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Tomber de son nuage (Agrippa)
Lun 10 Déc 2018 - 11:45
Tomber de son nuage
juliet & agrippa
Sainte Mangouste, Décembre 2018.
Je regardais le lit vide à côté de moi. J’étais seule. Mais pour la première fois depuis des semaines, j’étais sereine. Je respirais cette odeur si typique qu’on retrouvait dans cet hôpital et même si je savais que je l’avais toujours détesté, aujourd’hui, elle me semblait ressembler à un parfum de liberté. Libre. À cette pensée je fondais en larmes dans mes draps blancs de mauvaise qualité. Qu’est-ce que j’avais faits?...
J’avais toujours vécu pour ma famille. Ce qu’ils voulaient que je fasse, je le faisais. Sourire, me taire, encaisser, accepter sans broncher était mes règles d’or mais lorsque j’avais dû me résoudre à épouser Henry, cet homme si cruel et égoïste je m’étais senti mourir de l’intérieur. Alors j’avais écouté mon cœur. J’avais décidé de céder à cet homme que j’aimais depuis si longtemps ; Lewis. Oh Lewis pourquoi ? Pourquoi avais-tu tout gâché ? Penser à lui, pensé à ses lèvres, son odeur qui me rendait folle depuis toujours me pétrifiait de peur maintenant. Nous étions parti. J’avais tout quitté pour lui ; mes études, ma famille, mon train de vie, mes rêves, mes espoirs… Mais Lewis avait déjà renoncé à tout ça pour moi depuis si longtemps. Depuis si longtemps il m’avait aimé en secret, souffrant de ce que je n’avais pu lui offrir. Mais une fois ensembles, aux yeux de tous, loin de tout ce qui nous avait empêchés de nous aimer il a prit peur. C’était forcément ça. Sinon pourquoi m’aurait-il fait ça ? Pourquoi m’aurait-il enfermé si ce n’était pour me protéger ? Lewis m’aimait. Et je l’aimais si fort… Pourquoi je faisais ça ? Peut-être que tout pouvait encore s’arranger? Non. Je me voilais la face. Je savais. J’avais assisté à tellement de gala en faveur des femmes battues pour savoir que cette relation était toxique. Lewis ne m’avait jamais touché. Jamais. Jamais il n’avait levé la main sur moi. Ce dont je souffrais ce n’était pas de cette maltraitance, ce qui me paralysait était psychologique. Il avait cette emprise sur moi, sur mes actes. Il avait cette manière, ces mots qui… qui prenait toute cette force sur moi. Ce qu’il faisait me faisait souffrir mais c’était pour mon bien. C’était pour notre vie, notre amour, notre avenir. J’avais tort ? Peut-être que je n’aurais pas dû joindre mère. Non, non je me perdais. J’entendais sa voix dans ma tête me dire que je détruisais tout. Non, non ce n’était pas moi qui avais tout détruit, c’était lui. Je n’en pouvais plus. Je voulais simplement être heureuse.
Je me recroquevillais sur moi-même, les mains enfermant ma tête, souhaitant que les larmes qui coulaient sur mes joues puisse un jour s’arrêter. Je n’en pouvais plus. Si seulement, si seulement tout pouvait redevenir comme avant.
Je regardais le lit vide à côté de moi. J’étais seule. Mais pour la première fois depuis des semaines, j’étais sereine. Je respirais cette odeur si typique qu’on retrouvait dans cet hôpital et même si je savais que je l’avais toujours détesté, aujourd’hui, elle me semblait ressembler à un parfum de liberté. Libre. À cette pensée je fondais en larmes dans mes draps blancs de mauvaise qualité. Qu’est-ce que j’avais faits?...
J’avais toujours vécu pour ma famille. Ce qu’ils voulaient que je fasse, je le faisais. Sourire, me taire, encaisser, accepter sans broncher était mes règles d’or mais lorsque j’avais dû me résoudre à épouser Henry, cet homme si cruel et égoïste je m’étais senti mourir de l’intérieur. Alors j’avais écouté mon cœur. J’avais décidé de céder à cet homme que j’aimais depuis si longtemps ; Lewis. Oh Lewis pourquoi ? Pourquoi avais-tu tout gâché ? Penser à lui, pensé à ses lèvres, son odeur qui me rendait folle depuis toujours me pétrifiait de peur maintenant. Nous étions parti. J’avais tout quitté pour lui ; mes études, ma famille, mon train de vie, mes rêves, mes espoirs… Mais Lewis avait déjà renoncé à tout ça pour moi depuis si longtemps. Depuis si longtemps il m’avait aimé en secret, souffrant de ce que je n’avais pu lui offrir. Mais une fois ensembles, aux yeux de tous, loin de tout ce qui nous avait empêchés de nous aimer il a prit peur. C’était forcément ça. Sinon pourquoi m’aurait-il fait ça ? Pourquoi m’aurait-il enfermé si ce n’était pour me protéger ? Lewis m’aimait. Et je l’aimais si fort… Pourquoi je faisais ça ? Peut-être que tout pouvait encore s’arranger? Non. Je me voilais la face. Je savais. J’avais assisté à tellement de gala en faveur des femmes battues pour savoir que cette relation était toxique. Lewis ne m’avait jamais touché. Jamais. Jamais il n’avait levé la main sur moi. Ce dont je souffrais ce n’était pas de cette maltraitance, ce qui me paralysait était psychologique. Il avait cette emprise sur moi, sur mes actes. Il avait cette manière, ces mots qui… qui prenait toute cette force sur moi. Ce qu’il faisait me faisait souffrir mais c’était pour mon bien. C’était pour notre vie, notre amour, notre avenir. J’avais tort ? Peut-être que je n’aurais pas dû joindre mère. Non, non je me perdais. J’entendais sa voix dans ma tête me dire que je détruisais tout. Non, non ce n’était pas moi qui avais tout détruit, c’était lui. Je n’en pouvais plus. Je voulais simplement être heureuse.
Je me recroquevillais sur moi-même, les mains enfermant ma tête, souhaitant que les larmes qui coulaient sur mes joues puisse un jour s’arrêter. Je n’en pouvais plus. Si seulement, si seulement tout pouvait redevenir comme avant.
(c) DΛNDELION
@Agrippa Skinner
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Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Lun 10 Déc 2018 - 14:03
La missive que me ramena Raviel eut pour effet de me faire cracher mon thé sur mes copies. Était-ce seule possible ? Entre toutes, je pouvais reconnaître l'écriture de ma très chère fille, et c'est un peu fébrile que j'ouvrais l'enveloppe tandis que mon Augurey aux plumes noires tintées de vert restait perché sur mon épaule. Je craignais une mauvaise nouvelle venant de sa part. Son départ en avait déjà été une en soit, mais je ne pouvais m'empêcher de penser à pire. Qu'elle ne veuille véritablement plus jamais me voir, qu'elle renie son nom, ou que sais-je ?
J'avais éduqué mes enfants avec le minimum d'amour syndical tout en me pliant à la volonté exigeante de Winston. J'avais toujours fais de mon mieux pour garder un équilibre entre les devoirs familiaux et mon attention pour mes enfants, et ça n'avait jamais été une mince affaire. Force était de constater que j'avais échoué concernant ma fille puisqu'elle avait décidé de partir vivre son amour avec un garçon qui ne la méritait pas. J'aurai préféré qu'elle vienne avant tout m'en parler mais sa décision avait été prise, et j'en avais soufferts. Bien sûr, c'était égal pour la majorité des personnes qui me connaissaient que je puisse souffrir. Pour commencer, je m'appliquais toujours à porter le chapeau plutôt que ce soit mon époux qui souffre d'une mauvaise réputation, et il en allait de même pour les enfants. Je n'étais pas un cœur tendre, c'était certain, mais des fois l'injustice était particulièrement coupante. Ensuite, je ne voyais pas très bien qui, dans mon entourage, pouvait suffisamment m'apprécier pour avoir un minimum de compassion envers ma personne. Winston en était incapable, et Tzvetelina avait été répudiée alors que je n'avais rien pu faire.
Les sourcils légèrement froncés, pour garder contenance, je lisais les quelques lignes écrites par mon propre sang… et ce dernier ne fit qu'un tour alors que mon cœur ne put s'empêcher de suffoquer dans ma poitrine.
À l'annonce qu'elle était à Sainte Mangouste et qu'elle souhaitait me voir, je sautais de ma chaise, bousculant l'Augurey qui s'envola pour retourner sur son perchoir. D'un coup de baguette, j'épongeais les copies inintéressantes de mes élèves avant de faire parvenir mes vêtements jusqu'à moi pour me préparer d'autant plus vite.
Une fois convenablement habillée pour affronter le froid, je me précipitais hors de l'université pour transplaner jusqu'à Londres, devant l'hôpital. C'est avec mon autorité naturelle que je m'adressais au secrétariat, et une fois le numéro de chambre obtenu, je m'y rendais à grands pas, faisant claquer mes talons dans les couloirs blancs aux airs quelque peu morbides.
Mais une fois devant la porte, je toquais délicatement avant de me permettre d'ouvrir le battant et de le fermer derrière moi. Mon cœur se serra de peine en voyant mon enfant dans cet état avancé de chagrin et de détresse. Retenant mes propres larmes, car je me devais de garder contenance, sous le coup de l'émotion de pouvoir enfin la retrouver, car je n'y croyais plus, je m'avançais jusqu'au lit où elle était allongée et recroquevillée.
Avec une délicatesse infinie, je venais passer mes longs et fins doigts dans sa chevelure dorée, héritage de ma propre personne. Sans m'avancer davantage, de peur d'effrayer mon petit trésor, je me permettais de murmurer avec une douceur qui m'était difficilement soupçonnable. La dernière fois que j'avais agis de la sorte avec ma fille était à sa naissance, jusqu'à ce qu'elle atteigne l'âge de comprendre les faits et gestes d'autrui, et surtout de ce souvenir. Mais cet amour ne m'avait jamais quitté même si je m'étais toujours appliqué à le cacher aux yeux du monde.
- Je suis là Juliet… Je suis là.
J'avais éduqué mes enfants avec le minimum d'amour syndical tout en me pliant à la volonté exigeante de Winston. J'avais toujours fais de mon mieux pour garder un équilibre entre les devoirs familiaux et mon attention pour mes enfants, et ça n'avait jamais été une mince affaire. Force était de constater que j'avais échoué concernant ma fille puisqu'elle avait décidé de partir vivre son amour avec un garçon qui ne la méritait pas. J'aurai préféré qu'elle vienne avant tout m'en parler mais sa décision avait été prise, et j'en avais soufferts. Bien sûr, c'était égal pour la majorité des personnes qui me connaissaient que je puisse souffrir. Pour commencer, je m'appliquais toujours à porter le chapeau plutôt que ce soit mon époux qui souffre d'une mauvaise réputation, et il en allait de même pour les enfants. Je n'étais pas un cœur tendre, c'était certain, mais des fois l'injustice était particulièrement coupante. Ensuite, je ne voyais pas très bien qui, dans mon entourage, pouvait suffisamment m'apprécier pour avoir un minimum de compassion envers ma personne. Winston en était incapable, et Tzvetelina avait été répudiée alors que je n'avais rien pu faire.
Les sourcils légèrement froncés, pour garder contenance, je lisais les quelques lignes écrites par mon propre sang… et ce dernier ne fit qu'un tour alors que mon cœur ne put s'empêcher de suffoquer dans ma poitrine.
À l'annonce qu'elle était à Sainte Mangouste et qu'elle souhaitait me voir, je sautais de ma chaise, bousculant l'Augurey qui s'envola pour retourner sur son perchoir. D'un coup de baguette, j'épongeais les copies inintéressantes de mes élèves avant de faire parvenir mes vêtements jusqu'à moi pour me préparer d'autant plus vite.
Une fois convenablement habillée pour affronter le froid, je me précipitais hors de l'université pour transplaner jusqu'à Londres, devant l'hôpital. C'est avec mon autorité naturelle que je m'adressais au secrétariat, et une fois le numéro de chambre obtenu, je m'y rendais à grands pas, faisant claquer mes talons dans les couloirs blancs aux airs quelque peu morbides.
