir remarqué la tache qui maculait sa chemise, et sans doute sa peau de l’autre côté, à en juger la quantité qu’il y en avait. Malgré son allure quelque peu décoiffée et qui présageait qu’il allait s’allonger pour rejoindre Morphée, cette salissure était bien disgracieuse sur lui. Son rire et son attitude à présent décontractée auraient pu me contaminer. Or, je me sentais véritablement coupable d’avoir abîmé des instruments, et sa remarque, bien que douce et simple, ne fis qu’enfoncer le clou à mon esprit. C’est donc en enfonçant un peu ma tête dans mes épaules que je pointais ma baguette rosée sur l’homme en la guidant avec un geste souple et leste du poignet.
Á l’évidence, j’étais une sorcière appliquée et responsable, toutefois, la baguette semblait un peu récalcitrante car elle n’effaça pas toutes les marques d’un coup, avec cette facilité propre au niveau magique que j’étais censée avoir. Cet instant fit écho à ce que le grand roux venait de prononcer. Ces sorts ne sont pas sa force. C’était sans doute l’une des miennes, sans pour autant exceller comme je le faisais en dragonologie, je m’étais beaucoup entraînée, et je me savais douée, sans la moindre prétention. Observer la manière dont je maniais ma baguette, et voir ses réactions étaient une dissonance bien réelle.
- Je suis vraiment confuse.
Jetant un dernier coup d’œil à la chemise de l’enseignant pour m’assurer qu’elle soit redevenue comme neuve, j’osais lever mes prunelles brunes foncées sur lui. Une lueur curieuse les traversa, se mêlant alors à ces expressions troublées et timides.
- Sur quel genre de partition travailliez-vous ?
J’aimais la musique, et j’appréciais composer. C’était comme écrire, mais dans une autre langue, avec d’autres ponctuations et d’autres élocutions. Faire ressentir d’autres émotions autrement, une construction somme toute intéressante à faire lorsqu’on a appris à parler et entendre en musique. Alors forcément, sa confidence n’avait pu que m’intriguer et m’interpeller. Sans doute quittais-je à nouveau la place que je devais occuper, c’est-à-dire celle d’une élève qui n’avait rien à faire là, d’autant plus que je n’avais aucun cours avec cet enseignant, mais ça avait été plus fort que moi. Un peu comme lorsqu’il s’agissait des dragons ou des animaux, la musique était ce genre de conversation qui pouvait me faire sortir des sentiers battus, me mettre à l’aise et pousser ma curiosité.
Laissant alors l’homme éclairer la salle, je plissais un peu les yeux, comme éblouie, avant de cligner plusieurs fois des paupières. Ainsi, je pouvais mieux observer ses traits. Un roux aux yeux verts… ce n’était pas monnaie courante, et je ne pus m’empêcher de l’admirer avec politesse. Je n’allais pas pousser cette observation trop loin évidemment, je ne souhaitais pas réitérer l’expérience, et je n’avais pas à le faire, mais j’appréciais toujours de voir les détails que les autres ne pouvaient pas forcément découvrir. Un petit rien qui faisait la différence de l’identité de la personne en face de moi. Vieux réflexe d’une petite femme frêle et menue qui essaie, encore aujourd’hui, avec application de se cacher aux yeux du monde, si vaste et si impressionnant.
Dans le même élan, je reculais encore d’un pas alors que je m’osais à esquisser un léger sourire aux coins des lèvres.
- Abigail Dowell monsieur. J’en ai oublié ma politesse, veuillez m’excuser.
Maintenant que j’avais l’occasion de le regarder convenablement, je voyais bien qu’il n’était pas une menace pour moi, malgré son arrivée tonitruante. Qui plus est, en dehors des cuivres, aucun instrument n’avait été dérangé, et je n’avais pas ma guitare avec moi. J’aurai pu dire que j’étais venue pour jouer du piano. Celui-là même qu’il frôlait du bout de ses longs doigts. Mais je n’étais pas idiote, je savais lire les gens, j’avais un excellent entraînement avec Levius et mon empathie m’aidait plus que de raison. Cet enseignant ne semblait pas mal avisé. Il pouvait peut-être même me venir en aide. Rapidement, je réfléchissais, mesurant le pour et le contre. Au-delà de tout ceci, je n’étais pas une menteuse… et je ne gagnais rien à lui cacher davantage la vérité.
- Aucun, pour cette fois. Je… j’entrainais ma voix.
Á l’évidence, j’étais une sorcière appliquée et responsable, toutefois, la baguette semblait un peu récalcitrante car elle n’effaça pas toutes les marques d’un coup, avec cette facilité propre au niveau magique que j’étais censée avoir. Cet instant fit écho à ce que le grand roux venait de prononcer. Ces sorts ne sont pas sa force. C’était sans doute l’une des miennes, sans pour autant exceller comme je le faisais en dragonologie, je m’étais beaucoup entraînée, et je me savais douée, sans la moindre prétention. Observer la manière dont je maniais ma baguette, et voir ses réactions étaient une dissonance bien réelle.
- Je suis vraiment confuse.
Jetant un dernier coup d’œil à la chemise de l’enseignant pour m’assurer qu’elle soit redevenue comme neuve, j’osais lever mes prunelles brunes foncées sur lui. Une lueur curieuse les traversa, se mêlant alors à ces expressions troublées et timides.
- Sur quel genre de partition travailliez-vous ?
J’aimais la musique, et j’appréciais composer. C’était comme écrire, mais dans une autre langue, avec d’autres ponctuations et d’autres élocutions. Faire ressentir d’autres émotions autrement, une construction somme toute intéressante à faire lorsqu’on a appris à parler et entendre en musique. Alors forcément, sa confidence n’avait pu que m’intriguer et m’interpeller. Sans doute quittais-je à nouveau la place que je devais occuper, c’est-à-dire celle d’une élève qui n’avait rien à faire là, d’autant plus que je n’avais aucun cours avec cet enseignant, mais ça avait été plus fort que moi. Un peu comme lorsqu’il s’agissait des dragons ou des animaux, la musique était ce genre de conversation qui pouvait me faire sortir des sentiers battus, me mettre à l’aise et pousser ma curiosité.
Laissant alors l’homme éclairer la salle, je plissais un peu les yeux, comme éblouie, avant de cligner plusieurs fois des paupières. Ainsi, je pouvais mieux observer ses traits. Un roux aux yeux verts… ce n’était pas monnaie courante, et je ne pus m’empêcher de l’admirer avec politesse. Je n’allais pas pousser cette observation trop loin évidemment, je ne souhaitais pas réitérer l’expérience, et je n’avais pas à le faire, mais j’appréciais toujours de voir les détails que les autres ne pouvaient pas forcément découvrir. Un petit rien qui faisait la différence de l’identité de la personne en face de moi. Vieux réflexe d’une petite femme frêle et menue qui essaie, encore aujourd’hui, avec application de se cacher aux yeux du monde, si vaste et si impressionnant.
Dans le même élan, je reculais encore d’un pas alors que je m’osais à esquisser un léger sourire aux coins des lèvres.
- Abigail Dowell monsieur. J’en ai oublié ma politesse, veuillez m’excuser.
Maintenant que j’avais l’occasion de le regarder convenablement, je voyais bien qu’il n’était pas une menace pour moi, malgré son arrivée tonitruante. Qui plus est, en dehors des cuivres, aucun instrument n’avait été dérangé, et je n’avais pas ma guitare avec moi. J’aurai pu dire que j’étais venue pour jouer du piano. Celui-là même qu’il frôlait du bout de ses longs doigts. Mais je n’étais pas idiote, je savais lire les gens, j’avais un excellent entraînement avec Levius et mon empathie m’aidait plus que de raison. Cet enseignant ne semblait pas mal avisé. Il pouvait peut-être même me venir en aide. Rapidement, je réfléchissais, mesurant le pour et le contre. Au-delà de tout ceci, je n’étais pas une menteuse… et je ne gagnais rien à lui cacher davantage la vérité.
- Aucun, pour cette fois. Je… j’entrainais ma voix.
- InvitéInvité
Re: sonate au clair de lune + abigail [Terminé]
Dim 2 Déc 2018 - 20:09
Sonate au clair de lune
Abigail + Evan
« Nobody knows, nobody knows; And I was dancing in the rain I felt alive and I can't complain. »
Evan admira sa chemise impeccable, se permettant un léger sifflement d'appréciation. « Me voilà beau comme un sou neuf », dit-il, satisfait, avant de se reprendre. « Je parle comme si j'avais quatre-vingt ans. » Il se redressa, dominant la jeune femme de sa haute charpente. Le professeur était rassuré de voir que l'étudiante semblait enfin commencer à timidement se détendre - il ne l'aurait pas blâmée pour sa crainte, prise sur le fait par un géant d'humeur massacrante. Il vit la curiosité teinter son regard après qu'il ait mentionné la rédaction musicale. Enfin. Abigail Dowell. Il se releva, exécutant une gracieuse courbette. « Enchanté. Evan Wakefield, à votre service. » Héritées à la fois d'un tempérament théâtral et d'une propension à vouloir parodier sa famille, les mines aristocrates qu'il s'attribuait parfois venaient teinter beaucoup de ses interactions avec autrui, qu'il s'agisse des lettres qu'il rédigeait avec un style lyrique et emprunté ou de sa propension à exécuter de gracieuses et ironiques révérences.
Réalisant qu'il n'avait pas répondu à sa première question, son ton se fit plus doux, prenant un air de confidence. « J'ai quelques pianistes dans mes groupes qui commencent à devenir complaisants », dit-il, un air équivoque dans le regard. Ne sachant pas si la jeune femme jouait d'un instrument en particulier, il se permit une explication professorale. Même aux petites heures du matin, c'était plus fort que lui : il était dans sa nature de partager son savoir, à qui voulait bien l'entendre. Il s'installa derrière le piano droit, jetant vers l'arrière les pans de sa chemise avec autant de dignité que s'il avait été en tenue de soirée, d'un mouvement gracieux caractérisant tout musicien ayant passé d'incalculables heures avec son instrument. « Parfois, les pianistes aiment masquer leurs imperfections par une utilisation intempestive de la pédale. » Illustrant son propos, il glissa ses mains sur le clavier, exécutant une rapide séquence de notes qu'il fit exprès de jouer quelque peu maladroitement, ses pieds placés sur les pédales atténuant le son de ses erreurs. L'ensemble demeurait agréable à l'oreille, mais très éloigné du niveau de maîtrise habituel du professeur, dont le style était marqué par une extrême précision.
« Certains de mes étudiants prennent leurs aises en profitant de cette légère fonction de sourdine. » Il tourna son torse vers la jeune femme, lui faisant face. « Donc je leur compose un air directement inspiré de Rachmaninov ... mais avec davantage de variations. » Un sourire goguenard orna ses lèvres. À l'instar du pianiste romantique, Evan avait un avantage non-négligeable au piano : ses mains aux doigts très longs lui accordaient une amplitude impressionnante, ainsi que la capacité de jouer des accords plus complexes. Le professeur n'avait pourtant rien d'un sadique, mais il savait tempérer les excès de confiance d'étudiants qui se reposaient sur leurs lauriers, tout comme il ne manquait jamais de motivation, ni d'encouragements, pour les étudiants en difficulté. Exigeant et généreux.
Elle lui révéla enfin ce qu'elle était venue faire dans la salle: chanter. Le visage d'Evan s'éclaira immédiatement, sa bouche fendue d'un grand sourire. « Sage décision que de l'entraîner ici, la texture de l'air est particulièrement intéressante dans cette salle. » Il se releva, repoussant le banc du piano après s'en être libéré, et laissa vibrer les premières lignes d'une chanson en gaélique écossais que le garde-chasse du domaine familial lui avait appris, enfant :
« Ceud soiridh soiridh bhuam na e hò hao oho;
Gu strath m'eòlais na hi ri rirì ò;
o-hi ò 's a-bho roho;
e hò hao oho »
Evan n'avait jamais été un chanteur, mais sa voix grave avait des accents riches et réconfortants. Le genre de voix qui ne remporterait jamais de prix ni de concours, mais que l'on voudrait entendre, malade et cloué au lit. Il sourit à la jeune femme. « C'est une chanson de ma jeunesse, que l'on m'a chanté plusieurs fois. Cent salutations de ma part à la vallée que je connais, et à la petite pente, ornée de jolis bouleaux. » Il n'osa pas aller plus loin - une gageure, l'étudiante lui semblant trop timide pour lui demander conseil si elle le souhaitait. Peut-être que la nuit lui témoignerait un peu de hardiesse. Sait-on jamais.
Réalisant qu'il n'avait pas répondu à sa première question, son ton se fit plus doux, prenant un air de confidence. « J'ai quelques pianistes dans mes groupes qui commencent à devenir complaisants », dit-il, un air équivoque dans le regard. Ne sachant pas si la jeune femme jouait d'un instrument en particulier, il se permit une explication professorale. Même aux petites heures du matin, c'était plus fort que lui : il était dans sa nature de partager son savoir, à qui voulait bien l'entendre. Il s'installa derrière le piano droit, jetant vers l'arrière les pans de sa chemise avec autant de dignité que s'il avait été en tenue de soirée, d'un mouvement gracieux caractérisant tout musicien ayant passé d'incalculables heures avec son instrument. « Parfois, les pianistes aiment masquer leurs imperfections par une utilisation intempestive de la pédale. » Illustrant son propos, il glissa ses mains sur le clavier, exécutant une rapide séquence de notes qu'il fit exprès de jouer quelque peu maladroitement, ses pieds placés sur les pédales atténuant le son de ses erreurs. L'ensemble demeurait agréable à l'oreille, mais très éloigné du niveau de maîtrise habituel du professeur, dont le style était marqué par une extrême précision.
« Certains de mes étudiants prennent leurs aises en profitant de cette légère fonction de sourdine. » Il tourna son torse vers la jeune femme, lui faisant face. « Donc je leur compose un air directement inspiré de Rachmaninov ... mais avec davantage de variations. » Un sourire goguenard orna ses lèvres. À l'instar du pianiste romantique, Evan avait un avantage non-négligeable au piano : ses mains aux doigts très longs lui accordaient une amplitude impressionnante, ainsi que la capacité de jouer des accords plus complexes. Le professeur n'avait pourtant rien d'un sadique, mais il savait tempérer les excès de confiance d'étudiants qui se reposaient sur leurs lauriers, tout comme il ne manquait jamais de motivation, ni d'encouragements, pour les étudiants en difficulté. Exigeant et généreux.
