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[Flashback] T'as bugué nos entrailles [Terminé]
Mer 16 Jan 2019 - 15:56
Lundi 14 octobre 2002
Nouvelle semaine, nouvelle journée, nouveaux cours à abattre. Il était de coutume depuis des années, qu'avec Evan, nous nous retrouvions ici, dans les jardins suspendus, à la fin de nos études journalières. Ce soir, je lui avais spécifiquement donné rendez-vous car j'avais besoin de lui pour mes révisions d'anatomie. Il était habitué, mais il se faisait un malin plaisir à chaque fois de protester pour m'aider. De toute façon, il n'avait pas le choix, et je savais qu'il viendrait. Son retard était aussi habituel que sa coupe de cheveux coiffée en pétard. De toute façon cette fois-ci, s'il se permettait de bouger et de déconcentrer mes révisions, je le pousserai dans le Filet du Diable. Au moins, la situation sera claire et moi… et bien, ça m'amuserait.
Le vent frais de l'automne caressait ma chevelure rousse tandis que, penchée légèrement en arrière, mon index coincée entre mes dents, je fixais l'aubépine devant moi. Cet arbre, surtout les feuilles et les fleurs, avaient un pouvoir de guérison, mais une fois coupées, les branches dégageaient une odeur de mort. C'était un opposé qui me fascinait. Comme s'il était possible de guérir de la mort. Ou que la mort puisse guérir. Car les paradoxes, c'était ce qui me fascinait. Evan était un paradoxe. Son laissé alors qu'il était doué en cours en était un.
Je m'en voulais encore qu'il ait réussi à me faire sécher quelques cours qu'il fallait impérativement que je suive. Quel idiot. Pour le coup, il me devait bien d'être mon modèle anatomique au moins pour les dix prochaines années.
Sans le moindre reproche, parce que les règles m'étaient bien égales, et que c'était pour ma propre science, je me redressais sur la pointe des pieds jusqu'à réussir à attraper une fleur et deux feuilles l'accompagnant. Une fois mon butin obtenu, j'attrapais mon sac en bandoulière, décoré du blason des Grymm à côté de celui des Serpentard, pour en sortir une boite en verre. Avec soin, j'y plaçais ma cueillette avant de refermer hermétiquement. Ainsi la plante ne sera plus contrainte de subir les aléas du temps jusqu'à ce que je puisse trouver le temps de l'étudier à ma guise.
J'avais des projets d'avenir, des sujets de thèse à faire, et une envie bien trop grande d'un parcours sans faute pour que je mette le moindre petit détail de côté.
Et en parlant de détail, voilà le frisé qui arrivait enfin. Avec une œillade en coin tandis que je rangeais mon contenant dans mon sac, je lui souriais, un peu narquoise.
- C'est quoi ton excuse cette fois ?
Nouvelle semaine, nouvelle journée, nouveaux cours à abattre. Il était de coutume depuis des années, qu'avec Evan, nous nous retrouvions ici, dans les jardins suspendus, à la fin de nos études journalières. Ce soir, je lui avais spécifiquement donné rendez-vous car j'avais besoin de lui pour mes révisions d'anatomie. Il était habitué, mais il se faisait un malin plaisir à chaque fois de protester pour m'aider. De toute façon, il n'avait pas le choix, et je savais qu'il viendrait. Son retard était aussi habituel que sa coupe de cheveux coiffée en pétard. De toute façon cette fois-ci, s'il se permettait de bouger et de déconcentrer mes révisions, je le pousserai dans le Filet du Diable. Au moins, la situation sera claire et moi… et bien, ça m'amuserait.
Le vent frais de l'automne caressait ma chevelure rousse tandis que, penchée légèrement en arrière, mon index coincée entre mes dents, je fixais l'aubépine devant moi. Cet arbre, surtout les feuilles et les fleurs, avaient un pouvoir de guérison, mais une fois coupées, les branches dégageaient une odeur de mort. C'était un opposé qui me fascinait. Comme s'il était possible de guérir de la mort. Ou que la mort puisse guérir. Car les paradoxes, c'était ce qui me fascinait. Evan était un paradoxe. Son laissé alors qu'il était doué en cours en était un.
Je m'en voulais encore qu'il ait réussi à me faire sécher quelques cours qu'il fallait impérativement que je suive. Quel idiot. Pour le coup, il me devait bien d'être mon modèle anatomique au moins pour les dix prochaines années.
Sans le moindre reproche, parce que les règles m'étaient bien égales, et que c'était pour ma propre science, je me redressais sur la pointe des pieds jusqu'à réussir à attraper une fleur et deux feuilles l'accompagnant. Une fois mon butin obtenu, j'attrapais mon sac en bandoulière, décoré du blason des Grymm à côté de celui des Serpentard, pour en sortir une boite en verre. Avec soin, j'y plaçais ma cueillette avant de refermer hermétiquement. Ainsi la plante ne sera plus contrainte de subir les aléas du temps jusqu'à ce que je puisse trouver le temps de l'étudier à ma guise.
J'avais des projets d'avenir, des sujets de thèse à faire, et une envie bien trop grande d'un parcours sans faute pour que je mette le moindre petit détail de côté.
Et en parlant de détail, voilà le frisé qui arrivait enfin. Avec une œillade en coin tandis que je rangeais mon contenant dans mon sac, je lui souriais, un peu narquoise.
- C'est quoi ton excuse cette fois ?
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Re: [Flashback] T'as bugué nos entrailles [Terminé]
Jeu 17 Jan 2019 - 3:31
Evan,
Assure-toi de transmettre ce communiqué aux personnes appropriées du journal de ton université.Les familles Aldermann et Wakefield sont comblées d'annoncer les fiançailles de leurs cadets: Flora Aldermann, 24 ans, chargée de projets au BIPEM et Evan Wakefield, 22 ans, complétant présentement un parcours en Forces publiques à l'université Hungcalf. Les fiancés ont scellé l'alliance de leurs familles au bal autrichien de Londres cet automne.
Père mentionne que si tu ne transmets pas ces informations exactes, il demandera à sa secrétaire de rédiger un communiqué digne des plus anciens vestiges puritains du XVIIIe siecle. Il semblait sérieux.
Nathaniel.
Pour un juriste, son frère aîné n'avait jamais eu de talent avec les mots, se dit le cadet rouquin en laissant retomber la main qui tenait la missive datée du jour même. Evan aurait cru disposer de plus de temps pour ... pour quoi, en fait? Il avait toujours su qu'il serait placé dans un mariage arrangé. Crispé, le futur auror avait quitté la volière de façon précipitée, faisant tomber quelques perchoirs au passage dans sa colère. Flora était une fille bien - elle méritait d'être fiancée à quelqu'un d'autre qu'un bon parti satisfaisant sa famille. Et lui? Diables, il ne souhaitait rien d'autre que de ne pas se marier, bien que pour des considérations pratiques, leurs familles avaient décidé d'attendre la complétion des études de l'Écossais avant qu'il ne se lie à l'Autrichienne. À 22 ans, il avait à peine assez d'organisation pour reconnaître le haut du bas de son piano - il lui arrivait de dire, blagueur, que si sa tête n'avait pas été attachée à son cou, il aurait trouvé le moyen de la perdre, elle aussi. Il avait toujours su qu'il devrait épouser une femme de sang pur un jour, produire de beaux petits héritiers Wakefield et leur inculquer les valeurs de leur rang. Les avait-il seulement déjà partagées? Il tentait autant que possible de se plier aux exigences de son père, pourtant : n'était-il pas ici? N'assistait-il pas à toutes les réceptions mondaines auxquelles sa présence était requise? N'avait-il pas accompagné plusieurs débutantes alors qu'elles faisaient leur début dans la haute société londonienne pour passer la fameuse « saison »? Une alliance arrangée. Evan avait toujours su qu'il s'y destinait : c'était le lot de son sang et de sa famille. Et Flora était une jeune femme charmante et agréable, bien que manquant sévèrement d'imagination et de répartie. Ils ne seraient pas malheureux ... Si?
Le papier froissé entre ses doigts lui semblait bien plus réel que les voeux échangés avec la jeune femme au bal autrichien, elle habillée de tulle et lui, drappé de son tartan familial, tranchant avec les têtes blondes mais maîtrisant parfaitement l'allemand - n'était-ce pas la langue de sa mère? À Londres, dans ce tourbillon de cocktails, de ronds de jambe et de paillettes, il lui avait été si simple de repousser ce problème vers le futur. Aujourd'hui, l'annonce si sobrement rédigée le rappelait sévèrement à l'ordre, et le message sous-jacent. Cette alliance a été négociée et elle est finale. Ne nous fais pas honte. Evan sentit un océan de rage monter en lui à nouveau. Hors de question de se rendre à son dernier cours, il serait incapable de l'écouter de toute manière - sa professeure de métamorphose lui en tiendrait certainement rigueur. Toutefois, extrêmement doué dans cette discipline, Evan avait été placé dans des cours de troisième année dès son arrivée à l'université - aussi bien dire qu'il entretenait une excellente relation avec l'octogénaire qui lui enseignait. Le sorcier se ferait certainement rosser par Cléopatra d'avoir séché le cours, mais tant pis. Repassant par sa chambre, il attrapa l'instrument que son chef de chœur lui avait recommandé : un tambour irlandais, bodhran. Dans une ultime lutte pour la virilité messieurs dames, le formidable musicien affrontera le tambour : qui survivra? Le biceps avantageusement musclé ou la peau tannée? Nul ne peut le dire. Combat à mort. Remerciant le ciel que personne d'autre n'ait eu l'idée de sécher un cours en s'installant en haut de la tour d'astronomie, il s'y installa, assis par terre, le dos contre la structure froide de pierre. Il y glissa le dos de sa main, sentant la texture rugueuse et inspirant profondément. Lentement, il frappa le tambour de ses jointures pliées, sentant le rythme monter en lui en faisant écho à la colère qu'il ressentait, des paroles sans queue ni tête lui échappant en gaélique alors qu'il fermait les yeux. Emporté dans un ballet étourdissant à s'en faire saigner les jointures, il finit par reprendre le contrôle de sa respiration et, un soupir abattu lui échappant, le sorcier ouvrit les yeux à nouveau. Il sursauta presque de voir le crépuscule. Bordel, en retard encore. Attrapant son tambour et son sac, il courut, priant qu'Ariadne n'ait pas cédé à l'impatience. Arrivant comme une tornade, les cheveux emmêlés et le souffle court, il la vit, gracieuse petite silhouette disposant d'un bocal et se tournant finalement vers lui, sourire ironique aux lèvres. « C'est quoi ton excuse cette fois ? » Evan tenta tant bien que mal de se composer une mine penaude, échappant à l'air perdu qu'il avait arboré quelques heures plus tôt. « Irving m'a suggéré de tenter le bodhran pour notre concert de Noel », dit-il, levant l'instrument « coupable » et adressant un sourire désolé à la sorcière. « J'ai un peu perdu la notion du temps », admit-il. « Tu me pardonnes? » Air d'ange penaud accentué par la masse désordonnée de ses cheveux et son visage jeune et rieur. Evan ne souhaitait pas aborder le sujet immédiatement - si quelqu'un pouvait lui enlever les soucis de ses futures aventures matrimoniales de la tête, c'était Ariadne. Sachant qu'il devrait lui admettre sa nouvelle réalité, le jeune homme se permettait de repousser le moment fatidique, rassuré qu'il était qu'elle l'ait attendu. Jetant un œil au sac qu'elle avait prestement fermé, il haussa un sourcil. « Que caches-tu là, enchanteresse? Les soupirs d'un rêve à demi-songé? » Il s'éloigna, traçant le sol de ses pieds comme s'il faisait mine d'y danser, et prit une pose d'homme fort. « Comment me veux-tu? »
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Re: [Flashback] T'as bugué nos entrailles [Terminé]
Jeu 17 Jan 2019 - 12:11
L'arrivée de mon ami eut pour effet de m'électriser. Non pas que je puisse ressentir quelque chose pour lui puisque ce n'était pas le cas, mais c'était une toute autre situation que je ne pouvais pas contrôler ni désirer. Des images vinrent envahir mon esprit, et même les paupières closes je ne pouvais m'en débarrasser. Saleté de malédiction, c'était vraiment mal fichu. J'aurai largement préféré naître avec un troisième bras qu'avec la voyance, au moins, j'aurai pu distribuer trois fois plus de gifles. Car j'avais beau être à part avec mon caractère volcanique et explosif, il y avait toujours des garçons prêts à risquer leurs vies en venant me proposer une relation. C'était bien naïf de leurs parts, pensaient-ils vraiment que j'allais m'abaisser à perdre mon temps à être frivole alors que je pouvais étudier ? Non vraiment, il n'y avait qu'Evan qui pouvait se targuer de m'avoir fait courber quelques cours. Les autres pouvaient aller se brosser avec des orties.