Mais une fois devant la porte, je toquais délicatement avant de me permettre d'ouvrir le battant et de le fermer derrière moi. Mon cœur se serra de peine en voyant mon enfant dans cet état avancé de chagrin et de détresse. Retenant mes propres larmes, car je me devais de garder contenance, sous le coup de l'émotion de pouvoir enfin la retrouver, car je n'y croyais plus, je m'avançais jusqu'au lit où elle était allongée et recroquevillée.
Avec une délicatesse infinie, je venais passer mes longs et fins doigts dans sa chevelure dorée, héritage de ma propre personne. Sans m'avancer davantage, de peur d'effrayer mon petit trésor, je me permettais de murmurer avec une douceur qui m'était difficilement soupçonnable. La dernière fois que j'avais agis de la sorte avec ma fille était à sa naissance, jusqu'à ce qu'elle atteigne l'âge de comprendre les faits et gestes d'autrui, et surtout de ce souvenir. Mais cet amour ne m'avait jamais quitté même si je m'étais toujours appliqué à le cacher aux yeux du monde.
- Je suis là Juliet… Je suis là.
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Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Mar 11 Déc 2018 - 13:45
Tomber de son nuage
juliet & agrippa
Est-ce que j’étais vraiment destiné à être celle qui n’arriverait à rien ? Peut-être père avait-il raison, j’aurais mieux fait de rester sagement à la maison attendant qu’Henry daigne un jour s’apercevoir que j’avais des sentiments. J’aurais pu rester près du lac au manoir, j’aurais dansé, créer des robes et j’aurais été plutôt heureuse. Pas de bonheur illusoire, pas de rêve ou d’espoir mais une vie telle qu’on me l’avait choisie. Dans le fond, j’aurais continué à rêver, à espérer et je crois que c’était ce qui me manquait le plus maintenant. Je ne me faisais plus d’illusions ; dès que mère recevrait cette missive, elle préviendrait père qui m’enverrait un de ces médecins privé qui me ferait transférer à la maison et je retrouverais ma prison dorée. Me laisseront-ils seulement reprendre les cours ? J’en doutais, je ne me faisais pas de faux espoirs. Je voyais même déjà père crier haut et fort qu’il l’avait dit, que cette école pervertirait mon esprit, il me crierait que j’avais déshonoré la famille. Oh… et si… et s’ils ne voulaient plus de moi . Et si père et mère me rejetaient . Et Adriel ?... Adriel m’avait toujours soutenu et je n’avais même pas pris la peine de me confier à lui, ni même à Tzvetelina… je crois que je craignais plus encore sa colère que celle de père et mère parce que dans le fond, je me disais que mes parents pourraient toujours trouver un peu d’amour mais qu’elle, je pourrais réellement la perdre.
J’entendais la porte s’ouvrir mais je ne me retournais pas. Les médicomages passaient régulièrement pour vérifier que tout allait bien. Mais quand son parfum me parvint, je sus immédiatement qui me serrait dans ses bras et mes larmes coulèrent plus encore tandis que je posais mes mains sur les siennes, pour retrouver ce cocon qui m’avait tant manqué. « Je suis là Juliet… Je suis là. » Mère.
Je me retournais, lui faisant face. J’avais les yeux rouge et gonflé, les cheveux fin et cassant. Je savais que j’étais affreuse. Je n’avais plus pris soin de moi depuis plusieurs mois déjà et face à mère que j’avais toujours trouvé incroyablement belle, je me ratatinais davantage. Elle était seule. Tant mieux. Je fermais légèrement ma main sur son bras comme pour l’empêcher de partir, l’empêcher de m’abandonner. Je ne l’aurais pas supporté. « Pardonnez-moi, mère. » Je plongeais mon visage sur elle, pour éviter qu’elle me regarde, éviter de croiser son regard, mais aussi, pour sentir ce parfum si rassurant qui m’empêcher de trembler. Je fondais à nouveau en larmes. « J’ai eu si peur… »
J’entendais la porte s’ouvrir mais je ne me retournais pas. Les médicomages passaient régulièrement pour vérifier que tout allait bien. Mais quand son parfum me parvint, je sus immédiatement qui me serrait dans ses bras et mes larmes coulèrent plus encore tandis que je posais mes mains sur les siennes, pour retrouver ce cocon qui m’avait tant manqué. « Je suis là Juliet… Je suis là. » Mère.
Je me retournais, lui faisant face. J’avais les yeux rouge et gonflé, les cheveux fin et cassant. Je savais que j’étais affreuse. Je n’avais plus pris soin de moi depuis plusieurs mois déjà et face à mère que j’avais toujours trouvé incroyablement belle, je me ratatinais davantage. Elle était seule. Tant mieux. Je fermais légèrement ma main sur son bras comme pour l’empêcher de partir, l’empêcher de m’abandonner. Je ne l’aurais pas supporté. « Pardonnez-moi, mère. » Je plongeais mon visage sur elle, pour éviter qu’elle me regarde, éviter de croiser son regard, mais aussi, pour sentir ce parfum si rassurant qui m’empêcher de trembler. Je fondais à nouveau en larmes. « J’ai eu si peur… »
(c) DΛNDELION
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Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Mar 11 Déc 2018 - 21:37
Ce qui me tiraillait les entrailles me donnait la nausée, j’étais sur le point de rendre mon repas et mon thé. Je devais lutter contre ma colère, celle de la mère inquiète, outrée du comportement de son enfant, déçue de cette trahison. Lutter contre ma propre éducation, celle de la matriarche de famille qui mettait les siens avant toute chose. Et c’était bien ce dernier point qui m’avait perdue, et qui, malgré moi, faisait que j’étais une mauvaise mère.
J’étais prise entre deux feux, et c’est bien ça qui me rendait malade à l’instant présent. La détresse de ma fille me soulevait le cœur, la mère en moi souhaitait être douce, la protéger, la prendre dans mes bras et l’aimer, car elle manquait d’amour, seul un sot ne le verrait pas. Mais je souhaitais aussi rester de marbre, froide et distante, comme je l’avais toujours été, pour ne pas la fragiliser davantage, pour ne pas montrer mes propres faiblesses ce qui était un réflexe de survie, pour mettre les Skinner en avant, toujours.
Mais comment m’était-il possible de servir convenablement mon nom et mon mariage si ma propre progéniture était au plus mal ? C’était une incohérence que je n’avais pas comprise depuis la naissance d’Adiel en observant le comportement de Winston.
Tout le monde enviait les sang-pur, nos richesses et nos conditions aisées. C’était peut-être vrai pour les hommes. Mais naître femme dans ce milieu revenait à vivre constamment un enfer, dans l’ombre des autres, des choix qu’on fait à notre place. Il fallait savoir se battre pour se faire un nom et une toute petite place pour être un minimum à l’aise. Domaine dans lequel Juliet n’avait jamais excellé, son caractère étant aussi doux et léger que les flocons de neige qui tombaient lors de sa naissance. Ma fille était restée pure, malgré le milieu extrêmement disciplinaire dans le quel elle avait grandit, et pour le quel j’avais contribué. Je n’étais pas comme elle, et d’ailleurs, je m’étais toujours demandée où est-ce qu’elle était allée chercher une attitude si douce. J’avais tout de suite été endurcie pour affronter ce qui allait m’attendre une fois mariée. Durant vingt ans j’avais essayé de former Juliet de la même manière, mais lors de sa fugue, j’avais été forcée de constater que je n’avais pas employé la bonne méthode. Moi qui étais extrêmement calculatrice et manipulatrice, j’avais échoué sur le sujet le plus important de ma vie.
Alors, lorsque je sentais la pression qu’elle exerçait sur mon bras, avant de fondre contre moi, elle brisa toutes les barrières que je m’étais tant et si bien forcée à ériger. J’aurai pu rester froide et hautaine. J’aurai pu, je l’avais toujours fais. Mais je me devais de changer de stratégie, et non pas pour l’unique nom des Skinner, mais pour mon bébé. Pour Juliet. Parce que je ne voulais plus la perdre, et ce n’était pas une démarche intéressée pour un quelconque mariage futur ou que sais-je concernant les sang-pur. C’était un simple et pur désir de mère. Pur, oui.
Prenant tout à fait place sur son lit, je me rendis compte à quel point j’étais crispée de la sentir ainsi contre moi. Non pas que ça me déplaisait bien au contraire, mais parce que je n’avais pas l’habitude. Je laissais mon enfant s’accrocher à mes habits le temps de réussir à savoir quoi faire, car je devais le réfléchir. Doucement, je passais une main dans son dos, l’autre à l’arrière de sa tête, mes doigts plongeant dans ses cheveux aux couleurs des blés. Avec une tendresse insoupçonnée, je la serrais délicatement contre mon sein tout en fermant les paupières pour graver à jamais cet instant si privilégier entre nous dans ma mémoire. Humant son parfum, faisant fi de son état, je savourais cette odeur que je pourrai reconnaître entre mille, cet aspect doucereux de bébé, de biscuit, qui n’appartenait qu’à Juliet. Mon amortensia.
M’aventurant à de légères caresses dans ses cheveux, j’inspirais profondément pour garder mon calme et repousser tout mauvais comportement. Rouvrant légèrement les paupières, je lui répondais d’une voix qui se voulait rassurante et douce. Un timbre bien peu commun chez moi.
- Je suis là maintenant.
Je me rendais alors compte que je me répétais. Essayant de retirer ce vieux disque rayé, me renvoyant de nombreux souvenirs aux couleurs sépia, je continuais.
- Fais-moi partager ce qui t’es arrivée. Je veux t’aider.
Me confier son histoire revenait à la rendre vulnérable, que c'était un risque que je fasse mon rapport à Winston plus tard, pour mieux la punir, et je savais qu’elle en avait conscience. Toutefois, à cet instant, ce que je disais n’était pas intéressé et motivé autrement que par l’envie d’aider mon enfant. Je trouvais plus sage alors de le lui préciser.
- Tu as ma parole que ton récit restera entre nous.
J’étais prise entre deux feux, et c’est bien ça qui me rendait malade à l’instant présent. La détresse de ma fille me soulevait le cœur, la mère en moi souhaitait être douce, la protéger, la prendre dans mes bras et l’aimer, car elle manquait d’amour, seul un sot ne le verrait pas. Mais je souhaitais aussi rester de marbre, froide et distante, comme je l’avais toujours été, pour ne pas la fragiliser davantage, pour ne pas montrer mes propres faiblesses ce qui était un réflexe de survie, pour mettre les Skinner en avant, toujours.
Mais comment m’était-il possible de servir convenablement mon nom et mon mariage si ma propre progéniture était au plus mal ? C’était une incohérence que je n’avais pas comprise depuis la naissance d’Adiel en observant le comportement de Winston.
Tout le monde enviait les sang-pur, nos richesses et nos conditions aisées. C’était peut-être vrai pour les hommes. Mais naître femme dans ce milieu revenait à vivre constamment un enfer, dans l’ombre des autres, des choix qu’on fait à notre place. Il fallait savoir se battre pour se faire un nom et une toute petite place pour être un minimum à l’aise. Domaine dans lequel Juliet n’avait jamais excellé, son caractère étant aussi doux et léger que les flocons de neige qui tombaient lors de sa naissance. Ma fille était restée pure, malgré le milieu extrêmement disciplinaire dans le quel elle avait grandit, et pour le quel j’avais contribué. Je n’étais pas comme elle, et d’ailleurs, je m’étais toujours demandée où est-ce qu’elle était allée chercher une attitude si douce. J’avais tout de suite été endurcie pour affronter ce qui allait m’attendre une fois mariée. Durant vingt ans j’avais essayé de former Juliet de la même manière, mais lors de sa fugue, j’avais été forcée de constater que je n’avais pas employé la bonne méthode. Moi qui étais extrêmement calculatrice et manipulatrice, j’avais échoué sur le sujet le plus important de ma vie.