Elle lui révéla enfin ce qu'elle était venue faire dans la salle: chanter. Le visage d'Evan s'éclaira immédiatement, sa bouche fendue d'un grand sourire. « Sage décision que de l'entraîner ici, la texture de l'air est particulièrement intéressante dans cette salle. » Il se releva, repoussant le banc du piano après s'en être libéré, et laissa vibrer les premières lignes d'une chanson en gaélique écossais que le garde-chasse du domaine familial lui avait appris, enfant :
« Ceud soiridh soiridh bhuam na e hò hao oho;
Gu strath m'eòlais na hi ri rirì ò;
o-hi ò 's a-bho roho;
e hò hao oho »
Evan n'avait jamais été un chanteur, mais sa voix grave avait des accents riches et réconfortants. Le genre de voix qui ne remporterait jamais de prix ni de concours, mais que l'on voudrait entendre, malade et cloué au lit. Il sourit à la jeune femme. « C'est une chanson de ma jeunesse, que l'on m'a chanté plusieurs fois. Cent salutations de ma part à la vallée que je connais, et à la petite pente, ornée de jolis bouleaux. » Il n'osa pas aller plus loin - une gageure, l'étudiante lui semblant trop timide pour lui demander conseil si elle le souhaitait. Peut-être que la nuit lui témoignerait un peu de hardiesse. Sait-on jamais.
(c) DΛNDELION
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Re: sonate au clair de lune + abigail [Terminé]
Dim 2 Déc 2018 - 23:36
Encore une fois, je m'osais à un sourire timide lorsqu'il admirait la chemise que je venais de réparer grâce à un petit coup de baguette magique plus ou moins bien placé. Au moins, il semblait satisfait de ce que je venais d'exécuter et sa plaisanterie me permettait de comprendre qu'il ne me tenait pas rancune du terrible sort que j'avais infligé à mon insu aux cuivres. Grâce aux cours privés que j'avais eu durant de nombreux mois avec Adoración, j'avais davantage pu m'améliorer en Sortilèges, c'était à présent une matière que je maitrisais particulièrement bien, sans pour autant y exceller. Ainsi, même avec le maniement de ma baguette qui m'échappait quelque peu, j'arrivais tout de même à obtenir ce que je voulais, et heureusement, sans créer de gros dégâts.
Sans être aveugle, je voyais bien que le professeur à présent tentait de détendre l'atmosphère qui avait été pour ainsi dire explosive à son arrivée. Quant à moi, je restais sur la réserve, mais non pas uniquement parce que j'étais intimidée par le grand roux. J'avais du mal à oublier ce que je croyais avoir vu bouger dans la pénombre. Voilà pourquoi de temps à autre, je jetais des coups d'œil furtifs à la salle, comme si je me rassérénais de quelque chose, ou que je cherchais à fuir. Il y avait sûrement un peu des deux d'ailleurs. Mais sa petite révérence eut pour effet de me faire revenir à moi. Mentalement, je notais son identité pour ne pas l'oublier. Je n'avais pas envie de l'omettre, non pas parce que je le craignais, mais bien parce que je commençais à l'apprécier. Nous avions un point commun non négligeable, la musique. Cet homme ne pouvait donc que me paraître sympathique, il aurait été difficile d'en être autrement.
Durant un vague instant, alors que j'observais ses manières théâtralement aristocrates, je me retrouvais une vingtaine d'année en arrière, propulsée à ma petite enfance au conservatoire. Les instruments me paraissaient tous plus grands les uns que les autres, car déjà à cette époque j'étais plus petite que les filles de mon âge. Pourtant, une fois derrière un piano, ou une guitare à la main, je forçais le respect de mes camarades, et même de mes enseignants. C'était encore le cas aujourd'hui. Monsieur Helsing avait été très étonné de la manière dont je pouvais m'exprimer avec une guitare, et d'autant plus en prenant connaissance de ma voix. Ce jour-là, il m'avait fait part de son désir de monter un groupe de musique de la maison Ethelred. Bien sûr, j'en étais, et comme chanteuse, et même si pour le moment le projet n'était pas abouti, j'avais assez confiance en le professeur de dragonologie pour arriver à ses fins d'une manière ou d'une autre.
Mais ce n'était pas pour m'entraîner à chanter dans un groupe qui n'existait pas que j'étais ici cette nuit, mais bel et bien pour me détendre et penser à autre chose. Pour le coup, c'était raté. Toutefois ce n'était pas une raison pour que cette rencontre ne soit pas des plus intéressantes. Je l'écoutais donc avec attention alors que je le voyais, un brin solennel, s'installer derrière le piano. Des pianistes complaisants ? Pourquoi n'étais-je pas étonnée ?
Je ne connaissais évidemment pas tous les élèves de l'université, mais j'en savais assez pour deviner que beaucoup ici pensaient avoir inventé l'eau chaude. Et en musique, je me trouvais bien désemparée face à des personnes pensant qu'ils avaient tout appris et qu'ils n'avaient plus rien à acquérir… qu'ils étaient les meilleurs en somme. Il y avait toujours moyen de faire mieux, de s'améliorer en quelque chose. En cela, j'étais étonnée de la manière de jouer de monsieur Wakefield. Même si le tout restait mélodieux et agréable, il y avait un je ne sais quoi qui me paraissait faux, fardé.
- Si je puis me permettre de vous donner mon avis, il n'y a pas que les pianistes qui aiment à masquer leurs imperfections derrière une sourdine, quel qu'elle soit.
M'avançant de quelques pas, je venais à mon tour poser une main délicate sur le piano tout, observant les longs doigts du musicien sans commenter, car je n'étais pas étonnée. Tous les grands pianistes avaient cette caractéristique aux mains, comme si les nombreuses heures à pratiquer les avaient allongés de manière exagérée. L'image du pianiste et de la sourdine était une réalité pour beaucoup de gens, et pas uniquement en musique. J'étais la première à en abuser, cachée derrière ma timidité. Pourtant, il suffisait d'un élément déclencheur pour me faire exploser, comme si la partition passait d'un piano à un forte soudain et inattendu.
- Rachmaninov ? Un grand classique. Cela dit, je serai heureuse de connaître vos variations.
Des Mozart, Beethoven, Chopin et autre Rachmaninov, j'en avais bouffé durant mes années de conservatoire, et même encore après comme autodidacte. Ils me sortaient par les yeux aujourd'hui à vrai dire, même si je ne démentais aucunement leurs talents et les œuvres d'art qu'ils avaient créés. Mais j'avais atteint ce niveau où je préférais m'amuser à l'improvisation, à mes propres airs, mes propres compositions. Voilà pourquoi je m'intéressais davantage à la version Wakefield.
Le visage de l'homme devint solaire lorsque je lui révélais la véritable raison de ma venue en ces lieux. Immédiatement, je le regrettais, néanmoins, je fus surprise qu'il ne m'invite pas sur le champ à donner de la voix. Haussant un sourcil, la tête légèrement penchée sur le côté, je répondais avec une légère hésitation.
- L'acoustique est aussi particulièrement intéressante.
Aucune autre salle n'avait été à ce point conçu dans l'université pour raisonner de la sorte. Les murs, le plafond et jusqu'aux portes, tout avait été pensé pour que les notes puissent ici vibrer et donner tous leurs éclats. J'ignorais dans le fond si c'était pour cette raison précise que j'étais venue cette nuit ici, j'en doutais, malgré ma sensibilité, et au fond, je n'avais pas envie de chercher. J'étais là. À écouter mon supérieur me chanter une mélodie bien apaisante de sa voix grave. J'appréciais particulièrement ce timbre de voix. La sienne me rappelait celle de mon père, qui appréciait à me bercer lorsque j'étais enfant, et malade. À chaque fois si détendue, je m'endormais inévitablement.
Et ce fut ce qui arriva à l'instant. Je me sentais plus tranquille aux explications du rouquin, ce qui me permit de sourire, sincèrement cette fois.
- Charmante, je ne la connaissais pas. Les miennes sont plus… improvisées… Un peu comme mon goût au piano. Trop de Rachmaninov tue Rachmaninov, et il en va de même pour tous les autres.
Mon regard fut quelque peu pétillant à ces mots. Je n'étais toujours pas hautaine, mais très clairement, je démontrais au grand homme devant moi que je cachais un savoir peut-être plus poussé qu'il n'y paraissait. Toutefois, je ne me mouillais pas, je ne lui montrais pas en faisant glisser mes mains sur le clavier du piano, et je ne me risquais pas encore à faire vibrer mes cordes vocales. Peut-être était-ce devenu un jeu pour moi, de le faire languir de la sorte. Peut-être arriverai-je à m'en sortir ce soir sans lui montrer mes secrets, mais sans doute allais-je passer à côté de quelque chose. Je ne devais pas pousser la petite sournoiserie trop loin. Quoiqu'il en soit, il ne pouvait pas prétendre que, comme ses pianistes, je m'endormais sur mes lauriers et que j'étais complaisante. Je poussais à l'extrême le fait que je ne me ventais pas des dons musicaux que je possédais.
Sans être aveugle, je voyais bien que le professeur à présent tentait de détendre l'atmosphère qui avait été pour ainsi dire explosive à son arrivée. Quant à moi, je restais sur la réserve, mais non pas uniquement parce que j'étais intimidée par le grand roux. J'avais du mal à oublier ce que je croyais avoir vu bouger dans la pénombre. Voilà pourquoi de temps à autre, je jetais des coups d'œil furtifs à la salle, comme si je me rassérénais de quelque chose, ou que je cherchais à fuir. Il y avait sûrement un peu des deux d'ailleurs. Mais sa petite révérence eut pour effet de me faire revenir à moi. Mentalement, je notais son identité pour ne pas l'oublier. Je n'avais pas envie de l'omettre, non pas parce que je le craignais, mais bien parce que je commençais à l'apprécier. Nous avions un point commun non négligeable, la musique. Cet homme ne pouvait donc que me paraître sympathique, il aurait été difficile d'en être autrement.
Durant un vague instant, alors que j'observais ses manières théâtralement aristocrates, je me retrouvais une vingtaine d'année en arrière, propulsée à ma petite enfance au conservatoire. Les instruments me paraissaient tous plus grands les uns que les autres, car déjà à cette époque j'étais plus petite que les filles de mon âge. Pourtant, une fois derrière un piano, ou une guitare à la main, je forçais le respect de mes camarades, et même de mes enseignants. C'était encore le cas aujourd'hui. Monsieur Helsing avait été très étonné de la manière dont je pouvais m'exprimer avec une guitare, et d'autant plus en prenant connaissance de ma voix. Ce jour-là, il m'avait fait part de son désir de monter un groupe de musique de la maison Ethelred. Bien sûr, j'en étais, et comme chanteuse, et même si pour le moment le projet n'était pas abouti, j'avais assez confiance en le professeur de dragonologie pour arriver à ses fins d'une manière ou d'une autre.
Mais ce n'était pas pour m'entraîner à chanter dans un groupe qui n'existait pas que j'étais ici cette nuit, mais bel et bien pour me détendre et penser à autre chose. Pour le coup, c'était raté. Toutefois ce n'était pas une raison pour que cette rencontre ne soit pas des plus intéressantes. Je l'écoutais donc avec attention alors que je le voyais, un brin solennel, s'installer derrière le piano. Des pianistes complaisants ? Pourquoi n'étais-je pas étonnée ?
Je ne connaissais évidemment pas tous les élèves de l'université, mais j'en savais assez pour deviner que beaucoup ici pensaient avoir inventé l'eau chaude. Et en musique, je me trouvais bien désemparée face à des personnes pensant qu'ils avaient tout appris et qu'ils n'avaient plus rien à acquérir… qu'ils étaient les meilleurs en somme. Il y avait toujours moyen de faire mieux, de s'améliorer en quelque chose. En cela, j'étais étonnée de la manière de jouer de monsieur Wakefield. Même si le tout restait mélodieux et agréable, il y avait un je ne sais quoi qui me paraissait faux, fardé.
- Si je puis me permettre de vous donner mon avis, il n'y a pas que les pianistes qui aiment à masquer leurs imperfections derrière une sourdine, quel qu'elle soit.
M'avançant de quelques pas, je venais à mon tour poser une main délicate sur le piano tout, observant les longs doigts du musicien sans commenter, car je n'étais pas étonnée. Tous les grands pianistes avaient cette caractéristique aux mains, comme si les nombreuses heures à pratiquer les avaient allongés de manière exagérée. L'image du pianiste et de la sourdine était une réalité pour beaucoup de gens, et pas uniquement en musique. J'étais la première à en abuser, cachée derrière ma timidité. Pourtant, il suffisait d'un élément déclencheur pour me faire exploser, comme si la partition passait d'un piano à un forte soudain et inattendu.
- Rachmaninov ? Un grand classique. Cela dit, je serai heureuse de connaître vos variations.
Des Mozart, Beethoven, Chopin et autre Rachmaninov, j'en avais bouffé durant mes années de conservatoire, et même encore après comme autodidacte. Ils me sortaient par les yeux aujourd'hui à vrai dire, même si je ne démentais aucunement leurs talents et les œuvres d'art qu'ils avaient créés. Mais j'avais atteint ce niveau où je préférais m'amuser à l'improvisation, à mes propres airs, mes propres compositions. Voilà pourquoi je m'intéressais davantage à la version Wakefield.
Le visage de l'homme devint solaire lorsque je lui révélais la véritable raison de ma venue en ces lieux. Immédiatement, je le regrettais, néanmoins, je fus surprise qu'il ne m'invite pas sur le champ à donner de la voix. Haussant un sourcil, la tête légèrement penchée sur le côté, je répondais avec une légère hésitation.
- L'acoustique est aussi particulièrement intéressante.