Pourtant, ce que je voyais-là ne me faisait guère plaisir. Sans en être tout à fait certaine, je devinais que le jeune homme, qui feignait tant bien que mal une attitude plus joyeuse qu'il ne voulait, me cachait quelque chose. Mes paupières battirent frénétiquement alors que je revenais à moi avant de poser mon regard gris sur l'instrument qu'il me présentait.
D'un air tout à fait équivoque, je lorgnais l'instrument coupable du retard du sorcier avant de répondre en un sourire narquois.
- Non. Supplie-moi.
C'était bien trop facile que je lui pardonne à chaque fois, malgré ses attitudes angéliques. Ça ne marchait pas avec moi. Enfin, pas toujours. De toute façon il fallait bien que l'un de nous puisse tenir la barque, et c'était clair que je n'allais pas lui laisser les commandes. Nous nous serions noyés depuis bien trop longtemps si je l'avais laissé faire. J'avais d'ailleurs été étonnée de son acceptation à Hungcalf. La magie n'avait-elle pas détecté son laisser aller lorsque la signature fut absorbée par le parchemin ? Comme quoi même l'arme la plus puissante peut avoir des failles.
Alors lorsqu'il me présentait mon sac tandis que je venais d'y ranger mon butin, je me rapprochais de lui d'un pas décidé, les prunelles étincelantes de malice.
- Tes propres soupirs alors que ton air se perd dans l'immensité de ton esprit sonnant si creux.
À ses mots, je levais ma main droite pour venir entrechoquer mon index et mon majeur à son front, comme si je m'attendais à ce que l'impact ait une sonorité vide et qu'elle se répercute comme un écho.
Inutile pour le moment de lui dire pourquoi je venais de cueillir ma prise, de toute façon ce n'était pas un secret. Mes recherches et ma passion pour les études étaient une évidence. Rien qui n'avait beaucoup d'importance à l'heure actuelle, et je préférais me concentrer sur ce pourquoi nous étions ici tous les deux. Fort heureusement, il ne semblait pas avoir oublié tandis que je le voyais faire quelques pas, comme un paon qui se pavanait.
Je me fis alors plus douce en laissant échapper un rire discret par mes narines.
- En vie.
Un peu narquoise, j'imitais la danse qu'il venait de faire avant de tournoyer sur moi-même tout en accrochant la lanière de mon sac à mon épaule à l'aide de ma main droite. Le mouvement cessa lorsque je fis à nouveau face au sorcier tandis que ma longue chevelure rousse acheva le mouvement en camouflant à moitié mon visage.
- Si tu ne crains pas le froid, retire ton haut, que je puisse étudier ta nuque et tes épaules.
Un peu impérieux, mon ton sonnait davantage comme un ordre que comme une invitation. Acte tout à fait volontaire de ma part, je me détachais enfin du jeune homme après avoir laissé mes yeux trainer dans les siens. Allant déposer mon sac au pied de l'aubépine avant d'en sortir mon carnet de croquis et mon crayon à dessin. Après m'être assurée qu'il était parfaitement bien taillé, je lorgnais mon ami du coin de l'œil. Bien que j'aie deviné que quelque chose n'allait pas, je lui laissais le choix de se confier à moi ou non. Pour le moment.
Pourtant, ce que je voyais-là ne me faisait guère plaisir. Sans en être tout à fait certaine, je devinais que le jeune homme, qui feignait tant bien que mal une attitude plus joyeuse qu'il ne voulait, me cachait quelque chose. Mes paupières battirent frénétiquement alors que je revenais à moi avant de poser mon regard gris sur l'instrument qu'il me présentait.
D'un air tout à fait équivoque, je lorgnais l'instrument coupable du retard du sorcier avant de répondre en un sourire narquois.
- Non. Supplie-moi.
C'était bien trop facile que je lui pardonne à chaque fois, malgré ses attitudes angéliques. Ça ne marchait pas avec moi. Enfin, pas toujours. De toute façon il fallait bien que l'un de nous puisse tenir la barque, et c'était clair que je n'allais pas lui laisser les commandes. Nous nous serions noyés depuis bien trop longtemps si je l'avais laissé faire. J'avais d'ailleurs été étonnée de son acceptation à Hungcalf. La magie n'avait-elle pas détecté son laisser aller lorsque la signature fut absorbée par le parchemin ? Comme quoi même l'arme la plus puissante peut avoir des failles.
Alors lorsqu'il me présentait mon sac tandis que je venais d'y ranger mon butin, je me rapprochais de lui d'un pas décidé, les prunelles étincelantes de malice.
- Tes propres soupirs alors que ton air se perd dans l'immensité de ton esprit sonnant si creux.
À ses mots, je levais ma main droite pour venir entrechoquer mon index et mon majeur à son front, comme si je m'attendais à ce que l'impact ait une sonorité vide et qu'elle se répercute comme un écho.
Inutile pour le moment de lui dire pourquoi je venais de cueillir ma prise, de toute façon ce n'était pas un secret. Mes recherches et ma passion pour les études étaient une évidence. Rien qui n'avait beaucoup d'importance à l'heure actuelle, et je préférais me concentrer sur ce pourquoi nous étions ici tous les deux. Fort heureusement, il ne semblait pas avoir oublié tandis que je le voyais faire quelques pas, comme un paon qui se pavanait.
Je me fis alors plus douce en laissant échapper un rire discret par mes narines.
- En vie.
Un peu narquoise, j'imitais la danse qu'il venait de faire avant de tournoyer sur moi-même tout en accrochant la lanière de mon sac à mon épaule à l'aide de ma main droite. Le mouvement cessa lorsque je fis à nouveau face au sorcier tandis que ma longue chevelure rousse acheva le mouvement en camouflant à moitié mon visage.
- Si tu ne crains pas le froid, retire ton haut, que je puisse étudier ta nuque et tes épaules.
Un peu impérieux, mon ton sonnait davantage comme un ordre que comme une invitation. Acte tout à fait volontaire de ma part, je me détachais enfin du jeune homme après avoir laissé mes yeux trainer dans les siens. Allant déposer mon sac au pied de l'aubépine avant d'en sortir mon carnet de croquis et mon crayon à dessin. Après m'être assurée qu'il était parfaitement bien taillé, je lorgnais mon ami du coin de l'œil. Bien que j'aie deviné que quelque chose n'allait pas, je lui laissais le choix de se confier à moi ou non. Pour le moment.
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Re: [Flashback] T'as bugué nos entrailles [Terminé]
Ven 18 Jan 2019 - 14:56
« For she was his secret treasure »
La réponse d'Ariadne à sa demande innocente de pardon le fit presque sourciller. Il fallait bien que l'un d'entre eux ne soit pas éternellement plongé dans ses bouquins, de toute façon - qui d'autre leur trouverait des repères où se rencontrer, ou des idées loufoques d'aventures lorsque le présumé coupable parvenait à convaincre l'étudiante modèle à sécher un cours. Où s'en va le monde, vraiment, si une future médicomage ne raterait qu'un seul cours de potions en quatrième année?! Troll à sa thèse en dixième année, clairement. Il sourit intérieurement à cette pensée, avant de lui demander ce qu'elle avait dissimulé dans sa besace. « Tes propres soupirs alors que ton air se perd dans l'immensité de ton esprit sonnant si creux », dit-elle, imitant un toquer sur son front, Evan sentant le contact de ses doigts froids contre sa peau encore chaude des efforts fournis au tambour, et un sourire lui échappa. Il la dominait d'une bonne tête mais ainsi, petite silhouette au bras étiré pour produire le geste moqueur, c'était bien elle qui le dirigeait, capricieuse. « Je n'y peux rien tu sais, tu monopolises trop de neurones à toi seule. Le reste d'entre nous devons nous battre pour les miettes », fit-il d'un ton qui se voulait dramatique, joignant ses poings sur son torse en un geste de supplication. Les yeux très clairs d'Ariadne le fixaient d'un air narquois. « Et puis, tu sais bien que c'est injuste, de toute manière. Certains d'entre nous devons nous contenter de nos quelques rares neurones pour anticiper les gestes d'autrui ». Clin d'oeil. Il n'évoquait jamais la voyance de son amie en termes clairs, sachant que, secrète et méfiante, peu de personnes connaissaient son don - ou sa malédiction, toute perception semblant dépendre du jour.
Comment le voulait-elle? « En vie. » Exécutant un pas de danse gracieux et léger, il fut traversé d'une pointe de satisfaction lorsque son amie le rejoignit, menue et élégante figure tournoyant sur elle-même, éclair de feu, ses cheveux entourant son visage en un portrait flamboyant. Evan laissa échapper un rire tissé de plaisir en la voyant le rejoindre dans ses douces facéties. Ils étaient ainsi depuis leur première rencontre, alors enfants terribles, valsant l'un avec l'autre verbalement si ce n'était sur leurs pas. Le visage à demi dissimulé par sa crinière d'ambre, la voix de la Grymm se fit impérieuse, l'étudiante indiquant à son modèle anatomique comment elle souhaitait l'étudier. « Si tu ne crains pas le froid, retire ton haut, que je puisse étudier ta nuque et tes épaules. » Instant d'immobilité, la forêt et le ciel de leurs yeux poursuivant la valse débutée plus tôt par leurs corps. Ariadne se détacha de lui, s'installant pour exécuter son croquis. Le froid? Même pas peur. « Froid? Pshah! J'ai grandi dans les froids écossais, pas comme vos petits froids allemands. Certainement », dit-il, ne la quittant pas du regard alors qu'il retirait sa veste, ses paroles contredisant un soupçon de tension sur ses doigts alors qu'il déboutonnait sa chemise où trônaient les armoiries de l'université et les couleurs de sa maison, Ethelred. « Mais si je meurs gelé, tu dois me promettre d'être douce pour me réveiller et de ne pas me jeter dans le lac », fit-il. Il n'était pas tellement en position de négocier, ce jeune homme plein d'esprit arrivé en retard, mais il ne pouvait s'en empêcher. Peut-être que j'ai la trempe d'un politicien, après tout. Père a peut-être raison.