Alors, lorsque je sentais la pression qu’elle exerçait sur mon bras, avant de fondre contre moi, elle brisa toutes les barrières que je m’étais tant et si bien forcée à ériger. J’aurai pu rester froide et hautaine. J’aurai pu, je l’avais toujours fais. Mais je me devais de changer de stratégie, et non pas pour l’unique nom des Skinner, mais pour mon bébé. Pour Juliet. Parce que je ne voulais plus la perdre, et ce n’était pas une démarche intéressée pour un quelconque mariage futur ou que sais-je concernant les sang-pur. C’était un simple et pur désir de mère. Pur, oui.
Prenant tout à fait place sur son lit, je me rendis compte à quel point j’étais crispée de la sentir ainsi contre moi. Non pas que ça me déplaisait bien au contraire, mais parce que je n’avais pas l’habitude. Je laissais mon enfant s’accrocher à mes habits le temps de réussir à savoir quoi faire, car je devais le réfléchir. Doucement, je passais une main dans son dos, l’autre à l’arrière de sa tête, mes doigts plongeant dans ses cheveux aux couleurs des blés. Avec une tendresse insoupçonnée, je la serrais délicatement contre mon sein tout en fermant les paupières pour graver à jamais cet instant si privilégier entre nous dans ma mémoire. Humant son parfum, faisant fi de son état, je savourais cette odeur que je pourrai reconnaître entre mille, cet aspect doucereux de bébé, de biscuit, qui n’appartenait qu’à Juliet. Mon amortensia.
M’aventurant à de légères caresses dans ses cheveux, j’inspirais profondément pour garder mon calme et repousser tout mauvais comportement. Rouvrant légèrement les paupières, je lui répondais d’une voix qui se voulait rassurante et douce. Un timbre bien peu commun chez moi.
- Je suis là maintenant.
Je me rendais alors compte que je me répétais. Essayant de retirer ce vieux disque rayé, me renvoyant de nombreux souvenirs aux couleurs sépia, je continuais.
- Fais-moi partager ce qui t’es arrivée. Je veux t’aider.
Me confier son histoire revenait à la rendre vulnérable, que c'était un risque que je fasse mon rapport à Winston plus tard, pour mieux la punir, et je savais qu’elle en avait conscience. Toutefois, à cet instant, ce que je disais n’était pas intéressé et motivé autrement que par l’envie d’aider mon enfant. Je trouvais plus sage alors de le lui préciser.
- Tu as ma parole que ton récit restera entre nous.
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Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Mer 12 Déc 2018 - 15:45
Tomber de son nuage
juliet & agrippa
J’étais dans ses bras et elle me caressait les cheveux. J’étais bien, rassurée. Avait-on déjà été dans cette position toutes les deux ? Je ne me rappelais pas. Mais j’étais bien, elle ne me repoussait pas. C’était ce que je craignais le plus ; qu’elle me délaisse, me repousse, me dise que je n’étais plus sa fille, que j’avais déshonoré notre nom. « Je suis là maintenant. » Elle était là. Lewis aussi était là, j’en étais certaine. Je jetais un coup d’œil vers la porte d’entrée. Avait-il vu mère entrer dans la chambre ? Avait-il compris que je l’avais trahis, lui aussi ? Il devait me détester du plus profond de son âme, je le sentais. Je l’avais tellement déçu. Peut-être était-il repartît ? Peut-être allait-il tenter de me récupérer ? J’avais peur, peur que ça n’arrive, peur d’en avoir envie. « Fais-moi partager ce qui t’es arrivée. Je veux t’aider. »
Je la regardais désemparée. Lui dire ? Mais… est-ce qu’elle m’aiderait vraiment ? Dirait-elle tout à père ? « Tu as ma parole que ton récit restera entre nous. » Elle semblait lire en moi comme dans un livre ouvert et son regard que je n’avais jamais vu si tendre me fondait le cœur. Elle était là maintenant. Elle allait m’aider, m’écouter. Oui, je devais lui dire. Je m’éloignais un peu d’elle, nerveuse. « Je…je suis amoureuse de ce garçon depuis longtemps… » Rien qu’à la première phrase je savais que c’était un crime à ses yeux. L’amour, quelque chose de si stupide aux yeux de mère. Combien de fois m’avait-elle dit que c’était secondaire ? « Et Henry il me faisait tellement de mal… mère… je recevais sans cesse des lettres de ses amantes qui me détaillaient dans le moindre détail toutes les choses qu’il leur faisaient… » J’avais vraiment honte d’avouer ça devant elle. Plus encore que de lui dire que j’en aimais un autre. Avoué que je n’étais pas capable d’inspirer quoi que ce soit à l’homme que je devais épouser était si humiliant. « C’était dur… j’avais dit à père que Henry m’humiliait mais il s’en fichait… il m’a dit que c’était comme ça et que je devais prendre sur moi. Et Lewis… lui m’aimait si fort… » Mon cœur se serrait. « Lewis était le seul qui me prouvait son amour. » je baissais les yeux en disant ça. Je savais que c’était une parole cruelle, mais à ce moment-là, j’étais vraiment certaine que mère ne m’aimait pas. Je me trompais, là aussi, puisque aujourd’hui, elle était là. « Je ne vous reproche rien mère ! Je… je veux dire que… j’ai cru qu'en fuyant avec lui, je pourrais être heureuse… » Mes doigts se tortillaient plus fort sur le drap blanc qui me recouvrait. J’étais fragile, perturbée, j’avais peur de continuer, mais je ne pouvais pas m’empêcher de poursuivre, aussi douloureux que chacun des mots puisse être. « Mais ça ne s’est pas du tout passé comme ça. » Je pleurais, à nouveau. Repensant à mon rêve brisé. « Il… Il m’a… » Je ne pouvais pas poursuivre. Je pleurais si fort que j’en perdais le souffle.
Je la regardais désemparée. Lui dire ? Mais… est-ce qu’elle m’aiderait vraiment ? Dirait-elle tout à père ? « Tu as ma parole que ton récit restera entre nous. » Elle semblait lire en moi comme dans un livre ouvert et son regard que je n’avais jamais vu si tendre me fondait le cœur. Elle était là maintenant. Elle allait m’aider, m’écouter. Oui, je devais lui dire. Je m’éloignais un peu d’elle, nerveuse. « Je…je suis amoureuse de ce garçon depuis longtemps… » Rien qu’à la première phrase je savais que c’était un crime à ses yeux. L’amour, quelque chose de si stupide aux yeux de mère. Combien de fois m’avait-elle dit que c’était secondaire ? « Et Henry il me faisait tellement de mal… mère… je recevais sans cesse des lettres de ses amantes qui me détaillaient dans le moindre détail toutes les choses qu’il leur faisaient… » J’avais vraiment honte d’avouer ça devant elle. Plus encore que de lui dire que j’en aimais un autre. Avoué que je n’étais pas capable d’inspirer quoi que ce soit à l’homme que je devais épouser était si humiliant. « C’était dur… j’avais dit à père que Henry m’humiliait mais il s’en fichait… il m’a dit que c’était comme ça et que je devais prendre sur moi. Et Lewis… lui m’aimait si fort… » Mon cœur se serrait. « Lewis était le seul qui me prouvait son amour. » je baissais les yeux en disant ça. Je savais que c’était une parole cruelle, mais à ce moment-là, j’étais vraiment certaine que mère ne m’aimait pas. Je me trompais, là aussi, puisque aujourd’hui, elle était là. « Je ne vous reproche rien mère ! Je… je veux dire que… j’ai cru qu'en fuyant avec lui, je pourrais être heureuse… » Mes doigts se tortillaient plus fort sur le drap blanc qui me recouvrait. J’étais fragile, perturbée, j’avais peur de continuer, mais je ne pouvais pas m’empêcher de poursuivre, aussi douloureux que chacun des mots puisse être. « Mais ça ne s’est pas du tout passé comme ça. » Je pleurais, à nouveau. Repensant à mon rêve brisé. « Il… Il m’a… » Je ne pouvais pas poursuivre. Je pleurais si fort que j’en perdais le souffle.
(c) DΛNDELION
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Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Mer 12 Déc 2018 - 19:05
Lire cette détresse dans les yeux de mon enfant me mis au supplice. Pourtant il n'était possible de le deviner que par le léger froncement de sourcil que je lui accordais alors qu'elle me regardait. J'étais bien trop habituée à faire face aux situations difficiles pour me montrer émotive. Qui plus est, Juliet avait besoin de moi, aujourd'hui plus que jamais. Je ne pouvais donc pas lui montrer que moi aussi, je pouvais être émotive. Davantage calculatrice et prévoyante, je devinais sans mal que ma fille avait besoin d'un pilier contre le quel s'appuyer. Ce pilier, c'était moi. Elle aurait pu faire appel à ses amies d'études ou à ses frères. Elle avait toutefois préféré me contacter moi. Ce n'était pas rien, et je devais me montrer à la hauteur de la confiance qu'elle m'accordait. Voilà pourquoi aucune espèce de forme de sentiment ne traversa mon regard lorsque je le plongeais dans le sien. Ni dureté, ni sévérité, mais pas non plus de compassion malgré mes douces caresses dans ses cheveux. Je restais hermétique à toute forme d'émotion que je pouvais dégager, vieux réflexe de survie que mon éducation m'avait maintes et maintes fois inculquée. Les vieilles habitudes ont la vie dure, il me fallait du temps pour pouvoir me dévisager, même à mon propre sang et ma propre chaire.
Mais ma tendre fille était bien naïve, car elle me crut sur de simples paroles. Signe de sa pureté et de son innocence. Néanmoins aujourd'hui, je le lui accordais, j'avais donné ma parole. J'avais beau être une femme autoritaire, j'avais toujours tenu mes promesses. Mes enfants pouvaient me reprocher bien des choses, mais pas ça. Sans la retenir, je la laissais s'éloigner un peu tandis que je m'asseyais plus confortablement sur le rebord du lit. Mes mains posées sur mes cuisses, je fixais mon enfant de mes yeux bleus azurés, froid, mais quelque peu pétillant de douceur, une tendresse qui lui était uniquement adressée à elle. Dans un silence religieux je la laissais me raconter son histoire, sans jugement, sans expression, sans impatience, sans colère.
Plusieurs fois il me fallut tourner ma langue dans ma bouche ou me la mordre pour ne pas retrouver mes vieux réflexes. Ma fille, tomber amoureuse d'un sot sans nom ni renom, et partir avec… pire, que son fiancé, Henry, ait été à ce point un gourdiflot, et encore, je pesais mes mots. J'étais à deux doigts d'aller concocter une potion spéciale à son attention. J'eus une sombre pensée également à l'attention de mon époux. Pourquoi diable ne m'avait-il rien dis ? Hélas, je connaissais la réponse, et ce fut un soupir las chassé par mes narines qui trahissait mon trouble à l'instant alors que je continuais d'écouter mon enfant et ses aveux.
Ce fut un couteau acéré qu'elle me planta dans le cœur en prétendant que son Lewis de sang de bourbe était le seul qui lui prouvait son amour. Mon désappointement fut visiblement uniquement par un léger battement de paupière. Juliet, ainsi que mes garçons, avait ce pouvoir sur moi de me rendre légèrement plus expressive que je ne l'étais avec n'importe qui d'autre. Baissant légèrement le menton, j'observais mon trésor d'un air un peu grave, mais toujours dénué de colère. Comment pouvais-je lui en vouloir ? Je n'étais pas de celle qui niait la vérité lorsqu'elle était convenablement présentée, et même sir les paroles de ma fille étaient sèches et bien directes, ils n'en étaient pas moins faux. Les gestes d'amour envers ma progéniture avaient été rares, car ils étaient à mes yeux une perte de temps. Tout du moins, ça avait été le cas jusqu'à la fugue de la jeune fille assise devant moi. Et même si elle essayait de se rattraper en disant qu'elle ne me reprochait rien, elle ne se rendait pas compte à quel point elle retournait davantage le couteau dans la plaie. Elle signifiait très clairement que parmi nous, dans sa famille, elle n'avait jamais été heureuse.