Aucune autre salle n'avait été à ce point conçu dans l'université pour raisonner de la sorte. Les murs, le plafond et jusqu'aux portes, tout avait été pensé pour que les notes puissent ici vibrer et donner tous leurs éclats. J'ignorais dans le fond si c'était pour cette raison précise que j'étais venue cette nuit ici, j'en doutais, malgré ma sensibilité, et au fond, je n'avais pas envie de chercher. J'étais là. À écouter mon supérieur me chanter une mélodie bien apaisante de sa voix grave. J'appréciais particulièrement ce timbre de voix. La sienne me rappelait celle de mon père, qui appréciait à me bercer lorsque j'étais enfant, et malade. À chaque fois si détendue, je m'endormais inévitablement.
Et ce fut ce qui arriva à l'instant. Je me sentais plus tranquille aux explications du rouquin, ce qui me permit de sourire, sincèrement cette fois.
- Charmante, je ne la connaissais pas. Les miennes sont plus… improvisées… Un peu comme mon goût au piano. Trop de Rachmaninov tue Rachmaninov, et il en va de même pour tous les autres.
Mon regard fut quelque peu pétillant à ces mots. Je n'étais toujours pas hautaine, mais très clairement, je démontrais au grand homme devant moi que je cachais un savoir peut-être plus poussé qu'il n'y paraissait. Toutefois, je ne me mouillais pas, je ne lui montrais pas en faisant glisser mes mains sur le clavier du piano, et je ne me risquais pas encore à faire vibrer mes cordes vocales. Peut-être était-ce devenu un jeu pour moi, de le faire languir de la sorte. Peut-être arriverai-je à m'en sortir ce soir sans lui montrer mes secrets, mais sans doute allais-je passer à côté de quelque chose. Je ne devais pas pousser la petite sournoiserie trop loin. Quoiqu'il en soit, il ne pouvait pas prétendre que, comme ses pianistes, je m'endormais sur mes lauriers et que j'étais complaisante. Je poussais à l'extrême le fait que je ne me ventais pas des dons musicaux que je possédais.
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Re: sonate au clair de lune + abigail [Terminé]
Mer 5 Déc 2018 - 0:36
Sonate au clair de lune
Abigail + Evan
« Nobody knows, nobody knows; And I was dancing in the rain I felt alive and I can't complain. »
- Si je puis me permettre de vous donner mon avis, il n'y a pas que les pianistes qui aiment à masquer leurs imperfections derrière une sourdine, quel qu'elle soit.
Evan glissa un oeil interrogateur vers l'étudiante, qui semblait avoir retrouvé à la fois sa langue et son courage. Elle n'avait pas tort, et le professeur n'était pas en reste en la matière. Sa carrière en musique ne lui avait-elle pas servi de sourdine, à l'époque? À la fois passion dévorant son être à petit feu, mais aussi éteignoir de toute la gloire dont son père espérait le couvrir. La gloire, il n'en avait jamais voulu - il s'était contenté d'être excellent et humble, virtuose et discret, d'une simplicité et d'une ambiguïté que son paternel n'avait jamais comprises. « Mettre ses imperfections à nu n'est certainement pas donné à tous, ni même souhaitable - je suis le premier à admettre que je n'ai pas ce genre de courage. » Courage, oui, car c'était ce qu'il fallait pour être réellement authentique dans un monde qui tentait de vous convaincre que vous ne seriez jamais assez. Il se reprit. « Pas totalement, à tout le moins. Qui serais-je donc pour juger de ceux qui utilisent sourdines et artifices dans leur vie, quelles qu'elles soient? » Le professeur laissa sa question en suspens, et un sourire sardonique vint étirer ses traits. « Ils ont droit à toutes les sourdines qu'ils veulent ... Sauf dans ma salle de classe. »
Il sourcilla lorsqu'il entendit le jugement de la jeune femme, qui traduisait quelqu'un qui avait passé un certain temps à s'exercer - ou à tout le moins à écouter les classiques. Faisait-elle partie de ces étudiants qui avaient sacrifié leur intérêt pour l'art au profit des matières magiques? Les fameuses. Celles qui permettaient d'avoir un avenir, entendait-il encore son père dire, le sermonnant d'avoir choisi le cours de musique en option. Evan la jaugea du regard. Véritablement, quelle nuit intéressante s'annonçait à lui. Il y avait longtemps que la curiosité du professeur n'avait pas été ainsi piquée par un membre du corps étudiant de l'université.
- L'acoustique est aussi particulièrement intéressante.
Elle n'aurait su mieux dire, et pas uniquement pour des raisons architecturales. Ce qui était particulièrement fascinant de cette pièce, Evan l'avait réalisé dans le cadre d'un projet de septième année sous la tutelle de son professeur de potions, c'était l'impact de la densité de l'air sur la diffusion du son - retardataire, me diriez-vous, puisque les moldus connaissaient depuis longtemps cette propriété, mais le monde magique étudiait bien peu les propriétés magiques de ce qui se rapportait à la musique. Encadré par le maître des potions, il avait pu modifier la chimie de la salle de musique et affecter l'humidité ambiante de la salle - ce qui avait donné lieu à de curieux incidents qui n'avaient jamais été retracés jusqu'à l'étudiant à la crinière de feu, qui était assidûment aller visiter ses collègues musiciens à l'infirmerie lorsqu'ils avaient glissé sur une flaque d'eau inattendue dans la salle de classe ... Mais le jeune homme était parvenu à contrôler la densité de l'air, ce qu'il faisait encore aujourd'hui selon la pièce à jouer, l'air sec absorbant davantage l'énergie acoustique.
Cette précision et cette rigueur qui le caractérisaient n'étaient connues que de peu de gens le côtoyant, dissimulées qu'elles étaient derrière l'attitude courtoise et éclatante du musicien. Malgré les fioritures gestuelles que l'Écossais se permettait, ses mouvements avaient toujours été caractérisés par une grande économie, une netteté du geste clair. Trop de Rachmaninov tue le Rachmaninov Le professeur haussa un sourcil bien haut. « Si nous sommes tous assis sur les épaules de géants, certains voyaient plus loin que d'autres - et notre cher compositeur russe n'était pas en reste. » Son expression se radoucit. « Je ne croyais pas avoir affaire à une initiée - généralement, ils sont dans mes cours », continua-t-il avec un air entendu. Non pas qu'il s'attribuait autant de crédit, mais il était vrai que beaucoup d'étudiants peuplaient sa salle de classe, un écosystème qui le réjouissait. « Vous aviez mentionné être intéressée par mes variations. Aimeriez-vous écouter un nouveau morceau? » Baissant le ton, il adopta une fois de plus un ton chuchotant. « Vos oreilles seront les premières à l'entendre - hormis les miennes, mais les vôtres semblent plus fines puisque trop exposées aux grands compositeurs ». Ç'aurait pu être une pique, et ce n'en était pas une, le ton affable et courtois du professeur rieur traduisant efficacement son humeur. L'étudiante acquiesça - peut-être croyait-elle qu'il avait oublié le but de sa visite, mais le musicien n'était plus endormi et interagissait si rarement avec des étudiants qui n'étaient pas les siens qu'il pouvait bien permettre d'attendre. Après tout, n'était-ce pas elle qui l'avait tiré des bras du sommeil avec fracas? Il s'installa à nouveau derrière le piano, et posa tranquillement ses mains sur les touches blanches et noires, avec dans le maintien une saveur qui n'avait pas transparu de sa courte démonstration préalable. Le pianiste ne tentait pas sciemment de commettre une maladresse en guise de démonstration, cette fois. Il ferma à moitié les yeux, courbant l'échine vers son instrument, tandis que les premières notes délicates se faisaient entendre - des sons qui auraient pu paraître joyeux, au toucher léger du professeur, mais une telle mélancolie se dégageait de la mélodie que personne n'aurait pu se méprendre au sujet du musicien, cet homme vif argent tirant une telle tristesse du piano, teintée de légèreté malgré tout.
Evan glissa un oeil interrogateur vers l'étudiante, qui semblait avoir retrouvé à la fois sa langue et son courage. Elle n'avait pas tort, et le professeur n'était pas en reste en la matière. Sa carrière en musique ne lui avait-elle pas servi de sourdine, à l'époque? À la fois passion dévorant son être à petit feu, mais aussi éteignoir de toute la gloire dont son père espérait le couvrir. La gloire, il n'en avait jamais voulu - il s'était contenté d'être excellent et humble, virtuose et discret, d'une simplicité et d'une ambiguïté que son paternel n'avait jamais comprises. « Mettre ses imperfections à nu n'est certainement pas donné à tous, ni même souhaitable - je suis le premier à admettre que je n'ai pas ce genre de courage. » Courage, oui, car c'était ce qu'il fallait pour être réellement authentique dans un monde qui tentait de vous convaincre que vous ne seriez jamais assez. Il se reprit. « Pas totalement, à tout le moins. Qui serais-je donc pour juger de ceux qui utilisent sourdines et artifices dans leur vie, quelles qu'elles soient? » Le professeur laissa sa question en suspens, et un sourire sardonique vint étirer ses traits. « Ils ont droit à toutes les sourdines qu'ils veulent ... Sauf dans ma salle de classe. »
Il sourcilla lorsqu'il entendit le jugement de la jeune femme, qui traduisait quelqu'un qui avait passé un certain temps à s'exercer - ou à tout le moins à écouter les classiques. Faisait-elle partie de ces étudiants qui avaient sacrifié leur intérêt pour l'art au profit des matières magiques? Les fameuses. Celles qui permettaient d'avoir un avenir, entendait-il encore son père dire, le sermonnant d'avoir choisi le cours de musique en option. Evan la jaugea du regard. Véritablement, quelle nuit intéressante s'annonçait à lui. Il y avait longtemps que la curiosité du professeur n'avait pas été ainsi piquée par un membre du corps étudiant de l'université.
- L'acoustique est aussi particulièrement intéressante.
Elle n'aurait su mieux dire, et pas uniquement pour des raisons architecturales. Ce qui était particulièrement fascinant de cette pièce, Evan l'avait réalisé dans le cadre d'un projet de septième année sous la tutelle de son professeur de potions, c'était l'impact de la densité de l'air sur la diffusion du son - retardataire, me diriez-vous, puisque les moldus connaissaient depuis longtemps cette propriété, mais le monde magique étudiait bien peu les propriétés magiques de ce qui se rapportait à la musique. Encadré par le maître des potions, il avait pu modifier la chimie de la salle de musique et affecter l'humidité ambiante de la salle - ce qui avait donné lieu à de curieux incidents qui n'avaient jamais été retracés jusqu'à l'étudiant à la crinière de feu, qui était assidûment aller visiter ses collègues musiciens à l'infirmerie lorsqu'ils avaient glissé sur une flaque d'eau inattendue dans la salle de classe ... Mais le jeune homme était parvenu à contrôler la densité de l'air, ce qu'il faisait encore aujourd'hui selon la pièce à jouer, l'air sec absorbant davantage l'énergie acoustique.
Cette précision et cette rigueur qui le caractérisaient n'étaient connues que de peu de gens le côtoyant, dissimulées qu'elles étaient derrière l'attitude courtoise et éclatante du musicien. Malgré les fioritures gestuelles que l'Écossais se permettait, ses mouvements avaient toujours été caractérisés par une grande économie, une netteté du geste clair. Trop de Rachmaninov tue le Rachmaninov Le professeur haussa un sourcil bien haut. « Si nous sommes tous assis sur les épaules de géants, certains voyaient plus loin que d'autres - et notre cher compositeur russe n'était pas en reste. » Son expression se radoucit. « Je ne croyais pas avoir affaire à une initiée - généralement, ils sont dans mes cours », continua-t-il avec un air entendu. Non pas qu'il s'attribuait autant de crédit, mais il était vrai que beaucoup d'étudiants peuplaient sa salle de classe, un écosystème qui le réjouissait. « Vous aviez mentionné être intéressée par mes variations. Aimeriez-vous écouter un nouveau morceau? » Baissant le ton, il adopta une fois de plus un ton chuchotant. « Vos oreilles seront les premières à l'entendre - hormis les miennes, mais les vôtres semblent plus fines puisque trop exposées aux grands compositeurs ». Ç'aurait pu être une pique, et ce n'en était pas une, le ton affable et courtois du professeur rieur traduisant efficacement son humeur. L'étudiante acquiesça - peut-être croyait-elle qu'il avait oublié le but de sa visite, mais le musicien n'était plus endormi et interagissait si rarement avec des étudiants qui n'étaient pas les siens qu'il pouvait bien permettre d'attendre. Après tout, n'était-ce pas elle qui l'avait tiré des bras du sommeil avec fracas? Il s'installa à nouveau derrière le piano, et posa tranquillement ses mains sur les touches blanches et noires, avec dans le maintien une saveur qui n'avait pas transparu de sa courte démonstration préalable. Le pianiste ne tentait pas sciemment de commettre une maladresse en guise de démonstration, cette fois. Il ferma à moitié les yeux, courbant l'échine vers son instrument, tandis que les premières notes délicates se faisaient entendre - des sons qui auraient pu paraître joyeux, au toucher léger du professeur, mais une telle mélancolie se dégageait de la mélodie que personne n'aurait pu se méprendre au sujet du musicien, cet homme vif argent tirant une telle tristesse du piano, teintée de légèreté malgré tout.
(c) DΛNDELION
- InvitéInvité
Re: sonate au clair de lune + abigail [Terminé]
Mer 5 Déc 2018 - 20:25
Je considérais un instant mon professeur en écoutant ses paroles, que je me permettais de trouver sages. D’une nature douce et naïve je n’étais pas le genre de personne qui jugeait mal ceux qui m’entouraient, ma remarque n’allait pas dans ce sens là. Néanmoins, ce qui me fit davantage écho, c’était la forme de courage qu’invoquait monsieur Wakefield en parlant des imperfections de chacun. Était-ce souhaitable ? Il avait raison, sans doute fallait-il faire preuve de prudence. C’était l’instinct de survie qui dictait cette prudence par ailleurs, tout du moins, c’était le cas pour moi. Si je restais dans l’ombre et discrète, plein de ma petitesse et de ma fragilité, c’était clairement pour ne pas qu’on me fasse du mal, c’était une peur, que mon trop grand amour de la vie me soufflait, ce qui me rendait prudente, timide et réservée. Toutefois, j’avais su me dévoiler à plusieurs personnes, surtout cette année, et ça m’avait été bénéfique. Se montrer tel que nous sommes était donc recommandé, mais il fallait le faire aux côtés de ceux qui sont dignes de confiance. Par chance, je n’avais pas encore connu la trahison, mais peut-être qu’un jour cela m’arrivera. Comme tout à chacun. À m’être trop préservée du monde extérieur, j’en avais raté bien des chapitres, que je découvrais 10 ou 15 ans trop tard. L’amour en était de ceux-ci.