Voyant quelques regards gênés et entendant les rires gloussants d'étudiants de première année, il tourna la tête vers eux. « Cachez vos yeux chastes, j'enlève bientôt le pantalon! » Faisant mine de dégrafer son pantalon noir, il éclata de rire alors que les adolescents déguerpissaient, rouges et caquetants. Evan reboutonna le bouton défait, et se tourna vers Ariadne, sourire goguenard au visage. « C'était pour la bonne cause, nous ne voudrions pas brimer ta concentration d'étudiante modèle, après tout ». Il s'installa sur le banc face à elle, attentif. « Veux-tu que je te tourne le dos, ou ça te convient comme ça ? », demanda-t-il, air interrogateur dans son regard vert. Une brise légère se levait, et il formula un incendio enfermé dans un bocal, qu'il plaça entre eux, la puissante flamme contrôlée apportant chaleur et lumière aux amis alors que le jour s'effaçait lentement à l'horizon.
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Re: [Flashback] T'as bugué nos entrailles [Terminé]
Ven 18 Jan 2019 - 21:17
Je fixais mon ami avec un air aussi sarcastique qu'amusé. Sa manière bien à lui de me répondre et de me tenir tête m'avait toujours beaucoup distraite, car voilà un reflet de liberté que je me refusais d'avoir. Si tel avait été le cas, je ne serai pas l'une des meilleures élèves de l'université. Je savais que ce genre de sentiment était réciproque et que j'étais moi-même le miroir d'Evan. De son air dramatique, j'y rajoutais un peu de couleur en passant, navrée, une main sur mon front.
- Voilà donc ce que c'est que de n'avoir que trois neurones. Deux qui se battent en duel et un qui compte les points.
Toutefois, je n'omettais aucun commentaire à ses sous-entendus suivants, pour la simple et bonne raison que je n'en avais pas envie. Il était l'une des rares personnes à connaître ce que je possédais, et, bien trop méfiante, je n'en parlais guère, même pour plaisanter. Par ailleurs… pouvais-je réellement plaisanter à ce sujet alors que des jours, je vivais un véritable enfer ? Bien entendu, j'avais saisi la légèreté des mots du rouquin, et j'aurai peut-être presque préféré pouvoir anticiper les gestes d'autrui, comme il le disait, plutôt que de voir de manière plus ou moins précise le décès de quelqu'un, l'accident d'un autre ou… les fiançailles pas encore annoncées d'un proche.
Vantard, le jeune homme fit cette comparaison amusante du froid hivernal allemand et écossais. Il ne s'était pas rendu dans toutes les régions de l'Allemagne, pour sûr, même s'il en allait de même pour moi et l'écosse. Cela dit, j'étais habituée aux températures anglaises depuis mon enfance. Je me contentais de hausser les yeux au ciel avec un large sourire sur le visage alors que je le voyais retirer ses vêtements tout de même légèrement hésitant. Je l'avais mis au défi, comme j'aimais tant le faire, et très souvent il fonçait tête baissée. J'adorais ça.
- Mais en te jetant dans le lac tu y rencontreras peut-être sa dame. Ne souhaiterais-tu pas avoir cette chance ?
Je faisais référence à la créature de la légende arthurienne, histoire que j'appréciais particulièrement. Sans doute m'étais-je identifiée à certains personnages lorsque j'étais enfant, et ça ne m'avait jamais totalement quitté. Mais, théatralement impérieuse, je fixais le jeune homme en rejetant une mèche de cheveux rousse dans mon dos.
- Sauf si tu veux que je ne sois ta Dame du Lac ? Je laissais couler quelques secondes alors que mon sourire s'élargissait sensiblement. Mais non, ne t'en fais pas je prendrais soin de toi, ça m'entraînera. Et je ne veux pas perdre mon modèle favori.
C'est à ce moment que je tournais mes yeux neutres en direction des premières années qu'Evan ne manqua pas de railler. Riant aux éclats avec lui en voyant les jeunes femmes s'enfuir, je ne pouvais m'empêcher d'avoir une pensée pour le chineur. À coup sûr, un article apparaîtra à notre propos du genre "deux jeunes s'envoient en l'air sur le toit de l'université". Si tel était le cas, j'encadrerai l'encart pour l'afficher fièrement chez moi, victorieuse. Le laissant s'installer sur le banc, je le fixais avec un regard pétillant.
- En excellente médicomage je doute que cette partie de ton anatomie puisse brimer ma concentration. Nous la feront un autre jour, veux-tu ? Puis je l'observais de bas en haut. Oui tourne moi le dos.
Tranquillement, je venais m'asseoir derrière lui, prenant garde au bocal qui contenait une flamme, réchauffant l'atmosphère et les maux silencieux présents entre nous. Attentionnée, je frictionnais mes mains avant de placer mes doigts sur la nuque de l'Ethelred. Effectuant de légère pression, je prenais des notes à côté tout en effectuant des croquis. Sans qu'il ne puisse s'en rendre compte, j'observais avec bien plus d'attention et de douceur la texture de sa peau, la tenue de ses épaules et l'aspect de son cou. Silencieuse pendant un long moment, je ne laissais que les frottements de mon crayon s'exprimer pour nous. Non seulement j'étais concentrée, mais j'avouais ne pas savoir comment enchaîner, jusqu'à ce qu'une idée me vint. C'est sur un ton taquin que je rompais cet instant de complicité muette entre nous.
- En parlant de concert de Noël, tu as ta cavalière pour le bal ?
- Voilà donc ce que c'est que de n'avoir que trois neurones. Deux qui se battent en duel et un qui compte les points.
Toutefois, je n'omettais aucun commentaire à ses sous-entendus suivants, pour la simple et bonne raison que je n'en avais pas envie. Il était l'une des rares personnes à connaître ce que je possédais, et, bien trop méfiante, je n'en parlais guère, même pour plaisanter. Par ailleurs… pouvais-je réellement plaisanter à ce sujet alors que des jours, je vivais un véritable enfer ? Bien entendu, j'avais saisi la légèreté des mots du rouquin, et j'aurai peut-être presque préféré pouvoir anticiper les gestes d'autrui, comme il le disait, plutôt que de voir de manière plus ou moins précise le décès de quelqu'un, l'accident d'un autre ou… les fiançailles pas encore annoncées d'un proche.
Vantard, le jeune homme fit cette comparaison amusante du froid hivernal allemand et écossais. Il ne s'était pas rendu dans toutes les régions de l'Allemagne, pour sûr, même s'il en allait de même pour moi et l'écosse. Cela dit, j'étais habituée aux températures anglaises depuis mon enfance. Je me contentais de hausser les yeux au ciel avec un large sourire sur le visage alors que je le voyais retirer ses vêtements tout de même légèrement hésitant. Je l'avais mis au défi, comme j'aimais tant le faire, et très souvent il fonçait tête baissée. J'adorais ça.
- Mais en te jetant dans le lac tu y rencontreras peut-être sa dame. Ne souhaiterais-tu pas avoir cette chance ?
Je faisais référence à la créature de la légende arthurienne, histoire que j'appréciais particulièrement. Sans doute m'étais-je identifiée à certains personnages lorsque j'étais enfant, et ça ne m'avait jamais totalement quitté. Mais, théatralement impérieuse, je fixais le jeune homme en rejetant une mèche de cheveux rousse dans mon dos.
- Sauf si tu veux que je ne sois ta Dame du Lac ? Je laissais couler quelques secondes alors que mon sourire s'élargissait sensiblement. Mais non, ne t'en fais pas je prendrais soin de toi, ça m'entraînera. Et je ne veux pas perdre mon modèle favori.
C'est à ce moment que je tournais mes yeux neutres en direction des premières années qu'Evan ne manqua pas de railler. Riant aux éclats avec lui en voyant les jeunes femmes s'enfuir, je ne pouvais m'empêcher d'avoir une pensée pour le chineur. À coup sûr, un article apparaîtra à notre propos du genre "deux jeunes s'envoient en l'air sur le toit de l'université". Si tel était le cas, j'encadrerai l'encart pour l'afficher fièrement chez moi, victorieuse. Le laissant s'installer sur le banc, je le fixais avec un regard pétillant.
- En excellente médicomage je doute que cette partie de ton anatomie puisse brimer ma concentration. Nous la feront un autre jour, veux-tu ? Puis je l'observais de bas en haut. Oui tourne moi le dos.
Tranquillement, je venais m'asseoir derrière lui, prenant garde au bocal qui contenait une flamme, réchauffant l'atmosphère et les maux silencieux présents entre nous. Attentionnée, je frictionnais mes mains avant de placer mes doigts sur la nuque de l'Ethelred. Effectuant de légère pression, je prenais des notes à côté tout en effectuant des croquis. Sans qu'il ne puisse s'en rendre compte, j'observais avec bien plus d'attention et de douceur la texture de sa peau, la tenue de ses épaules et l'aspect de son cou. Silencieuse pendant un long moment, je ne laissais que les frottements de mon crayon s'exprimer pour nous. Non seulement j'étais concentrée, mais j'avouais ne pas savoir comment enchaîner, jusqu'à ce qu'une idée me vint. C'est sur un ton taquin que je rompais cet instant de complicité muette entre nous.
- En parlant de concert de Noël, tu as ta cavalière pour le bal ?
- InvitéInvité
Re: [Flashback] T'as bugué nos entrailles [Terminé]
Sam 19 Jan 2019 - 4:23
« For she was his secret treasure »
« Mais en te jetant dans le lac tu y rencontreras peut-être sa dame. Ne souhaiterais-tu pas avoir cette chance ? Sauf si tu veux que je sois ta Dame du Lac ? » Sourire fin aux lèvres, elle ne semblait le narguer qu'à moitié. Evan lui sourit doucement - il l'imaginait aisément, cheveux aux reflets cuivrés, se tenant au beau milieu du loch, visage aux soupirs d'éther et yeux clairs reflétant la profondeur des âges. Ariadne avait cette qualité indéfinissable - cette rare impression se dégageant d'elle ... ce genre de femme qu'on imaginerait aisément personnage de légende. « Pour l'instant, à tout le moins, tu es ma Dame du Jardin », répondit-il, rire dans le regard, avant de s'exécuter alors qu'elle lui donnait ses instructions, brusquant les jeunes étudiants qui avaient eu tôt fait de déguerpir avant qu'il ne leur montre davantage son anatomie découpée.