Gardant un sang-froid olympien, toujours sans me démonter, je l'observais se ramasser légèrement sur elle-même tout en tortillant les draps blancs qui l'entouraient. J'aurai aimé pouvoir en faire de même, la reprendre dans mes bras et lui signifier que nous allions tout oublier, repartir de zéro. Pourtant, je n'avais pas cette liberté, car moi aussi j'avais une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Et mon emprisonnement faisait celui de ma fille. Ainsi, je restais de marbre, d'apparence uniquement, déglutissant apparemment tranquillement, alors qu'en réalité c'était nerveux, et pour essayer d'avaler cette boule qui se formait au fond de ma gorge.
Mais ses nouveaux sanglots m'y obligèrent. Et parce que je voulais avoir le fin mot de l'histoire, dans l'unique but de mieux la protéger et l'aider, et non pas de mieux la livrer à son père, je venais poser une main pleine de tendresse sur son épaule. Dans un geste qui se voulait doux et réconfortant, je venais la lui frotter sans oser m'approcher davantage puisqu'elle avait elle-même posé une certaine distance.
Se bercer d'illusion, croire en son rêve, penser pouvoir le vivre, puis sombrer dans la déception était une chose terrible à vivre. Comme toutes les petites filles j'aurais aimé pouvoir épouser quelqu'un que j'aimais, et surtout, me sentir aimée. Winston n'avait eu d'attention pour moi que parce qu'il avait été intéressé, je n'avais jamais été dupe. Ma chute avait donc été moins brutale que celle de ma fille. Néanmoins, j'étais certaine qu'elle allait ressortir grandie de cette expérience, et cette fois-ci, je ferai de mon mieux pour l'épauler comme elle en avait réellement besoin. Sentant la colère monter en moi, je me raclais la gorge pour éviter d'avoir un ton trop dur.
- Qu'a-t-il fait ?
Ces mots simples m'arrachèrent les tripes. J'étais sur le point de me lever et d'aller le tuer. Au sens propre comme au figuré. Toucher à mes enfants, c'était me toucher moi. Que ce soit Henry ou Lewis, ils allaient payer. La vengeance était un plat qui se mangeait froid. Congelé avec moi. Ils allaient l'apprendre à leurs dépens.
Mais tout vient à point à qui sait attendre. Je laissais mes pulsions meurtrières de côté tout en osant lever ma main de l'épaule de Juliet jusqu'à sa joue pour venir la lui caresser tendrement du bout de mes longs doigts fins.
Mais ma tendre fille était bien naïve, car elle me crut sur de simples paroles. Signe de sa pureté et de son innocence. Néanmoins aujourd'hui, je le lui accordais, j'avais donné ma parole. J'avais beau être une femme autoritaire, j'avais toujours tenu mes promesses. Mes enfants pouvaient me reprocher bien des choses, mais pas ça. Sans la retenir, je la laissais s'éloigner un peu tandis que je m'asseyais plus confortablement sur le rebord du lit. Mes mains posées sur mes cuisses, je fixais mon enfant de mes yeux bleus azurés, froid, mais quelque peu pétillant de douceur, une tendresse qui lui était uniquement adressée à elle. Dans un silence religieux je la laissais me raconter son histoire, sans jugement, sans expression, sans impatience, sans colère.
Plusieurs fois il me fallut tourner ma langue dans ma bouche ou me la mordre pour ne pas retrouver mes vieux réflexes. Ma fille, tomber amoureuse d'un sot sans nom ni renom, et partir avec… pire, que son fiancé, Henry, ait été à ce point un gourdiflot, et encore, je pesais mes mots. J'étais à deux doigts d'aller concocter une potion spéciale à son attention. J'eus une sombre pensée également à l'attention de mon époux. Pourquoi diable ne m'avait-il rien dis ? Hélas, je connaissais la réponse, et ce fut un soupir las chassé par mes narines qui trahissait mon trouble à l'instant alors que je continuais d'écouter mon enfant et ses aveux.
Ce fut un couteau acéré qu'elle me planta dans le cœur en prétendant que son Lewis de sang de bourbe était le seul qui lui prouvait son amour. Mon désappointement fut visiblement uniquement par un léger battement de paupière. Juliet, ainsi que mes garçons, avait ce pouvoir sur moi de me rendre légèrement plus expressive que je ne l'étais avec n'importe qui d'autre. Baissant légèrement le menton, j'observais mon trésor d'un air un peu grave, mais toujours dénué de colère. Comment pouvais-je lui en vouloir ? Je n'étais pas de celle qui niait la vérité lorsqu'elle était convenablement présentée, et même sir les paroles de ma fille étaient sèches et bien directes, ils n'en étaient pas moins faux. Les gestes d'amour envers ma progéniture avaient été rares, car ils étaient à mes yeux une perte de temps. Tout du moins, ça avait été le cas jusqu'à la fugue de la jeune fille assise devant moi. Et même si elle essayait de se rattraper en disant qu'elle ne me reprochait rien, elle ne se rendait pas compte à quel point elle retournait davantage le couteau dans la plaie. Elle signifiait très clairement que parmi nous, dans sa famille, elle n'avait jamais été heureuse.
Gardant un sang-froid olympien, toujours sans me démonter, je l'observais se ramasser légèrement sur elle-même tout en tortillant les draps blancs qui l'entouraient. J'aurai aimé pouvoir en faire de même, la reprendre dans mes bras et lui signifier que nous allions tout oublier, repartir de zéro. Pourtant, je n'avais pas cette liberté, car moi aussi j'avais une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Et mon emprisonnement faisait celui de ma fille. Ainsi, je restais de marbre, d'apparence uniquement, déglutissant apparemment tranquillement, alors qu'en réalité c'était nerveux, et pour essayer d'avaler cette boule qui se formait au fond de ma gorge.
Mais ses nouveaux sanglots m'y obligèrent. Et parce que je voulais avoir le fin mot de l'histoire, dans l'unique but de mieux la protéger et l'aider, et non pas de mieux la livrer à son père, je venais poser une main pleine de tendresse sur son épaule. Dans un geste qui se voulait doux et réconfortant, je venais la lui frotter sans oser m'approcher davantage puisqu'elle avait elle-même posé une certaine distance.
Se bercer d'illusion, croire en son rêve, penser pouvoir le vivre, puis sombrer dans la déception était une chose terrible à vivre. Comme toutes les petites filles j'aurais aimé pouvoir épouser quelqu'un que j'aimais, et surtout, me sentir aimée. Winston n'avait eu d'attention pour moi que parce qu'il avait été intéressé, je n'avais jamais été dupe. Ma chute avait donc été moins brutale que celle de ma fille. Néanmoins, j'étais certaine qu'elle allait ressortir grandie de cette expérience, et cette fois-ci, je ferai de mon mieux pour l'épauler comme elle en avait réellement besoin. Sentant la colère monter en moi, je me raclais la gorge pour éviter d'avoir un ton trop dur.
- Qu'a-t-il fait ?
Ces mots simples m'arrachèrent les tripes. J'étais sur le point de me lever et d'aller le tuer. Au sens propre comme au figuré. Toucher à mes enfants, c'était me toucher moi. Que ce soit Henry ou Lewis, ils allaient payer. La vengeance était un plat qui se mangeait froid. Congelé avec moi. Ils allaient l'apprendre à leurs dépens.
Mais tout vient à point à qui sait attendre. Je laissais mes pulsions meurtrières de côté tout en osant lever ma main de l'épaule de Juliet jusqu'à sa joue pour venir la lui caresser tendrement du bout de mes longs doigts fins.
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Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Jeu 13 Déc 2018 - 16:05
Tomber de son nuage
juliet & agrippa
Je sentais qu’elle voulait être proche de moi, me transmettre son amour, mais je sentais toujours cette distance. Peut-être étais-ce moi qui m’imaginais des choses, et je me détestais plus encore pour ça. Si mère prenait sur elle pour me prouver qu’elle m’aimait, qui étais-je pour juger ses actions ? et même si elle gardait son visage froid et neutre de toujours ça ne signifiais pas qu’elle ne ressentait rien. « Qu'a-t-il fait ? » Sa main sur ma joue, me fixant dans les yeux, je sentais cette force qu’elle dégageait, cette prestance que mère avait toujours eue et qui forçait quiconque à lui obéir.
Mais je tournais la tête, rompant le lien visuel qui nous reliait. Je n’arrivais pas à la regarder en face. J’avais honte. Et je savais qu’il était toujours là. Je jetais régulièrement des regards à la porte, comme par peur qu’il puisse franchir le pas et me reprendre avec lui. « Il m’a dit que vous me vouliez du mal… Que si je tentais de vous parler vous… vous me retrouveriez et vous me ferez du mal. » je gardais le regard vers le bas. « Et puis il m’a dit que mes amies aussi pourraient vous dire où j’étais. Alors je devais parler à personne. » Je repensais à ses longues journées ou je restais dans le chalet où nous habitions. J’avais passé beaucoup de temps à lire, me disant qu’il avait raison, que j’étais bien mieux là-bas, avec lui. Qu’au moins, je faisais mes propres choix. Mais j’avais tort, ce n’était pas les miens, c’était les siens. « Puis il m’a interdit de sortir de la maison… j’étais… enfermée. Je ne devais plus parler à personne d’autre que lui. Il fermait toutes les portes à clés. Il disait que c’était pour mon bien, pour me protéger » et plus les jours passaient, moins j’y croyais. Je l’aimais et je pensais que lui seul me suffirait mais c’était faux. Et lorsque j’évoquais le fait que nous pourrions partir plus loin, pour que je puisse sortir il s’emportait. « Quand je lui ai dit que je ne pensais pas que vous me feriez du mal il s’est emporté, énervé. Il s’emportait facilement et quand il était en colère il cassait des choses… » Il ne m’avait jamais blessé, parce qu’au final, j’obtempérais toujours. Et après il m’enlaçait et me disait qu’il m’aimait. Il m’aimait. Je le savais. Je regardais vers la porte entrée et lui demandait silencieusement de me pardonner. Moi aussi je t’aime Lewis. Mais je n’en peux plus.
Mais je tournais la tête, rompant le lien visuel qui nous reliait. Je n’arrivais pas à la regarder en face. J’avais honte. Et je savais qu’il était toujours là. Je jetais régulièrement des regards à la porte, comme par peur qu’il puisse franchir le pas et me reprendre avec lui. « Il m’a dit que vous me vouliez du mal… Que si je tentais de vous parler vous… vous me retrouveriez et vous me ferez du mal. » je gardais le regard vers le bas. « Et puis il m’a dit que mes amies aussi pourraient vous dire où j’étais. Alors je devais parler à personne. » Je repensais à ses longues journées ou je restais dans le chalet où nous habitions. J’avais passé beaucoup de temps à lire, me disant qu’il avait raison, que j’étais bien mieux là-bas, avec lui. Qu’au moins, je faisais mes propres choix. Mais j’avais tort, ce n’était pas les miens, c’était les siens. « Puis il m’a interdit de sortir de la maison… j’étais… enfermée. Je ne devais plus parler à personne d’autre que lui. Il fermait toutes les portes à clés. Il disait que c’était pour mon bien, pour me protéger » et plus les jours passaient, moins j’y croyais. Je l’aimais et je pensais que lui seul me suffirait mais c’était faux. Et lorsque j’évoquais le fait que nous pourrions partir plus loin, pour que je puisse sortir il s’emportait. « Quand je lui ai dit que je ne pensais pas que vous me feriez du mal il s’est emporté, énervé. Il s’emportait facilement et quand il était en colère il cassait des choses… » Il ne m’avait jamais blessé, parce qu’au final, j’obtempérais toujours. Et après il m’enlaçait et me disait qu’il m’aimait. Il m’aimait. Je le savais. Je regardais vers la porte entrée et lui demandait silencieusement de me pardonner. Moi aussi je t’aime Lewis. Mais je n’en peux plus.