Penchant un peu la tête pour réfléchir, je regardais l’homme devant moi de mes petites prunelles brune. Si la méfiance y était toujours visible, car ce n’était pas certain qu’elle s’envole totalement avec mon caractère, la peur avait fait place à une certaine forme d’amusement et de curiosité. Cette vivacité profonde qui m’animait et que je m’appliquais si bien à garder cachée. Mais entourée de ce qui pouvait toucher à la musique, ça m’était bien plus difficile que sur les bancs de l’université. Un fin sourire s’afficha sur mon visage, aussi timide que je l’étais vraiment.
- Dois-je comprendre que je dois retirer ma propre sourdine ?
Je n’étais pas on élève, mais il avait précisé « dans sa salle de classe ». Et même si je n’étais pas sous les ordres de l’enseignant devant moi, en dehors de la hiérarchie qui s’imposait d’un professeur à son élève, j’étais dans la salle où je me devais davantage le respecter et lui obéir. Car nous étions « dans sa salle de classe ».
Voilà sans doute un défi que je lançais là, mais après tout, j’étais devenue ainsi depuis le mois de juin. J’essayais de me faire violence, sans cesse, et d’essayer de sortir de mes zones de confort. Même si l’entrée de cet homme dans ma vie avait été pour le moins fracassante, je continuais à rester persuadée qu’elle n’en était pas moins intéressante, si ce n’était pas importante. Car l’idée qui germait dans mon esprit ne cessait de croître de minute en minute.
Alors, à ma remarque concernant Rachmaninov et l’acoustique de la salle, je gardais la tête penchée sur le côté, et mes lèvres s’étirèrent un peu plus, marquant davantage ce sourire timide déjà présent. Je me permettais même de croiser les bras dans une allure se voulant presque nonchalante. Mon esprit restait néanmoins très alerte. J’observais mon interlocuteur, remarquant bien les œillades aussi dubitatives qu’intriguées qu’il me lançait. Commencerais-je à l’intriguer ? J’appréciais faire ce genre d’effet chez les gens, car à chaque fois je remarquais à quel point il était effarant de s’arrêter au premier coup d’œil. L’habit ne faisait pas le moine comme disait le dicton. Sterenn en était l’exemple parfait, et il était vrai que depuis que je la connaissais, je m’arrêtais encore moins sur l’allure d’autrui. Nous n’étions pas forcément ce que nous voulions faire croire. Ça aussi, c’était une forme de sourdine.
Enfin, à ses dernières remarques, je me permettais de sourire tout à fait en redressant légèrement la tête. J’acceptais avec une évidente curiosité d’écouter sa propre composition et je le laissais s’installer tout en apportant des éléments de précisions.
- Que Merlin m’épargne, je ne remets pas en doute les talents de quiconque, bien au contraire. Initiée, je le suis, mais pas infaillible, loin de là.
Je m’autorisais un petit haussement d’épaule tout en me rapprochant une nouvelle fois du piano. Une nouvelle fois, je démontrais que j’étais curieuse et de loin pas prétentieuse.
- Seulement… aujourd’hui, je préfère à m’aventurer moi-même à l’écriture plutôt que de revoir des classiques que je connais sur le bout des doigts. Mais peut-être que je me trompe.
Revoir ses classiques, c’était une règle de vie, je ne le savais que trop bien en dragonologie, et elle était la même en musique. Seulement, tourner autour des bases ne faisait pas avancer. Aujourd’hui, je préférais me faire violence et découvrir de nouvelles choses. Encore une fois, ce n’était que mon humble point de vue, et je me contentais d’un sourire aimable à la remarque humoristique de l’enseignant. J’aurai pu mal le prendre, mais il m’en fallait bien plus pour me vexer. Mon regard traduisait à quel point il s’avançait sur moi, avec cet air aussi décontenancé qu’effrayé, à nouveau. M’avancer à dire que j’avais une oreille très fine n’était pas si faux, mais pas au point de prétendre quelconque commentaire concernant la variation de monsieur Wakefield.
C’est donc dans un silence respectueux et religieux que j’écoutais la mélodie, non sans une pointe de satisfaction. Car en effet cette fois-ci je n’entendais plus les maladresses surprenantes que j’avais cru deviner un peu plus tôt. Voilà donc le niveau de celui qui était devant moi, et mon respect n’en était que d’autant plus renforcé. Bien sûr, je n’étais nullement étonnée, les professeurs d’Hungcalf n’étaient pas engagés n’importe comment, tous étaient extrêmement doués dans leurs matières enseignantes, monsieur Helsing en était le meilleur exemple à mes yeux.
Sensible à la mélodie, et à ce qui s’en dégageait, je me permettais de fermer légèrement mes paupières lorsque je remarquais que le musicien en avait fait de même. Je me retrouvais un peu en écho à ses notes. Car d’une personne joyeuse, certes discrète, je savais dégager toute la mélancolie et toute la puissance qui pouvait se déchaîner en moi. En jouant de la musique ou en étant en compagnie des dragons, je ne faisais plus semblant, je m’exposais comme j’étais vraiment. Et c’était à mon sens le plus grand défi du musicien, s’exposer, et faire ressentir toutes les émotions qui se dégageaient. Je n’étais pas étonnée qu’un homme de sa trempe y arrive, et sans doute bien mieux que moi.
Dès lors que je devinais la fin de la partition, je rouvrais les paupières pour fixer, non sans être un brin admirative, l’enseignant devant moi.
- C’était magnifique professeur. Je serai bien prétentieuse de donner un tout autre avis. Qui plus est, je n’en ai pas.
J’étais sincère, et j’avais été touchée, ça se voyait. J’avais apprécié la touche Wakenfield dans cette variation, c’était une évidence. Il ne fallait pas grand-chose pour apporter sa propre touche dans un morceau déjà visité et revisité maintes et maintes fois. Moi qui aimais composer, je savais de quoi il en découlait, mais la tache était souvent plus ardue qu’il n’y paraissait. Voilà pourquoi je ne me permettais aucun commentaire, j’avais conscience du travail colossal qu’il y avait derrière.
- Puis-je vous demander quel est votre parcours ?
Un tel talent était inné, c’était une évidence, mais il y avait du travail. Beaucoup de travail. Et si je désirai m’aventurer de manière plus appliquée dans la musique, avoir des adresses ou des noms, ça pouvait m’être utile.
Penchant un peu la tête pour réfléchir, je regardais l’homme devant moi de mes petites prunelles brune. Si la méfiance y était toujours visible, car ce n’était pas certain qu’elle s’envole totalement avec mon caractère, la peur avait fait place à une certaine forme d’amusement et de curiosité. Cette vivacité profonde qui m’animait et que je m’appliquais si bien à garder cachée. Mais entourée de ce qui pouvait toucher à la musique, ça m’était bien plus difficile que sur les bancs de l’université. Un fin sourire s’afficha sur mon visage, aussi timide que je l’étais vraiment.
- Dois-je comprendre que je dois retirer ma propre sourdine ?
Je n’étais pas on élève, mais il avait précisé « dans sa salle de classe ». Et même si je n’étais pas sous les ordres de l’enseignant devant moi, en dehors de la hiérarchie qui s’imposait d’un professeur à son élève, j’étais dans la salle où je me devais davantage le respecter et lui obéir. Car nous étions « dans sa salle de classe ».
Voilà sans doute un défi que je lançais là, mais après tout, j’étais devenue ainsi depuis le mois de juin. J’essayais de me faire violence, sans cesse, et d’essayer de sortir de mes zones de confort. Même si l’entrée de cet homme dans ma vie avait été pour le moins fracassante, je continuais à rester persuadée qu’elle n’en était pas moins intéressante, si ce n’était pas importante. Car l’idée qui germait dans mon esprit ne cessait de croître de minute en minute.
Alors, à ma remarque concernant Rachmaninov et l’acoustique de la salle, je gardais la tête penchée sur le côté, et mes lèvres s’étirèrent un peu plus, marquant davantage ce sourire timide déjà présent. Je me permettais même de croiser les bras dans une allure se voulant presque nonchalante. Mon esprit restait néanmoins très alerte. J’observais mon interlocuteur, remarquant bien les œillades aussi dubitatives qu’intriguées qu’il me lançait. Commencerais-je à l’intriguer ? J’appréciais faire ce genre d’effet chez les gens, car à chaque fois je remarquais à quel point il était effarant de s’arrêter au premier coup d’œil. L’habit ne faisait pas le moine comme disait le dicton. Sterenn en était l’exemple parfait, et il était vrai que depuis que je la connaissais, je m’arrêtais encore moins sur l’allure d’autrui. Nous n’étions pas forcément ce que nous voulions faire croire. Ça aussi, c’était une forme de sourdine.
Enfin, à ses dernières remarques, je me permettais de sourire tout à fait en redressant légèrement la tête. J’acceptais avec une évidente curiosité d’écouter sa propre composition et je le laissais s’installer tout en apportant des éléments de précisions.
- Que Merlin m’épargne, je ne remets pas en doute les talents de quiconque, bien au contraire. Initiée, je le suis, mais pas infaillible, loin de là.
Je m’autorisais un petit haussement d’épaule tout en me rapprochant une nouvelle fois du piano. Une nouvelle fois, je démontrais que j’étais curieuse et de loin pas prétentieuse.
- Seulement… aujourd’hui, je préfère à m’aventurer moi-même à l’écriture plutôt que de revoir des classiques que je connais sur le bout des doigts. Mais peut-être que je me trompe.
Revoir ses classiques, c’était une règle de vie, je ne le savais que trop bien en dragonologie, et elle était la même en musique. Seulement, tourner autour des bases ne faisait pas avancer. Aujourd’hui, je préférais me faire violence et découvrir de nouvelles choses. Encore une fois, ce n’était que mon humble point de vue, et je me contentais d’un sourire aimable à la remarque humoristique de l’enseignant. J’aurai pu mal le prendre, mais il m’en fallait bien plus pour me vexer. Mon regard traduisait à quel point il s’avançait sur moi, avec cet air aussi décontenancé qu’effrayé, à nouveau. M’avancer à dire que j’avais une oreille très fine n’était pas si faux, mais pas au point de prétendre quelconque commentaire concernant la variation de monsieur Wakefield.
C’est donc dans un silence respectueux et religieux que j’écoutais la mélodie, non sans une pointe de satisfaction. Car en effet cette fois-ci je n’entendais plus les maladresses surprenantes que j’avais cru deviner un peu plus tôt. Voilà donc le niveau de celui qui était devant moi, et mon respect n’en était que d’autant plus renforcé. Bien sûr, je n’étais nullement étonnée, les professeurs d’Hungcalf n’étaient pas engagés n’importe comment, tous étaient extrêmement doués dans leurs matières enseignantes, monsieur Helsing en était le meilleur exemple à mes yeux.
Sensible à la mélodie, et à ce qui s’en dégageait, je me permettais de fermer légèrement mes paupières lorsque je remarquais que le musicien en avait fait de même. Je me retrouvais un peu en écho à ses notes. Car d’une personne joyeuse, certes discrète, je savais dégager toute la mélancolie et toute la puissance qui pouvait se déchaîner en moi. En jouant de la musique ou en étant en compagnie des dragons, je ne faisais plus semblant, je m’exposais comme j’étais vraiment. Et c’était à mon sens le plus grand défi du musicien, s’exposer, et faire ressentir toutes les émotions qui se dégageaient. Je n’étais pas étonnée qu’un homme de sa trempe y arrive, et sans doute bien mieux que moi.
Dès lors que je devinais la fin de la partition, je rouvrais les paupières pour fixer, non sans être un brin admirative, l’enseignant devant moi.
- C’était magnifique professeur. Je serai bien prétentieuse de donner un tout autre avis. Qui plus est, je n’en ai pas.
J’étais sincère, et j’avais été touchée, ça se voyait. J’avais apprécié la touche Wakenfield dans cette variation, c’était une évidence. Il ne fallait pas grand-chose pour apporter sa propre touche dans un morceau déjà visité et revisité maintes et maintes fois. Moi qui aimais composer, je savais de quoi il en découlait, mais la tache était souvent plus ardue qu’il n’y paraissait. Voilà pourquoi je ne me permettais aucun commentaire, j’avais conscience du travail colossal qu’il y avait derrière.
- Puis-je vous demander quel est votre parcours ?
Un tel talent était inné, c’était une évidence, mais il y avait du travail. Beaucoup de travail. Et si je désirai m’aventurer de manière plus appliquée dans la musique, avoir des adresses ou des noms, ça pouvait m’être utile.
- InvitéInvité
Re: sonate au clair de lune + abigail [Terminé]
Jeu 6 Déc 2018 - 23:08
Sonate au clair de lune
Abigail + Evan
« Nobody knows, nobody knows; And I was dancing in the rain I felt alive and I can't complain. »
Dois-je comprendre que je dois retirer ma propre sourdine ?
Il glissa un regard entendu à l'étudiante, la même lueur amusée marquant son visage. Evan voyait que la jeune femme avait compris son sous-entendu, mais il choisit tout de même de l'appuyer. « N'êtes-vous pas dans ma salle de classe? » D'aucuns auraient pu douter de lui s'il avait avoué arborer plusieurs masques, lui aussi - ces artifices surprenants dont la carapace n'était ceinte ni de cynisme, ni de sarcasme, mais bien de lumière. Éclatant, il se précipitait sur la vie, sur les autres - qui ne seraient pas prêts à le gérer. Il ne serait plus jamais géré par quiconque, Evan se l'était promis, qu'il ne marcherait jamais au pas. Par son extravagance calculée, appuyée d'un caractère réellement rieur et affable, il portait la déstabilisation qu'il pouvait provoquer chez autrui comme un blason d'honneur. Certes, cette tendance lui avait attiré ennuis amoureux et relationnels de tous genres, mais elle lui avait également permis de faire des rencontres agréables et de tisser des liens durables avec certains. N'était-ce pas dans un contexte semblable de quasi imposition de sa personnalité forte qu'il avait rencontré Aedan, qui était rapidement devenu comme un petit frère pour le sorcier auxquels les liens de semblance familiale avaient si cruellement manqué?
