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Hiroshi Tanaka
Mar 8 Jan 2019 - 23:53
Tanaka Hiroshi
Ce mois-ci
De jaune et d'orange, un peu d'agrumesft. Les Summerbee
All be myself, qu'elle disaitft. BISHOP Terrence
Do I wanna know ?ft. KANEKO Sakiko
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En cours
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Achevés
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Re: Hiroshi Tanaka
Mer 23 Jan 2019 - 1:27
Souvenirs d'un Noël passé :
La nuit était tombée depuis bien longtemps et comme souvent, Hiroshi ne dormait pas. Son corps avait appris à se contenter de peu de sommeil alors qu'il n'était qu'un enfant n'osant s'endormir de peur d'être réveillé par la matraque d'un policier. Ensuite, cela s'était poursuivi à Castelobruxo où il préférait passer ses nuits à explorer la forêt. A présent, il profitait généralement de ces moments là pour faire un point sur sa vie ou simplement profitant du calme de ce moment où tout le monde dort. Comme dans une bulle hors du temps n'appartenant qu'à lui. Installé dans un fauteuil en cuir de la salle commune des Summerbee, le jeune adulte regardait le feu de la cheminée sans le voir, plongé dans ses souvenirs.
Noël ne revêt pas le même habit lorsque l'on vit dans la rue. Même si rue n'était pas le terme correct. Pour la seconde semaine consécutive, sa mère et lui se trouvaient dans une ancienne banque, victime de la pauvreté elle aussi. Noel approchant, les policiers semblaient s'être adoucis concernant les descentes de squats, leur permettant ainsi de rester aussi longtemps au même endroit. Peut-être était-ce là leur présent ? Quoi qu'il en soit, Hiroshi savait à quoi s'attendre. Aucune dinde cuite au four ne trônerait sur sa table ce soir. Les cadeaux seraient aussi absents que le sapin. Le jeune garçon était habitué. Cependant, cela le rendait jaloux. Même si jamais il n'aurait osé l'avouer à sa mère qui chaque jour se démenait pour lui, il enviait viscéralement les autres enfants de son école. Ceux vivant une vie normale, bénéficiant de tant de privilèges et semblant ne pas le réaliser. Mais il devait se montrer fort, comme elle l'était pour lui. S’apitoyer n'aurait rendu tout cela que plus difficile. Se plaindre n'aurait que provoqué plus de culpabilité chez celle qui prenait soin de lui.
Sa mère n'était pas encore rentrée et il commençait à s'inquiéter. Rien d'étonnant à ce qu'elle travaille la veille de Noël, cependant la nuit était tombée et toujours aucun signe d'elle. D'ailleurs, les personnes présentes dans le squat étaient peu nombreuses. Hiroshi commençait à craindre que cela présage le pire et que la trêve hivernale n'ait été qu'une ruse de la part des policiers. Guilherme, un ancien généralement en charge de surveiller les enfants lorsque les parents partaient travailler aurait peut-être pu répondre à ces questions mais l'homme semblait avoir encore une fois forcé sur la bouteille et Hiro ne souhaitait pas prendre le risque de vérifier si ce soir, il avait l'alcool mauvais. Sans attendre, l'enfant était parti empaqueter ces affaires et celles de sa mère. Si jamais quelque chose arrivait, il serait prêt.
Ce n'est qu'après de longues minutes, qui semblèrent des heures au garçon de 9 ans, que sa mère arriva finalement. Et elle n'était pas seule. Avec elle, les autres adultes du squat. Tous les bras chargés. Intrigué, le japonais n'avait pas osé approcher dans un premier temps. Puis, voyant la liesse générale, il s'était décidé. Aujourd'hui encore, tant d'années après, il revoyait sa mère lui expliqué que tous avaient économisé pour acheter de quoi célébrer Noël. Yuzuru, un sans abri issu de la massive immigration japonaise avait même réussi à convaincre son patron de le laisser repartir avec les restes invendus du restaurant dans lequel il travaillait. La soirée avait été merveilleuse. Tous avaient mangé jusqu'à plus faim, chose dont ils avaient rarement l'occasion ici bas. Les enfants avaient eu droit de veiller tard, profitant des histoires et souvenirs que les adultes partageaient à table. Mais plus important encore, Hiroshi avait vu sa mère rire. Juste le temps d'un soir, elle semblait libérée de son fardeau. C'est le cœur en empli de joie que le garçon s'était endormi. Le lendemain matin, au réveil, il avait découvert une figurine en plastique représentant un ninja tiré d'un célèbre dessin animé. Cela avait été le plus joyeux noël de sa vie.
Poussant un soupire, Hiroshi, toujours installé au fond de son fauteuil, plongea la main dans sa poche pour en sortir la figurine de son enfance. La peinture s'était estompée avec le temps mais cela n'importait pas. Qu'il avait été idiot, à l'époque, d'être jaloux des enfants menant une autre vie que la sienne.
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