« En excellente médicomage je doute que cette partie de ton anatomie puisse brimer ma concentration. Nous la feront un autre jour, veux-tu ? Oui tourne moi le dos ». Sourcil suggestif relevé, il approcha son visage de celui de la sorcière, son ton se faisant murmurant. « Je savais que mon menton te faisait de l'effet. Contrôlez-vous, madame l'artiste ». Il rit, et attendit, immobile, que la jeune femme s'installe derrière lui. Evan avait l'habitude de poser pour Ariadne, les illustrations d'un livre convenant pour l'aspect théorique de ses études, mais il se doutait de l'apport que pouvait avoir le fait de croquer des muscles en mouvement pour la formation de la future médicomage. Le jeune homme sentait le contact léger des doigts de l'étudiante, le silence uniquement rompu par le bruit de son crayon contre son carnet. Il aurait pu fermer les yeux en cet instant, dans cet espace sécuritaire qui se créait toujours autour d'Ariadne et lui lorsqu'ils étaient ensemble, mais la sorcière interrompit leur silence mutuel en le questionnant. « En parlant de concert de Noël, tu as ta cavalière pour le bal ? » Il releva brusquement la tête. Le bal? « On est en octobre, je ne sais même pas comment je vais me déguiser pour Halloween », commença-t-il prudemment. Puisqu'il était fiancé, devrait-il inviter Flora pour qu'elle soit sa cavalière au bal? Vais-je devoir l'inviter chaque année?! L'idée le réjouissait autant que la perspective d'un dimanche après-midi pluvieux. « Dans tous les cas, je serais un piètre cavalier - c'est le fardeau des membres de la chorale, nous sacrifions notre bon temps au profit du vôtre », dit-il d'un ton qui se voulait dramatique, sans succès. Le désespoir s'entendait dans sa voix, et Evan sentit une bouffée de colère remonter en lui. Ses poings se crispèrent, la tension musculaire remontant jusqu'à ses omoplates et son cou. « Mais ne parlons pas de mes malheurs ni de mon sens aiguisé du devoir et du sacrifice », poursuivit-il. Son malheur de fiancer ... et son sens du devoir envers sa famille. Les aléas des vieilles lignées de sang pur. Diables, que n'aurait-il pas donné pour qu'une grand-mère aille fricoter avec un jardinier? L'Ethelred ne se retrouverait pas dans ce pétrin aujourd'hui. « Un de tes soupirants aurait-il enfin pris son courage à deux mains pour te demander de l'accompagner? Tu sais qu'aucun d'entre eux n'est à ta hauteur ». Sérieux dans la voix, entrelacée avec la moquerie.
- InvitéInvité
Re: [Flashback] T'as bugué nos entrailles [Terminé]
Sam 19 Jan 2019 - 7:01
De bon cœur, je riais avec lui à sa remarque. Je ne me considérais pas comme une botaniste hors pair, même si l'utilité de la matière n'était plus à refaire en médicomagie. J'eus simplement une image bien étrange de moi-même alors que je transposais mentalement la caricature de la Dame du Lac en une Dame des Jardins. Je m'imaginais couverte de lièges et de mousse, uniquement du côté Nord cependant, mes yeux devenus aussi verts que ceux du jeune homme se déshabillant devant moi, et mes cheveux cuivrés ayant fusionnés avec le premier buisson venu.
Il ne manquerait plus qu'une pomme dans la bouche et du persil dans le cul et je serai sans doute prête à être mise à la broche.
C'est en secouant alors légèrement la tête pour chasser cette idée de mon esprit que je me rapprochais de mon ami, non sans cesser de pouffer, douce heureuse. J'aimais ces instants en sa compagnie, depuis notre rencontre dans le Poudlard Express, ils avaient tous été particulièrement précieux et chers à mon cœur. Le temps passé avec lui était ce souffle qu'il me manquait tant lors du reste de mon existence. J'avais une complicité hors norme avec l'écossais, et j'en étais souvent venue à me demander si c'était normal, ou s'il y avait autre chose entre nous que de l'amitié. Que sais-je ? J'avais souvent fantasmé que nous étions un frère et une sœur cachés, secret inavoué de nos parents si indignes de ces deux magnifiques enfants qui, malgré les difficultés de la vie et les obstacles qui se dressaient devant eux, s'aimaient et étaient inséparables.
Sa remarque et son mouvement de sourcil me tirèrent de mes élucubrations mentales et me tirèrent un nouveau rire tandis que, par réflexe, je venais abattre mon carnet de croquis sur l'arrière de sa tête. Le geste était amical et totalement indolore.
- Bald es ist deine Nase, die wachsen wird
Par vieille habitude, et parce que j'étais parfaitement bilingue, il m'arrivait encore très souvent de parler allemand sans même m'en rendre compte. C'était encré en moi, cette langue et ce pays faisait partie de mon histoire et je ne les reniais absolument pas, au contraire, je les chérissais. Je savais qu'Evan comprenait tout aussi bien cette langue que moi, et j'appréciais d'autant plus pouvoir avoir des échanges secrets avec lui dans cette langue. Cela ne faisait que développer d'autant plus la complicité qu'il y avait entre nous. Car cette entente ne faisait que croître depuis notre enfance, et bien des fois j'en étais venue à me demander s'il était possible qu'un jour, nous ayons atteint le maximum. Que nous ne puissions pas nous plaire davantage, ou que notre connivence serait devenue tellement stellaire que nous ne pourrions plus nous hisser davantage. Pourtant, voilà que chaque jour que Merlin faisait, nous escaladions les sommets de notre amitié, sans craindre le vide autour de nous. Car nous étions là pour assurer les arrières de l'autre, et le rattraper par la main s'il devait y avoir une chute.
Pinocchio. Cette image à l'instant lui allait si bien, pour diverses facettes, que ma remarque avait été aussi bien sur le ton de la plaisanterie qu'il avait été acerbe. Langue de serpent lorsque je le voulais, je gardais mes vieilles habitudes de Serpentard. Cela dit, les Grymm n'étaient pas en reste. Petite marionnette entre les mains du grand méchant paternel bien malgré lui, il essayait de couper ses fils sans y parvenir, alors, l'étoile que j'étais était son salut. À moins que je n'incarne le criquet ?
Un rire silencieux me traversa les narines alors que, logée dans le dos de l'Ethelred, j'étais penchée sur mon carnet, appliquée aux esquisses de l'un de ses muscles. Mes pensées, bien trop agitées, comme souvent, ne me permirent pas de garder le silence bien longtemps. Je n'avais pas assez de temps pour me permettre de rester silencieuse. Il y avait trop à découvrir, trop à étudier, trop à partager, et jamais assez avec Evan. Voilà pourquoi je le questionnais quant au bal de Noël. Évidemment, toutes les filles de l'université n'arrêtaient pas d'en parler alors qu'aucun garçon ne voyait plus loin que le lendemain, et encore, tout dépendait à quelle heure était le prochain repas de la journée.
Toutefois, je n'étais pas particulièrement friande de ce genre d'événements mondains. Je préférais largement être plongée dans mes livres que tourner en rond sur moi-même au bras de l'un de mes nombreux prétendants, qui de toute façon trouvera porte close. Selon le cavalier, danser était aussi ennuyant que de regarder la pluie tomber. Quoique… la pluie avait un certain charme qui manquait à bien des hommes de cette université.
J'allais répliquer lorsque, sous mes doigts, je sentais les muscles de mon ami d'enfance se tendre comme un arc bandé en parallèle de cette voix qui se voulait légère, mais qui avait un ton bien plus grave et lourd qu'il ne l'aurait souhaité. Un peu interdite, je me permettais un battement de paupière fébrile alors qu'il écartait bien vite le sujet de ses devoirs et sacrifices, ne faisant alors que rajouter des soupçons dans le sac qui pesait déjà bien lourd à mon esprit.
Néanmoins avisée et attentive, je me permettais de poser mon carnet et mon crayon entre nous, juste à côté du bocal contenant l'incendio. Sa jumelle vint rejoindre la main déjà posée sur le jeune homme alors que j'entreprenais de lui masser la nuque et les épaules. Mes doigts s'enfoncèrent de manière délicate et précise dans sa peau pour venir détendre cette boule de nerf que j'avais devant moi. Evan me ressemblait pour ce point. En souhaitant ne pas m'inquiéter, bien souvent il gardait les choses sous silence, mais l'accumulation du mauvais se voyait dans sa posture et ses façons. Si à l'époque il pouvait me le cacher avec aisance de par mon inexpérience, aujourd'hui, le simple fait d'observer sa démarche me permettait de savoir si quelque chose le tracassait ou non.
Être douée dans ma fonction me donnait certains privilèges invisibles aux yeux non aguerris.
Mais je ne pouvais décemment pas le forcer à me parler s'il ne le voulait pas, et je ne pouvais nier à quel point le sujet le tendait. Il ne serait donc pas avisé de ma part de lui coller le nez sur le sujet pour le forcer à évacuer son malheur. Ou alors justement, serait-ce ce que je devrais faire pour lui venir davantage en aide ? Des fois les relations humaines m'échappaient totalement, et en cela, j'étais fière de ne pas avoir suivi le cursus de psychomage.
Avec un léger sourire qui ne dissimulait pas ma peine, puisqu'il ne pouvait pas le voir, je dénouais un nœud que je sentais tout en répondant avec lassitude.
- Aucun ne l'est hélas, à croire que la gente masculine d'élite se fait rare, ou qu'elle est même inexistante.
Sous-entendant alors que même Evan n'était pas digne de moi, je souriais à nouveau dans son dos, ce qui fit que mon ton devint plus entraînant tandis que je continuais.
- Cela dit, les voir essayer, se chamailler pour moi comme des bêtes en cage m'amuse quelque peu. On dirait des coqs. Aussi idiots les uns que les autres. Je poussais un long soupir théâtral en reprenant d'une voix qui se voulait exagérément mélancolique. Aaaah, je rêve de ce bel homme attirant et princier qui saura me faire chavirer, de son sourire il n'aura simplement besoin pour qu'enfin je sois loin. Aah Roméo, ou es-tu mon Roméo ?
Puis, je m'interrompais brusquement en retroussant le nez sous une réflexion soudaine, que je fis partager à Evan sans la moindre hésitation, retrouvant tout mon sérieux tandis que mon ton restait celui de la plaisanterie.
- Hey, si ça se trouve, mon Roméo c'est une Juliette ? Je devrais peut-être fouiller du côté des filles tiens...
Il ne manquerait plus qu'une pomme dans la bouche et du persil dans le cul et je serai sans doute prête à être mise à la broche.