Abigail s'était elle aussi laissée aller à l'écoute de la musique - Evan avait senti sa présence davantage qu'il ne l'avait vue, appréciant la saveur que prenait l'atmosphère de la salle lorsque, jointes par une mélodie, des âmes s'arrêtaient le temps d'une chanson. Toucher autrui de sa musique, c'était le plus beau don qu'un musicien pouvait espérer avoir, et Evan ne se lasserait jamais de l'effet que ses doigts sur un clavier pouvait provoquer chez ceux qui l'écoutaient. Il accepta les commentaires de la jeune femme d'un hochement humble de la tête, car s'il ne souffrait certainement pas de fausse modestie et avait été accusé d'arrogance plus d'une fois, le sorcier n'avait toutefois jamais très bien géré les compliments.
- Puis-je vous demander quel est votre parcours ?
Evan pivota de sur son siège, faisant face à son interlocutrice. Même assis, sa stature s'imposait face à la silhouette menue qui se tenait près de lui - un trait qu'il avait détesté à l'adolescence mais qui était devenu utile avec le temps. Son air sérieux souligné par un sourcil légèrement haussé, il prit une fois de plus un air de confidence, sa voix profonde modulée en riches variations expressives. « Je n'ai pas le parcours typique du musicien primé, et il est fort éloigné de celui de mon prédécesseur. » Le regard distant, il se remémorait ses premiers balbutiements en tant que pianiste. « Personne ne m'a fait suivre de cours de musique, ni inscrit au conservatoire ou quoi que ce soit du genre. Mais nous avions un piano, dans notre maison des Highlands, et ma mère en jouait. Rien de bien complexe », fit-il remarquer à la jeune femme, souriant en se remémorant la sorcière à la crinière dorée, riant et l'invitant à caresser les touches avec elle. « Mais elle avait un rare talent, celui de traduire son tempérament pétillant dans les petites pièces qu'elle interprétait. C'est une faculté qui manque à nombre de musiciens qui, ayant mémorisé leur partition et maîtrisé leurs techniques, ne laissent pas transparaître leur âme lorsqu'ils jouent. » Il laissa un petit silence s'écouler, comme si la présence de sa défunte mère lui souriait encore aujourd'hui. « En la matière, elle a été mon premier mentor, la première à me faire saisir cette nuance cruciale de l'émotion dans la musique. » Evan sourit, non pas du sourire tantôt rieur, tantôt amusé qui étirair généralement son visage, mais plutôt teinté de la mélancolie caractéristique des anciennes blessures qui s'étaient peu à peu cautérisées avec le temps.
Haussant des épaules, il admit : « Je pourrais dire que j'étais un enfant prodige, et certains ont postulé que je l'étais, en la matière. Mais je n'aurais jamais pu me rendre où j'en suis aujourd'hui sans la pratique obstinée dont j'ai fait preuve ... Plutôt tard, en fait. Adolescent, le piano n'était pour moi qu'un passe-temps, et j'ai touché à plusieurs autres instruments avant de revenir à mon premier amour. Guitare, bodhran, un peu de violon ... Rien ne se compare au piano, pour moi, la sensation de faire corps avec mon instrument ... Mais je m'emporte. » Se reprenant, il continua : « Je complétais le parcours de forces publiques ici chez les Ethelred (on m'avait toujours prédit que j'irais rejoindre les Wright, mais il ne faut pas juger un livre selon sa page de couverture, après tout), et à la fin de ma septième année, j'ai eu la chance d'être découvert, en quelque sorte, par Kaitlyn Vinter, une danseuse étoile moldue. » Peut-être Abigail connaissait-elle Fauve, sa fille, qui étudiait également à Hungcalf. Evan ne fit toutefois pas mention de la danseuse, revenant à son récit. « J'ai passé l'été avec elle, en tant que pianiste de répétition. Elle m'a proposé de la suivre en tournée - et j'ai abandonné mes études, mon parcours, ma carrière qui seyait davantage aux ambitions de mon père qu'à mes propres souhaits, et je n'ai jamais complété mon DÉFIS. » Il rit, se remémorant la réaction de son enseignante de métamorphose lorsqu'il lui avait annoncé. « Je me suis légèrement fait sermonner par mon enseignante de métamorphose - il ne me restait qu'un an à faire dans cette matière, j'avais pris de l'avance. Mais à quoi sert un morceau de papier dont on ne souhaite pas se servir? Bref. J'ai passé les prochaines cinq années aux côtés de Kaitlyn, qui était au centre d'un réseau d'artistes plutôt impressionnant. J'ai rencontré de nombreux musiciens bien plus talentueux que moi, qui m'ont énormément appris. Certains, à travers des discussions philosophiques sur la nature de la musique et de la place relative à accorder aux émotions par rapport à la technique. Certains m'ont pris sous leur aile pendant de plus longues périodes, au gré des allées et venues de notre troupe. » Evan ajusta le col de sa chemise. « J'ai passé quelques années à me produire avec l'orchestre philharmonique de Vienne, qui avait cela de particulier qu'il était autogéré. Sans chef permanent, les musiciens avaient leur propre code de conduite - ce qui concernait fort bien à mon propre tempérament. Le pianiste dont j'étais le second, l'étudiant, m'a énormément appris. Ce qui a le plus caractérisé mon parcours, au final, c'est la diversité des professeurs que j'ai eus. Chacun à leur manière, ils ont laissé leur marque sur mon style, en me permettant de le raffiner. » Il toussota légèrement - les mots lui échappaient parfois, non pas en manquant à l'appel mais en se précipitant lorsqu'il souhaitait partager. Il était fier de son parcours, du courage qu'il avait eu, de rompre avec les attentes, les diktats de la société de sang pur, pour se réaliser dans la musique qui le faisait vibrer. Il espérait pouvoir en inspirer d'autres. Evan rit, jetant un œil à son fidèle piano, et ajouta : « clairement, moi non plus je n'ai pas droit à la sourdine. Avec autant de détails, vous pourrez rédiger ma biographie. » De nouveau sérieux, le visage expressif du professeur suivant sa nature changeante, il regarda l'étudiante. « Et vous, miss Dowell? Le chant - passion ou projet? » Son air décontracté avait peut-etre laissé croire à la jeune femme qu'il avait oublié la raison de sa venue, occupé qu'il était à déblatérer au sujet de son parcours, mais le professeur n'avait que laissé derrière la question de la venue de l'étudiante, et sa curiosité teintée d'amusement reprenait ses droits sur son attention.
Il glissa un regard entendu à l'étudiante, la même lueur amusée marquant son visage. Evan voyait que la jeune femme avait compris son sous-entendu, mais il choisit tout de même de l'appuyer. « N'êtes-vous pas dans ma salle de classe? » D'aucuns auraient pu douter de lui s'il avait avoué arborer plusieurs masques, lui aussi - ces artifices surprenants dont la carapace n'était ceinte ni de cynisme, ni de sarcasme, mais bien de lumière. Éclatant, il se précipitait sur la vie, sur les autres - qui ne seraient pas prêts à le gérer. Il ne serait plus jamais géré par quiconque, Evan se l'était promis, qu'il ne marcherait jamais au pas. Par son extravagance calculée, appuyée d'un caractère réellement rieur et affable, il portait la déstabilisation qu'il pouvait provoquer chez autrui comme un blason d'honneur. Certes, cette tendance lui avait attiré ennuis amoureux et relationnels de tous genres, mais elle lui avait également permis de faire des rencontres agréables et de tisser des liens durables avec certains. N'était-ce pas dans un contexte semblable de quasi imposition de sa personnalité forte qu'il avait rencontré Aedan, qui était rapidement devenu comme un petit frère pour le sorcier auxquels les liens de semblance familiale avaient si cruellement manqué?
Abigail s'était elle aussi laissée aller à l'écoute de la musique - Evan avait senti sa présence davantage qu'il ne l'avait vue, appréciant la saveur que prenait l'atmosphère de la salle lorsque, jointes par une mélodie, des âmes s'arrêtaient le temps d'une chanson. Toucher autrui de sa musique, c'était le plus beau don qu'un musicien pouvait espérer avoir, et Evan ne se lasserait jamais de l'effet que ses doigts sur un clavier pouvait provoquer chez ceux qui l'écoutaient. Il accepta les commentaires de la jeune femme d'un hochement humble de la tête, car s'il ne souffrait certainement pas de fausse modestie et avait été accusé d'arrogance plus d'une fois, le sorcier n'avait toutefois jamais très bien géré les compliments.
- Puis-je vous demander quel est votre parcours ?
Evan pivota de sur son siège, faisant face à son interlocutrice. Même assis, sa stature s'imposait face à la silhouette menue qui se tenait près de lui - un trait qu'il avait détesté à l'adolescence mais qui était devenu utile avec le temps. Son air sérieux souligné par un sourcil légèrement haussé, il prit une fois de plus un air de confidence, sa voix profonde modulée en riches variations expressives. « Je n'ai pas le parcours typique du musicien primé, et il est fort éloigné de celui de mon prédécesseur. » Le regard distant, il se remémorait ses premiers balbutiements en tant que pianiste. « Personne ne m'a fait suivre de cours de musique, ni inscrit au conservatoire ou quoi que ce soit du genre. Mais nous avions un piano, dans notre maison des Highlands, et ma mère en jouait. Rien de bien complexe », fit-il remarquer à la jeune femme, souriant en se remémorant la sorcière à la crinière dorée, riant et l'invitant à caresser les touches avec elle. « Mais elle avait un rare talent, celui de traduire son tempérament pétillant dans les petites pièces qu'elle interprétait. C'est une faculté qui manque à nombre de musiciens qui, ayant mémorisé leur partition et maîtrisé leurs techniques, ne laissent pas transparaître leur âme lorsqu'ils jouent. » Il laissa un petit silence s'écouler, comme si la présence de sa défunte mère lui souriait encore aujourd'hui. « En la matière, elle a été mon premier mentor, la première à me faire saisir cette nuance cruciale de l'émotion dans la musique. » Evan sourit, non pas du sourire tantôt rieur, tantôt amusé qui étirair généralement son visage, mais plutôt teinté de la mélancolie caractéristique des anciennes blessures qui s'étaient peu à peu cautérisées avec le temps.
Haussant des épaules, il admit : « Je pourrais dire que j'étais un enfant prodige, et certains ont postulé que je l'étais, en la matière. Mais je n'aurais jamais pu me rendre où j'en suis aujourd'hui sans la pratique obstinée dont j'ai fait preuve ... Plutôt tard, en fait. Adolescent, le piano n'était pour moi qu'un passe-temps, et j'ai touché à plusieurs autres instruments avant de revenir à mon premier amour. Guitare, bodhran, un peu de violon ... Rien ne se compare au piano, pour moi, la sensation de faire corps avec mon instrument ... Mais je m'emporte. » Se reprenant, il continua : « Je complétais le parcours de forces publiques ici chez les Ethelred (on m'avait toujours prédit que j'irais rejoindre les Wright, mais il ne faut pas juger un livre selon sa page de couverture, après tout), et à la fin de ma septième année, j'ai eu la chance d'être découvert, en quelque sorte, par Kaitlyn Vinter, une danseuse étoile moldue. » Peut-être Abigail connaissait-elle Fauve, sa fille, qui étudiait également à Hungcalf. Evan ne fit toutefois pas mention de la danseuse, revenant à son récit. « J'ai passé l'été avec elle, en tant que pianiste de répétition. Elle m'a proposé de la suivre en tournée - et j'ai abandonné mes études, mon parcours, ma carrière qui seyait davantage aux ambitions de mon père qu'à mes propres souhaits, et je n'ai jamais complété mon DÉFIS. » Il rit, se remémorant la réaction de son enseignante de métamorphose lorsqu'il lui avait annoncé. « Je me suis légèrement fait sermonner par mon enseignante de métamorphose - il ne me restait qu'un an à faire dans cette matière, j'avais pris de l'avance. Mais à quoi sert un morceau de papier dont on ne souhaite pas se servir? Bref. J'ai passé les prochaines cinq années aux côtés de Kaitlyn, qui était au centre d'un réseau d'artistes plutôt impressionnant. J'ai rencontré de nombreux musiciens bien plus talentueux que moi, qui m'ont énormément appris. Certains, à travers des discussions philosophiques sur la nature de la musique et de la place relative à accorder aux émotions par rapport à la technique. Certains m'ont pris sous leur aile pendant de plus longues périodes, au gré des allées et venues de notre troupe. » Evan ajusta le col de sa chemise. « J'ai passé quelques années à me produire avec l'orchestre philharmonique de Vienne, qui avait cela de particulier qu'il était autogéré. Sans chef permanent, les musiciens avaient leur propre code de conduite - ce qui concernait fort bien à mon propre tempérament. Le pianiste dont j'étais le second, l'étudiant, m'a énormément appris. Ce qui a le plus caractérisé mon parcours, au final, c'est la diversité des professeurs que j'ai eus. Chacun à leur manière, ils ont laissé leur marque sur mon style, en me permettant de le raffiner. » Il toussota légèrement - les mots lui échappaient parfois, non pas en manquant à l'appel mais en se précipitant lorsqu'il souhaitait partager. Il était fier de son parcours, du courage qu'il avait eu, de rompre avec les attentes, les diktats de la société de sang pur, pour se réaliser dans la musique qui le faisait vibrer. Il espérait pouvoir en inspirer d'autres. Evan rit, jetant un œil à son fidèle piano, et ajouta : « clairement, moi non plus je n'ai pas droit à la sourdine. Avec autant de détails, vous pourrez rédiger ma biographie. » De nouveau sérieux, le visage expressif du professeur suivant sa nature changeante, il regarda l'étudiante. « Et vous, miss Dowell? Le chant - passion ou projet? » Son air décontracté avait peut-etre laissé croire à la jeune femme qu'il avait oublié la raison de sa venue, occupé qu'il était à déblatérer au sujet de son parcours, mais le professeur n'avait que laissé derrière la question de la venue de l'étudiante, et sa curiosité teintée d'amusement reprenait ses droits sur son attention.