(c) DΛNDELION
- InvitéInvité
Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Dim 16 Déc 2018 - 19:24
Ce que disait ma fille m'allait droit au cœur, et autant j'étais vexée par ce qu'elle racontait, ce qu'elle avait pu naïvement penser de moi et de ce que cet imbécile avait dit sur mon compte, qu'autant, étrangement, je la comprenais… car c'était ce que j'avais toujours ressenti pour mes six enfants, et en particulier avec Juliet. Néanmoins, aussi psychopathe que je pouvais l'être à mes heures, je n'avais jamais enfermé ma fille en lui interdisant de se confronter au monde. L'envie avait été là, mais je n'avais jamais mené à l'acte. Winston l'avait fait à ma place en la forçant à se marier, elle avait été dans une cage dorée, certes, je ne pouvais pas le nier, mais elle n'avait pas été enfermée dans notre manoir au point de ne plus pouvoir voir personne. Il était vrai que pour le bien de notre renom, j'aurai aimé qu'elle évite certaines fréquentations, qu'elle reste auprès de moi et que je puisse sans cesse veiller sur elle, pour encore mieux contrôler sa vie. Sa fugue était un parfait exemple de ce qui aurait pu être évité.
Toutefois, j'avais aujourd'hui aussi conscience que c'était également un désir d'amour. Je voulais la protéger, je voulais qu'elle reste cette jeune femme innocente et pleine de rêve… car c'était ce qui m'avait toujours été interdit, et moi, à son âge, j'avais obéis. Il m'avait été interdit de rêver, de tomber amoureuse d'un autre homme que le père de mes enfants, il m'avait été interdit d'en regarder un autre et même de songer à une autre vie. J'avais été parfaitement conditionnée.
Il était certain que j'aurai préféré que Juliet marche dans mes traces, mais le destin en avait voulu autrement, et dans un sens, je l'enviais. Parce que déjà à son âge, elle avait pu mieux vivre que moi à l'âge que j'avais aujourd'hui. Elle avait pu prendre des décisions et s'aventurer dans l'inconnu. Ma fille avait un courage qu'elle ne soupçonnait même pas.
Voyant les regards inquiets qu'elle jetait à la porte, je dégainais tranquillement ma baguette magique nacrée de ma poche pour fermer le battant. Revenant ensuite sur ma fille, je la fixais avec calme, mais la froideur était toujours présente. Les vieilles habitudes ont la vie dure.
- Ma chérie, je pense que je peux comprendre ce qu'il ressentait, mais ça n'excuse en rien ses actes. La jalousie et la peur blessent toujours, qu'importe l'histoire.
Penchant légèrement le menton, j'essayais de capter son regard.
- Et je n'ai jamais levé la main sur toi, l'aurais-tu oublié ?
C'était la vérité. J'avais beau être une femme de caractère, froide, à diriger la maison Skinner d'une main de maître, je n'avais jamais usé de la force physique ou de la magie pour éduquer mes enfants. Femme d'un destin tout tracé, j'en étais devenue particulièrement patiente. C'était ce trait de caractère qui m'avait permis de ne pas céder à certaines pulsions que je ressentais lorsque ma descendance dépassait les limites. Et lorsque c'était véritablement exagéré, ça avait été Winston le plus impatient de nous deux.
Pourtant, sa conclusion m'avait interpellée, et beaucoup inquiétée, accentuant la rage qui grondait au creux de mon ventre et que je tenais en laisse tant bien que mal.
- Mais lui… est-ce que lui a levé la main sur toi ?
Toutefois, j'avais aujourd'hui aussi conscience que c'était également un désir d'amour. Je voulais la protéger, je voulais qu'elle reste cette jeune femme innocente et pleine de rêve… car c'était ce qui m'avait toujours été interdit, et moi, à son âge, j'avais obéis. Il m'avait été interdit de rêver, de tomber amoureuse d'un autre homme que le père de mes enfants, il m'avait été interdit d'en regarder un autre et même de songer à une autre vie. J'avais été parfaitement conditionnée.
Il était certain que j'aurai préféré que Juliet marche dans mes traces, mais le destin en avait voulu autrement, et dans un sens, je l'enviais. Parce que déjà à son âge, elle avait pu mieux vivre que moi à l'âge que j'avais aujourd'hui. Elle avait pu prendre des décisions et s'aventurer dans l'inconnu. Ma fille avait un courage qu'elle ne soupçonnait même pas.
Voyant les regards inquiets qu'elle jetait à la porte, je dégainais tranquillement ma baguette magique nacrée de ma poche pour fermer le battant. Revenant ensuite sur ma fille, je la fixais avec calme, mais la froideur était toujours présente. Les vieilles habitudes ont la vie dure.
- Ma chérie, je pense que je peux comprendre ce qu'il ressentait, mais ça n'excuse en rien ses actes. La jalousie et la peur blessent toujours, qu'importe l'histoire.
Penchant légèrement le menton, j'essayais de capter son regard.
- Et je n'ai jamais levé la main sur toi, l'aurais-tu oublié ?
C'était la vérité. J'avais beau être une femme de caractère, froide, à diriger la maison Skinner d'une main de maître, je n'avais jamais usé de la force physique ou de la magie pour éduquer mes enfants. Femme d'un destin tout tracé, j'en étais devenue particulièrement patiente. C'était ce trait de caractère qui m'avait permis de ne pas céder à certaines pulsions que je ressentais lorsque ma descendance dépassait les limites. Et lorsque c'était véritablement exagéré, ça avait été Winston le plus impatient de nous deux.
Pourtant, sa conclusion m'avait interpellée, et beaucoup inquiétée, accentuant la rage qui grondait au creux de mon ventre et que je tenais en laisse tant bien que mal.
- Mais lui… est-ce que lui a levé la main sur toi ?
- InvitéInvité
Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Mer 19 Déc 2018 - 16:41
Tomber de son nuage
juliet & agrippa
« Ma chérie, je pense que je peux comprendre ce qu'il ressentait, mais ça n'excuse en rien ses actes. La jalousie et la peur blessent toujours, qu'importe l'histoire. » Alors il avait raison ? Étais-je en tort ? J’aurais dû nous laisser une chance ? Je sentais mes entrailles se tordre entre elles alors que la culpabilité mon rongeait. Si même mère reconnaissait qu’il y avait un amour sincère entre Lewis et moi je devais faire face au fait que j’avais une fois de plus, tout gâcher. « Et je n'ai jamais levé la main sur toi, l'aurais-tu oublié ? » je fis un non du visage. Non, mère n’avait jamais levé la main sur moi. Père non plus d’ailleurs. Il avait déjà levé la main pour me faire peur, et ça avait marché, j’avais baissé la tête, obéi et tout était rentré dans l’ordre. Et c’était exactement ce que j’avais fait avec Lewis. « Mais lui… est-ce que lui a levé la main sur toi ? » Elle semblait lire dans mes pensées. Mais une fois de plus, je lui indiquais que non du visage.
« Non, j’ai fait comme je faisais toujours avec père… je baissais la tête et obéissais. Il n’a jamais eu à me corriger. Et après, il se calmait et nous changions de sujet. » La vérité c’était qu’en dehors de ces moments tout allait pour le mieux. Il était doux, gentil, amoureux. Il m’offrait toujours des cadeaux alors que je savais qu’il travaillait dur pour obtenir de quoi nous faire vivre. Mais il ne voulait pas que je m’abime les mains. Je devais rester au chaud, en sécurité. Le problème ce n’était pas ces moments, le problème ce n’était pas le fait d’être à la maison, le souci c’était la crainte que j’avais de détruire ces moments pour le faire replonger dans cette violence que je ne comprenais pas. Oui. Père et mère ne m’avaient jamais frappé. Pourquoi l’auraient-ils fait ? Pourquoi pensait-il à ça ? Pourquoi fallait-il que les choses se terminent ainsi. Je jetais encore un regard vers la porte. Pourquoi Lewis ? je t’aime.
« Non, j’ai fait comme je faisais toujours avec père… je baissais la tête et obéissais. Il n’a jamais eu à me corriger. Et après, il se calmait et nous changions de sujet. » La vérité c’était qu’en dehors de ces moments tout allait pour le mieux. Il était doux, gentil, amoureux. Il m’offrait toujours des cadeaux alors que je savais qu’il travaillait dur pour obtenir de quoi nous faire vivre. Mais il ne voulait pas que je m’abime les mains. Je devais rester au chaud, en sécurité. Le problème ce n’était pas ces moments, le problème ce n’était pas le fait d’être à la maison, le souci c’était la crainte que j’avais de détruire ces moments pour le faire replonger dans cette violence que je ne comprenais pas. Oui. Père et mère ne m’avaient jamais frappé. Pourquoi l’auraient-ils fait ? Pourquoi pensait-il à ça ? Pourquoi fallait-il que les choses se terminent ainsi. Je jetais encore un regard vers la porte. Pourquoi Lewis ? je t’aime.
(c) DΛNDELION
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Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Ven 21 Déc 2018 - 18:24
Attentive aux réactions de mon enfant, je la devinais fébrile et très incertaine. Je la savais fragile depuis sa naissance bien sûr, car même si j'avais été distante, je connaissais mes enfants, sans en avoir trop l'air. Je craignais que mes mots aient été mal choisis, mais je n'étais pas une excellente diplomate lorsqu'il était question de recoller les morceaux, encore moins avec mes enfants. J'étais douée dans bien des matières, mais pour être gentille et compréhensive, j'avais encore du chemin à faire, j'en avais conscience, mais ce rappel me sautait en plein visage à force d'observer ma fille dans un tel état de fragilité. Quelle était la meilleure réaction à adopter ? La prendre dans mes bras alors que nous n'avions presque jamais eu de contact physique entre nous ? Est-ce que ça pourrait la rassurer ou au contraire, l'effrayer ? Lui déposer un baiser sur son front ? Lui tenir la main ? Trop de questions pour si peu de réponse.
Au moins, j'étais rassérénée du fait que son Lewis n'ait jamais levé la main sur elle, c'était déjà une excellente chose… mais peut-être au fond aurai-je préféré. Déjà, ça m'aurait donné une excellente excuse pour m'en aller le tuer, mais aussi parce que les blessures du corps étaient bien plus simple à soigner que celles de l'esprit. Et pour ces dernières, je n'étais pas certaine d'être la mieux placée pour ma Juliet. Néanmoins, je soupirais tranquillement par les narines tout en réfléchissant rapidement. Tandis que son regard inquiet se tournait à nouveau vers la porte derrière moi, j'osais lever mes doigts pour venir lui attraper le menton avec douceur et lui forcer à détourner le regard pour le poser sur moi.
- Juliet allons calmes-moi. Même si ça peut t'être difficile à croire, je suis là, et si ton Lewis vient, je vous laisserai discuter, mais je resterai présente.
Relâchant tout contact avec elle, je reposais ma main sur ma cuisse tout en reprenant en essayant d'être aussi douce que possible, aussi bien par l'attitude que par la voix. Ça pouvait sonner faux, je n'étais pas au point dans cette attitude, mais au moins j'y mettais l'intention.
- Mon enfant tu n'as rien à te reprocher. Aimer est une chose. Être jaloux et possessif en est une autre. L'amour ce n'est pas que dévouement et abnégation, et ça n'excusait en rien le comportement qu'il a eu envers toi. Vouloir…
Je m'interrompais après avoir souri furtivement. Je n'en revenais pas que j'allais dire ça, mais pourtant, c'était la vérité.
- Vouloir le bonheur de l'autre et le laisser vivre sa vie, c'est ça, le véritable amour. Ce n'est pas le cage dorée. Tu comprends ce que j'essaie de te dire ?
Mes yeux se plissèrent un peu, incertaine de mes mots choisis. Décidément, j'avais véritablement de gros progrès à faire.
- Je suis là pour t'aider et te protéger. Je l'ai toujours été.