C'est en secouant alors légèrement la tête pour chasser cette idée de mon esprit que je me rapprochais de mon ami, non sans cesser de pouffer, douce heureuse. J'aimais ces instants en sa compagnie, depuis notre rencontre dans le Poudlard Express, ils avaient tous été particulièrement précieux et chers à mon cœur. Le temps passé avec lui était ce souffle qu'il me manquait tant lors du reste de mon existence. J'avais une complicité hors norme avec l'écossais, et j'en étais souvent venue à me demander si c'était normal, ou s'il y avait autre chose entre nous que de l'amitié. Que sais-je ? J'avais souvent fantasmé que nous étions un frère et une sœur cachés, secret inavoué de nos parents si indignes de ces deux magnifiques enfants qui, malgré les difficultés de la vie et les obstacles qui se dressaient devant eux, s'aimaient et étaient inséparables.
Sa remarque et son mouvement de sourcil me tirèrent de mes élucubrations mentales et me tirèrent un nouveau rire tandis que, par réflexe, je venais abattre mon carnet de croquis sur l'arrière de sa tête. Le geste était amical et totalement indolore.
- Bald es ist deine Nase, die wachsen wird
Par vieille habitude, et parce que j'étais parfaitement bilingue, il m'arrivait encore très souvent de parler allemand sans même m'en rendre compte. C'était encré en moi, cette langue et ce pays faisait partie de mon histoire et je ne les reniais absolument pas, au contraire, je les chérissais. Je savais qu'Evan comprenait tout aussi bien cette langue que moi, et j'appréciais d'autant plus pouvoir avoir des échanges secrets avec lui dans cette langue. Cela ne faisait que développer d'autant plus la complicité qu'il y avait entre nous. Car cette entente ne faisait que croître depuis notre enfance, et bien des fois j'en étais venue à me demander s'il était possible qu'un jour, nous ayons atteint le maximum. Que nous ne puissions pas nous plaire davantage, ou que notre connivence serait devenue tellement stellaire que nous ne pourrions plus nous hisser davantage. Pourtant, voilà que chaque jour que Merlin faisait, nous escaladions les sommets de notre amitié, sans craindre le vide autour de nous. Car nous étions là pour assurer les arrières de l'autre, et le rattraper par la main s'il devait y avoir une chute.
Pinocchio. Cette image à l'instant lui allait si bien, pour diverses facettes, que ma remarque avait été aussi bien sur le ton de la plaisanterie qu'il avait été acerbe. Langue de serpent lorsque je le voulais, je gardais mes vieilles habitudes de Serpentard. Cela dit, les Grymm n'étaient pas en reste. Petite marionnette entre les mains du grand méchant paternel bien malgré lui, il essayait de couper ses fils sans y parvenir, alors, l'étoile que j'étais était son salut. À moins que je n'incarne le criquet ?
Un rire silencieux me traversa les narines alors que, logée dans le dos de l'Ethelred, j'étais penchée sur mon carnet, appliquée aux esquisses de l'un de ses muscles. Mes pensées, bien trop agitées, comme souvent, ne me permirent pas de garder le silence bien longtemps. Je n'avais pas assez de temps pour me permettre de rester silencieuse. Il y avait trop à découvrir, trop à étudier, trop à partager, et jamais assez avec Evan. Voilà pourquoi je le questionnais quant au bal de Noël. Évidemment, toutes les filles de l'université n'arrêtaient pas d'en parler alors qu'aucun garçon ne voyait plus loin que le lendemain, et encore, tout dépendait à quelle heure était le prochain repas de la journée.
Toutefois, je n'étais pas particulièrement friande de ce genre d'événements mondains. Je préférais largement être plongée dans mes livres que tourner en rond sur moi-même au bras de l'un de mes nombreux prétendants, qui de toute façon trouvera porte close. Selon le cavalier, danser était aussi ennuyant que de regarder la pluie tomber. Quoique… la pluie avait un certain charme qui manquait à bien des hommes de cette université.
J'allais répliquer lorsque, sous mes doigts, je sentais les muscles de mon ami d'enfance se tendre comme un arc bandé en parallèle de cette voix qui se voulait légère, mais qui avait un ton bien plus grave et lourd qu'il ne l'aurait souhaité. Un peu interdite, je me permettais un battement de paupière fébrile alors qu'il écartait bien vite le sujet de ses devoirs et sacrifices, ne faisant alors que rajouter des soupçons dans le sac qui pesait déjà bien lourd à mon esprit.
Néanmoins avisée et attentive, je me permettais de poser mon carnet et mon crayon entre nous, juste à côté du bocal contenant l'incendio. Sa jumelle vint rejoindre la main déjà posée sur le jeune homme alors que j'entreprenais de lui masser la nuque et les épaules. Mes doigts s'enfoncèrent de manière délicate et précise dans sa peau pour venir détendre cette boule de nerf que j'avais devant moi. Evan me ressemblait pour ce point. En souhaitant ne pas m'inquiéter, bien souvent il gardait les choses sous silence, mais l'accumulation du mauvais se voyait dans sa posture et ses façons. Si à l'époque il pouvait me le cacher avec aisance de par mon inexpérience, aujourd'hui, le simple fait d'observer sa démarche me permettait de savoir si quelque chose le tracassait ou non.
Être douée dans ma fonction me donnait certains privilèges invisibles aux yeux non aguerris.
Mais je ne pouvais décemment pas le forcer à me parler s'il ne le voulait pas, et je ne pouvais nier à quel point le sujet le tendait. Il ne serait donc pas avisé de ma part de lui coller le nez sur le sujet pour le forcer à évacuer son malheur. Ou alors justement, serait-ce ce que je devrais faire pour lui venir davantage en aide ? Des fois les relations humaines m'échappaient totalement, et en cela, j'étais fière de ne pas avoir suivi le cursus de psychomage.
Avec un léger sourire qui ne dissimulait pas ma peine, puisqu'il ne pouvait pas le voir, je dénouais un nœud que je sentais tout en répondant avec lassitude.
- Aucun ne l'est hélas, à croire que la gente masculine d'élite se fait rare, ou qu'elle est même inexistante.
Sous-entendant alors que même Evan n'était pas digne de moi, je souriais à nouveau dans son dos, ce qui fit que mon ton devint plus entraînant tandis que je continuais.
- Cela dit, les voir essayer, se chamailler pour moi comme des bêtes en cage m'amuse quelque peu. On dirait des coqs. Aussi idiots les uns que les autres. Je poussais un long soupir théâtral en reprenant d'une voix qui se voulait exagérément mélancolique. Aaaah, je rêve de ce bel homme attirant et princier qui saura me faire chavirer, de son sourire il n'aura simplement besoin pour qu'enfin je sois loin. Aah Roméo, ou es-tu mon Roméo ?
Puis, je m'interrompais brusquement en retroussant le nez sous une réflexion soudaine, que je fis partager à Evan sans la moindre hésitation, retrouvant tout mon sérieux tandis que mon ton restait celui de la plaisanterie.
- Hey, si ça se trouve, mon Roméo c'est une Juliette ? Je devrais peut-être fouiller du côté des filles tiens...
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Re: [Flashback] T'as bugué nos entrailles [Terminé]
Sam 19 Jan 2019 - 23:16
« For she was his secret treasure »« Bald es ist deine Nase, die wachsen wird ». Il ricana, ses épaules se soulevant en entendant la phrase en allemand. Langue maternelle de la regrettée Liese Wakefield, il la maîtrisait depuis l'enfance, en plus du gaélique écossais des Highlands et de l'incontournable anglais. Il sourcilla à la remarque, qu'il ne savait pourtant pas méchante. Serait-il un pantin, en plus d'être un piètre menteur lorsque venait le temps de cacher ses états d'âme à son amie? Chipie. « À tes souhaits », dit-il comme s'il n'avait pas compris sa remarque. Les sorciers échangeaient souvent en allemand lorsqu'ils ne voulaient pas être compris de leur entourage et qu'ils étaient certains qu'aucun ancien étudiant de Durmstrang n'était dans les parages, plusieurs Allemands ayant fréquenté la célèbre école de magie. Durmstrang. Que serait-il devenu sans la promotion de la mère d'Ariadne, dont les parents avaient choisi de l'envoyer à Poudlard et non Durmstrang? Il lui semblait que son existence aurait poursuivi son cours, désaxée et privée de son principal point d'ancrage. L'un et l'autre étaient tantôt bouclier, tantôt ficelle de cerf-volant, tantôt tortionnaire - ce dernier rôle semblant éternellement plaire à l'Allemande. Attaque sournoise par derrière. « Oh la fourbe! Sois heureuse que j'aie une dette d'honneur envers toi pour mon retard », dit-il en riant. Ariadne était revenue à la charge en parlant du bal de yule. Évitant la question à moitié en parlant plutôt de ses devoirs de membre de la chorale et en la questionnant à propos de ses soupirants, Evan n'échappa pas à la bouffée de désespoir qui le gagnait, ses muscles se tendant sous l'effort de ne pas laisser les mots décrire son état : son corps le trahissait sous les doigts habiles de la sorcière.
Evan entendit le son rugueux et léger du cahier posé sur le banc de pierre sur lequel ils étaient installés, et sentit la deuxième main se poser sur sa peau, leur toucher se faisant plus ferme. Un soupir quitta ses lèvres, sentant une part de tension le quitter sous les mains expertes de la Grymm. Les noeuds nerveux s'étant créés sur son trapèze fondaient avec la douleur les caractérisant, mais l'Ethelred ne s'en plaignit pas pour autant, rassuré de pouvoir changer le mal de place et de se concentrer sur une sensation physique et concrète plutôt que sur le sentiment diffus que lui causaient ses fiançailles - celui de perdre pied sous une falaise se dérobant sous lui, s'effondrant comme un château de cartes. Il détourna sa question d'origine en la questionnant sur ses propres prétendants. Il y en avait quelques uns, il le savait - belle, Ariadne l'était, c'était évident. Un aveugle aurait pu le remarquer. Son esprit lui apportait de surcroît la beauté du vol meurtrier d'une flèche - tous ne savaient l'apprécier, mais Evan la chérissait jalousement, cette jeune femme capable de mesures égales de douceur et d'acerbité. « Aucun ne l'est hélas, à croire que la gent masculine d'élite se fait rare, ou qu'elle est même inexistante ». Evan aurait acquiescé, s'il n'avait pas eu la fâcheuse tendance à constamment vouloir avoir le dernier mot - car c'était vrai : personne ne le méritait, ce serpent capable de caresser et de mordre, de réconforter et de torturer. Personne n'était à sa hauteur. « Ah, les hommes. Nous sommes tous pareils. Tu devrais tous nous fuir, clairement », acquiesça-t-il sans vraiment acquiescer - après tout, n'était-ce pas l'avantage que lui accordait son éternelle auto-dérision? Accorder le point ... sans vraiment l'accorder. Elle les comparait désormais à des coqs, ces pauvres hères. « Hey, si ça se trouve, mon Roméo c'est une Juliette ? Je devrais peut-être fouiller du côté des filles tiens... » Evan se redressa prestement à la mention de l'idée. « Deux mots : appareil photo », dit-il à la sorcière qui échappait toujours à son regard, installée derrière lui. Evan baissa instinctivement la tête pour son commentaire benêt et lubrique, se doutant qu'un nouveau coup de cahier allait s'abattre sur lui. Le sorcier n'avait rien d'intolérant en la matière, ayant lui-même eu des aventures des deux côtés de la clôture - Ariadne le savait pertinemment. Le pendant de cette pensée le rattrapa, pourtant. Je n'en aurai plus. Si peu emballé ait-il pu être à l'égard de ses fiançailles, Evan n'avait qu'une parole, et ne ferait pas l'affront à sa fiancée d'être infidèle avant même qu'ils soient mariés. Ça va être un long six ans, ça ... Il pinça les lèvres à nouveau, ses joues se creusant sous la tension de son visage qui accueillait le découragement à nouveau. « Je n'y aurai moi-même plus droit, de toute façon ... » Sa voix se brisa légèrement. Il n'aurait su dire pourquoi mais ainsi, à l'abri des regards puisque les jardins étaient désormais vides, et n'ayant pas le regard d'Ariadne qui le transperçait, il trouvait enfin le courage qui lui avait manqué. « Mon putain de sang pur me rattrape », dit-il simplement, le juron prenant un étrange goût dans sa bouche - il était rare qu'Evan utilise des expressions grossières. Même pour jurer, ses expressions étaient plus élaborées - la simplicité de ce qu'il venait d'affirmer indiquait le sérieux de la remarque. « Mon père m'a lancé un ultimatum, le week end dernier. J'ai dû m'y plier », poursuivit-il, sortant le parchemin froissé de sa poche et le tendant par dessus son épaule à Ariadne. « Je sais bien que c'était réel dès que j'ai dû en faire la demande, mais maintenant, écrit comme c'est, je réalise que ce n'est pas seulement réel ... c'est concret ».