(c) DΛNDELION
- InvitéInvité
Re: sonate au clair de lune + abigail [Terminé]
Ven 7 Déc 2018 - 17:28
Un regard entendu. C'était tout ce que j'accordais à mon professeur alors qu'il me rappelait l'endroit où nous nous trouvions. J'avais saisi le message, mais je n'étais pas certaine d'être prête à retirer ma sourdine en sa présence. Il était difficile pour moi de me dévoiler, d'autant plus à un étranger. Toutefois, le statut de professeur qu'il occupait pouvait m'ôter tous mes doutes… mais non, ce n'était visiblement pas assez. La relation que j'avais pu avoir avec l'une de ses collègues n'y changeait rien. Je n'étais pas dupe pour autant. Élève à Hungcalf, nous étions une élite, formée par l'élite, c’est-à-dire, le corps enseignant. J'avais fait confiance à Adoración, je faisais une confiance aveugle à monsieur Helsing, et même si elle était étrange à sa manière, madame Sykes m'avait touchée, et elle avait donc pu être aux faits de mon accident.
Ce n'est que lorsque monsieur Wakefield vint à me parler dans cette langue que nous étions les deux à comprendre sur l'instant, que je pouvais enfin entrevoir une possibilité de me dévoiler. Car après tout, c'est ce qu'il venait de faire. Les émotions que j'avais ressenties au toucher du clavier de ses longs doigts n'avaient pas été feintes. Le musicien avait à ce moment-là été très sincère. D'un homme m'évoquant d'abord la stature forte et brusque d'un viking, j'avais commencé par le voir comme un prédateur, prêt à me sauter dessus à la moindre occasion. Maintenant, j'avais davantage de sympathie envers lui… à présent que j'avais pu avoir accès à une partie de sa vie privée. Une vision éphémère de ce qu'il avait au fond de lui, comme un miracle, de la fumée que j'aurai pu frôler du bout des doigts si j'avais eu l'audace de tendre la main. De m'avoir exposé ses confidences de la sorte, je lui en étais reconnaissante, et je le lui montrais avec un simple compliment. Que pouvais-je dire de plus ? Je n'aurai pas été à ma place, le résultat serait venu au même que celui de juger quelqu'un sur le vécu qu'il avait eu. Je n'avais pas de leçon à donner.
Et c'est dans ce même silence religieux que je lui écoutais me raconter, verbalement cette fois, son parcours. Je ne m'attendais pas à un tel discours. Au mieux, j'espérais les noms des écoles où il avait été formé, sans plus. Une nouvelle fois, je fus touchée par la sincérité avec laquelle il semblait s'ouvrir à moi, si petite et insignifiante à ses yeux. Mais ce qui me frappa bien plus, c'était les quelques points communs que nous avions tous les deux. Ce travail acharné que nous avions fourni pour parvenir aux résultats d'aujourd'hui.
Ça n'avait pas été sans difficulté, mais quelle recherche, quel travail acharné se fait en claquant des doigts ?
Il pensait la même chose que moi : rares étaient les musiciens ou les chanteurs qui parvenaient à faire vibrer l'audience, à être saisissant avec les notes. Nous étions tous les deux en accord pour dire que ce talent était crucial dans cet art. En un sourire amical, je lui signifiais que je comprenais où il voulait en venir, et je le laissais continuer son récit sans l'interrompre.
Lorsqu'il mentionnait la mère de Fauve, je ne le relevais pas davantage, mais compris immédiatement le lien qui pouvait l'unir à elle. Fauve était l'une des rares élèves avec qui je partageais régulièrement mes connaissances avec les créatures magiques. Nous nous retrouvions régulièrement pour échanger, et j'appréciais son père de réputation. Par défaut, puisque je connaissais le père et la fille, j'avais entendu parler de la mère. Sans plus. Je ne me préoccupais donc pas de ce détail, car pour moi s'en était un, et me laissais porter par la suite de l'histoire de mon professeur.
Son parcours était pour le moins atypique, et peut-être l'enviais-je quelque peu. Quoiqu'il en soit, je réussissais à présent à mesurer, si c'était possible, la grandeur de son talent ainsi que son origine. Je n'étais plus surprise de rien, car même s'il était peut-être né avec de la facilité et une certaine sensibilité musical, il n'avait pas moins effectué un travail acharné. C'était ce qui était le plus méritant. Le fait qu'il n'ait pas ses D.E.F.I.S en poche ne me le rendait pas moins sympathique. Les diplômes n'étaient que du papier qui ne reflétaient pas exactement l'étendue du savoir de la personne. Être doué en théorie était une chose. L'être dans la pratique en était une autre.
Je m'osais à un petit rire, en écho au sien.
- Je n'en ferai rien monsieur Wakefield. Déjà, j'ai bien d'autres récits à écrire, et votre histoire n'appartient qu'à vous.
Puis, la question tant attendue tomba enfin. Bien sûr je ne m'étais pas bercée d'illusion, je me doutais parfaitement qu'il avait gardé la raison de ma présence dans un coin de sa tête, me travaillant avant pour me mettre à l'aise et me faire parler. C'était chose faite et réussie. Je n'étais pas ce genre de personne à apprécier lutter trop longtemps. Grand cœur tendre d'artichaut, j'étais une femme particulièrement sensible et émotive.
Mon interlocuteur s'était livré à moi, de plusieurs manières. Ça aurait été bien mal avisé de ma part de ne pas lui rendre la pareille. Qui plus est, mon histoire était si banale que j'étais certaine qu'il allait se rendormir en m'écoutant.
- Mon histoire est moins impressionnante que la vôtre… Je suis née ici, en écosse. Plus précisément à Glasgow. Mes parents n'ont aucun talent musical, en dehors de celui de chanteur de salle de bain, ou d'une mère s'improvisant aux berceuses pour endormir ses enfants.
Je baissais les yeux sur mes doigts joints sur le sommet du piano. Un peu nerveuse, je commençais à les triturer sans oser redresser le visage.
- Maladivement timide depuis ma naissance, ils m'ont inscrite au conservatoire alors que je n'avais que six ans. Pour m'aider à m'ouvrir et à me faire des amis. Car ils étaient si désespérés qu'ils ne savaient plus quoi faire pour me venir en aide.
Et quelle aide. Sans doute avait-ce été la meilleure décision qu'ils avaient pris de toute leurs vies pour guider la mienne. Non seulement ils m'avaient ouverts les portes du monde musicale, mais c'était là-bas que j'avais rencontré Levius. À ce souvenir, si vivace et si teinté de chaudes couleurs dans ma mémoire, à ce baiser innocent que j'avais posé sur sa joue pour lui dire bonjour, je me sentais rougir.
- Je… j'ai appris les rudiments de la musique là-bas, et je n'ai cessé d'y aller assidument jusqu'à mes onze ans. Il m'a fallu ensuite faire mon entrée à Poudlard, et la musique devint secondaire dans mon existence, car j'avais… non. J'ai d'autres priorités.
Les dragons. Ils avaient toujours supplanté à tous mes autres projets de vie, tant et si bien que je ne m'étais accordée à l'amour qu'au début de cette année. Trop aveuglée par les créatures de feu, je ne m'étais jamais attardée à ce que pouvait être le sentiment amoureux jusqu'à ce qu'il me tombe dessus comme une enclume.
- Toutefois, je n'ai jamais cessé de pratiquer. À mes heures perdues, et lorsque j'en ressentais le besoin, je travaillais, des fois des nuits entières.
C'était sans compter sur ma maladie qui, lorsqu'elle frappait fort, m'empêchait de lire et d'écrire. La musique avait été, et était toujours, l'un de mes remèdes lorsque j'étais clouée au lit par une forte fièvre avec une migraine à en assommer un troll.
- La musique a toujours fait partie de moi, elle a toujours été d'un grand soutient pour moi, elle me permet de me… de m'exprimer autrement.
Relevant enfin mon regard brun foncé sur mon professeur, je lui accordais un sourire timide.
- Passion ou projet, je ne saurai vous répondre. J'ai des projets d'avenir, c'est certain. La musique en fait partie. Mais j'ignore jusqu'où je peux arriver. Et si c'est véritablement là que se trouve mon épanouissement.
Me redressant, je reculais de quelque pas, quittant le touché si rassurant du piano. Mes yeux se levèrent au plafond pour venir fixer l'une des lumières magiques qu'avait posé l'enseignant un peu plus tôt. Je poussais un petit soupir, comme s'il suffisait à faire disparaître une angoisse clouée en moi avant que je ne me décide à ouvrir la bouche pour chanter. Enfin.
Le regard rivé en l'air, je m'aventurais à la reprise d'une chanson moldu que j'appréciais. J'en étais venue à avoir un style bien plus moderne que tous les classiques et autre Rachmaninov. Je voguais sur ce qui me parlait et faisait ressortir quelque chose en moi. Et ça fonctionnait. Plus je m'aventurais dans la chanson, plus je me l'appropriais. D'abord d'une voix mal assurée, car close dans ma propre timidité, j'en venais à fermer les paupières pour libérer mes entraves.
La maitrise de ma voix, pour une autodidacte, était surprenante. Fluette et délicate comme une caresse, on pourrait presque croire arriver certaines fautes de temps à autre, et comme si je les anticipais, je les corrigeais en avance sans la moindre difficulté. Bientôt, ce n'était plus uniquement avec mes cordes vocales que je m'adressais au professeur de musique, mais avec mon cœur. Enfermée dans le noir, dans ce monde qui n'était qu'à moi sous mes yeux fermés, je livrais toute la sensibilité dont je faisais preuve… et j'étais une personne extrêmement sensible et empathique. Avec aisance je parvenais à monter et descendre les octaves, maitrisant mon langage musical avec une assurance qui n'entachait en rien mon élégance. À l'époque de mon entrée à Poudlard, on m'avait dit qu'arrêter le conservatoire était du gâchis. Sans doute était-ce le cas, mais à cette époque j'avais préféré garder mon talent pour moi et ma famille.
J'en avais sous le pied, et je ne forçais pas. Évidemment, je n'étais pas destinée à devenir une chanteuse de black metal, mais il était évidant qu'avec du travail, j'allais pouvoir davantage affiner ce don inné chez moi. Et encore… s'il n'y avait que la voix. Mais mes talents de musicienne, ça, je les réservais encore. J'aimais être surprenante.
Lorsque la dernière note s'envola jusqu'au plafond, je baissais un peu le menton en gardant les yeux fermés. Puis, petit à petit, j'enfonçais ma tête dans mes épaules, à l'instar d'une petite tortue, attendant le verdict de mon enseignant avec une crainte évidente. Qu'elle soit positive ou négative.
Ce n'est que lorsque monsieur Wakefield vint à me parler dans cette langue que nous étions les deux à comprendre sur l'instant, que je pouvais enfin entrevoir une possibilité de me dévoiler. Car après tout, c'est ce qu'il venait de faire. Les émotions que j'avais ressenties au toucher du clavier de ses longs doigts n'avaient pas été feintes. Le musicien avait à ce moment-là été très sincère. D'un homme m'évoquant d'abord la stature forte et brusque d'un viking, j'avais commencé par le voir comme un prédateur, prêt à me sauter dessus à la moindre occasion. Maintenant, j'avais davantage de sympathie envers lui… à présent que j'avais pu avoir accès à une partie de sa vie privée. Une vision éphémère de ce qu'il avait au fond de lui, comme un miracle, de la fumée que j'aurai pu frôler du bout des doigts si j'avais eu l'audace de tendre la main. De m'avoir exposé ses confidences de la sorte, je lui en étais reconnaissante, et je le lui montrais avec un simple compliment. Que pouvais-je dire de plus ? Je n'aurai pas été à ma place, le résultat serait venu au même que celui de juger quelqu'un sur le vécu qu'il avait eu. Je n'avais pas de leçon à donner.
Et c'est dans ce même silence religieux que je lui écoutais me raconter, verbalement cette fois, son parcours. Je ne m'attendais pas à un tel discours. Au mieux, j'espérais les noms des écoles où il avait été formé, sans plus. Une nouvelle fois, je fus touchée par la sincérité avec laquelle il semblait s'ouvrir à moi, si petite et insignifiante à ses yeux. Mais ce qui me frappa bien plus, c'était les quelques points communs que nous avions tous les deux. Ce travail acharné que nous avions fourni pour parvenir aux résultats d'aujourd'hui.
Ça n'avait pas été sans difficulté, mais quelle recherche, quel travail acharné se fait en claquant des doigts ?
Il pensait la même chose que moi : rares étaient les musiciens ou les chanteurs qui parvenaient à faire vibrer l'audience, à être saisissant avec les notes. Nous étions tous les deux en accord pour dire que ce talent était crucial dans cet art. En un sourire amical, je lui signifiais que je comprenais où il voulait en venir, et je le laissais continuer son récit sans l'interrompre.
Lorsqu'il mentionnait la mère de Fauve, je ne le relevais pas davantage, mais compris immédiatement le lien qui pouvait l'unir à elle. Fauve était l'une des rares élèves avec qui je partageais régulièrement mes connaissances avec les créatures magiques. Nous nous retrouvions régulièrement pour échanger, et j'appréciais son père de réputation. Par défaut, puisque je connaissais le père et la fille, j'avais entendu parler de la mère. Sans plus. Je ne me préoccupais donc pas de ce détail, car pour moi s'en était un, et me laissais porter par la suite de l'histoire de mon professeur.
Son parcours était pour le moins atypique, et peut-être l'enviais-je quelque peu. Quoiqu'il en soit, je réussissais à présent à mesurer, si c'était possible, la grandeur de son talent ainsi que son origine. Je n'étais plus surprise de rien, car même s'il était peut-être né avec de la facilité et une certaine sensibilité musical, il n'avait pas moins effectué un travail acharné. C'était ce qui était le plus méritant. Le fait qu'il n'ait pas ses D.E.F.I.S en poche ne me le rendait pas moins sympathique. Les diplômes n'étaient que du papier qui ne reflétaient pas exactement l'étendue du savoir de la personne. Être doué en théorie était une chose. L'être dans la pratique en était une autre.