Au moins, j'étais rassérénée du fait que son Lewis n'ait jamais levé la main sur elle, c'était déjà une excellente chose… mais peut-être au fond aurai-je préféré. Déjà, ça m'aurait donné une excellente excuse pour m'en aller le tuer, mais aussi parce que les blessures du corps étaient bien plus simple à soigner que celles de l'esprit. Et pour ces dernières, je n'étais pas certaine d'être la mieux placée pour ma Juliet. Néanmoins, je soupirais tranquillement par les narines tout en réfléchissant rapidement. Tandis que son regard inquiet se tournait à nouveau vers la porte derrière moi, j'osais lever mes doigts pour venir lui attraper le menton avec douceur et lui forcer à détourner le regard pour le poser sur moi.
- Juliet allons calmes-moi. Même si ça peut t'être difficile à croire, je suis là, et si ton Lewis vient, je vous laisserai discuter, mais je resterai présente.
Relâchant tout contact avec elle, je reposais ma main sur ma cuisse tout en reprenant en essayant d'être aussi douce que possible, aussi bien par l'attitude que par la voix. Ça pouvait sonner faux, je n'étais pas au point dans cette attitude, mais au moins j'y mettais l'intention.
- Mon enfant tu n'as rien à te reprocher. Aimer est une chose. Être jaloux et possessif en est une autre. L'amour ce n'est pas que dévouement et abnégation, et ça n'excusait en rien le comportement qu'il a eu envers toi. Vouloir…
Je m'interrompais après avoir souri furtivement. Je n'en revenais pas que j'allais dire ça, mais pourtant, c'était la vérité.
- Vouloir le bonheur de l'autre et le laisser vivre sa vie, c'est ça, le véritable amour. Ce n'est pas le cage dorée. Tu comprends ce que j'essaie de te dire ?
Mes yeux se plissèrent un peu, incertaine de mes mots choisis. Décidément, j'avais véritablement de gros progrès à faire.
- Je suis là pour t'aider et te protéger. Je l'ai toujours été.
- InvitéInvité
Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Dim 30 Déc 2018 - 21:29
Tomber de son nuage
juliet & agrippa
Je sentais ses doigts glacés m’attraper le menton et aussitôt mes pensées revinrent au présent, à la réalité, à cette femme devant moi. Ma mère. « Juliet allons calmes-moi. Même si ça peut t'être difficile à croire, je suis là, et si ton Lewis vient, je vous laisserai discuter, mais je resterai présente. » Je savais, je sentais qu’elle disait ça pour me rassurer mais c’était tout l’inverse. J’avais peur, je n’avais pas envie de le voir, de croiser son regard. Je l’aimais. Et c’était douloureux. J’intimais un non de la tête en baissant les yeux. « Je crois que les médicomages ne le laissent pas venir. » Je laissais passer un blanc, mais me disant qu’elle allait peut-être se méprendre et demander qu'il vienne je m’expliquais. « J’ai peur qu’il vienne. » Je m’en voulais pour ça.
Les yeux baissés vers le sol je repensais à nous deux et cherchais où j’avais pu échouer. « Mon enfant tu n'as rien à te reprocher. Aimer est une chose. Être jaloux et possessif en est une autre. » Je levais mes yeux vers elle. Sincèrement à l’écoute de sa sagesse. « L'amour ce n'est pas que dévouement et abnégation, et ça n'excusait en rien le comportement qu'il a eu envers toi. Vouloir… Vouloir le bonheur de l'autre et le laisser vivre sa vie, c'est ça, le véritable amour. Ce n'est pas la cage dorée. Tu comprends ce que j'essaie de te dire ? » Oui. Mais ses paroles étaient douloureuses. Parce qu’elle et père m’avait toujours emprisonné dans une cage dorée sans jamais me laisser l’occasion d’être celle que je voulais être. Cette pensée me laissait envisager beaucoup d’explications, beaucoup de questions que je n’écoutais même plus ce qu’elle me disait. Je revenais alors à moi, décidant d’opter pour la sincérité puisque mère semblait vouloir ressouder cette connexion qui nous avait longtemps manqués. « Mère… est-ce que ça signifie que jusqu’à présent, père et vous ne m’avez jamais aimé ? »
Les yeux baissés vers le sol je repensais à nous deux et cherchais où j’avais pu échouer. « Mon enfant tu n'as rien à te reprocher. Aimer est une chose. Être jaloux et possessif en est une autre. » Je levais mes yeux vers elle. Sincèrement à l’écoute de sa sagesse. « L'amour ce n'est pas que dévouement et abnégation, et ça n'excusait en rien le comportement qu'il a eu envers toi. Vouloir… Vouloir le bonheur de l'autre et le laisser vivre sa vie, c'est ça, le véritable amour. Ce n'est pas la cage dorée. Tu comprends ce que j'essaie de te dire ? » Oui. Mais ses paroles étaient douloureuses. Parce qu’elle et père m’avait toujours emprisonné dans une cage dorée sans jamais me laisser l’occasion d’être celle que je voulais être. Cette pensée me laissait envisager beaucoup d’explications, beaucoup de questions que je n’écoutais même plus ce qu’elle me disait. Je revenais alors à moi, décidant d’opter pour la sincérité puisque mère semblait vouloir ressouder cette connexion qui nous avait longtemps manqués. « Mère… est-ce que ça signifie que jusqu’à présent, père et vous ne m’avez jamais aimé ? »
(c) DΛNDELION
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Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Mer 2 Jan 2019 - 10:57
Plus le temps passait à essayer de lui parler, plus j'avais l'impression que je n'arrangeais rien, que c'était même pire qu'avant. Pourtant ma fille semblait terrorisée, et j'étais bien mal placée pour la rassurer sur quoique ce soit. Je n'étais pas douée à cet exercice, et je manquais clairement de pratique. J'en venais à me demander si je ne devais pas partir plutôt que de rester et essayé de faire de bonnes actions. Apparemment je n'étais pas douée à cet exercice, ce qui me navrait, car j'étais prête à tout pour ma famille. Mais visiblement ça ne suffisait pas, en tout cas, pas pour le diamant de ma collection. Je fermais un instant les yeux pour tenter de trouver une solution, en vain, alors que mon enfant m'avouait avoir peur. C'était normal d'avoir peur, c'était même ce qui pouvait permettre d'apprendre, et aussi de continuer à avancer. Je craignais toutefois que pour l'instant, ça fasse l'effet inverse sur Juliet. Il allait lui falloir le temps de se remettre, et elle avait besoin de ma protection.
- Je suis là pour te protéger.
Simple. Basique. Inutile de décorer une déclaration aussi évidente de mots pouvant davantage embellir et surtout confondre. Et alors que j'essayais de philosopher, de lui expliquer, je voyais son regard se lever sur moi. Presque suppliant que je puisse lui apporter une solution toute faite et tant attendue. Hélas, je ne pouvais pas le faire pour elle, il fallait qu'elle trouve son chemin par elle-même. J'allais la guider, l'aider, mais je ne pouvais pas le faire pour elle, même si l'envie était là. Je savais aussi que ça ne lui rendrait pas service si je lui mâchais trop le travail. Juliet avait beau être fragile et sensible, elle devait apprendre de ses erreurs et de son vécu, car chuter permettait de se relever grandit. Si je ne la laissais pas apprendre, elle ne saurait jamais affronter la vie convenablement et serait toujours une victime. Ce n'était pas ce destin que je souhaitais pour elle. J'aurai aimé qu'elle soit prête pour les épreuves qui allaient encore se dresser sur sa route, elle aurait même déjà dû l'être. Est-ce que ça faisait de moi une mauvaise mère ?
J'allais chasser ce questionnement idiot lorsque mon enfant posa une interrogation particulièrement douloureuse. Un vide se creusa instantanément à mon cœur même si de l'extérieur, je restais de marbre, me contentant simplement de cligner des paupières comme toute marque de perturbation interne. Je revivais alors mon accouchement, l'amour que j'avais offert à Juliet jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se lever à quatre pattes ou de marcher sur ses petits pieds. Ensuite, il fallait commencer une éducation plus stricte, moins enfantine. Et c'est là que je l'avais perdue, je le savais. Pourtant, je n'avais fait que suivre le protocole, les exigences de mon époux, cet homme si sec.
Le désir de lever ma main et de la passer tendrement sur la joue de mon enfant me traversa l'esprit, pourtant, je ne fis rien, de crainte d'aggraver encore la situation. Je me contentais donc d'un sourire dénué d'amusement, un sourire triste et navré, ces sentiments accentués par ce bleu azuré d'ordinaire si froid qui était devenu cette neige si mélancolique et fondante. Avec un timbre de voix moins assuré que d'ordinaire, je parvenais à répondre en essayant de garder contenance.
- Non, bien au contraire. Nous t'aimons de tout notre cœur. Disons que… être parent n'est pas toujours aisé, et nous voulions toujours le meilleur pour toi.
Ce n'était pas des mensonges, tout du moins, pas me concernant. J'avais fait de mon mieux, avec tout ce que je devais faire. Ce n'était pas pour autant que ça avait été bien fait. Aujourd'hui, je m'en rendais amèrement compte.
- Je suis là pour te protéger.
Simple. Basique. Inutile de décorer une déclaration aussi évidente de mots pouvant davantage embellir et surtout confondre. Et alors que j'essayais de philosopher, de lui expliquer, je voyais son regard se lever sur moi. Presque suppliant que je puisse lui apporter une solution toute faite et tant attendue. Hélas, je ne pouvais pas le faire pour elle, il fallait qu'elle trouve son chemin par elle-même. J'allais la guider, l'aider, mais je ne pouvais pas le faire pour elle, même si l'envie était là. Je savais aussi que ça ne lui rendrait pas service si je lui mâchais trop le travail. Juliet avait beau être fragile et sensible, elle devait apprendre de ses erreurs et de son vécu, car chuter permettait de se relever grandit. Si je ne la laissais pas apprendre, elle ne saurait jamais affronter la vie convenablement et serait toujours une victime. Ce n'était pas ce destin que je souhaitais pour elle. J'aurai aimé qu'elle soit prête pour les épreuves qui allaient encore se dresser sur sa route, elle aurait même déjà dû l'être. Est-ce que ça faisait de moi une mauvaise mère ?
J'allais chasser ce questionnement idiot lorsque mon enfant posa une interrogation particulièrement douloureuse. Un vide se creusa instantanément à mon cœur même si de l'extérieur, je restais de marbre, me contentant simplement de cligner des paupières comme toute marque de perturbation interne. Je revivais alors mon accouchement, l'amour que j'avais offert à Juliet jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se lever à quatre pattes ou de marcher sur ses petits pieds. Ensuite, il fallait commencer une éducation plus stricte, moins enfantine. Et c'est là que je l'avais perdue, je le savais. Pourtant, je n'avais fait que suivre le protocole, les exigences de mon époux, cet homme si sec.
Le désir de lever ma main et de la passer tendrement sur la joue de mon enfant me traversa l'esprit, pourtant, je ne fis rien, de crainte d'aggraver encore la situation. Je me contentais donc d'un sourire dénué d'amusement, un sourire triste et navré, ces sentiments accentués par ce bleu azuré d'ordinaire si froid qui était devenu cette neige si mélancolique et fondante. Avec un timbre de voix moins assuré que d'ordinaire, je parvenais à répondre en essayant de garder contenance.
- Non, bien au contraire. Nous t'aimons de tout notre cœur. Disons que… être parent n'est pas toujours aisé, et nous voulions toujours le meilleur pour toi.
Ce n'était pas des mensonges, tout du moins, pas me concernant. J'avais fait de mon mieux, avec tout ce que je devais faire. Ce n'était pas pour autant que ça avait été bien fait. Aujourd'hui, je m'en rendais amèrement compte.