- InvitéInvité
Re: [Flashback] T'as bugué nos entrailles [Terminé]
Dim 20 Jan 2019 - 10:19
Il ne pouvait pas s'en empêcher, d'avoir le dernier mot, ce petit rouquin écossais qui se tenait devant moi. Pourtant, sa remarque puéril me fit comprendre que cette fois-ci, le point était dans mon camps. Avec un sourire victorieux je me positionnais dans son dos pour entamer mon travail. À quoi bon répliquer, le silence était la meilleure façon de savourer une victoire. Ces chamailleries étaient devenues monnaie courante entre nous, c'était peut-être même comme ça que nous échangions principalement et ça nous allait très bien. Deux âmes en peine et innocentes qui subissaient le lourd fardeau de la vie, contemplant le reste du monde avec une langue acérée et un regard moqueur. Que pouvions-nous faire d'autre ? Devenir des mages noirs pour dominer le monde ? Franchement… Evan, en mage noire ? Autant en clown dans un cirque tout ce serait à sa place mais un sorcier de l'ombre, non, vraiment pas. Qui plus est, nous étions bien trop intelligents pour nous reconvertir à la bassesse de la rancune et de la haine. Ensemble, nous étions plus forts, ensemble nous pouvions soulever des montagnes, et c'était là tout ce qui comptait : que nous restions ensemble. J'étais en plus persuadée que jamais nous ne nous quitterions : je l'avais vu, et je m'accrochais à cet espoir, car je ne voyais pas ce qui allait pouvoir arriver de mal. Vraiment pas.
Le destin avait fait que ma mère accepte un travail à Londres, ce qui avait aiguillé mes études plutôt à Poudlard qu'à Durmstrang. C'était ce jour-là, dans le Poudlard Express que tout avais commencé, et que le récit avait adopté comme titre "l'histoire sans fin". Sans fin sous-entend l'éternité. Nous serons éternellement ensemble, pour le pire et le meilleur.
- Tu en as plus d'une Wakefield.
Assurais-je dans son dos avec un sourire narquois mais des yeux rieurs sans pour autant relever la main sur lui. Son geste d'anticipation suffisait à me faire jubiler. Certes si le jeune Ethelred était doué, il était tout de même possible que je doive l'aider pour l'un des rares sujets où il pouvait buter. Parfois, il fallait savoir mettre sa compétitivité de côté. Avec Evan, ce n'était pas toujours qu'une question d'être le meilleur… c'était bien plus complexe et nébuleux que ça. Une nébuleuse qui n'appartenait qu'à nous.
Non, nous n'avions pas besoin de devenir des mages noirs pour dominer le monde : nous avions déjà une partie de la galaxie rien que pour nous.
Le regard baissé, je me concentrais sur mes dessins. Mon ami était parfait pour se faire, car il avait l'allure d'un joueur de quidditch même s'il n'en faisait pas à temps plein. Carrure solide et musclé, il me permettait de comprendre les mystères de l'anatomie, ceux qui étaient cachés aux yeux des néophytes, ceux que j'étudiais. Fort heureusement dans mon cursus il y avait des garçons plus frêles et menus pour que je puisse avec d'autres sortes de modèles. Bien souvent ceux-ci avaient tenté leurs chances auprès de moi, mais les vermisseaux, ce n'était pas mon genre. Je n'avais pas non plus besoin d'un gorille pour me protéger, la question n'était pas là. Seule m'intéressait la culture et l'intelligence, hélas mon entourage actuel en manquait cruellement. Fort heureusement qu'Evan savait allumer cette chandelle en moi pour que je garde espoir, pour que je puisse suivre le chemin qu'était le mien. Cette flamme ne tarira jamais, elle ne disparaîtra pas. J'en étais certaine.
Amusée à ses paroles, je me permettais de me pencher légèrement en avant, venant coller nos deux corps l'un contre l'autre. Mon cœur vint battre la mesure dans la colonne vertébrale du jeune homme un court instant. Celui qu'il me fallait pour approcher mes lèvres de son oreille pour murmurer.
- Vous fuir ? Ho non, c'est bien plus amusant de vous croquer.
Puis bien vite, comme si notre rapprochement avec été une caresse de soie, un rêve qui ne pouvait être frôlé que par le bout des doigts, je me redressais pour retrouver ma place initiale. L'autodérision de l'écossais, je savais y faire face à présent, et dans bien des cas, elle me traversait ou me glissait sur la peau sans m'atteindre. Bien des personnes étaient agacées et outrées du comportement du Wakefield, moi, il ne m'atteignait que rarement.
Un éclat de rire traversa ma bouche alors qu'il rebondissait à ma suggestion de m'intéresser aux femmes. Plaisanterie lancée en l'air évidemment, je ne m'étais jamais intéressée à la gent féminine, bien moins que la masculine, cela allait sans dire. Évidemment, j'avais eu plusieurs conquêtes, j'avais été en couple, mais jamais bien longtemps, quelques semaines ou mois, tout au plus. J'avais toujours fini par me lasser, et ces relations ne comptaient que des hommes. Non pas que l'autre bord me dégoûte, je ne jugeais pas les goûts et envies des autres, simplement que moi, je n'étais pas intéressée. Sans doute étais-je bien trop féminine et belle à moi seule, je ne souhaitais pas de concurrence dans ma couche. J'avais davantage besoin de virilité. Une poigne qui serait me tenir tout en m'accordant ma liberté. Ce que personne ne savait faire, en dehors d'Evan, mais avec lui, notre histoire d'amour était bien plus stellaire.
J'entrouvrais mes lèvres pour répondre mais voilà qu'il se tendait comme une corde mal accordée de l'un de ses instruments. Comprenant sans mal sans en connaître véritablement l'origine, attentive à la santé de mon meilleur ami, j'entrepris de venir l'aider en joignant l'utile à l'agréable. Le masser me permettait de mieux comprendre la complexité de ce que je venais de coucher sur papier, et j'avais accès aux nœuds qui s'étaient formés en lui. Accumulation de sa peine mentale que j'étais la seule à pouvoir toucher et notamment soulager.
Une mèche de cheveux ambre venant glisser sur la moitié de mon visage, comme compatissante de l'état du sorcier, je l'écoutais attentivement sans jamais l'interrompre. De par ma vision et mon intuition exacerbée, j'avais touché juste, ainsi, aucune surprise vint trahir mon visage tandis que je restais concentrée sur mon massage, mes doigts s'enfonçant délicatement mais fermement dans la peau du jeune homme pour le soulager et dénouer. L'action de détendre ses muscles engendrait ses confidences, voilà pourquoi je ne m'arrêtais à aucun instant, jusqu'à ce qu'il me tende le parchemin que j'attrapais d'une main. Je la lisais avec toute l'attention d'une amie fidèle en était capable, mes doigts libres continuant leur action curative.
Un léger soupir traversa mes narines alors que je réfléchissais à la meilleure façon de réagir au jeune homme, et c'est sur un ton un peu sarcastique et provocateur que je décidais de le faire.
- Ah c'est certain que c'est un difficile retour dans le monde de la réalité, toi qui vis toujours en apesanteur, ça t'apprendra à garder les pieds sur terre.
Comment pouvais-je réagir autrement ? Nous savions tous les deux depuis près d'une dizaine d'années que ce jour viendrait. Pour être franche, c'était même un miracle que ça ne m'était pas arrivée à moi, véritable anguille que j'étais grâce à mes visions, j'avais toujours su berner mes parents, et je devais encore tenir bon huit ans. Mes diplômes en poche, je serai libre de faire ce dont j'avais envie.
Avec une petite moue, je continuais plus tranquillement.
- Si au moins la bestiole est jolie et gentille, tu ne t'en tire pas à si mauvais compte.
Puis je me permettais un petit rire avant de bondir à côté du banc, me redressant sur mes pieds en exécutant quelque pas rapides pour revenir devant mon ami. En un geste de tête sur le côté, j'essayais de chasser cette mèche rebelle qui aimait tomber devant mon œil grisâtre.
- Mais on est d'accord, elle ne m'arrive pas à la cheville.
Je ricanais tout en attrapant la main de mon ami pour le tirer à moi, l'invitant à se relever. Sans la moindre pudeur, je venais me coller à lui en l'étouffant presque d'une étreinte aussi sincère que mes muscles féminins en était capable, avant de commencer à me balancer de gauche à droite en une danse timide, berceuse des sens, caresse des maux pour les apaiser. Ma joue posée négligemment contre la peau de son torse, je fixais l'horizon, pensive. Même le soleil se permettait de se coucher, témoin de notre désarroi, pour laisser place à la pénombre de la nuit, reflet de nos cœurs meurtris.
Cette annonce avait réveillé le volcan en moi. Il dormait depuis si longtemps après tout. Sa douleur, je la subissais autant que lui, mais nous n'avions pas le choix. Ensemble, nous étions plus forts. Nous serons toujours ensemble. Toujours.
Le destin avait fait que ma mère accepte un travail à Londres, ce qui avait aiguillé mes études plutôt à Poudlard qu'à Durmstrang. C'était ce jour-là, dans le Poudlard Express que tout avais commencé, et que le récit avait adopté comme titre "l'histoire sans fin". Sans fin sous-entend l'éternité. Nous serons éternellement ensemble, pour le pire et le meilleur.
- Tu en as plus d'une Wakefield.
Assurais-je dans son dos avec un sourire narquois mais des yeux rieurs sans pour autant relever la main sur lui. Son geste d'anticipation suffisait à me faire jubiler. Certes si le jeune Ethelred était doué, il était tout de même possible que je doive l'aider pour l'un des rares sujets où il pouvait buter. Parfois, il fallait savoir mettre sa compétitivité de côté. Avec Evan, ce n'était pas toujours qu'une question d'être le meilleur… c'était bien plus complexe et nébuleux que ça. Une nébuleuse qui n'appartenait qu'à nous.