Je m'osais à un petit rire, en écho au sien.
- Je n'en ferai rien monsieur Wakefield. Déjà, j'ai bien d'autres récits à écrire, et votre histoire n'appartient qu'à vous.
Puis, la question tant attendue tomba enfin. Bien sûr je ne m'étais pas bercée d'illusion, je me doutais parfaitement qu'il avait gardé la raison de ma présence dans un coin de sa tête, me travaillant avant pour me mettre à l'aise et me faire parler. C'était chose faite et réussie. Je n'étais pas ce genre de personne à apprécier lutter trop longtemps. Grand cœur tendre d'artichaut, j'étais une femme particulièrement sensible et émotive.
Mon interlocuteur s'était livré à moi, de plusieurs manières. Ça aurait été bien mal avisé de ma part de ne pas lui rendre la pareille. Qui plus est, mon histoire était si banale que j'étais certaine qu'il allait se rendormir en m'écoutant.
- Mon histoire est moins impressionnante que la vôtre… Je suis née ici, en écosse. Plus précisément à Glasgow. Mes parents n'ont aucun talent musical, en dehors de celui de chanteur de salle de bain, ou d'une mère s'improvisant aux berceuses pour endormir ses enfants.
Je baissais les yeux sur mes doigts joints sur le sommet du piano. Un peu nerveuse, je commençais à les triturer sans oser redresser le visage.
- Maladivement timide depuis ma naissance, ils m'ont inscrite au conservatoire alors que je n'avais que six ans. Pour m'aider à m'ouvrir et à me faire des amis. Car ils étaient si désespérés qu'ils ne savaient plus quoi faire pour me venir en aide.
Et quelle aide. Sans doute avait-ce été la meilleure décision qu'ils avaient pris de toute leurs vies pour guider la mienne. Non seulement ils m'avaient ouverts les portes du monde musicale, mais c'était là-bas que j'avais rencontré Levius. À ce souvenir, si vivace et si teinté de chaudes couleurs dans ma mémoire, à ce baiser innocent que j'avais posé sur sa joue pour lui dire bonjour, je me sentais rougir.
- Je… j'ai appris les rudiments de la musique là-bas, et je n'ai cessé d'y aller assidument jusqu'à mes onze ans. Il m'a fallu ensuite faire mon entrée à Poudlard, et la musique devint secondaire dans mon existence, car j'avais… non. J'ai d'autres priorités.
Les dragons. Ils avaient toujours supplanté à tous mes autres projets de vie, tant et si bien que je ne m'étais accordée à l'amour qu'au début de cette année. Trop aveuglée par les créatures de feu, je ne m'étais jamais attardée à ce que pouvait être le sentiment amoureux jusqu'à ce qu'il me tombe dessus comme une enclume.
- Toutefois, je n'ai jamais cessé de pratiquer. À mes heures perdues, et lorsque j'en ressentais le besoin, je travaillais, des fois des nuits entières.
C'était sans compter sur ma maladie qui, lorsqu'elle frappait fort, m'empêchait de lire et d'écrire. La musique avait été, et était toujours, l'un de mes remèdes lorsque j'étais clouée au lit par une forte fièvre avec une migraine à en assommer un troll.
- La musique a toujours fait partie de moi, elle a toujours été d'un grand soutient pour moi, elle me permet de me… de m'exprimer autrement.
Relevant enfin mon regard brun foncé sur mon professeur, je lui accordais un sourire timide.
- Passion ou projet, je ne saurai vous répondre. J'ai des projets d'avenir, c'est certain. La musique en fait partie. Mais j'ignore jusqu'où je peux arriver. Et si c'est véritablement là que se trouve mon épanouissement.
Me redressant, je reculais de quelque pas, quittant le touché si rassurant du piano. Mes yeux se levèrent au plafond pour venir fixer l'une des lumières magiques qu'avait posé l'enseignant un peu plus tôt. Je poussais un petit soupir, comme s'il suffisait à faire disparaître une angoisse clouée en moi avant que je ne me décide à ouvrir la bouche pour chanter. Enfin.
Le regard rivé en l'air, je m'aventurais à la reprise d'une chanson moldu que j'appréciais. J'en étais venue à avoir un style bien plus moderne que tous les classiques et autre Rachmaninov. Je voguais sur ce qui me parlait et faisait ressortir quelque chose en moi. Et ça fonctionnait. Plus je m'aventurais dans la chanson, plus je me l'appropriais. D'abord d'une voix mal assurée, car close dans ma propre timidité, j'en venais à fermer les paupières pour libérer mes entraves.
La maitrise de ma voix, pour une autodidacte, était surprenante. Fluette et délicate comme une caresse, on pourrait presque croire arriver certaines fautes de temps à autre, et comme si je les anticipais, je les corrigeais en avance sans la moindre difficulté. Bientôt, ce n'était plus uniquement avec mes cordes vocales que je m'adressais au professeur de musique, mais avec mon cœur. Enfermée dans le noir, dans ce monde qui n'était qu'à moi sous mes yeux fermés, je livrais toute la sensibilité dont je faisais preuve… et j'étais une personne extrêmement sensible et empathique. Avec aisance je parvenais à monter et descendre les octaves, maitrisant mon langage musical avec une assurance qui n'entachait en rien mon élégance. À l'époque de mon entrée à Poudlard, on m'avait dit qu'arrêter le conservatoire était du gâchis. Sans doute était-ce le cas, mais à cette époque j'avais préféré garder mon talent pour moi et ma famille.
J'en avais sous le pied, et je ne forçais pas. Évidemment, je n'étais pas destinée à devenir une chanteuse de black metal, mais il était évidant qu'avec du travail, j'allais pouvoir davantage affiner ce don inné chez moi. Et encore… s'il n'y avait que la voix. Mais mes talents de musicienne, ça, je les réservais encore. J'aimais être surprenante.
Lorsque la dernière note s'envola jusqu'au plafond, je baissais un peu le menton en gardant les yeux fermés. Puis, petit à petit, j'enfonçais ma tête dans mes épaules, à l'instar d'une petite tortue, attendant le verdict de mon enseignant avec une crainte évidente. Qu'elle soit positive ou négative.
- Spoiler:
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Re: sonate au clair de lune + abigail [Terminé]
Ven 14 Déc 2018 - 0:39
Sonate au clair de lune
Abigail + Evan
« Nobody knows, nobody knows; And I was dancing in the rain I felt alive and I can't complain. »
Peu d'éléments de son passé lui causaient encore assez de douleur ou de honte pour qu'il s'en cache. Loin d'être un livre ouvert au premier venu, Evan faisait pourtant partie de ces gens qui vivaient avec une authenticité quasi rebelle, partant du principe que cette franchise pourrait en inspirer d'autres. Quand le professeur partageait son bagage, il le faisait en sachant que plusieurs l'écoutaient avec dans le regard une teinte de dégoût, ce sorcier au sang pur qui avait vécu comme chez les moldus pendant des années, immergé qu'il avait été dans son art. Le musicien connaissait assez l'environnement de Hungcalf pour connaître son conservatisme - un universitaire ne s'imagine-t-il pas une carrière plutôt fixée lorsqu'il s'astreint au fardeau des livres et des travaux? Il en était plus que conscient - n'était-il pas passé à deux doigts de devenir auror lui-même? Faire connaître son passé musical, surtout demandé avec autant de candeur par la jeune étudiante, n'était pas difficile pour le sorcier qui, bien qu'il ne s'avouait pas l'approche de la quarantaine, avait au moins assez d'expérience pour connaître sa pertinence. Aussi était-il touché d'entendre Abigail lui livrer son passé musical, qu'il écouta avec attention.
Un fin sourire étira ses lèvres lorsqu'elle mentionna les talents de chanteurs de ses parents, imaginant deux figures abstraites dans une maison familiale heureuse. Les meilleures chansons sont celles que les parents chantent, se dit-il, laissant la jeune femme poursuivre son histoire. Il contempla les gestes nerveux qu'accomplissait l'étudiante alors qu'elle parlait. Evan avait vu juste, en l'apostrophant. Petit oiseau. Combien de musiciens partageaient cette réalité, celle de se laisser aller à être eux-mêmes uniquement lorsqu'ils avaient la chance de laisser aller leurs masques, leurs habitudes, pour se laisser bercer par les doux bras de leurs muses ? Comme il l'avait vécu lui-même, jadis, lorsque son père tentait de le convaincre de son destin de Wakefield, de futur homme politique. Depuis, il s'était juré de vivre férocement, et comme il avait vécu! « Je comprends bien le sentiment. Vous vous douterez que je n'ai jamais été particulièrement timide moi-même », admit-il en jetant un regard rieur de côté à l'étudiante. « Mais la musique m'a sauvé de plus d'une façon. »
L'observant se lever, il n'osa pas faire de geste brusque, craignant d'effrayer la jeune femme à nouveau. Figé telle une statue, Evan regarda l'étudiante alors qu'elle semblait se retirer dans son propre monde. Bien qu'une grande timidité se dégageait encore de la petite brune aux yeux désormais fermés, il lui sembla voir sa silhouette se fixer, s'enraciner sur le sol de la scène l'accueillant. Le trac minait d'abord sa voix, mais, gagnant en assurance, elle semblait occuper l'espace, les vibrations de sa voix atteignant son unique spectateur jusque dans la peau, un léger frisson parcourant ses avant-bras, tranquillement posés sur ses genoux fléchis. Il lui sembla enfin prendre la mesure de l'étudiante, cette petite silhouette gracile aux grands yeux remplis de terreur lorsque le professeur en furie avait fait irruption dans la salle de musique. Elle se livrait de plus d'une façon, et sa performance alla droit au coeur du professeur. Il était devenu enseignant pour des moments de ce genre, pour des musiciens de ce calibre. Sa carrière n'avait aucun sens s'il ne pouvait pas partager son savoir et sa passion avec autrui. Les trémolos de sa voix, s'élevant et chutant avec grâce, comme un funambule qui risquait constamment de glisser vers l'abîme mais qui, toujours, se maintenait, juchée qu'elle était sur les sommets qu'atteignaient ses cordes vocales. Les dernières notes de sa chanson cessant de faire vibrer l'air, il observa la jeune femme se transformer à nouveau, sa posture traduisant une fois de plus une fragile timidité.
Abigail ne le savait pas encore, mais au moment où il avait entendu les premières notes de sa voix aérienne, le pianiste avait décidé qu'elle serait son élève. Le sourire fendant son visage laissait entrevoir ses dents blanches. « N'avez-vous jamais songé à rejoindre la chorale? Pas assez moderne pour vous, peut-être », ajouta-t-il, lui glissant un oeil taquin. « C'était bellement mené, vraiment. Comme nombre d'autodidactes, votre technique peut être améliorée - n'est-ce pas le cas de tous? » Son ton se fit sérieux. « J'ai ressenti votre chanson jusque dans les os. Vous avez le talent de traduire vos émotions en musique. C'est une faculté précieuse et rare, dans sa forme pure comme celle dont vous venez de me faire le cadeau. Merci, Abigail. » Sa voix était transpercée de sincérité, le professeur chérissant cette position privilégiée qu'il avait de pouvoir voir nombre d'étudiants sous leur forme la plue crue, la plus vulnérable, lorsqu'ils se produisaient devant lui. « C'est une chanson moldue, non? Préférez-vous celles-ci pour votre registre? »
Un fin sourire étira ses lèvres lorsqu'elle mentionna les talents de chanteurs de ses parents, imaginant deux figures abstraites dans une maison familiale heureuse. Les meilleures chansons sont celles que les parents chantent, se dit-il, laissant la jeune femme poursuivre son histoire. Il contempla les gestes nerveux qu'accomplissait l'étudiante alors qu'elle parlait. Evan avait vu juste, en l'apostrophant. Petit oiseau. Combien de musiciens partageaient cette réalité, celle de se laisser aller à être eux-mêmes uniquement lorsqu'ils avaient la chance de laisser aller leurs masques, leurs habitudes, pour se laisser bercer par les doux bras de leurs muses ? Comme il l'avait vécu lui-même, jadis, lorsque son père tentait de le convaincre de son destin de Wakefield, de futur homme politique. Depuis, il s'était juré de vivre férocement, et comme il avait vécu! « Je comprends bien le sentiment. Vous vous douterez que je n'ai jamais été particulièrement timide moi-même », admit-il en jetant un regard rieur de côté à l'étudiante. « Mais la musique m'a sauvé de plus d'une façon. »
L'observant se lever, il n'osa pas faire de geste brusque, craignant d'effrayer la jeune femme à nouveau. Figé telle une statue, Evan regarda l'étudiante alors qu'elle semblait se retirer dans son propre monde. Bien qu'une grande timidité se dégageait encore de la petite brune aux yeux désormais fermés, il lui sembla voir sa silhouette se fixer, s'enraciner sur le sol de la scène l'accueillant. Le trac minait d'abord sa voix, mais, gagnant en assurance, elle semblait occuper l'espace, les vibrations de sa voix atteignant son unique spectateur jusque dans la peau, un léger frisson parcourant ses avant-bras, tranquillement posés sur ses genoux fléchis. Il lui sembla enfin prendre la mesure de l'étudiante, cette petite silhouette gracile aux grands yeux remplis de terreur lorsque le professeur en furie avait fait irruption dans la salle de musique. Elle se livrait de plus d'une façon, et sa performance alla droit au coeur du professeur. Il était devenu enseignant pour des moments de ce genre, pour des musiciens de ce calibre. Sa carrière n'avait aucun sens s'il ne pouvait pas partager son savoir et sa passion avec autrui. Les trémolos de sa voix, s'élevant et chutant avec grâce, comme un funambule qui risquait constamment de glisser vers l'abîme mais qui, toujours, se maintenait, juchée qu'elle était sur les sommets qu'atteignaient ses cordes vocales. Les dernières notes de sa chanson cessant de faire vibrer l'air, il observa la jeune femme se transformer à nouveau, sa posture traduisant une fois de plus une fragile timidité.