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Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Dim 13 Jan 2019 - 13:57
Tomber de son nuage
juliet & agrippa
J’avais peur de sa réponse. Très franchement, on avait beau dire que les parents aimaient toujours leurs enfants quel que soient leurs choix et décisions mais moi, j’en doutais. Je connaissais trop bien père pour savoir qu'enfants signifiaient argent et succession et mère ? à vrai dire je n’en savais rien. Je me demandais même si elle n’aurait pas préféré ne pas en avoir. Pas d’enfant, pas de problème. Mais lorsque l’on est de sang pur on ne se faisait pas d’illusion ; il fallait perpétuez-la lignée du sang. Père l’aurait-il forcé à avoir toutes ces grossesses ? Quoi qu’il en soit, je plongeais mon regard dans celui de mère en attendant la réponse fatale mais dans le fond, je n’étais pas certaine d’attendre quoi que ce soit. « Non, bien au contraire. Nous t'aimons de tout notre cœur. Disons qu'être parent n'est pas toujours aisé, et nous voulions toujours le meilleur pour toi. »
Je comprenais. Vraiment. Même si ses paroles étaient totalement contraires à ce qu’elle venait juste de me dire ; qu’aimer quelqu’un c’est le laisser prendre ses décisions. S’ils voulaient le meilleur, dans ce cas, ils m’auraient laissé faire mes erreurs. Mais je n’allais pas m’en plaindre. J’avais forcé la main pour faire mes choix et il s’était révélé que ça avait, en effet, été une énorme erreur. Revenir à ma vie calculée serait-ce une nouvelle erreur ? Je n’en savais rien.
« Est-ce que vous pensez que père me pardonnera ? » Je n’avais pas encore évoqué père avec elle. Je ne savais même pas si elle l’avait mis au courant de ma lettre. Et même si père m’aimait, je n’étais pas certaine qu’il me pardonnerait facilement mon égarement. Père m faisait peur. Il m’avait toujours fait peur. Il avait dans son regard cette flamme qui ne donnait ni douce chaleur ni sécurité, mais plutôt cette impression désagréable de s’être déjà fait bruler avant même de tendre la main. « Qu’est-ce qui va m’arriver maintenant ? »
Je comprenais. Vraiment. Même si ses paroles étaient totalement contraires à ce qu’elle venait juste de me dire ; qu’aimer quelqu’un c’est le laisser prendre ses décisions. S’ils voulaient le meilleur, dans ce cas, ils m’auraient laissé faire mes erreurs. Mais je n’allais pas m’en plaindre. J’avais forcé la main pour faire mes choix et il s’était révélé que ça avait, en effet, été une énorme erreur. Revenir à ma vie calculée serait-ce une nouvelle erreur ? Je n’en savais rien.
« Est-ce que vous pensez que père me pardonnera ? » Je n’avais pas encore évoqué père avec elle. Je ne savais même pas si elle l’avait mis au courant de ma lettre. Et même si père m’aimait, je n’étais pas certaine qu’il me pardonnerait facilement mon égarement. Père m faisait peur. Il m’avait toujours fait peur. Il avait dans son regard cette flamme qui ne donnait ni douce chaleur ni sécurité, mais plutôt cette impression désagréable de s’être déjà fait bruler avant même de tendre la main. « Qu’est-ce qui va m’arriver maintenant ? »
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Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Mar 15 Jan 2019 - 9:49
La question de ma fille était toute légitime, et je prenais bien le temps d'y répondre, car au fond, moi-même ignorait la réaction qu'allait avoir Winston à son encontre. À force de le côtoyer, depuis le temps que j'étais mariée avec lui, je pouvais deviner plus ou moins les réactions qu'il allait avoir, mais il avait cette facette qui me surprenait toujours. Ce côté inattendu qui faisait de lui qu'il était un redoutable prédateur. Reposant mes longs doigts fins sur mes cuisses pour laisser sa liberté à mon enfant, je détournais un instant la glace de mes yeux de son corps frêle pour m'attarder sur la fenêtre de la chambre. Un soupir silencieux traversa mes narines alors que j'étais aux prises avec mes pensées. Je n'avais jamais eu le dessus sur mon époux, et je ne l'aurai jamais. Chez les Skinner, et chez la plupart des sang-pur, c'était ainsi. Une relation patriarcale. Néanmoins…
Mon regard azuré se reposa sur la jeune femme.
- C'est une question délicate mon enfant. Quoiqu'il en soit, je serai présente pour te défendre et te protéger.
Juliet avait cette chance d'être mon enfant le plus précieux. Ils l'étaient tous, bien évidemment, mais le fait qu'elle soit la fille changeait sensiblement le rapport que j'avais avec elle. Car même si ça ne se voyait pas, je la comprenais, et peut-être mieux que personne. Parce que ce qu'elle vivait, l'enfer de l'éducation strict, je l'avais connu moi aussi. Je l'admirais d'avoir osé essayer d'en sortir, ce que je n'avais jamais eu l'idée de faire. J'étais bien trop droite et exigeante pour cela, même à son âge. D'ailleurs, à son âge, j'étais déjà mariée.
Je redoutais fortement que mon époux ne veuille plus entendre parler d'elle. C'est sans doute ce qui arrivera. Néanmoins, il ne pouvait pas la renier, parce que j'étais là, et parce qu'elle avait un rôle important dans la famille Skinner. Ce qu'elle avait fait était une grave erreur de conduite, mais un écart pouvait être rattrapé. Avec le temps, je saurai amadouer le maître de maison. J'en étais persuadée, j'y étais toujours parvenue.
- Pour commencer, tu vas te reposer ici jusqu'à ce que les médicomages te permettent de sortir. Ensuite, nous rentrerons au manoir pour confronter ton père. Je laissais passer un petit silence alors que je contemplais ma fille. Puis nous verrons. Reprendre tes études pourrait te changer les idées.
Je ne donnais pas un ordre, étonnement. Je suggérais.
Mon regard azuré se reposa sur la jeune femme.
- C'est une question délicate mon enfant. Quoiqu'il en soit, je serai présente pour te défendre et te protéger.
Juliet avait cette chance d'être mon enfant le plus précieux. Ils l'étaient tous, bien évidemment, mais le fait qu'elle soit la fille changeait sensiblement le rapport que j'avais avec elle. Car même si ça ne se voyait pas, je la comprenais, et peut-être mieux que personne. Parce que ce qu'elle vivait, l'enfer de l'éducation strict, je l'avais connu moi aussi. Je l'admirais d'avoir osé essayer d'en sortir, ce que je n'avais jamais eu l'idée de faire. J'étais bien trop droite et exigeante pour cela, même à son âge. D'ailleurs, à son âge, j'étais déjà mariée.
Je redoutais fortement que mon époux ne veuille plus entendre parler d'elle. C'est sans doute ce qui arrivera. Néanmoins, il ne pouvait pas la renier, parce que j'étais là, et parce qu'elle avait un rôle important dans la famille Skinner. Ce qu'elle avait fait était une grave erreur de conduite, mais un écart pouvait être rattrapé. Avec le temps, je saurai amadouer le maître de maison. J'en étais persuadée, j'y étais toujours parvenue.
- Pour commencer, tu vas te reposer ici jusqu'à ce que les médicomages te permettent de sortir. Ensuite, nous rentrerons au manoir pour confronter ton père. Je laissais passer un petit silence alors que je contemplais ma fille. Puis nous verrons. Reprendre tes études pourrait te changer les idées.
Je ne donnais pas un ordre, étonnement. Je suggérais.
- InvitéInvité
Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Lun 21 Jan 2019 - 15:07
Tomber de son nuage
juliet & agrippa
J’écoutais mère très calmement et je percevais son angoisse, du moins, ce que je considérais comme tel. Rien n’était certain. En fait, même si elle évoquait le fait que je reprendrais mes études et par conséquent la vie que je menais avant ce n’était qu’une vague promesse sans fondement. Elle savait et je savais que tout dépendrait de père. Ma vie dépendait de lui, depuis toujours et à jamais. Voilà ce que je retenais de notre discussion. Mais même si j’avais à l’égard de mère une rancune énorme et profonde, la cicatrice en moi se refermait un peu aujourd’hui parce que je sentais que finalement, il y avait de l’amour dans son cœur de glace pour celle que j’étais, malgré mes défauts, malgré mes mésaventures et malgré le fait que je l’avais abandonné. C’était ma mère. Pour la première fois de ma vie, je le ressentais vraiment.
« Excusez-moi… » Je tournais mon visage vers la médicomage qui était au seuil de la porte. Elle était visiblement mal à l’aise de nous interrompre mais je la fixais des yeux attendant de savoir ce qui allait m’arriver. « Mademoiselle, le jeune homme qui vous accompagnaient est parti furieux en voyant que nous avions autorisé la venue de votre mère et non la sienne. Je ne suis pas certaine qu’il revienne mais…si c’est le cas, souhaitez-vous que nous le laissions passer ? » Je baissais les yeux, honteuse. Oh Lewis… pardonne-moi. « Non. Merci. » La médicomage ne chercha pas à en savoir plus et s’avança vers le lit avec ses papiers, changeant complètement de sujet. Elle se tourna vers mère, faisant mine que ce qu’il venait de se passer n’avait jamais existé. « Madame, nous avons reçu un hibou de votre époux demandant pourquoi vous étiez à l’hôpital, nous nous sommes dit que vous n’aviez sans doute pas eu le temps de prévenir Monsieur Skinner de l’état de Mademoiselle alors nous lui avons transmis les informations pour vous éviter ce stress. Il a dès lors fait la demande pour que votre médicomage familiale reprenne le dossier de Juliet. Je pense qu’il demandera son transfert dans son propre cabinet mais rassurez-vous, elle ne devrait pas rester alitée trop longtemps. » Elle se tourna vers moi, un grand sourire réconfortant sur les lèvres. « Vous avez simplement besoin de sommeil. Et de calme ! Pas de stress pour vous pendant quelques jours et vous irez beaucoup mieux. Ne vous inquiétez de rien ! »
Oh si je m’inquiétais. Mais pas de mon état de santé. Plutôt du fait que père avait sans doute demandé à faire espionner mère parce qu’elle m’avait dit ne pas avoir parlé avec père et que je la croyais, inquiète du fait que notre médicomage était plus intéressé par l’argent de père que par la santé de ses patients et inquiète parce qu’une fois de plus, je ne contrôlais plus rien.
« Excusez-moi… » Je tournais mon visage vers la médicomage qui était au seuil de la porte. Elle était visiblement mal à l’aise de nous interrompre mais je la fixais des yeux attendant de savoir ce qui allait m’arriver. « Mademoiselle, le jeune homme qui vous accompagnaient est parti furieux en voyant que nous avions autorisé la venue de votre mère et non la sienne. Je ne suis pas certaine qu’il revienne mais…si c’est le cas, souhaitez-vous que nous le laissions passer ? » Je baissais les yeux, honteuse. Oh Lewis… pardonne-moi. « Non. Merci. » La médicomage ne chercha pas à en savoir plus et s’avança vers le lit avec ses papiers, changeant complètement de sujet. Elle se tourna vers mère, faisant mine que ce qu’il venait de se passer n’avait jamais existé. « Madame, nous avons reçu un hibou de votre époux demandant pourquoi vous étiez à l’hôpital, nous nous sommes dit que vous n’aviez sans doute pas eu le temps de prévenir Monsieur Skinner de l’état de Mademoiselle alors nous lui avons transmis les informations pour vous éviter ce stress. Il a dès lors fait la demande pour que votre médicomage familiale reprenne le dossier de Juliet. Je pense qu’il demandera son transfert dans son propre cabinet mais rassurez-vous, elle ne devrait pas rester alitée trop longtemps. » Elle se tourna vers moi, un grand sourire réconfortant sur les lèvres. « Vous avez simplement besoin de sommeil. Et de calme ! Pas de stress pour vous pendant quelques jours et vous irez beaucoup mieux. Ne vous inquiétez de rien ! »
Oh si je m’inquiétais. Mais pas de mon état de santé. Plutôt du fait que père avait sans doute demandé à faire espionner mère parce qu’elle m’avait dit ne pas avoir parlé avec père et que je la croyais, inquiète du fait que notre médicomage était plus intéressé par l’argent de père que par la santé de ses patients et inquiète parce qu’une fois de plus, je ne contrôlais plus rien.