Non, nous n'avions pas besoin de devenir des mages noirs pour dominer le monde : nous avions déjà une partie de la galaxie rien que pour nous.
Le regard baissé, je me concentrais sur mes dessins. Mon ami était parfait pour se faire, car il avait l'allure d'un joueur de quidditch même s'il n'en faisait pas à temps plein. Carrure solide et musclé, il me permettait de comprendre les mystères de l'anatomie, ceux qui étaient cachés aux yeux des néophytes, ceux que j'étudiais. Fort heureusement dans mon cursus il y avait des garçons plus frêles et menus pour que je puisse avec d'autres sortes de modèles. Bien souvent ceux-ci avaient tenté leurs chances auprès de moi, mais les vermisseaux, ce n'était pas mon genre. Je n'avais pas non plus besoin d'un gorille pour me protéger, la question n'était pas là. Seule m'intéressait la culture et l'intelligence, hélas mon entourage actuel en manquait cruellement. Fort heureusement qu'Evan savait allumer cette chandelle en moi pour que je garde espoir, pour que je puisse suivre le chemin qu'était le mien. Cette flamme ne tarira jamais, elle ne disparaîtra pas. J'en étais certaine.
Amusée à ses paroles, je me permettais de me pencher légèrement en avant, venant coller nos deux corps l'un contre l'autre. Mon cœur vint battre la mesure dans la colonne vertébrale du jeune homme un court instant. Celui qu'il me fallait pour approcher mes lèvres de son oreille pour murmurer.
- Vous fuir ? Ho non, c'est bien plus amusant de vous croquer.
Puis bien vite, comme si notre rapprochement avec été une caresse de soie, un rêve qui ne pouvait être frôlé que par le bout des doigts, je me redressais pour retrouver ma place initiale. L'autodérision de l'écossais, je savais y faire face à présent, et dans bien des cas, elle me traversait ou me glissait sur la peau sans m'atteindre. Bien des personnes étaient agacées et outrées du comportement du Wakefield, moi, il ne m'atteignait que rarement.
Un éclat de rire traversa ma bouche alors qu'il rebondissait à ma suggestion de m'intéresser aux femmes. Plaisanterie lancée en l'air évidemment, je ne m'étais jamais intéressée à la gent féminine, bien moins que la masculine, cela allait sans dire. Évidemment, j'avais eu plusieurs conquêtes, j'avais été en couple, mais jamais bien longtemps, quelques semaines ou mois, tout au plus. J'avais toujours fini par me lasser, et ces relations ne comptaient que des hommes. Non pas que l'autre bord me dégoûte, je ne jugeais pas les goûts et envies des autres, simplement que moi, je n'étais pas intéressée. Sans doute étais-je bien trop féminine et belle à moi seule, je ne souhaitais pas de concurrence dans ma couche. J'avais davantage besoin de virilité. Une poigne qui serait me tenir tout en m'accordant ma liberté. Ce que personne ne savait faire, en dehors d'Evan, mais avec lui, notre histoire d'amour était bien plus stellaire.
J'entrouvrais mes lèvres pour répondre mais voilà qu'il se tendait comme une corde mal accordée de l'un de ses instruments. Comprenant sans mal sans en connaître véritablement l'origine, attentive à la santé de mon meilleur ami, j'entrepris de venir l'aider en joignant l'utile à l'agréable. Le masser me permettait de mieux comprendre la complexité de ce que je venais de coucher sur papier, et j'avais accès aux nœuds qui s'étaient formés en lui. Accumulation de sa peine mentale que j'étais la seule à pouvoir toucher et notamment soulager.
Une mèche de cheveux ambre venant glisser sur la moitié de mon visage, comme compatissante de l'état du sorcier, je l'écoutais attentivement sans jamais l'interrompre. De par ma vision et mon intuition exacerbée, j'avais touché juste, ainsi, aucune surprise vint trahir mon visage tandis que je restais concentrée sur mon massage, mes doigts s'enfonçant délicatement mais fermement dans la peau du jeune homme pour le soulager et dénouer. L'action de détendre ses muscles engendrait ses confidences, voilà pourquoi je ne m'arrêtais à aucun instant, jusqu'à ce qu'il me tende le parchemin que j'attrapais d'une main. Je la lisais avec toute l'attention d'une amie fidèle en était capable, mes doigts libres continuant leur action curative.
Un léger soupir traversa mes narines alors que je réfléchissais à la meilleure façon de réagir au jeune homme, et c'est sur un ton un peu sarcastique et provocateur que je décidais de le faire.
- Ah c'est certain que c'est un difficile retour dans le monde de la réalité, toi qui vis toujours en apesanteur, ça t'apprendra à garder les pieds sur terre.
Comment pouvais-je réagir autrement ? Nous savions tous les deux depuis près d'une dizaine d'années que ce jour viendrait. Pour être franche, c'était même un miracle que ça ne m'était pas arrivée à moi, véritable anguille que j'étais grâce à mes visions, j'avais toujours su berner mes parents, et je devais encore tenir bon huit ans. Mes diplômes en poche, je serai libre de faire ce dont j'avais envie.
Avec une petite moue, je continuais plus tranquillement.
- Si au moins la bestiole est jolie et gentille, tu ne t'en tire pas à si mauvais compte.
Puis je me permettais un petit rire avant de bondir à côté du banc, me redressant sur mes pieds en exécutant quelque pas rapides pour revenir devant mon ami. En un geste de tête sur le côté, j'essayais de chasser cette mèche rebelle qui aimait tomber devant mon œil grisâtre.
- Mais on est d'accord, elle ne m'arrive pas à la cheville.
Je ricanais tout en attrapant la main de mon ami pour le tirer à moi, l'invitant à se relever. Sans la moindre pudeur, je venais me coller à lui en l'étouffant presque d'une étreinte aussi sincère que mes muscles féminins en était capable, avant de commencer à me balancer de gauche à droite en une danse timide, berceuse des sens, caresse des maux pour les apaiser. Ma joue posée négligemment contre la peau de son torse, je fixais l'horizon, pensive. Même le soleil se permettait de se coucher, témoin de notre désarroi, pour laisser place à la pénombre de la nuit, reflet de nos cœurs meurtris.
Cette annonce avait réveillé le volcan en moi. Il dormait depuis si longtemps après tout. Sa douleur, je la subissais autant que lui, mais nous n'avions pas le choix. Ensemble, nous étions plus forts. Nous serons toujours ensemble. Toujours.
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Re: [Flashback] T'as bugué nos entrailles [Terminé]
Lun 21 Jan 2019 - 15:00
« For she was his secret treasure »« Vous fuir ? Ho non, c'est bien plus amusant de vous croquer. » Penchée derrière lui lors de sa remarque narquoise, Ariadne s'était rapprochée de son dos dessiné, le satin de sa chevelure l'effleurant. Il lui sembla être entouré d'une aura de soie et de lavande, les effluves florales de la sorcière l'envahissant. Un léger sourire secret vint orner son visage - étirement timide des lèvres que le jeune homme se permettait au jugé de l'intimité permise par la scène, adressant le réconfort qu'il ressentait au contact de la sorcière contre son dos à la lune qui commençait à poindre alors même que le soleil n'avait pas quitté la ligne d'horizon. L'impatiente. Un peu comme celle qui l'avait enserré de derrière et qui reprenait sa position initiale, poursuivant ses touchers légers alors qu'Evan lui suggérait d'apporter un appareil photo si elle commençait à s'intéresser à la gent féminine. Le rire d'Ariadne était contagieux - elle riait moins que lui, en général, si on excluait ses petits rires narquois ... aussi était-il rare qu'Evan ne se joigne pas à elle dans l'hilarité lorsqu'elle remplissait ses fonctions de bon public. La tension lui revint pourtant rapidement, alors qu'il reprenait conscience de la raison première de son retard : il avait été obligé de se calmer avant de rejoindre Ariadne, en jouant de la musique. Le bodhran n'avait été qu'une excuse pratique et crédible - le grand roux arrivait si souvent pile à l'heure qu'un retard causé par un instrument était plausible. Sa langue se délia au même rythme que ses muscles sous les doigts experts de la future médicomage, lui confiant le parchemin criminel.
Le soupir d'Ariadne vint chatouiller son dos, contact froid contre sa peau, et Evan bougea légèrement les omoplates par réflexe, échappant à un frisson de justesse. « Ah c'est certain que c'est un difficile retour dans le monde de la réalité, toi qui vis toujours en apesanteur, ça t'apprendra à garder les pieds sur terre ». Ses lèvres se serrèrent en un pli agacé. Ariadne était trop pragmatique, trop réaliste, trop ... elle avait trop raison, Evan le savait bien. Les mariages arrangés étaient le lot des gens de son sang, le jeune homme avait grandi en sachant pertinemment que ce serait son lot. Mais ... ne pouvait-il pas s'attendre à un grain de compassion de sa part? Devait-elle toujours avoir raison, cette raison froide et pragmatique qui arrache les facéties comme on désherberait un jardin désorganisé? « Je savais qu'un jour je devrais me résigner à avoir une autre corde de cerf-volant » ... que toi. Pourquoi aurait-il eu besoin de quoi que ce soit d'autre? Ariadne tempérait ses excès, et lui, les siens. Trop jeune pour ces conneries. Ariadne semblait avoir réalisé le désespoir palpable dans sa voix - comment ne l'aurait-elle pas pu? La Grymm le connaissait comme il connaissait son piano, sachant quelles touches appuyer pour produire une symphonie d'émotions. « Si au moins la bestiole est jolie et gentille, tu ne t'en tire pas à si mauvais compte ». Bruit du tissu de sa robe de sorcière échappant au banc sur lequel ils se tenaient. Nouvelle effluve de lavande, piquante et douce à la fois, à l'image de son amie la plus chère. Étoile filante. « Mais on est d'accord, elle ne m'arrive pas à la cheville », ricana son amie cruelle avant de l'attirer à elle dans une danse modeste et timide. Evan sentit sa joue douce posée contre son torse, et il sourit, envahi de tendresse. Une légère mélodie quitta ses lèvres, ne chantant pas vraiment, fredonnant son air alors qu'il refermait les bras autour de la sorcière, l'enserrant sans force alors que ses pieds suivaient le rythme tranquille de la chanson apprise lors de sa jeunesse. Une ballade mélancolique, traitant d'une île enchantée. Happy Isle. Si seulement ils avaient pu y aller, eux aussi, échapper à son destin de grandeur dont il n'était pas même certain de vouloir.