Abigail ne le savait pas encore, mais au moment où il avait entendu les premières notes de sa voix aérienne, le pianiste avait décidé qu'elle serait son élève. Le sourire fendant son visage laissait entrevoir ses dents blanches. « N'avez-vous jamais songé à rejoindre la chorale? Pas assez moderne pour vous, peut-être », ajouta-t-il, lui glissant un oeil taquin. « C'était bellement mené, vraiment. Comme nombre d'autodidactes, votre technique peut être améliorée - n'est-ce pas le cas de tous? » Son ton se fit sérieux. « J'ai ressenti votre chanson jusque dans les os. Vous avez le talent de traduire vos émotions en musique. C'est une faculté précieuse et rare, dans sa forme pure comme celle dont vous venez de me faire le cadeau. Merci, Abigail. » Sa voix était transpercée de sincérité, le professeur chérissant cette position privilégiée qu'il avait de pouvoir voir nombre d'étudiants sous leur forme la plue crue, la plus vulnérable, lorsqu'ils se produisaient devant lui. « C'est une chanson moldue, non? Préférez-vous celles-ci pour votre registre? »
(c) DΛNDELION
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Re: sonate au clair de lune + abigail [Terminé]
Ven 14 Déc 2018 - 20:26
Je ne saurai pas trop dire ce qui m'avait poussé à croire mon professeur, croire en sa sensibilité, et croire qu'il pouvait être une oreille attentive. En dehors de la musique qu'il avait lui-même générée donc. Se prendre au jeu, avoir confiance à tel point de chanter devant lui, dès notre première rencontre… du jamais vu. À force de passer inaperçue aux yeux du monde, je commençais à croire que mes rencontres, je ne les faisais pas par hasard. Des gens, si populaires, oubliaient sans doute la valeur d'une rencontre, aussi simple soit-elle, qu'un hasard peu chambouler. C'était tout du moins un enchainement d'événements que j'avais vécu de la sorte cette année, et qui m'avait menée là où j'étais à présent. Dans cette salle de musique. Ma peine de cœur avec Adoración, la rencontre du loup-garou, l'aide de Levius, nos sentiments dévoilés. J'avais eu beau tourner la situation dans tous les sens, je ne voyais pas comment sans le loup-garou j'aurai pu être aussi épanouie sentimentalement aujourd'hui.
Bien sûr, il y avait encore bien du travail pour que je sois sereine, et la musique m'aidait à l'être. Avec ce professeur, monsieur Wakefield, j'avais à présent ce sentiment étrange que nous étions le parchemin et l'encre pour composer une nouvelle partition. Au fond, c'était comme écrire une nouvelle histoire. Seulement, les mots et les phrases étaient peu conventionnels.
Ce n'était pas une sensation qui me mettait mal à l'aise puisque, alors que je donnais de la voix, c'était moi qui rédigeait les mesures. Monsieur Wakefield était là, à vérifier ce que je faisais, sans commentaire aucun, mais en prenant note de tout ce qu'il y avait à noter. Même les yeux fermés je le devinais sans mal. Et si tel n'était pas le cas, alors il était inutile que je perde mon temps avec lui. Mais j'avais cette sensation qu'il allait peut-être pouvoir me corriger, m'aider à évoluer dans la musique, car d'autodidacte, j'en étais arrivée au point où j'avais la sensation de stagner, de ne plus pouvoir avancer, ou ne pas savoir comment faire. Que ce soit en chant, en guitare ou en piano. Là où je pouvais encore faire des progrès seule, c'était en batterie, mais j'affectionnais moins cet instrument malgré son aspect défouloir.
Ainsi, j'acceptais la critique de l'enseignant avec une certaine crainte due à ma timidité, mais aussi de l'intérêt. Mon sourire en coin n'était pas donc pas feint, et j'étais touchée par ses compliments. C'était un retour en arrière, car ce genre de propos, on me les avait déjà donnés lorsque j'avais décidé de quitter le conservatoire une fois à Poudlard. Du gâchis, apparemment. Ça m'avait toujours été égal puisque la musique était secondaire. Jusqu'au mois de Septembre où le besoin de s'échapper fut alors bien plus fort. J'avais véritablement repris les notes à ce moment.
Sans me défaire de ma timidité, les yeux baissés comme si j'étais coupable d'un crime, je répondais en rougissant un peu.
- Je n'ai pas envie de rejoindre la chorale, monsieur.
Poussée par ma timidité, je n'avais pas envie de me mêler à ses personnes qui partageaient la même passion de la musique que moi. Qui plus est, mon talent vocal était précieux pour moi, précieux, et secret.
- M'améliorer, c'est ce que je recherche constamment. Que ce soit pour la musique ou autre. Je ne suis pas certaine d'attendre un jour un niveau qui me permettra de me dire que j'aurai fait complètement le tour, que la musique ne pourra plus rien m'apporter de plus. Il y a toujours à apprendre.
Je philosophais un peu, mais j'en revenais à ce que nous avions dit à l'arrivée de l'enseignant et de l'arrangement de Rachmaninov qu'il effectuait pour la chorale. Dans un sourire timide, je regardais les instruments sur ma gauche.
-Je pense que j'apprécie tous les registres. Je n'ai juste pas la prétention de croire que je peux tous les maitriser, alors, je reste dans un style qui me convient, sur l'instant… de ce que je ressens et que j'ai envie de transmettre. Mais oui… je préfère davantage la musique qui bouge un peu plus que nos grands compositeurs tels que Rachmaninov.
Tranquillement, je tournais à nouveau mes yeux bruns foncés sur lui avec un petit sourire taquin aux lèvres.
Bien sûr, il y avait encore bien du travail pour que je sois sereine, et la musique m'aidait à l'être. Avec ce professeur, monsieur Wakefield, j'avais à présent ce sentiment étrange que nous étions le parchemin et l'encre pour composer une nouvelle partition. Au fond, c'était comme écrire une nouvelle histoire. Seulement, les mots et les phrases étaient peu conventionnels.
Ce n'était pas une sensation qui me mettait mal à l'aise puisque, alors que je donnais de la voix, c'était moi qui rédigeait les mesures. Monsieur Wakefield était là, à vérifier ce que je faisais, sans commentaire aucun, mais en prenant note de tout ce qu'il y avait à noter. Même les yeux fermés je le devinais sans mal. Et si tel n'était pas le cas, alors il était inutile que je perde mon temps avec lui. Mais j'avais cette sensation qu'il allait peut-être pouvoir me corriger, m'aider à évoluer dans la musique, car d'autodidacte, j'en étais arrivée au point où j'avais la sensation de stagner, de ne plus pouvoir avancer, ou ne pas savoir comment faire. Que ce soit en chant, en guitare ou en piano. Là où je pouvais encore faire des progrès seule, c'était en batterie, mais j'affectionnais moins cet instrument malgré son aspect défouloir.
Ainsi, j'acceptais la critique de l'enseignant avec une certaine crainte due à ma timidité, mais aussi de l'intérêt. Mon sourire en coin n'était pas donc pas feint, et j'étais touchée par ses compliments. C'était un retour en arrière, car ce genre de propos, on me les avait déjà donnés lorsque j'avais décidé de quitter le conservatoire une fois à Poudlard. Du gâchis, apparemment. Ça m'avait toujours été égal puisque la musique était secondaire. Jusqu'au mois de Septembre où le besoin de s'échapper fut alors bien plus fort. J'avais véritablement repris les notes à ce moment.
Sans me défaire de ma timidité, les yeux baissés comme si j'étais coupable d'un crime, je répondais en rougissant un peu.
- Je n'ai pas envie de rejoindre la chorale, monsieur.
Poussée par ma timidité, je n'avais pas envie de me mêler à ses personnes qui partageaient la même passion de la musique que moi. Qui plus est, mon talent vocal était précieux pour moi, précieux, et secret.
- M'améliorer, c'est ce que je recherche constamment. Que ce soit pour la musique ou autre. Je ne suis pas certaine d'attendre un jour un niveau qui me permettra de me dire que j'aurai fait complètement le tour, que la musique ne pourra plus rien m'apporter de plus. Il y a toujours à apprendre.
Je philosophais un peu, mais j'en revenais à ce que nous avions dit à l'arrivée de l'enseignant et de l'arrangement de Rachmaninov qu'il effectuait pour la chorale. Dans un sourire timide, je regardais les instruments sur ma gauche.
-Je pense que j'apprécie tous les registres. Je n'ai juste pas la prétention de croire que je peux tous les maitriser, alors, je reste dans un style qui me convient, sur l'instant… de ce que je ressens et que j'ai envie de transmettre. Mais oui… je préfère davantage la musique qui bouge un peu plus que nos grands compositeurs tels que Rachmaninov.
Tranquillement, je tournais à nouveau mes yeux bruns foncés sur lui avec un petit sourire taquin aux lèvres.
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Re: sonate au clair de lune + abigail [Terminé]
Sam 15 Déc 2018 - 12:36
Sonate au clair de lune
Abigail + Evan
« Nobody knows, nobody knows; And I was dancing in the rain I felt alive and I can't complain. »
Tandis que l'étudiante aux joues en feu lui avouait ne pas souhaiter rejoindre la chorale, Evan se leva, exécutant quelques pas pensifs autour de son piano, caressant sa surface lisse d'une main distraite, tentant d'y trouver les aspérités comme il avait cherché celles d'Abigail. Que faire de cette étudiante, de ce talent cru qui gagnerait tant à être développé? Diables, il en avait assez de ses étudiants en classe, de la chorale et de Fauve - nul n'aurait osé affirmer que le professeur de musique n'était pas extrêmement présent pour la gent estudiantine universitaire. Pourtant, le sorcier se doutait que s'il laissait filer la jeune femme, cette occasion, ce moment si étrange au cours duquel il lui avait semblé sentir le contact entre deux âmes, ne se reproduirait plus. S'il ne saisissait pas ce moment, il ne pourrait faire marche-arrière plus tard. Tant pis, il forcerait les choses. Pour mon plaisir, et son bien à elle, décida-t-il.
S'améliorer, c'était son désir, lui disait-elle. Clairement, elle n'avait pas de mentor - la première chose qu'un enseignant à l'oeil averti aurait tenté de corriger dans sa performance, c'était sa posture, que la jeune chanteuse avait négligée. Plissant les paupières en réfléchissant à toute vitesse, le sorcier choisit son avenue, se maudissant à moitié, car il était bien loin du genre d'enseignant qui utilisait les punitions à tout vent, mais il ne voyait pas d'autre moyen de s'assurer que l'étudiante puisse poursuivre son apprentissage avec un réel mentor. Quelqu'un qui saurait la pousser - et le professeur de musique était aussi exigeant qu'il était rieur. Le sorcier referma le clapet sur le clavier du piano d'un geste élégant, et remit de l'ordre dans sa tignasse. Il tira sa chemise blanche vers le bas pour en retirer les plis, et jeta un regard vers l'étudiante qui le contemplait d'un air taquin. L'assurance transparaissant dans sa voix grave ne trahissait aucunement le doute qui s'était insinué dans son esprit, le professeur sachant que la gageure qu'il s'apprêtait à faire pouvait bien lui exploser au visage - ce qui la rendait bien plus tentante. « Parfait. Une fois par semaine devrait convenir, pour votre retenue », fit-il, rappelant à lui les globes lumineux qu'il avait fait filer au plafond, plongeant de nouveau la pièce dans une pénombre uniquement rompue par la lumière luisant au bout de sa longue baguette. « Je m'attends à vous voir ici tous les mercredis, à 19h00. Vous apporterez les partitions que vous souhaitez pratiquer. » Il présenta un sourire goguenard à l'étudiante et se détourna, s'éloignant d'elle. À son air interloqué, il répondit, d'une voix plus forte, sans se retourner : « J'avais mentionné ne pas vous coller de retenue pour la chute des instruments. Mais mon sommeil est infiniment plus précieux que mes cuivres. » Ouvrant la porte, il exécuta une révérence d'adieu vers la jeune femme. « À mercredi. »
RP terminé.
S'améliorer, c'était son désir, lui disait-elle. Clairement, elle n'avait pas de mentor - la première chose qu'un enseignant à l'oeil averti aurait tenté de corriger dans sa performance, c'était sa posture, que la jeune chanteuse avait négligée. Plissant les paupières en réfléchissant à toute vitesse, le sorcier choisit son avenue, se maudissant à moitié, car il était bien loin du genre d'enseignant qui utilisait les punitions à tout vent, mais il ne voyait pas d'autre moyen de s'assurer que l'étudiante puisse poursuivre son apprentissage avec un réel mentor. Quelqu'un qui saurait la pousser - et le professeur de musique était aussi exigeant qu'il était rieur. Le sorcier referma le clapet sur le clavier du piano d'un geste élégant, et remit de l'ordre dans sa tignasse. Il tira sa chemise blanche vers le bas pour en retirer les plis, et jeta un regard vers l'étudiante qui le contemplait d'un air taquin. L'assurance transparaissant dans sa voix grave ne trahissait aucunement le doute qui s'était insinué dans son esprit, le professeur sachant que la gageure qu'il s'apprêtait à faire pouvait bien lui exploser au visage - ce qui la rendait bien plus tentante. « Parfait. Une fois par semaine devrait convenir, pour votre retenue », fit-il, rappelant à lui les globes lumineux qu'il avait fait filer au plafond, plongeant de nouveau la pièce dans une pénombre uniquement rompue par la lumière luisant au bout de sa longue baguette. « Je m'attends à vous voir ici tous les mercredis, à 19h00. Vous apporterez les partitions que vous souhaitez pratiquer. » Il présenta un sourire goguenard à l'étudiante et se détourna, s'éloignant d'elle. À son air interloqué, il répondit, d'une voix plus forte, sans se retourner : « J'avais mentionné ne pas vous coller de retenue pour la chute des instruments. Mais mon sommeil est infiniment plus précieux que mes cuivres. » Ouvrant la porte, il exécuta une révérence d'adieu vers la jeune femme. « À mercredi. »
RP terminé.
(c) DΛNDELION
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