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Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Mar 22 Jan 2019 - 15:45
Sans mot dire, je laissais ma fille choisir la manière dont elle voulait réagir vis-à-vis du garçon avec qui elle avait fugué. Je lui avais dit plus tôt que je la protégerai, à elle de me croire ou non. Quoiqu’il en soit, aussitôt que la médicomage fut présente dans la pièce, je me redressais pour lui faire face, les bras croisés, attitude que j’adoptais toujours lorsque je faisais face à quelqu’un.
Lorsqu’elle pivota vers moi, la seule attitude visible fut un léger plissement des yeux, traduction de la contrariété intérieure que je ressentais.
En réalité, je me retenais avec force de ne pas sourire pour ne pas indisposer Juliet. Que Winston me fasse surveiller, je m’en doutais depuis mon entrée à Hungcalf, et maintenant que j’en avais confirmation, c’était un coup de théâtre que je l’apprenne exactement lors du retour de notre fille. J’allais pouvoir utiliser cette information à bon escient, aussi bien pour mon enfant que pour moi-même. Si mon mari pensait pouvoir refermer sa poigne sur moi, il se trompait. Son manque de confiance venait au contraire me permettre de me libérer davantage de lui. En sortant de ma cage, j’allais ouvrir aussi à mes enfants, et avant tout à mes enfants.
Ainsi, avant d’ouvrir mes lèvres pincées naturellement, je hochais tranquillement la tête, visiblement confiante.
- Très bien, je vous remercie pour ces informations. Vous pouvez transmettre le dossier au médicomage de la famille, je n’irai pas à l’encontre de mon époux.
Pourquoi me priver ? Je connaissais très bien le médicomage des Skinner car je le fournissais moi-même en potions et en concoction. Évidemment, je n’allais pas permettre des mélanges dont je ne connaissais pas l’origine pour soigner ma famille. Ainsi, j’avais pu tisser des liens de confiance avec cette personne, et je savais que certaines choses étaient mises sous silence pour Winston. Avec le temps, j’avais appris à avoir des sujets sous ma gouverne, et c’était bien pour ça que j’étais une femme redoutable, surtout pour protéger les Skinner. Car si j’avais fait en sorte de me rapprocher du médicomage de la famille, c’était avant tout pour protéger les miens. Aujourd’hui, notre lien allait s’avérer largement plus utile.
Manœuvre, et contre manœuvre.
Une fois que la femme eut terminé d’essayer de rassurer ma fille, car je savais que ce qu’elle venait de dire était vain, je la raccompagnais jusqu’à la porte et la rabattais sur moi sans fermer totalement derrière moi, nous isolant les deux dans le couloir. Je murmurais quelque chose à la médicomage, menaçante, avant de retourner dans la chambre en refermant la porte après mon passage.
Faisant quelque pas en direction du lit de ma fille, je me permettais un sourire serein et confiant, et ce n’était pas juste une allure, je l’étais vraiment.
- Bien, j’irai parler à ton père dès ce soir, ne t’inquiète pas tout ira bien, d’accord ?
Ma voix se faisait douce et rassurante, car j’étais sincère dans mes paroles. Une fois arrivée au bord du lit, je croisais à nouveau les bras sur mon ventre en gardant un fin sourire amusé, ce qui embellissait mon visage d’ordinaire si froid, attitude que Juliet ne put voir que très rarement chez moi.
- Tu as entendu la médicomage ? Il te faut te reposer. Si tu veux, je peux rester jusqu’à ce que tu t’endormes… à moins que tu ais besoin de quelque chose en particulier pour t’aider à te détendre ?
J’étais au petit soin. Comme à l’époque, lorsqu’elle n’était qu’une petite fille, et que je restais à son chevet.
Lorsqu’elle pivota vers moi, la seule attitude visible fut un léger plissement des yeux, traduction de la contrariété intérieure que je ressentais.
En réalité, je me retenais avec force de ne pas sourire pour ne pas indisposer Juliet. Que Winston me fasse surveiller, je m’en doutais depuis mon entrée à Hungcalf, et maintenant que j’en avais confirmation, c’était un coup de théâtre que je l’apprenne exactement lors du retour de notre fille. J’allais pouvoir utiliser cette information à bon escient, aussi bien pour mon enfant que pour moi-même. Si mon mari pensait pouvoir refermer sa poigne sur moi, il se trompait. Son manque de confiance venait au contraire me permettre de me libérer davantage de lui. En sortant de ma cage, j’allais ouvrir aussi à mes enfants, et avant tout à mes enfants.
Ainsi, avant d’ouvrir mes lèvres pincées naturellement, je hochais tranquillement la tête, visiblement confiante.
- Très bien, je vous remercie pour ces informations. Vous pouvez transmettre le dossier au médicomage de la famille, je n’irai pas à l’encontre de mon époux.
Pourquoi me priver ? Je connaissais très bien le médicomage des Skinner car je le fournissais moi-même en potions et en concoction. Évidemment, je n’allais pas permettre des mélanges dont je ne connaissais pas l’origine pour soigner ma famille. Ainsi, j’avais pu tisser des liens de confiance avec cette personne, et je savais que certaines choses étaient mises sous silence pour Winston. Avec le temps, j’avais appris à avoir des sujets sous ma gouverne, et c’était bien pour ça que j’étais une femme redoutable, surtout pour protéger les Skinner. Car si j’avais fait en sorte de me rapprocher du médicomage de la famille, c’était avant tout pour protéger les miens. Aujourd’hui, notre lien allait s’avérer largement plus utile.
Manœuvre, et contre manœuvre.
Une fois que la femme eut terminé d’essayer de rassurer ma fille, car je savais que ce qu’elle venait de dire était vain, je la raccompagnais jusqu’à la porte et la rabattais sur moi sans fermer totalement derrière moi, nous isolant les deux dans le couloir. Je murmurais quelque chose à la médicomage, menaçante, avant de retourner dans la chambre en refermant la porte après mon passage.
Faisant quelque pas en direction du lit de ma fille, je me permettais un sourire serein et confiant, et ce n’était pas juste une allure, je l’étais vraiment.
- Bien, j’irai parler à ton père dès ce soir, ne t’inquiète pas tout ira bien, d’accord ?
Ma voix se faisait douce et rassurante, car j’étais sincère dans mes paroles. Une fois arrivée au bord du lit, je croisais à nouveau les bras sur mon ventre en gardant un fin sourire amusé, ce qui embellissait mon visage d’ordinaire si froid, attitude que Juliet ne put voir que très rarement chez moi.
- Tu as entendu la médicomage ? Il te faut te reposer. Si tu veux, je peux rester jusqu’à ce que tu t’endormes… à moins que tu ais besoin de quelque chose en particulier pour t’aider à te détendre ?
J’étais au petit soin. Comme à l’époque, lorsqu’elle n’était qu’une petite fille, et que je restais à son chevet.
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Re: Tomber de son nuage (Agrippa)
Sam 26 Jan 2019 - 11:53
Tomber de son nuage
juliet & agrippa
Je ne savais pas trop comment prendre cette nouvelle, comment réagir vis-à-vis d’elle. Quand partirais-je ? Ce qui était certain c’est que là où j’irais, Lewis ne pourrait pas m’y suivre. Je m’étais libéré de son emprise pour tomber dans les griffes de mon père. Et bien que je savais que c’était le mieux à faire, j’avais encore cette voix intérieurequi me murmurais « tu as eu tort ». Si j’avais pris mon courage à deux mains et que je lui avais parlé de toutes ces choses qui me terrifiaient dans son comportement, aurait-il modifié ses actes ? Il m’aimait, c’était plus que certain mais je savais aussi qu’en lui il y avait cette colère, cette haine de la société qui le rendait fou. Lewis était un être torturé et bien qu’il m’ait répété cent fois que j’étais son remède, je crois que dans le fond, je ne m’en sentais pas la force. Le reverrais-je ? Pourrais-je un jour m’excuser, lui expliquer ?
« Bien, j’irai parler à ton père dès ce soir, ne t’inquiète pas tout ira bien, d’accord ? » Je laissais mes doutes de côté tandis que j’écoutais mère me rassurer sur les intentions de père. Bizarrement, j’étais certaine que tout irait bien. Si mère en avait l’air aussi certaine alors je l’étais aussi. Père serait sans doute un peu plus dur avec moi, peut-être même qu’il m’éviterait ce qui serait, oh mon Dieu la plus belle chose qui soit. Je savais aussi que je ne couperais pas à de nouvelles fiançailles bien que ma réputation ait été souillée mais dans le fond… beaucoup de filles de mon âge n’étaient plus vraiment pures à leur mariage. Je me demandais même si Lina l’avait été. Aussi belle qu’elle est, elle avait sans doute eu de nombreux amants ou en tout cas, de nombreuses demandes avant son mariage avec Adriel. Je lui poserais la question. « D’accord. Je ne m’inquiète pas. »
« Tu as entendu la médicomage ? Il te faut te reposer. Si tu veux, je peux rester jusqu’à ce que tu t’endormes… à moins que tu aies besoin de quelque chose en particulier pour t’aider à te détendre ? » Je fis un non de la tête. Je voulais être lucide et même si je devais dormir je devais mettre certaines choses au clair dans ma tête. J’en avais besoin pour affronter père demain. Père… j’avais toujours eu peur de lui. Père m’avait toujours porté une attention très différente qu’à celle de mes frères et en même temps, une distance assez étrange, comme si j’étais une chose qu’il aimait posséder. Mon mariage avec Henry n’aurait d’ailleurs rien changé à la situation actuelle ; les Black vivaient pas très loin de chez nous et père et Monsieur Black étaient assez proches… j’aurais finalement toujours été sous le joug du père. Pourquoi ? Je ne savais pas. Il préférait me savoir sous son pouvoir plutôt que de me savoir heureuse. Père ne m’aimait pas. « Vous pouvez y aller mère. Je vais me reposer tranquillement avant le transfert. Ne vous inquiétez pas. J’aimerais seulement, si c’est possible, que vous soyez présente quand je rentrerais au manoir. »
« Bien, j’irai parler à ton père dès ce soir, ne t’inquiète pas tout ira bien, d’accord ? » Je laissais mes doutes de côté tandis que j’écoutais mère me rassurer sur les intentions de père. Bizarrement, j’étais certaine que tout irait bien. Si mère en avait l’air aussi certaine alors je l’étais aussi. Père serait sans doute un peu plus dur avec moi, peut-être même qu’il m’éviterait ce qui serait, oh mon Dieu la plus belle chose qui soit. Je savais aussi que je ne couperais pas à de nouvelles fiançailles bien que ma réputation ait été souillée mais dans le fond… beaucoup de filles de mon âge n’étaient plus vraiment pures à leur mariage. Je me demandais même si Lina l’avait été. Aussi belle qu’elle est, elle avait sans doute eu de nombreux amants ou en tout cas, de nombreuses demandes avant son mariage avec Adriel. Je lui poserais la question. « D’accord. Je ne m’inquiète pas. »
« Tu as entendu la médicomage ? Il te faut te reposer. Si tu veux, je peux rester jusqu’à ce que tu t’endormes… à moins que tu aies besoin de quelque chose en particulier pour t’aider à te détendre ? » Je fis un non de la tête. Je voulais être lucide et même si je devais dormir je devais mettre certaines choses au clair dans ma tête. J’en avais besoin pour affronter père demain. Père… j’avais toujours eu peur de lui. Père m’avait toujours porté une attention très différente qu’à celle de mes frères et en même temps, une distance assez étrange, comme si j’étais une chose qu’il aimait posséder. Mon mariage avec Henry n’aurait d’ailleurs rien changé à la situation actuelle ; les Black vivaient pas très loin de chez nous et père et Monsieur Black étaient assez proches… j’aurais finalement toujours été sous le joug du père. Pourquoi ? Je ne savais pas. Il préférait me savoir sous son pouvoir plutôt que de me savoir heureuse. Père ne m’aimait pas. « Vous pouvez y aller mère. Je vais me reposer tranquillement avant le transfert. Ne vous inquiétez pas. J’aimerais seulement, si c’est possible, que vous soyez présente quand je rentrerais au manoir. »
(c) DΛNDELION
Fin du RP