Lèvres serrées, expression perdue qu'Ariadne ne pouvait voir, le coeur battant la mesure de l'errance qu'il ressentait contre la peau de velours de la joue de son amie, il fixait le ciel. Que n'aurait-il pas donné pour s'y perdre à jamais. Le souvenir de la musique rythmait ses pas alors qu'il reprit la parole. Ariadne savait toujours comment le calmer - et s'il n'était pas heureux, la présence de son amie apportait un baume évident à son esprit malmené. « Je ne ferai pas l'insulte à Flora de commencer nos fiançailles en parlant en mal d'elle », commença-t-il d'une voix hésitante mais déterminée. Loyal, il l'était, et n'aurait jamais même pensé à tenter de soulager sa peine en rabaissant sa fiancée. « Flora est charmante, et elle semble douce et gentille », poursuivit-il. C'était vrai - l'Autrichienne n'était que douceur, mais la remarque d'Evan ne laisserait certainement pas Ariadne dupe quant à tous les traits qui auraient pu la caractériser, et qui manqueraient certainement au sorcier qui appréciait tant se perdre en circonvolutions verbales et en duels de langues. « À défaut d'être heureux, nous ne serons pas tout à fait malheureux ... j'espère ». Sa voix n'était pas convaincue - Evan tentait tant bien que mal de se convaincre lui-même en verbalisant ces idées pragmatiques. Il appuya le menton sur le haut de la tête d'Ariadne, sa chevelure aux reflets d'ambre reflétant les derniers rayons du soleil se mêlant à ses propres mèches rousses. « Quant à toi, personne ne t'arrivera en effet jamais à la cheville - c'est pour ça que tu vas finir vieille fille », dit-il d'un ton moqueur, enserrant toujours la sorcière. Un soupir songeur lui échappa. « Peut-être que c'est la solution à tous mes malheurs : je devrais devenir aussi excellent que toi et personne ne sera digne de moi », dit-il, un léger rire ironique quittant ses lèvres. « Tu devrais m'apprendre ».
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Re: [Flashback] T'as bugué nos entrailles [Terminé]
Mar 22 Jan 2019 - 17:10
Hé oui, nous étions tous les deux condamnés à devoir vivre un jour sans l’autre. Se séparer dans nos vies privées, pour aller vivre avec une personne pas forcément désirée. C’était le destin qui pesait sur nous depuis notre naissance, et encore plus sur Evan que moi. J’ai eu la chance de naître avec un don qui m’avait permis pour le moment d’échapper à ce tragique destin, me faufilant comme une anguille au travers les mailles du filet que me lançaient encore et encore mes parents. Ce n’était pas un hasard si j’étais aussi assidue en cours : plus je prolongeais mes cours et mieux je les réussissais, plus vite j’allais pouvoir m’éloigner d’eux et voler de mes propres ailes. Si j’étais ambitieuse, c’était pour vivre plus libre encore.
Hélas, mes visions n’étaient pas sur commande, et je n’avais jamais pu vraiment repousser l’échéance du destin de mon meilleur ami. Voilà pourquoi je faisais ce que je pouvais présentement pour lui venir en aide. Certes, avec mon tact légendaire, mais comment aurai-je pu faire autrement ?
Alors, les yeux fermés, je serrais tendrement Evan contre moi, mes deux mains plaquées dans son dos tandis que ma joue restait collée contre son torse. Distraite par la mélodie qu’il fredonnait, je ressentais les vibrations de sa voix dans sa poitrine alors que son cœur battait la mesure. L’idée folle de l’emporter avec moi, là, maintenant, tout de suite, pour nous enfuir me traversa l’esprit. Mais elle mourut en se fracassant contre mes lèvres fermées. Trop sage malgré ma voyance, trop pleine de projets professionnels, trop sérieuse dans mes études. Il m’était impossible de joindre le geste à la pensée. Qui plus est, depuis quand fuir était-elle une solution ? Il allait falloir qu’un jour le sorcier ose faire face à son père, mais je savais que c’était une chose plus facile à dire qu’à faire, je ne lui en tenais pas rancune.
Pourtant, malgré la situation, la loyauté du Wakefield s’éleva alors qu’il reprenait la parole. J’entrouvrais les yeux à cette constatation, quelque peu rassurée. Ce qu’il disait là prouvait qu’il allait tenir ses engagements. Malgré son mariage, nous ne serons donc pas séparés, nous serons toujours ensemble, et j’allais toujours pouvoir le soutenir. Comment pourrai-je le laisser dans son désarroi ? Surtout, comment pourrai-je si nous ne voyons plus ? Les échanges postaux étaient pratiques, mais vivre sans sa présence ? Cette simple idée me fit frissonner, alors, je me blottissais davantage contre lui tout en venant glisser mes doigts sur la peau de son dos en légères caresses. Je voulais m’assurer qu’il soit bien là, et qu’il le reste.
Néanmoins, je n’étais pas idiote. Je sentais bien le regret dans la voix du jeune homme. Une fille gentille certes, mais elle n’était pas complète. Tout du moins, pas comme lui il le souhaiterait. Je relevais alors le visage pour plonger mon regard gris dans l’émeraude du sien.
- Ne t’inquiète pas, je serai toujours là pour que tu sois en bonne compagnie.
Je ne parlais pas de sa Flora en de mauvais terme. Simplement que l’amertume qui allait tant manquer à sa vie, il allait toujours pouvoir la retrouver chez moi. J’étais son amie, j’étais là pour lui, et je le serai toujours. Voilà le pacte que je scellais pour lui dans un sourire calme et sincère, sans ces yeux pétillants et calculateurs que j’avais d’ordinaire. Ainsi, son malheur allait être amoindri, ou tout du moins, plus facile à porter, puisque je serai avec lui pour le soutenir. À deux, nous sommes toujours plus forts, et nous serons toujours les deux. Toujours.
Mon sourire devint quelque peu plus malicieux lorsqu’il me compara, puis me demanda de l’aide. Je comprenais bien que c’était à moitié une plaisanterie, et voilà pourquoi je me redressais tout à fait. En une dernière caresse, je m’échappais de ses bras, mes mains glissant de son dos sur ses hanches, avant que je vienne lui attraper une main pour la serrer doucement. Reculant un peu, je tournoyais sur moi-même, imitant, lentement, deux danseurs transis n’ayant pour spectateur que les étoiles qui s’éveillaient petit à petit au-dessus de nos têtes, témoins de la dévotion que nous avions l’un pour l’autre. Mes cheveux de feu suivirent avec grâce le mouvement de mon corps tandis que je levais le bras de mon ami pour me réfugier dessous jusqu’à coller mon dos contre son torse en laissant échapper un petit rire narquois.
- Ah non, je garde mon secret, sinon moi-même ne sera plus digne de toi. Ce serait impensable, n’est-ce pas ?
Par-dessus mon épaule, je lui jetais une œillade amusée, gardant ma main dans la sienne en la posant sur ma hanche, mon esprit s’en allant en de lointaines et rapides réflexions. Me laissant aller à mon tour à un soupir, je fixais une plantation de fleurs devant nous, un peu perdue dans mon esprit.
- Evan… tant que nous serons ensemble, tout ira bien.
Hélas, mes visions n’étaient pas sur commande, et je n’avais jamais pu vraiment repousser l’échéance du destin de mon meilleur ami. Voilà pourquoi je faisais ce que je pouvais présentement pour lui venir en aide. Certes, avec mon tact légendaire, mais comment aurai-je pu faire autrement ?
Alors, les yeux fermés, je serrais tendrement Evan contre moi, mes deux mains plaquées dans son dos tandis que ma joue restait collée contre son torse. Distraite par la mélodie qu’il fredonnait, je ressentais les vibrations de sa voix dans sa poitrine alors que son cœur battait la mesure. L’idée folle de l’emporter avec moi, là, maintenant, tout de suite, pour nous enfuir me traversa l’esprit. Mais elle mourut en se fracassant contre mes lèvres fermées. Trop sage malgré ma voyance, trop pleine de projets professionnels, trop sérieuse dans mes études. Il m’était impossible de joindre le geste à la pensée. Qui plus est, depuis quand fuir était-elle une solution ? Il allait falloir qu’un jour le sorcier ose faire face à son père, mais je savais que c’était une chose plus facile à dire qu’à faire, je ne lui en tenais pas rancune.
Pourtant, malgré la situation, la loyauté du Wakefield s’éleva alors qu’il reprenait la parole. J’entrouvrais les yeux à cette constatation, quelque peu rassurée. Ce qu’il disait là prouvait qu’il allait tenir ses engagements. Malgré son mariage, nous ne serons donc pas séparés, nous serons toujours ensemble, et j’allais toujours pouvoir le soutenir. Comment pourrai-je le laisser dans son désarroi ? Surtout, comment pourrai-je si nous ne voyons plus ? Les échanges postaux étaient pratiques, mais vivre sans sa présence ? Cette simple idée me fit frissonner, alors, je me blottissais davantage contre lui tout en venant glisser mes doigts sur la peau de son dos en légères caresses. Je voulais m’assurer qu’il soit bien là, et qu’il le reste.
Néanmoins, je n’étais pas idiote. Je sentais bien le regret dans la voix du jeune homme. Une fille gentille certes, mais elle n’était pas complète. Tout du moins, pas comme lui il le souhaiterait. Je relevais alors le visage pour plonger mon regard gris dans l’émeraude du sien.
- Ne t’inquiète pas, je serai toujours là pour que tu sois en bonne compagnie.
Je ne parlais pas de sa Flora en de mauvais terme. Simplement que l’amertume qui allait tant manquer à sa vie, il allait toujours pouvoir la retrouver chez moi. J’étais son amie, j’étais là pour lui, et je le serai toujours. Voilà le pacte que je scellais pour lui dans un sourire calme et sincère, sans ces yeux pétillants et calculateurs que j’avais d’ordinaire. Ainsi, son malheur allait être amoindri, ou tout du moins, plus facile à porter, puisque je serai avec lui pour le soutenir. À deux, nous sommes toujours plus forts, et nous serons toujours les deux. Toujours.
Mon sourire devint quelque peu plus malicieux lorsqu’il me compara, puis me demanda de l’aide. Je comprenais bien que c’était à moitié une plaisanterie, et voilà pourquoi je me redressais tout à fait. En une dernière caresse, je m’échappais de ses bras, mes mains glissant de son dos sur ses hanches, avant que je vienne lui attraper une main pour la serrer doucement. Reculant un peu, je tournoyais sur moi-même, imitant, lentement, deux danseurs transis n’ayant pour spectateur que les étoiles qui s’éveillaient petit à petit au-dessus de nos têtes, témoins de la dévotion que nous avions l’un pour l’autre. Mes cheveux de feu suivirent avec grâce le mouvement de mon corps tandis que je levais le bras de mon ami pour me réfugier dessous jusqu’à coller mon dos contre son torse en laissant échapper un petit rire narquois.
- Ah non, je garde mon secret, sinon moi-même ne sera plus digne de toi. Ce serait impensable, n’est-ce pas ?
Par-dessus mon épaule, je lui jetais une œillade amusée, gardant ma main dans la sienne en la posant sur ma hanche, mon esprit s’en allant en de lointaines et rapides réflexions. Me laissant aller à mon tour à un soupir, je fixais une plantation de fleurs devant nous, un peu perdue dans mon esprit.
- Evan… tant que nous serons ensemble, tout ira bien.